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Full text of "Bulletin et mémoires .."

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Lu 


XXXIII 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 


DU 


DÉPARTEMENT  D'ILLE-ET-VILAINE 


) 


La  rédaction  des  Mémoires  publiés  appartenant  tout  entière 
à  leurs  auteurs,  la  Société  leur  laisse  la  responsabilité  de 
leurs  idées  et  de  leurs  appréciations. 


Le  Secrétaire  prie  instamment  ses  collègues  de  lui  signaler 
les  rectifications  qu'il  y  aurait  lieu  d'apporter  dans  la  liste  des 
Membres  de  la  Société  Archéologique. 


BULLETIN  ET  MÉMOIRES 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 


DÉPARTEMENT  D'ILLE-ET-VILAINE 


TOME    XXXIII 


,     RENNES 
IMPRIMERIE    EUGÈNE    PROST 

me  Upordlt.  i. 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 


DU 


DÉPARTEMENT  D'ILLE-ET-VILAINE 


PROCÈS- VERBA  UX 


(ANNÉE    1903) 


Séance  du  13  janvier  1903. 

Présidence  de  M,  le  comte  de  Palys, 

Présents  :  MM.  Pocquet  du  Haut-Jussé  et  Parfouru,  vice- 
présidents;  Df.combb,  abbé  g.  de  Corson,  Rkuzé,  abbé  Duver. 
Etassb,  des  Bouillons,  Stot,  abbé  Mathurin.  Busnel, 
BussY,  Aubrée,  Fournel,  colonel  de  Caqueray,  Rabillon, 
abbé  Millox,  Desmaziîsres  de  Séchelles,  Boudin,  comte 
du  Cbest  de  Lorgërie,  Philouze,  de  Villers,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  (9  décembre  1902)  est 
lu  et  adopté. 

M.  le  Président  procède  au  dépouillement  de  la  correspon- 
dance et  des  publications  déposées  sur  le  bureau. 

Il  donne  lecture  d'une  circulaire  du  Ministre  de  l'Instruction 
publique,  relative  au  Congrès  des  Scciétés  Savantes  qui  doit 
se  réunir  à  Bordeaux  le  14  avril  prochain. 


—   VIII   — 

Parmi  les  publications^  M.  le  Président  signale  un  hommage 
de  notre  nouveau  collègue,  M.  Aubry,  ayant  pour  titre  :  Notes 
chronologiques  sur  La  Guerche-de^Bretagne,  M.  le  Secré- 
taire est  chargé  de  remercier  M.  Aubry. 

Puis  l'ordre  du  jour  appelle  l'élection  de  MM.  Aubry,  colonel 
du  Halgouêt  et  Rault,  présentés  à  la  dernière  séance.  Après 
les  scrutins  réglementaires  ouverts  successivement,  ces  mes- 
sieurs sont  élus  comme  membres  titulaires. 

MM.  de  Palys  et  de  Villers  présentent  ensuite  M.  Quilgars, 
ancien  élève  de  l'Ecole  du  Louvre,  archiviste-adjoint  de  la 
Loire-Inférieure,  comme  membre  correspondant.  Conformément 
au  règlement,  il  sera  statué  sur  cette  élection  à  la  prochaine 
séance. 

Après  avoir  fait  un  éloge  mérité  du  soin  que  M.  le  recteur 
d'Epiniac  met  à  conserver  les  curiosités  de  son  église,  M.  le 
Président  croit  devoir  rectifier  l'assertion  erronée  d'une  notice 
insérée  dans  la  Semaine  Religieuse  du  3  janvier,  où  Ion  repré- 
sente comme  «  à  peine  décente  pour  le  culte  »  l'ancienne  église 
de  Guignen,  démolie  malgré  sa  solidité  et  l'intérêt  spécial  que 
présentait  le  chœur  roman  —  et  démolie  en  dépit  de  l'opposi- 
tion des  autorités  religieuses  et  civiles  —  le  très  remarquable 
tombeau  et  la  statue  du  sire  de  Saint-Amadour,  déplacé,  mu- 
tilé et  disparu. 

Seuls,  les  Mémoires  de  la  Société  archéologique  conservent 
la  vue  de  ce  curieux  monument  si  malheureusement  disparu, 
qui  surmontait  une  fontaine  et  une  crypte,  antérieure,  selon 
M.  Brune,  à  l'introduction  du  christianisme  en  Bretagne. 

M.  de  Palys  demande  à  la  Société  de  voter  une  allocation  de 
50  fr.  à  M.  le  recteur  d'Epiniac  comme  marque  de  sa  sympathie 
pour  le  soin  avec  lequel  il  conserve  les  vieux  monuments  de 
sa  paroisse,  venant  trop  souvent  à  disparaître  ailleurs  entre  les 
mains  des  brocanteurs.  M.  Tarchitecte  de  la  nouvelle  église, 
dont  on  connaît  le  goût,  sera  chargé  de  surveiller  la  restaura- 
tion du  bas-relief. 

Cette  allocation  est  votée  à  l'unanimité. 


—   IX   — 

M.  le  chanoine  Guillotin  de  Corson  entretient  l'assistance 
d'un  lech  déposé  dans  le  cimetière  de  Saint-Pierre-de-Ples- 
guen,  appartenant  à  la  Société  archéologique. 

Sur  la  proposition  de  M.  de  Villers,  ce  lech  sera  amené  à 
Rennes,  pour  être  déposé  soit  au  Musée  archéologique,  soit 
dans  un  autre  endroit  indiqué  ultérieurement. 

Exhibitions  : 

I.  —  Par  M.  Reuzé  : 

Une  aquarelle  anonyme  représentant  un  banquet  militaire 
dans  la  cour  de  la  caserne  de  TArsenal,  à  Rennes,  en  sep- 
tembre 1840. 

M.  Decombe  donne  quelques  explications  sur  la  scène  repro- 
duite par  cette  aquarelle.  C'est  un  banquet  à  l'occasion  de  l'or- 
ganisation d'un  nouveau  régiment  d'infanterie,  le  73*  de  ligne, 
qui  fut  créé  en  septembre  1840  et  formé  à  Rennes  avec  des 
détachements  des  3«,  14%  20%  35*  et  55«  de  ligne. 

La  scène,  fort  animée,  est  représentée  au  moment  où  le  lieu- 
tenant-général Colbert,  commandant  la  13*  division  militaire, 
adresse  une  allocution  au  nouveau  régiment. 

D'après  les  Historiques  des  Corps  de  troupe  de  r Armée 
française^  publication  officielle  du  Ministère  de  la  Guerre 
parue  en  1900,  le  73«  de  ligne  eut  pour  origine  le  Royal-Com- 
tois, créé  en  1674.  11  devint 73* dinfanterie en  1791,  et 73* demi- 
brigade  en  1796.  Supprimé  en  1803,  le  n»  73  resta  vacant  jus- 
qu'en 1840^  époque  où  le  régiment  fut  reconstitué  à  Rennes, 
comme  il  est  dit  plus  haut. 

II.  —  Par  A/.  Desmazières  de  Séchelles  : 

1*  Très  joli  buste  en  ivoire  de  Charles^ Bernard  LangloiSy 
président  du  tribunal  civil  de  Dieppe  (fin  du  xviii*  siècle); 

2°  Un  médaillon  en  ivoire  finement  sculpté  représentant  une 
frégate  (xviii*  siècle). 

m.  —  Par  M.  tabbé  Millon  : 

Grand  médaillon  en  plomb  provenant  des  ruines  de  l'an- 


X 


cienne  abbaye  de  Fécamp  et  représentant  la  mise  au  tombeau 
de  Notre-Seigneur  [attribué  à  l'époque  moderne). 

IV.  —  Par  M.  Decombe  : 

Vues  intérieure  et  extérieure  de  1  ancienne  église  de  Tinté- 
niac,  aujourd'hui  démolie.  —  Dessins  à  la  plume  ofTeHs  au 
Musée  archéologique  par  l'auteur,  M.  Henri  Frottier  de  la 
Messelière. 


V.  —  Par  M,  l'abbé  Alalhurin  : 
Saladier  en  faïence  du  Croisic  (imitation). 

VI.  —  Par  M,  Biissy  : 

Plateau  oblong  à  anses  carrées  pointillées  en  bleu  foncé  et 
rouge,  ayant  45  centimètres  de  long  sur  36  de  large,  en 
faïence  de  Rouen  (attribué  à  l'époque  moderne). 

VII.  — Pari/.  L.rfe  Villers  : 

Débris  gallo-romains  recueillis  dans  les  travaux  de  voirie 
exécutés  en  ce  moment  pour  l'élargissement  de  la  rue  Saint- 
Martin  :  fragments  d'amphores,  tuiles  à  rebords,  de  meule 
de  granit,  d'enduits  peints,  d'urnes  funéraires,  de  poteries  di- 
verses, notamment  de  poteries  romaines  ornementées,  dont 
l'une  porte  l'estampille  du  potier...  P.  CALVI  (offerts  au  .Mu- 
sée archéologique). 

M.  le  chanoine  G.  de  Corson  donne  lecture  de  notices  très 
intéressantes  sur  les  seigneuries  de  in  Villegontier  et  la  Ten^ 
draye,  en  Pari  g  né. 

Au  nom  de  M.  Turgeon,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit  de 
Rennes,  dont  la  famille  est  originaire  du  Canada,  M.  l'abbé 
Millon  pose  à  ses  collègues  la  question  suivante  :  «  Sous  quel 
pavillon  navigua  Jacques  Cartier,  le  célèbre  capitaine  malouin, 
quand  il  entreprit,  en  1534,  son  voyage  d'exploration,  qui  de- 
vait aboutir  à  la  reconnaissance  de  l'estuaire  du  Saint  Laurent? 
Etait-ce  l'étendard  royal,  et  dans  ce  cas  était- il  blanc  ou  bleu? 


—   XI   — 

Etait-ce  seulement  un  pavillon  aux  armes  et  aux  couleurs  de 
Saint-Malo  ? 

Cette  question  est  renvoyée  à  notre  collègue  M.  Joûon  des 
Longrais,  qui  a  étudié  spécialement  la  vie  de  Jacques  Cartier. 

M.  Philouze  communique  un  Mémoire  sur  Les  Octrois  de 
Rennes  au  X  VIII^  siècle. 

11  y  a  un  siècle,  la  suppression  des  droits  d*octroi  faite  sans 
établissement  de  taxes  compensatrices,  avait  eu  pour  résultat 
inévitable  la  ruine  de  notre  ville,  qui  ne  pouvait  plus  faire  face 
aux  dépenses  d'édilité,  éclairage,  sécurité,  pavage,  hos- 
pices, etc.  ;  les  hôpitaux  qui  se  soutenaient  avant  1789  surtout 
par  des  rentes  perpétuelles,  résultant  de  fondations,  avaient 
vu  détruire  ces  fondations  que  rien  ne  remplaça.  De  temps  en 
temps,  la  nation  envoyait  une  somme  d'argent  pour  les  hôpi- 
taux, mais  ces  secours  irréguliers  restaient  insuffisants  et  l'on 
manquait  dans  les  hospices  de  linge,  de  pain,  de  médicaments. 
Un  tel  état  de  choses  ne  pouvait  pas  s'éterniser,  aussi  songea- 
t-on  bientôt  à  rétablir  les  octrois,  et  pour  diminuer  l'impopu- 
larité de  cette  mesure,  on  les  appela  :  Octrois  de  bienfaisance^ 
plaçant  en  première  ligne  le  service  des  hôpitaux  et  ajoutant 
le  reste  par  surcroît.       , 

Le  service  d'administration  n'étant  pas  organisé,  on  mit  la 
ferme  en  adjudication  et  un  régisseur  général  se  présenta  en 
Tan  XUl  ;  les  octrois  de  Rennes  trouvèrent  preneur  pour 
200,000  livres. 

M.  Banéat  donne  lecture,  au  nom  de  M.  le  vicomte  P.  du 
Pontavice,  d'un  Mémoire  intitulé  :  Un  Enlèvement  au  temps 
jadis.  Il  s'agit  de  l'enlèvement  convenu  entre  «  la  demoiselle 
Louise  Boscher,  fille  de  noble  homme  Jean  Boscher,  s'  de 
Launay^Mellet,  et  Jean  le  Préi^ost^  s*^  de  la  Garenne,  »  Inu- 
tile de  dire  que  cet  enlèvement  (1G35)  se  termina  —  lui  aussi 
—  par  un  heureux  mariage. 

f^e  Secrétaire  général, 

L.  PB  ViLLEPS. 


—    XII    — 

Séance  du  10  février  1903. 

Présidence  de  M,  le  comte  de  Palys^  président. 

Présents  :  MM.  Pocquet  du  Haut-Jussé  et  Parfouru,  vice- 
présidents;  Decombe,  abbé  Guillot,  Haizb,  Renaud-Lou- 
BENs,  comte  de  Bellbvue,  Fournel,  de  Foucaud,  Stot,  Leray, 
Harscoubt  de  KeraveLj  Reuzé,  Jouon  des  Longrais,  Rochulé, 
Etasse,  de  la  Pinelais,  Busnbl,  Desmazibres  de  Sbchelles, 
Bbtin,  Roussin,  comte  du  Crest  de  Lorgerie,  Cocar,  des  Bouil- 
lons, Philouze,  Banéat,  de  Torquat,  Rabillon,  Coignbrai, 
colonel  DE  Caqueray,  abbé  Duver,  L.  de  Villbrs,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  (13  janvier)  est  lu  et 
adopté. 

M.  le  Secrétaire  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  labbé 
Mathurin,  demandant  une  rectification  au  procès- verbal,  au 
sujet  d'une  exhibition  dont  il  n'a  pas  été  fait  mention,  par 
erreur,  au  procès-verbal  communiqué  à  la  presse.  Cette  exhi- 
bition paraîtra  dans  le  prochain  procès-verbal. 

M.  le  Président  procède  ensuite  au  dépouillement  de  la  cor- 
respondance et  des  publications  déposées  sur  le  bureau.  Il 
donne  lecture  dune  circulaire  de  M.  Tabbé  Bouillet,  inspecteur 
de  la  Société  française  d'Archéologie,  demandant  de  signaler 
les  figurations  de  la  Mise  au  TomheaUy  désignées  souvent 
sous  le  nom  de  Sépulcres;  d'une  lettre  de  faire-part  et  d'une 
nécrologie  de  M.  Poulie,  président  d'honneur  de  la  Société 
archéologique  de  Constant  ine. 

L'ordre  du  jour  appelle  ensuite  l'élection  de  M.  Henri  Quil- 
gars,  présenté  à  la  dernière  séance.  Après  le  scrutin  régle- 
mentairCy  M.  Quilgars  est  élu  au  titre  de  membre  corres- 
pondant. 

MM.  l'abbé  Guillot  et  Decombe  présentent  ensuite  M.  Gues- 
don,  juge  d'instruction  à  Rennes.  Conformément  au  règlement, 
il  sera  statué  sur  cette  élection  à  la  prochaine  séance. 


—   XIII    — 

Exhibitions  : 

I.  —  Par  M,  Harscouêt  de  Keras^el  : 

Jeton  en  bronze  de  la  Has^ardière  (rente  de  1752),  au  i^  un 
chat. 

II.  —  Par  M.  Fournel  : 

Statuette  représentant  un  Ecce  Homo  (vieux  Rennes). 

III.  —  Par  M,  Decombe  : 

V*  Deux  petites  potiches  en  faïence  de  Delft,  à  décor  bleu. 
Elles  sont  marquées  des  lettres  M  P  formant  monogramme. 
C'est  la  marque  du  faïencier  Pieter  Parée,  auquel  appartenait, 
en  1678,  la  fabrique  portant  pour  enseigne  de  metaale  Pot  (au 
pot  métallique); 

2®  Soupière  en  poterie  vernissée  et  émaillée,  décorée  à  l'in- 
térieur d'une  ornementation  gravée,  avec  le  millésime  1803. 
Sur  le  bord  de  la  soupière  est  gravée  une  inscription  en  langue 
allemande  dont  voici  la  traduction  :  «  La  beauté  est  affaire  à 
chacun,  mais  tient  aussi  à  l'objet  ainsi  qu'à  sa  valeur.  »  Le 
couvercle  est  surmonté  de  quatre  volutes  supportant  une  cor- 
beille de  fruits.  Les  émaux  polychromes  eu  relief  se  détachent 
sur  engobes  vernissés  brun,  et  les  ornements  courants  sont 
gravés  en  creux.  Poterie  suisse  (commencement  du  xix^  siècle); 

3*^  Petite  écritoire  à  deux  gradins.  Le  gradin  supérieur  est 
surmonté  d'une  sorte  de  dossier  sur  lequel  se  lit  en  écriture 
gothique  allemande  Samuel  Stalder  (probablement  le  nom  du 
possesseur).  Décor  polychrome  et  reliefs.  Faïence  allemande 
( XVIII*  siècle)  ; 

k9  Soupière  ronde  présentant  un  genre  de  décor  rarement 
signalé  jusqu'ici.  Elle  est  entièrement  recouverte  d'un  pointillé 
ou  granité  en  violet  de  manganèse  clair  dans  lequel  ont  été 
réservés  des  médaillons  contenant  chacun  un  petit  bouquet 
polychrome.  Le  couvercle,  surmonté  d'un  bouton,  est  décoré 
de  la  même  façon. 

Cette  pièce  sort-elle  d'une  fabrique  de  Quimper  ou  d'une 
fabrique  de  Rennes  ?  Il  semble  assez  difficile  de  se  prononcer 
dès  ce  moment,  et  il  convient,  dit  M.   Decombe,  d'attendre. 


—   XIV   — 

pour  lui  donner  une  attribution  certaine,  qu'on  ait  relevé 
ailleurs  des  termes  de  comparaison  qui  permettront  de  ré- 
soudre cette  intéressante  question  pour  la  solution  de  laquelle 
on  fait  appel  à  tous  ceux  qui  pourraient  signaler  des  pièces  à 
décor  identique  *  ; 

5®  Petit  plateau  en  porcelaine,  de  Derby  (Angleterre),  décoré 
en  or  et  couleurs  d'armoiries  à  déterminer.  L'écusson  est  en- 
touré du  collier  de  l'Ordre  écossais  de  Saint-André,  appelé 
aussi  Ordre  du  Chardon. 

Au  revers  de  ce  plateau  se  voit  la  marque  de  la  fabrique  de 
Derby  (Angleterre)  :  deux  bâtons  croisés  accompagnés  de 
chaque  côté  d'un  groupe  de  trois  points;  au-dessus  une  cou- 
ronne de  duc  et  pair  surmontée  d'une  fleur  de  chardon;  au- 
dessus,  la  lettre  D. 

Par  M,  Decombe  (au  nom  de  M.  Gille)  : 

1*  Plat  à  barbe  à  décor  polychrome.  La  comparaison  avec 
certaines  pièces  du  Musée  permet  d'attribuer  ce  plat  à  une 
fabrique  de  Quimper  (fin  du  xviii®  siècle  ou  commencement 
du  XIX®); 

2°  Plusieurs  statuettes  de  la  Sainte  Vierge,  dont  une,  haute 
de  47  centimètres,  provient  de  la  fabrique  Vaumort,  à  Hennés  ; 

3<>  Assiette  à  bord  festonné,  décor  polychrome.  Faïence  de 
Nantes  ?  (xviii*  siècle)  ; 

40  Plusieurs  écritoires.  Faïence  de  Quimper  (xviii*  siècle)  ; 

50  Plusieurs  assiettes  en  terre  de  pipe,  dite  «  faïence  fine.  » 
—  Fabrication  anglaise  (fin  du  xvm«  siècle). 

Par  M,  Decombe^  au  nom  de  M.  Bézier  : 

Un  très  beau  bol  en  biscuit  de  porcelaine  noir  mat  décoré 
de  groupes  et  sujets  allégoriques  en  relief  :  la  Tragédie,  la 
Comédie,  la  Danse,  la  Paix,  etc. 

Ce  bol  fut  trouvé  en  1862,  à  sept  mètres  de  profondeur,  dans 
les  fouilles  du  bassin  de  Deauville-sur-Mer  (Calvados),  au 
milieu  d'une  couche  de  sable  et  de  galets.  On  peut  vraisem- 

1.  Voir  la  séance  du  8  décembre  1903. 


—   XV   — 

hlablement  l'attribuer  à  la  fabrique  dirigée  à  Burslem  (Angle- 
terre, par  les  céramistes  Wood  et  Cadwel,  imitateurs  de 
Wegdwood  (fin  du  xviii*  siècle  ou  commencement  du  xix*). 

IV.  —  Par  M.  F,  Desmazîères  de  Séchelles  : 

!*•  Vierge  en  ivoire  portant  l'Enfant  Jésus  sur  le  bras  droit 
(commencement  du  xviii®  siècle)  ; 

2^  Autre  Vierge  en  ivoire  portant  T Enfant  sur  le  bras 
gauche  (xviii®  siècle)  ; 

3<>  Très  jolies  petites  statuettes  en  ivoire  représentant  un 
Polletais  et  une  PoUettaise  (ivoire  de  Dieppe)  ; 

4<)  Une  boucle  de  ceinture  en  ivoire  délicatement  sculpté 
(même  provenance). 

V.  —  Par  M.  Cabbé  Guillot  : 

Une  aiguière  en  faïence  de  Rouen,  décor  bleu  (xvii®  siècle). 

VI .  —  Par  M.  des  Bouillons  : 

Lettres  patentes  de  Françoise  de  Lorraine,  épouse  et  procu- 
ratrice de  très  haut,  puissant  et  illustre  prince  César  duc  de 
Vendosme .  de  Mercœur ,  de  Penthièvre ,  de  Beaufort  et 
d'Etampes,  etc.,  par  lesquelles  ladite  dame  a  permis  aux 
Religieux  Cordeliers  de  Guingamp  de  rebâtir  et  de  réédifier 
leur  église  et  couvent  qui  estaient  batys  aux  faubourgs  et 
proche  les  murailles  de  la  ville  de  Guingamp  nu  même  lieu  et 
endroit  où  ils  étaient  édiffiez  (28  août  1648).  Titres  sur  par- 
chemin. 

VIL  —  Par  M.  Renaud-Loubens  : 

Statuette  en  bronze  vert  de  O^S?  de  haut,  représentant  Diane 
Chasseresse.  L'intérieur  du  corps  de  la  déesse  est  creux  et 
contient  une  cachette. 

VIII.  —  Par  M.  Philouze  : 

Ampliation  de  la  nomination,  par  le  premier  consul  Bona- 
parte, du  citoyen  Besneray,  comme  membre  du  Conseil  Géné- 
ral dllle-et- Vilaine. 


—   XVI    — 

IX.  —  Par  M.  le  comte  de  Palys  : 

10  Un  portrait  assez  moderne,  mais  d'un  artiste  nantais, 
René  Toulmouche  (lithog.  par  Landais  et  Martevilie),  repré- 
sentant un  paysan  bas-breton,  Kervihan,  témoin  dans  une 
affaire  criminelle  de  1833  ; 

2**  Celui  d'Isabelle  BiancoUely  (Prudhon.  se),  actrice  re- 
nommée du  XVII*  siècle,  qui  vint  à  Rennes  vers  1680,  et  y  eut 
un  assez  grand  succès  constaté  dans  certaines  plaquettes  de 
l'époque. 

X.  —  Par  M.  L.  de  Villers  : 

Pièce  de  bronze  trouvée  dans  les  travaux  de  la  ruelle  Saint- 
Martin;  dun  côté  on  lit  :  TI.  CLAVDIVS  CiESAR.  AVG 
PM.  TRI,  tète  à  gauche.  —  W.  Pallas,  avec  les  lettres  S.  C 
(offerte  au  Musée  archéologique). 

XI .  —  Par  M.  Jouon  des  Longrais  : 

Une  plaquette  imprimée  à  Rennes,  en  1717,  qui  paraît 
n'avoir  pas  encore  été  signalée. 

C'est  une  pièce  de  vers  d'un  poète  breton  inconnu,  Amette  de 
la  Bourdonnaie.  L'auteur  de  cette  poésie  ne  figure  dans  la  bio- 
graphie de  M.  de  Kerviler  que  comme  co-propriétaire  de  maison 
brûlée  pendant  l'incendie  de  Rennes.  Il  célèbre  en  soixante- 
quatorze  alexandrins,  d'un  bon  souffle  classique,  la  gloire  du 
maréchal  de  Montesquiou  d'Artagnan.  L'enthousiasme  du  poète 
semble  sincère.  Le  document  est  intéressant  en  ce  qu'il  montre 
l'état  des  esprits  au  moment  de  l'entrée  du  nouveau  lieutenant- 
général  à  Rennes,  en  mars  1717.  La  Bretagne  faisait  le  meil- 
leur accueil  à  d'Artagnan,  l'un  des  vainqueurs  de  Denain  et 
des  sauveurs  de  la  France,  avant  que  sa  conduite  à  l'égard  des 
Etats  et  lors  de  le^. conspiration  de  Pontcallec  ne  lui  aliénât 
le  cœur  des  Bretons.  Amette  de  la  Bourdonnaie  vécut  à  Rennes, 
y  fut  avocaty  bâtonnier  de  l'Ordre  et  y  mourut  le  9  juin  1773, 
à  l'âge  de  quatre-vingts  ans. 

XII.  —  Par  3/.  l'abbé  Mathurin  : 

Portrait  de  M^'  de  Neuville,  évoque  de  Saint-Malo  (1644- 


—   XVII  — 

1646),  pais  de  Chartres  (1657-1690).  Dessin  à  la  sanguine  du 
xvii«  siècle. 

M.  le  comte  de  Bellevûe  lit  un  travail  relatif  à  la  légende  du 
château  de  Trécesson.  Ces  pages,  délicatement  écrites,  inté- 
ressent vivement  l'assistance. 

M.  Joûon  des  Longrais,  répondant  ensuite  aux  questions 
posées  dans  la  dernière  séance,  au  sujet  du  drapeau  de  Jacques 
Cartier,  expose  qu'il  est  impossible  de  trouver  un  renseigne- 
ment positif  sur  ce  point,  particulièrement  aux  Archives  de 
Saint-Malo. 

H  rappelle  le  petit  nombre  et  la  brièveté  des  documents  offi- 
ciels concernant  Cartier.  L'intervention  gouvernementale  res- 
tait alors  en  dehors  de  la  plupart  des  faits  accessoires  de 
Fexécution.  La  prise  de  possession  d'une  terre  nouvelle  avait 
d'ailleurs  pour  signe  extérieur  la  plantation  d'une  croix,  sym- 
bole de  la  conquête  chrétienne,  et  non  celle  d'un  drapeau. 

Jacques  Cartier  n'étant  point  accompagné  de  gens  de  guerre, 
il  est  peu  probable  qu'aucun  guidon  ait  flotté  sur  la  terre  du 
Canada  avant  Champlain.  Cartier  avait  sans  doute  un  pavil- 
lon, d'après  les  usages  de  la  marine,  attestés  par  les  vieilles 
cartes,  les  portulans,  livres  illustrés  du  xvi«  siècle,  où  figurent 
des  navires.  Un  spécimen  contemporain  emprunté  au  voyage 
de  Cartier,  publié  par  Ramusio,  est  mis  sous  les  yeux  de 
la  Société.  Le  pavillon  ne  semble  pas  avoir  été  constamment 
fixé  au  haut  des  mâts.  Jacques  Cartier  devait  pavoiser  certains 
jours  de  fête  comme  Christophe  Colomb. 

Venant  au  drapeau  exhibé,  lors  de  la  grande  manifestation 
du  24  juin  1902,  par  la  société  canadienne  de  Saint-Hubert, 
du  canton  de  Chambly,  on  ne  comprend  pas  les  critiques  des 
archéologues  franco-canadiens  à  propos  d'  «  un  drapeau  fleur« 
delisé  fac-similé  des  drapeaux  de  François  l".  »  A  part  le  mot 
fac-similé,  maladroitement  employé  par  le  programme  du  cor- 
tège, on  ne  voit  rien  à  reprendre  à  cet  énoncé. 

Le  drapeau  fleurdelisé  est  absolument  dans  la  vérité  histo- 
rique. Les  lis  étaient  les  armes  de  France  sur  un  fond  dont  la 

XXXIII  2 


—   XVIII    — 

couleur  a  varié.  Nous  avons  précisément  là-dessus  le  témoi- 
gnage de  Jacques  Cartier  lui-même  répété  deux  fois  dans  ses 
relations  originales  :  «  I.e  23  juillet  1534,  fismes  faire  une 
croix  sous  le  croisillon  de  laquelle  mismes  un  escusson  en 
bosse  à  troys  fleurs  de  lys  et  dessus  un  escripteau  où  il  y  avoit 
en  grosses  lettres  :  KiVc  le  roy  de  France.  »  Jacques  Cartier, 
qui  avait  été  à  la  cour  et  avait  pu  voir  à  Saint-Malo  même 
défiler  François  I^^  et  sa  suite  brillante,  connaissait  trop  bien 
les  armes  du  roi  pour  ne  pas  mettre  les  lys  sur  l'azur,  s'il  se 
servait  d'un  pavillon  historié.  Laissant  de  côté  le  pavillon  chi- 
mérique de  la  ville  de  Saint-Malo  dont  on  a  parlé,  on  peut  être 
sûr  que  le  pavillon  de  Jacques  Cartier  eût  porté  l'emblème  qui 
répond  le  plus  à  notre  idée  moderne  de  drapeau  national,  c'est- 
à-dire  le  drapeau  du  roi,  les  trois  fleurs  de  lys  d'or  sur  champ 
d'azur. 

M.  Barth.  Pocquet  du  Haut-Jussé  lit  un  travail  intitulé  :  Un 

prédicateur  ponrsnM  en  1110,  —  L'abbé  Poisson  fut  accusé 

devant  le  Parlement  d'avoir  fait  des  allusions  aux  événements 

du  temps  dans  un  sermon  prononcé  en  Téglise  Saint-Germain 

le  6  janvier  1770.  Une  longue  enquête  eut  lieu,  à  la  suite  de 

laquelle  l'abbé  Poisson  fut  condamné  par  le  Parlement  à  être 

admonesté. 

Le  Secrétaire  général^ 

L.  DK  ViLLERS. 


Séance  du  10  mars  1903. 

Présidence  de  M,  le  comte  de  Palys^  président. 

Présents  :  MM.  Pocquet  du  Haut-Jussé  et  Parfouru,  vice- 
présidents;  Banéat,  trésorier;  Decombr,  des  Bouillons,  Hars- 
couET  DE  Keravel,  Etasse,  Busnel,  Kenaud-Loubens,  de  Tor- 

QUAT,    StOT,    MaRQUET,  DE    LA    PiNBLAIS,  LeRAY,    abbé    MiLLON, 

Reuze,  abbé  Guillotin  de  Cohson,  Aubrée,  Desmaziîsres  de 
Séchelles,   Saulnier,   abbé    Morlais,  Fournel,   colonel    de 


—   XIX   — 

Caqurray,  abbé  Guillot,  Kochulk,  comte  du  Crest  db  Lon- 
GRRiR,  GossELiN,  comte  DE  Vbrnon,  abbé  Duvbr,  Philouzr, 
Rabillon,  L.  de  Villers,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  (10  février)  est  lu  et 
adopté. 

M.  le  Président  procède  au  dépouillement  des  publications 
déposées  sur  le  bureau. 

Il  signale  particulièrement  une  plaquette  de  M.  du  Chàtetlier 
intitulée  :  Un  âge  de  cui^fre^  ayant  précédé  Vâge  de  bronze, 
a-t-^il  existé  en  Armoriqne P  l]n  ouvrage  de  M.  Ed.  Aubrée 
portant  pour  titre  :  Une  Famille  de  Monnayeurs  rennais  aux 
XV h j  XVI h  et  XVIII^  siècles,  dont  il  est  fait  hommage  à  la 
Société  Archéologique. 

I/ordre  du  jour  appelle  ensuite  l'élection  de  M.  Guesdon, 
présenté  à  la  dernière  séance.  Après  le  scrutin  réglementaire, 
M.  Guesdon  est  admis  comme  membre  titulaire. 

Exhibitions  : 

1.  —  Par  M.  Harscouêt  de  Keraç^el  : 

1**  Statuette  de  la  Vierge  en  faïence  de  Nantes  ; 

2**  Laitier  provenant  des  bois  de  Pouëtz  (lUe-et-Vilaine). 

IL  —  Par  M.  le  comte  de  Palys  : 

Divers  portraits,  fort  curieux  et  fort  rares,  de  M*""  Ferdinand 
de  Neuville,  évèque  de  Saint-Malo,  de  1646  à  1657,  mort 
évêque  de  Chartres  en  1690. 

1»  Magnifique  portrait  de  Nanteuil,  d'après  Ph.  de  Cham- 
pagne; 

20  De  Van  Meerlin  ; 

3°  De  Joliain,  d'après  Boury  ; 

4°  Un  moderne,  signé  Caron,  1815. 


—   XX   — 

m.  —  Par  M.  Vahbé  Millon  : 

Un  petit  vase  porte-bouquet,  décor  polychrome  (attribué  à 
l'époque  moderne). 

IV.  —  Par  M,  Decombe  : 

Trois  planches  en  cuivre  gravées  d'après  des  compositions 
deJ.-F.  Huguet  et  représentant  des  sujets  fantaisistes  dont 
l'un  est  relatif  aux  projets  élaborés  par  l'ingénieur  Robelin 
pour  la  reconstruction  de  Rennes  après  l'incendie  de  1720. 

A.  Planche  en  cuivre  rouge,  gravée  au  burin,  représentant  le 
Mariage  mystique  de  sainte  Catherine,  et  signé  C,  Galle,  — 
Légende  :  S.  CATHARINA  VIRGO  CHRISTO  DESPON- 
SATA. 

B.  Une  épreuve  de  cette  planche. 

M.  Decombe  accompagne  son  exhibition  de  la  communica- 
tion suivante  : 

L'auteur  de  cette  planche.  Corneille  Galle,  dit  le  Jeune,  est 
un  des  membres  de  la  célèbre  famille  de  graveurs  hollandais 
de  ce  nom  qui  s'illustra  aux  xvi*  et  xvii*  siècles.  Le  Musée  de 
Rennes  possède  plusieurs  gravures  de  ces  artistes. 

Quand  au  sujet  représenté  sur  la  planche  que  je  mets  sous 
vos  yeux,  c'est  la  reproduction,  ou  plutôt  l'adaptation  d'un 
tableau  de  Pietro  Berretini,  dit  Piètre  de  Cortonne  (1596- 
1669),  tableau  qui,  après  avoir  fait  partie  de  la  collection  de 
Louis  XIV,  fut  placé  au-dessus  du  maître-autel  de  Tancienne 
chapelle  du  château  de  Versailles  ;  il  est  aujourd'hui  au  Musée 
du  Louvre. 

Dans  son  tableau,  Piètre  de  Cortone  a  représenté  la  Sainte 
Vierge  assise,  soutenant  l'Enfant  Jésus  qui  tient  d'une  main 
une  palme,  de  Tautre  un  lis  qu'il  présente  à  sainte  Martine 
agenouillée  devant  lui,  et  s'appuyant  sur  une  fourche  garnie 
de  dents  de  fer,  instrument  de  son  supplice 

Comme  presque  tous  les  graveurs  de  son  temps.  Corneille 
Galle  imprimait  et  vendait  lui-même  ses  estampes.  Il  pensa 
probablement  que  le  nom  de  Martine  étant  peu  répandu  dans 
son  pays,  sa  gravure  ne  trouverait  pas  un  débit  suffisant,  et  il 
n'hésita  pas  à  débaptiser  la  sainte  pour  en  faire  sainte  Cathe- 


—   XXI   — 

rine  ;  il  n'eut  besoin  pour  cela  que  de  modifier  légèrement  sa 
pose,  de  substituer  à  la  fourche  crochue  de  Martine  Tépée  et  la 
roue  dentée  qui  servirent  au  martyre  de  Catherine,  et  d'accom- 
pagner son  estampe  de  la  légende  :  «.V.  Catharina  virgo  Chriëio 
desponsata.  C'est  ainsi  qu'au  xvii*  siècle  le  Mariage  mystique 
de  sainte  Catherine^  déjà  si  souvent  interprété  par  les  peintres 
et  les  graveurs,  compta  une  représentation  de  plus  dans  les 
galeries  et  dans  les  cartons  des  collectionneurs. 

V.  —  Par  M,  Renaud' Loubens  : 

Un  service  de  la  Compagnie  des  Indes,  composé  de  seize 
pièces;  M.  Renaud-Loubens  accompagne  cette  exhibition  de  la 
note  suivante  :  «  Chaque  pièce  est  décorée  au  milieu  d*un  grand 
médaillon  rond  entouré  d'un  marli,  représentant  un  mandarin 
et  sa  femme.  » 

VI.  —  Par  M.  Desmazières  de  Séchelles  : 

Joli  Christ  en  ivoire  de  Dieppe  (fin  du  xviii«  siècle). 

VII.  —  Par  M,  Aubrée  : 

1*  Une  hache  en  pierre  polie,  mesurant  de  0"  43  de  long  et 
dont  le  poids  est  de  7  k.  200  (trouvée  à  Sarzeau); 

2®  Une  pièce  manuscrite  sur  papier,  intitulée  :  «  Rosle  fait 
lors  de  l'assemblée  généralle  tenue  dans  la  chambre  de  TAjus- 
terie,  le  30  décembre  1770,  des  maitres  monnayeurs  ajusteurs 
accueillis  et  tailleresses  de  la  Monnaye  de  Rennes.  » 

VIII.  —  Par  AL  Cabbé  Gnillot  : 

Une  pièce  romaine  en  bronze,  trouvée  dans  une  lande  de 
la  Chapelle-Bouêxic  (lUe-et- Vilaine), 

IX.  —  Par  M,  Banéatj  au  nom  de  M.  le  comte  du  Pontavice  : 
Deux  laissez -passer  donnés  par  l'amirauté  d'Angleterre  à 

deux  navires  anglais  en  1694  et  en  1721.  Ces  pièces  sont  sur 
parchemin  et  timbrées  du  sceau  de  l'Amirauté,  ainsi  libellées  : 


—   XXII    — 

Par  ordre  des  Commissaires  faisant  l'office  de  Lord  grand- 
amiral  d  Angleterre. 

Laissez  passer  le  navire  «  Suzanne  et  Marie  »  (William 
Hollorn  (?)  capitaine),  chargé  de  250  tonnes,  armé  de  18  canons 
et  monté  par  36  hommes,  tous  appartenant  aux  équipages  de 
Leurs  Majestés,  —  avec  six  passagers,  provisions  et  marchan- 
dises, sans  aucun  obstacle,  saisie  ou  molestations  (sic)^  ledit 
navire  nous  paraissant,  d'après  bon  et  solide  témoignage, 
appartenir  à  des  sujets  de  Leurs  Majestés  le  Roi  et  la  Reine, 
et  non  à  des  étrangers. 

Donné  sous  nos  signatures  et  le  sceau  de  TOffice  de  l'Amiral, 
à  Westminster,  le  21  avril  de  l'année  du  Seigneur  1694. 

A  toutes  personnes 
que  les  présentes  peus>ent  intéresser^ 


(Signatures.) 


Par  ordre  des  Commissaires, 


(Signature.) 


Par  ordre  des  Commissaires  tenant  la  charge  de  Lord  grand 
amiral  de  G^^-Bretagne.  Irlande  et  toutes  autres  possessions 
de  Sa  Majesté, 

Laissez  passer  le  navire  «  Philippe  et  Marie,  »  de  Londres 
(Georges  Fendell  (?)  capitaine),  chargé  d'environ  280  tonnes, 
armé  de  16  canons  et  monté  par  40  hommes,  dont  30  sujets  de 
Sa  Majesté,  construit  en  Grande-Bretagne,  partant  pour  Tir- 
lande  et  les  Indes  Occidentales,  —  avec  ses  passagers  et  mar- 
chandises —  sans  aucun  obstacle,  saisie  ou  molestations  (sic), 
ledit  navire  nous  paraissant,  d'après  bon  et  solide  témoignage, 
appartenir  à  des  sujets  de  Sa  Majesté,  et  non  à  des  étrangers. 


—  xxni  — 

Donné,  sous  nos  signatures  et  sous  le  sceau  de  1  Office  de 
l'Amirauté,  le  4  novembre  de  l'année  du  Seigneur  1721. 

Donné  à  toute  personne 
que  les  présentes  peuvent  concerner, 

(Signatures.) 

Par  ordre  de  Leurs  Seigneuries 
Les  Lords  de  l'Amirauté, 

(Signature.) 

Un  arrêt  du  Parlement  défendant  de  chasser  sur  les  terres 
de  damoiselle  marquise  de  Montauban,  dame  de  Kochefort, 
1"  mars  1657. 

X.  —  Par  M.  L,  de  Villers  : 

Un  volume  portant  pour  titre  :  Sentiments  que  doit 
aifoir  un  homme-de-Dieu  sur  les  çeritez  de  la  Religion  et 
de  la  morale,  tirez  des  plus  beaux  passages  de  l'Ecriture 
sainte,  par  M,  l'abbé  de  Bellegarde,  —  A  Paris,  rue  Saint- 
Jacques,  chez  Jean  et  Michel  Guignardy  à  l'image  Sainte 
Jean.  M.DCCIV.  —  Sur  les  plats,  armes  du  cardinal  Mazarin. 
—  Jean-B.  Morvan  de  Bellegarde  naquit  à  Piriac,  diocèse  de 
Nantes,  le  30  août  1648.  Entré  dans  Tordre  des  Jésuites,  dis- 
ciple de  Descartes,  il  fut  obligé  d'en  sortir  par  suite  de  ses 
idées  philosophiques.  Il  mourut  à  Paris  le  26  avril  1734.  Le 
Mercure  du  mois  de  novembre  1735  a  publié  son  éloge  par 
le  P.  de  Tournemine. 

M.  Saulnier  donne  des  renseignements  nouveaux  sur  Fran- 
çois de  Villemontée,  évêque  de  Saint- Malo,  et  sur  sa  femme, 
et  communique  un  document  inédit  sur  la  séparation  définitive 
des  deux  époux  en  1652. 

M.  l'abbé  Guillotin  de  Corson  communique  une  note  fort 


—   XXIV    — 


intéressante  sur  la  relation  d'un  voyage  en  Terre-Sainte^  fait 
par  trois  Bretons  à  la  fin  du  XP  siècle. 

Le  Secrétaire  général^ 

L.  DE  ViLLERS. 


Séance  du  7  avril  1903. 

Présidence  de  M,  le  comte  de  Palys,  président. 

Présents  :  MM.  Pocquet  du  Haut-Jussb  et  Parfouru,  vice- 
présidents;  Saulnier,  Decombe,  âubréb  .  DES  Bouillons, 
ÂNGiER  DE  LoHÉAc,  HuE,  Stot,  Harscoubt  DE  Keravel,  abbé 
MiLLON,  Reuzé,  Leray.  Etasse,  Bussy,  Banêat,  du  Crest  de 
LoRGERiE,  Philouze,  colonel  DE  Caqueray,  Radillon,  abbé 
DuiNE,  DE  Torquat,  Kenaud-Loubens,  L.  de  Villers,  secré- 
taire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  (10  mars)  est  lu  et 
adopté. 

M.  le  Président  procède  au  dépouillement  de  la  correspon- 
dance. Il  communique  une  lettre  de  M.  le  curé  de  Tinténiac 
demandant  une  allocation  à  la  Société  pour  la  restauration  de 
son  église.  Cette  demande  est  renvoyée  à  la  prochaine  séance. 

La  bibliothèque  de  la  Ville  n'ayant  pas  été  informée  de  la 
décision  prise  par  le  bureau  de  changer  1  époque  habituelle 
de  sa  séance,  par  suite  des  vacances  de  Pâques,  n'a  pas  envoyé 
les  publications. 

M.  le  Président  adresse  ses  sincères  félicitations  à  M.  Poc- 
quet du  Haut-Jussé,  vice-président,  pour  sa  nomination  de 
chevalier  de  Saint-Grégoire-le-Grand,  distinction  méritée  par 
ses  travaux  historiques  sur  notre  province,  si  appréciés  des 


XXV    

savants  et  des  érudits  et  que  rAcadémie  française  a  plusieurs 
fois  couronnés. 

Exhibitions  : 

I.  —  Par  M.  Decombe  (de  la  part  de  M.  le  commandant  de 
Goy): 

1^  Petit  panneau  en  bois  sculpté,  peint  et  doré,  représen- 
tant debout,  sous  une  arcade  gothique,  un  seigneur  en  costume 
du  XV*  siècle  ; 

2'*  Ecritoire  à  gradin,  en  faïence  de  Rennes,  décor  mono- 
chrome, fleurs  et  rocaille,  en  violet  manganèse  clair; 

3*  «  Oraison  funèbre  de  messire  Louis  Mandrin^  colonel 
général  des  Faux^Sauniers  et  Contrebandiers  de  France^  » 
pièce  satirique,  sans  nom  d'imprimeur ,  colportée  après  la 
mort  de  Mandrin,  qui  fut  roué  vif  à  Valence,  le  26  mai  1755. 

II.  —  Par  M,  de  Palys  : 

1**  Deux  jetons  trouvés  récemment,  l'un  rue  Saint-Yves, 
l'autre  au  Grand-Fou geray,  à  l'effigie  de  Louis  XV,  1744,  et 
portant  au  revers  le  monument  élevé  lors  de  la  convalescence 
du  roi,  à  Metz  probablement; 

2^  Quatre  magnifiques  portraits  de  M^^  de  Villemontée, 
comme  intendant  de  Poitou  et  évèque  de  Saint-Malo  en  1657, 
gravés  d'après  Philippe  de  Champagne  et  Mellan,  par  Morin, 
Lochon,  Mellun  et  Pitau  ; 

3*  La  reproduction  d'un  buste  de  M.  de  la  Briffe  d'Amilly, 
premier  président  au  Parlement  de  Bretagne,  de  1734  à  1777; 
buste  inconnu  jusqu'ici,  dû  au  sculpteur  Lemoyne  et  découvert 
par  M.  H.  de  Montégut  dans  une  collection  particulière.  Ce 
qui  porte  à  sept,  sur  douze,  la  liste  des  portraits  de  ce  ma- 
gistrat ; 

4»  Un  pavé  historié  (xvi®  siècle)  provenant  des  ruines  du 
château  de  Fontenay ,  commime  de  Chartres ,  où  séjourna 
Henri  IV  en  1598,  et  plus  tard  Louis  XIII. 

M.  de  Palys  donne  lecture  d'une  charmante  historiette  en 


—    XXVI    — 

vers,  due  à  la  verve  spirituelle  de  M.  E.  Aubrée,  et  racontant 
une  anecdote  rennaise  du  xviii*  siècle,  l'histoire  d'un  pendu 
ressuscité,  sauvé  par  un  des  ancêtres  de  Tauteur,  et  dont  le 
dernier  trait  rappelle  celui  de  Jean  Valjean  volant  les  flam- 
beaux de  révéque  de  Digne  (dans  les  Misérables  de  Victor 
Hugo). 

m.  —  Par  M,  Reuzé  : 

Petite  miniature  sur  vélin,  d'une  exécution  très  soignée, 
représentant  la  Fuite  en  Egypte.  Saint  Joseph,  s'appuyant  sur 
un  bâton,  porte  sur  son  dos  l'Enfant  Jésus,  couché  dans  un 
berceau.  Derrière,  marche  la  Sainte  Vierge,  qui  soulève  le 
voile  recouvrant  le  berceau  et  qui  regarde  son  fils  endormi. 

IV.  —  Par  M.  l'abbé  Millon  : 

V*  Une  croix  de  pèlerinage  en  cuivre,  à  double  branche,  avec 
ornements  et  sujets  gravés  sur  les  deux  faces  :  sur  Tun  on  lit 
l'inscription  SINE  CADO; 

2^  Un  petit  médaillon  en  pâte  de  verre  opalin  sur  lequel  se 
détache  une  tète  de  femme  casquée  à  reflets  métalliques,  le 
tout  noyé  dans  un  lingot  de  plomb  (trouvé  à  Jublains). 

V.  —  Par  M,  Auhrée  : 

l®  Planche  de  cuivre  gravée,  représentant  une  Mise  au  Tom- 
beau, d'après  Raphaël; 
2®  Exemplaire  de  cette  gravure  tirée  sur  papier. 

VI.  —  Par  M.  Henaud^Lottbens  : 

1®  Une  Vierge  en  faïence  de  Rennes,  décor  polychrome; 
2®  Une  Vierge  en  faïence  de  Croisic.  décor  bleu  et  jaune. 

M.  Etasse  communique  une  notice  sur  la  découverte  d'une 
petite  tour  carrée  située  dans  une  butte  de  terre  appelée  le 
Château  de  la  Guerche.  D'après  l'auteur,  cette  tour  semblerait 
antérieure  au  xii*  siècle. 

M.   Saulnier  communique  des  documents  inédits  et  donne 


—    XXVI I    — 

de  nouveaux  détails  sur  la  vie  et  l'épiscopat  de  M^^  de  Ville- 
montée,  évèque  de  Saint-Malo,  au  xvii*  siècle. 

Il  donne  communication  de  l'épitaphe  à  Paris  du  premier 
président  Henry  de  Bourgneuf  : 

a  M.  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  dans  son  Pouillé  de 
VArchesféché  de  Rennes  (III,  p.  189),  a  donné  de  très  intéres- 
sants détails  sur  le  monument  que  Calliope  d'Argentré  a  élevé 
à  son  mari,  le  premier  président  Henry  de  Bourgneuf,  marquis 
de  Cucé,  dans  Téglise  du  couvent  de  Calvairiennes,  qu'elle  a 
fondé  dans  son  propre  hôtel,  place  de  la  Pompe  (aujourd'hui 
du  Carthage',  à  Rennes.  L'église  subsiste,  transformée  en 
magasin  ;  mais  le  tombeau  de  Téminent  magistrat,  et  sa  statue 
en  bronze,  ont  disparu. 

La  piété  conjugale  de  la  veuve  ne  s'est  pas  contentée  de  cette 
marque  éclatante  de  son  souvenir.  Le  premier  président  était 
mort  pendant  un  voyage  à  Paris,  où  l'avaient  amené  les  de- 
voirs de  sa  charge,  au  mois  d'août  1660.  Son  corps  embaumé 
a  été  gardé  en  bière  et  transporté  à  Rennes  seulement  au  mois 
d'octobre  suivant.  Nous  avons  fait  connaître,  il  y  a  quelques 
années,  d'après  des  témoignages  contemporains  et  des  textes 
officiels,  ce  qu'avaient  été  les  obsèques  solennelles  du  chef  de 
la  Compagnie  souveraine,  au  siège  même  du  Parlement  *.  Nous 
ignorions  alors  qu'une  partie  de  la  dépouille  mortelle  du  marquis 
de  Cucé  était  restée  à  Paris,  où  elle  reposait  dans  un  monu- 
ment que  M"*  de  Bourgneuf  avait  fait  ériger  dans  l'église  des 
Filles  du  Calvaire  au  Marais,  voulant  que  tout  ce  qui  subsis- 
tait du  corps  de  son  mari  fût  partout  sous  la  garde  de  reli- 
gieuses du  même  ordre.  On  ne  peut  douter  que  ce  monument 
ne  fût,  comme  celui  de  Rennes,  digne  du  haut  personnage  dont 
les  entrailles  y  reposaient;  mais  on  ne  peut  que  le  supposer, 
car  on  n'en  trouve  ni  trace  ni  description  :  on  sait  seulement 
qu'il  était  le  principal  ornement  d'une  église  qui,  par  ailleurs, 
n'offrait  rien  de  remarquable  *. 

1.  Mémoires  de  la  Société  archéologique  d  Ille-et- Vilaine,  tom.  XXII, 
pp.  141  et  s. 

2.  M.  Emile  Raunié,  Epitaphier  du  Vieux- Paris.  Impr.  Nationale, 
iii-4»,  tome  II  (1893),  p.  IKî.  —  Le  couvent  dçs  Filles  du  Calvaire,  acbevç 


—   XXVIII    — 

L'inscription  a  survécu  :  copiée  au  xviii*  siècle  par  le?  col- 
lectionneurs d'épitaphes,  reproduite  dans  un  magnifique  recueil 
manuscrit,  orné  de  blasons  coloriés  et  relié  avec  luxe,  elle  a 
été  conservée  à  la  postérité.  C'est  dans  le  tome  VIII  que  nous 
Tavons  découverte.  Nous  la  donnons  ci-après,  après  en  avoir 
rétabli  le  texte  exact  *  : 

HENRICO  DE  BOURGNEUF,  marchioni  de  Cassé, 

Baroni  d'Orgères 

Régi  chrisUanissimo  a  secretioribus  consiliis 

et  supremi  senatus  in  Armorica 

principi;  nobilissimo 

paterni  maternique  generis  claritate 

in  quo  septem  ante  se  eodem  magistratn 

functos 

sexque  in  senaUi  proximos  huic  loco  principes, 

aut  ParisiiSj  aut  Rkedonibus^  numerabat; 

hujus proaçus prseses  unus  in  Armorica, 

ante  supremam  curiam  constitutam,  fuit; 

açus  in  recens  constituta  principatum 

tenait; 

pater  alterias  virtuti,  alterias  maneri 

Saccessit  hœres  ; 

Gênas  omne  ante  tantam  togœ  gloriam 

Armis  etiam  illustre  fait; 

integerrimo 

fidei  semper  invictse,  nunquam  Régi 


en  1687,  a  donné  son  nom  à  une  rue  et  à  un  boulevard  qui  n'en  ont  con- 
servé que  cela;  du  couvent  et  de  l'église,  terminée  en  1650,  il  ne  reste 
plus  aucun  vestige. 

1.  Bibliothèque  Nationale.  9  vol.  in -^.  Mss.  français  (n*'  82343  à  32351). 
—  Ces  intéressants  souvenirs  du  passé  font  l'objet  d'une  publication  non 
encore  terminée,  dans  laquelle  on  trouve  l'histoire  sommaire,  mais  pré- 
cise, des  églises  paroissiales  et  conventuelles  de  Paris,  et  un  texte  aussi 
correct  que  possible  des  inscriptions  funéraires  que  M.  Emile  Rannié. 
l'auteur  de  ce  travail,  a  voulu  conserver.  C'est  grâce  à  VEpîtaphier  du 
VieuX'PaiHs  que  nous  avons  pu  rectifier  les  incorrections  et  les  non- 
sens  qui  abondaient  dans  le  luxueux  manuscrit  auquel  nous  avions  em- 
prunté l'épitaphe  du  premier  président  de  Bourgneuf.  (Tome  II  précité.) 


—   XXIX   — 

nunquam  Senatui,  nunquam  populo 

Suspectœ; 

hoc  sincerse  magis  aurese  quo  nullam  auri 

corruptelam  admisit; 

Prudentissimo 

qui  sapientissimi  principis  ordinis  prima 

natura  quam  a  Rege  factus^  regalia  jura  sic 

retinuit  ut  ne  senatoria  {fiolaret; 

quippe  perturbatissimis  rei publicae  temporibus  ita  segessit 

ut  quod  in  paucis  ipse  imitatus  est  egregii 

exemplum  temperamenti  sui  fastigii  hominibus 

imitandum  reliqueret; 

Chris  tianissimo 

qui  minister  christianissimi  Régis  utrumque 

nomen  illud  impleçit, 

auctoritate  magnus 

religione  maximus^  professus  hsereticorum 

hostis,  fidei propugnator  accerrimus;  in  summa 

fortuna  modes tus^  natus  ad  magna ^  mortuus 

ad  majora  ; 

conjugi  bene  merenti 

cujus  hic  sita  sunt  viscera  hoc  amoris  mœrorisque 

monumentum  posuit  Calliope  Argentrsea 

ctijus  amantissima,  œgre  amori  suo  superstes, 

nec  ante  factura  finem  dolendiquam  çivendi, 

Sanctissime  obiit  die  xxvii^  mensis  Augustin  Anno  Chris ti mdclx. 

œtalis  Lxx*y  magistratus  sui  xxv. 

Il  n'existe  aucun  document  officiel  sur  la  mort  du  premier 
président  Henry  de  Bourgneuf  :  linscription  ci-dessus  nous 
en  do^nne  la  date  précise  —  27  août  1660.  » 

M.  Philouze  lit  un  travail  documenté  sur  les  bugdets  de 
Rennes,  de  1120  à  1189  : 

«  Quelle  a  été  la  situation  financière  de  Rennes  au  xviii* 
siècle  ? 

Cette  situation  est  restée  constamment  difficile,  parce  que 


—   XXX    — 

les  dépenses  inévitables  augmentaient  chaque  année,  tandis 
qne  le  rendement  de  Toclroi  demeurait  presque  stationnaire. 

Quelle  était  la  population  de  Rennes  au  moment  du  grand 
incendie  de  1720,  sinistre  dont  la  durée  fut  d'une  semaine  et 
qui  brûla  un  cinquième  de  la  ville,  soit  huit  cent  cinquante 
maisons?  Le  bail  des  octrois  va  nous  l'indiquer.  En  1780, 
d'après  Ogée,  dont  le  chiffre  a  été  contrôlé  au  moyen  du  rap- 
port connu  des  naissances  à  la  population,  Rennes  comptait 
quarante  deux  mille  six  cents  habitants.  L'octroi  produisait 
alors  :  140,165*  14*.  De  ce  chiffre  déduisons  vingt  mille  livres, 
chiffre  indiqué  par  M.  le  maire  Hévin  en  1757,  comme  prove- 
nant de  certaines  augmentations  de  droits,  il  nous  reste  : 
120,000  livres.  Or,  en  1720,  Toctroi  trouvait  preneur  à  cent  deux 
mille  livres;  la  différence  est  donc  environ  d'un  sixième;  le 
sixième  de  42  est  7;  par  suite,  la  population  devait  être 
de  trente-cinq  mille  Ames. 

L'incendie  de  1720  mit  l'adjudicataire  dans  l'impossibilité 
d'exécuter  son  bail.  Ce  sinistre  avait  appauvri  la  ville  et  dimi- 
nué sa  population.  Il  fallut  faire  en  1722  une  nouvelle  adjudi- 
cation et  le  prix  fut  fixé  à  86,000  livres,  soit  une  perte  annuelle 
pour  la  ville  de  seize  mille  livres,  valant  quarante-huit  mille 
francs  de  notre  monnaie;  le  bail  était  passé  pour  neuf  ans. 
Rennes  fut  assez  vite  rebâti  et  en  1731  l'octroi  trouva  preneur 
à  cent  mille  livres,  c'est-à-dire  presqu'au  prix  de  l'année  1720. 

Au  bail  suivant,  1740,  le  prix  fut  de  99,000  livres;  mais 
à  l'adjudication  de  1749,  le  prix  fléchit  à  89,000  livres.  La 
ville  ne  pouvait  pas  suffire  à  ses  dépenses,  les  taxes  durent 
être  augmentées,  et  en  1757  le  prix  d'adjudication  s'éleva  à 
114,500  livres.  Alors  M.  Hévin,  maire,  dit  :  «  J'espère  qu'avec 
ce  secours  (augmentation  de  20,000  livres),  je  pourrai  parvenir 
à  raccommoder  les  affaires  de  notre  ville,  qui  sont  bien  déla- 
brées. » 

Mais  il  n'en  fut  rien  et  dans  l'année  1767  la  ville  se  trouvait 
en  déficit  annuel  de  15,103*  12'  7<*;  quant  à  ses  dettes,  elles 
s'élevaient  à  130,348*  13'  11<*.  Ses  créanciers  l'importunaient 
et  il  fallut,  pour  payer  les  plus  pressés,  charger  de  ce  soin 
l'adjudicataire  des  octrois.  Il  dut,  en  1767,  durant  la  première 


—    XXXI    — 

année  de  son  bail  et  en  plus  de  Tannuité  fixée  pour  neuf  ans, 
paver  à  la  ville,  de  trois  mois  en  trois  mois,  trente  mille  livres, 
jusqu'à  concurrence  de  la  somme  totale  de  quatre-vingt-dix 
mille  livres.  Aussi  l'octroi  ne  trouva  preneur  que  pour  quatre- 
vingt-quatre  mille  livres;  c'est  le  chiffre  le  plus  bas  de  tout  le 
siècle. 

I^e  bail  de  1767  a  été  le  dernier;  la  ville  eut  alors  recours 
à  la  gestion  directe,  qui  donna  les  résultats  suivants  : 


En  1776 128,082 

1777 121,489 

1778 117,130 

1779 132,622 

1780 140,165 

1781 161,574 

1782 218,559 

1783 203.640 

1784 217,518 

1785 214,818 

1786 193,780 

1787 200,311 

1788 194.713 


16» 
9*  lOd 


7' 

14  « 
16- 
16» 
18  « 
18» 


19» 
13» 


10  d 
4d 

8d 
6d 


7»  IH 
7»     H 


4d 
3d 


L'augmentation  du  rendement  des  huit  dernières  années 
provient  principalement  d'une  surtaxe  établie  à  l'octroi  pour 
faciliter  un  emprunt,  celui  de  1783  ;  elle  fut  d'environ  trente 
pour  cent  et  sa  perception  commença  en  1781. 

Au  cours  du  xviii*  siècle,  la  ville  de  Rennes  fit  trois  em- 
prunts, en  1763,  1766  et  1783.  I-e  premier  réussit,  le  deuxième 
échoua,  le  troisième  fut  en  partie  couvert. 

L'argent  de  l'emprunt  de  1763  fut  fourni  à  Paris  par  quelques 
clients  des  notaires  du  Chàtelet;  l'emprunt  s'élevait  à  cent 
cinquante  mille  livres.  Le  préteur  touchait  cinq  livres  de  rente 
par  cent  livres  de  capital,  intérêt  payable  tous  les  six  mois. 
La  rente  était  perpétuelle,  mais  rachetable  à  la  condition  pour 
la  Ville  de  rembourser  au  souscripteur  le  montant  total  de  sa 


—   XXXIl   — 

souscription.  Les  prêteurs  furent  au  nombre  de  onze,  voici 
leurs  noms  : 

Messire  Honoré  Guidi,  capitaine  de  vaisseau.  .  .  .  24,000 

Noble  homme  J.  Chiffoliau 10,000 

Noble  maître  Jacques  Gault  de  la  Galmandière.  .  .  5,400 

Veuve  Leroy 0,000 

Demoiselle  Lefeuvre 1,200 

J.-L.  Delan,  notaire  honoraire  à  Paris 60,000 

Demoiselle  Forestier 4,280 

Noël  Chevalier 5,000 

Demoiselle  Véron 3,120 

Messire  de  la  Chaussée,  de  Bouclarville,  lieutenant 

de  vaisseau 22,000 

Pierre  Ducrot 9,000 


150,000 

Les  principales  dépenses  soldées  au  moyen  de  cet  emprunt 
furent  : 

A  Marc  Ducheine  et  Rçbulet,  pour  le  pavage.       40,331  * 

Au  sieur  de  la  Morandière-Blouët,  pour  les 

écluses 22.847  »     3  •  5  ^ 

A  la  veuve  Broussais,  pour  réparations  au.^ 
portes  et  aux  murs 9.000  * 

A  M.  Forestier,  directeur  des  forges  de 
Brécilion,  pour  tuyaux  de  fonte  destinés  à 
la  conduite  des  eaux 22,000  ' 

Pour  l'entretien  des  banlieues 8,510* 

A  Pouliguen,  pour  chandelles  destinées  aux 
lanternes  publiques 6,000* 

Au  greffier  de  la  communauté  Leloué,  pour 
les  dépenses  occasionnées  par  la  cérémo- 
nie de  la  pose  de  la  première  pierre  pour 

la  conduite  des  eaux 3,946  *  16  « 

(Ce   détail    prouve  que  les  premières 
tentatives  pour  l'adduction  des  eaux, 


—    XXXIII    — 

dans  r intérêt  de  la  santé  des  habi- 
tants de  Rennes,  ne  sont  pas  récentes.) 
Enfin  il  est  versé  au  sieur  de  Beaumont, 
directeur  et  caissier  de  la  mine  de  Pont- 
péan,  pour  le  dernier  tiers  de  la  fourni- 
ture   de  plomb   pour   les  fontaines   pu- 
bliques, quittance  du  quinze  janvier  176\5.         8,333  *    6  '  8  ** 
(Cette  mention  prouve  qu'à  cette  date 
la  mine  de  Pontpéan  était  en  sérieux 
état  dexploitation,  puisqu'elle  vendit 
alors  à  la  ville  de  Rennes  pour  envi- 
ron soixante-quinze  mille  francs  de 
plomb,   destiné   à    la   conduite   des 
eaux.) 
Puis  au  sieur  de  Troncq,  ci-devant  connes- 
table,   pour  remboursement  du  prix  de 
son  office 12,042  »    2  * 

L'emprunt  tenté  en  1766  ne  réussit  pas,  parce  que  la  Ville 
de  Rennes  essaya  d'emprunter  à  quatre  pour  cent,  et  en  ce 
temps-là  les  capitalistes  voulaient  retirer  de  leur  argent  cinq 
pour  cent.  La  ville  ne  trouva  que  20,250  livres,  comme  suit  : 
pour  le  mineur  Martin,  1,000  livres;  le  sÎBvr  Deshaies, 
OfOOO  livres  ;  messire  Bernard  de  Marsangy,  docteur  en  Sor- 
bonne,  chanoine  honoraire,  trésorier  à  Sens,  12«000  livres; 
Pénard  de  l'Etang,  1,250  livres. 

En  1781,  les  droits  d'octroi  furent  augmentés  de  trente  pour 
cent,  mais  cette  augmentation  porta  sur  les  articles  de  luxe, 
destinés  aux  habitants  aisés.  On  rendit  ainsi  plus  facile  un 
nouvel  emprunt,  et  cette  fois  la  ville  de  Rennes  fut  autorisée 
(en  1783}  à  demander  au  public  trois  cent  mille  livres,  à  cinq 
pour  cent.  Les  préteurs  se  présentèrent  en  assez  grand  nombre 
et  la  ville  trouva  deux  cent  cinquante  mille  livres.  Je  note 
parmi  les  principaux  souscripteurs  :  Gilonne  Ledeau.  veuve 
d'écuyer  Etienne  de  Farcy,  6.000  livres  ;  Guillaume  Malenfant, 
ancien  négociant,  7,000  ;  J.-O'  Moinerie,  prêtre,  6,000;  Marie 

xxxiii  3 


—    XXXIV   — 

Arnaull.  veuve  de  Messire  Ârnault  de  Bréal.  des  Ciiapelles, 
ex-capilaine  de  dragons,  chevalier  de  Saint-Louis.  10.000; 
messire  de  Kermarec.  des  Tronchais,  5,500;  Mondehair  de  la 
Galonnais,  2,200;  Pierre  Chapelain,  bourgeois  de  Paris,  6,000; 
Jean-Pierre  Bourdin,  avocat  à  Paris,  15,000;  Antoine  Mallet, 
bourgeois  de  Paris,  16,000;  Frin,  banquier  à  Paris,  12,000; 
Françoise  de  Nollent,  veuve  de  messire  Daguesseau,  30,000; 
Pierre  Bourdin  et  écuyer  Desprès  de  Boissy,  ensemble,  20,000; 
veuve  Lelegard  et  enfants,  12,000;  Thérèse  de  Maisy,  26,000; 
Louise  Gayot,  veuve  de  messire  Meulan,  des  Fontaines,  cheva- 
lier, 11,780;  Marie  Torehet.  veuve  décuyer  Gallivier,  seigneur 
de  Mierry,  5,000;  le  général  de  la  paroisse  de  Saint-Sauveur, 
5,400;  les  prêtres  de  la  Mission,  directeurs  du  Petit-Séminaire 
de  Saint-Mcen;  3,000;  d"e  Perron,  6,000. 

Parmi  les  prêteurs  de  sommes  moins  fortes,  je  remarque  : 
Saquet,  recteur  de  Saint-Martin,  1,200  livres,  provenant  de 
l'argent  de  ses  pauvres  (les  pauvres  de  Hennés  avaient  alors 
des  rentes)  ;  et  Augustin  Germé,  professeur  de  rhétorique  au 
Collège  de  Rennes,  ej-pnear  titulaire  de  la  chapellenie  de 
Beanmontf  1,520  livres.  Le  général  de  la  paroisse  de  Saint- 
Sauveur  est  représenté  par  noble  et  discret  messire  Joseph  Le- 
barbier,  son  recteur,  Jean-Louis  Richard,  ancien  syndic,  doyen 
des  procureurs  au  Présidial,  et  par  les  deux  trésoriers  en  exer- 
cice :  Nicolas  Dufour  et  René  Couarde:  ils  versent,  pour  la 
constitution  dune  renie  de  270  livres.  5,400  livres,  dont  ils 
indiquent  la  provenance  :  1"  1,500  livres,  prix  de  la  fondation 
d'un  salut  le  dimanche,  faite  par  noble  homme  Gabriel  Cho- 
quené  et  d"''  Gilonne  Le  Barbier,  fondation  de  1730;  2»  1,500  li- 
vres, prix  de  la  fondation  d'un  salut  le  jeudi  de  chaque  semaine, 
faite  par  Sébaslien  Buisnard,  sieur  de  la  Bretonnière,  et  Fran- 
çoise Pichard.  fondation  de  1732:  3^  1,172  livres,  prix  de  la 
fondation  dune  messe  du  matin,  chaque  mardi,  faite  par  dame 
veuve  de  Chef  du  Bois,  en  1782;  4°  1,172  livres,  pour  fonda- 
tion d'une  messe  du  malin,  chaque  mercredi,  faite  par  demoi- 
selle Sainte  Henrv.  en  1783. 

Enfin,  le  2  janvier  1786,  Nicolas  Borie,  sénéchal  de  Rennes, 
président  du  ci-devant  ordre  du  tiers  pendant  les  trois  der- 


—    XXXV    — 

nières  tenues,  demeurant  en  son  h^tel.  près  de  la  Motte,  pa- 
roisse Saint-Pierre  en  Saint-Georges,  verse  14,000  livres  pour 
700  livres  de  rente,  au  nom  dos  membres  de  l'ordre  du  tiers. 
A  cette  date  (1786),  la  situation  des  habitants  de  Rennes  deve- 
nait matériellement  difficile,  puisque  nous  trouvons  parmi  les 
principales  dépenses  soldées  au  moyen  de  l'emprunt  de  1783, 
une  somme  de  23,375  livres,  pour  grains  et  farines  achetés  par 
la  communauté  de  ville  pour  le  soulagement  du  public  et 
72,361  livres  2  sols  5  deniers,  versés  à  MM.  Leroux  et  Morel, 
entrepreneurs,. /?<>///•  travaux  de  charité,  M.  de  la  Motle-Fablet 
était  alors  maire  de  Kennes.  A  la  mAme  époque,  la  commu- 
nauté de  ville  paie  4,195  livres  au  sieur  Mandroux,  pour  la 
construction  d*un  moulin  à  vent  établi  au  champ  du  Ronceray, 
près  Beaumont. 

La  navigation  sur  la  Vilaine  était  alors  importante  ;  la 
preuve  en  est  dans  le  rendement  du  bureau  d'octroi  du  port 
Saint-Yves,  qui  recevait  les  déclarations  des  bateliers.  Pre- 
nons la  meilleure  année  du  xviii*  siècle  pour  l'octroi,  c'est 
celle  de  1782  ;  la  recette  totale  est  de  218,559»  16»  4^.  Sur  celte 
somme,  le  bureau  d'octroi  du  port  Saint-Yves  fournit  61.912  li- 
vres, c'est-à-dire  plus  du  quart  de  la  recette  totale.  Les  adju- 
dicataires de  l'octroi  pouvaient  se  charger  du  service  de  bate- 
lage  entre  Rennes  et  Redon,  mais  alors  ils  devaient  fournir 
au  minimum  dix-huit  bateaux,  douze  découverts  et  six  cou- 
verts. Le  droit  décluse  était  de  24  sols  par  bateau  et  par  écluse, 
de  Messac  à  Rennes  ;  à  la  descente,  les  bateaux  ne  payaient 
rien,  même  quand  ils  étaient  chargés.  L'entretien  des  écluses 
et  le  curage  des  canaux  était  mis  parfois  à  la  charge  des  adju- 
dicataires de  l'octroi.  Tous  les  ans  les  écluses  recevaient  la 
visite  de  deux  membres  de  la  Communauté  de  ville  et  de  deux 
experts,  un  maçon  et  un  charpentier  ;  le  coût  de  cette  visite  s'é- 
levait à  250  livres,  somme  payée  par  les  adjudicataires  du  bail. 

Le  transport  par  messageries  de  marchandises  soumises  à 
l'octroi  était,  au  contraire,  presque  nul.  Ainsi,  en  1776,  sur  un 
total  de  128,082  livres,  l'octroi  ne  touche  par  messageries  que 
275  livres,  et  en  1780,  sur  un  total  de  140,165  livres,  les  mes- 
sageries ne  donnent  que  246  livres. 


—    XXXVI    — 

Parmi  les  dépenses  de  la  communauté,  quelques-unes  pré- 
sentent un  intérêt  spécial.  Ainsi,  le  tir  au  perroquet,  dit 
papegault  ou  papegai,  coûta,  en  1776,  2,070  livres,  à  la  charge 
de  l'adjudicataire  de  1  octroi.  Au  bail  de  1739,  nous  trouvons 
la  mention  suivante  :  «  Acquitteront  les  adjudicataires  sans 
diminution  du  prix  de  leur  bail,  les  droits  de  papegault  de  la 
dite  ville,  en  sorte  que  la  communauté,  en  ce  qu'elle  y  est 
tenue,  n'en  puisse  être  recherchée  directement  ou  indirecte- 
ment, sous  quelque  prétexte  que  ce  soit,  et  au  cas  que  les 
abatteurs  du  joyau  formeraient  instance  à  l'adjudicataire,  la 
communauté  ne  sera  pas  tenue  d'intervenir,  ni  de  donner  aucun 
dédommagement  aux  adjudicataires  s'il  arrivait  qu'ils  suc- 
combassent. »  Ij'abatteur  du  papegault  versait  pour  l'hôpital 
des  enfants  trouvés  233  livres. 

Une  autre  fois,  l'adjudicataire  doit,  en  outre  de  son  prix, 
verser  3,000  livres  pour  être  employées  à  l'acquisition  de  deux 
pompes  complètes,  garnies  de  tous  leurs  agrès,  moitié  la 
deuxième  année  du  bail  et  l'autre  la  quatrième.  (>ette  mention 
nous  apprend  qu'en  1739  une  pompe  à  incendie  coûtait  quinze 
cents  livres,  c'est-à-dire  un  peu  plus  de  4,000  fr.  de  notre  mon- 
naie. L'adjudicataire  devait  encore  verser  2,000  livres  au  rece- 
veur de  l'octroi,  pour  un  cadeau  à  l'église  de  Bonne-Nouvelle  : 
«  Pour  renouveler  le  vœu  fait  il  y  a  cent  sept  ans  (1632)  pour 
Textinction  de  la  peste,  depuis  lequel  la  ville  a  été  préservée.  » 

Parmi  les  dépenses  qui  ont  disparu  de  nos  budgets,  s'en 
trouve  une  assez  originale  pour  mériter  d'être  mentionnée  : 
«  trois  cents  livres  à  l'exécuteur  criminel  pour  l'indemniser 
du  haifage,  »  budget  de  1776.  Ce  mot  servait  à  désigner  le 
droit  de  prendre,  dans  les  sacs  de  grains  mis  en  vente  sur  le 
marché,  une  poignée  par  sac.  Le  mot  vient,  croit-on,  d'un  an- 
cien verbe  français,  has^ii-y  tombé  en  désuétude.  Le  bourreau 
de  Paris  avait  un  droit  de  havage  dans  les  marchés,  mais,  à 
cause  de  l'infamie  de  son  métier,  on  ne  le  lui  laissait  prendre 
qu'avec  une  cuiller  de  fer  blanc  servant  de  mesure.  Le  bour- 
reau devait  donc  remplir  son  sac  avec  une  cuiller.  Cet  usage 
rappelle  des  temps  fort  anciens,  où  la  rareté  du  numéfaire  obli- 
geait à  faire  les  paiements  en  nature. 


—    XXX  VJI    — 

Le  premier  mai  1791,  TAssemblée  constituante  supprima  les 
octrois,  sans  procurer  aux  villes  les  ressources  dont  elles 
avaient  besoin  pour  solder  leurs  dépenses  nécessaires,  et  la 
situat'on  de  Hennés,  déjà  difficile  avant  la  Révolution,  devint 
misérable.  I^a  population  diminua  rapidement  pour  descendre, 
en  1800,  au  chiffre  de  22,000  âmes.  » 

Le  Secrétaire  général. 

L.  DE  ViLLIiRS. 


Séance  du  12  mai  1903. 

Présidence  du  comte  de  PalySy  président. 

Présents  :  MM.  Pocquet  du  Haut-Jussb  et  Parfouru,  vice- 
présidents;  Banéat,  trésorier;  Etasse,  Bétin,  Stot,  Coignerai, 
AuBRÉE,  Hue,  Harscouet  de  Keravel,  Leray,  des  Bouillons, 
Reuzé.  Desmazières  de  Séchelles,  abbé  Duine,  Bussy,  Saul- 
NiER,  Bêzier,  colonel  de  Caqueray,  abbé  Morlais,  Rabillon, 
DE  Torquat,  Busnel,  Marquet,  Decombe,  de  ViLLERs,  Secré- 
taire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  (7  avril)  est  lu  et 
adopté. 

M.  le  Président  procède  au  dépouillement  de  la  correspon- 
dance et  des  publications  déposées  sur  le  bureau. 

Au  début  de  la  séance,  M.  Decombe  annonce  que  nous 
venons  de  perdre  un  de  nos  membres  honoraires,  M.  Garnier, 
directeur  du  Musée  de  la  manufacture  de  Sèvres,  que  nous 
avions  eu  parmi  nous,  il  y  a  deux  ans.  Cette  mort  est  une  perte 
pour  le  monde  savant  où  les  travaux  de  M.  Garnier  sur  la 
céramique  étaient  si  appréciés. 

M.  le  Préîjident  demande  ensuite  quelle  subvention  la  Société 


—   XXXVIII    — 

est  davis  d'accorder  à  M.  le  curé  de  Tinténiac  ;  après  avoir 
entendu  M.  le  Trésorier,  la  Société  vote  à  runanimité  une 
allocation  de  50  fr. 

Elle  décide  également  de  faire  amener  le  lech  de  Saint- 
Pierre-de-Plesguen  dont  elle  a  fait  l'acquisition. 

Exhibitions  : 

I.  —  Par  M.  E tasse  : 

Crucifix  en  cuivre  jaune  de  0"  107  de  hauteur  et  0"  195  de 
largeur.  (La  croix  manque.) 

Ce  Christ  est  au  jupon  descendant  au  genoux;  le  jupon  est 
noué  sur  le  côté  droit  et  paraît  formé  d'une  étofle  à  rayures 
longitudinales  et  ornée  d'un  grènetis  très  distinct  à  droite  et 
suriout  dans  les  replis  formés  à  la  hauteur  de  la  ceinture.  La 
tête  nue  est  inclinée  à  droite;  les  cheveux,  jusqu'à  la  naissance 
des  oreilles,  sont  droits,  mais  des  oreilles  aux  épaules  ils  se 
bouclent  et  descendent  à  droite,  à  gauche  et  dans  le  dos;  les 
bras  sont  tendus  horizontalement,  les  mains  droites  et  longues. 
Mais  une  particularité  à  remarquer,  c'est  que  Jésus  est  attaché 
à  la  croix  non  pas  par  trois  ou  par  ((uatre  clous,  mais  seule- 
ment par  les  deux  clous  des  mains,  car  les  pieds  ne  sont  pas 
percés  ni  allongés  sur  la  croix,  mais  ils  forment  avec  les 
jambes  un  angle  assez  obtus  qui  permet  de  dissimuler  un  petit 
appendice,  troué,  par  lequel  le  Christ  est  fixé  au  bas  de  la  croix. 

Ce  crucifix  semble  être  du  xii«  siècle  et  est  à  rapprocher  de 
celui  de  Gavrinnis  (figuré  pi.  3,  p.  137  du  1*""  vol.  du  BulleUn  de 
l'Association  Bretonne,  1847),  dans  un  article  de  M.  Ramé,  sur 
le  crucifix  de  Malestroit.  —  On  peut  également  en  rapprocher 
la  grav.  145  (p.  593:  de  V Iconographie  chrétienne,  de  M.  Di- 
dron  —  ou  encore  la  fig.  131  (p.  141)  de  Y  Histoire  des  Beaux- 
Arts,  de  René  Ménard,  qui  leprésentent  tous  le  «  Christ  en 
crois,  »  du  xii®  siècle. 

IL  —  Par  M,  Decombe  : 

Armes  et  outils  de  l'époque  paléolithique  recueillis  aux 
environs  de  .Madras  (Inde).  —  Ces  objets  sont  en  quarlzite,  ou 


—    XXXIX   — 

mieux  en  grès  qiiatzeux,  et  sont  fortement  colorés  par  l'oxyde 
de  fer.  Au  point  de  vue  de  la  forme  et  du  travail  de  la  taille 
par  éclats,  il  offre  la  plus  grandie  analogie  avec  les  armes  et 
outils  qui  ont  été  recueillis  en  si  grand  nombre  dans  la  station 
du  Bois-da-Rocher,  en  Saint-Hélen.  près  Dinan; 

Très  beau  portrait  à  Thuile  de  Tarchitecte  rennais  Jean- 
François  Hugnet.  né  en  1679,  mort  en  1749.  —  La  communica- 
tion de  ce  portrait  est  due  à  lobligeance  de  son  possesseur 
actuel,  M.  Waldeck  de  la  Borderie; 

M'"«  de  Sévigné  et  sa  fille  Françoise-Marguerite,  plus  tard 
comtesse  de  Grignan.  —  Cette  inléressante  gravure,  qui  nest 
pas  citée  dans  V Iconographie  de  M.  de  Surgères,  est  l'œuvre 
du  graveur  Avril  qui  Ta  exécutée  en  1783  d'après  un  tableau 
de  Carlo  Maratti. 

D'après  M.  de  Palys,  cette  gravure  ne  représenterait  pas 
le  portrait  de  M"*  de  Sévigné  ni  celui  -de  sa  fille  ;  ce  serait  une 
erreur  d'attribut,ion  du  graveur  ; 

Fontaine-lavabo  en  faïence  polychrome;  elle  semble  être  de 
fabrication  rennaise.  Les  armoiries  qui  la  décorent  restent 
à  déterminer.  (Communiquée  de  la  part  de  iM.  le  comman- 
dant de  Goy.) 

III.— Par  3/.  H,  Bétin: 

Très  jolie  Vierge  en  bois  sculpté,  provenant  de  la  Guérinais, 
près  Rennes  .xviii*  siècle). 

IV.  —  Par  M.  Atibrée  (au  nom  de  M.  Badin)  : 
Une  montre  en  argent  (xvii*  siècle). 

V.  —  Par  M.  Desmazières  de  Séchelles  : 

P  Un  volume  intitulé  :  Histoire  entière  et  s^èritable  du  pro- 
cès de  Charles  S  tu  art,  rot/  d*  Angleterre,  traduit  de  l'anglais 
par  L  G.,  tan  l(')i)0,  contenant  un  c.r  libris  aux  armes  des 
Bonin  de  la  Villebou quais,  reliure  en  veau  portant  sur  les 
plats  les  armes  d'Orléans,  et  aux  quatre  coins  le  mono- 
gramme P.  H.; 

2*  Un  petit  pot  en  faïence  allemande: 


—   XL   — 

3«  Une  monnaie  en  argent  de  Philippe  V  ; 
4®  Une  liste  ancienne  de  mots  patois. 

VI.  —  Par  M,  Banéat^  au  nom  de  M.  le  vicomte  P.  du  Pon- 
tavice  : 

10  Jeton  de  la  Chambre  des  Comptes  de  Bretagne. 

En  exergue  :  CAMEKiECOMPVTORVMREGIORVM- 
BRITANliE-. 

En  exergue  :  PACATVMQVEREGETPATRIISVIRTV- 
TIBVSORBEM. 

2^  Jeton  de  Jean  Charette,  sieur  de  la  Gascherie,  maire  de 
Nantes  en  1650. 

Au  droit  :  Armes  de  la  ville  de  Nantes  :  de  gueules  aux 
naçires  d'or,  aux  voiles  éployées  d* hermines;  au  chef  de  même. 

Couronne  :  de  comte. 

En  exergue  :  DUTEPS  DKM'^  CHARETESEN*»- ET- 
MAIREDNANTES. 

En  exergue  :  INSERVIISSESATESTMIHIPAÏRL*:. 

Au  bas  dans  une  réserve  :  *1(>50'. 

3^  Monnaie  bretonne,  argent  : 

Au  droit  ^  GAVFRIDVS,  entre  deux  cercles  dentelés. 

Au  1^  :  Hf4  DVX  BRITANl,  entre  deux  cercles  dentelés. 

(Monnaie  de  Geoffroy  comte  de  Nantes,  1156-1158,  Bigot, 
page  51.) 

4**  Deux  monnaies  étrangères,  argent,  semblables  sauf  le  der- 
nier mot  de  la  légende  du  IX- 

Au  droit  :  HENRICVS  REX. 

Au  Çf  :  Hh  HAVI/ON-RVLA  entre  deux  cercles  de  perles 
dont  l'extérieur  ne  paraît  que  par  places. 

Ces  trois  monnaies  d'argent  ont  été  trouvées,  avec  plusieurs, 
autres  aujourd'hui  disparues,  il  y  a  une  trentaine  d'années, 
dit-on,  en  creusant  les  fondations  du  château  de  la  Ville-David, 
commune  de  Quessoy  (Côtes-du-Nord). 

VII.  —  Par  M.  l'abbé  Duine  : 

i'*  Un  ouvrage  portant  pour  titre  :  Géographie  abrégée  par 


—   XLI    — 

demandes  et  par  réponsesy  par  l'abbé  Langlet  de  Fresnoy.  à 
Paris,  ilol,  contenant  un  autographe  de  Tabbé  Deric  ; 

2^  Un  «  bon  point  »  sur  papier  contenant  une  sentence  renfer- 
mée dans  un  encadrement  de  couronnes  royales  et  fleurs  de  lys 
{XVIII*  siècle). 

VIII.  —  Par  ;»/.  L.  de  Villers  : 

Une  monnaie  d'Henri  II.  trouvée  aux  Catherinettes  (offerte 
au  Musée  archéologique). 

M.  Banéat  signale  une  pierre  tombale  en  granit  trouvée 
dernièrement  dans  la  démolition  de  Téglise  de  la  Chapelle-des- 
Fougeretz.  Cette  pierre  avait  été  retournée  et  servait  de  seuil 
à  la  grande  porte  occidentale  de  l'église.  Ses  dimensions  sont 
1"  65  sur  0*  43.  Elle  figure  en  très  haut  relief  un  ecclésias- 
tique vêtu  d'une  simple  robe  à  longs  plis  ;  sa  tête  est  légère- 
ment inclinée  à  droite  et  posée  sur  un  coussin  à  quatre 
houppes;  ses  mains  tiennent  un  livre  ouvert  sur  sa  poitrine; 
ses  pieds  semblent  reposer  sur  un  quadrupède,  mais  la  partie 
inférieure  de  la  pierre  est  brisée  et  très  fruste.  Le  corps 
occupe  presque  toute  la  surface  do  la  pierre  et  ne  laissait 
place  à  aucune  inscription.' 

L'ensemble  du  travail  est  grossier. 

M.  Parfouru  lit  une  lettre  curieuse  du  comte  de  Pire  au 
marquis  de  Sérent,  baron  de  Malestroit,  qui  devait  présider 
Tordre  de  la  noblesse  aux  Etats  de  Bretagne,  dont  l'ouverture 
eut  lieu  à  Rennes  le  20  décembre  1774.  Il  lui  donne  des  con- 
seils pratiques  à  propos  des  dépenses  considérables  et  des 
provisions  de  toutes  sortes  qu'il  aurait  à  faire  pour  tenir  table 
ouverte,  suivant  Tusage,  pendant  la  durée  de  la  session. 

M.  l'abbé  Duine  lit  une  notice  sur  Les  Evéques  de  Doldans 
la  littérature  française  ;  et  cite  les  passages  des  grands  écri- 
vains de  notre  langue,  qui  ont  trait  à  Charles  d'Espinay,  à 
Jean-François  de  Chamillart  et  à  Urbain-René  de  Hercé. 

Messire  d'Espinay  fut  un  poète  de  la  Renaissance,  l'un  des 


—    XLIV    — 

struction,  surtout  par  suite  de  sa  forme,  paraît  remonter  au 
xii^  siècle  et  qui.  peut-être  même,  était  édifiée  avant  le  siège 
que  le  château  de  La  Guerche  eut  a  soutenir  en  1062? 

Etait-ce  une  tour  d'observation  ou  un  minuscule  donjon? 

En  1739,  la  communauté  de  La  Guerche  voulant  bâtir  un 
auditoire  sur  un  terrain  contigu  à  sa  halle,  fit  démolir  •  l'on- 
Sfrage  avancé  »  de  la  Butte  du  Château,  afin  de  se  procurer 
certains  matériaux  nécessaires.  —  Il  semble  résulter  de  ce  fait 
que  d'autres  constructions  existaient  sur  cette  butte  et  que  de 
nouvelles  fouilles  en  fourniraient  des  preuves,  car  il  est  peu 
probable  que,  pour  la  construction  projetée  en  1739,  il  eût 
suffi  d'une  partie  seulement  des  matériaux  de  la  petite  tour 
carrée  de  sept  mètres  dont  les  derniers  restes  viennent  de 
disparaître  complètement. 

Au  nom  de  M.  Aubrv.  M.  Etasse  lit  une  notice  sur  Le  château 
de  La  Guerche, 

M.  de  Villers  fait  part  à  la  Société,  au  nom  de  M.  H.  de  la 
Messelière,  de  la  découverte,  au  château  de  la  Motte-Beauma- 
noir,  en  Pleugueneuc,  d'un  débris  très  intéressant  de  manteau 
de  cheminée  portant  un  écusson  qui  semble  remonter  à  la  fin 
du  XV*  siècle.  On  n'a  pu  identifier  d'une  façon  absolue  que  le 
2*  (Montauban)  et  le  5*  (Boutier)  quartiers.  La  Motte  apparte- 
nait aux  Boutier,  en  1400,  aux  Gruel,  en  1513,  et  ne  pa^sa  que 
vers  le  milieu  du  xvi*'  siècle  dans  la  maison  de  Beaumanoir. 

Le  Secrétaire  généra L 

L.  DK  ViLLRKS. 


Séance  du  9  Juin  1903. 

Présidence  de  M.  le  comte  de  Palys,  président. 

Présents  :  M.  Banbat,  trésorier;  Saulnikk,  Dëcombe,  de  la 
PiNKLAis.  BusNËL.  Desmazibkks  pe  Séchem.i:s.  dks  Bouiixons, 


—    XLV    — 

Kkuzb,  Harscoukt  dk  Kkravrl,  Lkray.  comte  du  Crrst  de 
LoRGERiR,  abbé  Morlais.  colonel  de  Caqurray,  abbé  Millon, 
Renaud -LouBENs,    abbé    Mathurin,    Philouzr.    Jouon    des 

LONGRAIS. 

Le  procès- verbal  de  la  dernière  séance  (12  mai)  est  lu  et 
adopté. 

M.  de  Palys  annonce  que  Tétai  de  santé  de  notre  collègue, 
M.  l'abbé  Guillot.  va  en  s'améliorant;  les  membres  présents 
forment  des  vœux  pour  son  prompt  rétablissement. 

M.  le  Président  procède  ensuite  au  dépouillement  de  la  cor- 
respondance et  des  publications  déposées  sur  le  bureau.  Il 
donne  lecture  d'une  circulaire  de  la  Société  hai^raise  d'Etudes 
dii^erses^  ayant  pris  l'initiative  d'un  Congrès  des  différentes 
Sociétés  locales,  dans  le  but  particulier  d'arriver  à  Tèdification, 
au  Havre,  d'un  Hôtel  des  Sociétés,  et  demandant  si  notre  ville 
possède  un  établissement  de  ce  genre. 

M.  le  Secrétaire  est  chargé  de  répondre  négativement. 

Il  attire  ensuite  l'attention  de  ses  collègues  sur  le  tome  X 
(1902;  de  la  Société  d'émulation  et  des  beau.r-arts  du  Bour^ 
tonnais,  renfermant  le  portrait  fort  rare  d'un  évêque  de  Saint- 
lirieuc  :  M^^  Mathias  Groïngde  la  Romagère  (1756-1841). 

Parmi  les  publications  dont  il  est  fait  hommage  par  nos 
collègues  à  la  Société,  M.  le  Président  signale  :  L Imprimerie 
à  Bresty  les  Malassis  (1685-1813),  par  M.  Louis  Delourmel, 
membre  correspondant  ;  I^es  découi^ertes  d'augets  de  terre 
cuite  sur  les  cotes  de  Bretagne  et  les  fouilles  de  Mesquer, 
par  M.  Henri  Quilgars,  membre  correspondant;  L'Histoire  du 
Collège  de  Saint-AIalo,  par  MM.  Herpin,  Hervot,  abbé  Matha- 
rin,  Saint -Mieux:  Dolmens  et  menhirs  armoricains,  leurs 
destinations,  par  l'abbé  Millon. 

M.'  le  Secrétaire  est  chargé  de  remercier  les  auteurs,  au  nom 
de  la  Société. 


—    XLVI    — 

Exhibitions  : 

I.  —  Par  M,  Harscouèl  de  Keras^el  : 

Bulle  en  plomb,  de  Grégoire  XIII  (1227-1241). 

II.  —  Par  il/.  Decombe  : 

Très  belle  copie  du  portrait  de  Iluguet,  destinée  au  Musée 
archéologique. 

m.  —  Par  J/.  Desmazières  de  Séchelles  : 
1*  Ecce  Homo,  peint  par  A.  Durer,  1514.  gravé  par  H.  David  ; 
2^  Vie  du  cardinal  d'Amboise.  par  L.  Le  («cndre,  à  Amster- 
dam, M.DCc.xxvi;  avec  portraits  et  gravures  de  Scotin. 
Reliure  aux  armes  de  la  famille  d'Orléans. 
E.T  librîs,  de  B.-H.  de  Fourcv. 

IV.  —  Par  M.  tabbé  Millon  : 

Petit  sujet  en  bronze,  composé  de  deux  personnages  indé- 
terminés, trouvés  en  Syrie. 

V.  —  Par  M.  Henand^Loubens  : 
Bénitier  en  vieux  Rennes  polychrome. 

VI.  —  Par  M.  l'abbé  Mathurin  : 

1^  Placard  d'indulgences  perpéhiellcs  accordées  par  le  pape 
Clément  XII  à  la  confrérie  du  T. -S.  Sacrement,  érigée  et  des- 
servie en  l'église  paroissiale  de  Saint-Pierre  du  Ferré,  diocèse 
de  Rennes.  —  A  Rennes,  chez  Gilles  le  Barbier  (1732); 

2^  Canons  d'autel,  sur  papier,  grossièrement  peints,  prove- 
nant de  la  Selle-en-Coglès.  et  qui  auraient  été  cachés  pendant 
la  période  révolutionnaire  ; 

3^*  Un  petit  livre  intitulé  :  Supplément  des  prônes  de 
M,  tabbé  Symon^  curé  de  Saint-Germain.  —  A  Rennes, 
chez  Vatar  (1751). 

M.  Philouze  donne  lecture  dune  Note  relative  à  la  cession 
dune  charge  de  Conseiller  au  Parlement  de  Bretagne  et  à 


—   XLVll   — 

celle  d'une  charge  de  Conseiller  au  Présidial  de  Rennes^  sous 
le  règne  de  Louis  XIV  : 

tf  Combien  coiMait  une  cliarge  de  conseiller  au  Parlement  de 
Bretagne?  Combien  coûtait  une  charge  de  conseiller  au  Prési- 
dial de  Rennes?  11  est  difficile  de  répondre  avec  exactitude  à 
ces  deux  questions  :  les  prix  ont  varié  avec  les  époques, 
comme  aussi  les  produits  des  offices. 

J'ai  pu  examiner  deux  contrats,  l'un  de  1663,  concernant  le 
Parlement,  l'autre  de  1662.  relatif  au  Présidial.  C'est  presque 
la  môme  date,  sous  le  règne  de  Louis  XIV. 

Les  règlements  étaient  identiques,  le  rapport  des  charges 
devait  être  exact;  on  peut  dire  qu'à  cette  époque  un  office  de 
conseiller  au  Parlement  coûtait  trois  fois  plus  cher  qu'un  office 
de  conseiller  au  Présidial. 

Dans  les  deux  cas  que  j'examine,  les  titulaires  précédents 
sont  décédés,  ce  sont  les  veuves  qui  cèdent  les  offices  ;  la  situa< 
tion  à  ce  point  de  vue  est  la  même  pour  les  deux  charges. 
Voici  le  contrat  de  1663  :  l^e  19  août  de  ladite  année,  dame 
Foucaut,  veuve  de  Messire  François  Rogier,  seigneur  de 
Crevisly  cède  au  fils  de  Monsieur  le  baron  Charles  Champion, 
seigneur  de  Cicé,  doyen  du  Parlement,  époux  de  dame  Judith 
Thévin.  la  charge  qui  avait  appartenu  à  son  mari;  l'acquéreur 
se  nomme  François  Champion.  Quelle  était  sa  famille?  Le 
nobiliaire  de  M.  de  Beauregard  porte  la  mention  suivante  : 
«  trois  décembre  1669,  W  Descartes  rapporteur  :  Charles 
Champion,  seigneur  de  Cicé,  déclaré  noble  d'ancienne  extrac- 
tion, maintenu  dans  la  qualité  de  chevalier,  de  la  sénéchaussée 
de  Rennes,  sept  réformations,  porte  d'azur  à  trois  petits 
êcussons  d* argent  bordés  et  bandés  de  gueules .  »  Au  no- 
biliaire de  i\L  de  Courcy,  tome  l*i^,  on  trouve  un  peu  plus 
de  détails  :  «  Champion,  originaire  de  Normandie,  baron  de 
Cicé  en  1598.  devise  :  Au  plus  s^aillant  de  prix.  Sept  généra- 
tions en  1668.  Jean,  anobli  en  1470,  deux  procureurs  des 
bourgeois  de  Rennes  en  1519  et  1557.  Quatre  conseillers  au 
Parlement  depuis  1621.  Un  évêque  de  Tréguier,  un  évèque  de 
Troyes  et  d'Auxerre,  un  archevêque  de  Bordeaux  en  1781,  un 
chef  d'escadre  en  1784.  Famille  éteinte  en  1796.  » 


—    XLVIII    — 

Le  contrat  porte  le  nom  assez  curieux  de  traité  de  composi^ 
tion  de  la  charge  de  conseiller,  résignée  par  la  dame  veuve 
de  Crevist.  Le  prix  convenu  est  de  135,000  livres,  somme  qui, 
en  notre  monnaie,  représente  un  peu  plus  de  400,000  fr.  Six 
semaines  après  la  cession,  l'acquéreur  verse  14,000  livres  et  le 
18  novembre  1664,  28,000  livres  tournois.  Ces  deux  sommes 
sont  les  seules  dont  le  paiement  se  trouve  mentionné.  L'intérêt 
du  surplus.  93,000  livres,  devait  être  payé  à  5  %  1  an. 

Pour  la  garantie  du  paiement  du  prix,  M.  et  M"*  de  Cicé 
hypothèquent  et  obligent  sans  omission,  tous  leurs  biens, 
meubles  et  immeubles,  présents  et  futurs,  outre  la  spéciale 
hypothèque  sur  ladite  charge.  Election  de  domicile  est  faite  en 
la  maison  de  M*  Mathurin  Aubrée,  sieur  de  la  Charbonnais. 
procureur  en  la  (^our;  Tacte  est  dressé  par  MM.  Bertelot  el 
Duchemin,  notaires  royaux  à  Rennes.  L'acquéreur  ne  fournit 
aucune  caution,  ce  qui  prouve  l'existence  d'une  fortune  notable 
chez  cette  famille  Champion,  puisque  le  père  du  nouveau  con- 
seiller possédait  déjà  une  charge  au  Parlement. 

Le  contrat  relatif  au  Présidial  est  du  26  octobre  1662.  A  cette 
date.  Jean  Bouquay,  sieur  des  Touches,  escuyer,  se  rend 
acquéreur  de  l'office  de  conseiller  au  siège  présidial  de  Rennes, 
possédé  précédemment  par  défunt  René  Raccapé,  sieur  de  la 
Feillée,  escuyer.  Ces  deux  familles  furent  déboutées  aux  réfor- 
mations de  1668  et  1669;  mais  ces  déboutements  prouvent 
seulement  que  ces  demandeurs  en  maintien  de  noblesse,  ne 
purent  pas  légalement  prouver  cent  ans  de  possession  noble, 
incontestée  et  non  interrompue.  Cette  possession  se  prouvait 
par  contrat  de  mariage  et  partages  nobles,  le  gentilhomme  qui 
perdait  ses  papiers  de  famille,  perdait  aussi  sa  noblesse. 
•  L'office  fut  cédé  judiciellement  en  l'audience  du  siège  prési- 
dial de  Rennes,  le  17  août  1662,  à  la  diligence  de  noble  homme 
Mathurin  Chéreil,  sieur  des  Vergers,  advocat,  tuteur  des 
enfants  du  sieur  de  la  Feuillée,  pour  la  somme  de  41.100  livres, 
soit  un  peu  plus  de  120,000  fr.  de  notre  monnaie.  Il  y  eut  pro- 
messe de  caution  pour  prix  et  intérêt  à  raison  du  denier  16. 
Les  cautions  fournies  furent  :  nobles  gens  JuHen  Blouêt,  sieur 
de  la  Rivière,  advocat;  Julien  Gallais,  sieur  du  Port,  procu* 


—   XLIX   — 

reur:  escuyer  René  Nicol,  sieur  de  la  Vigne,  advocat,  repré- 
sentant haute  et  puissante  dame  Marie  de  Montigny,  comtesse 
de  Beaufort,  baronne  de  Blossac,  de  la  Rivière,  etc.;  Pierre 
Guillard,  procureur,  représentant  :  1®  Estienne  Gouro,  sieur 
du  Pont,  escuyer,  et  damoiselle  Gilette  Bouquay,  sa  femme  ; 
Jeanne  Bouquay,  dame  de  la  Berrangeraye;  Julienne  Bouquay, 
dame  de  la  Maisonneuve,  et  Geneviève  Bouquay,  dame  de 
Bouternont.  Tous  assemblement,  jointement  et  solidairement 
cautions  judiciaires  de  ladite  somme  de  41,100  livres;  chacun 
seul  pour  le  tout,  outre  l'hypothèque  spéciale  dudit  office  de 
conseiller,  lequel  demeure  affecté  et  obligé  audit  sieur  des 
Vergers. 

Duquel  cautionnement,  ledit  sieur  des  Vergers-Chéreil  dé- 
clare se  contenter  et  de  la  solvabilité  des  coobligés  et  promet 
de  donner  déclaration  des  paiements  qui  lui  seront  faits  ci-après. 

Le  sieur  des  Touches-Bouquay  verse  5,100  livres,  dont  un 
billet  de  4,600  livres  sur  un  sieur  Gardin. 

Ce  contrat  fut  fait  et  passé  à  Rennes  en  la  demeurance  du 
sieur  du  Port-Gallois,  près  la  rue  aux  Foulons:  il  est  signé 
Chabault  et  Gohier,  notaires  royaux. 

L'acquéreur  devait  payer  :  six  mois  après  l'adjudication, 
4,000  livres;  un  an  après,  6,000  livres  et  le  surplus  en  trois 
termes  égaux,  de  trois  ans  en  trois  ans...  permis  d'anticiper 
les  paiements,  mais  sans  verser  moins  de  2,000  livres  à  chaque 
paiement.  Marie  de  Montigny,  comtesse  de  Beaufort,  accepte 
d'être  caution  et  prend  domicile  en  la  demeurance  de  M^  Michel 
Odye,  procureur  au  Présidial.  au  placis  du  Champ -Jacquet. 

Quel  était  le  rendement  des  offices?  Il  se  composait  des 
gages  et  des  épices. 

M.  Carré,  dans  son  travail  sur  le  Parlement  de  Bretagne, 
donne  d'intéressants  détails  au  sujet  des  épices.  Par  édit  de 
janvier  1597,  Henri  IV  avait  attribué  aux  présidents  seuls  le 
droit  de  fixer  les  épices,  elles  étaient  obligatoires  et  succé- 
daient aux  épices  gracieuses  depuis  1539.  Dès  1554,  les  gref- 
fiers furent  les  seuls  receveurs  des  épices.  Les  épices  étaient 
surtout  dues  aux  conseillers  rapporteurs.  Les  gens  du  roi  en 
recevaient  aussi,  mais  elles  ne  devaient  pas  dépasser  les  deux 

XXXTII  4 


—   L   — 

tiers  de  celles  allouées  aux  conseillers.  I.e  plaideur  qui  succom- 
bait devait  la  totalité  des  épices.  on  les  assimilait  aux  droits  de 
greffe.  Le  registre  du  mois  d'août  1609  porte  pour  les  juges  le 
chiffre  des  épices  à  7,420  livres,  mais  il  ne  peut  pas  tenir 
compte  des  procès  en  cours,  non  encore  réglés.  On  peut  pré- 
sumer le  total  des  épices  (pour  1G09|  à  12,000  livres,  s'ajoutant 
aux  35,000  livres  de  gages  accordés  par  le  roi  en  1553  à  la 
(]our  du  Parlement.  Kntre  1553  et  1609,  cette  somme  doubla 
presque  par  la  création  de  nouvelles  charges  et  les  Etats  de 
Bretagne  y  ajoutent  27,000  livres  en  1609. 

Vax  1624,  les  épices  communes  donnent  432  livres  par  con- 
seillers, mais  on  ne  peut  pas  connaître  le  chiffre  perçu  par 
certains  conseillers  nommés  plus  souvent  rapporteurs,  comme 
M.  de  Martines  qui,  dans  le  seul  mois  d'août  1609.  est  nommé 
vingt-deux  fois  rapporteur,  alors  que  la  Cour  n'examine  dans 
ce  mois  que  quarante-deux  procès  par  écrit. 

Les  épices  étaient  proportionnées  à  la  grandeur  et  difficulté 
des  procès,  au  travail  des  rapporteurs  et  à  la  qualité  des  per- 
sonnes. 

Pour  un  simple  défaut  en  1609,  je  vois  les  épices  fixées  à 
6  livres,  pour  un  appel  contre  sentence  du  sénéchal  des  Régai- 
res  de  Tréguier,  10  mai  1608,  avant  faire  droit  :  épices, 
30  livres.  Appel  dirigé  contre  le  chapelain  de  la  Trinité,  arrêt 
de  rejet,  épices,  24  livres. 

D'après  le  bordereau  d'une  entrée  de  commissaire  de  Grand'- 
Chambre,  M.  le  président  touchait  4  livres  par  heure,  chaque 
conseiller- 2  livres,  le  greffier  2  livres,  les  huissiers  13  sous  et 
4  deniers.  —  Frais  d'un  arrêt  du  13  décembre  1736,  en  matière  de 
succession  :  commissaires,  158  écus  1/2,  extraits  de  l'arrêt  80. 
Cet  arrêt  couvre  trois  pages  et  l'affaire  a  occupé  trois  audiences. 
—  18  février  1736,  procès  pour  une  vente  de  vin  rouge  et  blanc, 
entre  le  sieur  Guillotou  de  Kervert  et  Philibée  et  consorts  : 
commissaires.  30  écus;  l'extrait,  16  écus. 

Le  rapporteur  touchait  quelquefois  quatre  livres  pour  chaque 
heure  de  rapport,  ex  :  quatre  heures  pour  rapport  par  M.  Huart, 
19  juillet  1670,  16  livres;  une  heure  restant  due  sur  rapport 
par  M.  Denyau,  4  livres;  deux  heures  sur  rapport  par  M.  Fres- 


—    Ll   — 

Ion,  8  livres;  18  juillet  1670,  rapport  par  M.  Champion,  six 
heures,  24  livres. 

Quant  aux  gages,  ils  ont  varié  selon  les  époques,  ils  ont  été 
plus  ou  moins  exactement  payés.  Durant  les  guerres  de  la 
Ligue,  les  conseillers  sont  restés  pendant  plus  de  deux  ans 
sans  toucher  de  gages.  De  l'ensemble  de  mes  recherches  il 
résulte  que  si  nous  pouvons,  grâce  aux  contrats  notariés  de 
chaque  époque,  connaître  le  coût  d'un  office,  il  nous  est 
impossible  de  savoir  exactement  ce  qu'il  rapportait.  » 

A  propos  d'une  communication  faite  à  la  séance  de  mai  d'un 
soi-disant  portrait  de  M""«  de  Sévigné,  gravé  en  1783  par  Avril, 
d après  un  tableau  de  Carlo  Maratta,  M.  de  Palys  exhibe  trois 
magnifiques  gravures  représentant  la  célèbre  châtelaine  des 
Rochers  et  en  établit  l'authenticité.  L'une  publiée  par  le  che- 
valier de  Perrin  dans  l'édition  de  ses  lettres  en  1738;  la  se- 
conde d'après  un  pastel  du  temps,  encore  existant,  et  qui  est 
la  plus  populaire  et  la  plus  authentique;  enfin,  la  troisième, 
publiée  ces  dernières  années  par  le  marquis  de  Saporta,  a  été 
trouvée  chez  un  descendant  de  M"*®  de  Sévigné  et  adoptée  par 
Gaston  Boissier  dans  l'intéressante  étude  qu'il  lui  a  consacrée. 

Mais  de  ces  diverses  comparaisons,  auxquelles  M.  de  Palys 
s'est  livré,  il  résulte  que  l'attribution  de  la  gravure  d'Avril  peut 
aller  de  pair  avec  la  tiare  de  Saîlapharnès.  On  ne  savait  qui 
Carlo  Maratta  avait  voulu  peindre,  et  le  graveur,  pour  mieux 
débiter  son  œuvre,  a  mis  au  bas  le  nom  de  M"*  de  Sévigné. 
On  connaît  mille  exemples  de  ces  supercheries. 

Le  Secrétaire  général^ 

L.   DK   V'iM.KRS. 


—  LU  — 


Séance  du  7  juillet  1903. 

Présidence  du  comte  de  Palys^  président. 

Présents  :  MM.  Pocqukt  du  Haut-Jussk  et  Pahfouru,  vice- 
présidents;  Lb  Hir,  bibliothécaire;  Decombe,  Etasse,  Marqurt, 
abbéDuvËR.  Busnel.  Aurrée,  abbé  Duine,  Harscouet  de  Kera- 
VEL,  abbé  HuET,  Boudin,  colonel  de  Caquekat,  comte  du 
Crest  de  LoRGERiEf  Plihon,  DE  ToRQUAT ,  abbé  Mathurin^ 
Beuzé,  abbé  Millon,  L.  de  Villers,  secrétaire. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  (9  juin  est  lu  et 
adopté. 

Au  début  de  la  réunion,  M.  de  Palys  dit  qu'il  est  chargé 
par  M.  l'âbbé  Guiliot  de  remercier  les  membres  de  la  Société 
archéologique  des  témoignages  de  sympathie  dont  il  a  été 
l'objet  de  la  part  de  ses  collègues. 

Exhibitions  : 

1.  —  Par  3/.  Decombe  : 

Projet  de  tour  pour  la  grosse  horloge  de  Rennes,  dessin  de 
Huguet,  signé  et  daté   1729).  —  (lopie  en  fac-sîmile  de  ce  des- 
sin pour  le  Musée  archéologique  de  Rennes; 

Portrait  de  J.-F.  Huguet,  phototypie  in-8** d'après  le  tableau 
original  communiqué  par  M.  Waldeck  de  la  Borderie; 

L'Escalier  de  la  Cour  des  Carmes,  à  Rennes,  eau-forte  de 
Philippon,  d'après  l'aquarelle  de  Henri  Saintin. 

H.  —  Par  M.  l'abbé  Duine  : 

Hache  et  fragment  de  silex  trouvés  à  Guipel  (Ille-et  Vi- 
laine). 

H 1.  — Pari/.  Heuzé: 

L  Adoration  des  Hois  Mages,  gravure  à  Teau-forle,  in-folio. 


—  un 

signée  F.  V.  lî.  en  monogramme,  avec  la  date  1671.  On  l'at- 
tribue à  Peter  van  der  Borçht,  de  Bruxelles. 

M.  Decombe  croit  que  cette  attribution  est  erronée.  Van  der 
Borcht,  dit-il,  est  né  en  1540  et  mort  en  1608;  il  n'a  donc  pu 
graver  la  planche  de  V Adoration  des  Rois  Mages  qui  porte  la 
date  de  1671. 11  pense  que  l'auteur  de  la  gravure  présentée  par 
M.  Reuzé  est  Peter  van  Bloemen,  né  à  Anvers  en  1649,  mort 
en  1719.  (Consulter  le  Dictionnaire  des  marques  et  mono^ 
grammes  des  graveurs,  par  Georges  Duplessis  et  Henri  Bou- 
chot, Paris,  Jules  Kouani,  1886,  in-12.) 

IV.  —  Par  M.  E tasse  : 

Deux  statuettes  en  albâtre  représentant  saint  Thomas  et 
Dieu  le  Père  (xiv*  siècle). 

V.  —  Par  itf.  l'abbé  Millon  : 

Prônes  de  M,  S  y  mon,  curé  de  Saint-Germain  de  Rennes, 
Tomes  I  et  H.  —  A  Rennes,  chez  Julien  et  Julien-Charles 
Vatar,  1752. 

VL  —  Par  M,  Ilarscouëf  de  Keras^el  : 
Christ  en  étain  (xvii^  siècle). 

Vil.  —  Par  M.  l'abbé  Mathurin  : 

1®  Mémoires  de  M.  du  Guay^Trouin^  augmentés  de  ses 
éloges^  par  M.  Thomas,  à  Rouen,  1788.  Portrait  et  gravures 
de  Meunier  : 

2"  Christ  en  bois  sculpté  (xix«  siècle); 

d>^  Christ  en  argent  massif,  appartenant  à  la  fabrique  de 
Saint-Etienne  (époque  Louis  XVI)  ; 

V  Provisions  d'un  canonicat  en  1  église  de  Saint-Thugal  de 
Laval,  en  faveur  de  M.  l'Evêque,  pièce  sur  parchemin,  signa- 
ture de  la  Trémouille. 

M.  Tabbé  Duine  entretient  la  Société  du  culte  et  du  pèleri- 
nage de  Saint-Léonard  ou  Lénard  à  Andouillé. 


—   LIV    — 

M.  Le  Hir  présente  un  exemplaire  du  Sacré-Collège  de 
Jésus,  du  K.  P.  Mannin.  On  sait  que  cet  ouvrage  contient  le 
troisième  dictionnaire  breton  qui  ait  été  imprimé.  L'exem- 
plaire présenté  offre  ceci  de  particulier  qu'il  a  servi  au  R.  P. 
Grégoire  de  Rostrenen,  capucin ,  à  prendre  des  notes  pour  la 
confection  de  son  dictionnaire  français-celtique.  C'est  donc 
tout  à  la  fois  un  livre  rare  et  un  précieux  manuscrit.  M.  Le 
Hir  présente  également  un  exemplaire  du  Catholicon^  le  pre- 
mier dictionnaire  breton  imprimé  à  Tréguier  à  la  fin  du 
XV*  siècle. 

La  Bibliothèque  de  Rennes  possède  presque  tous  les  lexiques 
bretons  imprimés  en  France  jusqu'à  la  fin  du  xviii*  siècle.  I^e 
bibliothécaire  a  l'intention  de  fournir  une  note  (générale  sur 
les  lexicographes  et  sur  leurs  œuvres.  Mais  il  a  dû  se  borner 
cette  fois  à  une  simple  exhibition  de  l'ouvrage  du  R.  P.  Mannin. 

M.  Etasse,  comme  complément  de  son  exhibition,  parle  de 
saint  Thomas  au  point  de  vue  iconographique. 

Il  entretient  également  les  membres  présents  d'un  groupe 
en  albâtre  représentant  Jeanne  d'Arc  à  cheval,  qui  se  trouvait 
en  1884  ou  1885  au  hameau  de  la  Prévotais,  en  Retiers.  M.  le 
Président  engage  vivement  notre  collègue  à  poursuivre  son 
enquête  à  ce  sujet. 

Sur  la  proposition  de  M.  l'abbé  Duine,  la  Société  décide  de 
prendre  les  mesures  nécessaires  pour  la  conservation  du  tom- 
beau dit  de  saint  Samson,  à  Dol. 

M.  de  Villers  rappelle  qu'il  avait  autrefois  appelé  l'attention 
sur  le  tombeau  de  saint  Méen,  qui,  comme  le  tombeau  de 
saint  Samson,  sert  a  recevoir  les  eaux  pluviales. 

La  Société  charge  MM.  l'abbé  Duine  et  de  Villers  de  faire 
le  nécessaire. 

Le  Président  donne  rendez-vous  aux  membres  présents  au 

mois  de  novembre. 

Le  Secrétaire  général, 

L.    DK  VlM.KKS. 


LV 


Séance  du  10  novembre  1903. 

Présidence  de  M,  le  comte  de  P  a  lys  y  président. 

Présents  :  MM.  Pocquet  du  Haut-Jussé  et  Parfouru,  vice- 
présidents;  Banéat,  trésorier;  Decombe,  des  Bouillons,  Re- 
NAUo-LouBKNs,  Etassr,  Reuzé,  Stot,  Leray,  abbé  Duver, 
colonel  DE  Caqueray,  Aubrék,  comte  du  Crest  de  Lorgerie, 
RocHULÉ,  Bétin,  de  Torquat,  abbé  Guillotin  de  Corson, 
Rabillon,  abbé  Morlais,  de  Villers,  secrétaire. 

Le  procès- verbal  de  la  dernière  séance  (7  juillet]  est  lu  et 
adopté. 

Au  début  de  la  séance,  M.  le  Président  rend  hommage  à  la 
mémoire  de  notre  collègue,  M.  Clément,  décédé  pendant  les 
vacances. 

M.  le  Président  procède  au  dépouillement  de  la  correspon- 
dance et  des  nombreuses  publications  déposées  sur  le  bureau. 

Il  communique  une  lettre  du  Ministre  de  l'Instruction  pu- 
blique et  des  Beaux- Arts,  annonçant  que  le  Congrès  des 
Sociétés  savantes  s'ouvrira  à  la  Sorbonne  le  5  avril  1903.  Des 
exemplaires  du  programme  de  ce  Congrès  sont  mis  à  la  dis- 
position des  membres  présents. 

11  est  également  donné  lecture  d'une  lettre  du  Président  du 
Comité  girondin  d'Art  public,  ayant  trait  à  une  alliance  de 
toutes  les  sociétés  archéologiques,  pour  la  défense  des  monu- 
ments historiques  et  artistiques.  M.  le  Secrétaire  est  chargé 
de  répondre  à  cette  lettre. 

Parmi  les  publications,  M.  de  Palys  signale  particulièrement 
un  hommage  de  notre  collègue,  M.  le  vicomte  P.  du  Pontavice, 
intitulé  :  La  Maison  du  Pontoi^ice,  .M.  le  Secrétaire  est  chargé 
d'adresser  les  remerciements  de  la  Société  à  l'auteur. 


—   LVl   — 

M.  le  Secrétaire  fait  connaître  une  demande  du  Polybiblion 
de  notre  dernier  volume  pour  en  rendre  compte.  Adopté. 

Une  nouvelle  présentation  est  faite  par  MM.  de  Villers  et  de 
Palys  :  celle  de  M.  Tabbé  D ruais,  professeur  d'archéologie 
religieuse  au  Grand-Séminaire  de  Rennes. 

Conformément  au  règlement,  il  sera  statué  sur  cette  élection 
à  la  prochaine  séance. 

M.  de  Palys  fait  remarquer  qu'enfin  les  désirs  de  la  Société 
archéologique  sont  exaucés  au  sujet  du  cours  d'archéologie 
religieuse  au  Grand  Séminaire.  M.  Decombe  ajoute  que  c'est  à 
M.  de  Villers  que  la  Société  doit  le  rétablissement  de  ce  cours. 

L'ordre  du  jour  appelle  ensuite  l'élection  du  bureau  pour 
l'année  1903-04.  Après  les  scrutins  réglementaires,  le  bureau 
sortant  est  élu  à  l'unanimité,  sauf  les  voix  des  titulaires,  tou- 
tefois : 

Président,  M.  le  comte  de  Palys. 

Vice-Présidents,  MM.  Pocquet  du  HautJussé  et  Parfouru. 

Secrétaire  général,  M.  L.  de  Villers. 

Secrétaire.  M.  01.  Le  Meur. 

Trésorier,  M.  Banéat. 

Bibliothécaire,  M.  Le  Hir. 

Comité  de  publication  :  les  membres  du  bureau  ci-dessus 
désignés  et  MM.  F.  Saulnier,  abbé  Guillotin  de  Gorson,  Lu- 
cien Decombe,  J.  Ilarscouët  de  Keravel,  abbé  Guillot. 

M.  de  Palys  remercie  ses  collègues,  en  son  nom  personnel 
et  au  nom  des  membres  du  bureau,  de  cette  nouvelle  marque 
de  sympathie. 

Avant  de  passer  aux  exhibitions,  M.  Decombe  demande  la 
réunion  du  Comité  de  publication  à  l'issue  de  la  séance. 


Exhibitions  : 
1.  —  Par  M,  Decombe 


V 


—    LVII    — 

1^  Deux  slaiueites  en  faïence  de  Rennes,  représentant  la 
Sainte  Vierge  et  rHnfant  Jésus  ; 

2*  Trois  consoles  en  bois  sculpté,  provenant  d'une  maison 
de  la  rue  Vasselot  récemment  démolie  et  qui  semble  avoir  été 
autrefois  une  dépendance  de  l'ancien  couvent  des  Carmes. 

M.  Decombe  fait  connaître  que,  désireux  de  voir  conserver 
ces  sculptures,  il  était  entré  en  pourparlers  avec  leur  proprié- 
taire au  sujet  de  leur  acquisition  pour  le  Musée  archéologique; 
mais  les  ressources  très  limitées  de  son  budget  ne  lui  permet- 
tant pas  de  consacrer  à  cet  achat  la  somme  qui  était  demandée, 
il  allait,  à  son  grand  regret,  être  obligé  d'y  renoncer,  quand 
un  membre  de  la  Société  archéologique  vint  spontanément 
offrir  de  participer  pour  moitié  à  l'acquisition  tant  désirée  par 
le  Musée.  C'est  grâce  à  cet  inespéré  concours  que  la  conser- 
vation de  ces  intéressantes  sculptures  est  désormais  assurée. 
M.  Decombe  ajoute  que  notre  généreux  confrère  a  formelle- 
ment exprimé  la  volonté  de  garder  l'anonymat.  M.  le  Prési- 
dent charge  M.  Decombe  de  vouloir  bien  remercier,  au  nom 
de  la  Société,  notre  généreux  autant  que  modeste  collègue, 
auquel  nous  devons  ces  beaux  spécimens  de  la  sculpture  sur 
bois  au  xvii^  siècle. 

II.  —  Par  M,  Vabbé  Guillotin  de  Corso n  : 

1»  Au  nom  de  M.  l'abbé  Petit  :  un  cachet  en  cuivre  en  forme 
de  triangle,  au  centre  une  fleur  de  lys  entourée  de  la  légende  : 
FERME  {des)  CARTES; 

2®  Au  nom  de  M.  l'abbé  Trébuchet  :  un  volume,  intitulé  La 
Télémacomanie,  imprimée  en  1700  à  Eleuteropole,  chez  Pierre 
Philalelhe;  reliure  artistique;  —  médaillon  en  cuivre  émaillé 
représentant  la  Sainte  Vierge  ;  —  petite  médaille  en  forme  de 
dyptique  (icônes  russes). 

m.  —  Par  M.  le  comte  de  Palys  : 

Portrait  d'Anne  de  Bretagne,  d'après  une  ancienne  estampe 
de  la  Bibliothèque  Nationale. 

IV.  —  Par  M,  E tasse  : 


—    LVIIl    — 

1®  Trien  mérovingien  trouvé  vers  1895,  à  la  Messeyais,  en 
Comboiirtillé,  dans  un  champ  bordant  la  route  nationale. 

On  voit  d'un  côté  une  croix,  à  bras  égaux,  cantonnée  de 
quatre  points,  sur  l'autre  face  est  une  croix  ancrée  avec  un 
globule  à  gauche.  Cette  pièce  ne  paraît  devoir  être  déterminée 
que  par  comparaison,  car  les  légendes  de  chaque  face,  bien 
que  très  nettes,  ne  donnent  que  la  partie  inférieure  des  lettres 
qui  les  composent*; 

2**  Médaille  d'argent,  frappée  en  mémoire  du  couronnement 
de  rimpéralrice  Eléonore-Magdeleine- Thérèse  (troisième 
femme  de  l'empereur  d'Allemagne  Léopold  I*"")  et  de  son  fils 
qui,  en  1705,  gouverna  sous  le  nom  de  Joseph  1*'. 

Sur  la  face,  l'aigle  à  double  tête,  surmonté  de  la  couronne 
impériale,  tient  dans  chaque  bec  un  cordon  qui  supporte  les 
médaillons  ovales  de  Léopold  I*""  et  d'Eléonore.  Dans  ses 
serres,  l'aigle  tient  le  sceptre  et  l'épée.  —  Au  revers  se 
trouvent  huit  médaillons  :  le  plus  grand,  au  centre,  est  circu- 
laire; il  représente  Joseph  I«^  qui  vient  d'être  élu  empereur 
et  qui  porte  ici  ses  titres  de  Roi  des  Romains  et  de  Hongrie 
avec  la  date  1690.  Les  sept  autres  médaillons  sont  elliptiques 
et  figurent  les  sept  électeurs  qui  viennent  de  prendre  part  à 
cette  élection  suprême. 

V.  —  Par  iV.  Renaud'Loubens  : 

Statue  de  Vierge,  en  faïence,  décor  polychrome,  hau- 
teur, G*"  49,  tenant  l'Enfant  Jésus  sur  le  bras  gauche,  por- 
tant le  globe  crucifère;  mouchetures  d'hermine  sur  le  bord 
du  manteau;  comme  légende  :  NOTRE  DAME  DU  RO- 
SAIRE. P.  P.  N.  attribués  à  la  faïence  du  Croisic. 

V\.  —  ?^v  Mde  Villers: 

Gravures  provenant  du  «  Sixième  cahier  de  Paysages  et 
de  Marines,  par  Ozanne.  —  Cahier  F.  a  Paris,  chez  Chéreau, 


1.  D'autres  triens  ont  été  trouvés  dans  l'arrondissement  de  Fougères. 
(V.  le  t.  III,  p.  20,  des  Mémoires  dç  la  Société  archéologique  d'IUe-et- 
Vilaine.) 


LIX 


rue  des  Mathurins.  Ozanne,  del.  Jeanne-Françoise  Ozanne, 
sciilp.  h  (Voir  Les  Ozanne,  par  le  docteur  C.  AulTret,  p.  75.) 

M.  Tabbé  Guillotin  de  Corson  communique  une  note  curieuse 
sur  le  livre  d'heures  d'Anne  de  Matheselon^  dame  de  Sévigné, 
manuscrit  enluminé  du  xv«  siècle.  Il  donne  lecture  également 
d'une  Note  sur  l'ancien  manoir  et  les  seigneurs  de  la  Thébau' 
daye  en  Gévezé, 

M.  Parfouru  entretient  la  Société  d'une  brochure  qui  vient 
de  paraître,  intitulée  :  Essai  historique  et  topographique  sur 
la  bataille  de  Formigny  (15  avril  ikbO),  par  M.  J.  Lair,  membre 
de  rinstilut.  Cet  intéressant  et  savant  livre  contient  la  repro- 
duction en  photogravure,  d'après  un  dessin  de  1621,  de  frag- 
ments d'une  curieuse  tapisserie,  perdue  depuis  lors,  représen- 
tant divers  épisodes  de  la  célèbre  bataille  de  Formigny,  ainsi 
que  le  portrait  du  connétable  Arthur  de  Richemont  et  son 
étendard.  M.  Lair  pense  que  oetle  tapisserie  historique  fut 
exécutée  par  les  ordres  mêmes  de  Richemont  et  qu'elle  fut 
apportée  à  la  Cour  de  France  par  Anne  de  Bretagne.  Elle 
figurait,  en  1494,  parmi  les  riches  tentures  du  château  d'Am- 
boise,  en  1501,  au  château  de  Blois,  enfin,  à  Fontainebleau, 
dans  la  salle  des  gardes. 

M.  de  Villers  demande  si  on  pourrait  identifier  l'ouvrage 
suivant  :  Essais  |  de  |  méditations  |  poétiques  |  sur  la  Passion, 
Mort  I  et  Résurrection  de  |  Notre-Seigneur  |  Jésus-Christ  |  . 
A  Paris,  chez  François  Muguet,  rue  de  la  Harpe,  1659.  L'épître 
dédicatoire  à  Camille  de  Neufuille  (Villeroy),  archevesque  et 
comte  de  Lyon,  etc.,  est  signée  F.  Z.  D.  V.  R.  L'une  des 
approbations  est  datée  de  Vitré,  l'autre  de  Lyon. 

M.  Pocquet  du  Haut-Jussé  fait  un  compte  rendu  fort  intéres- 
sant de  l'excursion  organisée  par  la  Société  Archéologique  de 
rOrne,  à  laquelle  il  a  assisté  pendant  les  vacances. 

Le  Secrétaire  général, 

L.   UK  V|LLh:R$. 


LX 


Séance  du  8  décembre  1903. 

Présidence  de  M.  le  comte  de  Palys,  président. 

Présents  :  MM.  Pocquet  du  Haut-Jussk  et  Parfouru,  vice- 
présidents;  Banéat,  trésorier;  Decombb.  Coignkrai,  Stot, 
Harscouet  DK  Ki:ravel.  abbé  Millon,    Rkuzé,    Renaud-Lou- 

BENS,     EtASÔE,    MaRQUET,     DES    BoUILLONS,     GoSSELlN,     HaIZE  , 

abbé  DuvER,  Quilgars  ,  Aubrée.  Busnel.  Rabillon,  abbé 
Paris-Jallobert,  colonel  de  Caqueray,  Jules  Aubrée.  abbé 
Hamard,  Desmazières  de  Sécuelles,  abbé  Morlais,  comte  du 
Crest  de  Lorgerie,  de  Torquat,  de  Vii.lkrs,  secrétaire. 

Le  procès  verbal  de  la  dernière  séance  (10  novembre)  est  lu 
et  adopté. 

M.  le  Président  procède  au  dépouillement  de  la  correspon- 
dance et  des  publications  déposées  sur  le  bureau. 

11  donne  lecture  d'une  circulaire  du  Ministre  de  l'Instruction 
publique  relative  à  la  désignation  des  délégués  à  envoyer  au 
Congrès  des  Sociétés  savantes,  qui  doit  se  tenir  à  Paris  le 
5  avril  prochain.  MM.  Parfouru  et  de  Villers  sont  délégués 
pour  ce  Congrès. 

Accusé  de  réception  du  Ministère  pour  l'envoi  de  notre  Bul* 
letin  aux  diverses  Sociétés  savantes  en  relation  d'échange. 

M.  le  Président  donne  lecture  dune  lettre  de  M.  l'abbé 
Duine  concernant  l'envoi  du  sarcophage  de  pierre  acquis  par 
la  Société  archéologique  ;  il  demande  que  des  remerciements 
soient  adressés  à  M"*"  Bernard^  qui  se  sont  entremises  pour 
cette  acquisition.  Adopté. 

M.  le  Trésorier  a  ensuite  la  parole  pour  rendre  son  compte 
de  fin  d'année  ; 


—   LXI   — 

Actif  de  la  Société 2,061^95 

Passif 1,779  15 


Reste  en  caisse.     .     .  282^80 

M.  le  Trésorier  demande  à  ce  sujet  d'être  autorisé  à  déposer 
les  fonds  de  la  Société  archéologique  à  la  banque  Vatar  et  au 
Crédit  Lyonnais.  Adopté. 

L'ordre  du  jour  appelle  ensuite  l'élection  de  M.  l'abbé  Druais, 
présenté  à  la  dernière  séance.  Après  le  scrutin  réglementaire, 
M.  l'abbé  Druais  est  admis  comme  membre  titulaire. 

Kxhibitions  : 

L  —  Par  M.  Heuzé  : 

Une  fontaine-lavabo  en  poterie  vernissée,  avec  ornements  et 
inscriptions  en  relief.  Epoque  du  premier  Empire.  Acquis  par 
le  Musée  archéologique.  Curieux  spécimen  de  la  fabrication  des 
potiers  de  Malicorne,  de  Ligron  et  de  Pont-Valin,  départe- 
ment de  la  Sarthe.  Ligron,  notammment,  est  une  des  localités 
les  plus  anciennes  connues  pour  la  fabrication  de  la  poterie 
commune. 

IL  —  Par  M.  Etasse  : 

1®  Hache  en  pierre  polie  d'aspect  porphiroîque,  de  9  centi- 
mètres de  longueur,  recueillie  près  de  ïeillay,  en  Saint-Sau- 
veur-des-Landes  ; 

2®  Hache  polie,  formée  d'un  galet  en  diorite,  d'une  longueur 
de  18  centimètres  environ,  provenant  de  la  Barre,  en  Romagné; 

3^  Petite  hache  polie  ijade)  au  tranchant  oblique  (rare)  de 
O"  057  de  longueur;  çlle  vient  des  Chauvières,  en  Prince  ; 

40  Une  couronne  en  schiste  non  fissile  (diamètre  extérieur, 
0"113;  diamètre  intérieur,  0"076;  épaisseur,  0-006);  les 
bords  extérieurs  sont  arrondis  (trouvée  en  Saint-Georges- 
de-Reintembault).  —  En  même  temps  que  cette  couronne,  et 
au  même  point,  on  en  a  ramassé  une  autre,  de  même  nature, 
mais  présentant  avec  celle-ci  cette  seule  différence  que  le  dia- 
mètre extérieur  mesurait  au  moins  15  centimètres. 


—   LXIl   — 

III.  —  Par  M,  Desmatières  de  Séchelles  : 
Très  jolie  urne  en  porcelaine  de  Sèvres,   décor  vert  et  or 
(époque  de  l'Empire,  1804-1809'. 

IV. -.  Par  il/.  Stot: 

Jeton  en  cuivre  des  Ktats  de  Breta^^ne. 

f.  —  Non  mihi  sed  ctinctis.  —  Dans  un  champ  semé  de 
mouchetures,  une  hermine  au  naturel  passant  à  gauche  ;  dans 
la  boucle  de  son  collier  est  passée  une  longue  cravate  ornée 
de  mouchetures. 

1^.  —  Trésorier, des. Estez. de. iheiagne.  A  l'exergue:  1594. 
Entre  une  palme  et  une  branche  d'olivier,  les  armes  de  Jean 
Loriot,  trésorier  des  Etats  en  1594. 

V.  —  Par  M.  Renaud' Loiibens  : 

(Quatre  miniatures  :  1°  portrait  de  femme  en  costume  1830, 
signé  :  Paumerai:  2^  portrait  d'homme  en  costume  de  com- 
mandant d'infanterie  légère,  signé:  Giiichard,  1831;  3<»  por- 
trait d'homme  en  lieutenant-colonel  d'infanterie;  4**  paysage 
des  environs  de  Bourg-des-Comptes  (Ille-et-Vilaine),  fixé, 
signé  Paillard,  1866. 

VJ.  —  Par  3/.  Anbrée,  au  nom  de  M.  de  la  Hâve  : 
Un  volume  intitulé  :  Biblia  Sacra.  Parisiis,  1653.  Gravures 
sur  cuivre,  sur  les  plats,  armes  de  Mazarin. 

Vil.  —  Par  M.  Harscouët  de  Keraçel  : 
i^lusieurs  briques  de  pavage  (xv*  et  xvi^  siècles),  provenant 
de  l'ancien  manoir  des  évoques  de  Rennes. 

VIII.  —  Par  M.  l'abbé  Ma(hurin  : 

1^  Mémoire  historique  contenant  tout  ce  qui  s'est  passé  au 
sujet  de  la  démolition  (1755)  de  l'église  cathédrale  Saint- 
Pierre  de  Rennes,  et  les  démarches  faites  par  les  évoques  et  le 
chapitre  pour  en  procurer  la  reconstruction.  —  Remis  en  1774 
à  Mi^'  le  duc  de  Penthièvre  et  à  M*"  l'évoque  de  Rennes,  et 
envoyé  depuis  à  M""  l'évèque  d'Autun.  —  Remis  enfin,  en  1829. 


LXIII    — 

à  M»''  de  Lesquen,  par  Tniblet  aîné,  préposé  en  chef  au  classe- 
ment des  archives  de  la  préfecture  d'Ille-et-Vilaine  ; 

2**  Lettre  de  Mi^'  Enoch  à  Napoléon  !•'  pour  lui  demander 
d'annuler  l'aliénation  faite  à  la  ville  de  Rennes  des  restes  de  la 
cathédrale  Saint-Pierre,  de  la  rendre  au  culte  et  de  concourir 
pécuniairement  à  son  relèvement  (sans  date,  entre  1808  et 
1811,  postérieure  à  la  supplique  du  Chapitre  et  à  la  visite  du 
cardinal  Fesch); 

3*  Acte  d'enregistrement  au  Parlement  de  Rennes  du  décret 
royal  autorisant  M"  Bareau  de  Girac,  évêque,  à  emprunter 
50,000  livres  pour  la  restauration  et  Taménagement  du  palais 
abbatial  de  Saint-Melaine  devenu  palais  épiscopal  (12  dé- 
cembre 1770); 

4°  Acte  d'enregistrement  au  Parlement  du  décret  royal 
autorisant  la  session  à  M*"*  Bareau  de  Girac,  qui  jouissait  du 
palais  et  de  la  mense  abbatiale  de  Saint-Melaine,  par  les  béné- 
dictins de  Saint-Melaine,  moyennant  une  rente  foncière  de 
trente  mines  de  froment,  d'  «  une  petite  maison  dépendante  de 
a  leur  mense  conventuelle  et  de  quatre  journaux  soixante-six 
a  cordes,  cinq  seizièmes  faisant  partie  du  verger  du  monas- 
«  tère,  B  destinés  aux  écuries  et  au  potager  du  nouvel  évèché  ; 

5*  Vie  de  M"«  du  Houx,  surnommée  l'épouse  de  la  Croix, 
décédée  au  deuxième  monastère  de  la  Visitation  Sainte-Marie 
de  Rennes,  sous  le  nom  de  sœur  Jeanne-Marie  Pinczon,  — 
par  le  chevalier  d'Espoy,  1713  ; 

6*  Thèse  de  doctorat  en  théologie,  soutenue  à  Paris,  le 
10  juillet  1709,  par  François  Quérou,  qui  devint  recteur  de 
La  Fresnais  (Ille-et-Vilaine;. 

(Cette  dernière  exhibition  est  faite  au  nom  de  M.  Brenugat, 
vicaire  à  Saint-Aubin  de  Rennes.) 

IX.  —  Par  M.  L.  de  Villers  : 

Soupière  décor  granilé  au  violet  manganèse,  avec  réserves, 
entourées  d'un  filet  blanc  avec  fleurettes  de  même  couleur  sur 
fond  blanc.  M.  Decombe  exhibe,  comme  terme  de  comparai- 
son, celle  qui  appartient  au  Musée,  qui  est  plus  petite,  mais 


—   LXIV   — 

avec  le  même  décor.  Type  assez  rare  altribué  au  vieux  Rennes 
ou  au  vieux  Quimper. 

M.  Parfouru  fait  une  communication  sur  les  anciennes  tapis- 
series du  Palais  de  Justice  de  Rennes.  Il  a  découvert  récem- 
ment aux  Archives  d*Ille-et-Vilaine,  minutes  de  Bretain.  no- 
taire royal,  un  marché  du  21  juillet  1G69,  par  lequel  Gabriel 
et  François  Pierron.  marchands  tapissiers  h  Aubusson,  s'en- 
gageaient à  fabriquer  plusieurs  pièces  de  tapisserie  destinées 
à  orner  la  chambre  du  conseil  de  la  Tournelle,  movennant  une 
somme  de  3.000  livres  et  daprès  les  dessins  d'Antoine  de  Bray, 
maître  peintre  à  Paris,  lequel  reçut  300  livres  pour  son  travail. 
Cette  tenture  fut  mise  en  place  au  mois  de  juillet  1673.  Le 
susdit  acte  nous  apprend  que  les  mêmes  tapissiers  d'Aubusson 
avaient  été  chargés,  par  contrat  du  21  mai  1667,  malheureu- 
sement perdu,  de  fournir  les  tapisseries  de  la  grand'chambre 
du  Palais.  La  dernière  pièce,  représentant  la  Renommée,  fut 
livrée  en  mai  1672  et  payée  733  livres  6  sols  8  deniers,  à  rai- 
son de  80  livres  l'aune. 

M.  Etasse  donne  lecture  d'une  Note  concernant  quelques 
découi^ertes  relativement  récentes  qui  n'ont  pas  été  signalées 
à  la  Société  archéologique  : 

((  Malgré  la  quantité  vraiment  considérable  de  trouvailles 
consignées  dans  les  Mémoires  de  la  Société  archéologique,  il 
faut  reconnaître  qu'il  en  existe  un  certain  nombre  d'autres  qui 
demeurent  ignorées,  et  cependant  celles-ci  peuvent,  comme  les 
premières,  soit  par  la  nature  des  objets  recueillis,  soit  par 
leurs  lieux  d'origine,  fournir  des  renseignements  nouveaux, 
des  indications  précises  et  précieuses  qui  affirmeraient  cer- 
taines présomptions  ou  fourniraient  encore  des  matériaux  à 
utiliser  pour  des  études  ultérieures. 

Tout  récemment,  quelques  omissions  de  cette  nature  sont 
venues  à  ma  connaissance,  et  je  considère  comme  un  devoir  de 
vous  les  exposer. 

1<>  Très  près  du  bourg  de  Gahard,  il  a  été  ramassé  un  cer- 
tain nombre  de  monnaies  d'or  de  Charles  V,  de  Charles  VI  et 


—   LXV  — 

quelques  saluts.  Comme  toujours,  elles  étaient  réunies  dans 
un  petit  pot  caché  en  terre,  mais  qui  fut  brisé  au  moment  de 
lexliumation.  —  Un  travail  bien  consciencieux,  mais  encore 
inédit  et  dont  j'ai  eu  communication  indirecte,  dit  qu'à  Galiard 
passait  une  vieille  voie  se  dirigeant  vers  Feins: 

2°  M.  Despas  qui,  pendant  de  longues  années,  a  été  maire 
de  Sainl-Georges-de  Reintembault,  m'a  présenté  une  belle 
pièce  d'or  romaine  relevée  au  Chef-du-Bois,  en  cette  commune 
de  Saint-Georges.  —  Je  crois  savoir  que  ce  point  est  indiqué, 
dans  le  travail  auquel  je  viens  de  faire  allusion,  comme  étant 
le  croisé  de  deux  voies  romaines,  et  cette  petite  pièce  d'or, 
toute  muette  qu'elle  est,  vient  dire  que  les  prévisions  du  savant 
sont  encore  exactes  sur  ce  point; 

3°  A  Loisillière,  en  Saint-Hilaire-des-Ijandes,  le  18  avril  1893, 
des  paysans  rencontrèrent  dans  un  mur  une  aumônière  de 
cuir,  munie  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  de  pochettes  fermant 
à  l'aide  de  petits  filets  aussi  en  cuir.  Cette  bourse,  ([ui  pouvait 
dater  de  la  même  époque  que  les  pièces  y  renfermées,  c'est-à- 
dire  de  la  fin  du  xvi®  siècle,  contenait  près  de  400  pièces  de 
liards  français  et  de  quarti  italiens,  dont  348  ont  été  soumises 
à  l'examen  du  Conservatoire  des  Médailles  et  ont  fait  l'objet 
d'un  rapport  publié  dans  la  Revue  numismatique  ^Je  1894 
(p.  224  à  229)  sous  le  titre  de  :  «  Trouvaille  de  Fougères;  » 

4<^  Notre  bien  regretté  et  savant  collègue,  M.  Bézier,  nous 
a  fait  connaître  le  bois  de  Rumîgnon,  à  lEst  de  Saint-Aubin- 
du-Cormier,  sur  celte  belle  ligne  de  faîte  qui  s'étend  de  Bé- 
cherel  à  Dompierre-du-Chemin  et  Luitré,  en  passant  par 
Montmuran,  Hédé,  Feins  et  Saint-Aubin  du-Cormier.  Il  nous 
a  parlé  de  Rodhe-Marie  et  de  la  superstition  dont  cette  pierre 
a  été  et  est  peut-être  encore  l'objet.  Aujourd'hui,  je  viens  vous 
faire  connaître  que,  près  de  ce  mégalithe,  on  a  trouvé  réunis 
de  vingt-cinq  à  trente  coins  de  bronze,  tous  semblables,  ayant 
un  anneau  latéral  et  une  longueur  de  10  à  11  centimètres.  Cette 
cachette  était  presque  à  fleur  de  terre. 

Dans  ce  môme  bois  de  Rumignon,  mais  parsemées  çà  et  là, 
il  a  été  en  outre  recueilli  une  trentaine  de  haches  en  pierre 
polie,  de  dimensions  et  de  formes  différentes,  presque  toutes 

XXXIII  5 


—   LXVI   — 

en  diorite  de  tons  divers,  assez  foncés,  et  quelques-unes  seule- 
ment en  silex. 

Enfin,  on  a  découvert  dans  ce  même  bois  une  arme,  proba- 
blement une  framée,  et  un  fragment  important  d'une  grande 
couronnne  en  silex  noir,  qui  seront  l'objet  d'une  prochaine 
communication  ; 

5®  A  2.300  ou  2,500  mètres,  au  Sud-Ouest  du  bois  de  Ru- 
mignon,  est  sise,  en  la  commune  de  Livré,  la  chapelle  Saint- 
Mauron,  que  l'on  nomme  Saint-Modéran  dans  ce  quartier. 
Près  de  cette  chapelle,  dans  une  cachette  assez  superficielle, 
on  a  trouvé  douze  belles  haches  en  bronze,  remarquables  tant 
par  leurs  dimensions  que  par  leur  forme;  elles  étaient  sem- 
blables et  d'une  longueur  de  18  à  20  centimètres.  Leur  forme 
était  celle  que  les  haches  en  pierre  ont  généralement,  avec 
cette  différence  toutefois  qui  s'explique  aisément,  elles  étaient 
plus  larges  et  moins  épaisses.  S'il  fallait  leur  attribuer  un  âge 
relatif,  on  leur  donnerait  sans  hésitation  l'âge  du  bronze  le 
plus  ancien,  le  plus  voisin,  contemporain  môme  de  celui  de  la 
pierre  polie,  car  n'ayant  pas  de  Icte,  leur  emmanchement  de- 
vait être  tout  à  fait  identique,  la  seule  différence  consistant 
dans  la  matière  employée; 

G**  Près  de  la  Baudouinais  (à  l'extrémité  Ouest  de  la  com- 
mune de  Livré),  dans  la  partie  qui  avoisine  la  forêt  de  Sé- 
vailles,  un  cultivateur,  en  défrichant  une  lande,  rencontra  une 
grande  pierre  plate  qu'il  déplaça  et  ce  brave  homme  se  trouva 
aussitôt  en  présence  d'une  quantité  très  importante  de  haches 
en  bronze  de  dimensions  diverses  et  de  formes  variées.  C'était 
un  atelier,  car  des  débris  de  fabrication  s'y  rencontraient 
(cendres,  scories,  creusets,  etc.),  mais  ce  pouvait  de  plus  être 
une  cachette,  par  suite  du  nombre  des  variétés  amoncelées.  Le 
paysan,  très  pratique,  vendit  peu  à  peu,  mais  secrètement,  son 
trésor  qui  toutefois  ne  dut  pas  l'enrichir,  car  ses  prix  étaient 
des  plus  modestes  :  trente  centimes  le  kilogramme  !... 

Un  peu  au  Nord  de  la  ligne  droite  qui  réunirait  la  chapelle 
Saint-Modéran  à  la  Baudouinais.  se  trouvent,  en  Saint-Aubin- 
du-Cormier,  d'anciens  retranchements,  non  encore  signalés 
qui  feront  l'objet  d'une  communication  spéciale. 


—   LXVII   — 

Celte  communication  sera  complète  lorsque  j'aurai  dit  que 
tous  les  objets  sus-mentionnés  qui  ont  été  trouvés  dans  le  bois 
de  Rumignon  font  partie  de  la  collection  de  M.  Martin,  ama- 
teur, de  Saint-Aubin-du-Cormier,  qui  possède  également  deux 
des  haches  recueillies  près  de  la  chapelle  Saint-Modéran  et 
que  je  crois  en  reconnaître  trois  autres  dans  celles  qui  furent 
exhibées  à  la  Société,  le  14  décembre  1880,  par  M.  Tabbé 
Duver.  Le  compte  rendu  de  cette  séance  s'exprime  ainsi  : 
((  Trois  haches  celtiques  en  bronze,  trouvées  dans  la  commune 
de  Livré  et  dont  la  forme  rappelle  celle  des  haches  en  pierre. 
Elles  présentent  à  la  tranche  un  renflement  latéral  et  sont  cou- 
vertes d'une  très  belle  patine.  » 

M.  Paul  Banéat  lit  un  travail  fort  curieux,  intitulé  Un  bal  à 
la  Maison  de  Ville  de  Rennes  en  1621  : 

«  Les  comptes  des  miseurs  de  Rennes  de  1628,  conservés 
dans  les  Archives  municipales  à  la  Bibliothèque  de  la  Ville, 
contiennent  un  registre  assez  curieux  qui  m'a  semblé  mériter 
une  rapide  analyse.  Ce  registre  est  l'œuvre  du  miseur  René 
Turcelin,  sieur  de  Blosne,  procureur  au  Parlement,  et  relate 
les  dépenses  faites  en  1627  pour  l'entrée  solennelle  du  maréchal 
de  Thémines,  lieutenant  général  en  Bretagne. 

Le  maréchal  de  Thémines,  accompagné  de  sa  femme  et  de 
sa  fille,  arriva  à  Rennes  le  21  avril,  il  fut  logé  aux  frais  de  la 
ville,  dans  Thôtel  de  la  Muce,  situé  rue  des  Presses  et  appar- 
tenant au  comte  de  Bruslon  ;  la  rue  des  Presses  s'étendait  à 
1  angle  Sud-Est  du  Champ- Jacquet,  à  l'entrée  de  la  rue  d'Es- 
trées  actuelle,  et  l'hôtel  se  trouvait  entre  cette  rue  et  la  rue 
aux  Foulons. 

11  serait  trop  long  d'énumérer  tous  les  détails  de  cette  entrée 
solennelle,  d'indiquer  le  parcours  suivi  par  le  cortège,  les 
présents  offerts  et  les  dépenses  de  toutes  sorte  faites  à  cette 
occasion  ;  je  parlerai  seulement,  si  vous  me  le  permettez,  d'un 
bal  qui  fut  donné  par  les  bourgeois  de  Rennes  en  l'honneur  du 
maréchal  et  de  sa  femme. 

Le  24  avril,  les  bourgeois  s'assemblèrent  dans  la  Maison  de 
Ville,  sur  l'emplacement  de  l'Ecole  d'Artillerie,  et  décidèrent 


—   LXVIII   — 

qtie  le  bal  seroi'f  le  lendemain  présenté  dans  lad,  maison  de 
cille  à  Madame  la  mareschalle.  Le  miseur  Turceliri  avait  fort 
peu  de  temps  pour  faire  ses  préparatifs,  et  il  dut  travailler 
toute  la  nuit  avec  ses  croche  (en  rs,  autrement  dit  ses  ouvriers. 

La  grande  salle  de  la  Maison  commune  servit  de  salle  de 
bal  ;  il  la  fit  tendre  de  dix-huit  belles  pièces  de  tapisserie,  qui 
furent  louées  pour  trois  jours  au  prix  de  12  livres  16  sous  et  il 
y  fit  porter  des  chaises  garnies  de  velours  bleu,  des  bancs,  des 
bancoUes  et  des  tabourets.  Les  chaises  destinées  au  maréchal 
et  à  sa  femme  étaient  placées  sur  une  tapisserie  et  recouvertes 
d'un  riche  tapis  de  Turquie.  Pour  l'orchestre,  on  s'assura  le 
concours  de  iV"  \forice  et  son  escolle  de  çiolons,  auxquels  on 
bailla  32  soxifi pour  denyer  à  Dieu, 

Le  lendemain  25  avril,  tout  était  prêt  pour  la  fête  :  le  service 
d'ordre  était  assuré  par  le  sergent  et  ses  quasaqnes,  armés  de 
hallebardes,  qui  se  tenaient  au  bas  de  l'escalier  et  à  l'entrée  de 
la  salle,  pour  empescher  le  désordre  du  peuple,  A  une  heure 
de  l'après-midi,  le  maréchal  et  sa  femme  arrivèrent  avec 
grande  quantité  de  noblesse^  et  le  bal  commença  aussitôt; 
il  dura  tout  le  jour,  interrompu  seulement  vers  trois  heures 
par  une  luxueuse  collation. 

René  Turcelin  ne  nous  fournit  naturellement  dans  son 
compte  aucun  renseignement  chorégraphique;  en  revanche, 
il  s'étend  complaisamment  sur  les  détails  de  la  collation.  Elle 
avait  été  préparée  dans  la  Chambre  du  Conseil,  et  de  là  fut 
portée  gravement  dans  la  salle  de  bal  sur  huit  platz  bassins 
dargenty  non  pas  par  des  laquais,  mais  bien  par  les  deux  con- 
nestables  de  Rennes,  le  procureur-syndic  et  cinq  bourgeois. 
Les  plats  étaient  garnis*  de  confitures,  d'écorces  de  citrons, 
d'oranges,  de  dragées  et  autres  épices,  le  tout  représentant  une 
dépense  de  372  livres  17  sous.  Encore,  dans  celte  somme,  les 
liquides  n'étaient-ils  pas  comptés.  Ces  friandises  de  choix 
n'allaient  pas  sans  bon  vin  ;  soixante-quinze  bouteilles  de  vin 
claret  et  blancy  d'un  pot  chacune,  furent  servies  et  consom- 
mées, pour  une  somme  de  55  livres  6  sous.  Disons  toutefois 
que  les  invités  n'y  firent  pas  seuls  honneur;  le  compte  nous 
apprend,  en  effet,  que  tout  ce  vin  fut  bu  tant  par  la  noblesse 


—   LXIX   — 

et  mesdicts  s"  les  bourgeois  que  par  les  gardes^  pages  et 
laquais. 

Comment  se  passa  le  bal?  Nous  ne  le  saurons  jamais;  nous 
savons  seulement  que  le  bon  miseur  eut  à  constater  le  lende- 
main des  dégâls  sérieux.  La  plus  grande  partie  dos  bouteilles 
et  des  verres  avait  été  brisée;  Ton  peut  sans  doute  en  rendre 
responsables,  au  moins  pour  partie,  les  gens  de  service  qui 
avaient  si  libéralement  aidé  à  les  vider,  mais  il  serait  injuste 
de  leur  reprocher  en  même  temps  les  taches  dont  furent 
souillés  les  tapis  et  les  sièges,  et  môme  la  chaise  du  maréchal, 
taches  de  vin,  taches  de  confitures  ([ue  les  bourgeois  ne  purent 
faire  disparaître,  tellement  (|ue  les  personnes  ({ui  avaient 
généreusement  prêté  ces  meubles,  se  refusèrent  à  les  reprendre 
sans  une  forte  indemnité.  René  Turcelin  se  plaignait  même, 
faut-il  l'avouer  ?  que  les  invités  se  fussent  jetés  sur  les  plats 
d'argent,  ce  sont  ses  propres  expressions,  et  eussent  grande- 
ment corrompu z  et  coffiz  six  d'entre  eux,  en  déchirant  les 
étoffes  qui  les  recouvraient. 

Les  frais  du  bal  s'élaient  élevés  en  tout  à  527  livres,  soit  un 
peu  plus  de  3,000  fr.  de  noire  monnaie  acluelle.  » 

M.  le  comte  de  Palys  communique,  au  nom  de  M.  l'abbé 
Duïne.  une  note  sur  les  Cercueils  mérovim^iens  de  Dol  : 

«  A  notre  connaissance,  il  n'existe  que  deux  cercueils  méro- 
vingiens à  Dol.  lis  sont  connus  parmi  le  peuple  sous  le  titre 
de  Tombeau  de  saint  Samson  et  de  Tombeau  de  saint  Budoc. 

Je  n'ai  rien  à  dire  du  premier.  Deux  notices  principales  lui 
ont  été  consacrées,  l'une  dans  la  Revue  des  Traditions  Popu- 
laires,  numéro  d'avril  1903,  p.  232,  l'autre  dans  le  Journal  de 
Rennes^  numéro  du  19  septembre  1903. 

Un  mot  seulement  du  Tombeau  de  saint  Budoc^  (jue  vient 
de  recevoir  le  Musée  archéologique  de  Rennes. 

Voici  les  mesures,  prises  à  l'intérieur  du  sarcophage  :  en 
profondeur,  0'"  30;  en  longueur,  2  ™  ;  en  largeur  :  à  l'extrémité 
la  plus  étroite,  O"  30;  à  l'autre  extrémité.  0"60. 

Tandis  qu'au  tombeau  de  saint  Samson  l'on  voit  encore  Ten- 
taille  destinée  à  recevoir  le  couvercle,  cette  entaille  a  disparu 


—   LXX   — 

totalement  au  tombeau  de  saint  Budoc.  Depuis  des  siècles,  ce 
dernier  servait  de  réservoir  à  la  pluie,  recevait,  avec  une  reli- 
gieuse patience,  mais  non  sans  souffrir,  les  coups  de  battoir 
des  laveuses  ;  enfin  on  lui  fit  un  trou  dans  le  flanc  pour  l'écou- 
lement des  eaux. 

Ledit  sarcophage  se  trouvait  dans  le  petit  jardin  d'une  an- 
cienne maison  canoniale,  laquelle  donne  à  la  fois  sur  la  rue 
Ceincte  et  sur  la  rue  de  la  Trésorerie.  Deux  pierres  de  la 
façade  Nord  portent  en  relief  les  trois  cœurs,  qu'on  remarque 
dans  les  armes  de  l'évèque  Etienne  Cœuret,  mort  en  1429. 
Mais  ces  morceaux  ont  été  visiblement  empruntés  à  une  con- 
struction plus  ancienne. 

Comment  le  sarcophage  est-il  arrivé  là?  Hoc  opns,  Hic 
labor  est! 

Au  XII®  siècle,  le  tombeau  de  saint  Budoc  était  dans  la  cathé- 
drale de  Dol  ;  du  moins,  les  clercs  l'affirmaient  :  «  Le  cadavre 
de  Budoc,  écrivaient-ils,  repose  en  paix  dans  l'église  de  Dol, 
saint  et  glorieux.  »  Puis,  c'est  fini  ;  on  n'entend  plus  parler  de 
ces  vénérables  reliques.  D'où  je  suppose  que  les  routiers  de 
Jean-sans-Terre  avaient  dû  leur  faire  passer  un  mauvais  quart 
d'heure,  lorsqu'ils  pillèrent  et  incendièrent  notre  église.  Il  est 
possible  que,  durant  la  construction  de  la  nouvelle  cathédrale, 
on  ait  retiré  le  sarcophage  vide,  et  qu'on  l'ait  porté  à  quelques 
pas  du  sanctuaire,  dans  une  demeure  de  chanoine. 

Quoi  qu'il  en  soit,  rien  ne  prouve,  ni  de  près,  ni  de  loin,  (juc 
la  pièce  déposée  au  Musée  archéologique  soit  le  tombeau  de 
saint  Budoc. 

Nous  n'en  devons  pas  moins  de  remerciements  à  M.  l'abbé 
Constant  Besnard,  recteur  de  Marcillé-Raoul,  et  à  M"®^  Marie 
et  Pauline  Besnard,  ses  sœurs,  qui  nous  ont  octroyé  gracieuse- 
ment ce  sarcophage,  et  nous  ont  aidé  à  sauver  un  monument 
du  vandalisme  traditionnel  des  gens  de  Dol.  » 

Comme  complément  de  son  exhibition,  M.  Harscouët  de 
Keravel  entretient  la  Société  du  Manoir  des  anciens  évêques 
de  Rennes,  situé  en  Saint-Jacques,  près  Rennes  : 

a  Les  années  précédentes,  des  travaux  de  terrassement,  exé- 


—   LXXl    — 

cutés  au  manoir  de  Saint-Jacques-de-la-Lande,  avaient  mis  à 
jour  un  certain  nombre  de  carreaux  émaillés,  dont  j'avais 
exhibé  les  dessins  à  la  Société.  Au  printemps  dernier,  j'entre- 
pris des  fouilles  qui  m'en  ont  procuré  un  certain  nombre,  la 
plupart  à  l'état  de  fragments,  mais  quelques-uns  bien  con- 
servés. Avant  d'en  donner  la  description,  je  crois  utile  de  re- 
faire succinctement  l'historique  du  manoir. 

Les  anciens  évèques  de  Hennés,  plus  riclies  que  ceux  d'au- 
jourd'hui, ont  possédé  à  la  fois  jusqu'à  trois  manoirs  :  celui  de 
Rannée,  celui  de  Bruz  et  celui  de  Saint-Jacques.  Le  manoir 
des  Salles  de  Rannée,  près  La  Guerche,  n'a  pas  donné  lieu  à 
une  étude  spéciale,  d'ailleurs  il  n'en  reste  plus  rien  aujour- 
d'hui ;  celui  de  Bruz  a  été  étudié  par  MM.  Parfouru  et  Guillotin 
de  Corson  *. 

Dès  les  temps  anciens,  les  évêques  de  Rennes  étaient  pro- 
priétaires dans  la  paroisse  de  Saint-James-de-la-Forôt.  Kn 
1153,  Alain  I"^  partage  ses  douanes  entre  le  chapitre  et  labbaye 
de  Saint-Georges;  en  1368,  Raoul  de  Tréal  y  réside;  en  1425, 
Amelin  de  Chanlemerle,  cinquante-troisième  évèque,  de  1381) 
à  1427,  reconstruit  le  manoir;  il  est  vendu  en  1563  par  Ber- 
nardin de  Bocherel,  soixante-deuxième  évèque,  1558-1505. 

L'aveu  de  1542,  rendu  par  Claude  Dodien,  soixante  et  unième 
évèque,  mentionne  «  le  jardin  et  boys  de  Haute  fulaye  environ 
quatre  journeaux,  sans  compter  les  bois,  taillis,  d'environ  dix 
journeaux,  et  droits  de  passagtf  des  landes  et  communs.  » 
{Pouillé,  l.  I,p.  120.) 

J'ai  retrouvé  aux  archives  départementales '^  l'acte  de  vente 
de  1563,  cité  mais  non  publié  par  M.  Guillotin  de  Corson. 
M.  Parfouru,  notre  aimable  archiviste,  a  bien  voulu  me  le  lire 
et  commenter  ;  en  voici  l'analyse  : 

I^e  manoir  se  composait  alors  d'un  corps  de  logis  «  faict  et 
construit  derrière  et  bouts  en  pierre,  devant  en  bois  et  ter- 
rasse; divisé  en  trois  aitres  de  toiture,  couvert  en  ardoises,  de 

1.  Manoir  de  Bruz,  M.  Parfouru;  t.  XXIV,  p.  258,  Bulletin  de  la 
Société  A  rchéo logiq ue. 

2.  Semaine  Religieuse,  t.  XVI,  885.  Pouillé.  t.  I,  120,  etc.  M.  André, 
G  112,  Archives  départ. 


LXXII    

soixante-huit  pieds  de  long,  vingt-trois  de  laize  et  seize  pieds  de 
haut  sous  sablières,  estimé  6*  16*  de  rente  ;  il  était  accompa- 
gné de  dix  jours  six  sillons  quatre  raies  de  terre,  prisés  avec 
les  quatre  cents  charretées  de  bois  35  *  13  ^.  Le  manoir  possé- 
dait un  portail  couvert  en  ardoises,  un  colombier  en  ruine, 
dans  le  champ  du  Colombier,  un  moulin  à  vent,  une  pièce 
d'eau  dite  la  Mare  M""  Pierre.  En  outre,  au  lieu  dit  la  Bougue- 
naie,  cent  vingt  et  un  journeaux  de  seize  sillons  en  bois  taillis 
et  pâtures,  estimés  61  ^  de  rente  à  vingt  ans  quitte,  il  faut  en 
déduire  5  *  pour  droits  féodaux.  ))  Jean  Bregel,  s""  du  petit 
Hautbois^,  achète  le  fief  et  les  renies  236^  5*  monnaie,  plus 
154^  de  frais,  et  M.  Pierre  de  la  Haye  de  la  Chaussonière  ' 
la  terre,  maisons,  masures,  etc.,  pour  1,128^  monnaie,  plus 
190'  de  droits,  le  tout  payable  en  huit  jours. 

Kn  1678,  le  manoir  appartenait  à  Charles  le  Meneust  s*"  de 
Brequigny  et  dans  les  temps  modernes  à  la  famille  Biard  de 
Beauregard,  de  qui  ma  mère  Tacheta  il  y  a  peu  d'années. 

Le  manoir  lui-même,  en  tant  que  construction,  n'a  pas  énor- 
mément changé  ;  sauf  la  partie  Est,  convertie  en  grange ,  on  y 
voit  encore  au  premier  étage  une  cheminée  très  simple;  les 
fenêtres  ont  été  murées.  Le  portail ,  le  moulin ,  la  mare 
M""  Pierre,  le  colombier,  le  bois  ont  disparu,  laissant  leur  nom 
à  deux  pièces  de  terre. 

La  ferme  de  la  Bouguenaie,  aujourd'hui  à  M.  de  la  Prévalaye, 
et  située  à  l'extrémité  Ouest'de  la  commune  de  Saint-Jacques, 
doit  représenter  l'ancienne  propriété  des  évêques  ;  les  lieux 
dits  passage  et  pâlis  des  Couennes  ont  gardé  le  souvenir  des 
pâturages  alors  existants. 

Les  carreaux  de  pavage  que  j'ai  trouvés  étaient  enfouis  sous 
1™  50  de  terre  rapportée,  mélangée  à  de  nombreux  fragments 
de  béton  de  4  à  5  centimètres  dépaisseur  et  d'ardoises  mesu- 
rant 30  centimètres  de  long  sur  1  centimètre  d'épaisseur;  les 
carreaux  verts  presque  toujours  recouvraient  les  autres;  leurs 
dimensions  respectives  sont  88"™,  102"'"  et  llo"".  Ils  sont  de 
deux  sortes  : 

1.  La  Ghaussoniére,  commune  d'Irodouër. 


—    LXXIII   — 

Les  premiers,  composés  d'une  terre  rose,  sont  revêtus 
simplement  d'un  émail  vert  (jui  varie  du  jaunâtre  au  noir  ;  ce 
sont  les  plus  communs. 

Les  autres,  plus  intéressants,  sont  exécutés  par  le  procédé 
a  inscrustation  ;  »  leur  terre  est  rouge  avec  incrustation  en 
terre  blanche  recouverte  d'un  vernis  jaune  transparent. 

Ils  représentent  :  la  roue  à  six  rayons,  le  cerf  (il  y  avait  la 
chambre  au  cerf,  manoir  de  Bruz),  le  lion  ailé,  l'aigle  éployé  à 
deux  têtes,  une  fleur  et  sa  tige,  la  fleur  de  lys,  une  couronne 
fleurdelysée,  cinq  points,  quatre  fleurs,  quatre  petits  carreaux, 
quatre  fleurs  de  lys,  la  lettre  M  seule  ou  couronnée  offrant 
quatre  variétés,  la  fleur  de  lys  accompagnée  d'un  quart  de 
cercle  orné  d'une  dent  de  loup  qui  indique  l'assemblage  de 
quatre  carreaux  pour  former  un  dessin  complet.  Enfin,  des 
armoiries  :  !<>  une  croix  pattée  en  blanc  sur  rouge;  2^  sept 
macles;  3°  quatre  fusées  et  six  besants,  un  écusson  qui  paraît 
être  bandé  de  treize  pièces,  une  bande  chargée  de  trois  co- 
quilles, une  crosse  en  pal  derrière  la  bande. 

Plusieurs  de  ces  carreaux  portent  une  ou  deux  incisions 
faites  avant  la  cuisson,  comme  l'indiquent  les  coulures 
d'émail,  ce  qui  permettait  de  les  diviser  en  deux  ou  quatre 
triangles. 

Deux  questions  se  posent  :  leur  date,  leur  lieu  de  fabrication. 
Le  premier,  écusson  armorié,  n'est  pas  identifié,  le  deuxième 
est  celui  de  Pierre  Le  Senechal,  possesseur  de  la  terre  d'Orson 
en  Chartres,  en  1427  (d'azur  à  7  macles  d'or). 

Le  troisième,  celui  de  «  G.  de  Cheveigné,  »  qui  a  une  métai- 
rie noble,  en  1446,  de  gueules  à  quatre  fasces  d'or  rangées  en 
fasces  accompagnées  de  6  besans  d'or,  k  en  chef,  Reform. 
manuscrite,  évêché  de  Rennes.  Bibl.  mun.  ms.  501,  Chartres, 
Châtillon,  Saint-Erblon. 

Le  quatrième,  à  Pierre  s'  de  Fontenay,  qui,  en  1427,  portait 
d'argent  à  3  jumelles  de  gueules. 

Le  cinquième  présente  sûrement  les  armes  de  ^Iv  de  Chan- 
temerle  qui  prenait  d'azur  à  la  bande  d'argent  chargé  de 
3  coquilles,  de  gueules  alias  de  sable,  La  crosse  a  été  placée 
derrière  la  bande,  ne  pouvant  la  poser  régalièrenient  derrièfç 


—    LXXIV   — 

Técu.   La  date  du  dernier  est  donc  1389  à  1427,   année  où 
M»"  de  Chanlemerle  a  possédé  le  manoir. 

La  réunion  d'armoiries  de  familles  du  pays  me  fait  croire 
que  l'on  se  trouve  bien  en  présence  de  produits  de  la  fabrique 
de  Fontenaye,  bien  connue  à  partir  du  xvii«  siècle  pour  ses 
épis  de  toitures,  ses  figurines  religieuses,  mais  qui  au  xvi" 
avait  donné  des  imitations  de  Bernard  de  Palissy,  et  peut-être 
les  deux  médaillons  du  château  des  Joussinelais  en  Châtillon. 
Ces  carreaux  reportent  donc  l'existence  de  la  fabrique  aux 
premières  années  du  xv«  siècle  \  » 

M.  Tabbé  Millon  signale  deux  stations  gallo-romaines  aux 
Brossais,  en  Châtillon-sur-Seiche,  et  l'autre  au  Hezo  (Mor- 
bihan). 11  donne  des  détails  sur  trois  dalles  sculptées  qui  pro- 
viennent de  cette  seconde  station  et  qui  font  partie  de  ses 
collections. 

M.  l'abbé  Pàris-Jallobert  communique  l'inscription  qui  se 
trouve  gravée  sur  une  plaque  de  cuivre  provenant  de  Tancienne 
église  de  Prince,  et  relative  à  une  fondation  en  faveur  des 
sieurs  de  la  Courneu^e  (1608).  11  donne  à  cette  occasion  des 
détails  généalogiques  sur  les  familles  citées. 

On  conserve  au  presbytère  de  Prince  une  plaque  en  cuivre 
qui  provient  de  l'ancienne  église  et  qui  porte  une  fondation  en 
faveur  des  sieurs  de  la  Courneuve.  Ce  manoir,  situé  à  deux 
cents  mètres  au  Nord-Est  de  l'église,  se  fait  remarquer  par  sa 
tourelle  à  escalier  et  n'est  aujourd'hui  qu'une  petite  ferme. 
Cette  plaque  de  40  cent.  de. hauteur  sur  32  de  largeur,  est 
malheureusement  abîmée  dans  les  angles  latéraux  de  droite, 
des  tranches  de  métal  en  ayant  été  enlevées  pour  réparer, 
croit-on,  un  harmonium.  L'inscription,  qui  porte  la  date  de 
1608,  est  intéressante  en  ce  sens  surtout  qu'elle  rappelle  des 
familles  disparues  et  sur  lesquelles  les  Registres  paroissiaux 


1.  Article  du  règlement  de  police  générale  de  la  Cour  du  Parlement  de 
Bretagne,  16  octobre  1751,  relatif  aux  fabriqueurs  de  pavés  en  briques  de 
Fontenay.  (Bibl.  Soc.  arch.,  T.  Vtll,  pg.  20,  1875.  par  J.  Âussant.) 


—    LXXV   — 

de  la  contrée,  fort  incomplets,  ne  donnent  aucuns  renseigne- 
ments. La  première  personne  citée  comme  inhumée  dans 
l'église  de  Prince  est  Bernabée  Haguerel,  d'une  famille  du 
pays  de  Vitré  et  du  Maine;  elle  était  femme  de  noble  homme 
Robert  Roucheran,  sieur  de  la  Maillardière,  terre  située  en 
Montautour  sur  la  limite  extrême  de  cette  paroisse  du  côlé  de 
Prince.  Il  est  probable  que  cette  dame  porta  la  Courneuve 
dans  la  famille  Roucheran.  car  son  fils .  Olivier  Roucheran, 
époux  de  Claude  Lebart,  est  dit  dans  l'inscription  sieur  de  la 
Maillardière  et  de  la  Courneuve.  Autre  Olivier,  sieur  de  la 
Courneuve.  fils  du  précédent  et  dont  le  nom  est  également 
gravé  sur  la  plaque,  était  avocat  au  Parlement  et  procureur- 
fiscal  de  Châtillon-en-Vendelais.  Dom  Morice  dans  ses  Prens>es^ 
sous  la  rubrique  de  Prince,  nous  donne  comme  ligueurs  pour- 
suivis par  le  sénéchal  de  Rennes  : 

iV...  Roucheran^  sieur  de  la  Courneuve^  et  les  Rottcherans, 
arpenteurs. 

Potier  de  Courcy  dans  son  Armoriai,  à  l'article  des  Rouche- 
ran, cite  l'un  de  ces  derniers  comme  ligueur  et  il  l'appelle 
Jean,  il  commet  certainement  une  erreur  en  confondant  l'un 
des  arpenteurs  avec  le  propriétaire  de  la  Courneuve.  i^e  séné- 
chal de  Châtillon  ne  dut  pas  contracter  alliance,  ou  du  moins 
la  plaque  ne  mentionne  pas  son  épouse,  mais  elle  nous  présente 
comme  héritière  de  la  Courneuve,  Renée  Roucheran,  très  pro- 
bablement sa  sœur,  qui  avait  épousé  noble  homme  Yves  du 
Cormier,  sieur  de  Mézières,  conseiller  et  secrétaire  du  roi.  Ce 
furent  leurs  enfants,  Guy  et  Claude  Cormier,  qui,  d'accord 
avec  les  paroissiens  de  Prince,  firent  d'après  un  contrat  passé 
à  Rennes  le  26  avril  1608,  une  fondation  de  messes,  et  qui 
placèrent  dans  l'église,  au-dessus  de  l'enfeu  des  propriétaires 
de  la  Courneuve,  la  plaque  de  cuivre  que  nous  étudions. 

Ajoutons  que  celle-ci  porte  dans  ses  angles  supérieurs  les 
monogrammes  du  Christ  et  de  la  Vierge,  encadrés  dans  des 
ovales,  puis,  au  milieu  quatre  écussons  de  différentes  familles  : 

En  tête,  les  armoiries  des  Roucheran  :  D'azur  à  la  barre 
d'or,  accompagné  de  3  besans  du  même. 

Au-dessous,  à  peu  près  sur  le  même  plan  : 


—    LXXVI   — 

1®  Le  blason  des  Cormier  :  De  gueules  au  che{>ron  (ïot\ 
accompagné  de  3  croissants  d'azur; 

2*^  Un  écusson  portant  :  9  billettes^  4,  3,  2,  surmontées  d'un 
lanibel; 

3®  Un  écusson  ayant  comme  figures  :  Un  lion  également 
avec  lambeL 

Le  point  final  de  l'inscription  est  le  blason  qui  nous  sera 
commun  à  tous  :  une  tête  de  mort. 


Guy. 


M^  Yves  Cormier,  sifur 
de  Méziéres,  notaire  et 
iiecrétaire  du  roi  (pro- 
bablemonf  fils  de  Ni- 
colas ot  de  Jeanne 
Hirel),  marié  à  Anne 
Houcheran,  d"«  do  la 
Coiirneuve. 

.  ■^ 

I 

Pierre,  sieur  do  la  Cour- 
neuve,  baptisé  en  1585, 
mari 4  à  Olive  Croizé. 


I 
Claude. 


I 

Bené,  37  mai  1614.  sieur 
de  la  Cour  neuve,  r«' 
au  Présidial,  marié  en 
4<4a  a  Perrinc  Gaadé, 
mort  le  13  mai  1677. 


I 

Joseph ,    chanoine     de 
Dol,  mort  en  1697. 


I 

René,  9  mars  4646,  s**  de 
la  Courneuvo,  marié  en 
1671  à  Claude-Mario 
du  Pré. 


I 
Jades,  sfr  de  la  Conr- 
Bcuvc  et  de  la  Salle, 
ch*',  c«'  au  Parlement, 
no  en  1675,  mort  en 
1731,  marié  en  1708  à 
Nicole-Cath.  du  Ré- 
gnier du  BoÎMléan. 


I 
Catherine-Renée-Judith, 
née   le   31   mars   1709, 
mariée  le  2  février  1733 
à    écuyer    Guy  -  Jean 
Aubort  de  Trégomain, 
morte  le  3  septembre 
4741. 


I 


Pierre,  né  en  1615,  sienr 
de  la  Vieuville,  marié 
en  46-4-4  à  Catherine 
Rouxeau,  mort  en  1676. 


I 

Bertrand  &' do  Menard, 
marié  en  <673à  Gtlette 
Chcrcil  ot  eu  1698  à 
Cath.  de  Saint-Do- 
mingue, mort  le  8  mai 
1721. 

I 
Catherine  (!•'  lil),  ma- 
riée en  1693,  à  Pierre- 
Ange  de  la  Monncraye. 


l 

Pierre,  8' de  la  Vieuville 
et  de  Vauriiman,  marié 
en  1683  à  Marie  Leloup 
de  Listré  et  à  Charlotte 
Foy  du  Coudray. 


I 
François- 
Xavier,  né 
le  16  juillet 
4684,  rec- 
teur de  La 
Baxouge  en 
1735,  mort 
en  1750. 


I 
Magdeleine, 
née  en  1697 
(3*  lit;,  ma- 
riée en  1794 
à   écuyer 
Charles  de 
Kerpois. 
son,  morte 
en  1765. 


—  LXXVII  — 

CY  DEVANT  GISENT  LES  CORPS  DE  NOBLES  GENS  DAMOISELLE 

BERNABEE  HOGVEREL  EN  SON  VIVANT  ESPOVSE  DE 

NOBLE  HOMME  ROBERD  ROVSCHERAN  SIEVR  DE  LA 

MAILLARDIERE  OLLIVIER  ROVSCHERAN  ET  DAMOISELLE 

CLAVDE  LEBARD  SIEVR  ET  DAME  DE  LA  MAILLARDIERE 

ET  DE  LA  COVRNEVFVE  OLLIVIER  ROVSCHERAN  SIEVR 

DE  LA  COVRNEVFVE  ADVOCAT  AV  PARLEMENT  DE 

BRETAIGNE  ET  PROCVREVR  FISCAL  DE  CHASTILLON 

EN  VENDELAIS  GVY  ET  CLAVDE  CORMIER  ENFENS  DE 

NOBLES  GENS  YVES  DV  CORMIER  CONSEILLER  NOTAIRE 

SECRETAIRE  DV  ROY  EN  LA  CHANCELLERIE  DE  BERTAIGNE 

ET  GREFFIER  DE  PRESENTATIONS  DE  LA  COVR  ET  DE 

RENEE  ROVSCHERAN  SA  FEMME  SIEVR  ET  DAME  DE 

MEZIERES  LESQVELS  EN  LA  MEMOIRE  DES  DEFFVNTS 

CI  DEVANT  DENOMMES  ONT  FONDE  VNE  MESSE  POVR 

ESTRE  CELEBREE  EN  LEGLISE  DE  PRINCE  PAR  CHASCVN 

AN  LE  MARDY  SVIVANT  LE  CONTRACT  EN  FAICT  AVEC 

LES  PARROISSIENS  DVDÏCT  PRINCE  LE  XIÏI*  JOVR  DE  JUIN 

A  RENNES  LE  XXVI  JOVR  DAPVRIL  MDCVIII 

In  memoria  œterna  erunt  jtisti. 

Le  Secrétaire  général^ 

L.   DE  VlLLERS. 


MÉMOIRES 


(Suite.) 


SEIGNEURIE    DE  MALENOE 

EN  tAWT-CHIIISTOPHE-OEt-IOIS 

La  terre  seigneuriale  de  Malenoë  en  Saint-Chris- 
tophe-des-Bois  *  est  très  ancienne,  car  elle  a  donné 
son  nom  à  une  famille  figurant  dès  la  (in  du 
il*  siècle  et  portant  pour  armes  :  d'or  à  trois  aiglons 
cVRzur,  becqués  et  membres  de  gxieiiles. 

Nous  trouvons,  en  effet,  dans  une  charte  des 
environs  de  1094,  le  nom  d'Aubry  de  Malenoë, 
«  Albeincus  de  Malanoda,  »  paraissant  parmi  ceux 
de  quelques  témoins  d'une  donation  faite  dans  le 
pays  de  Vitré,  à  Tabbaye  de  Marmoutiers,  par 
Guillaume  Hoy,  seigneur  de  La  Guerche  et  de 
Pouancé  -. 

En  1254  Geoffroy  de  Malenoë  vendit,  en  faveur 
du  prieuré  projeté  de  la  Dauphinaye,  en  Romagné, 
une  portion  des  dîmes  qu'il  levait  dans  la  paroisse 
de  Parce  ^. 

Plus  tard,  en   1380,  Philippot  de  Malenoë  servit 

1.  Commune  du  canton  Ouest  et  de  l'arrondissement  de  Vitré. 

2.  D.  Morice.  Preuv,  de  VHîst.  de  Bretagne,  I,  485. 

3.  Maupillé,  Notices  histor.  et  arch.  sur  les  cantons  de  Fougères,  11. 

XXXIII  6 


en  qualité  d'écuyer  dans  la  compagnie  de  Jean  de 
Coëtquen ,  guerroyant  à  Clermont  en  Auvergne , 
sous  le  haut  commandement  du  connétable  Bertrand 
du  Guesclin  K 

Guillaume  de  Malenoë,  chevalier  et  seigneur  du- 
dit  Heu,  épousa  par  contrat  de  1402,  Perronnelle 
Le  Bret,  fille  d'Etienne  Le  Bret,  seigneur  de  Saint- 
Etienne-en-Coglais;  elle  apporta  à  son  mari  la  terre 
seigneuriale  de  la  Gretaye  en  Acigné'. 

De  cette  union  naquit  Jean  de  Malenoë,  seigneur 
dudit  lieu,  qui  épousa,  selon  du  Paz,  l**  Guillemette 
de  la  Chapelle,  2*  Marie  de  Bintin.  Ce  seigneur  de 
Malenoë  \givait  encore  en  1488,  quand  mourut  le 
duc  de  Bretagne  François  II,  car  il  reçut  à  Tocca- 
sion  des  funérailles  de  ce  prince  quatre  aulnes  et 
demie  de  drap  noir  valant  7  livres  Taulne,  pour  se 
faire  confectionner  un  «  béguin  »  ou  vêtement  de 
deuil  consistant  en  «  robbe  et  chaperon  ^.  » 

Georges  de  Malenoë,  fils  de  Jean  qui  précède, 
était  dès  1464  homme  d'armes  de  la  compagnie  du 
sire  de  Lohéac  réunie  à  Vitré*.  Devenu  à  la  mort 
de  son  père  seigneur  de  Malenoë,  Georges  s'unit  à 
Roberde  de  Fontenailles,  qui  lui  donna  un  fils 
nommé  Michel.  Le  P.  du  Paz  qualifie  ce  Michel  de 
Malenoë,  seigneur  dudit  lieu,  de  «  chevalier  preux 
et  hardy,  capitaine  de  Vitré  et  de  Chastillon  du 
temps  d'Anne  de  Laval,  dame  desdits  lieux  de  Vitré 
et  de  Chastillon  \  »  Il  épousa  vers  1511  Jeanne  du 


1.  D.  Morice,  Preuves  de  VHist.  de  Bretagne,  11,249. 

2.  Du  Paz,  Hist.  généalog.  de  plusieurs  maisons  de  Bretagne,  489. 

3.  D.  Morice,  Preuves  de  VHist.  de  Bretagne,  III,  605. 

4.  D.  Morice,  Preuves  de  VHist,  de  Bretagne,  III,  123. 

5.  Du  Paz,  Hist,  généalogique  de  plusieurs  maisons  de  Bretagne, 
490. 


—  3  — 

Chastellier,  dame  du  Bas-Chastellier'  en  Saint- 
Germain-en-Coglais  et  de  Combourtillé  en  la  pa- 
roisse de  ce  nom. 

Le  fruit  de  ce  mariage  fut  un  fils  appelé  Michel 
comme  son  père  et  qui  succéda  à  celui-ci  en  qualité 
de  seigneur  de  Malenoë.  En  1541  il  se  présenta  à  la 
montre  militaire,  «  monté  et  armé  en  habillement 
d'homme  d'armes,  accompagné  de  deux  hommes  à 
cheval,  un  coustilleux  et  un  page  portant  lance, 
bien  en  ordre  tous  les  trois.  »  Il  déclara  posséder 
en  fiefs  nobles  environ  600  livres  de  rente".  Le 
21  février  1553  il  rendit  aveu  au  baron  do  Vitré, 
seigneur  de  Châtillon,  pour  sa  seigneurie  de  Ma- 
lenoë, relevant  de  Châtillon.  Michel  de  Malenoë 
avait  épousé,  vers  1550,  Jeanne  Croc,  dame  de  la 
Ronce  en  Bille,  veuve  de  lui  en  1565.  Il  en  eut 
François  de  Malenoë,  seigneur  dudit  lieu  après  lui, 
qui  s'unit  à  Perronnelle  d'Anville,  dame  de  la  Nor- 
mandaye  et  du  Plessix  en  Dourdain. 

Michel  de  Malenoë,  seigneur  dudit  lieu  et  fils  des 
précédents,  épousa  vers  1580  Jeanne  Gédouin,  fille 
du  seigneur  de  la  Dobiaye.  Il  prit  une  part  fort 
active  au  mouvement  de  la  Ligue  et  combattit  sous 
les  ordres  du  duc  de  Mercœur;  aussi  voit-on  son 
nom  figurer  parmi  ceux  des  Ligueurs  du  pays  de 
Vitré  que  poursuivirent  le  Parlement  do  Bretagne 
en  1589  et  le  sénéchal  do  Rennes  en  1590.  Il  dut 
mourir  environ  dix  ans  plus  tard,  car  en  janvier 


1.  Le  seigoeur  du  Bas- Chastellier  devait  accompagner  et  assister  le 
baron  de  Fougères  et  sa  femme  lorsqu'ils  faisaient  leur  première 
entrée  en  cette  ville.  En  récompense  il  avait  droit  de  prendre  «  le  che- 
val ou  la  haquenée  que  montaient  lesdits  seigneur  et  dame  »  ou  o  le 
prochain  cheval  de  la  litière  ou  carosse  >  s'ils  entraient  à  Fougères  en 
voiture. 

2.  Ms.  de  Missirien.  (Bibliothèque  de  Rennes.) 


4 


1599  il  vivait  encore  et  le  17  décembre  1600  son  fils 
Pierre  faisait  hommage  au  sire  de  Châtillon  en  qua- 
lité de  seigneur  de  Malenoë^ 

Ce  Pierre  de  Malenoë,  seigneur  dudit  lieu,  avait 
été  baptisé  à  Saint-Christophe-des-Bois  le  12  sep- 
tembre 1581.  Il  devint  «  chevalier  de  TOrdre  et  gen- 
tilhomme de  la  Chambre  du  roi,  premier  capitaine 
du  régiment  de  Bretagne  levé  pour  le  service  du 
roi  sous  le  commandement  de  M.  le  prince  de  Tal- 
mont  et  maître  des  camps.-  »  Il  épousa  vers  1599 
une  riche  héritière,  Perronnelle  Harpin,  dame  de 
la  châtellenie  de  la  Chesnaye  en  Parigné  et  de  la 
seigneurie  de  Marigny  en  îSaint-Germain-en-Coglais. 
Ce  seigneur  «  mourut  le  22  décembre  1636  au  Petit 
Landelys,  dont  il  commandait  la  garnison,  et  fut 
inhumé  le  2  janvier  1637  dans  une  voulte  et  enfeu 
par  luy  faict  bastir  dans  le  chœur  de  l'église  de 
Saint-Christophe-des-Bois  3.  »  Sa  veuve  Perronnelle 
Harpin  se  retira  à  Fougères,  mourut  en  cette  ville 
le  15  avril  1642  et  y  fut  inhumée  en  l'église  Saint- 
Léonard. 

Leur  fils  Jacques  de  Malenoë,  seigneur  dudit 
lieu,  avait  été  baptisé  à  Saint-Sauveur  de  Rennes 
le  15  mars  1600.  Il  s'unit,  par  contrat  de  mariage 
du  27  mars  1619,  à  Eléonore  du  Bellay,  fille  de 
Jacques  du  Bellay,  seigneur  de  la  Feuillée  au 
Maine,  et  de  Radegonde  des  Rotours.  Il  en  eut  un 
fils,  Jacques,  mort  jeune  vraisemblablement,  et  une 
fille   Suzanne,  née  à  Malenoë  et  baptisée  à  Saint- 


1.  D.  Morice,  Preuves  de  l'Hist.  de  Bretagne,  III,  1497  et  1510.  — 
Archives  d'Ille-et- Vilaine,  E. 

2.  Abbé  Paris-Jalloberl,  Registre  paroissial  de  Saint-Christophe  des- 
Bois,  11. 

3.  Ibidem. 


Christophe-des-Bois  le  22  août  1622;  elle  épousa  en 
1656  Gilles  des  Nos,  seigneur  d'Hémesnard. 

Jacques  de  Malenoë  fut  le  dernier  représentant 
mâle  de  sa  maison.  Comme  son  père,  il  fut  cheva- 
lier de  rOrdre,  gentilhomme  de  la  Chambre  du 
Roi  et  maréchal  des  camps;  il  était,  de  plus,  en 
1650  lieutenant  aux  gouvernements  du  Port-Louis, 
d'Hennebont  et  de  Quimper  K  II  vendit,  le  17  jan- 
vier 1653,  ses  seigneuries  de  Malenoë,  la  Ronce  et 
Combourtillé,  et,  le  14  octobre  1655,  celles  de  Mari- 
gny  et  de  la  Chesnaye,  quoiqu'il  portât  habituelle- 
ment le  nom  de  Marigny.  Tallemant  des  Réaux  a 
consacré  à  ce  seigneur,  qu'il  qualifie  de  «  philo- 
sophe cynique,  »  une  de  ses  Historiettes  dont  nous 
extrayons  ce  qui  suit  : 

«  Marigny-Malenoe.  —  C'est  un  gentilhomme  de 
Bretagne,  qui  épousa  la  sœur  de  M.  de  la  Feuillée 
du  Belay,  belle  fille  dont  il  devint  amoureux.  Au 
bout  de  quelque  temps  la  jalousie  le  prit,  à  ce 
qu'on  dit  avec  quelque  fondement.  Un  beau  matin, 
il  dit  à  sa  femme  :  «  Vous  n'êtes  point  bonne 
«  cavalière;  il  faudroit  que  vous  vous  accoutumassiez 
«  à  aller  à  cheval.  Venez-vous  en  avee  moi  visiter 
«  de  nos  amis  et  de  nos  parents.  »  Ils  montent 
tous  deux  à  cheval;  alors  les  carosses  n'étoient  pas 
si  communs  qu'à  cette  heure.  Il  la  mène  assez  loin, 
et  puis  lui  dit  :  «  Ecoutez,  mon  dessein  est  d'aller 
«  jusqu'à  Rome  et  de  vous  y  mener.  —  J'irai  par- 
ce tout  où  vous  voudrez,  »  répondit-elle.  Quand  ils 
furent  en  Italie,  Marigny  lui  déclare  froidement  que 
son  intention  étoit  de  la  faire  mourir.  Cette  femme, 
quoi  qu'elle  n'eût  que  vingt-deux  ans,  lui  répondit 

1.  Potier  de  (^lourty,  Nobiliaire  de  Bretagne,  II,  225. 


—  6  — 

froidement  :  «  J'aime  autant  mourir  ici  qu'en 
«  France,  et  autant  dans  huit  jours  que  dans  cin- 
«  quante  ans.  »  (Car  on  n'a  jamais  vu  un  couple 
de  gens  si  extraordinaires.)  —  «  Bien,  lui  dit-il, 
«  voyez  de  quel  genre  de  mort  vous  voulez  mourir.  » 
Ils  furent  quelques  jours  à  en  parler  aussi  froide- 
ment que  si  c'eût  été  simplement  pour  s'entretenir. 
Enfin  elle  choisit  le  poison.  Il  lui  en  apprête  et  le 
lui  présente  dans  une  coupe.  Elle  le  prend  délibéré- 
ment, et,  comme  elle  alloit  avaler,  il  lui  retint  le 
bras.  «  Allez,  lui  dit-il,  je  vous  donne  la  vie;  vous 
«  méritez  de  vivre  puisque  vous  avez  le  courage  de 
«  mourir  si  constamment.  Désormais  je  vous  veux 
«  donner  liberté  toute  entière;  vous  ferez  tout  ce 
«  que  vous  voudrez  de  votre  côté  et  moi  du  mien.  » 
Ils  se  le  promirent  réciproquement  et  revinrent  les 
meilleurs  amis  du  monde  ensemble.  Ils  n'ont  eu 
qu'une  fille,  qui,  voyant  qu'ils  ne  songeoient  point 
à  la  marier  et  qu'on  la  vouloit  tenir  toute  sa  vie  en 
religion,  en  sortit  et  se  maria  à  l'âge  de  trente- 
quatre  ans,  sans  leur  consentement.  Le  gendre, 
car  la  coutume  de  Bretagne  rend  le  mariage  d'une 
fille  responsable  des  dettes  de  la  famille,  même 
contractées  depuis,  voulut  les  faire  interdire.  Ils 
firent  évoquer  à  Paris  sur  parentés,  et  ici  ils 
gagnèrent  leur  procès.  De  peur  d'accident,  ils 
vendirent  Marigny  et  Malenoë,  dont  ils  firent  cin- 
quante mille  ccus,  toutes  dettes  payées.  Il  en  donna 
la  moitié  à  sa  femme  et  garda  l'autre  pour  lui.  Il 
est  souvent  en  Bretagne  où  il  a  le  gouvernement 
de  Port-Louis.  Elle  ne  fait  que  jouer  à  Paris  où 
elle  demeure  toujours  depuis  quelques  années  *.  » 

1.  Les  historiettes  de  Tallemant  des  Kéaux,  X,  *^12  et  213. 


—  7  — 

L'acquéreur  de  la  terre  seigneuriale  de  Malenoë 
et  de  ses  annexes  la  Ronce  et  Combourtillé  fut,  en 
1653,  Urbain  de  Cervon,  bargn  des  Arcis,  et  Char- 
lotte Harel,  sa  femme,  demeurant  au  château  des 
Arcis  en  la  paroisse  de  Mellay  au  Maine.  Ils  ver- 
sèrent aux  vendeurs,  Jacques  de  Malenoë  et  Eléo- 
nore  du  Bellay,  la  somme  de  cent  seize  mille  livres 
tournois.  Charlotte  Harel  se  trouvait  veuve  dès 
1656  et  elle  se  remaria  avec  Claude  Carpeau,  sei- 
gneur de  Pontsery.  Mais  son  fils,  Joseph  de  Cer- 
von, baron  des  Arcis,  succéda  à  son  père  à  Malenoë. 
Il  fut  chevalier  de  TOrdre  du  Roi  et  conseiller  au 
Parlement  de  Bretagne;  il  épousa  en  1657  Claude 
de  Volant. 

Ce  baron  des  Arcis,  Joseph  de  Cervon,  vendit,  le 
9  août  1673,  les  seigneuries  de  la  Ronce  et  de  Com- 
bourtillé, démembrées  à  cette  occasion  de  celle  de 
Malenoë,  à  Jacques  de  Farcy,  seigneur  de  Paisnel, 
faisant  pour  ses  trois  fils,  Michel  de  Farcy,  seigneur 
dudit  lieu,  René  de  P'arcy,  seigneur  de  la  Villedu- 
bois,  et  Jean  de  Farcy,  seigneur  de  Mué'.  Mais  ce 
dernier  demeura  seul  possesseur  de  la  nouvelle 
acquisition  qu'il  compléta,  le  23  mars  1676,  par 
Tachât  de  la  seigneurie  même  de  Malenoë  que  lui 
vendit  aussi  ledit  Joseph  de  Cervon  -. 

Jean  de  Farcy,  seigneur  de  Mué  en  Parce,  avait 
épousé  en  1670,  Suzanne  de  Ravenel;  ils  étaient  Tun 
et  l'autre  protestants  et,  lors  de  la  révocation  de 
1  édit  de  Nantes,  cette  dame  se  retira  dans  le  Ha- 
novre. Ils  eurent  cinq  enfants,  dont  Taîné  Jacques- 
Annibal   de   Farcy,  seigneur  de  Malenoë,   épousa. 


1.  Archiv.  d'Iile-et- Vilaine,  Minutes  de  Bretin,  notaire. 

2.  Ibidem. 


—  8  — 

par  contrat  du  26  mars  1695,  Gillette  de  Gennes,  fille 
de  Paul  de  Gennes,  sieur  des  Roches.  Ce  seigneur 
de  Malenoë  mourut  au  manoir  de  ce  nom,  à  Tâge 
de  soixante  et  onze  ans,  le  24  août  1741,  et  fut 
inhumé  le  lendemain  dans  son  enfeu  au  chanceau 
de  Téglise  de  Saint-Christophe-des-Bois. 

Il  ne  laissait  qu'une  fille,  Marie-Jeanne-Suzanne 
de  Farcy,  née  le  5  janvier  1696  et  mariée  :  1®  le 
17  juillet  1725,  à  Maurice  de  Guichardy,  seigneur  de 
Martigné;  2''  le  7  janvier  1730,  à  Toussaint-Sébastien 
Le  Vicomte,  comte  du  Rumain.  Cette  dame  mourut 
sans  enfants  à  Paris  le  2  décembre  1762*. 

L'héritage  de  la  comtesse  du  Rumain,  à  Malenoë, 
fut  recueilli  par  son  cousin  Charles-Joseph-Anne 
de  Farcy,  seigneur  de  la  Villedubois  en  Mordelles, 
fils  aine  de  Jean-Charles  de  Farcy  et  de  Louise 
Taillard  du  Resto,  seigneur  et  dame  de  la  Ville- 
dubois. Né  le  17  juillet  1728,  le  nouveau  seigneur 
de  Malenoë  épousa  :  l""  le  18  mars  1762  Jeannc-Ma- 
Ihurine  Bertho,  décédée  le  15  mai  1779;  2®  le  26  juil- 
let 1784,  Marie-Yvonne  du  Boisboissel  quMl  perdit 
également  le  10  septembre  1786.  Il  mourut  lui-même 
le  5  août  1796. 

Quoique  Charles-Joseph-Annc  de  Farcy  ait  été  le 
dernier  possesseur  de  la  seigneurie  de  Malenoë,  le 
troisième  de  ses  fils,  Guillaume  de  Farcy,  né  en 
1765,  héritant  de  cette  terre,  en  prit  le  nom  et  forma 
ainsi  la  branche  des  Farcy  do  Malenoë  qui  subsiste 
encore.  Il  s'unit  en  1796  à  Marie-Elisabeth  Tran- 
chant des  TuUayes  et  mourut  en  1837,  laissant  un 
fils  unique,  Guillaume-Cajétan  de  Farcy  de  Malenoë, 
marié  en  1827  à  Esther-Marie  Thomé  de  Keridec, 

1.  Généalogie  de  la  maison  de  Farcy,  *292  et  295. 


qui  décéda  en  1858.  Lui-même  mourut  le  28  no- 
vembre 1869,  ayant  un  fils  Armand  de  Farcy  de 
Malenoë,  marié  en  1858  à  Louise  Thomé  de  Keridec; 
de  cette  union  sortirent  deux  garçons  :  Armand  en 
1861  et  Henri  en  1874  ». 

La  seigneurie  de  Malenoë,  relevant  en  sa  plus 
grande  partie  de  la  châtellenie  de  Châtillon-en- 
Yendelais,  avait  néanmoins  quelques  fiefs  tenus  de 
la  baronnie  même  de  Vitré,  le  tout  «  à  debvoir  de 
foy  et  hommage  sans  rachapt.  »  Elle  acquit  de  l'im- 
portance au  XVI*  siècle  par  1  adjonction  des  sei- 
gneuries de  la  Ronce  en  la  paroisse  de  Bille  et  de 
Combourtillé,  paroisse  de  même  nom;  ces  deux 
terres  relevaient  également  de  Châtillon  et  do  Vitré. 

Ces  trois  seigneuries,  unies  sous  le  nom  de  Ma- 
Icnoë,  s'étendaient  en  1744  dans  dix  paroisses  et 
comprenaient  65  fiefs,  savoir  :  20  fiefs  en  Saint- 
Christophe-des-Bois,  4  en  Montreuil-des- Landes, 
5  en  Combourtillé,  10  en  Bille,  16  en  Mecé,  4  en  Ja- 
vené,  2  en  Chàtillon-en-Vendelais,  2  en  Izé,  1  en 
Saint-Georges-de-Chesno  et  1  en  Pocé. 

A  l'origine  les  juridictions  de  Malenoë  et  de  la 
Ronce  étaient  des  moyennes -justices  et  celle  de 
Combourtillé  n'était  qu'une  basse- justice;  il  en  était 
encore  ainsi  au  xvii*  siècle;  mais  en  1767  le  sei- 
gneur de  Malenoë  exerçait  une  haute -justice  à 
Saint-Christophe-des-Bois-,  ce  que  confirme  Ogée 
dans  son  Dictionnaire  de  Bretagne  y  en  1780. 

Les  vassaux  de  Saint-Christophe-des-Bois  recon- 
naissaient au  seigneur  de  Malenoë  «  droit  de  quin- 
taine  universelle  sur  toute  ladite  paroisse  de  Sainct- 


1.  Généalogie  de  la  maison  de  Farcy,  S25  et  828. 

2.  Archives  d'We-et- Vilaine,  G.  1818. 


—  10  - 

Christophe,  et  que  tous  ceux  qui  épousent  ou 
couchent,  Tune  des  trois  premières  nuits  de  leurs 
épousailles,  en  ladite  paroisse,  sont  tenus  de  courir 
ladite  quintaine,  le  jour  et  feste  de  sainct  Chris- 
tophe, 25'"'  de  juillet,  au  milieu  du  bourg  de  Saint- 
Christophe-des-Bois,  à  Tissue  de  la  messe  parois- 
siale; chacun  nouveau  marié  garny  de  sa  lance  de 
bois  d'aulne  non  viciée  et  convenable  pour  courir 
quintaine;  ledit  seigneur  de  Malenoë  doibt  luy  four- 
nir un  cheval  sellé  et  bridé  et  mesme  un  roquet 
pour  mettre  au  haut  de  la  lance  et  mesme  des  épe- 
rons; et  doibt  ledit  marié  demander  congé  pour 
prendre  les  éperons,  monter  à  cheval,  courir  et  des- 
cendre dudit  cheval,  faute  de  quoy  il  paiera  le  droit 
entier.  »  Or  ce  droit  entier,  dont  le  coureur  de  quin- 
taine rompant  bien  sa  lance  ne  payait  qu'une  moi- 
tié, consistait  pour  chaque  nouveau  marié  en 
«  quatre  mines  d'avoine,  six  chapons,  douze  pou- 
letz  et  six  justes  de  vin  valant  douze  pots  *.  » 

En  Saint-Christophe-des-Bois  également  le  sieur 
de  Montigny-Le-Mercier  devait  en  1744  au  seigneur 
de  Malenoë,  à  son  banc  seigneurial  en  Téglise  de  la 
paroisse,  la  nuit  de  Noël,  chaque  année,  une  rente 
de  trois  deniers  «  présentes  entre  les  deux  éléva- 
tions de  la  messe  de  minuit.  »  Le  propriétaire  d'une 
maison  au  bourg  de  Saint-Christophe  était,  de  son 
côté,  tenu  d'offrir  au  seigneur  de  Malenoë  tous  les 
ans,  «  au  jour  et  feste  de  saint  Christophe,  une 
paire  de  sonnettes  et  une  paire  de  gants,  »  son- 
nettes à  faucon  et  gants  de  chasse  très  probable- 
ment^. 


1.  Déclarations  de  la  seigneurie  de  Malenoë  en  1744  et  1782. 

2.  Ibidem. 


-  11  — 

En  la  paroisse  de  Mecé  le  possesseur  de  la  terre 
noble  de  la  Hodairie  devait  au  seigneur  de  Malenoë 
«  le  jour  Saint-Jean-Baptiste,  chacun  an,  une  paire 
d'éperons  de  fer  dorés,  montés  et  équipés  de  cuir 
couvert  de  velours  noir,  arrentés  à  3  liv.  4  s.  et 
présentés  audit  seigneur  à  Tissue  de  la  messe  dite 
en  la  chapelle  du  manoir  de  Malenoë.  »  De  plus  le 
même  sieur  de  la  Hodairie  devait,  à  chaque  chan- 
gement soit  du  seigneur  de  Malenoë  soit  du  pro- 
priétaire de  la  Hodairie,  présenter  à  son  dit  sei- 
gneur une  autre  paire  d'éperons,  mais  ceux-ci 
«  d'argent  dorés,  pareillement  équipés  de  cuir  et 
couverts  de  velours  noir,  appréciés  75  liv.  *  » 

Tous  ces  fiefs  de  la  seigneurie  de  Malenoë  procu- 
raient à  son  possesseur  de  nombreux  droits  hono- 
rifiques et  prééminences  dans  les  églises  des  pa- 
roisses où  s'étendait  sa  juridiction.  C'est  ainsi  qu'à 
Saint-Christophe-des-Bois  le  sire  de  Malenoë  était 
seigneur  fondateur  de  l'église  dans  laquelle  il 
avait  «  enfeu  et  lisière  d'armoiries,  tombe  de  marbre 
élevée  dans  le  chanceau  et  bancs  à  queue  tant  en 
ce  chanceau  qu'en  la  nef.  »  —  A  Bille,  à  cause  de 
sa  terre  de  la  Ronce,  il  jouissait  en  l'église  parois- 
siale d'une  «  tombe  eslevée  de  terre,  de  banc  avec 
accoudoir,  et  de  litre  armoriée  tant  en  dedans  qu'en 
dehors  de  l'édifice.  »  —  A  Combourtillé  il  était  éga- 
lement fondateur  et  seigneur  prééminencier  de 
l'église  de  la  paroisse  et  y  avait  «  bancs  et  enfeus, 
armoiries  es  vitres  et  murailles,  tant  au  chanceau 
qu'en  la  nef.  »  —  Il  se  trouvait  encore  seigneur  fon- 
dateur de  l'église  de  Mecé,  à  cause  de  ses  terre  et 
fief  de  la  Tesnière,  et  en  ce  temple  lui  appartenaient 

1.  Déclarations  de  la  seigneurie  de  Malenoë  en  1744  et  178^. 


—  12  — 

«  lisière  et  armoiries,  banc  et  enfeu  au  chanceau.  » 

—  Enfin  le  droit  de  fondation  ot  la  prééminence  lui 
étaient  réservés  dans  l'église  paroissiale  de  Mon- 
treuil-des-Landes,  à  cause  de  sa  terre  de  la  Motte, 
et  il  jouissait  de  «  banc,  enfeu  et  armoiries  au 
chanceau  de  ladite  église,  du  costé  de  Tévan- 
gile*.  » 

Pour  en  finir  avec  les  privilèges  féodaux  du  sei- 
gneur de  Malenoë,  disons  qu'il  avait  le  droit  d'avoir 
des  halles  au  bourg  de  Saint-Christophe-des-Bois 
et  d'y  faire  tenir  un  marché  tous  les  mardis  et  plu- 
sieurs foires  par  an,  notamment  à  la  fête  de  saint 
Christophe;  il  jouissait  aussi  au  même  bourg  du 
droit  d'avoir  un  four  banal  où  ses  vassaux  devaient 
faire  cuire  leur  pain  ;  enfin,  en  la  paroisse  d'Izé,  un 
droit  de  bouteillage  lui  appartenait  sur  les  boissons 
vendues  certains  jours  de  fête^. 

Le  domaine  proche  de  la  seigneurie  de  Malenoë 
comprenait  ce  qui  suit  :  le  manoir  de  Malenoë  avec 
sa  chapelle,  son  colombier,  ses  bois  et  ses  étangs 

—  l'auditoire,  les  halles  et  le  four  à  ban  du  bourg 
de  Saint-Christophe-des-Bois  —  l'ancien  manoir  et 
la  métairie  noble  du  Piessix-Saint-Christophe  ou 
Plessix-Cucé  et  la  métairie  noble  de  la  Gervoyère, 
le  tout  en  la  paroisse  do  Saint-Christophe-des-Bois 

—  le  manoir  du  Haut-Combourtillé  et  la  métairie 
noble  du  Bas-Combourtillé,  «  à  costé  de  laquelle 
s'élève  une  moite  avec  ses  douves  et  fossés  à  Ten- 
tour,  contenant  vingt-neuf  cordes  de  terre;  »  le  tout 
situé  au  bourg  même  de  Combourtiilé  —  la  métai- 
rie noble  de  la  Tesnière  en  Mocé  —  les  métairies 


1.  Déclarations  de  la  seigneurie  de  Malenoë  en  1744  et  1782. 

2.  Ibidem. 


—  i:\  — 

nobles  de  la  Motte  et  de  la  Coquardière  en  Mon- 
treuil-des-Landes  —  les  moulins  à  eau  de  Cucé  en 
Saint-Christophe-des-Bois,  du  Pont  de  Bille  en 
Bille  et  de  Peluet  en  Javené,  etc.  * 

Au  commencement  du  xviii®  siècle  l'intendant  de 
Bretagne  estimait  les  terre  et  seigneurie  de  Malenoë 
rapporter  à  leur  possesseur  environ  six  mille  livres 
de  rente  -. 

Aujourd'hui  Tancien  manoir  de  Malenoë  n'existe 
plus;  il  a  été  remplacé  dans  les  premières  années 
du  XIX*  siècle  par  une  grande  construction  moderne 
qu'entourent  toutefois  encore  les  douves  du  château 
primitif.  Cette  importante  propriété  appartenait  der- 
nièrement encore  à  la  famille  de  Farcy  de  Malenoë. 
Elle  vient  d'être  vendue  et  a  été  achetée  par 
M.  Bouëssel-Dubourg,  conseiller  général  de  Fou- 
gères. 


SEIGNEURIE  DE  LA  MAGNANE 

El  AlOOUlUt 

La  terre  seigneuriale  de  la  Magnane  ou  Maignane, 
en  la  paroisse  d'Andouillé^,  était  un  démembre- 
ment de  Tantique  et  importante  baronnie  d'Aubigné. 
L'opinion  d'Ogée  attribuant  Torigine  de  la  Magnane 
à  une  donation  faite  au  xii*  siècle  par  certain  baron 
de  Vitré  à  «  René  de  Montbourcher,  sieur  de  Vitré,  » 
son  petit-fils  S  n'a  aucune  valeur,  car  les  sires  de 

1.  Déclarations  de  la  seigneurie  de  Malenoë  en  1744  et  1782. 

2.  Archives  d'Illeet- Vilaine,  G.  2157. 

H.   Commune  du  canton  de  Saint-Aubin-d'Aubigné,  arrondissement  de 
Rennes. 
4.  Diction,  hist.  et  gêogr.  de  Bretagne,  nouv.  éd.,  I,  43. 


—  14  — 

Montbourcher  ne  vinrent  qu'au  xvi*  siècle  à  la  Ma- 
gnane.  En  réalité  cette  terre  donna  son  nom  à  un 
juveigneur  qui  fit  souche  de  gentilshommes  et  prit 
des  armoiries  semblables,  quant  aux  pièces,  à  celles 
de  la  maison  de  Montsorel  dont  Théritière  Mahaut 
de  Montsorel  épousa,  vers  Tan  1200,  Raoul  d'Aubi- 
gné.  La  famille  de  la  Magnane  portait,  en  effet  : 
d  argent  à  quatre  fusées  de  sable  accolées  en  /a.«ce, 
tandis  que  celle  de  Montsorel  avait  :  de  gueules  à 
quatre  fusées  d'argent  accolées  en  fasceK 

Le  premier  représentant  connu  de  la  noble  mai- 
son de  la  Magnane  fut  Guillaume  de  la  Magnane, 
Tun  des  vingt-deux  gentilshommes  qui,  sous  la 
conduite  d'Amaury  de  Fontenay,  jurèrent  vaillam- 
ment en  1379  de  défendre  la  ville  de  Rennes  jusqu'à 
la  mort  contre  Tarmée  française  qui  la  mena- 
çait ^ 

Ruot  ou  Ruault  de  la  Magnane,  seigneur  dudit 
lieu,  vécut  en  1416  et  1453.  Avec  ses  voisins  le  sire 
de  Betton,  Pierre  de  Moaisé,  Alain  de  la  Piguelayo 
et  Jean  de  Vaurozé,  il  accompagna  en  1478  le  duc 
de  Bretagne  Jean  V  à  la  cour  du  roi  de  France. 
L'année  suivante,  en  qualité  d'homme  d'armes,  il 
guerroyait  en  Normandie  sous  les  ordres  de  Ber- 
trand de  Dinan,  maréchal  de  Bretagne  3.  En  1453  il 
reçut  encore  les  aveux  de  ses  vassaux  de  la  Ma- 
gnane et,  le  30  décembre  de  cette  même  année,  il 
confirma  la  donation  du  manoir  du  Perray  en  An- 
douillé,  faite  à  GePfeline  de  la  Magnane  lorsqu'elle 
épousa  Raoul  Boucquet,  secrétaire  du  duc  et  sei- 


1.  Potier  de  Courcy,  Nobiliaire  de  Bretagne,  II,  220  et  298. 

2.  D.  Lobineau.  Hist,  de  Bretagne,  421.  —  Preuo.  de  VHist.  de  Bret., 
&d4 

3.  D.  Murice,  Preuves  de  l'Histoire  de  Bretagne,  II.  967  et  1103. 


—  15  - 

gneur  d'Andouillé '.  Ruot  de  la  Magnane  épousa  : 
r  vers  1416  Collette  de  Rimou,  dame  dudit  lieu, 
fille  de  Guillaume  de  Rimou  et  petite-fille  d'Olivier 
de  Trémigon  ;  2*  par  contrat  du  18  mars  1431, 
Marguerite  de  Champaignc.  Du  premier  lit  sortirent 
Anccl  de  la  Magnane  qui  succéda  à  son  père  et 
Guillaume  de  la  Magnane,  seigneur  de  Panlivart  en 
Rimou*-. 

Ancel  de  la  Magnane,  seigneur  dudit  lieu,  épousa 
Jeanne  Le  Prestre,  de  la  maison  de  la  Grimaudaye 
en  Melesse,  qui  se  trouvait  veuve  de  lui  en  1467.  Il 
en  eut  deux  fils  qui  furent  après  lui  successivement 
seigneurs  de  la  Magnane,  Jean  et  Péan.  Ancel  de 
la  Magnane  fut  inhumé,  près  de  son  père  Ruot, 
dans  leur  enfeu  au  chanceau  de  Téglise  d'Aubigné^. 

Jean  de  la  Magnane,  seigneur  dudit  lieu,  parut 
en  1464  à  la  montre  ou  revue  militaire  faite  à  Fou- 
gères; il  y  figura  comme  homme  d'armes  de  la 
compagnie  du  sire  de  la  Hunaudaye.  Il  est  encore 
fait  mention  de  lui  en  1470,  mais  il  était  mort  le 
4  avril  1472,  car  à  cette  date  son  frère  et  successeur 
régla  avec  sa  veuve  Jeanne  Torchart  le  douaire  de 
cette  dame  fixé  à  cinquante  livres  de  rentes 

Péan  ou  Payen  de  la  Magnane,  seigneur  dudit 
lieu,  succéda,  en  effet,  à  son  frère  Jean,  décédé  sans 
postérité.  Il  s'unit  :  1"*  à  Jeanne  de  Ghampaigné, 
fille  du  seigneur  de  Bouessay  en  Sens;  2*  à  Hélène 
de  Vendel  qu'il  laissa  veuve;  il  fut  inhumé  dans 
Tcglise  d'Aubigné  où  reposait  sa  première  femme. 
Le  4  août  1485  les  plus  proches  parents  de    deffunt 

1.  Archives  du  château  de  la  Magnane. 

2.  Ibidem. 

3.  Ibidetn. 

4.  Ibidem. 


—  16  — 

Péan  de  la  Magnanc  se  réunirent  pour  donner  une 
tutelle  à  ses  enfants  mineurs  et  pour  déterminer  le 
douaire  de  sa  veuve  Hélène  de  Vendel;  au  nombre 
de  ces  parents  figuraient  :  Gilles  de  la  Magnane, 
seigneur  du  Boislebaud  en  Erbrce,  qui  fut  nommé 
tuteur  et  que  Ton  retrouve  la  même  année  parmi 
les  hommes  d'armes  chargés  de  la  garde  de  Rennes 
—  Bertrand  de  la  Magnane,  seigneur  de  Gyrouart; 
il  assista  en  1466  aux  obsèques  de  la  comtesse 
d'Etampes,  mère  de  François  II,  duc  de  Bretagne, 
et  reçut  à  cette  occasion  un  «  béguin  »  ou  vêtement 
de  deuil;  en  1481  il  se  trouvait  archer  dans  la  com- 
pagnie du  baron  d'Avaugour,  fils  naturel  de  ce 
même  duc  —  enfin  Pierre  de  la  Magnane,  dont  nous 
ne  savons  pas  autre  chose  K 

Arthur  de  la  Magnane,  seigneur  dudit  lieu  en 
1485,  était  fils  de  Péan  de  la  Magnane  et  de  sa 
première  femme  Jeanne  de  Champaigné.  Homme 
d'armes  de  la  compagnie  de  Jacques  Guibé  au  ser- 
vice du  Roi  en  1498,  il  prit  part  aux  obsèques  de 
Charles  VIII  et  reçut  alors  par  ordre  de  la  reine 
Anne  de  Bretagne,  «  quatre  aulnes  trois  quarts  de 
drap  noir  à  5  1.  5  s.  l'aulne,  »  pour  se  confectionner 
une  robe  de  «  béguin-,  »  L'année  suivante,  le 
12  décembre  1499,  le  roi  Louis  XII  accorda  à 
Arthur  de  la  Magnane  une  sauvegarde  pour  ses 
terres  de  la  Magnane  et  de  Rimou  et  cette  faveur 
lui  fut  renouvelée  par  le  même  souverain  le  10  jan- 
vier 1513^.  Arthur  de  la  Magnane  épousa  Catherine 
de    Corcé,   fille   de    Mathurin   de    Corcé,   seigneur 


1.  D.  Lobineau,  Preuves  de  l'Histoire  de  Bretagne,  1873  et  1417. 
—  Archives  du  château  de  la  Magnane. 

2.  D.  Lobineau.  Preuves  de  l'Histoire  de  Bretagne,  1586  et  1593. 

3.  Archives  du  château  de  la  Magnane. 


-    17  — 

dudit  lieu.  Il  en  eut  un  fils,  Julien,  qui  lui  succéda 
et  une  fille  Françoise,  femme  de  Vincent  du  BoberiU 
seigneur  dudit  lieu.  Arthur  de  la  Magnane  mourut 
vers  1519  et  fut  inhumé  dans  son  enfeu  au  chœur 
de  réglise  d'Aubigné.  Sa  veuve  Catherine  de  Gorcé 
lui  survécut  longtemps;  elle  se  remaria  avec  Guil- 
laume du  Chastellier,  seigneur  du  Plessix-Marcillé, 
et  vivait  encore  en  1550;  elle  continuait  d'habiter  la 
Magnane  dont  elle  avait  la  jouissance  en  douaire  et 
qu'elle  embellit  considérablement. 

Julien  de  la  Magnane,  seigneur  dudit  lieu,  fils 
des  précédents,  encore  mineur  à  la  mort  de  son 
père,  fut  élevé  sous  la  tutelle  de  sa  mère  et  de  son 
beau-père  Guillaume  du  Chastellier.  Il  épousa  Jac- 
quemine du  Préauvé  qui  lui  donna  une  fille  appelée 
Julienne,  mais  il  mourut  encore  jeune,  vers  1540. 
L'année  suivante  les  deux  douarières  de  la  Ma- 
gnane ,  Catherine  de  Corcé  et  Jacquemine  du 
Préauvé,  se  firent  représenter  à  la  montre  des 
hommes  d'armes  du  pays  de  Rennes,  la  première 
par  le  fils  qu'elle  avait  eu  de  son  second  mariage, 
Guyon  du  Chastellier,  et  la  deuxième  par  Pierre  de 
la  Vieuxville  *. 

Julienne  de  la  Magnane,  fille  unique  et  héritière  de 
Julien  de  la  Magnane,  grandit  sous  la  direction  de 
sa  mère  Jacquemine  du  Préauvé  et  de  son  tuteur 
Briartd  de  Champaigné,  seigneur  de  Chambellé  en 
Feins.  Elle  s'unit  en  1555  à  René  de  Montbourcher, 
seigneur  de  Chasné,  et  lui  apporta  les  terre  et 
seigneurie  de  la  Magnane.  Son  mari  était  le  cin- 
quième fils  de  Renaud  de  Montbourcher  et  de  Raou- 


1.  Ms.  de  Missirien,  Bibliothèque  de  Bennes.  —  Archives  du  château 
de  la  Magnane. 

XXXIII  7 


—   18  — 

lotte   Thierry,   seigneur  et  dame  du   Bordage    en 
Ercé-près-LilTré. 

Jacob  de  Montbourcher,  fils  de  René  de  Mont- 
bourcher  et  de  Julienne  de  la  Magnane,  devint  sei- 
gneur de  la  Magnane  à  la  mort  de  ses  père  et  mère 
décédés  vers  1583.  Il  épousa  Olive  Ivette,  fille  du 
seigneur  du  Boishamon  en  Domloup,  veuve  de  lui 
en  1609  et  vivant  encore  en  1626. 

Olivier  de  Montbourcher,  seigneur  de  la  Ma- 
gnane, fils  de  Jacob  et  d'Olive  Ivette,  fut  baptisé  à 
Aubigné  le  20  août  1600.  Il  devint  en  1635  conseiller 
au  Parlement  de  Bretagne  et  s'unit  à  Gabrielle  Gi- 
rault  qui  lui  donna  plusieurs  enfants  baptisés  les 
uns  en  Téglise  d'Aubigné,  les  autres  à  Saint-Sau- 
veur de  Rennes.  Il  décéda  à  Rennes  le  16  juillet 
1660;  sa  veuve  Gabrielle  Girault  lui  survécut  long- 
temps et  ne  fut  inhumée  à  Aubigné  que  le  5  juillet 
1692. 

René  de  Montbourcher,  qualifié  parfois  comte  de 
la  Magnane,  y  succéda  à  son  père  Olivier.  Il  fut  en 
1669  reçu  conseiller  au  Parlement  de  Bretagne  et 
épousa  Marie-Geneviève  de  Montalembert,  fille  d'An- 
dré de  Montalembert  et  de  Françoise  Valain,  sei- 
gneur et  dame  de  la  Ferté.  De  cette  union  naquirent 
plusieurs  enfants  baptisés  la  plupart  à  Rennes  de 
1672  à  1687.  Ce  seigneur  de  la  Magnane  mourut  le 
14  novembre  1707;  Marie  de  Montalembert,  sa  veuve, 
ne  décéda  à  son  hôtel  à  Rennes  que  le  13  novembre 
1720;  âgée  de  soixante  et  quinze  ans,  elle  fut  inhu- 
mée le  lendemain  en  l'église  conventuelle  des  Mi- 
nimes de  Rennes  '. 
Gabriel-René  de  Montbourcher,   seigneur  de  la 

1.  Anciens  registres  paroissiaux  de  Rennes, 


—  il)  - 

Magnane,  fils  des  précédents,  naquit  le  il  octobre 
1669.  Il  devint  conseiller  au  Parlement  de  Bretagne 
en  1692  et  épousa  la  môme  année  à  Saint-Malo, 
Magdeleine-Thérèse  Briand,  fille  de  Claude  Briand 
et  de  Perrine  Neveu,  sieur  et  dame  des  Vallées. 
Nommé  en  1707  président  aux  requêtes  du  Parle- 
ment de  Bretagne,  il  habitait  à  Rennes  un  hôtel 
dans  la  rue  des  Dames.  Il  y  eut  plusieurs  enfants 
baptisés  à  Saint-Etienne  de  Rennes  de  1695  à  1700, 
mais  il  mourut  à  la  Magnane  et  fut  inhumé,  le 
23  mai  1728,  en  Téglise  dWubigné,  au  tombeau  de 
ses  ancêtres.  Sa  veuve  Magdeleine  Briand  lui  sur- 
vécut plusieurs  années  et  mourut  au  mois  de  juin 
1742». 

René-Claude-Marie  de  Montbourcher,  seigneur 
de  la  Magnane,  qualifié  comte  de  Betton  et  baron 
d'Aubigné,  étant  devenu  possesseur  de  ces  deux 
seigneuries,  naquit  et  fut  baptisé  à  Rennes  le 
12  mars  1695,  ayant  pour  père  et  mère  les  seigneur 
et  dame  de  la  Magnane  dont  les  noms  précèdent.  II 
devint  successivement  au  Parlement  de  Bretagne 
d'abord  conseiller  le  28  mai  1725,  puis  président  aux 
enquêtes  le  18  août  1728,  enfin  président  à  mortier 
le  14  août  1738*.  Il  s'unit  à  Marie-Rosalie  de  Mon- 
taudouin,  appartenant  à  une  famille  considérable  du 
commerce  nantais.  Celte  dame  mourut  à  la  Ma- 
gnane le  11  novembre  1765  et  fut  inhumée  le  13 
dans  réglise  d'Aubigné.  lie  seigneur  de  la  Magnane 
décéda  lui-même  le  20  juillet  1776,  en  son  hôtel  à 
Rennes;  son  corps,  présenté  en  Téglise  paroissiale 
Saint-Etienne  de  cette  ville,  fut  le  lendemain  con- 


1.  Anciens  registres  paroissiaux  de  Rennes,  Saint-Malo  et  Auhigné. 

2.  Carré,  La  Chalotais,  190. 


—  20  — 

duit  à  la  Magnanc  et  dépose  le  surlendemain  dans 
son  enfeu  seigneurial  de  Téglise  d'Aubigné*. 

René-Claude  de  Montbourcher  ne  laissait  pas 
d*enfants  et  la  seigneurie  de  la  Magnane  échut  à 
son  neveu  René-François  de  Montbourcher.  C'était 
un  fils  de  son  frère  Guy-Amador  de  Montbourcher, 
chevalier  de  Saint  Louis,  lieutenant-colonel  de  dra- 
gons, décédé  à  la  Magnane,  âgé  de  soixante  et  un 
ans,  le  18  février  1761,  époux  de  Jeanne-Céleste 
de  Saint-Gilles  qui  ne  mourut  à  Rennes  que  le 
27  mai  1791. 

René-François  de  Montbourcher,  marié  en  1776  à 
Joséphine  de  Kersauson,  acheta  en  1788  l'important 
marquisat  du  Bordage,  antique  apanage  de  sa 
famille.  Aussi  prit-il  les  titres  de  marquis  de  Mont- 
bourcher, châtelain  de  Betton  et  de  Prince,  sei- 
gneur de  la  Magnane,  conseiller  du  roi  en  ses  con- 
seils, lieutenant  pour  S.  M.  au  gouvernement  des 
quatre  évêchés  de  la  Haute- Bretagne,  major  au 
régiment  de  Limozin-infanterie,  etc.  Ce  fut  le  der- 
nier seigneur  de  la  Magnane;  quand  éclata  la 
Révolution  il  émigra  avec  René  son  fils  aîné. 

A  la  suite  de  ce  départ  la  terre  de  la  Magnane  fut 
confisquée  par  l'Etat  et  mise  nationalement  en 
vente.  Elle  fut  alors  achetée  par  la  sœur  du  sei- 
gneur de  la  Magnane,  Rosalie  de  Montbourcher, 
femme  d'Anne-Jacques  de  Caradeuc.  A  la  pacifica- 
tion le  marquis  de  Montbourcher  put  donc  rentrer 
à  la  Magnane  où  il  perdit  sa  femme  en  1822  et 
mourut  lui-même  en  1835.  Son  fils  aîné  René  mar- 
quis de  Montbourcher,  revenu  lui  aussi  de  l'émigra- 
tion, fut  le  dernier  de  son  nom.  Il  épousa  Sophie 

1.  Anciens  registres  paroissiaux  de  Rennes  et  d'Aubigné. 


—  21  — 

de  Caradeuc  de  la  Chalotais  qui  mourut  veuve  de 
lui  en  1869.  Leur  fille,  Isidore-Marie  de  Montbour- 
cher,  apporta  la  Magnane  à  son  mari  Charles  Hay, 
comte  des  Nétumières,  et  le  fils  de  ces  derniers 
M.  René  Hay,  comte  des  Nétumières,  possède  et 
habite  encore  le  château  de  la  Magnane*. 

La  seigneurie  de  la  Magnane,  avons-nous  dit, 
était  un  démembrement  d'Aubigné,  aussi  relevait- 
elle  directement  de  cette  baronnic  et  lui  devait-elle 
une  rente  annuelle  de  4  livres*.  Elle  se  composait 
à  l'origine  de  fiefs  s'étendant  surtout  dans  les  pa- 
roisses d'Aubigné,  Andouillé  et  Saint-Aubin-d'Aubi- 
gné.  A  ces  bailliages  vinrent  s'ajouter  an  xvi*  siècle 
celui  de  Prince  en  Andouillé  et  au  xviii*  ceux  du 
Fief-Morblé  en  Betton  et  de  la  seigneurie  d'An- 
douillé. 

Le  fief  de  Prince,  assez  considérable,  s'étendait 

t' 

dans  les  trois  paroisses  d' Andouillé,  Melesse  et 
Neufville;  il  jouissait  d'une  haute-justice  exercée  en 
auditoire  particulier  au  bourg  d' Andouillé,  où  il 
avait  une  prison  et  des  ceps  et  collier  pour  la  pu- 
nition des  malfaiteurs  ;  ses  fourches  patibulaires 
consistaient  en  trois  piliers  élevés  sur  la  lande  de 
Prince;  en  1603  un  criminel  d' Andouillé  fut  encore 
condamné  à  mort  par  la  Cour  de  Prince^. 

Le  Fief-Morblé  avait  des  droits  dans  une  demi- 
douzaine  de  paroisses  :  Betton,  Melesse,  Saint-Gré- 
goire, Montreuil-le-Gast,  La  Mézière  et  Andouillé. 
Sa  haute-justice  s'exerçait  aussi  en  ce  dernier  bourg 
où  se  trouvaient  ses  propres  ceps  et  collier;  quant 
à  son  gibet  à  trois  poteaux,  il  se  dressait  en  Betton 

1.  De  Fourni  ont,  V  Ouest  aux  Croisades,  II,  42. 

2.  Archives  Nationales,  P,  1715. 

3.  Archiroes  du  château  de  la  Magnane, 


22  

sur  le  placis  des  Chabots  près  la  Boulaye.  Au  sei- 
gneur du  Fief-Morblé  appartenait  un  droit  féodal 
assez  rare  dans  notre  contrée  :  c'était  le  droit  de 
«  raffle,  qui  est  de  prendre  en  tel  temps  et  saison 
qu'il  plaist  audit  soigneur  tout  le  bétail  et  avoir 
trouvé  sur  la  lande  du  Val  en  Saint-Grégoire  et 
Melesse,  faute  aux  habitans  de  ladite  lande  de  poyer 
à  leur  dit  seigneur  une  rente  do  18  deniers  mon- 
noie  K  » 

Ces  deux  bailliages  de  Prince  et  du  Fief-Morblé 
relevaient  directement  du  duc  de  Bretagne,  puis  du 
roi  de  France,  en  la  Cour  de  Rennes. 

Quand  à  la  seigneurie  d'Andouillé  ce  n'était  qu'une 
moyenne-justice  relevant  de  celle  de  Prince  et  unie 
tardivement  à  la  Magnane.  Elle  s'étendait  en  An- 
douillé,  Saint-Àubin-d'Aubigné  et  Gahard.  En  cette 
dernière  paroisse  se  trouvait  la  chapelle  Saint- 
Léonard  de  Borne,  à  rassemblée  de  laquelle  le  sei- 
gneur d'AndouilIé  avait  droit  de  bouteillage  et  dont 
le  chapelain  lui  devait  chaque  mardi  de  la  Pentecôte 
«  un  mouton  o  sa  laine  et  cinq  sols  monnoie*^.  » 

Les  prééminences  d'églises  suscitèrent  bien  des 
difficullés  au  seigneur  de  la  Magnane. 

Le  12  août  1500,  révoque  de  Rennes  autorisa  Ar- 
thur de  la  Magnane,  seigneur  dudit  lieu,  à  faire 
restaurer,  parce  qu'elles  tombaient  de  caducité,  les 
représentations  de  ses  ancêtres  et  leurs  armoiries 
peintes  dans  la  vitre  au  Sud  du  chœur  ou  sculptées 
sur  les  parois  de  la  muraille  septentrionale  de 
l'église  paroissiale  d'Aubigné.  Il  lui  permit  aussi  de 
faire  rétablir  sa  litre  ou  lisière  autour  de  l'édifice  et 


1.  Archives  du  château  de  la  Mar/natie. 

2.  Archiver  d'Ifff*-et'Vilaine. 


—  23  — 

de  replacer  dans  le  chanceau,  du  côté  de  Tcvangile, 
un  banc  à  queue  qui  en  avait  été  enlevé'. 

Il  paraît  que  cette  autorisation  de  Tévêque  de 
Rennes  n'eut  pas  d'effet  durable,  les  seigneurs 
d'Aubigné  —  qui  étaient  alors  les  puissants  comtes 
de  Laval,  barons  de  Vitré  —  s'opposant  aux  pré- 
tentions honorifiques  des  seigneurs  de  la  Magnane. 
Il  en  résulta  en  1528  une  enquête  faite  par  la  justice 
et  un  procès-verbal  de  l'état  de  Téglise  d'Aubigné  à 
cette  époque. 

A  Tenquête  comparurent  plusieurs  témoins  dépo- 
sant pour  la  plupart  en  faveur  du  seigneur  de  la 
Magnane  :  Jean  de  Montmoron,  écuyer,  affirma  avoir 
vu  en  place  d'honneur  les  écussons  :  mUparti  au 
i"  d  argent  à  quatre  fusées  de  sable  accolées  en  fasce, 
qui  est  de  la  Magnane,  et  au  2"**  d'azur  à  un  aigle 
d'or,  qui  est  de  Rimou;  armoiries  de  Ruot  de  la 
Magnane  et  de  Colette  de  Rimou,  sa  femme,  sei- 
gneur et  dame  de  la  Magnane  en  1420.  —  Jean 
Roulleaux,  prêtre  d'Aubigné,  âgé  de  quatre-vingt- 
deux  ans,  assura  avoir  connu  Péan  de  la  Magnane 
et  Jeanne  de  Champaigné,  sa  femme,  qui  furent 
inhumés  dans  leur  enfeu  au  chanceau  de  Téglise, 
aussi  bien  que  leur  successeur  Arthur  de  la  Ma- 
gnane décédé  vers  1519.  —  Un  autre  prêtre,  nommé 
Guillaume  Herfroy,  déposa  avoir  ouï  dire  que  Ruot, 
Jean  et  Péan  de  la  Magnane  avaient  reçu  la  sépul- 
ture dans  cet  enfeu  réservé  à  leur  famille.  Il  ajouta 
avoir  vu  le  procureur  d'Aubigné  venir  avec  plu- 
sieurs ouvriers  pour  gratter  et  effacer  les  écussons 
du  seigneur  de  la  Magnane,  puis  enlever  le  banc  et 
les  deux  pierres  tombales  placés  dans  le  chanceau, 

1.  Archives  du  nhâteau  de  la  Mat/nane. 


24 


agissant  en  tout  cela  par  ordre  du  comte  de  Laval  ^ 
Le  procès-verbal  de  la  visite  de  Téglise  d'Aubi- 
gné,  faite  concurremment  à  cette  enquête,  ne  fut  pas 
moins  favorable  au  seigneur  de  la  Magnane.  On  y 
constata  :  qu'au  chevet  du  chanceau  étaient  peints 
quatre  écussons  :  d'argent  à  quatre  fusées  de  sable 
accolées  en  fasce,  qui  est  de  la  Magnane,  et  que  les 
mêmes  armoiries  se  retrouvaient  sur  la  litre  et  au- 
dessus  des  portes;  audit  chanceau,  du  côté  de  Tévan- 
gilc  et  au-dessus  de  la  litre  était  «  la  représentation 
de  trois  hommes  d'armes  et  sur  leurs  cottes  d'armes 
apparoissoit  Técu  de  la  Magnane  :  d'argent  à  quatre 
fusées  de  sable;  après  chacun  homme  d'armes  estoit 
la  représentation  d'une  femme  en  habit  de  damoi- 
selle;  »  enfin  dans  ledit  chanceau  se  trouvaient  deux 
tombes  portant  les  mêmes  armoiries  de  la  Magnane 
et  un  banc  «  avec  boucle  de  fer,  à  laquelle  boucle 
estoit  attachée  une  longue  pièce  de  bois  formant  sa 
queue  ^  >> 

A  la  suite  de  cette  enquête  le  roi  François  I'' 
donna  au  mois  de  mai  1529  à  Julien  de  la  Magnane, 
seigneur  dudit  lieu,  des  «  lettres  de  rcintégrande,  » 
lui  confirmant  ses  prééminences  dans  Téglise  d'Au- 
bigné  et  son  droit  d'y  avoir  «  ceinture  et  lizière  au 
dedans  et  au  bas  du  chanceau,  et  au  costé  de  l'évan- 
gile un  banc  à  queue  et  deux  tombes  de  pierre 
assises  au  devant  de  l'autel  Saint-Michel,  au-dessus 
du  marchepied  dudit  chanceau,  lesdites  lizière  et 
tombes  armoyées  de  ses  armes,  et  plusieurs  autres 
escussons  de  sa  maison  de  la  Magnane  tout  en 
bosse  sur  la  muraille  qu'en  peinture  es  vitraux^.  » 

1.  Atx'hives  du  vhâleau  de  la  Magnane. 

2.  Ibidem. 
'\.  Ibidem. 


—  25  — 

Pierre  de  Saint-Gilles,  seigneur  de  Betton,  voulut 
mais  en  vain  s'opposer  en  1535  à  Texécution  de  ces 
lettres  de  réintégrande,  a  cause  de  sa  terre  du 
Boisgeffroy;  il  prétendait  que  soixante  ans  aupara- 
vant on  voyait  dans  le  vitrail  du  chanceau  de  l'église 
d'Aubigné  les  armoiries  des  anciens  sires  du  Bois- 
geffroy qui  étaient,  selon  lui,  trois  charmes;  il  ajou- 
tait qu'il  possédait  plus  de  fiefs  en  Aubigné  que  le 
seigneur  de  la  Magnane*. 

Ces  prétentions  du  seigneur  du  Boisgeffroy,  sou- 
tenues par  les  comtes  de  Laval,  se  renouvelèrent 
au  commencement  du  xvii*  siècle.  La  nef  de  Téglise 
d' Aubigné  fut  alors  en  partie  reconstruite;  les  pein- 
tures et  représentations  des  seigneurs  de  la  Ma- 
gnane  disparurent  et  le  10  août  1601  «  sept  hommes 
armés  et  masqués,  envoyés  par  la  comtesse  de 
Laval  (Anne  d'Alègre)  entrèrent  à  cheval  dans 
réglise  d'Aubignc  »  et  y  brisèrent  le  banc,  les  pierres 
tombales  et  tous  les  écussons  du  seigneur  de  la 
Magnane.  Jacob  de  Montbourcher,  alors  possesseur 
de  cette  terre,  prouva  à  Jeanne  Rhuys,  dame  du 
Boisgeffroy,  qu'il  était  bien  «  seigneur  fondateur  de 
réglise  d'Aubigné  »  et  qu'après  le  comte  de  Laval, 
baron  d'Aubigné  et  seigneur  supérieur,  il  y  avait 
droit  à  toutes  les  prééminences,  «  à  cause  de  ses 
fiefs  de  la  Magnane  sortis  en  juveignerie  de  la 
chastellenie  d'Aubigné;  »  que  d'ailleurs  les  sei- 
gneurs du  Boisgeffroy  n'avaient  jamais  eu  de  banc 
ni  d'armoiries  en  cette  église  et  que  la  pierre  tom- 
bale dans  le  chanceau  portant  trois  channes  était 
celle  d'un  Montbourcher,  seigneur  dç  1^  Magnane, 

1.  Af'chives  du  château  de  la  Mafjnane^ 


—  26  — 

et  dont  la  famille  avait  pour  armes  :  dor  à  trois 
channes  de  gueulesK 

Comme  François  I**',  le  roi  Louis  XIII  donna,  le 
20  juillet  1623,  à  Olive  Ivette,  dame  de  la  Magnane, 
de  nouvelles  v  lettres  de  réintégrande,  »  Tautorisant 
à  jouir  de  toutes  les  prééminences  réclamées  par 
son  mari  défunt  Jacob  de  Montbourcher^. 

Le  seigneur  de  la  Magnane  avait  aussi  des  droits 
honorifiques  en  Téglisc  d'Andouillé,  probablement 
à  cause  de  son  fief  de  Prince.  Une  discussion  s'étant 
élevée  à  ce  sujet  entre  la  même  dame  de  la  Ma- 
gnane Olive  Ivette  et  Christophe  Perrault,  seigneur 
d'Andouillé,  on  termina  le  différend  par  la  transac- 
tion suivante  signée  le  16  avril  1622  :  «  La  dame  de 
la  Magnane  apposera  ses  armoiries  dans  la  princi- 
pale vitre  de  l'église  d'Andouillé,  au  haut  dMcelle, 
du  costé  de  Tévangile,  et  le  seigneur  d'Andouillé 
pourra  mettre  les  siennes  au-dessous;  mais  ledit 
seigneur  aura  un  banc  prohibitif  armorié  de  ses 
armes  au  costé  de  Tévangile  et  ladite  dame  en  aura 
un  semblable  au  costé  de  Tépitre;  toutes  les  autres 
prééminences  de  Téglise  appartiendront  au  seul  sei- 
gneur d'Andouillé^.  » 

Dans  les  années  qui  précédèrent  la  Révolution 
toutes  ces  discussions  à  propos  d'honneurs  n'eurent 
plus  leurs  raisons  d'être,  le  seigneur  de  la  Magnane 
ayant  acheté  la  baronnie  d'Aubigné  et  la  seigneurie 
d'Andouillé. 

En  ce  même  xviii"  siècle  la  seigneurie  de  la 
Magnane,  avec  sa  haute  justice  exercée  au  bourg 


1.  Archives  du  château  de  la  Magnane, 

5.  Ibidem. 

î3.  Archives  d' lUe-et- Vil  aine,  27,  H.  2. 


-  27  — 

d'Andouillé  et  son  beau  domaine  proche,  rapportait, 
d'après  l'intendant  de  Bretagne,  environ  six  mille 
livres  à  son  propriétaire,  M.  de  Montbourcher*. 

Ce  domaine  proche  de  la  Magnane  comprenait 
alors  :  le  manoir  de  la  Magnane  avec  sa  chapelle  et 
son  colombier,  ses  bois  et  rabines,  prairies  et 
étangs  —  les  métairies  de  Patience,  du  bourg  d'An- 
douillé,  de  Beaulieu,  du  Perray,  du  Rocher,  etc.  — 
les  moulins  à  eau  de  la  Magnane  et  d'Andouillé,  etc. 

Le  vieux  manoir  de  la  Magnane  fut  agrandi  et 
embelli,  au  commencement  du  xvi*  siècle,  par 
Catherine  de  Corcé  alors  veuve  d'Arthur  de  la 
Magnane,  elle  fit  bâtir  «  une  tour  derrière  le  grand 
logis  »  et  releva  «  les  murs  et  le  portail  de  la 
cour'.  » 

C'est  aussi  cette  dame  qui  construisit  la  chapelle 
de  style  ogival  qu'on  voyait  encore  naguère  dans  la 
première  cour  d'entrée  du  château.  Elle  accomplis- 
sait ainsi  les  dernières  volontés  de  son  mari  qui 
avait  fondé,  avant  de  mourir,  deux  messes  hebdo- 
madaires dans  la  chapelle  qu'il  projetait  de  bâtir. 
Le  petit  sanctuaire  fut  dédié  à  la  Sainte  Vierge  et 
à  saint  Joseph;  en  1685  et  1686  René  de  Montbour- 
cher,  seigneur  de  la  Magnane,  fonda,  de  son  côté, 
trois  messes  par  semaine  dans  cette  chapelle  et 
assura  au  chapelain  une  rente  de  cent  livres  pour 
la  desservir^. 

Durant  le  xvii"  siècle  le  château  de  la  Magnane 
fut  entièrement  reconstruit.  Ce  devint  un  grand 
bâtiment  flanqué  de  hauts  pavillons  avancés  avec 


1.  Archives  d'IUeet- Vilaine,  G.  2157. 

2.  Archives  du  chdtean  de  la  Mafftiane. 
•^.  Ibidem. 


—  28  — 

toits  aigus;  des  tourelles  à  coupoles  se  dressèrent 
aux  angles  intérieurs  formés  par  le  principal  corps 
de  logis  et  les  pavillons;  au  centre  une  porte  monu- 
mentale s'ouvrit  au-dessous  d'un  riche  balcon  et  au 
haut  d'un  vaste  perron  en  fer-à-cheval  ;  deux  cours 
murées,  contenant  les  bâtiments  de  service,  s'éten- 
dirent devant  le  château,  précédées  de  douves 
larges  et  profondes  avec  parapets  de  granit;  enfin 
un  pont  fixe,  posé  sur  les  douves  et  accompagné 
d'un  grand  portail,  remplaça  l'antique  pont-levis  du 
manoir  au  moyen-âge. 

C'est  de  cette  belle  habitation  qu'écrivait  vers  1850 
M.  Ducrest  de  Villeneuve  :  «  Ce  fut  au  xvii*  siècle 
que  fut  sans  doute  reconstruit  le  château  de  la 
Magnane,  si  l'on  en  juge  par  le  caractère  de  son 
architecture  actuelle,  contemporaine  de  celle  du 
Palais  de  Rennes.  Ce  manoir  est  l'un  des  plus 
complets  de  ceux  de  son  époque.  Sa  façade  si  régu- 
lière, ses  tourelles,  son  grand  perron,  sa  cour 
d'honneur,  sa  chapelle  en  face  de  la  ferme,  comme 
une  pensée  du  ciel  en  aide  au  travailleur,  cette 
longue  lisière  de  prairies  qui  s'ouvre  aux  rayons 
du  soleil  levant,  ce  ruisseau  qui  coule  muet  entre 
leurs  tapis  et  longe  les  murs  du  château,  ces  ave- 
nues qui  descendent  de  la  lande  aride,  d'où  le 
regard  plonge  sur  le  manoir  et  dont  le  contraste 
est  un  charme  de  plus  dans  le  paysage,  tout  con- 
tribue, site  et  monument,  à  faire  de  ce  lieu  un  sujet 
digne  des  études  de  l'artiste  ou  de  l'écrivain*.  » 

Cet  intéressant  château  de  la  Magnane  fut  détruit 
par  un  incendie  le  9  juillet  1893,  mais  son  proprié- 


1.    Ducrest  de  Villeneuve,  Album   breton,  S   série,    (llç-et- Vilaine, 
60  et  61. 


—  29  — 

taire  M.  le  comte  Hay  des  Nétumières  vient  de  le 
reconstruire  tel  qu'il  était  avant  ce  sinistre. 


SEIGNEflRIE  DU  BOT 

El  LAIftOI 

Le  nom  breton  de  Bot  ou  plutôt  Bôd  signifiant 
buisson  fut  donné  à  une  terre  noble  figurant  au  com- 
mencement du  XV*  siècle  en  Langon  *,  paroisse 
bretonnisée  de  bonne  heure  par  les  moines  de 
Redon.  Le  Bot  appartenait  déjà  à  la  famille  Collo- 
bel  qui  continua  de  le  posséder  jusqu'à  la  fin  du 
xviii*  siècle. 

Le  premier  membre  connu  de  cette  famille  est 
Jean  Collobel  qui,  le  15  août  1407,  vendit  une  rente 
aux  Bénédictins  de  Fabbaye  de  Redon,  seigneurs 
de  la  paroisse  de  Laqgon  *.  Ce  Jean  Collobel,  dont 
nous  ignorons  Talliance,  eut  un  fils  aîné  nommé 
Jean  comme  lui,  qui  épousa  par  contrat  du  mardi 
après  la  Saint-Nicolas,  1415,  Marie  du  Val,  de  la 
maison  de  Cahan  en  Fougeray.  Celle-ci  reçut  en 
dot  15  liv.  de  rentes;  devenue  veuve,  elle  se  rema- 
ria à  Guillaume  de  Roche  '. 

De  Tunion  de  Jean  II  Collobel  avec  Marie  du  Val, 
naquirent  Robert  qui  succéda  à  son  père  et  Guil- 
laume qui  fut  ecclésiastique.  Robert,  l'aîné,  rendit 
successivement  aveu  en  1457,  1466  et  1486  pour  sa 


1.  Commune  du  canton  et  de  l'arrondiâsement  de  Redon. 

2.  Langon  formait  avec  Brain  une  châtellenie  assez  importante,  pro- 
priété de  l'abbaye  Saint-Sauveur  de  Redon. 

3.  Archiv.  de  la  Loire- Inférieure,  E,  suppl. 


-  30  — 

terre  du  Bot  à  Tabbé  de  Redon.  Il  épousa  Olive 
Le  Veneur,  de  la  maison  de  Trcguiel  en  Loyat,  fille 
d'Eon  Le  Veneur  et  de  Catherine  Maillet.  Il  en  eut 
un  fils,  Guillaume,  qui  le  remplaça  au  Bot  et  une 
fille,  Marguerite,  mariée  à  son  parent  Guillaume 
CoUobel,  seigneur  de  Coastre  en  Pierric^ 

Guillaume  Collobel,  fils  de  Robert,  se  trouvait 
seigneur  du  Bot  en  1496,  époque  à  laquelle  il  fit 
aveu  à  Tabbaye  de  Redon  pour  une  maison  et  ses 
dépendances  qu'il  tenait  d'elle  au  bourg  de  Langon 
«  à  debvoir  de  foy,  hommage  et  rachapt  plus  22  de- 
niers de  rente  appelée  mangier*^.  » 

Vers  le  même  temps  il  fournit  aussi  au  seigneur 
de  Renac  le  minu  des  rentes  que  lui  avait  laissées 
son  défunt  père  en  la  paroisse  de  Saint-Just.  Ce 
Guillaume  Collobel  épousa  Anne  Gallery,  de  la 
maison  de  Coëtbo  en  Guer,  qui  reçut  en  dot  15  livres 
de  rente  de  Jean  Gallery,  seigneur  de  Coëtbo,  son 
père,  et  d'André  Gallery,  seigneur  d'Allerac,  son 
frère.  De  cette  union  sortirent  Julien  et  Marguerite; 
cette  dernière  épousa  Thomas  Bouestel,  seigneur  de 
la  Hannetière  en  Lalleu  ^, 

Julien  I"  Collobel,  étant  seigneur  de  Tréguiel, 
épousa  par  contrat  du  10  août  1514,  Olive  du  Chas- 
tel,  d'une  branche  cadette  de  l'illustre  maison  de  ce 
nom.  Fille  de  Jean  du  Chastel  et  de  Marguerite 
Grimaud,  elle  reçut  d'eux  en  se  mariant  35  livres  de 
rente  et  150  livres  d'argent  comptant.  Devenue 
dès  1525  veuve  de  Julien  Collobel,  elle  se  remaria  à 
Pierre  Riaut,  seigneur  de  Calisson  \ 


1.  Archives  de  la  Loire-Inférieure^  E,  suppl. 

2.  Archives  d'Ille-et- Vilaine. 

3.  Archiv.  de  la  Loire-Inferieure,  E,  suppl. 

4.  Ibidem. 


—  31  - 

Guillaume  et  Julien  I*'  Collobel,  père  et  fils, 
durent  mourir  la  même  année  1525  et  si  Julien  pos- 
séda le  Bot  ce  ne  dut  être  que  pendant  peu  de 
temps,  car  ce  fut  encore  son  père  qui  fit  aveu  pour 
cette  terre  le  13  août  1525. 

Julien  II  Collobel,  fils  de  Julien  P%  s'unit,  par 
contrat  du  19  novembre  1536,  à  Jeanne  Riaut,  fille 
de  Pierre  Riaut ,  seigneur  de  Calisson ,  lequel 
avait  épousé  sa  mère  Olive  du  Chastel.  Devenu 
veuf,  Julien  II  se  remaria  à  Jeanne  Lambart,  de  la 
maison  du  Port-de-Roche  en  Fougeray.  Du  premier 
lit  il  eut  deux  fils  nommés  l'un  et  l'autre  Jean,  l'un 
seigneur  du  Bot  après  lui,  l'autre  seigneur  de  la 
Tonnaire  et  marié  à  Jeanne  de  Saint-Père.  Du 
second  lit  il  eut  une  fille  appelée  Anne.  Julien  II  fit 
aveu  à  Tabbé  de  Redon  pour  le  Bot  en  1535.  Il 
donna  en  partage,  le  18  avril  1542,  à  un  frère  puiné 
qu'il  avait,  sa  métairie  du  bourg  de  Langon;  ce 
frère  nommé  Guillaume  Collobel  épousa  Renée 
d'Estrez,  dame  des  Martinais*. 

Julien  II  Collobel  dut  mourir  au  commencement 
de  1559,  car,  le  20  mars  de  cette  année-là,  Jean  Col- 
lobel, son  fils,  fournit  le  minu  et  paya  le  rachat  du 
Bot,  à  la  suite  du  «  décès  de  sondit  père  arrivé  na- 
guères^.  » 

Jean  III  Collobel,  seigneur  du  Bot,  contracta  deux 
unions  :  il  épousa  1®  Jeanne  Blandel  dont  il  eut  un 
fils  unique  nommé  Jean  comme  lui  et  qui  lui  suc- 
céda au  Bot;  2**  par  contrat  du  24  janvier  1573,  Mag- 
deleine  Durand,  fille  de  Jean  Durand,  seigneur  de 
la  Minière  en  Rougé.   De  ce  second  mariage  na- 


1.  Archit.  de  la  Loire- Inférieure,  E,  suppl. 

2.  Arckiv,  d'Ille  et  Vilaine. 


-  32  — 

quirent  quatre  filles  :  Jeanne,  Gillette,  Suzanne  et 
Françoise;  la  première  d'entre  elles  épousa  en  1609 
Claude  Hamon,  seigneur  du  Boisgaudin  en  Langon; 
en  1620  elles  reçurent  en  partage  la  terre  de  Tré- 
guieP. 

Jean  IV  CoUobel,  soigneur  du  Bot  et  (ils  du  pré- 
cédent, s'unit  à  Jeanne  Malenfant,  héritière  de  la 
seigneurie  du  Prédic  en  Marzan.  Les  deux  époux 
vinrent  même  habiter  le  manoir  de  ce  nom,  où  leur 
naquit  un  fils  aîné  Jean  et  où  décéda  le  seigneur  du 
Bot.  Leurs  enfants  furent  —  outre  ce  Jean  baptisé 
à  Marzan  en  1599  et  qui  suit  —  plusieurs  autres 
garçons  décédés  sans  alliances  et  deux  filles  :  Fran- 
çoise, baptisée  à  Saint-Ganton  en  1597,  et  Perron- 
nelle,  baptisée  à  Langon  en  160?.  Jean  IV  mourut 
au  Prédic  le  4  novembre  1631  et  son  corps  fut  con- 
duit de  Marzan  à  Langon  pour  y  être  inhumé-. 

Jean  V  Collobel,  gentilhomme  ordinaire  de  la 
chambre  du  roi,  succéda  à  son  père  au  Bot  et  au 
Prédic.  Il  se  maria  deux  fois  :  1®  par  contrat  du 
14  novembre  1634,  il  épousa  Renée  Charette,  fille  de 
Julien  Charette  et  Marie  Mothais,  seigneur  et  dame 
d'Ardaine  et  de  Couëron;  la  nouvelle  épousée  reçut 
30,000  livres  de  dot  et  Funion  fut  bénite,  le  14  fé- 
vrier 1635  seulement,  dans  la  chapelle  du  manoir 
de  Beaulieu  en  Couëron,  résidence  de  la  famille 
Charette  3.  2^  Par  contrat  du  13  décembre  1639, 
il  se  remaria  à  Françoise  de  Bégasson,  fille  de 
Jean  de  Bégasson  et  Jeanne  Guillou,  seigneur  et 
dame  de  la  Lardayc  en  Maure;  ce  second  mariage 
fut  béni  au  commencement  de  1640  dans  la  chapelle 

1.  Archiv.  de  la  Loire- Inférieure,  E.  suppl. 

2.  Archiv,  du  Morbihan,  Y.  217  et  218. 

3.  Arc?iiv.  de  la  Loire- Inférieure,  E.  suppl. 


—  33  — 

prieurale  de  Boussac  en  Maure.  Du  premier  lit  na- 
quit en  1636  Julien,  baptisé  à  Langon,  qui  dut  mou- 
rir jeune;  du  second  lit  sortirent  Jeanne  née  en 
décembre  1640,  qui  épousa  Anne  de  Kerboudel, 
seigneur  de  la  Courpéan,  et  Marin,  baptisé  le  27  fé- 
vrier 1642,  à  Langon,  qui  fut  plus  tard  seigneur  du 
Bot.  En  1652  Jean  V  Collobel  était  mort  et  sa  veuve 
Françoise  de  Bégasson  se  trouvait  tutrice  de  leurs 
enfants  mineurs*.  Après  le  mariage  do  son  fils 
Marin  elle  vint  habiter  le  manoir  de  Roche  en  Lan- 
gon et  dut  mourir  en  1674. 

Marin  Collobel,  seigneur  du  Bot,  chevalier  do 
Saint-Lazare  et  de  Notre-Dame  du  Mont-Carmel, 
succéda  à  son  père  Jean  V.  Par  contrat  du  8  dé- 
cembre 1667,  il  épousa  Thérèse-Augustine  de  Fran- 
cheville,  fille  de  Sébastien  de  Francheville  et  Ga- 
brielle  Boterel,  seigneur  et  dame  de  Boverault.  De 
cette  union  naquirent  René-Hyacinthe,  Anne-Joseph 
et  Clément-Bertrand*;  ces  derniers  baptisés  à  Lan- 
gon en  1674  et  1678.  Marin  Collobel,  seigneur  du 
Bot,  mourut  le  29  mai  1681  et  fut  inhumé  dans  Ten- 
feu  de  sa  famille  au  chanceau  de  Téglise  de  Langon. 

Il  parait  que  ce  seigneur  laissa  en  mourant  sa 
fortune  obérée  et  que  ses  créanciers  obtinrent  la 
saisie  et  la  vente  d'une  partie  de  ses  terres;  d'un 
côté  nous  trouvons,  en  effet,  mention  faite  en  1693 
de  la  saisie  judiciaire  de  la  terre  du  Bot;  d'autre 
part  le  contrat  de  mariage  de  René-Hyacinthe  Col- 
lobel, fils  aîné  du  défunt,  nous  montre  en  1699  sa 
fiancée,   Marie-Gorgonie  Nassiet,   recevant  en  dot 


1.  Archiv.  de  la  Loire- Inférieure,  E,  suppl. 

2.  Ce  Clément  Collobel,  seigneur  du  Prédic,  et  liabitant  en  Caro  le  ma- 
noir du  Bodel,  épousa  en  1715.  Marie  du  Fresne,  fille  de  Jacques  du 
Fresne  et  d'Yvonne  Perrot,  seigneur  et  dame  de  Saint-Gilles. 

XXXIII  S 


—  34  — 

25,000  livres,  «  dont  21,500  livres  seront  employées 
au  remboursement  du  prix  de  l'adjudication  faite  au 
sieur  du  Boisteilleul-Ravenel  des  terres  et  seigneu- 
ries du  Bot,  Saint-Ganton  et  la  Thévinaye  K  » 

René-Hyacinthe  CoUobel,  seigneur  du  Bot,  fiança 
d'abord,   le   17   février   1692,   à   Saint- Sauveur  de 
Rennes,   avec   Françoise   Bernard,  fille  de   Claude 
Bernard  et  Anne  Gory,  seigneur  et  dame  du  Jonche- 
ray.  Nous  ignorons  si  ces  fiançailles  furent  suivies 
d'un  mariage,  mais  le  même  seigneur  du  Bot  s'unit 
par  contrat,  le  20  janvier  1699,  et  en  Téglise  Saint- 
Sauveur  de  Rennes,  le  5  février  suivant,  avec  Marie- 
Gorgonie   Nassiet,    fille  de  Vincent  Nassiet  et  Ju- 
lienne Lemarchant,  sieur  et  dame  de  la  Luardière^ 
René-Hyacinthe  CoUobel  mourut  à  Rennes,  âgé  de 
trente-deux  ans,  le  27  novembre  1703,  et  fut  inhumé 
le  lendemain  dans  l'église  Saint-Sauveur  de  cette 
ville.  Il  laissait  deux  fils  :  Vincent-François,  seigneur 
du  Bot,  et  Pierre-François,  seigneur  de  Tromeur, 
mais  ce  dernier  ne  naquit  qu'après  la  mort  de  son 
père  et  fut  baptisé,  le  28  janvier  1704,  à  Saint-Sauveur 
de  Rennes^.  La  veuve  du  seigneur  du  Bot  se  rema- 
ria à  Antoine-François  du  Fresne,  seigneur  de  Virel 
en  Renac  ;  elle  soutint  un  long  procès  contre  le  tu- 
teur de  ses  enfants,  prétendant  être  propriétaire  de 
la  seigneurie   du  Bot  «  en  remboursement  de  ses 
deniers  dotaux.  »  Elle  demeura,    en   conséquence, 
avec  son  second  mari,  tantôt  au  Bot,  tantôt  à  Saint- 
Ganton,  pendant  que  ses  fils  habitaient  le  Prédic  en 
Marzan. 
L'aîné  de  ceux-ci,  Vincent-François  de  CoUobel, 


1.  Archiv.  de  la  Loire- Inférieure,  E,  suppl. 
2   Reg.  paroiss.  de  Saint-Sauveur  de  Rennes, 
3.  Ibidem. 


—  35  — 

baptisé,  le  26  décembre  1702,  à  Saint-Etienne  de 
Rennes,  devint  néanmoins  seigneur  du  Bot.  Il 
épousa  en  1729  Louise-Julienne  Moraud  du  Deron, 
fils  du  seigneur  de  la  Haye  du  Deron  en  Sixt.  De 
cette  union  naquirent  :  François-Vincent  mort  au 
berceau  en  1739  —  Clément-François,  seigneur  du 
Bot  après  son  père  —  Joseph,  seigneur  du  Prédic, 
marié  en  1780  à  Marie-Adélaïde  Portier  de  Lantimo 
—  Jean-Marie  Clément  seigneur  du  Bodel,  âgé  de 
cinq  ans  lorsqu'on  lui  suppléa  en  1746  les  cérémonies 
du  baptême  dans  la  chapelle  du  château  de  Marzan; 
destiné  d'abord  à  la  cléricature,  puis  oflicier  au  ré- 
giment de  Nice  et  marié  en  1772  à  Elisabeth  Bitaut 
du  Plessix  et  en  1787  à  Marie  Bronnais  —  enfin 
Marie-F'rançoise-Geneviève  qui  épousa  dans  la  cha- 
pelle du  Bot,  le  7  octobre  1775,  Hyacinthe  de  Tal- 
houët,  seigneur  de  Beslon;  elle  mourut  en  1784.  Le 
père  de  tous  ces  enfants,  Vincent-François  de  Col- 
lobel,  rendit  aveu  en  1733  à  Tabbé  de  Redon  pour 
sa  seigneurie  du  Bot.  Il  était  mort  en  1764  et  sa 
veuve  habitait  alors  son  hôtel  à  Redon  K 

Clément-François  de  Collobel,  seigneur  du  Bot, 
fils  du  précédent,  fut  capitaine  au  régiment  de 
Royal-Piémont  et  chevalier  de  Saint-Louis.  Il  fit 
alliance  vers  1774  avec  Magdeleine-Julienne  Fouc- 
quer  de  Kersalio,  fille  de  Mathieu  Foucquer,  con- 
seiller à  la  Chambre  des  comptes  de  Bretagne*.  Il 
conserva  la  seigneurie  du  Bot  jusqu'à  la  Révolu- 
tion et  habitait  en  1792  son  hôtel  en  la  ville  de 
Redon. 

Le  Bot  n'était  en  1427  qu'un  simple  manoir  noble 


1.  Archiv.  de  la  Loire- Inférieure,  E,  suppl. 

3.  Bulletin  de  la  Société  polymathique  du  Morbihan^  1894,  p.  23. 


-  36  - 

relevant  directement  «  à  debvoir  de  foy,  hommage 
et  rachapt  »  de  Tabbaye  de  Redon.  Il  n'y  avait  point 
en  Langon  de  fief  on  dépendant,  car  les  religieux 
de  Saint-Sauveur  n'avaient  encore  rien  démembré 
de  leur  seigneurie  de  Brain-Langon.  Ce  fut  au 
XVI*  siècle  seulement  que,  pour  satisfaire  aux  impo- 
sitions fiscales  du  temps,  Tabbé  de  Redon  se  décida 
à  vendre  le  fief  de  la  Couarde  ou  des  Portes  en 
Langon  avec  son  moulin  à  vent  et  sa  haute  justice. 
Il  vendit  le  tout  en  1563  à  un  sieur  Perdrix,  mais  le 
racheta  en  juillet  1565;  puis  il  vendit  de  nouveau  et 
définitivement  cette  fois  en  1571  ce  fief,  son  moulin 
et  sa  juridiction,  non  pas  au  seigneur  du  Bot,  mais 
à  son  voisin  Jean  Le  Febvre,  seigneur  de  Saint- 
Ganton  en  Pipriac,  qui  en  prit  possession  le  5  jan- 
vier 1571  K 

Plus  tard,  par  contrat  du  4  mai  1646,  René  Riaut 
de  Calisson,  devenu  seigneur  de  Saint-Ganton, 
vendit  à  son  tour  à  Jean  Collobel,  seigneur  du  Bot, 
non  seulement  le  fief,  le  moulin  et  la  juridiction  de 
la  Couarde,  mais  encore  sa  seigneurie  de  Roche  et 
ses  terres  nobles  de  Quénairon,  la  Monneraye  et  la 
Rousselaye,  le  tout  situé  en  la  paroisse  de  Langon. 
Quelques  années  plus  tard  le  seigneur  du  Bot 
acquit  également  le  manoir  et  la  terre  de  Saint- 
Ganton  ainsi  que  la  métairie  de  la  Thévinaye,  le 
tout  en  la  paroisse  de  Pipriac  et  relevant  de  la 
seigneurie  de  Bossac  ^  C'est  alors  que  le  Bot 
devint,  par  suite  de  ces  adjonctions,  une  terre 
importante  et  mérita  vraiment  son  titre  de  sei- 
gneurie. 


1.  Archiv.  d'Ille-et-Vilaine,  E,  f««»  Collobel. 

2.  Ibidem. 


—  37  — 

Toutefois  la  juridiction  de  la  Couarde  —  qui  prit 
alors  le  nom  du  Bot  —  fut  Tobjet  d'un  différend 
entre  Tabbé  de  Redon  et  le  seigneur  du  Bot.  C'était 
un  démembrement  de  la  haute-justice  de  Brain- 
Langon  appartenant  à  Tabbaye  ;  après  la  vente  de 
ce  fief  les  Bénédictins  ne  lui  reconnurent  plus  que 
le  degré  de  moyenne-justice.  Comme  le  seigneur 
du  Bot  voulait  l'exercer  en  degré  supérieur  et  dans 
une  maison  du  bourg  de  Langon,  appelée  naguères 
la  Chambre  du  Bot  mais  transformée  par  lui  en  audi- 
toire, l'abbé  de  Redon  lui  fît  défendre  en  1684  d'avoir 
un  auditoire  dans  son  bourg  et  d'exercer  une  haute 
juridiction.  Aussi  en  1767  Tintendant  de  Bretagne 
déclara-t-il  que  M.  de  Collobel  du  Bot  n'avait  en  son 
fief  qu'une  moyenne-justice  qu'il  exerçait  en  Renac  K 

Cela  n'empochait  pas  le  seigneur  du  Bot  d'être  en 
possession  de  plusieurs  prééminences  dans  l'église 
paroissiale  de  Langon.  Dès  1587,  il  obtint  de  Paul- 
Hector  Scotti,  abbé  de  Redon,  la  permission  de 
jouir  à  perpétuité  dans  la  chapelle  Saint-Jean,  nou- 
vellement construite  au  haut  du  collatéral  méridio- 
nal de  la  nef,  «  de  tombes  et  enfeus  ainsi  qu'il  avoit 
précédemment  fait,  et  mesme  d'apposer  aux  parois 
et  murailles  d'icelle  en  peinture  les  armoiries  et 
alliances  de  sa  maison,  et  d'y  ériger  un  banc  et 
accoudoir  de  bois  simple,  sans  queue  ni  armoiries, 
pour  se  servir  oyant  (écoutant)  la  saincte  messe, 
sans  que  pour  ladite  permission  luy  et  les  siens 
puissent  prétendre  aucun  droit  de  propriété  aux 
fonds  et  superficie  d'icelle  chapelle  2.  » 

D'autre  part  en  1520  Guillaume  du  Gahil,  recteur  de 


1.  Archives  d*llle-et' Vilaine,  G. 

2.  Archives  d'IUe-et- Vilaine,  1  H  2,  101. 


—  38  — 

Langon,  avait  concédé,  avec  Tagrément  des  moines 
de  Redon,  à  son  frère  Jean  du  Gahil,  seigneur  de 
Roche,  le  droit  d'avoir  «  deux  tombes  au  chanceau 
de  réglise  de  Langon,  du  costé  de  Tévangile,  soubz 
une  voulte  que  ledit  seigneur  de  Roche  fera  con- 
struire pour  faire  communiquer  la  chapelle  de  la 
Vierge  avec  ledit  chanceau*.  »  Or,  cette  chapelle 
de  la  Sainte-Vierge  —  absidiale  romane  très  cu- 
rieuse subsistant  encore  —  portait  vulgairement  le 
nom  de  chapelle  de  Roche  et  était  revendiquée  par 
les  seigneurs  de  ce  nom  qui  avaient  fait  à  son  autel 
une  fondation  de  messes.  Devenu  en  1646  proprié- 
taire de  Roche,  le  seigneur  du  Bot  voulut  jouir  de 
ces  prééminences  tant  à  la  chapelle  do  Notre-Dame 
qu'au  chanceau  même  de  Téglise. 

Exagérant  l'étendue  de  ses  privilèges,  Françoise 
de  Bégasson,  veuve  de  Jean  Collobel,  seigneur 
du  Bot,  prétendit  avoir  droit  à  deux  chapelles  sei- 
gneuriales et  prohibitives  dans  Téglise  de  Langon, 
Tune  au  Midi,  dédiée  à  saint  Jean,  à  cause  de  sa 
terre  du  Bot,  l'autre  au  Nord,  dédiée  à  la  Sainte 
Vierge,  en  raison  de  sa  terre  de  Roche.  De  là 
naquit,  entre  cette  dame  et  Fabbaye  de  Redon,  un 
grand  procès  au  cours  duquel  procès-verbal  de 
l'état  de  Téglise  de  Langon  fut  dressé  le  27  août  1653. 
On  y  relata  deux  pierres  tombales  armoriées  dans 
le  chanceau  de  Téglise,  d'autres  tombes  dans  les 
chapelles  contestées  et  plusieurs  blasons  dans  les 
vitres  et  sur  les  murailles.  Mais  tous  les  blasons 
lisibles  étaient  récents,  portant  les  armes  de  la 
dame  du  Bot  accolées  à  celles  de  son  défunt  mari, 
c'est-à-dire  :  (Vargent  à  /a  bande  de  sable  chargée  de 

l.  Archives  d'Iile-et- Vilaine,  E,  f»"  Collobel. 


—  39  ~ 

trois  molettes  d'or,  qui  est  Collobel,  et  :  d  argent  à 
la  bécasse  de  gueules,  qui  est  de  Bégasson.  Aussi 
Françoise  de  Bégasson  fut-elle  en  1684  déboutée  de 
ses  prétentions  honorifiques  en  Téglise  de  Langon 
et  condamnée  «  à  démolir  les  écussons  et  les  trois 
bancs  à  queue  qu'elle  avoit  placés  au  haut  de  Téglise, 
notamment  sous  une  voûlte  du  costé  de  l'évangile  à 
l'entrée  de  la  chapelle  de  Roche*.  » 

Les  seigneurs  du  Bot  conservèrent  toutefois  un 
banc  dans  l'église,  conformément  à  l'autorisation 
donnée  en  1587,  et  un  enfeu  dans  le  chancoau,  sous 
la  voîite  de  Roche. 

D'après  les  aveux  du  xvi*  siècle  le  domaine  proche 
du  Bot  se  composait  à  cette  époque  du  manoir  de 
ce  nom  et  de  sa  retenue,  d'une  maison  et  d'une 
vigne  au  bourg  de  Langon,  d'un  étang  et  d'un 
bois  qu'avait  afféagés  en  1570  l'abbé  Scotti  à  Claude 
Collobel,  enfin  des  prairies  de  Villeneuve.  Mais  au 
xviii*  siècle  à  ce  fonds  primitif  se  trouvaient  joints 
les  anciens  manoirs  de  Roche  et  de  Saint-Ganton, 
dont  il  reste  encore  d'intéressants  vestiges,  les 
maisons  nobles  de  Quenairon  et  de  la  Monneraye, 
les  métairies  du  Bas-Bot,  la  Nouaye,  la  Bossuaye, 
le  Margat,  Mériéneux,  la  Rousselaye,  Bodiguel,  la 
Carrouaye,  le  Breil,  le  Boulay,  la  Thévinaye  et  la 
Courvairie,  les  étangs  de  la  Vallée-Renaud  et  de 
Mériéneux,  le  moulin  à  vent  de  la  Couarde,  etc.  - 

Près  du  manoir  du  Bot  s'élevait  une  chapelle. 
En  1517  le  vicaire  général  de  Laurent  Pucci,  car- 
dinal des  Quatre-Couronnés  et  évêque  de  Vannes, 
autorisa  Guillaume  Collobel,  seigneur  du  Bot,  et 
Julien  Collobel,  son  fils,  à  construire  une  chapelle 

1.  Archives  d*Ille-et- Vilaine,  1  H  2,  101. 

2.  Déclarations  de  la  seigneurie  du  Bot  en  1675  et  1783. 


—  40  — 

non  loin  de  leur  demeure.  Deux  ans  plus  tard,  le 
représentant  à  Vannes  de  ce  cardinal,  Geoffroy  Le 
Borgne,  évêque  de  Tibériade,  vint  au  manoir  d'Al- 
lérac  en  Saint-Just  chez  la  dame  du  lieu,  Fran- 
çoise du  Vergier,  veuve  de  Jean  Gallery,  seigneur 
de  Coëtbo,  et  belle-mère  du  seigneur  du  Bot.  Le 
31  août  1519,  ce  prélat  se  rendit  d'Allérac  au  Bot  et 
consacra  la  nouvelle  chapelle  de  ce  manoir  «  en 
rhonneur  de  Nostre-Dame,  saint  Christophe  et  saint 
Etienne;  »  puis  il  accorda  quarante  jours  d'indul- 
gences à  ceux  qui  la  visiteraient  dévotement  et  y 
prieraient  le  jour  anniversaire  de  sa  dédicace*.  Plu- 
sieurs prêtres  du  pays,  Pierre  Trégus,  Jean  de 
Roche,  Robert  Hurtel,  Julien  Gaudin,  André  Pavin, 
Jean  Riallan  et  Michel  Chevrier  assistèrent  à  la  cé- 
rémonie. Cette  chapelle  du  Bot  n'existe  plus,  mais 
sa  cloche  est  encore  conservée  au  bourg  de  Langon. 
La  terre  du  Bot  appartenait  en  1828  à  M.  Burot 
de  Carcouët;  c'est  aujourd'hui  la  propriété  de  M.  des 
Moulins  de  Rochefort.  L'ancien  manoir  subsiste  en- 
core avec  sa  tourelle  octogone,  mais  c'est  une  con- 
struction offrant  peu  d'intérêt;  à  côté  se  dresse  tou- 
jours la  fuie  seigneuriale.  Au  bout  d'une  longue 
rabine  on  projeté  de  bâtir  un  château  moderne  dont 
les  premiers  éléments  apparaissent  déjà.  La  beauté 
de  cette  propriété  du  Bot  consiste  surtout  dans 
l'étendue  de  la  terre,  dans  les  grands  bois  et  vastes 
étangs  qu'elle  renferme. 

L'abbé  GUILLOTIN  DE  GORSON, 

chan.  bon. 


1.  Archiv.  d'IUe-et-Vilaine,  E,  U*  Collobel. 


LE  VIEUX  RENNES 


c  Le  vieux  Rennes  s'en  va  !  Encore  quelque 
temps,  il  n'en  restera  plus  rien.  » 

(P.  de  la  Bigne,  Bulletin  de  la  Société' 
archéologique  d' /Ile-et-Vilaine  de  1867,  tome  VI, 
p.  101.) 

Que  de  souvenirs  disparus  depuis  que  ces  lignes 
ont  été  écrites!  Que  de  vieilles  maisons  démolies! 
Que  de  rues  transformées,  au  profit  de  Thygiène 
sans  doute,  mais  aux  dépens  du  pittoresque!  Que 
de  nouveaux  percés  rendant  méconnaissables  les 
anciens  quartiers  de  la  ville!  Chaque  jour  emporte 
un  lambeau  du  Vieux  Rennes,  aussi  est-il  grand 
temps  de  sauver  de  Toubli  les  rues  et  les  monu- 
ments disparus  et  de  relever  les  rares  vestiges  qui 
subsistent  encore  :  c'est  ce  qui  nous  a  décidé  à 
entreprendre  ce  travail. 

Pour  réaliser  notre  projet,  nous  nous  sommes 
efforcé  de  rassembler  en  un  seul  faisceau  les  docu- 
ments parus  jusqu'à  présent  sur  le  vieux  Rennes 
et  disséminés  ça  et  là  dans  les  ouvrages  et  les  re- 
vues archéologiques;  —  nous  y  avons  ajouté  des 
renseignements,  inédits  pour  la  plupart,  puisés 
dans  les  précieux  dépôts  de  nos  Archives  départe- 
mentales et  municipales;  —  enfin,  nous  avons  décrit 
avec  soin  les  monuments  qui  existent  encore,  et 
tenté  de  superposer  sur  un  plan  la  ville  ancienne  et 

XXXIII  9 


—  42  - 

la  ville  moderne,  pour  faciliter  Tétude  historique  de 
chacune  de  nos  rues.  —  Nous  avons  réuni,  en  un 
mot,  sur  la  vieille  ville,  le  plus  de  documents  qu'il 
nous  a  été  possible,  considérant  tous  les  détails 
comme  importants  et  ne  voulant  en  négliger  aucun. 

Dans  le  plan  joint  à  ce  travail,  les  traits  rouges 
représentent  la  ville  à  la  veille  de  linccndie  de  1720; 
c'est  à  peu  de  chose  près  la  ville  des  xvi*  et 
xv!!**  siècles.  Les  traits  noirs  figurent  les  rues  et 
les  monuments  postérieurs  à  Tincendie.  Les  juxta- 
positions de  traits  rouges  et  noirs  désignent  les 
rues  et  les  monuments  qui  existaient  déjà  avant 
1720  et  qui  subsistent  encore  aujourd'hui.  Nous 
prévenons  toutefois  que  ce  plan  ne  saurait  être 
rigoureusement  exact,  car  il  n'existe  aucun  relevé 
absolument  géométrique  des  quartiers  disparus. 

Le  plan  au  trait  noir  est  extrait  de  VAnnuaire 
Officiel  dllle-et' Vilaine;  M.  Fr.  Simon  a  eu  Tama- 
bilité  de  le  mettre  gracieusement  à  notre  disposi- 
tion, et  nous  n'avons  eu  qu'à  le  faire  agrandir  à 
une  échelle  convenable;  qu'il  veuille  bien  recevoir 
ici  l'expression  de  notre  plus  vive  gratitude. 

Ce  plan  étant  à  une  échelle  très  réduite,  il  avait 
fallu  exagérer  la  largeur  des  rues  pour  pouvoir 
inscrire  leurs  noms;  il  en  résulte  sur  le  nôtre  une 
légère  déformation  de  certaines  rues  anciennes,  à 
laquelle  nous  n'avons  pu  remédier.  La  place  nous 
a  manqué  aussi  pour  écrire  à  Tencre  rouge  le  nom 
des  rues  anciennes,  nous  avons  dû  y  suppléer  par 
des  chiffres. 

La  lecture  intégrale  de  ce  travail  serait,  nous  le 
savons,  singulièrement  fastidieuse;  nous  n'avons 
entendu  faire  ici  qu'un  ouvrage  à  consulter,  trop 
heureux  si  les  amis  du   vieux   Rennes  peuvent  y 


-  43  - 

trouver,  sur  tel  ou  tel  point  déterminé,  un  rensei- 
gnement intéressant  pour  eux  :  c'est  pourquoi  nous 
avons  décrit  la  ville  rue  par  rue,  en  suivant  Tordre 
alphabétique. 

Loin  de  nous  la  pensée  d'avoir  fait  une  étude 
complète,  nous  en  sentons  mieux  que  personne  les 
lacunes,  elle  contient  probablement  aussi  des  er- 
reurs; ceux  qui  pourront  trouver  quelque  intérêt  à 
la  lecture  de  ces  notes  voudront  bien,  nous  Tespé- 
rons,  nous  aider  à  les  compléter  :  nous  leur  adres- 
sons un  pressant  appel,  en  leur  promettant  que 
toute  communication  de  leur  part  sera  accueillie 
avec  reconnaissance. 

Les  principaux  ouvrages  et  documents  consultés 
par  nous  sont  les  suivants  : 

Archives  départementales  :  Fonds  des  couvents  d'hommes  et 
de  femmes,  —  de  l'Evêché,  —  du  (Chapitre,  —  des  Eglises  pa- 
roissiales, —  de  l'Intendance,  —  des  Etats  de  Bretagne  (et 
principalement  pour  ce  dernier  fonds  :  les  Reformations  du 
domaine  de  Rennes  de  1455  (copie)  et  de  1G46.  C,  3340  et  3341, 
et  le  procès-verbal  de  l'incendie  de  1720.  C,  3328  et  3329). 
—  r*lans  anciens.  —  Cartons  de  M.  Paul  de  la  Rigne. 

Archives  municipales  et  Comptes  des  Miseurs  de  Rennes.  — 
Cartiilaire  de  l'abbaye  de  Saint- Melaine,  —  Description  de  la 
Bretagne^  par  le  président  de  Robien,  —  Recueil  historique 
sur  la  cille  de  Rennes,  par  Gilles  de  I^anguedoc  (1724  .  (Ces 
trois  derniers  ouvrages  sont  manuscrits  et  conservés  à  la  Bi- 
bliothèque de  Rennes.)  —  Plans  anciens  déposés  à  la  Biblio- 
thèque de  Rennes. 

Pouillé  historique  de  l'archevêché  de  Rennes^  par  le  cha- 
noine Guillotin  de  Corson  (1880-1886|. 

Bulletins  et  Mémoires  de  la  Société  archéologique  d'Ille^et-^ 
Vilaine. 

Histoire  de  Bretagne,  par  A.  de  la  Borderie. 


—  44  — 

Les  Rues  de  Rennes  et  Rennes  Illustré,  par  L.  Decombe. 

Histoire  de  Rennes,  par  Marteville. 

Histoire  archéologique  de  l'époque  gallo-romaine  de  la  cille 
de  Rennes,  par  Toulmouche  (1846). 

Souvenirs  de  Rennes  et  Album  breton,  par  Ducrest  de  Vil- 
leneuve (1842). 

Essai  topographique,  historique  et  statistique  sur  la  caille  de 
Rennes,  par  labbé  Manet  (1838). 

Résumé  du  cours  d'Archéologie  professé  au  Séminaire  de 
Rennes,  par  1  abbé  Brune  (1846). 

Terrier  de  la  partie  incendiée  de  la  saille  de  Rennes  (1739). 

Cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Georges ,  par  P.  de  la 
Bigne(1876). 

Catalogue  du  Musée  Archéologique  de  Rennes  (1876). 

Itinéraire  de  Bretagne,  par  Dubuisson-Aubenay  (1636).  (Ar- 
chives de  Bretagne,  tome  IX.) 

Jean  du  Clos-Bossart,  par  le  comte  de  Palys  (1888). 

L'hôpital  Saint-  Yi^es  de  Rennes,  par  le  comte  de  Bellevûe 
(1895). 

Hippolyte  Vatar,  par  A.  de  la  Borderie  (1894). 

L'art  architectural  en  France,  de  François  /•''  à  Louis  X  VI, 
par  Rouyer  et  Darcel  (Noblet  et  Baudry,  1863). 

Une  famille  de  monnoyeurs  à  Rennes,  par  Ed.  Aubrée  (1903). 

Le  Palais  de  Justice  de  Rennes,  par  H.  Bourdonnay  (1902). 

Le  duc  d'Aiguillon  et  La  Chalotais,  par  B.  Pocquet  (1900- 
1901). 

Les  Origines  de^la  Rés>olution  en  Bretagne,  par  B.  Pocquet 
(1885;. 

Nous  croyons  utile  enfin  d'indiquer,  d'après  Tobli- 
geante  communication  de  M.  L.  Decombe*,  les  dif- 
férents plans  de  Rennes,  sur  lesquels  on  peut  suivre 
les  transformations  successives  de  la  ville  : 


1.  Nous  acquittons  ici  une  véritable  dette  de  reconnaissance  en  remer- 
ciant M.  Decombe  des  conseils  et  des  renseignements  nombreux  qu'il  a 
bien  voulu  nous  donner  et  qui  ont  grandement  facilité  notre  tâcbe. 


—  45  — 

Plan  ou  vue  cavalière  de  d'Argentré  (1616),  gravé  par  Glosche. 
Il  figure  dans  la  troisième  édition  de  Y  Histoire  de  Bretagne, 
de  Bertrand  d'Argentré.  Ce  plan  a  été  reproduit  dans  les  Sou- 
ifenirs  de  Rennes,  par  Ducrest  de  Villeneuve,  —  dans  VHis-- 
toire  de  Rennes,  par  Ducrest  de  Villeneuve  et  Maillet,  —  et 
dans  la  Notice  historique  sur  le  Petit  Saint-Méen,  par  Le 
Menant  des  Chesnais.  —  On  en  conserve  un  exemplaire  au 
Musée  archéologique. 

Plan  de  1638,  formant  la  dixième  planche  des  Plans  et  pro~ 
filz  des  principales  Mies  de  la  province  de  Bretaigne.  Ces 
cartons  font  partie  d'un  atlas  intitulé  :  Les  plans  et  profils  de 
toutes  les  principales  i^illes  et  lieu. r  considérables  de  France, 
par  Tassin. 

Vue  cavalière  de  1644. 

Autre  vue  cavalière  analogue  et  contemporaine. 

Plan  de  Hévin,  de  1685  environ,  reproduit  dans  Y  Histoire  de 
Rennes,  de  Ducrest  de  Villeneuve  et  Maillet. 

Plan  de  la  partie  de  la  ville  de  Rennes  incendiée  en  1720. 
(Bibliothèque  de  Rennes.) 

Plan  de  l'incendie  de  la  ville  de  Rennes,  par  Robelin  (1722), 
manuscrit,  appartenant  à  M.  Paul  Vatar. 

Plan  de  1726,  levé  par  Forestier  et  gravé  par  Robinet. 

Plan  levé  en  1764  par  Forestier  et  gravé  par  Ollivault  vers 
1775;  il  est  dédié  à  l'intendant  Gaze  de  la  Bove.  Ce  plan  a  été 
retouché  vers  1804  et  après  1806. 

Plan  cadastral  de  1809. 

Plan  de  la  Bourdonnay  (1813).  C'est  une  réduction  de  celui 
de  1775. 

Plan  manuscrit  de  Lalanne  (1822). 

Plan  de  1829,  par  Landais. 

Plans  de  Lorgeril  (1829  et  1830),  par  Périaux. 

Plan  de  1838,  par  Landais  et  Marteville;  il  se  trouve  dans 
Y  Essai  topographique  sur  la  i^ille  de  Rennes,  par  l'abbé  Manet. 

Plan  cadastral  de  1840. 

Plan  de  1842,  par  Landais;  on  le  trouve  dans  les  Sous>enirs 
de  Rennes,  par  Ducrest  de  Villeneuve. 

Plan  de  1846,  par  A.  Toulmouche;  il  est  joint  à  Y  Histoire 


.  -  /i6  — 

archéologique  de  C époque  gallo-romaine  de  la  ville  de  Rennes, 
par  le  même. 

Plans  de  1840  à  1852,  par  I.andais  et  Oberihûr. 

Plan  de  1854,  par  Gaboriaud. 

Plan  de  1854,  par  Oberiliftr,  fait  pour  la  Compagnie  des 
Chemins  de  fer  de  l'Ouest. 

Plans  tout  modernes  et  non  datés,  publiés  par  les  maisons 
Dubois  et  Simon. 

Avant  de  commencer  la  description  de  nos  rues, 
il  nous  a  semblé  nécessaire  de  donner,  dans  un 
préambule,  une  idée  générale  de  Rennes  aux  diffé- 
rentes époques  de  son  histoire. 


PRÉAMBULE 


I.  Rennes  à  Pépoque  gauloise. 

Avant  rentrée  des  armées  romaines  en  Gaule, 
Rennes,  capitale  des  Reclones,  était  appelée  Condate 
(confluent),  à  cause  de  sa  position  au  confluent  de 
rille  et  de  la  Vilaine;  Jules  César  la  mentionne  au 
nombre  des  cités  armoricaines  L  Elle  ne  semble  pas 
avoir  été  alors  un  centre  très  important;  il  n'existait 
guère,  du  reste,  en  Gaule  à  cette  époque  que  de 
simples  villages. 

On  a  trouvé  jusqu'ici  fort  peu  d'objets  antérieurs 
à  la  domination  romaine;  on  signale  seulement 
quelques  monnaies  gauloises  et  une  petite  hache 
en   bronze  extraite  du   lit  de   la   Vilaine,   —  deux 


1.  Description  de  la  Bretagne,  par  le  Président  de  Robien,  p.  33. 
Biblioth.  Municipale,  man.  —  Histoire  de  Bretagne,  par  d'Argentré,  p.  27, 
—  Histoire  de  Bretagne  y  par  A.  de  la  Borderit*,  I,  13ii 


—  47  - 

haches  et  deux  lames  d'épées  en  bronze,  du  type 
Morgien,  provenant  des  fondations  du  n**  20  du 
quai  Duguay-Trouin  et  déposées  au  Musée  archéo- 
logique, —  et  enfin  une  dizaine  d'autres  objets 
gaulois  '. 

II.  Rennes  à  l'époque  gallo-romaine. 
(Civitas  Redonum.)^ 

L'époque  gallo-romaine,  au  contraire,  a  laissé 
des  traces  nombreuses  prouvant  que  Rennes  était 
devenue  une  ville  relativement  considérable.  On  n'y 
a  pas  rencontré,  il  est  vrai,  de  grands  édifices 
publics  (temples,  bains,  théâtres,  etc...)?  mais  on  a 
constaté  Texistencc  d'une  enceinte  fortifiée,  —  de 
plusieurs  conduites  d'eau,  —  d'un  cimetière  près 
du  bâtiment  des  Archives  départementales  (place 
Saint-Melaine);  —  on  a  recueilli  des  pierres  mil- 
liaires  (n^**  7  à  11  ,  rue  Rallier  du  Baty) ,  —  des 
autels  votifs  (place  Saint-Michel),  —  des  inscrip- 
tions, —  des  débris  de  toutes  sortes,  —  et  près  de 
cinquante  mille  pièces  de  monnaie  dans  la  Vilaine 
(quai  Chateaubriand)  et  sur  l'emplacement  du  bâti- 
ment des  Archives  départementales.  —  En  outre, 
la  découverte  en  1774,  près  de  Tllôtel  d'Artillerie, 
d'une  superbe  patère  d'or  dédiée  à  Bacchus  et  de 
plusieurs  autres  objets  en  or,  fait  sup[)oser  qu'il 
existait  près  de  là  un  temple  de  Bacçlnis.  (Voir 
n**  17,  rue  de  Dames.)  —  Enlin  de  nombreuses 
voies  romaines  aboutissaient  à  la  ville  :  la  Table 
Théodosienne  cite  celles   d'Angers,  de   Corseul    et 


1.   Bulletin  de  la  Société  archëol.  d' Il le-et- Vilaine,  XVI,   !'•  partie, 
p.  XXXVI,  64  et  65.  L.  Decombe,  Planches. 
"Z.  Histoire  de  Bretagne,  par  A.  de  la  Borderie,  I,  1*33. 


—  48  — 

d'Avranches;  rZ/ineraiVe  d'Antonin  mentionne  celle 
de  Valognes,  et  on  peut  y  ajouter  au  moins  celles 
de  Carhaix  et  de  Vannes  «,  et  aussi  celles  de 
Nantes  et  du  Mans. 

La  ville  gallo-romaine,  sans  être  une  ville  de 
premier  ordre,  avait  donc  déjà  une  certaine  impor- 
tance. 

Muraille  d'enceinte  gallo-romaine  (V«  enceinte^). 

Appareil.  —  La  muraille  d'enceinte  se  composait 
à  sa  base  d'une  maçonnerie  confuse  de  blocs  de 
schiste  gris  non  appareillés  et  reliés  entre  eux  par 
un  mortier  jaune  très  dur,  mêlé  de  graviers;  —  au- 
dessus  se  trouvaient  des  pierres  de  granit  juxtapo- 
sées, accompagnées  parfois  de  débris  de  monuments 
et  de  fûts  de  colonnes,  comme  dans  toutes  les  en- 
ceintes de  cette  époque;  —  un  massif  de  grandes 
briques  noyées  dans  un  ciment  rouge  surmontait 
cette  assise  de  granit;  —  enfin,  la  partie  supérieure 
du  mur  était  formée  par  des  lignes  de  pierres  cu- 
biques constituant  le  petit  appareil  régulier  et  sé- 
parées, de  trois  rangs  en  trois  rangs,  par  trois 
rangées  parallèles  de  briques. 

Les  assises  inférieures  de  schiste  et  de  granit 
s'élevaient  parallèlement  au  sol  et  en  suivaient  les 
différentes  inclinaisons;  le  massif  de  briques,  au 
contraire,  augmentait  ou  diminuait  de  hauteur  sui- 
vant les  mouvements  du  terrain,  il  dépassait  parfois 
deux  mètres  et  préparait  ainsi  un  lit  horizontal  aux 
assises  de  petit  appareil.  Il  semble,  d'après  les  por- 


1.  Histoire  de  Bretagne  y  par  A.  de  la  Borderie,  I.  p.  147,  148. 

2.  Ihid.,  134. 


—  49  — 

tions  de  murailles  qui  ont  pu  être  étudiées,  que  la 
hauteur  du  mur  variait  entre  onze  et  quatorze 
mètres,  ce  qui  est  la  hauteur  moyenne  des  enceintes 
gallo-romaines  '. 

C'est,  sans  doute,  la  grande  quantité  de  briques 
employées  dans  la  construction  de  la  muraille,  qui 
a  valu  à  Rennes  au  moyen-âge  le  surnom  de  Civitas 
rubra  (ville  rouge)  '^. 

Périmètre,  —  Le  mur  d'enceinte,  en  prenant  pour 
point  de  départ  la  place  de  la  Mission,  coupait 
d'abord  obliquement  cette  place  du  Sud-Est  au 
Nord-Ouest  en  passant  derrière  la  croix,  puis  lon- 
geait les  cours  des  maisons  Est  de  la  rue  Nantaise, 
gagnait  la  Porte  Mordelaise,  suivait  le  côté  Sud  de 
la  place  des  Lices  et  rejoignait  le  Bazar  Parisien  et 
rhôtel  de  la  Rivière  (n***  5  et  7,  rue  Rallier  du  Baty). 
Tournant  alors  vers  le  Sud,  il  suivait  la  ligne  des 
maisons  Est  de  la  rue  Châteaurenault,  passait  sous 
le  Présidial  (aile  Nord  de  THôtel  de  Ville),  longeait 
la  rue  de  l'Horloge  et  le  côté  Ouest  de  la  rue  de 
Rohan,  puis,  se  dirigeant  vers  l'Ouest,  il  gagnait  le 
quai  Duguay-Trouin  entre  la  rue  de  Rohan  et  l'es- 
calier du  Carthage,  et  passait  sous  les  maisons  du 
quai  jusqu'à  la  place  de  la  Mission. 

On  rencontre  en  différents  endroits,  non  plus  le 
mur  gallo-romain  complet,  mais  celui  du  moyen- 
âge,  reconstruit  sur  ses  fondations;  nous  citerons 
les  cours  des  n*'  iO,  16  et  18  de  la  rue  Nantaise,  — 
celle  du  n*'  5  de  la  rue  Rallier  du  Baty,  et  les  n"  4 
et  6  de  cette  rue,  —  et  sur  le  quai  Duguay-Trouin, 


1.  Hippolyte  Vatar,  par  A.  de  la  Borderie,  p.  69. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Martoville,  II,  p.  33.  —  Histoire  de  lire- 
tagne,  par  d'Ârgentré,  p.  28.  —  Histoire  de  Bretagne,  par  A.  de  la  Bor- 
ne, I,  134. 


—  50  — 

Tescalier  du  Carthage,  les  n**'  14  et  18,  la  cour  du 
n**  28,  et  le  jardin  de  Thôtcl  do  Goniac,  à  Textrémité 
Ouest  du  quai. 

L'enceinte  gallo-romaine  est  datée  par  la  décou- 
verte de  bornes  milliaires  faite  à  sa  base,  en  1890, 
dans  le  sous-sol  du  Bazar  Parisien  (n**  7,  rue  Rallier 
du  Baty).  Les  plus  récentes  de  ces  bornes  sont  du 
règne  de  Tetricus  le  père  (268-273)*;  or,  on  sait  que 
les  barbares  germains  ont  ravage  la  Gaule  ix  plu- 
sieurs reprises  de  268  à  278;  c'est  donc  probable- 
ment à  cette  époque  que  remonte  le  premier  mur 
d'enceinte  de  Rennes 

Portes.  —  La  muraille  était  vraisemblablement 
percée  de  quatre  portes,  comme  dans  toutes  les 
villes  gallo-romaines  :  la  porte  Mordelaise^  condui- 
sant à  Vannes,  Carhaix  et  Corseul,  —  la  po?'/e  Chas- 
telière  (n''  5,  rue  Rallier  du  Baty),  conduisant  à  Va- 
lognes  et  à  Avranches,  —  la  porte  Baitdrière  ou 
Baudraère  (vers  TEst  de  la  rue  Beaumanoir),  menant 
à  Lisieux,  Le  Mans  et  Angers,  —  et  la  porte  Aivière^ 
porta  aquaria  (au  Sud  de  la  rue  le  Bouteiller),  con- 
duisant à  Nantes'.  Notons  toutefois  que  les  docu- 
ments anciens  ne  mentionnent  que  la  deuxième  et 
la  ({uatrième. 

L'enceinte  était  à  peu  près  carrée  et  comprenait 
environ  9  hectares  s,  mais  ce  n'était  là  que  la  ville 
fortifiée,  Voppidum;  ses  faubourgs  et  ses  villse  s'éten- 
daient, comme  dans  les  autres  cités,  en  dehors  des 
fortifications  et  principalement  du  côté  de  la  Barre 


1.  Bulletin  de  la  Société  archéologique  d'Illeet-Vilaine,  t.  XX,  2«  par- 
tie, p.  85.  L.  Decombe. 

2.  Fouillé  historique  de  l'archevêché  de  Rennes,  par  le  chanoine 
Guillotin  de  Cor^on,  t.  V,  p.  r>59. 

3.  Histoire  de  Bretagne,  par  A.  de  la  lV)rderie,  1.  lî^3. 


—  51  — 

Saint-Just  (extrémité  de  la  rue  de  Fougères),  dans 
le  quartier  du  Pont  Saint-Martin  et  sur  les  coteaux 
de  rille. 

La  ville  entourait  alors,  on  le  voit,  la  cathédrale 
actuelle.  Il  convient  toutefois  de  mentionner,  pour 
mémoire,  Topinion  contraire  du  président  de  Ro- 
bien  *,  qui  la  plaçait  plus  au  Nord,  sur  le  coteau  de 
la  rive  gauche  de  Tille.  Il  se  basait  sur  les  traces 
d'un  mur  gallo-romain,  découvert  par  lui  et  cons- 
truit en  pierres  et  en  briques  à  rebords  2.  Ce  mur, 
relevé  dans  la  rue  de  Juillet,  décrivait  de  nombreux 
zigzags,  passait  dans  la  rue  d'Echange  entre  l'Hô- 
pital militaire  et  Téglise  du  vieux  Saint-Etienne, 
puis  à  rOuest  de  Tlnstitution  Saint-Martin  (n®  31, 
rue  d'Antrain),  à  TOuest  et  au  Nord  de  l'ancienne 
église  Saint-Martin  (n"*  4,  rue  Saint-Martin),  et  dis- 
paraissait près  du  moulin  du  même  nom^.  Il  est 
reconnu  aujourd'hui  que  cette  muraille  ne  pouvait 
être  un  mur  d'enceinte  et  on  est  porté  à  y  voir  la 
base  d'un  aqueduc;  M.  Ramé  y  a  même  observé  par 
endroit  les  vestiges  d'un  canal  intérieur  en  briques 
et  en  ciment  rose^ 

III.  Rennes  du  V«  au  XV«  slôcle. 

On  ne  sait  pas  au  juste  à  quelle  époque  la  ville 
de  Rennes  fut  évangélisée.  Une  tradition  basée 
sur  un  ancien  manuscrit  des  archives  de  la  cathé- 
drale  donne  une  liste  ininterrompue  des  premiers 


1.  Description  de  la  Bretagne,  p.  11.  Bibliolh.  munie.  Ms. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  9. 

3.  Plan  de  Rennes  de  1775.  ^ 

4.  Procès-verbaux  de  la  Société  archéologique  d'Ule-et-Vilaine.  de  184^ 
à  1858,  p.  168, 


—  52  — 

évêques,  qui  commence  par  saint  Maximin,  contem- 
porain de  J.  C;  cette  tradition  toutefois  n'est  ap- 
puyée sur  aucune  preuve  historique  et  ne  peut 
guère  être  admise.  Le  premier  évêque  connu  d'une 
façon  certaine  est  Athénius  ou  Arthemius ,  qui 
assista  en  461  au  concile  de  Tours,  ou  peut-être 
Febediolus,  qui  aurait  souscrit  par  procureur  à 
celui  de  Fréjus  vers  439;  mais  il  est  possible  qu'il  y 
ait  eu  auparavant  des  évêques  à  Rennes,  il  se  peut 
même  que  la  religion  chrétienne  ait  été  prêchée 
dans  la  ville  dès  le  i"  siècle,  sans  qu'il  en  soit  ré- 
sulté la  création  d'un  siège  épiscopal  durable'. 

Depuis  la  fin  du  v"  siècle  jusqu'au  milieu  du 
ix",  le  pays  de  Rennes  a  constitué  une  marche 
sous  la  domination  des  rois  franks  ;  la  ville 
ne  devint  définitivement  bretonne  qu'à  cette  der- 
nière époque.  Nominoë,  après  s'en  être  emparé 
en  850,  pratiqua  de  grandes  brèches  en  plusieurs 
endroits  de  ses  murs  pour  empêcher  les  Franks  de 
s'y  fortifier  de  nouveau.  Les  Bretons,  affermis  peu 
après  dans  la  possession  de  la  ville,  réparèrent  ces 
brèches  d'après  le  système  romain  mais  avec  une 
perfection  beaucoup  moins  grande  :  leurs  restau- 
rations ont  été  retrouvées  dans  le  sous-sol  du 
Bazar  Parisien  et  près  de  Toscalier  du  Carthage; 
on  voyait  en  ce  dernier  endroit  lappareil  en  arêtes 
de  poisson  -. 

La  muraille,  ainsi  reprise  au  ix'  siècle.  Ta  encore 
été,  et  d'une  façon  beaucoup  plus  complète,  au 
xii%  toujours  sur  les  mêmes  bases  gallo-romaines. 

Portes,  —  L'enceinte  était  au  xii*  siècle  percée  de 

1.  Ponillé  de  Rennes,  chanoine  GuiUotin  de  Corson.  I,  27  et  s.,  41.  40. 

2.  Histoire  de  Bretagne,  par  A.  de  la  Burderie,  I.  lîH.  —  Hippolyte 
Vatar,  par  le  môme,  p.  07. 


—  53  - 

cinq  portes  :  la  porte  Mordelaise  (devant  la  Cathé- 
drale), —  la  porte  Chastelière  (n*  5,  rue  Rallier  du 
Baty),  — la  porte  Jacquet,  au  Nord  de  la  rue  Château- 
renault,  —  la  porte  Baudrière,  appelée  aussi  Grande 
Porte  ou  porte  du  Marché  (à  TEst  de  la  rue  Beau  ma- 
noir), —  et  la  porte  Aivière  (au  Sud  de  la  rue  le 
Bouteiller)*. 

Une  poterne  existait,  en  outre,  sur  remplacement 
du  n**  6  du  quai  Duguay-Trouin,  et  une  autre  aux 
environs  du  n**  28  2;  c'est  par  cette  dernière,  croit-on, 
que  le  capitaine  de  Rennes,  Guillaume  de  Penhoët, 
fit  entrer  dans  la  ville,  pendant  le  siège  de  1356,  en 
tirant  les  oreilles  d'une  truie,  un  troupeau  de 
4,000  porcs  que  les  Anglais  faisaient  paître  dans 
le  Pré-Raoul.  M.  de  la  Borderie  pensait  toutefois 
que  cette  poterne  était  celle  de  la  porte  Morde- 
laise ^. 

Tours.  —  On  rencontrait  sur  cette  enceinte  la  tour 
du  Fourgon  ou  Saint-Denis,  à  l'extrémité  Ouest  du 
quai  Duguay-Trouin,  —  la  tour  du  Chesne  (cour  du 
n**  10,  rue  Nantaise),  —  celles  de  la  porte  Mordelaise, 

—  la  tour  Saint'Moran  ou  Saint-Modéran,  sur  la 
place  de  la  Trinité,  —  le  Château  ou  tour  de  Rennes, 
construit  sur  une  motte  (n^*  5,  rue  Rallier  du  Baty), 

—  les  tours  de  la  porte  Chastelière  (même  rue),  — 
la  tour  Saint-James,  qui  protégeait  la  porte  Jacquet 

—  une  tour  qui  défendait  la  porte  Baudrière,  —  une 
autre  près  de  la  rivière,  près  de  l'angle  Nord-Ouest 
du  pont  de  Nemours,  séparée  du  rempart  par  le 


1.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chan.  Guillotin  de  Gorson,  V,  559. 

2.  Itinéraire  de   Bretagne,    par   Dubui88on-A.ubenay  ;   Archives  de 
Brçtagne.  IX.  11. 

3.  Histoire  de  Bretagne,  par  A.  de  la  Borderie,  III,  552,  553.  —  His- 
toire de  Rennes,  par  Marteville,  II,  175. 


—  54  - 

fossé  \  —  et  sans  doute  aussi  les  tours  de  la  porte 
A ivière. 

Tel  était  Tenceinte  de  la  ville  lors  du  siège  de 
1356,  soutenu  victorieusement  contre  les  Anglais 
par  Bertrand  du  (xuesclin,  le  Boiteux  de  Penhoët  et 
Bertrand  de  Saint-Gilles. 

Rues.  —  Si  Ton  observe  le  plan  de  Rennes  de 
Hévin  (vers  1685)  sur  lequel  sont  tracées  les  trois 
enceintes  successives  de  la  ville,  on  voit  que  la 
première  renfermait  un  nombre  très  limité  de  rues, 
dont  les  principales  sont  : 

1»  Une  suite  de  rues  formant  une  sorte  d'ovale  à 
l'intérieur  des  murs  et  concentriquement  à  eux  : 
plRcis  Conan  et  place  Saint-Pierre  (voir  rue  de  la 
Monnaie),  rue  de  la  Cordonnerie  (rue  de  la  Monnaie), 
rue  de  la  Ferronnerie  (entre  les  rues  de  Toulouse 
et  du  Guesclin,  petit  Bout  de  Cohue  (à  TOuest  de  la 
rue  Châteaurenault),  rue  Tristin  (entre  les  rues  de 
THorloge  et  de  Montfort),  place  du  Calvaire,  rué 
Saint-Yves  et  rue  des  Dames; 

2**  Deux  lignes  de  rues  dirigées  de  TEst  à  l'Ouest  : 
rues  du  Chapitre  et  du  Griffon,  d'une  part,  —  rue 
Saint'Sauveur,  d'autre  part  ; 

3"  Deux  autres  lignes  dirigées  du  Nord  au  Sud  : 
rues  Saint-Guillaume^  de  la  Psalette,  des  Lauriers  et 
le  Bouteillery  d'une  part,  —  de  l'autre,  petite  rue 
Saint-Michel  (un  peu  à  l'Ouest  de  la  rue  Rallier  du 
Baty),  Grand  Bout  de  Cohue  (rue  de  Clisson  et  place 
Saint-Sauveur),  et  rue  de  la  Miterie  (à  l'Ouest  de  la 
rue  de  Montfort). 

Comme  on  le  voit,  la  plupart  de  ces  rues  existent 


1.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  178.  —  Histoire  de  Vépoque 
gallo-romaine  de  Rennes,  par  Toulmouche,  p.  203  et  215. 


—  55  — 

encore.  Ce  quartier  a  été  appelé  la  Cité  ou  ancienne 
ville.  C'est  de  la  ville  ainsi  murée  que  Tévêque  de 
Rennes,  Marbode  (fin  du  xi®  siècle),  a  fait  un  tableau 
peu  flatteur  qui  commence  par  les  vers  suivants  : 

Urbs  Redonis  spoliata  bonis,  viduata  colonis, 

Plena  dolis,  odiosa  polis,  sine  lumine  solis. 

In  tenebf^is  vacat  illecebyns,  gaudetque  latebris  *. 

Fossés  à  Gahier.  —  Le  duc  Pierre  de  Dreux  fit 
creuser  en  1237,  en  avant  de  Tenceinte,  une  ligne 
extérieure  de  défense  formée  de  douves  et  de  talus; 
cette  ligne  partait  du  Pré-Raoul  (voir  quai  dllle-et- 
Rance),  passait  près  de  la  Barre  Saint-Just  (rue 
de  Fougères),  coupait  la  rue  Hux  (n***  2  et  4,  rue 
de  Paris),  enveloppait  l'abbaye  de  Saint-Georges, 
longeait  le  Champ  de  Mars  (voir  boulevard  de  la 
Liberté),  le  Puits-Mauger  (n**  6,  rue  de  Nantes),  le 
côté  Ouest  de  la  rue  Chicogné,  et  aboutissait  au. 
Gué  de  Torcoul,  au  Sud  du  Mail  (voir  quai  de  la 
Prévalaye).  On  la  trouve  aussi  signalée  à  l'en- 
trée de  la  rue  d'Antrain,  dans  la  rue  Brizeux 
et  près  de  Montabisé  (voir  faubourg  d'Antrain), 
ce  qui  ferait  croire  qu'il  y  avait  de  ce  côté  plu- 
sieurs lignes  de  douves.  Ces  fossés,  encore  appa- 
rents à  la  fin  flu  XV'  siècle,  furent  comblés  après  la 
construction  de  la  troisième  enceinte  -. 

Marteville  met  en  doute  l'existence  des  fossés  Ga- 
hier,  signalés  par  Ogée;  plus  heureux  que  lui,  nous 
avons  trouvé  de  nombreux  documents  qui  les  men- 
tionnent de  la  façon  la  plus  précise. 


1.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  I,  '^2. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  I,  90,  91.  —  Souvenirs   de 
Rennes,  par  Ducrest  de  Villeneuve,  p.  9.  —  Cartulaire  de  Saint-Georges, 


—  56  — 

IV.  Rennes  au  commencement  du  XV«  siècle. 

(2>"«  enceinte.) 

Une  deuxième  enceinte  fut  commencée  en  1422, 
sous  le  règne  du  duc  Jean  V,  à  cause  de  Témigra- 
tion  normande  qui  suivit  la  bataille  d'Azincourt,  et 
terminée  en  1448  seulement,  sous  le  duc  François  !•'*. 
Elle  empruntait  à  la  première  ses  faces  Ouest  et 
Nord,  qui  subirent  seulement  d'importantes  restau- 
rations, puis  elle  agrandissait  considérablement  la 
ville  vers  l'Est  et  s'étendait  du  côté  Sud,  à  trente- 
cinq  mètres  environ  en  avant  de  la  première  -. 

Périmètre.  —  Se  séparant  de  Tancienne  enceinte 
vers  le  n**  3  de  l'impasse  Rallier  du  Baty,  elle  tra- 
versait la  rue  Leperdit,  passait  au  Nord  de  la  place 
du  Champ-Jacquet,  gagnait  le  Sud  de  la  rue  Pont- 
aux-Foulons  et  longeait  la  rue  de  Bertrand;  elle 
s'étendait  ensuite  au  Sud  de  la  rue  des  P'ossés, 
entourait  l'abbaye  de  Saint-Georges  en  laissant  en 
dehors  la  promenade  de  la  Motte,  puis  rejoignait 
la  Vilaine  par  la  rue  des  Francs-Bourgeois,  suivait 
les  sinuosités  de  la  rivière  et  passait  à  trente-cinq 
mètres  environ  au  Sud  de  la  première  enceinte,  pour 
se  relier  à  elle  un  peu  en  avant  de  la  tour  du  Four- 
gon. 

Tours  et  portes.  —  La  partie  nouvelle  de  l'enceinte 
comprenait  la  porte  aux  Foulons  (au  Sud  de  la  rue 


par  M.  de  la  Bigne  (1261-1271),  p.  240.  —  Arch.  dép.,  deuxième  carton  de 
M.  de  la  Bigne. 

1.  Fouillé  de  Rennes,  par  l'abbé  Guillotin  de  Corson,  V.  559.  —  Sou- 
venirs de  Rennes,  par  Ducrest  de  Villeneuve,  p.  9.  —  Histoire  de 
Rennes,  par  Marteville,  I,  126.  —  Recueil  historique  sur  la  ville  de 
Rennes,  par  Gilles  de  Languedoc,  p.  19.  Bibl.  de  Rennes;  ms. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  177.  —  Plan  de  Rennes 
de  1685. 


—  57  — 

de  la  Motte-Fablel),  la  tour  Le  Bât  (au  Sud  du  n**  20 
de  la  rue  des  Fossés),  la  porte  Saint-Georges  avec 
ses  deux  tours  (au  Nord  de  la  rue  Gambetta),  la 
tour  Neuve,  la  tour  des  Nonnes,  tour  Madame  ou 
tour  du  Milieu,  et  la  tour  de  la  Harpe  (à  l'Est  et  au 
Sud  de  Tabbaye  de  Saint-Georges),  la  porte  Saint- 
Germain  avec  ses  deux  tours  (au  Sud  de  la  place  de 
ce  nom),  une  tour  au  Nord  du  pont  de  Berlin,  une 
autre  au  Nord  de  la  rue  de  Nemours,  et  enfin  la 
porte  de  Vilaine,  protégée  par  la  tour  de  Vilaine 
ou  d'Apigné  (devant  le  n"  8  du  quai  Duguay- 
Trouin). 

On  perça  dans  cette  enceinte,  au  xvu"  siècle,  à  la 
hauteur  des  n**"  5  et  14  de  la  rue  Hoche,  la  poterne 
Saint-François,  qui  ne  tarda  pas  à  être  transformée 
en  porte. 

Les  portes  Jacquet,  Baudrière  et  Aivière,  ainsi 
que  les  deux  poternes  du  quai  Duguay-Trouin,  se 
trouvèrent  désormais  enfermées  dans  l'intérieur  de 
la  nouvelle  enceinte  et  furent  peu  après  abandon- 
nées. 

Les  traces  de  cette  enceinte  se  voient  dans  les 
cours  des  n***  10,  16,  18  et  22  de  la  rue  Nantaise,  — 
dans  la  cour  du  n**  1  de  la  place  du  Bas-des-Lices,  — 
dans  les  caves  ou  les  cours  des  n**'  5,  7,  9, 12  et  10,  et 
à  l'angle  Nord-Ouest  du  n"  14  de  la  rue  de  la  Porte- 
Mordelaise  (ces  huit  derniers  numéros  renferment 
une  partie  de  la  défense  extérieure  ou  boulevard 
de  la  Porte-Mordelaise),  —  à  la  Porte-Mordelaise, 
—  dans  le  jardin  du  n**  5  de  la  rue  de  Juillet,  —  aux 
n*'  5,  4,  6  et  18  de  la  rue  Rallier  du  Baty,  —  dans 
la  rue  Leperdit  (cour  en  contrebas  des  n*'  4  et  6  qui 
faisaient  partie  de  l'ancien  fossé),  —  derrière  les 
maisons  Nord  du  Champ-Jacquet,  —  au  Sud  des 

XXXIII  10 


—  58  — 

n"'  12  à  18  de  la  rue  de  Bertrand,  —  et  au  côté  Est 
de  la  cour  de  la  caserne  Saint-Georges. 

Rues.  —  Les  principales  artères  de  la  deuxième 
enceinte  étaient  : 

1*"  Le  Champ'J  acquêt  y  la  rue  de  la  Filanderie  (entre 
les  rues  d'Estrées  et  Châteaurenault),  la  rue  Neuve 
(sous  THôtel  de  Ville  actuel),  la  rue  de  la  Poisson- 
nerie  ou  de  la  Ilaute-Parcheminerie  (rue  de  Rohan); 

2*"  La  rue  aux  Foulons  (rue  Le  Bastard),  la  rue  de 
la  Charbonnerie  (côté  Ouest  de  la  place  du  Palais), 
la  rue  de  la  Cine  ou  de  la  Cygne  (qui  traversait  dia- 
gonalement  la  rue  de  Bourbon)  ; 

3*"  La  place  Saint-Georges  et  la  rue  des  Violiers 
(rue  Gambetta)  ; 

4*"  La  rue  du  Puits-du-Mesnil  ou  de  la  Draperie 
(de  la  rue  de  THermine  à  Tangle  Nord-Ouest  de  la 
place  du  Palais); 

5°  La  rue  de  la  Haute-Baudrairie  (entre  la  rue  de 
Volvire  et  le  quai  Lamartine),  la  rue  de  la  Basse- 
Baudrairie,  le  vau  et  la  place  Saint-Germain,  les 
rues  de  Corbin  et  des  Francs-Bourgeois  ; 

6**  La  rue  d'Orléans,  la  rue  de  la  Fannerie  (qui  tra- 
versait le  Théâtre  du  Sud-Ouest  au  Nord-Est)  et  la 
rue  Saint-Georges. 

Le  quartier  de  la  ville  ainsi  enclos  reçut  le  nom 
de  Ville-Neuve*. 

1.  Bulletin  de  la  Société  archéologique  d'Ille-et-Vil.,  VI.  120. 


—  59  — 

V.  Rennes  pendant   la  deuxième  moitié  du  XV«  siècle. 

(3me  enceinte.) 

Une  troisième  enceinte  fut  commencée  en  1449 
par  le  duc  François  I"  *  ;  elle  était  rendue  nécessaire 
par  l'accroissement  de  la  population,  dû  principale- 
ment encore  à  l'arrivée  de  nombreux  artisans  nor- 
mands*. Cette  enceinte  engloba  les  quartiers  situés 
au  Sud  de  la  Vilaine,  qui  furent  appelés  Nouvelle 
Ville^.  On  y  travailla  lentement,  parce  que  l'argent 
manquait  et  que  des  talus  palissades,  probablement 
les  Fossés  à  Gahier,  mettaient  déjà  ces  quartiers  à 
Tabri  d'un  coup  de  main  ^ 

Périmètre.  —  L'enceinte  commençait  à  la  tour  de 
la  Harpe  (angle  des  rues  Gambetta  et  Kléber), 
traversait  la  Vilaine  aux  Arches  Saint-Georges  (pont 
Saint-Georges),  longeait  l'avenue  de  la  Gare  jus- 
qu  au  boulevard  de  la  Liberté,  puis  elle  suivait  tout 
ce  boulevard  et  le  côté  Est  de  la  place  de  Bretagne, 
et  repassait  la  rivière  aux  Arches  de  Vilaine  ou 
Arches  Saint-Yves  (en  amont  du  pont  de  La  Tour- 
d'Auvergne),  pour  rejoindre   la   tour  du  Fourgon. 

Portes  et  tours.  —  On  y  voyait  la  Tour  de  la  La- 
vanderie,  des  Arches  ou  de  Luxembourg  (au  Sud- 
Est  du  pont  Saint-Georges),  la  tour  du  Magasin 
(sous  le  Bureau  du  Recrutement),  la  porte  de  Ville- 
blanche  ou  porte  Blanche  avec  ses  deux  tours  (à  TEst 
de  la  rue  Saint-Thomas),  la  tour  Meslin  ou  Huguet 
(devant  le  n*  9  du  boulevard  de  la  Liberté),  la  tour 


1.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chan.  Guillotin  de  Corson,  V,  559. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  179. 

3.  Ibid. 

4.  Ibid.,  I,  132,  et  II,  184. 


—  (50  — 

au  lief^lon  ou  Notre-Dame  ou  des  Carmes  (devant  lo 
n**  12  du  même  boulevard),  la  porte  de  Toussaints, 
flanquée  de  deux  tours  (au  Sud  do  la  place  de  la 
Halle-aux-Blés),  la  tour  de  VEscrime  (à  l'angle  Nord- 
Ouest  du  boulevard  de  la  Liberté),  la  porte  du 
Champ-Dolent  avec  une  tour  (à  TOuest  de  la  rue  du 
Parc-Poulain),  et  la  tour  Saint-Yves,  dans  un  ilôt 
sur  la  Vilaine  (vers  Tangle  Nord-Est  de  la  place  de 
Bretagne). 

Une  porte  fut  percée  vers  1738  à  TEst  de  la  rue 
des  Francs-Bourgeois*. 

Après  la  construction  de  la  troisième  enceinte, 
les  portes  Saint-Germain  et  de  Vilaine,  ainsi  que  les 
tours  bordant  la  rivière,  furent  abandonnées  comme 
défenses. 

La  seule  trace  qui  subsiste  de  cette  enceinte  con- 
siste en  un  jambage  de  la  porte  du  boulevard  de 
Toussaints,  dans  la  rue  Gerbier;  on  peut  voir  aussi 
quelques  vestiges  des  anciennes  douves  aux  n®"  33 
à  39  du  boulevard  de  la  Liberté. 

Rues.  —  Les  principales  voies  de  la  Nouvelle 
Ville  étaient  les  suivantes  : 

1**  Les  rues  du  Champ-Dolent,  de  la  Basse-Parche- 
minerie,  Vasselot  et  Saint-Thomas  ; 

V  La  rue  du  Pré-Botté; 

3®  La  rue  de  Toussaints  (rue  Jules-Simon,  place 
de  la  HalIe-aux-Blés  et  partie  Sud  de  la  rue  de  Ne- 
mours) ; 

4°  La  rue  Chalande  (rue  Chalais); 

5^  La  rue  Saint-Germain  (rue  du  Lycée). 

Les  ponts  qui  réunissaient  les  deux  rives  de  la 
Vilaine  étaient  au  nombre  de  deux  :  le  pont  de  la 

1.  Arch.  dép.,  Saint-Georges.  iH). 


—  ()1  — 

Poissonnerie  (au  Nord  do  la  rue  dArgeiitrc),  et  le 
pont  Saint'Germnin  (au  Sud  de  la  place  Saint- 
Germain)  ;  au  commencement  du  xYii**  siècle,  on  en 
construisit  un  troisième  qui  fut  appelé  le  Pont-Neuf 
(place  de  la  République). 

Le  duc  François  II  projeta  en  1486  d'élever  une 
quatrième  enceinte  qui  aurait  englobé  les  moulins 
de  Saint-Martin,  la  Barre  Saint-Just  (à  l'extrémité 
de  la  rue  de  Fougères)  et  Tabbaye  de  Saint-Melaine, 
mais  ce  projet  ne  fut  pas  exécuté'. 

La  ville  de  Rennes  présentait  à  la  fin  du  xv*  siècle 
à  peu  près  le  même  aspect  qu'à  la  veille  du  grand 
incendie  de  1720  :  voici  ce  qu'en  disait,  dans  la 
deuxième  moitié  du  xvi''  siècle,  le  célèbre  historien 
breton  Bertrand  d'Argentré  :  «  Cette  ville  est  la 
«  plus  grande  d'estendue  et  habitation  que  nulle 
«  autre  de  Bretagne,  contenant  de  circuit  par  sus 
«  ses  murs  3,450  marches  contenant  chacune  2  pieds 
«  et  demy...  Cette  ville  est  de  tous  hommes  de 
«  guerre  jugée  forte,  et  en  très  bonne  assiette,  pour 
«  estre  bien  deffendûe,  ayant  fortes  murailles,  ram- 
«  parts  et  grosses  tours,  avec  les  fossez  grands  et 
«  profonds,  en  sorte  que  pour  le  regard  d'iceux,  il 
«  y  a  peu  de  villes  en  France  qui  la  secondent-.  » 
D'Argentré  vantait  l'étendue  et  la  force  défensive 
de  la  ville,  mais  il  restait  muet  sur  son  esthétique  : 
nous  verrons  dans  un  instant  que  son  silence  sur 
ce  point  était  justifié. 


1.  Recueil  historique  sur  la  Ville  de  Rennes,  par  Gilles  de  Langue- 
doc, p.  21,  ms.,  Bibl.  de  Rennes.  —  Description  de  la  Bretagne,  par  le 
Président  de  Robien,  p.  77,  ms.,  Bibl.  de  Rennes.  —  Arch.  dép.,  Inten- 
dance, C,.288.  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  I,  143,  et II,  188.  — 
Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs  de  lôCKi,  f*  1,  v». 

'Z.  flistoire  de  Hretagne,  par  d'.ArKentré,  p.  28. 


1 


—  62  - 


VI.  Rennes  à  l'époque  moderne. 

Les  fortifications  furent  réparées  et  modernisées 
pendant  les  guerres  de  la  Ligue  *,  mais  Henri  IV 
les  fit  démanteler  en  partie  en  1602,  et  dès  lors  les 
particuliers  ne  tardèrent  pas  à  envahir  les  murs 
pour  y  construire  des  maisons  et  agrandir  leurs 
enclos-;  on  y  établit  même  des  promenades  pu- 
bliques; enfin,  le  roi  Louis  XVI  permit  en  1783 
d'abattre  les  tours  ^,  et  aujourd'hui  il  ne  reste  à  peu 
près  rien  de  Tenceinte  qui  avait  fait  pendant  plu- 
sieurs siècles  Torgueil  et  la  sécurité  de  la  ville. 

S'il  est  permis  de  regretter  la  disparition  de  ces 
souvenirs  pittoresques  du  passé,  il  faut  reconnaître 
néanmoins  que  les  vieux  murs  étaient  devenus  un 
véritable  danger  public,  tant  à  cause  de  Tétat  de 
ruine  où  on  les  avait  laissés  tomber  qu'à  cause  des 
rendez-vous  que  s'y  donnaient  les  gens  sans  aveu. 
Nous  mentionnerons  plusieurs  fois,  au  cours  de  ces 
notes,  les  plaintes  des  habitants  des  maisons  voi- 
sines; pour  le  moment,  nous  nous  contenterons  de 
citer  la  requête  adressée  à  la  Communauté  de  Ville 
le  20  août  1781  par  un  sieur  Loisel,  qui  habitait  le 
côté  Est  de  la  place  de  Bretagne  actuelle.  «  Les 
«  murs  de  la  ville,  y  lit-on,  qui  jadis  destinés  à  sa 
«  sûreté  en  étoient  aussi  devenu  l'agrément  par  les 
«  promenades  commodes  dont  ils  sembloient  l'em- 
«  bellir,  n'offrent  plus  depuis  30  ans  que  des  regrets 
«  à  ceux  qui  en  ont  joui  ou  des  dangers  aux  citoyens 
«  qui  voudroient  encore  le  faire.  Leur  ruine,  effet 


1.  Arch.  mun.,  186. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Marte  ville.  II,  189. 

3.  Arch.  mun..  148. 


—  63  — 

«  ordinaire  de  la  vétusté  et  du  défaut  d'entretien,  a 
«  encore  été  hâtée  par  une  troupe  de  vagabonds  et 
«  de  malfaiteurs  dont  Timpunité  sembla  d'abord  au- 
«  tariser  la  licence  et  les  excès.  Ce  qui  devoit  ser- 
«  vir  au  délassement  des  honnestes  gens  étoit  de- 
«  venu  le  théâtre  de  toute  sorte  de  crimes  et  de 
«  prostitutions;  on  fut  obligé  pour  en  arrêter  le 
«  cours  de  couper  les  communications,  d'abattre  des 
«  escaliers  ou  d'élever  des  murailles *  » 

Incendie  de  1120,  —  Pendant  la  nuit  du  21  au 
22  décembre  1720  éclata  dans  la  boutique  d'un  me- 
nuisier ivre  un  incendie  considérable  qui  dura  sept 
jours  et  détruisit  850  maisons  du  centre  de  la  ville; 
le  feu  prit  dans  la  rue  Tristin  (cour  du  n*  3  de  la 
rue  de  l'Horloge)  et  consuma  presque  tout  le  quar- 
tier compris  entre  la  place  du  Calvaire  et  la  rue  de 
la  Monnaie  à  l'Ouest,  —  les  rues  du  Champ-Jacquet, 
Le  Bastard  et  Nationale  au  Nord,  —  la  place  du  Pa- 
lais, les  rues  de  Bourbon  et  d'Orléans  à  l'Est,  —  le 
quai  Lamartine,  les  rues  de  Rohan  et  Beaumanoir 
au  Sud.  M.  Decombe  nous  a  fait  remarquer  que  l'on 
peut  voir,  du  haut  de  la  rue  d'Orléans,  les  points 
extrêmes  de  cet  incendie  :  au  Nord  la  rue  Le  Bas- 
tard,  à  l'Est  l'église  Saint-Germain,  au  Sud  le  quai 
Lamartine  et  à  l'Ouest  la  place  du  Calvaire. 

Pour  empêcher  la  population  d'émigrer,  il  fallut 
permettre  de  construire  sur  les  places  publiques  et 
partout  où  on  le  put  des  baraquements  provisoires 
qui  enlaidirent  singulièrement  les  quartiers  épar- 
gnés :  on  eut  beaucoup  de  peine  à  les  faire  démolir 
dans  la  suite  ^  et  ils  n'ont  même  pas  encore  com- 
plètement disparu  aujourd'hui. 

1.  Arch.  mun.,  144. 

2.  Arch.  munie,  183  et  137. 


-  64  — 

Cependant,  ce  fléau,  après  avoir  été  un  désastre 
pour  la  ville,  contribua  grandement  à  lui  donner  le 
bel  aspect  qu'elle  présente  aujourd'hui;  elle  n'était 
avant  Tincendie  qu'un  dédale  de  rues  étroites  et 
tortueuses;  voici  le  portrait  un  peu  sévère,  un  peu 
exagéré  même,  semble-t-il,  mais  assez  exact  cepen- 
dant, qu'en  faisait  en  1636  Dubuisson-Aubenay  dans 
son  Itinéraire  de  Bretagne^  :  «  La  ville  est  peu  belle. 
«Le  pavé  est...  fort  petit  et  pointu;  les  rues 
«  estroites,  les  maisons  s'eslargissent  par  le  haut, 
«  en  sorte  qu'en  beaucoup  de  lieux  elles  se  touchent 
«  presque  Tune  l'autre,  et  à  peine  le  jour  entre-t-il 
«  dans  les  rues;  car  les  seconds  estages  s'avancent 
«  en  dehors  sur  les  premiers,  et  les  troisièmes 
«  sur  les  deuxièmes,  et  ainsy  tousjours  se  vont 
«  estrecissant.  Par  dedans  elles  sont  mal  ordon- 
«  nées,...  en  la  plupart  des  logis  il  faut  passer 
«  à  travers  la  sale  ou  cuisine  pour  aller  à  l'escurie 
«  ou  estable,...  les  bestiaus  passent  par  même  pas- 
ce  sage  que  les  hommes,  et  peu  s'en  faut  qu'ils 
«  ne  logent  ensemble.  Et  comme  les  logis  sont  par- 
ce tie  de  pierre  ardoisine  (schiste)  et  principalement 
«  de  bois,  les  rats  et  les  souris  y  sont  en  plus  grand 
«  nombre  que  j'aye  jamais  veu  en  aucun  autre  lieu... 
«  Les  puces  et  les  punaises  n'y  manquent  pas.  » 

Ogée,  de  son  côté,  nous  dit  que  les  rues  «  étaient 
«  fort  étroites,  et  les  maisons  bâties  en  bois  étaient 
«  si  élevées  que,  les  rayons  du  soleil  ne  pouvant 
«  pénétrer  dans  les  rues,  elles  étaient  toujours  fort 
«  humides  et  très-sales-.  » 

Sur  l'immense  amas  de  décombres  créé  par  Tin- 
cendie,  on  put  tracer  un  plan  général  de  reconstruc- 

1.  Archives  de  Bretagne,  IX,  20. 

2.  Histoire  rie  Rennes,  par  Marteville,  I,  2n(L 


—  65  — 

tion,  édifier  les  rues  rectilignes  cfui  font  aujour- 
crhui  rornement  de  Rennes  et  établir  un  système 
d'égouts*.  On  put  aussi  imposer  aux  architectes 
des  conditions  qui  donnèrent  aux  quartiers  nou- 
veaux un  heureux  cachet  d'uniformité;  on  exigea 
que  les  maisons  eussent  au  moins  deux  étages  sur 
les  rues  et  trois  sur  les  places,  que  les  toits  fussent 
à  la  Mansard  et  les  rez-de-chaussée  à  arcades  de 
granit  :  on  voit  encore  derrière  les  boiseries  de  nos 
magasins  modernisés  les  arcades  prescrites  par  ces 
règlements-. 

Le  plan  général  de  reconstruction  a  été  dressé 
par  l'ingénieur  Robelin  et  modifié  par  Gabriel  en 
1725;  ce  plan  n  embrassait  pas  seulement  les  quar- 
tiers incendiés,  il  prévoyait  aussi  une  modification 
complète  de  la  ville  basse,  qui  devait  devenir  à  peu 
près  ce  qu'elle  est  aujourd'hui.  La  ville  basse,  c'est- 
à-dire  la  partie  au  Sud  de  la  Vilaine  épargnée 
par  le  feu,  était  dans  un  état  encore  plus  déplorable 
que  la  ville  haute  avant  l'incendie  ;  ses  rues,  d'après 
un  Mémoire  adressé  en  1757  à  la  Communauté  de 
Ville  par  l'ingénieur  Chotard  de  Grand- Maison, 
étaient  «  sinueuses  et  très  étroites,  à  peine  deux 
«  voitures  peuvent-elles  passer  de  front  dans  les 
«  parties  les  plus  larges,  les  détours  continuels 
«  donnent  lieu  à  des  accidents  presque  journal- 
«  liers^.  » 

En  oulre,  la  ville  basse  était  resserrée  entre 
deux  bras  de  la  Vilaine  (Fun  remplacé  par  les 
quais    actuels   et   l'autre   par  le   boulevard  de    la 


1.  A.rch.  mun.,  *221.  —  Arch.  dép.,  Intendance.  0,  283. 

2.  Arch.  dép.,  Intendance,  Monnaie  de  Rennes,  C.  1859.  —  ffistçire  de 
Rennes,  par  Marteville,  I,  251. 

3.  Arch.  dép.,  Intendance,  C.  251. 


—  66  — 

Liberté),  et  traversée  par  deux  autres  bras  plus 
petits  :  le  ruisseau  de  Joculé  (sur  la  rue  de  la 
Chalotais),  et  le  ruisseau  de  Brecé  (sur  la  rue 
Poulain  du  Parc);  ces  cours  d'eau  contribuaient 
considérablement  à  rendre  le  quartier  malsain.  Un 
rapport  présenté  le  15  août  1769  à  la  Communauté 
de  Ville  *  s'exprime  ainsi  :  «  La  Vilaine  n'étant  pas 
«  assujettie  par  des  bords  sufTisamment  élevés,  se 
«  répand  lors  des  moindres  crues  bien  au-delà  des 
«  bornes  de  son  lit  et  inonde  les  rues,  les  passages 
«  publics,  le  rez-de-chaussée  et  les  caves  des 
«  maisons  de  la  basse  ville.  Pendant  les  étés,  les 
«  eaux  de  cette  rivière,  divisées  en  plusieurs 
c(  caneaux,...  couvrent  à  peine  un  tiers  de  la  super- 
«  ficie  du  lit  ordinaire  et  de  l'étendue  des  fossés; 
«  elles  y  croupissent  avec  les  immondices  dont 
«  elles  sont  chargées;  ce  limon  liquide  produit  des 
«  vapeurs  et  des  exhalaisons  putrides  qui  infectent 
«  Tair  que  Ton  respire  dans  la  ville  et  aux  environs, 
«  et  causent  de  dangereuses  et  fréquentes  maladies. 
«  Pendant  cette  saison  et  souvent  dès  la  fin  du 
«  printemps,  il  n'est  plus  possible  d'introduire  les 
«  bateaux  chargés  de  différentes  provisions  dans 
«  l'intérieur  de  la  ville;  on  est  nécessité  de  les 
«  décharger  dans  les  dehors.  » 

Les  projets  d'assainissement  et  d'embellissement 
conçus  par  Robelin  auraient  dû,  semble-t-il,  être 
favorablement  accueillis  par  le  public,  mais  ils 
s'attaquaient  à  trop  d'intérêts  privés  pour  être 
populaires;  les  propriétaires  menacés  dans  leurs 
terrains  réclamèrent  énergiquement,  la  Commu- 
nauté de  Ville  se  fit  même  l'écho  de  leurs  plaintes, 

1.  Ârch.  mun.,  129. 


—  67  — 

et  elle  ne  craignit  pas  de  dire,  dans  un  Mémoire 
rédigé  par  elle  en  1722,  que  «  c'est  tenter  de  forcer 
«  la  nature  par  Tart  que  de  vouloir  mettre  la  basse 
«  ville  à  Tabri  des  incommodités  auxquelles  la 
a  situation  de  son  terrain  la  rend  sujette  '.  » 

Toutes  ces  protestations,  jointes  sans  doute  aussi 
au  manque  d'argent,  expliquent  pourquoi  les  trans- 
formations qui  s'imposaient  se  sont  fait  attendre 
pendant  plus  d'un  siècle  :  la  ville  basse  ne  s'est 
assainie,  en  effet,  qu'à  la  suite  des  grands  travaux 
faits  vers  le  milieu  du  xix®  siècle  :  percement  des 
quais  (1841-1846),  —  comblement  à  la  même  époque 
des  ruisseaux  de  Brecé  et  de  Joculé,  — comblement 
vers  1860  du  bras  de  rivière  qui  servait  de  douves 
aux  murailles  Sud,  —  tracés  des  rues  nouvelles. 

1.  Ârcb.  dép.,  Intendance,  G,  286. 


ALEX.  —   68 


Rue  Alexandre-Duval  (Canton  S.-O.). 

Cette  rue  porte  le  nom  d'un  auteur  dramatique 
rennais,  qui  fut  membre  de  l'Académie  et  mourut 
en  i842.  Sa  partie  Nord-Sud  remplace  l'ancienne 
ruelle  de  Guines,  qui  conduisait  à  la  ferme  et  à  la 
fontaine  de  Guinas.  Sa  partie  Est-Ouest  est  un  percé 
nouveau  qui  reçut  le  nom  de  rue  de  Guines.  Les 
deux  tronçons  furent  appelés  rue  de  Guines  en  1888  ' 
et  rue  Alexandre-Duval  en  1891.  La  fontaine  de 
Guines,  ainsi  que  l'emplacement  de  la  maison  de 
ferme,  fait  actuellement  partie  de  la  caserne  du 
même  nom  ;  la  fontaine  se  trouve  à  60  mètres  envi- 
ron au  Sud  de  la  rue;  elle  est  citée  dès  1482-. 

Vers  le  milieu  de  la  rue,  du  côté  Est,  s'élève  une 
petite  construction  dépendant  de  l'Arsenal  et  dépas- 
sant l'alignement;  elle  formait  l'ancienne  limite  Sud- 
Ouest  de  l'enceinte  de  l'Arsenal  '  ;  ce  pourrait  être 
un  ancien  regard  construit  au  xviii"  siècle  près  de 
la  fontaine. 

Les  eaux  de  la  fontaine  étaient  conduites  au  bas- 
sin de  Chicogné  au  moyen  de  tuyaux.  (Voir  rue 
Chicogné.) 

Pendant  les  épidémies  de  peste  qui  désolèrent  la 
ville  au  xvi*  et  au  xvii"  siècles,  on  défendit  aux  ha- 
bitants de  se  laver  à  cette  fontaine  pour  éviter  la 
contagion;  voici  un  extrait  d'une  de  ces  défenses 
du  28  août  1564  :  «  Il  y  a  plussieurs  pestiférez  et 
«  malades  qui  journellement  se  transportent  à  la 
«  fontaine  de  Guyne  et  se  lavent  de  céan  et  baignent  ' 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1482,  f*  14,  r^. 
8.  Arch.  dép..  Plan  de  Rennes.  18(i8. 


—   69   —  ALM. — \LP. 

«  chosse  qui  est  grandement  préjeudicciable  à  la 
«  République  de  cette  ville...  Il  est  ordonné  et  faict 
«  prohibicion  et  deffance  à  toutes  personnes  de  ne 
«  soy  laver  ni  baigner  en  ladite  fontaine  de  Guyno, 
«  sur  paine  de  ceulx  qui  seront  trouvez  estre  pen- 
ce dus  et  estranglez^  » 
Près  de  là  se  trouvait  une  bFtrrière  en  1486^. 


Rue  de  l'Aima  (Canton  S.-R.). 

Cette  rue,  ouverte  en  1861,  rappelle  le  souvenir 
de  la  victoire  remportée  sur  les  Russes  par  Farmée 
anglo-française  en  1854^.  Sa  partie  Sud  est  souvent 
appelée  encore  aujourd'hui  avenue  de  Beaumont, 
parce  qu'elle  aboutit  à  Fancien  manoir  de  Beaumont 
(voir  rue  Oinguené).  Elle  remplace  Tancien  chemin 
de  Beaumont. 


Rue  Alphonse- Guérin  (Canton  N-E.l. 

Cette  rue  porte  le  nom  d'un  célèbre  médecin  du 
XIX*  siècle;  elle  s'appelait,  jusqu'en  1898,  ruelle  des 
Bas-Chemins,  Le  terroir  de  ce  nom  est  cité  dès 
1577*. 

La  maison  des  Bas-Chemins  se  voit  à  150  mètres 
environ  de  son  extrémité  Est,  à  Tangle  d'un  chemin 
qui  descend  vers  la  Vilaine;  elle  est  sans  aucun  in- 
térêt. 


1.  Arch.  mun.,  825. 

2.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1480,  f*  65,  r*. 

3.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

4.  Arch.  dép.,  Saint-Georges,  141. 


ANC.  —  70  — 


Rue  Ange-Biaise  (Canton  S.-E.). 

Cette  rue  nouvelle  a  reçu  en  1888  le  nom  d'un 
préfet  dllle-et-Vilaine,  de  1870  à  1871. 

Ancien  Manoir  de  VilleneuveK  —  L'ancien  manoir 
do  Villeneuve,  remplacé  aujourd'hui  par  une  simple 
maison  de  campagne,  se  trouve  à  100  mètres  envi- 
ron au  Sud  de  la  rue  et  au  Nord-Est  de  la  nouvelle 
prison  départementale. 

La  plupart  des  lieux  appelés  Villeneuve  ou  Bourg- 
neuf  ont  une  origine  fort  ancienne,  souvent  même 
gallo-romaine,  et  avoisinent  presque  toujours  une 
voie  romaine.  On  ne  peut  attribuer  avec  certitude  à 
ce  manoir  une  antiquité  aussi  reculée,  bien  qu'il 
soit  à  proximité  de  la  voie  romaine  de  Rennes  à 
Nantes,  mais  il  existait  tout  au  moins  au  xi"  siècle^, 
car  il  fut  donné  en  1040  à  l'abbaye  de  Saint-Georges 
sous  le  nom  de  Villa  Nova'^. 

Il  devint  plus  tard  un  manoir  et  se  composait  au 
commencement  du  xvi"  siècle  d'un  corps  de  bâti- 
ment avec  porte  ogivale  et  grandes  fenêtres  croi- 
sées; son  toit  était  coupé  par  des  gerbières  aiguës 
ornées  de  choux  frisés  et  d'écussons.  Au-devant  du 
manoir  s'étendait  une  cour  avec  un  colombier,  on  y 
entrait  par  une  grande  et  large  porte  ogivale,  flan- 
quée à  gauche  d'un  portillon  également  ogival; 
devant  la  cour  était  une  allée  de  chênes.  On  voyait 
par  derrière  un  jardin  entouré  de  douves. 

Villeneuve  présentait  encore  le  même  aspect  en 


1.  Bulletin  de  la  Soc.  archéol.  d'Il.-et-Vil.,  XVIII,  p.  83  et  suiv.,  cha- 
noine Guillotin  de  Corson.  Croquis. 

2.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  ctianoine  Guillotin  de  Corson,  V,  595. 

3.  Cartulaire  de  Saint-Georges,  par  P.  de  la  Bigne,  p.  107. 


—   71    —  ANG. 

1834,  mais  il  ne  reste  plus  aujourd'hui  qu'une  partie 
des  douves  du  jardin.  Une  construction  nouvelle 
a  remplacé  Tancien  manoir. 

Au  commencement  du  xix®  siècle,  le  château  était 
connu,  on  ne  sait  pourquoi,  sous  le  nom  de  la  Chan- 
celleiHe. 

Nous  avons  dit  qu'après  avoir  appartenu  à  Tab- 
baye  de  Saint-Georges,  Villeneuve  était  passé  entre 
des  mains  laïques;  il  était  au  commencement  du 
XV*  siècle  aux  Guéhéneuc,  qui  le  vendirent  en  1500 
à  Jeanne  Bourgneuf,  veuve  de  Jean  Thierry  de 
la  Prévalaye.  Il  passa  ensuite  par  alliance  aux 
des  Déserts,  qui  le  possédaient  en  1513  et  en  1539, 
puis  aux  d'Espinay  au  milieu  du  même  siècle,  puis 
aux  de  la  Lande  de  Téhillac.  Vendu  par  ceux-ci 
aux  de  Luxembourg  en  1585,  puis  aux  Monneraye 
en  1624,  il  passa  par  alliance  en  1657  aux  Malescot 
des  Hayes  et  en  1771  aux  de  Trogoff,  qui  le  con- 
servèrent jusqu'en  1827.  En  1674,  les  Malescot  ne 
possédaient  que  la  moitié  du  manoir  et  du  portail  K 

D'après  une  tradition,  Bertrand  du  Guesclin  aurait 
habité  le  manoir  de  Villeneuve,  mais  cette  tradition 
n'est  confirmée  par  aucune  preuve;  on  voit,  au 
contraire,  quelle  confusion  a  pu  lui  donner  nais- 
sance. Un  Guéhéneuc,  sieur  de  Villeneuve,  après 
avoir  épousé  une  de  Beaucé,  avait  fait  peindre  sur 
une  verrière  de  l'ancienne  église  de  Toussaints  ses 
armoiries,  parties  de  celles  de  sa  femme.  Or  ces 
dernières  présentent  une  grande  analogie  avec  celles 
du  célèbre  connétable  :  cette  analogie  a  sufïi,  sans 
doute,  pour  accréditer  Terreur. 

Vers  la  fin  du  xv*  siècle,  la  seigneurie  de  Ville- 

1.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G»  175. 


ANT.  —    72    — 

neuve  fut  divisée,  probablement  par  suite  d'une 
vente;  le  Grand  Villeneuve  resta  entre  les  mains  de 
ses  anciens  propriétaires,  et  le  Petit  Villeneuve,  qui 
joignait  la  barrière  de  la  Magdeleine  sur  le  faubourg 
de  Nantes,  passa  entre  les  mains  des  du  Boays. 

Le  Petit  Villeneuve  se  composait  simplement  au 
xvn®  siècle  d'un  rez-de-chaussée  et  d'un  étage,  ayant 
chacun  deux  pièces.  Il  appartenait  en  1650  aux 
Monneraye,  puis  aux  Aulnette,  et  en  1682  aux 
Malescot  qui  l'avaient  réuni  au  Grand  Villeneuve. 

La  foire  de  la  Madeleine  se  tenait  autrefois  dans 
les  pièces  de  terre  des  Closeaux,  de  la  Teillais  ou 
du  Pré-André,  dépendant  de  Villeneuve.  (Voir  place 
du  Champ-Jacquet.) 

La  seigneurie  de  Villeneuve  possédait  un  droit  de 
haute  justice  ;  elle  avait  ceps  et  collier  près  de 
la  chapelle  de  la  Madeleine.  (Voir  faubourg  de 
Nantes.)  * 

Rue  et  faubourg  d'Antrain  (Cantons  N.-R.  et  N.-O.). 

La  rue  d'Antrain,  citée  dès  1403^,  s'appelait  jus- 
qu'en 1792  rue  de  /a  Reverdiais^  du  nom  d'une  mai- 
son de  plaisance  située  vers  le  n**  50,  «  sur  le  pavé 
«  et  chemin  par  où  Ton  va  de  la  porte  aux  Foulons 
«  à  Saint-Laurent^.  »  Le  faubourg  était  nommé 
Faubourg  ou  Pavé  Saint-Laurent,  à  cause  de  la  pa- 
roisse à  laquelle  il  conduite 


1.  Bulletin  de  la  Société  ArchéoL  d'Ille-et-Vil.,  XVIII,  47. 

2.  Arch.   départ.,   Saint-Melaine,  8.  —  Chapitre  de   Rennnes,  G,  17G, 
1"  vol.,  p.  57,  V. 

3.  Archiv.  départ.,  Gordeliers,  13. 

4.  Bulletin  de  la  Soc.  ArchéoL  d'IllectVil.,  XXIX,   p.    18.  L.   De- 
combe.  —  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 


—    7:$   —  ANT. 


Rue  d'Antrain. 


N*^  1.  Il  remplace  une  maison  avec  un  four  banal 
appelé,  dès  le  xv*  siècle,  four  dof^  Fos.^é.s  à  Gahier, 
four  au  Duc  ou  de  la  chapellenie  de  Saint-Mamert; 
les  Visitandines  rachetèrent  en  1700*.  Le  premier 
nom  de  ce  four  prouve  que  les  Fof^sés  à  Gahier  pas- 
saient dans  le  voisinage  •. 

Immédiatement  au  Nord  se  trouvait  la  maison  de 
l'Image  Saint-Pierre'^. 

Encore  au  Nord  était  Vhôtellerie  des  Trois  Mar- 
chands *,  suivie  de  la  maison  du  Dauphin  couronné^. 
Toutes  ces  maisons  sont  remplacées  par  les  n"'  1  à  5. 

N**  7.  Emplacement  de  Tancienne  hôtellerie  franche 
de  VEcu  de  France;  cette  enseigne,  citée  dès  1618*, 
n'existait  plus  en  1735^. 

N"  9.  Emplacement  de  la  maison  du  Mouton  blanc, 
citée  dès  1592*. 

Au  Nord  du  Mouton  blanc  se  voyait  en  1679  la 
maison  du  Pot  d'Etain  *  et  près  d'elle  la  maison  de 
la  Croix  blanche  '^,  puis  les  auberges  ou  hôtelleries 
du  Lion  d'Argent^^^  de  la  Fleur  de  lys^^y  de  Vlmage 
Sainte-Anne,  citée  en    1596  et  en   1785*';  des  Trois 

1.  Arch.  départ.,  Visitandines,  97  et  98.  —  Arch.  mun.,  Fortifications, 
Indemnités,  E,  1487,  f-  87,  v. 

2.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f"  36,  r»,  et 
34,  V. 

8.  Arch.  départ.,  Visitandines.  i)7. 
4.  Communication  du  couvent  de  TAdoration. 

.5.  Arch.   dép.,  Saint-(!lyr,   1.    —  Minutes   de    Deschamps,    notaire   à 
Rennes,  1675. 

6.  Communication  du  comte  de  Bellevûe. 

7.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f»  82,  v.  — 
Chapitre  de  Rennes,  G,  184.  -^  Saint- Mêlai  ne,  6  et  67. 

8.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  38.  —  (^.adastre  de  Rennes  de  18)0. 

9.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  26  et  38. 

10.  Arch.  dép.,  Minutes  d'André,  notaire  à  Rennes,  janv.  16C9. 

11.  Ibid.,  Minutes  de  Deschamps,  notaire  à  Rennes,  1701. 

12.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine.  6  et  67.  —  Saint-Georges,  153. 

13.  Ibid.,  Saint-Melaine,  21. 

XXXIII  11 


ANT.  —    74    — 

Avocats,  en  1618  et  1756*;  de  la  descente  de  Norman- 
die,  en  1618  et  1756  2,  et  du  Petit  Jean,  en  1756  ^  — 
Uhôtellerie  de  la  Fleur  de  lys,  située  au  Sud  du  cou- 
vent des  Capucins,  se  trouvait  partie  sur  la  paroisse 
de  Saint-Germain  et  partie  sur  celle  de  Saint-Jean  ; 
une  curieuse  discussion  s'éleva  en  1756  entre  le 
clergé  de  ces  deux  paroisses  au  sujet  de  Tenter- 
rement  d'un  homme  décédé  dans  rhôtellerie  *. 

N"  31.  Le  collège  des  Eudistes  remplace  l'ancien 
couvent  des  Capucins.  Les  Capucins  s'établirent  à 
Rennes  dans  un  terrain  que  la  Communauté  de 
Ville  fit  acheter  pour  eux  en  1604  à  M*  Pierre  Moc- 
qué  de  la  Placette,  veuf  de  Marguerite  Guynier,  à 
laquelle  appartenait  le  terrain»"^.  Le  couvent,  vendu 
nationalement  en  1792,  devint  une  fabrique  de  cha- 
peaux^. Les  Eudistes  l'achetèrent  en  1828  pour  y 
établir  un  collège  ^ 

Les  constructions  anciennes  ont  complètement 
disparu;  elles  comprenaient  quatre  bâtiments,  en- 
fermant une  cour  carrée,  avec  un  cloître  sans  carac- 
tère, à  piliers  carrés;  ces  piliers  avaient  quatre 
pieds  de  hauteur  et  reposaient  sur  des  murettes  de 
deux  pieds®.  La  chapelle  se  trouvait  devant  le  bâti- 
ment Est  du  couvent  (sur  la  moitié  Nord  de  la  façade 
du  collège  actuel);  elle  a  été  bénite  en  1605^;  elle  se 
composait  d'une  nef  à  chevet  droit,  flanquée  à  l'Est 
de  trois  ou  quatre  chapelles,  communiquant  entre 


1.  Communication  du  comte  de  Bellevûe. 

2.  Ibid.  —  Bulletin  de  la  Soc.  archéol.  d'Ille-et-Vil.,  t.  XXVII,  p.  vi. 
3-  Communication  du  comte  de  Bellevûe. 

4.  Arch.  dép.,  Eglises  paroissiales.  G,  580. 

5.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  6.  —  Arch.  munie,  297. 
G.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  46. 

7.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  III,  602. 

8.  Arch.  munie,  297. 

9.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  III,  118. 


—    75    —  ANT. 

elles*  et  formant  un  collatéral  un  peu  moins  long 
que  la  nef. 

Les  travaux  de  démolition  ont  amené  vers  1872 
la  découverte  d'une  plaque  en  cuivre  de  quarante-cinq 
centimètres  sur  trente-quatre,  commémorative  de  la 
pose  de  la  première  pierre  en  1605;  cette  plaque,  dé- 
posée au  Musée  archéologique,  est  entourée  d'un 
encadrement  gravé  de  fleurs  de  lis  et  d'hermines 
alternées;  sa  partie  inférieure  est  occupée  à  gauche 
par  les  armes  de  Rennes,  à  droite  par  un  écusson 
de  Bretagne  en  losange,  et  au  centre  par  deux 
écussons  accolés  de  France  et  de  Navarre,  timbrés 
d'une  couronne  royale  et  entourés  des  colliers  de 
Saint-Michel  et  du  Saint-Esprit-.  —  On  a  trouvé 
aussi  à  la  même  époque  un  caveau  rempli  d'osse- 
ments ;  il  existe  encore  devant  le  transept  Sud  de  la 
chapelle  actuelle. 

Au  bas  des  jardins  était  un  petit  bâtiment  ser- 
vant de  Santé,  c'est-à-dire  d'infirmerie^. 

Le  mur  gallo-romain,  signalé  par  le  président  de 
Robien  (voir  au  Préambule),  ainsi  que  la  voie  d'In- 
gena  (Avranches),  passait  derrière  le  couvent,  du 
Nord-Est  au  Sud-Ouest  ^ 

Jusqu'au  commencement  du  xix*  siècle,  la  rue 
d'Antrain  formait,  en  face  du  n"*  52,  une  petite  place 
triangulaire  située  entre  le  collège  actuel  et  sa  cha- 
pelle; on  y  voyait  au  xvii*  et  au  xviu*  siècles 
une  croix  appelée  Croix  Verte  ou  Croix  des  Ca- 
pucins ^. 


1.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Ouillotin  de  Corson,  III,  119. 
•-?.  Bulletin  de  la  Soc.  archéol.  d'Ille-et-Vil.,  XIX,  10.  Planche. 

3.  Ârch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1613. 

4.  Histoire  archéolog.    de   l'époque   gallo-romaine  de   la    ville   de 
Rennes,  par  Toulmouche,  p.  253.  et  Plan. 

5.  Arch.  mun.,  129.  —  Ârch.  départ,  Saint-Melaine,  6. 


ANT.  —    76    — 

Près  du  couvent  se  trouvait  aussi  dans  la  rue 
une  barrière  en  1614  et  en  1709*. 

Les  terrains  de  la  Petite  Cochardière  s'étendaient 
au  Nord  de  Tenclos  des  Capucins.  (Voir  rue  de  la 
Cochardière.) 

N**33.  Ancien  couvent  des  Petites  Ursulines-,  — Ce 
couvent  était  entre  les  rues  d'Antrain  et  de  la  Co- 
chardière, sur  les  dépendances  de  la  Cochardière  et 
de  la  Houblonnière,  c'est-à-dire  sur  le  n**  33  et  les 
terrains  situés  au  Nord  de  cette  maison.  Il  compre- 
nait, en  1674  comme  aujourd'hui,  un  corps  de  logis 
flanqué  de  deux  petites  ailes  non  saillantes;  une 
cour  triangulaire,  avec  un  portail,  s'étendait  au 
Sud  de  la  maison.  La  chapelle  était  construite  au 
Nord,  dans  le  jardin,  sur  le  bord  de  la  rue  d'An- 
train,  vis-à-vis  du  n*'  62.  La  Houblonnière  avait  été 
vendue  en  1665  par  les  Morel  aux  Prémont  du 
Verger;  ceux-ci  la  revendirent  en  1677  à  Jeanne 
du  Chasteigner  d*  de  la  Thébaudais,  qui  en  fit  don 
aux  Petites  Ursulines.  Les  terrains  situés  au  Nord 
furent  acquis  en  1695  des  Bourgand  de  la  Henrière, 
qui  les  tenaient  des  Avril -^  Enfin  les  Petites 
Ursulines  achetèrent  en  1748  la  maison  de  la  Grande 
Cochardière^  dont  il  sera  parlé  sous  la  rue  de  ce 
nom. 

Le  couvent  fut  transformé  pendant  la  Révolution 
en  hôpital  militaire  pour  les  galeux,  sous  le  nom 
d'Hôpital  de  la  Concorde  *. 

La  voie  gallo-romaine  d'Ingena  (Avranches)  devait 


1.  Arch.  mun..216  et  291. 

2.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  III,  288. 
8.  Arch.  dép.,  Ursulines,  91.  —  Saint-Melaine,  2,  p.  689. 

4.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Gorson.  III,  284.  — 
Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  50.  —  Arch.  mun.,  compte  des 
Miseurs  de  1785. 


—    //    —  ANT. 

traverser  à  peu   près   le  bâtiment  conventuel    du 
Nord-Est  au  Sud-Ouest*. 

La  rue  d'Antrain,  au  moins  en  cet  endroit,  était 
fort  mal  entretenue  au  xviii"  siècle;  les  Petites 
Ursulines  se  plaignirent,  en  effet,  à  la  Communauté 
de  Ville  «  du  défaut  de  pavage  sur  la  rue  et  à 
«  rentrée  de  leur  maison,  à  vis  leur  grande  porte, 
«  qui  est  presque  inaccessible,  non  seullemcnt  aux 
«  gens  de  pied,  mais  encore  aux  chevaux  chargés 
«  et  charettes  qui  doivent  passer  par  cet  endroit. 
«  Dieu  même  est  offensé  par  les  chartiers  et  voitu- 
«  riers  qui  sont  obligés  d'y  passés  par  les  serments 
«  exécrables  ([uon  leur  entend  proforer  avec  indi- 
«  gnation*.  » 

N**  37.  L  auberge  de  la  Tête-Noire  existait  dès 
1785 3.  Elle  présente  une  croisée  de  bois  à  Tune  des 
fenêtres  du  rez-de-chaussée.  Le  toit  est  élevé  et 
surmonté  d'une  sorte  de  lanterne  carrée  entière- 
ment recouverte  d'ardoises.  Le  Musée  archéolo- 
gique en  possède  un  croquis. 

Nous  ne  savons  si  VHôtellerie  du  Don  Conseil^ 
citée  en  1705,  était  dans  la  rue  ou  dans  le  faubourg*. 


.V  4.  Ancienne  hôtellerie  des  quatre  Vents,  signa- 
lée dès  le  xvii*  siècles  Des  réparations  faites  en 
1902  ont  amené  la  suppression  dune  galerie  de  bois 
qui  donnait  à  la  cour  un  aspect  assez  pittoresque. 
Un  croquis  antérieur  à  cette  date  se  trouve  au 
Musée  archéologique. 

1.  Histoire  archeolog,  de  Vépoque  gallo-romaine  de  la  ville  de 
Rennes,  par  Toulmouche.  Plan. 

2.  Arch.  dùp.,  Ursulines,  W. 

8.  Arch.  dép..  Intendance.  C,  ^^35. 

4.  Commuai  cation  du  couvent  de  TAdoration. 

5.  Arch.  dép.,  Réform.  du  domaine  de  Rennes  de  1G46,  (^  7.^,  v<».  — 
Visitandines,  95.  —  Saint-Melaine,  fi.  —  Minutes  de  Deschamps.  notaire 
à  Rennes,  1706.  —  Arcli.  m  un.,  .907. 


ANT.  78   — 

N*  6.  Cette  maison  présente  deux  rangées  de 
poutres  et  de  consoles  moulurées. 

N"  10.  On  y  voit  également  deux  rangées  de  con- 
soles. 

N*"  14.  Ancienne  hôtellerie  de  la  Fontaine.  —  Cette 
maison,  qui  appartenait  à  Tabbaye  de  Saint-Melaine, 
fut  reconstruite  en  1686*.  Elle  a  été  habitée  au 
xviii*  siècle  par  le  célèbre  architecte  et  dessinateur 
Huguet^. 

N"  16.  Ancien  Couvent  des  Carmélites  ^.  —  Les  Car- 
mélites, en  arrivant  à  Rennes  en  1620,  achetèrent 
d'abord  à  Jeanne  Harel,  femme  de  François  Huart, 
sieur  de  la  Noë,  le  jardin  du  Grand  Touriel  situé 
entre  la  rue  Saint-Melaine  et  les  fossés  de  la  ville; 
elles  acquirent  peu  après  celui  du  Petit  Touriel  et 
quelques  autres  immeubles  voisins,  et  possédèrent 
ainsi  tout  l'emplacement  de  la  Banque  de  France  et 
du  couvent  actuel  de  la  Visitation*.  —  Le  lieu  de 
Touriel  est  cité  dès  1256  ^ 

La  Communauté  de  Ville  s'opposa  à  l'établisse- 
ment des  Carmélites  en  cet  endroit  qui  lui  semblait 
trop  rapproché  de  la  contrescarpe  de  Saint-Fran- 
çois; elles  revendirent  alors  leur  terrain  aux  Visi- 
tandines  en  1630*  et  construisirent  leur  couvent 
dans  une  portion  du  Champ  de  Foire  de  l'abbaye  de 
Saint-Melaine,  entre  lui  et  la  rue  d'Antrain*^.  Le 
couvent  fut  sécularisé  sous  la  Révolution  et  devint 
une  filature;  les  Dames  de  T Adoration  Perpétuelle 


1.  Arch.  dép.,  Salnt-Melaine,  2,  6  et  70.  —  Visitandines,  95.  —  Réfor- 
mation du  domaine  de  Rennes  de  1646,  fo  74,  r. 

2.  Arch.  départ.,  Saint-Melaine,  67. 

3.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  ICI,  191. 

4.  Arch.  dép.,  Visitandines,  95  et  97.  —  Carmélites,  2^. 

5.  Cartulaire  de  Saint-Melaine,  i*  24,  r«.  Bibl.  de  Rennes. 

6.  Arch.  dép.,  Visitandines,  95. 

7.  Arch.  mun.,  313.  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  57. 


—    79   —  ANT. 

Tachetèrent  en  1819,  puis  les  Dames  de  la  Retraite  *, 
et  l'année  suivante  on  y  installa  le  Grand  Séminaire 
diocésain^,  qui  occupe  maintenant  des  bâtiments 
neufs,  construits  sur  les  dépendances  des  anciens. 

L'enclos  du  couvent  était  borné  au  Nord  par  la 
rue  Lesage,  à  l'Est  par  le  Champ  de  Foire  (empla- 
cement de  l'ancienne  prison  départementale),  au 
Sud  et  à  rOuest  par  les  maisons  et  les  jardins  des 
rues  Saint-Melaine  et  d'Antrain.  De  vastes  jardins 
s'étendaient  à  l'Est,  un  verger  se  trouvait  du  côté 
de  la  rue  d'Antrain^.  Le  plan  de  Rennes  de  1775 
figure  dans  cet  enclos,  en  face  de  la  rue  Broussais, 
un  bassin  rectangulaire  d'environ  quarante  mètres 
sur  vingt. 

Les  bâtiments  claustraux  étaient  situés  sous  les 
n^'  2  à  8  de  la  rue  de  Robien,  ils  entouraient  deux 
cours  rectangulaires  juxtaposées;  le  cloître  était 
daté  de  1644  \ 

La  chapelle  était  à  l'Ouest;  son  abside  traversait 
la  rue  de  Robien  en  face  du  n**  7,  sous  lequel  s'éten- 
daient la  nef  et  les  transepts.  Une  grande  vitre 
ajourait  son  pignon  Est^. 

Les  travaux  de  terrassement  de  la  rue  de  Robien 
ont  fait  découvrir  en  1889  la  première  pierre  de 
cette  chapelle;  elle  porte  une  longue  inscription, 
avec  la  date  du  26  août  1678,  et  est  actuellement 
conservée  au  Musée  archéologique.  Une  cavité,  pra- 
tiquée dans  cette  pierre,  renfermait  une  boîte  en 
fer  blanc  avec  une    croix  et  trois  médailles*.  — 


1.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Gorson,  III,  587 
61626. 

2.  /Wd.,  p.  192, 193  et  549. 

3.  Arch.  dép.,  Carmélites,  23  et  26. 

4.  Bulletin  de  la  Soc,  Archéol.  d'Ille-et-Vil.,  t.  X,  p.  xxx. 

5.  Ârch.  dép.,  Carmélites,  32. 

6.  Bulletin  de  la  Soc.  Archéol.  d* Ule-et-Vil. ,  XX,  2"«  partie,  p.  xvi. 


ANT.  —   80   — 

—  Après  la  transformation  du  couvent  en  Grand 
Séminaire,  la  chapelle  fut  remplacée  par  une  nou- 
velle, construite  au  Sud-Est  des  bâtiments,  qui  a 
elle-même  disparu. 

Il  ne  reste  plus  des  anciens  bâtiments  que  le  por- 
tail d'entrée  et  une  petite  chapelle  qui  sera  décrite 
dans  un  instant. 

Le  portail  d'entrée  a  conservé  le  nom  de  Passage 
des  Carmélites;  il  s'ouvre  sous  Tangle  à  pans  coupés 
d'une  grande  maison  à  deux  étages,  qui  forme  l'en- 
coignure des  rues  d'Antrain  et  Saint-Melaine,  et 
date  de  1666*.  Il  se  compose  d'une  grande  baie  en 
plein  cintre,  ornée  d'une  clef  de  voûte  saillante  et 
accostée  de  chaque  côté  de  quatre  pilastres  do- 
riques :  toute  cette  partie  basse  est  en  granit,  elle 
correspond  au  rez-de-chaussée  de  la  maison.  —  Au- 
dessus  d'elle  s'étend  une  frise  en  pierre  blanche, 
ornée  de  modillons,  de  triglyphes  et  de  gouttes; 
cette  frise  supporte  quatre  pilastres  doriques  plus 
petits,  surmontés  d'un  fronton  triangulaire;  trois 
niches  cintrées  sont  creusées  entre  les  pilastres; 
celle  du  milieu  a  sa  conque  chargée  d'une  grande 
coquille  posée  la  charnière  en  haut;  elle  ^abrite  une 
statue  de  la  Vierge  placée  à  la  suite  d'un  vœu  en 
1734.  Les  deux  autres  niches,  un  peu  plus  basses, 
présentent  chacune  une  coquille  analogue,  la  char- 
nière en  bas.  Une  petite  fenêtre  est  percée  sous  la 
niche  centrale.  Cette  décoration  forme  le  premier 
étage  du  portail.  —  Le  deuxième  étage  est  éclairé 
par  trois  fenêtres;  celle  du  milieu  est  à  demi  bou- 
chée par  le  fronton. 

L'ensemble  est  couvert  par  un  toit  à  la  Mansard, 

1.  Arch.  dép.,  (Carmélites,  '^K 


—    81    —  ANT. 

soutenu  par  une  corniche  à  modillons  et  percé  d'une 
fenêtre  à  fronton  triangulaire. 

Les  faces  de  la  maison,  aspectées  sur  les  rues 
d'Antrain  et  de  Saint-Melaine,  n  offrent  rien  de  par- 
ticulier. —  Les  Carmélites  donnaient  à  bail  les  dif- 
férents appartements  de  cette  maison*. 

Après  avoir  examiné  le  portail,  il  n'est  pas  sans 
intérêt  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  escaliers  et  les 
galeries  de  la  façade  opposée,  qui  méritent  d'être 
vus  malgré  leur  état  de  délabrement;  on  en  trouve 
un  croquis  de  Lorette  dans  les  Souvenirs  de  Rennes, 
par  M.  Ducrest  de  Villeneuve. 

Il  reste  à  parler  d'une  petite  chapelle  du  xvii*  siè- 
cle'*, située  au  Sud-Est  des  constructions  actuelles, 
dans  les  jardins  du  Séminaire. 

Elle  est  rectangulaire,  sans  bas  côtés  ni  transepts; 
son  pignon  Ouest  présente  une  porte  en  plein  cintre; 
au-dessus  de  la  porte  se  voit  une  niche  également 
cintrée,  surmontée  d'un  fronton  arrondi  et  accostée 
de  deux  consoles  renversées;  deux  autres  niches 
plus  petites  et  sans  sculptures  flanquent  la  niche 
centrale  et  abritent  deux  statuettes  en  terre  cuite 
très  mutilées.  Le  sommet  du  pignon  est  percé  d'un 
œil-de-bœuf  circulaire.  —  Les  faces  Nord  et  Sud 
possèdent  chacune  une  grande  fenêtre  cintrée,  sans 
meneaux;  on  voit,  en  outre,  sur  la  face  Nord,  une 
petite  niche  à  cul-de-lampe  mouluré.  —  La  toiture 
est  élevée  et  surmontée  vers  le  centre  d'un  petit 
campanile  en  ardoise. 

A  l'intérieur,  la  voûte  se  compose  d'un  lambris 
de  bois  en  anse  de  panier,  recouvert  de  peintures 


1.  Arcb.  dép.,   (^iarmélites,  23.  —  Minutes  d'André,  notaire  à  Rennes, 
roai  1678. 

2.  Pouillé  de  Hennés,  par  le  chanoine  Guillotin  de  (iOrson.  Ul,  350. 


ANT.  _   82    — 

du  style  Louis  XIV;  ses  tirants  sont  également 
peints.  Le  rétable  est  du  même  style;  il  est  orné  de 
deux  colonnes  ioniques  en  bois,  avec  deux  pilastres 
à  ses  extrémités  ;  entre  les  colonnes  et  les  pilastres 
tombent  deux  chutes  dorées,  formées  de  différents 
objets  religieux  reliés  entre  eux  par  des  rubans;  ce 
sont  à  gauche  :  une  mitre,  une  crosse,  des  chande- 
liers et  une  lampe  d'autel;  —  à  droite  :  une  croix, 
un  calice,  un  ostensoir,  un  goupillon,  une  burette 
et  deux  encensoirs.  Deux  grandes  statues  peintes 
reposent  près  de  Tautel  sur  des  consoles  à  têtes 
d'anges  ailées  ;  celle  de  gauche  figure  saint  Charles 
Borromée  en  costume  de  cardinal;  celle  de  droite 
représente  un  évêque. 

N**  22.  Ancienne  hôtellerie  de  la  Croix  verte,  — 
Cette  maison,  signalée  dès  1594*,  tirait  son  nom  de 
la  croix  élevée  près  du  couvent  des  Capucins.  (Voir 
n**  31,  rue  d'Antrain.) 

N*"  42.  Emplacement  de  l'ancienne  maison  noble  de 
la  Verrerie,  qui  existait  en  1781^. 

Vers  le  n**  50  se  trouvait  la  maison  de  la  Rêver- 
diais,  qui  avait  donné  à  la  rue  son  premier  nom  3; 
elle  appartenait  en  1551  aux  de  Boisgeslin*. 

On  voyait  enfin  dans  la  rue,  au  xviii*  siècle,  l'/id- 
tellerie  des  Trois  Rois  ^  et  la  maison  des  Trois  Empe- 
reurs^,  qui  ne  formaient  peut-être  qu'une  même 
maison  sous  deux  dénominations  légèrement  diffé- 
rentes. 


1.  Ârch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f«  454,  r>.  — 
Dominicains,  14  et  21.  —  Carmélites,  26. 

2.  Ârch.  dép.,  Saint-Melaine,  5.  Plan. 

3.  Ibid.,  Carmélites,  23. 

4.  Ibid.,  Cordeliers,  13. 

5.  Ârch.    dép.,   Carmélites,   28.  —  Minutes  de  Deschamps,  notaire  à 
Rennes,  1711. 

6.  Communication  du  comte  de  Bellevûe. 


—   83    —  ANT. 

N*  58.  Maison  de  la  Iloublonnière  \  puis  Hôtel  de 
la  Moussaye.  —  Cette  maison,  située  dans  l'ancien 
terroir  de  la  Houblonnière  ou  Hoblonnière,  se  com- 
pose d'un  corps  central  et  de  deux  ailes  très  peu 
saillantes;  elle  comprend  un  rez-de-chaussée  et  un 
étage  avec  trois  ouvertures  par  étage,  inégalement 
espacées.  La  porte  d'entrée,  précédée  d'un  perron, 
possède  un  fronton  arrondi  que  coupe  une  petite 
niche  cintrée.  La  toiture  présente  trois  fenêtres  de 
mansardes  à  frontons  arrondis  et  denticulés,  accos- 
tées de  deux  consoles  renversées.  Les  toits  des 
ailes  sont  plus  aigus  et  plus  élevés  que  le  toit  de  la 
partie  centrale. 

La  Houblonnière  appartenait  en  1678  aux  Le  Faure 
de  Champ-d'Aguet,  et  fut  vendue  en  1730  aux  de  la 
Moussaye-. 

N**  62.  Emplacement  de  Tancienne  maison  du  Puits 
Hamon^  dont  les  jardins  s'étendaient  jusqu'à  la  rue 
Broussais  ^. 

N"  64  et  66.  Ces  deux  hôtels  sont  construits  sur 
les  anciens  jardins  Lancezeur.  En  creusant  leurs 
fondations,  on  a  rencontré  un  fragment  de  la  voie 
gallo-romaine  d*Avranches  (Ingena),  orientée  du 
Sud-Ouest  au  Nord-Est.  Cette  voie,  large  do  5™  10, 
était  formée  de  trois  couches  superposées  :  un  lit 
de  marne  de  0"  16  d'épaisseur  {nucleus),  —  une 
couche  de  schiste  gris-bleuâtre  de  0™15  (ruderatio), 
—  des  cailloux  roulés,  noyés  dans  une  terre  argilo- 
sablonneuse  de  0"  40  {summa  crusta).  —  De  chaque 
côté  de  la  voie  se  trouvaient  des   débris  de  mai- 


1.  Ârch.  dép-,  Saint-Melaine,  3. 

2.  Ârch.  dép.,  Saint-Melaine,  2,  p.  667  et  suivantes. 

3.  Cadastre  de  1840. 


AiNT.  —    84     — 

sons   rasées ,    qui   semblaient    d'une    époque    plus 
récente  '. 

Faubourg  d'Antrain. 

Entre  le  n**  5  et  le  couvent  de  TAdoration  existait 
de  1748  à  1887  une  faïencerie  dont  les  bâtiments  ont 
été  démolis  en  1900  ^ 

On  voyait  aussi  dans  le  fauboure:,  à  un  endroit 
que  nous  ne  pouvons  préciser,  une  maison  «  où 
«  pendait  pour  enseigne  17?nagfe  Saint-Laurent  ;  » 
cette  maison  est  citée  en  1594  ^  et  en  1756*. 

N"'  9  et  11.  Couvent  de  V Adoration.  —  Les  Etats 
de  Bretagne  fondèrent  en  1778  une  maison  d'éduca- 
tion pour  les  jeunes  filles  nobles  et  sans  fortune  de 
la  province,  à  Texemple  de  Tabbé  de  Kergu,  qui 
avait  élevé  Técole  des  Gentilshommes.  M*"*  Bareau 
de  Girac,  évoque  de  Rennes,  acheta  alors  les 
hôtels  des  Croix  et  de  Kenjnan  et  y  installa  le  nouvel 
établissement  sous  le  nom  cV hôtel  des  Demoiselles 
ou  de  VEnfant  Jésus.  L'hôtel  de  Kerynan  apparte- 
nait aux  Dautruy  au  milieu  du  xvii"  siècle  ^;  Thôtel 
des  Croix,  appelé  précédemment  le  Colombier^, 
était  à  la  même  époque  aux  Bourgonnière^  il  était 
passé  ensuite  aux  Beschart,  qui  le  transmirent  par 
alliance  vers  la  fin  du  xvii"  siècle  aux  Visdelou  de 
la  Villethéard;  ceux-ci  le  vendirent  en  1710  à  Jean 
Bruneau,  échevin  de  Rennes,  qui  le  revendit  à  la 

1.  Histoire   archéolog.    de   V époque  gallo-romaine   de    la    Ville  de 
Rennes,  par  Toul mouche,  p.  25:^  et  3t)8. 

2.  Bulletin  de  la  Société  archéolog.  d'Illeet-  Vil.,   XXIX,  19  et  sui- 
vantes, L.  Decombe. 

8.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  21. 

4.  (communication  du  c^mte  de  Bellevûe. 

5.  Ârch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Hennés  de  1040,  f©  71,  v». 

6.  Arch.  dép.,  Saint- Mêlai  ne,  9. 

7.  Arch.  dép.,  Réformation  dq  domaine  de  Rennes  de  1040,  f»  72,  r>. 


ANT.  —  85    — 

communauté  de  TEnfant-Jésus  *.  Il  se  trouvait  au 
Nord  de  l'enclos  actuel,  son  jardin  touchait  la  ruelle 
du  moulin  de  Saint-Martin.  —  Sécularisés  pendant 
la  Révolution,  les  locaux  sont  devenus  en  1820  le 
couvent  de  TAdoration  -. 

Le  mur  qui  borde  la  rue  est  percé  d'une  grande 
porte  cochère  à  plein  cintre,  accostée  à  gauche  d'un 
portillon  également  cintré;  on  voit  à  droite  et  à 
gauche  de  la  première  deux  pierres  armoriées. 
Celle  de  gauche  figure  un  écusson  en  losange  qu'un 
épais  badigeon  rend  absolument  illisible  ;  il  est  orné 
d'une  guirlande  de  fleurs  soutenue  aux  angles 
supérieurs  de  la  pierre  par  deux  rosaces  et  retom- 
bant en  chutes  de  chaque  côté.  Celle  de  droite  porte 
les  armes  de  M*'  Bareau  de  Girac  :  Ecartelé  au 
1  d  argent  à  ta  fasce  de  gueules;  au  2  d'argent  à  la 
tour  de  sable;  au  3  de  gueules  au  lion  d'argent  ; 
au  'i  d'azur  à  la  fasce  d'or^  accompagnée  en  pointe 
d'une  étoile  de  mêmey  au  chef  endenté  aussi  de 
même;  au  .^ur-letout  d'or  au  chevron  de  gueules, 
accompagné  de  3  croissants  de  même.  L'écusson  est 
en  accolade  et  posé  sur  un  cartouche,  il  est  timbré 
d'une  couronne  qui  semble  ducale  et  d'un  chapeau 
épiscopal  à  quatre  rangées  de  houppes  ;  ses  angles 
supérieurs  supportent  une  mitre  et  une  crosse. 

Ce  portail  donnait  accès  à  une  cour  bordée  au 
Sud-Est  par  un  bâtiment  servant  de  boulangerie  et 
d'infirmerie.  Au  Nord  de  la  cour  se  trouvent  deux 
constructions  aspectées  sur  la  rue;  c'est  tout  ce  qui 
reste  de  l'ancien  établissement.  La  plus  au  Nord, 
avec  un  toit  à  la  Mansard,  n'est  antérieure  que  de 


1.  Arch.  (lép.,  Saint-Melaine,  9. 

2.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  4'orson,  III,  441 
et  fiar>. 


ANT.  —   86   — 

quelques  années  à  la  Révolution  ;  elle  comprenait  au 
rez-de-chaussée  un  réfectoire,  une  salle  de  dépense, 
une  apothicairerie  et  un  garde-manger,  et  aux  étages 
supérieurs  des  dortoirs  et  une  infirmerie. 

A  rOuest  de  la  cour  s'étendaient  un  grand  jardin 
et  un  verger.  L'allée  centrale  du  jardin  possédait 
«  un  grand  bâtis  en  treillages  et  charpente  formant 
«  berceau.  »  Une  chapelle  s'élevait  à  l'angle  Nord- 
Ouest  du  jardin;  elle  avait  trente-trois  pieds  sur 
quatorze  et  était  percée  d'une  porte  vitrée  à  l'Est  et 
de  deux  fenêtres  au  Sud  et  au  Nord  *. 

N**  21.  Maison  du  Petit  Pré  Saint-Melaine.  —  Cette 
maison,  citée  dès  1563^  appartenait  aux  Bruneau 
en  1707  3. 

N**  25.  Maison  du  Petit  Breil.  —  Elle  possède  une 
porte  cochère  cintrée,  ses  jardins  descendent  jusqu'à 
l'IUe,  c'est  de  ce  côté  que  se  trouve  la  principale 
façsfde. 

N**  27.  Maison  de  la  Grande  Morinais^.  —  Cette 
maison  touchait  la  deuxième  barrière  du  faubourg; 
elle  appartenait  au  milieu  du  xvn*  siècle  à  François 
de  Kermasson  et  à  Guillemette  Douard,  sa  femme  ^. 

La  Fosse-Courbé  commence  en  cet  endroit;  elle 
est  citée  en  1629  sous  le  nom  de  Forge  Courbé^.  Un 
Jean  Courbé  possédait  une  maison  en  ce  lieu  en 
1609''. 

N*"  49.  Maison  de  la  Petite  Morinais.  —  Elle  possède 
un  jardin  qui  descend  jusqu'à  l'IUe;  sa  principale 
façade  est  de  ce  côté.  Elle  fut  vendue  aux  Guichard 

1.  Communication  du  couvent  de  l'Adoration. 

2.  Ârch.  dép.,  Saint-Melaine,  70. 
S.  Ibid.,  2,  p.  315. 

4.  Ibid.,  6. 

5.  Ârch.  dép.,  Rèformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f*  72,  v». 

6.  Ibid.,  f  121,  V.  —  Saint-Melaine,  14. 

7.  Ârch.  dép.,  Saint-Melaine,  68. 


—   87    —  ANT. 

en   1731   par  les  héritiers  du   sieur  Prioul   de   la 
Cloustaye^ 

N*"  59.  Maison  de  Montabisé.  —  Le  lieu  de  Monta- 
bisé  est  cité  dès  1426'*;  un  rentier  de  Rennes  de  1382 
mentionnait  même  déjà  ce  terroir  à  l'occasion  des 
Fossés  à  Gahier  qui  passaient,  parait-il,  près  de  là^. 
(Voir  au  Préambule.)  —  La  maison  fut  vendue  en  1660 
par  les  de  la  Grée  de  la  Lande  aux  sieurs  Guérin 
et  Lebrun  ^  —  Une  carrière  existait  près  d'elle 
dès  1627  5. 


N*"  10.  Maison  de  la  Grande-Jar illais.  —  La  toiture 
élevée  de  cette  maison  peut  seule  attirer  l'atten- 
tion :  son  allée  est  aussi  surmontée  d'un  petit  toit 
en  carène.  La  façade  Est  présente  une  tourelle  car- 
rée à  deux  étages,  contenant  l'escalier.  La  Grande 
Jarillais  semble  avoir  appartenu  aux  Bonnier  en 
1660^  et  aux  Hubert  de  Lasse  en  1701  ''. 

N*"  12.  Emplacement  de  la  maison  de  la  Petite- 
Jarillais,  —  Le  mur  du  jardin  présentait  un  portail 
avec  un  portillon.  La  maison,  après  avoir  appar- 
tenu aux  Bonnier,  passa  par  succession  aux  Bour- 
delais  des  Châteaux,  qui  la  vendirent  en  1700  aux 
Lavocat;  ceux-ci  la  passèrent  par  succession  aux 
Amiral®. 

En   face  de  la  chapelle  actuelle  de  l'Adoration 


1.  Arch.  dép.,  Minutes  de  Le  Loué,  notaire  à  Rennes,  1731. 

2.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  68. 

3.  Arch.  dép.y  2«  carton  de  M.  de  la  Bigne. 

4.  Arch.  dèp.,  Saint-Melaine,  68. 

5.  Arch.  dép.y  Carmélites,  21. 

6.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  68. 

7.  Ibid.,  Saint-Georges,  134. 

8.  Commanication  du  couvent  de  l'Adoration. 


ANT.  —   88    — 

était  la  maisoyi  de  Rince-Bottes,  qui  appartenait  aux 
Bonnier  en  1660'. 

N**  36.  Emplacement  de  la  maison  du  Pas-Hamon, 
qui  appartenait  en  1658  à  Simonne  Picot,  femme 
d'Aubin  Herbert,  messager  à  Morlaix',  et  en  1721 
aux  le  Marc  de  la  Chesnardavs^. 

N**  46.  Maison  du  Bois-RondeL  —  C'est  une  grande 
maison  à  deux  étages  et  cinq  ouvertures  par  étage  : 
elle  a  conservé  un  ancien  mail.  Le  Bois-Rondel  a 
donné  son  nom  à  un  passage  récemment  percé  à 
cent  mètres  environ  vers  le  Sud. 

Près  de  là  se  voyait  en  1629  la  Perrière  Rondel  ou 
Pemère  du  Bois  de  la  Fond,  qui  appartenait  aux  de 
la  Fond\ 

N*"  64.  Maison  du  Puits-Ronde}.  —  C'est  une  maison 
sans  caractère,  qui  possède  sur  le  bord  de  la  route 
un  petit  pavillon  et  un  puits'».  Il  y  avait  autrefois 
près  d'elle  la  Croix  du  Puits-Rondel,  citée  dès 
1679*,  et  une  barrière  qui  fut  réparée  en  159P.  Elle 
était  possédée  par  les  Frangeul  en  1646. 

Ces  deux  dernières  maisons  empruntent  sans 
doute  leur  nom  à  une  famille  possessionnée  dans 
les  environs  ;  on  trouve,  en  effet,  au  milieu  du 
xV*  siècle,  Thomas  et  Guillaume  Rondel,  demeurant 
entre  la  Fosse-Courbé  et  Montabisé^. 


1.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine.  08. 
'2.  Ibid.,  Dominicains,  27. 

3.  Ibid.,  Minutes  de  Le  Harbier,  notaire  à  Rennes.  1721. 

4.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  14.  —  Minutes  d'André,  notaire  à  Rennes, 
mai  1670. 

5.  Arch.  dép.,  Saint- Mêlai  ne,  68. 

6.  Arch.  dép..  Saint-Meiaine,  0. 

7.  Arch.  mun.,  147  et  216. 

8.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1456,  f**  49,  v»,  et 
50.  r*  et  V. 


—  89   —  ANT. — ARG. 

N®  66.  Auberge  des  3  Marches.  —  Elle  existait  dès 
1705  «. 

N*"  86.  Maison  du  Gros-Chêne.  —  Cette  maison  est 
citée  en  1672  2.  Son  jardin  renferme  une  ancienne 
chapelle  en  forme  de  pavillon,  surmontée  d'une 
croix  en  fer  et  d'un  coq.  Elle  était  habitée  en  1672 
par  Michel  Cochard,  marchand^. 

N"*  90.  Ancienne  maison  noble  de  Marbaudé.  —  C'est 
aujourd'hui  une  simple  ferme  qui  ne  présente  d'autre 
intérêt  qu'une  pierre  de  tuffeau  du  xvi*  siècle,  placée 
dans  le  pignon  d'un  bâtiment  moderne  qui  borde  la 
route.  Cette  pierre  figure  un  cartouche  à  nombreux 
enroulements,  entouré  d'une  guirlande  de  fleurs  et 
portant  les  armes  des  de  Marquer  :  d'azur  à  la  fasce 
d'or^  accompagnée  de  trois  coquilles  de  même.  Par 
une  méprise  regrettable,  l'écusson  a  été  placé  la 
tête  en  bas  dans  la  muraille. 

Le  manoir  de  Marbaudé  fut  vendu  en  1554  par 
les  Goueslin  aux  Deschamps*.  Il  appartenait  aux 
Bretagne,  qui  l'habitaient  en  1668 '^. 

La  route  d'Antrain  était  pavée  en  cet  endroit  au 
XV*  siècle  ;  des  réparations  furent  faites  à  son 
pavage,  sur  une  largeur  de  trois  toises,  en  1484^. 

Rue  d'Argentré  (Canton  S.-O.). 

Elle  remplace  l'ancienne  rue  de  Vlsle  ou  de  la 
Poissonnerie'^,  ainsi  nommée  parce  qu'elle  traversait 


1.  Arch.  mun.,  229. 

2.  Arch.  dép.,  Minutes  d'André,  notaire  à  Rennes,  juin  1672. 

3.  Ibid. 

4.  Arch.  dép.»  Ëvêchéde  Rennes.  6, 12. 

5.  Fbid.,  Minutes  d'André,  mars  1668. 

6.  Arch.  mun.,  207. 

7.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f«  428,  y^. 
XXXIII  12 


ARG.  —   90    — 

Vîle  de  la  Poissonnerie  ou  de  Joculé  formée  par  le 
ruisseau  de  Joculé  et  la  Vilaine;  elle  porte  depuis 
1862  le  nom  de  Bertrand  d'Argentré,  jurisconsulte 
et  historien  breton,  mort  en  1590  ^  —  Cette  rue,  ou 
la  rue  de  la  Basse-Parcheminerie  qui  lui  fait  suite, 
était  appelée  aussi  en  1513  rue  du  Pont  Téhel;  on 
trouve,  en  effet,  ce  nom  donné  à  la  rue  conduisant 
du  Pont  de  Vilaine  à  Toussaints-.  Les  Souvenirs  de 
Rennes,  par  M.  Ducrest  de  Villeneuve,  conservent 
deux  lithographies  de  Lorette  figurant  Tancienne 
rue  et  l'ancien  pont  de  Flsle. 

Chacune  des  extrémités  de  cette  rue  rencontrait 
un  pont,  Tun  sur  le  lit  principal  de  la  rivière  (quai 
Lamennais),  Tautre  sur  le  ruisseau  de  Joculé  (rue 
de  la  Chalotais).  Le  premier  était  le  pont  de  Vlsle 
ou  de  la  Poissonnerie,  appelé  primitivement  pont  de 
la  Porte  de  Vilaine,  à  cause  du  voisinage  de  la 
porte  de  ce  nom,  ou  simplement  pont  de  Vilaine; 
—  le  second  était  nommé  dès  le  xv*  siècle  pont 
Gabier  ou  Rialen,  du  nom  de  deux  propriétaires 
voisins  3,  ou  pont  Joculé  ou  Chaucullet  *,  du  nom  du 
ruisseau  qu'il  traversait,  ou  enfin  pont  Téhel"*.  — 
Le  ruisseau  de  Chaucullet  est  cité  dès  1395®;  le 
pont  qui  le  traversait  avait  cinq  toises  de  long  sur 
quatorze  pieds  de  large  ^;  son  côté  Ouest  supportait 
deux  maisons  8.  —  Le  pont  de  la  Poissonnerie 
existait  dès  1418*,  il  avait  six  toises  cinq  pieds  de 

1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  187. 

H.  Arch.  dép.,  Héformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f»  202,  v. 

4.  Arch.  mun..  Compte  des  Miseurs  de  1418,  (*  7,  et  de  1537,  f  40,  r. 

5.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  fo  355,  r». 

6.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  187. 

7.  Arch.  dép.,  Etats  de  Bretagnp,  C,  3328.  procès-verbal  de  l'incendie 
de  1720.  p.  112. 

8.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f*357,  f  et  V. 

9.  Arch.  niun.,  Fortifications,  Indemnité?,  B,  1418,  f*  4,  v». 


—   91    —  AKG. — ARM. 

long  sur  dix-sept  pieds  de  large  *.  Une  H  Me  aux 
poissons^  portée  sur  des  piliers  en  pierre  de  taille 
et  baignant  dans  la  Vilaine,  fut  établie  en  1484  sur 
ce  pont  et  à  côté  de  lui  par  le  duc  François  IP;  elle 
était  déjà  détruite  en  1643,  et  le  marché  se  tenait 
simplement  sur  le  pavé^  Des  boutiques  et  des 
étaux  se  trouvaient  aussi  sur  le  pont  au  commence- 
ment du  XVII*  siècle  ^ 

N"*  5.  Emplacement  de  Vhôtellerie  franche  des 
Trois  Rois'^. 

Immédiatement  au  Nord  de  cette  hôtellerie,  so 
trouvait  celle  du  Grand  Sauvage^, 

La  rue  de  Tlsle  était  sujette  à  de  fréquentes 
inondations  :  le  compte  de  1787,  conservé  aux 
Archives  municipales,  mentionne  le  paiement  d'une 
somme  de  15  liv.  au  nommé  Daniel  «  pour  avoir, 
«  avec  son  bateau^  porté  des  secours  aux  habitans 
«  des  rues  de  Tlsle  et  de  Champdolant,  renfermés 
«  chez  eux  par  l'inondation  arrivée  le  3  décembre 
«  1787.  » 


Rue  Armand-Barbes  (Canton  N.-Ë.). 

Cette  rue,  récemment  élargie,  porte  le  nom  d'un 
révolutionnaire  qui  joua  un  rôle  important  dans 
l'opposition  sous  le  règne  de  Louis-Philippe,   fut 

1.  Ârch.  dép.,  Etats  de  Bretagne,  G,  8328,  Procés-verbal  de  l'incendie 
de  1720,  p.  112.  —  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f»480,  t*>. 

2.  Arch.  mun.,  186. 

3.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  195  à  197. 

4.  Arch.  mun.,  Oompte  des  Miseurs  de  1606,  f"  15,  v%  et  39,  r*.  —  et 
de  1638,  4*  Registre.  —  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes 
de  1646,  f«  254,  v. 

5.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  î^  128,  v<>. 
~  Minutes  d'André,  notaire  à  Rennes,  oct.  1671  et  juil.  1674. 

6.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f*  428,  v*  — 
Min.  d'Alix,  notaire  à  Rennes,  1678. 


ARM. — ARS.  —   92   — 

incarcéré  au  Mont  Saint-Michel  et  mourut  en  1869. 
Elle  s'appelait  jusqu'en  1891  rue  du  Petit  Paris,  du 
nom  d'une  ancienne  ferme  située  au  côté  Sud  du 
faubourg  de  Paris.  (Voir  ce  faubourg.)  Tout  le 
terrain  avoisinant  était  nommé  le  lieu  de  Paris  K 

La  ferme  appartenait  en  1475  à  Pierre  Paris,  elle 
passa  par  succession  aux  Caresmel,  puis  fut  ache- 
tée par  Tabbaye  de  Saint-Georges  sous  Tadministra- 
tion  de  Tabbesse  OUve  de  Quelen  (1463-1485.)  ^ 

Rue  de  l'Arsenal  (Canton  S.-O.). 

Cette  rue  tire  son  nom  de  la  caserne  qui  la  borde 
au  Sud;  elle  remplace  l'ancien  faubourg  de  la 
Croix  Rocheran  :  une  barrière  en  fermait  l'extrémité 
Ouest  3.  La  Croix  Rocheran,  située,  croyons-nous, 
à  Tintersection  des  rues  de  Redon  et  des  Trente, 
devait  son  nom  à  une  famille  rennaise;  on  trouve 
un  Guillaume  Rocheran  cité  en  1455  \ 

Caserne  de  i Arsenal^.  —  Elle  occupe  les  bâti- 
ments de  Vhospice  de  la  Santé,  appelé  plus  tard  le 
Sanitat.  Pendant  les  épidémies  de  peste  qui  déso- 
lèrent la  ville  au  xvi*  siècle,  Thôpital  Saint-Yves 
n'était  pas  assez  vaste  pour  recevoir  tous  les  mal- 
heureux atteints  du  fléau.  En  1546,  François  Thierry 
de  Boisorcant  donna,  pour  y  loger  des  pestiférés, 
une  maison  et  un  jardin  en  cet  endroit;  des  acqui- 
sitions   successives   augmentèrent  le  terrain^.  La 


1.  Arch.  dép.,  Saint-Georges,  47.  —  Cadastre  de  1840. 

2.  Arch.  dép.,  Saint-Georges,  19. 
8.  Arch.  m  an.,  216. 

4.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f^  126,  v*. 

5.  Fouillé  de  Rennes^  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  III,  337. 
—  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  344. 

G.  Arch.  mun.,  î^23  et  325. 


—   93    —  ARS. 

Communauté  de  Ville  plaça  aussi  des  contagieux 
dans  des  maisons  voisines  qui  ne  lui  appartenaient 
pas  ',  entre  autres  dans  la  maison  de  Vlmage  Saint- 
Nicolas,  en  164  P. 

On  commença  en  1607,  sur  un  champ  voisin 
appartenant  à  l'hôpital  Saint- Yves  et  où  Ton  avait 
déjà  enterré  des  pestiférés,  la  construction  de  Thos- 
pice  du  Sanitat,  destiné  aux  malades  contagieux; 
puis,  pour  assainir  les  prairies  marécageuses  qui 
s'étendaient  entre  lui  et  la  rivière,  on  creusa  en 
1632,  perpendiculairement  à  la  Vilaine,  un  canal 
que  remplace  aujourd'hui  le  boulevard  Sébastopol. 
(Voir  ce  boulevard.) 

Quand  la  peste  eut  disparu,  le  Sanitat  fut  trans- 
formé en  maison  de  dépôt  pour  les  mendiants,  et 
enfin  en  hôpital  général  en  1679.  L'hôpital  général 
fut  transféré  en  1793  à  l'abbaye  de  Saint-Melaine 
(place  Saint-Melaine)  et  au  couvent  des  Catheri- 
nettes  (rue  de  Paris),  et  les  bâtiments  devinrent  un 
Arsenal^.  —  De  nouvelles  constructions  faites  pen- 
dant la  Révolution  utilisèrent  les  matériaux  de 
la  tour  de  Toussaints*.  On  en  trouve  une  lithogra- 
phie de  Lorette  dans  les  Souvenirs  de  Rennes  de 
M.  Ducrest  de  Villeneuve,  et  dans  une  aquarelle  de 
Huguet,  datée  de  1737  et  figurant  une  vue  des 
environs  de  Rennes  prise  de  la  terrasse  de  l'hôtel 
de  Coniac;  le  Musée  archéologique  possède  une 
copie  de  cette  aquarelle. 

L'Arsenal  se  compose  de  trois  vastes  construc- 
tions  formant  les   côtés  Est,   Sud   et    Ouest    d'un 


1.  Arch.  mun.,  325. 

2.  Ibid.  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  345. 

3.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine    Guillotin    de    Corson,    III. 
î337  et  suivantes.  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville.  II,  254  et  345. 

4.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  17. 


Aiis.  —  94  — 

carré  entourant  une  cour  au  centre  de  laquelle 
s'élevait  une  chapelle;  cette  chapelle,  orientée  de 
l'Est  à  rOuest,  était  percée  de  fenêtres  à  plein 
cintre  et  surmontée  d'une  flèche  aiguë.  Elle  existait 
dès  1621,  et  se  trouvait  *  au  lieu  où  on  a  enterré 
«  plusieurs  corps  morts  de  la  maladie  de  la  conta- 
gion ^  »  Elle  fut  démolie  en  1839-.  Une  pierre 
trouvée  dans  les  fondations  de  la  chapelle  portait 
en  capitales  romaines  l'inscription  suivante  :  M.  jR. 
Joannes.  Lovel.  Urbis,  Procurator.  Huvc,  Lapidem. 
Posvit.  A.  D.  1607. 

Le  bâtiment  Est  est  plus  récent;  Taquarelle  de 
Huguet  figure  seulement  les  bâtiments  Sud  et 
Ouest. 

Chacun  des  trois  bâtiments  comprend  un  rez-de- 
chaussée  et  un  étage  avec  un  toit  à  la  Mansard; 
chaque  étage  est  percé  de  seize  ouvertures;  les 
fenêtres  des  mansardes  sont  surmontées  de  fron- 
tons alternativement  arrondis  et  triangulaires.  Un 
pavillon  à  peine  saillant  renferme  les  deux  ouver- 
tures centrales;  il  interrompt  la  toiture  et  se  pro- 
longe en  forme  de  grand  fronton  en  arc  de  cercle; 
le  tympan  est  rempli  par  un  écusson  ovale  posé  sur 
un  cartouche  enroulé.  Le  cartouche  du  bâtiment 
Est  est  orné,  en  outre,  de  branches  de  myrte. 
Au-dessous  de  son  fronton,  on  lit  :  Enfants  trouvés. 
Quoniam  pater  meus  et  mater  mea  dereliquerunt  me, 
Dominus  autem  assumpsit  me.  PsaL  26  ^. 

Le  bâtiment  Est  est  terminé  vers  le  Nord  par  un 
grand  pavillon  qui  présente  un  rez-de-chaussée,  un 


1.  Arch.  mun.,  478,  délibération  du  11  mai  1607. 

2.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Gorson,  111, 342.  — 
Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  349. 

S.  Bulletin  de  la  Société  archéolog.  d'IUeet-Vil.,  t.  X,  p.  xix  et  xx. 


—  Do  —  vus. 

étage  et  un  toit  à  la  Mansard;  ce  pavillon  est  aspecté 
au  Nord;  sept  ouvertures  sont  pratiquées  à  chaque 
étage.  La  partie  centrale  offre  une  saillie  peu  pro- 
noncée avec  trois  ouvertures  par  étage.  La  porte 
percée  au  milieu  du  rez-de-chaussée  et  la  fenêtre 
qui  la  surmonte  sont  en  plein  cintre.  Cette  partie 
centrale  se  prolonge,  en  coupant  le  toit,  en  forme 
de  grand  fronton  percé  de  trois  fenêtres  et  sur- 
monté d'un  tympan  triangulaire;  les  autres  fenêtres 
des  mansardes  sont  cintrées.  —  Le  tympan  a  été 
chargé  après  coup  d'un  grand  écusson  ovale  posé 
sur  un  cartouche  enroulé  et  sommé  d'une  couronne 
aujourd'hui  très  mutilée;  des  deux  côtés  se  voient 
des  trophées  de  drapeaux,  d'étendards,  de  boulets, 
de  fusils,  avec  une  fascine,  un  canon,  un  tambour, 
une  cuirasse  et  un  casque. 

Ce  pavillon  a  été  construit  en  1767*,  comme  le 
prouve  une  inscription  gravée  sur  une  des  pierres 
du  jambage  droit  de  la  porte  intérieure  (façade 
Sud),  qui  donne  accès  de  la  cour  dans  l'escalier  : 
pre  pierre  1767 -.  Une  autre  inscription  en  capitales 
romaines  en  indique  la  destination  et  les  construc- 
teurs, elle  est  gravée  sur  une  frise  qui  court  sous 
les  fenêtres  des  mansardes  de  la  partie  centrale; 
Fondation  pour  six  anciens  prestres  faille  par  Ma-- 
dame  (la  Comlesse)  de  la  Garlais  el  Monsieur  de  ta 
Bourdonais  (Comle)  de  Monlluc  son  frère^.  Les  mots 
placés  entre  parenthèses  ont  été  grattés  pendant  la 
Révolution. 

La  façade  extérieure  des  trois  bâtiments  est  sem- 
blable à  leur  façade  intérieure.  Celle  du  bâtiment 


1.  Fouillé  de  Refînes»  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  III,  841. 

2.  Bulletin  de  la  Société  archéolog.  d'Ille-et-Vil.,  t  X,  p.  xix. 

3.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville.  II,  849. 


ARS. — ATE.  —   96   — 

Est  est  la  seule  que  Ton  puisse  voir  facilement, 
elle  borde  l'avenue  de  la  Tour-d'Auvergne  :  on  y 
compte  dix -sept  ouvertures  par  étage  et  huit 
fenêtres  de  mansardes.  —  Le  pavillon  dont  il  vient 
d'être  parlé  la  termine  au  Nord;  il  comprend,  du 
côté  de  l'avenue,  trois  fenêtres  à  chaque  étage. 

Rue  des  Ateliers  (Canton  S.-E.j. 

Cette  rue  récente  doit  son  nom,  depuis  1885,  au 
voisinage  des  ateliers  de  la  Gare. 

Avant  rétablissement  de  la  voie  ferrée,  l'entrée 
de  la  rue  des  Ateliers  du  côté  du  faubourg  Saint- 
Hélier  formait,  avec  la  rue  de  l'Embarcadère,  une 
ligne  droite  reliant  la  rue  et  le  faubourg  Saint- 
Hélier;  cette  entrée  de  rue  est  encore  aujourd'hui 
appelée  la  Casseroley  altération  du  mot  casse-reue 
(casse-roue);  on  lui  donnait  ce  nom  à  cause  de  sa 
forte  pente  et  de  son  entretien  défectueux  *. 

La  rue  coupe  à  180  mètres  environ  de  son  extré- 
mité Est  l'emplacement  de  l'ancienne  maison  du 
Petit  Lion  d'or-. 

A  cent  mètres  environ  plus  loin,  du  côté  Sud  de 
la  rue,  se  trouve  l'ancienne  maison  de  la  Grande 
Herpe;  deux  portes  accolées,  d'inégale  dimension, 
donnent  accès  dans  la  cour;  la  plus  petite  est  en 
plein  cintre.  La  maison  a  conservé  au  rez-de- 
chaussée,  du  côté  de  la  cour,  une  fenêtre  grillée 
dont  les  montants  se  terminent  en  fers  de  lance.  — 
La  Grande  Herpe  appartenait  en  1645  à  Pierre  Ter- 
rier de  la  Robitelais  et  à  Renée  Laval,  sa  femme  ^. 

1.  I^s  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  (ladastre  de  Rennes  de  1840. 

3.  Arch.  mun.,  32i^. 


—    97    —  ATE. — BAS. 

On  trouve  en  1563  un  Blandin,  sieur  de  la  Herpe*, 
mais  nous  ne  savons  s'il  s'agit  de  cette  maison  ou 
d'une  autre  du  même  nom. 

Rue  de  la  Barbais  (Canton  S.-Ë.). 

Cette  rue  doit  son  nom  à  la  maison  de  la  Barbais  % 
elle  remplace  un  ancien  chemin.  La  maison  de  la 
Barbais,  étant  absolument  en  dehors  de  la  ville,  ne 
peut  être  étudiée  ici. 

Place  du  Bas  des  Lices  (Canton  N.-O.). 

Elle  s'appelait  autrefois  place  de  la  Harpe,  du 
nom  d'une  hôtellerie  qui  se  trouvait  dans  son  voi- 
sinage (Voir  n®  9,  rue  de  Juillet)^;  on  la  nommait 
aussi  au  xvii"  siècle,  placis  de  la  Carrière  ^^  à  cause 
des  carrières  et  des  buttes  qui  existaient  à  cette 
époque  entre  elles  et  la  rue  Saint-Louis  ;  on  lit,  en 
effet,  dans  un  prisage  de  l'hôtel  du  Molant  en  1694 
(n**  34,  place  des  Lices)  que  l'hôtel  faisait  «  face  du 
«  bout  Occident  sur  la  carrière  de  la  Porte  Morde- 
«  laise  ^.  »  Ce  pouvait  être  une  simple  carrière  de 
sable,  car  on  voit  citées  en  cet  endroit  des  sahlon- 
nières  en  1629^. 

Une  motte  appelée  Motte  Chauvin  se  trouvait 
au  XV"  siècle  entre  la  Porte  Mordelaise  et  le  Pré- 
Raoul '^. 

1.  Ârch.  mun. ,  325. 

2.  I^s  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

3.  Ibid. 

4.  Arch.  dép.,  Evêché  de  Rennes,  G,  41,  p.  304. 

5.  Bulletin  de  la  Société  archéolog.,  XV,  1"  partie,  p.  141.  —  Jean 
du  CloS'Bossart,  par  le  comte  de  Palys,  p.  11. 

B.  Arch   dép.,  Carmélites,  21. 

7.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f*  40,  r*,  et 
suivantes. 


BAS.  —-98    — 

Une  murette  construite  en  1663  séparait  les  Lices 
de  la  place  du  Bas  des  Lices.  (Voir  place  des  Lices.) 

Les  maisons  Sud  de  la  place  sont  postérieures  à 
Tincendie  de  1720  *,  elles  entourent  l'ancien  boule- 
vard de  la  Porte  Mordelaise,  on  voit  encore  le  mur 
de  ce  boulevard  dans  la  cour  du  n«  1 .  (Voir  aussi  les 
n**'  22,  rue  Nantaise,  9  et  il,  rue  de  la  Porte  Mor- 
delaise.) 

N**  10.  Ancienne  hôtellerie  de  la.  Tour  d'Argent, 
citée  dès  le  xvii"  siècle  -, 

On  voyait  au  milieu  du  xviii"  siècle,  au  bas  des 
Lices  ou  dans  le  voisinage  immédiat,  la  maison  du 
Fort  de  Plaisance^. 

Rue  de  la  Basse-Baudrairie  (Canton  N.-E.) 

Cette  rue  fort  ancienne  a  emprunté  son  nom  aux 
baudroyeurSy  marchands  de  cuir  et  ouvriers  en  cuir 
qui  rhabitaient;  elle  était  le  prolongement  de  la 
rue  de  la  Haute-Baudrairie,  qui  s'étendait  entre  les 
rues  d'Orléans  et  de  Rohan  et  a  été  détruite  par 
l'incendie  de  1720.  (Voir  rue  d'Orléans.)  Les  deux 
rues  réunies  formaient  le  faubourg  de  la  Daudrai- 
rie  *  ;  ce  faubourg  existait  dès  le  xm"  siècle,  car  on 
trouve  mentionné  en  1288  cheminum  per  quein  itur 
de  Baldreria  liedonis  erga  ecclesiam  S"  Georgii 
Redonensis  ^. 

L'extrémité  Est  de  la  rue  de  la  Basse-Baudrairie 
remplace    Tancien    Carroil   Peschart   (voir    rue    du 

1.  Plans  de  Bennes  de  1616,  Hm  et  1685. 

2.  Arch.  dép..  Evêché  de  Rennes,  G.  41,  p.  283.  —  Cadastre  de  1840. 

3.  Bulletin  de  la  Société  archéolog.  d'Ille-et-Vil.,  XX VII,  p.  vi. 

4.  Arch.  départ.,  Saint- Mêlai  ne.  8.  —  Pouillé  de  Rennes,  par  le  cha- 
noine Guillutin  de  (^orson,  III,  500. 

5.  Bibl.  de  Rennes,  Cartulaire  de  Saint  Melaine,  f"  f>^.  r». 


—    9î^    —  BAS. 

Vau  Saint-Oermain)  ;  elle  fut  appelée  en  1769  place 
Duras,  en  Thonneur  de  M.  de  Durfort,  duc  de  Duras, 
commandant  en  chef  en  Bretagne*.  On  y  voyait  un 
puits  public^. 

La  rue  conserve  quelques  maisons  du  xvii*  siècle 
sans  intérêt. 

N"  1.  Hôtel  de  Lys^,  — Cette  maison  fut  construite 
après  Tincendie  de  1720  par  M.  Gaspard  de  Lorme, 
ancien  fermier  général  des  Etats  de  Bretagne  : 
celle  qui  Tavait  précédée  avait  disparu  longtemps 
auparavant. 

On  a  déposé  dans  la  cour  de  l'hôtel  deux  grandes 
pierres  en  granit  sculpté  du  xvi'  siècle,  qui  pro- 
viennent de  la  commune  de  Gévozé  et  ne  doivent 
pas,  par  conséquent,  être  décrites  ici. 

N^  5.  Là  était  au  xvii*  et  au  xviii*  siècles  l'entrée  du 
Jeu  de  Paume  du  Pigeon,  qui  s'étendait  sous  le  n°  8 
de  la  rue  de  Coëtquen  et  jusque  sous  Tangle  Sud- 
Est  des  Galeries  Méret.  Il  avait  cent  deux  pieds  sur 
quarante  pieds  et  demi*.  Le  Jeu  de  Paume  servit 
souvent  de  salle  de  spectacle  au  xvii"  siècle^;  il 
appartenait  en  1646  au  s'  de  Brecé  de  la  Ghotar- 
daye*  et  en  1720  à  M.  Gardin  de  la  Bretonnière '^. 
On  le  transforma  provisoirement  en  halle  à  la  viande 
de  1721  à  1733,  puis  après  la  construction  d'une 
nouvelle  halle  près  du  quai  Lamartine,  il  servit 
quelques  années   de   manège  à  l'Académie  royale 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 
â.  Bibl.  de  Rennes,  plan  ancien. 

3.  Terrier  de  Rennes  de  1739.  p.  50  et  84. 

4.  Le  Théâtre  de  Rennes,  par  L.  Decombe,  p.  47. 

5.  Rennes  illustré,  par  L.  Decombe,   p.  215.  —  Histoire  de  Rennes* 
par  Marteville,  II,  279. 

6.  Le  Théâtre  de  Rennes,  par  L.  Decombe,  p.  47. 

7.  Arch.  mun.,  130.  —  Terrier  de  Rennes  de  1739,  p.  85. 


1 


BAS.  —    100    — 

d'équitation  ^  ;  il  n'était  plus  affecté  à  cet  usage  dès 
1748^,  il  redevint  ensuite  saiie  de  specfac/e  jusqu'en 
1785,  époque  à  laquelle  il  fut  démoli  partiellement 
pour  le  percé  de  la  rue  de  Coëtquen^;  il  ne  dis- 
parut complètement  qu'en  1789.  (Voir  rue  de  Coët- 
quen.) 

A  l'Ouest  du  Jeu  de  Paume  se  voyait  Vhôlel 
Saliou  du  Chef  du  Bois,  appartenant  en  1720  au 
comte  de  Crévy\ 

Près  de  lui  également  existait  dès  1621  une  mai- 
son «  où  pendait  pour  enseigne  le  Cerf-Volant.  » 
Cette  maison  touchait  l'hôtellerie  du  Griffon,  (Voir 
place  de  la  Mairie.) 


N«  2.  Ancien  hôtel  Fournier,  en  1756*  et  en  1788  ^ 
—  Sur  son  emplacement  se  trouvait  dès  le  milieu 
du  xv"  siècle  une  hôtellerie  franche  «  où  pendait 
«  pour  enseigne  l'image  Saint- Nicolas''.  »  Avant  la 
construction  de  la  grande  maison  actuelle,  l'Image 
Saint-Nicolas  était  la  deuxième  maison  à  partir  de 
la  rue  d'Orléans;  son  jardin  descendait  jusqu'à  la 
rivière  ^. 

On  trouvait  aussi  en  1604,  du  même  côté  de  la 
rue,  la  maison  des  Truies  qui  filent,  et  au  n**  14  la 


1.  Ârch.  mun.,  Oomptes  des  Miseurs  de  1789,  f'»  18,  v«,  et  30.  r®.  et  de 
1743.  f-  12,  r*. 

2.  Ibid.,  1748,  f- 10,  v. 

3.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  198  et  199.  —  Le  Théâtre  de 
Rennes,  par  L.  Decombe.  p.  47  et  suivantes. 

4.  Arch.  dép.,  Saint-Denis.  —  Bibl.  de  Rennes.  Plan  de  1788. 

5.  ("communication  du  comte  de  Belleviie. 
().  Bibl.  de  Rennes,  Plan. 

7.  Arch.  dép..  Saint- Georges,  47. 

8.  Ibid.A^  et  47.  —  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f«  263,  v. 


—    101    —  BAS. 

maison  de  V Image  Saint-- Arm^el  ;  cette  dernière  avait 
été  détruite  par  un  incendie  avant  1681  *. 

On  voyait  aussi  dans  la  rue  la  maison  de  Vlmage 
Saint'Barthélemy^,  celle  de  la  Tour  Morin  en  1782^ 
(voir  quai  Chateaubriand),  et  la  maison  de  Vlmage 
Saint-Sébastien  * . 


Rue  Le  Bastard  (Cantons  N.-E.  et  N.-O.). 

Cette  rue,  citée  dès  1353^,  porte  le  nom  de  M.  Le 
Bastard,  décédé  maire  de  Rennes  en  1892  ;  elle  s'ap- 
pelait jusqu'en  1893  rue  aux  Foulons.  On  croit  géné- 
ralement qu'elle  était  ainsi  nommée  à  cause  de 
moulins  à  foulons  établis  sur  l'ancien  fossé  de  la 
ville,  près  de  la  porte  aux  Foulons;  mais  c'est  là 
une  erreur,  car  ces  prétendus  moulins  n'ont  jamais 
existé  :  elle  doit  son  nom  à  ce  qu'elle  était  habitée 
principalement  à  l'origine  par  des  ouvriers  foulons 
ou  drapiers^. 

Cette  rue  était  fermée  au  Nord  par  la  porte  aux 
Foulons,  (Voir  rue  de  la  Motte-Fablet.j  —  Avant  l'in- 
cendie de  1720,  sa  partie  Sud  s'infléchissait  forte- 
ment vers  l'Est  à  la  hauteur  du  n**  6  et  se  terminait 
à  un  carrefour,  à  peu  près  dans  la  cour  du  n**  10  de 
la  rue  Nationale  ;  elle  a  été  reconstruite  et  redressée 
après  1720  et  ne  contient  plus  que  quelques  maisons 
anciennes. 


1.  Arch.  dép.,  Saint-Denis.  —  Réformation  de  domaine  de  Rennes  de 
1646,  f*  265,  r*.  —  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Cor- 
son,  I,  245. 

2.  Arch.  dép.,  Eglises  paroissiales,  G,  530. 
8.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G.  234. 

4.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1552,  1"  registre,  f«»  30,  r*, 
et  31 ,  r». 

5.  Arch.  dép.,  Saint- Melaine,  9. 

6.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 


BAS.  —    102    — 

N"*  9.  Il  marque  à  peu  près  remplacement  du  petit 
hôtel  Huart  de  Bœuvres,  qui  avait  été  acheté,  en  1528 
par  la  famille  de  ce  nom  et  lui  appartenait  encore 
en  1738». 

N*  11.  Hôtel  de  la  Guibourgère.  —  Il  remplace 
Tancien  hôtel  du  même  nom,  détruit  par  Tincendie 
de  1720  et  appelé  antérieurement  hôtel  d'Argentré, 
puis  hôtel  Huart  de  Bœuvres-;  il  passa,  par  alliance, 
des  Huart  aux  de  la  Guibourgère  ^. 

Les  vantaux  de  sa  porte-cochère  méritent  d'être 
signalés;  leurs  deux  panneaux  supérieurs  sont 
sculptés  d'enroulements  de  feuillages  et  d'une 
grande  coquille;  le  couvre-joint  est  surmonté  d'une 
tête  de  femme  en  haut-relief,  posée  sur  une  volute 
imbriquée,  ses  cheveux  forment  des  boucles  ondulées 
et  ses  épaules  sont  couvertes  d'une  peau  de  lion, 
que  font  deviner  deux  pattes  croisées  sur  la  poitrine. 

N®  15.  Ancien  petit  hôtel  de  Robien.  —  Il  était  en 
construction  en  1721  *. 

N*»  17.  Hôtel  de  Robien.  (Voir  n*»  22,  rue  du  Champ- 
Jacquet.) 

N**  6.  Ancien  hôtel  d'Artois,  puis  de  Châteaure- 
naiilt.  —  L'hôtel,  situé  au  fond  de  la  cour,  présente 
au  rez-de-chaussée  une  porte  en  anse  de  panier  et 
une  fenêtre  à  appui  mouluré;  son  premier  étage  est 
percé  d'une  fenêtre  semblable.  —  La  façade  Est 
possède  une  porte  flanquée  de  chaque  côté  d'une 
colonnette  torique  à  arête  mousse  qui  repose  sur 
une  petite  base;  à  côté  de  cette  porte  s'en  trouve 


1.  Communication  du  comte  de  Bellevûe. 

2.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  6. 

3.  Communication  du  comte  de  Bellevûe. 

4.  Arch.  dép.,  Etats  de  Bretagne,  C,  8828.  Procès-verbal  de  l'incendie 
de  1730,  f-  18.  r». 


—    103   —  BAS. 

une  seconde,  cintrée  et  chanfreinée.  —  Le  jardin 
de  rhôtel  s'étendait  vers  FEst  jusqu'à  la  rue  de 
Bordeaux;  ses  écuries  étaient  en  face,  de  l'autre 
côté  de  la  rue  Le  Bastard*. 

L'hôtel  d'Artois  appartenait,  en  1618,  aux  de 
Launay  du  Han,et  en  1671,  aux  de  la  Porte  d'Artois^. 
11  passa  par  alliance,  à  la  fin  du  xvir  siècle,  aux 
Rousselet  de  Châteaurenault,  qui  le  possédaient  en 
1721  et  1732';  il  servait  en  1773  d'hôtel  de  la  Mes- 
sagerie de  Paris  *;  le  courrier  de  Paris  y  descendait 
tous  les  deux  jours  *.  Il  était  occupé  sous  la  Répu- 
blique et  le  premier  Empire  par  Vhôtel  de  la  Patrie; 
c'est  là  que  se  suicida,  en  1808,  le  vice-amiral  de 
Villeneuve,  le  vaincu  de  Trafalgar,  en  allant  à 
Paris  pour  rendre  compte  à  l'empereur  de  sa  glo- 
rieuse défaite.  Il  a  été  occupé  plus  tard  par  une 
loge  maçonnique^  puis  par  un  temple  protestant*. 

N*  8.  L'allée  de  cette  maison  était  fermée  jus- 
qu'en 1897  par  une  belle  porte  sculptée  à  un  seul 
battant  qui,  d'après  nos  souvenirs,  devait  dater  du 
xvi»  siècle.  La  maison  semble  occuper  l'emplace- 
ment de  la  maison  de  la  Botte  d'argent  en  1728^. 

N**  10.  Son  allée  conduit  à  une  cour  au  fond  de 
laquelle  se  trouve  un  ancien  hôtel,  composé  d'un 
corps  étroit  de  bâtiment  flanqué  de  deux  ailes  très 
saillantes  ;  le  sol  compris  entre  ces  trois  construc- 
tions forme  une  terrasse  élevée  de  cinq  marches. 


1.  Arch.  dép.,  Etats  de  Bretagne,  C,  8ÎI28,   procés-verbal  de  l'incendie 
de  1720,  p.  17. 

2.  Arch.  du  Palais,  ancien  B,  5.  Plans  de  1618  et  de  1671. 

8.  Arch.  dép.,  Etats  de  Bretagne,  G,  8828,  procès-verbal  de  Tincendie 
de  1720,  p.  19. 

4.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  8  et  67. 

5.  Communication  du  comte  de  BelleTÛe. 

6.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  813. 

7.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  67.  —  Arch.  mun.,  221. 


BAS.  —    104    — 

Cet  hôtel  était  aux  de  Rosmadec  en  1618;  il  appar- 
tint aussi  aux  du  Boisgeslin  de  Mesneuf,  il  était  aux 
mains  des  Chapelle  en  1671,  et  en  1732,  aux  mains 
du  comte  de  Villayers  '. 

La  partie  centrale  contient  un  rez-de-chaussée  et 
un  étage,  séparés  Tun  de  l'autre  par  un  bandeau 
mouluré.  Le  rez-de-chaussée  est  percé  d'une  seule 
fenêtre  de  grande  dimension,  ornée  de  deux  pilas- 
tres doriques  qui  soutiennent  un  entablement  ;  une 
fenêtre  analogue,  flanquée  de  deux  pilastres  ioni- 
ques, se  voit  à  l'étage  supérieur.  —  L'aile  Sud  com- 
prend deux  étages  :  sa  face  Nord  présente  à  chaque 
étage  une  fenêtre  semblable  à  celles  du  bâtiment 
central,  mais  beaucoup  plus  étroite  ;  sa  face  Ouest 
présente  uniquement  une  petite  fenêtre  à  appui 
mouluré.  —  L'aile  Nord  est  moins  régulière  et  d'un 
style  moins  caractérisé;  on  y  voit  seulement  une 
porte  et  plusieurs  petites  fenêtres  entourées  de 
moulures.  Le  toit  en  est  à  quatre  pans  et  très  élevé. 
—  Le  bandeau  que  nous  avons  signalé  plus  haut 
se  continue  sur  les  deux  ailes. 

La  façade  Est  de  l'hôtel  est  dépourvue  d'ailes  et 
percée  à  chaque  étage  de  trois  ouvertures  inégales. 

N**  14.  Il  occupe  l'emplacement  de  l'ancien  hôtel 
du  Boisgeslin  de  Cucé;  un  grand  jardin  s'étend  à 
l'Est  derrière  lui  ;  il  possédait  autrefois  un  pavillon 
et  avait  une  sortie  sur  le  mur  d'enceinte^.  Il  appar- 
tenait en  1627  à  Julienne  Forgeais,  dame  de  la 
Balluère^;  il  passa  ensuite  par  succession  à  sa  fille 
Gillone  Martin  *  qui  le  transmit  par  alliance  aux  du 

1.  Arch.  dép  ,  Saint-Melaine,  6.  —  Arch.  du  Palais,  ancien  B,  5.  Plans 
de  1618  et  de  1671. 

2.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  5.  —  Arch.  mun  ,  115. 

3.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1627,  —  1628,   fo  25,  ro,  — 
—  1629.  —  1680. 

4.  ma.,  16λ,  f»  40,  r»,  —  et  1652. 


—    105   —  BAS. 

Boisgeslin  de  Mesneuf  *.  Il  était  encore  aux  du  Bois- 
geslin  en  1726-,  et  en  1782  aux  le  Gonidec  de  Trais- 
san  ^.  La  ville  loua  cet  hôtel  au  xvii"  siècle,  pour  y 
loger  le  comte  de  Vertuz,  gouverneur  de  Rennes*. 

N**  16.  Hôtel  Ferret  du  Timeur.  —  La  façade 
de  cette  maison  est  seule  moderne.  Son  escalier 
présente  une  jolie  rampe  en  fer  forgé  et  de  belles 
portes  moulurées  avec  linteaux  denticulés.  Les 
marches  et  les  paliers  sont  soutenus  par  des  arca- 
tures  de  bois  à  pendentifs  d'un  gracieux  effet. 
Il  appartenait  en  1686  et  en  1721  aux  Ferret  du 
Timeur^,  et  en  1759  aux  de  la  Bourdonnaye ^.  Il 
possède  à  l'Est  un  vaste  jardin. 

N*  24.  Cette  maison  est  en  retrait  et  encastrée 
entre  deux  constructions  plus  récentes,  dont  Tune 
dissimule  même  le  tiers  de  sa  façade.  Un  magasin 
construit  entre  elle  et  la  rue  forme  une  terrasse 
devant  le  premier  étage.  La  maison  a  trois  étages 
et  un  pignon  couvert  en  ardoises  et  percé  d'une 
lucarne.  Sa  façade  offre  une  particularité  qui  ne  se 
retrouve  nulle  part  ailleurs  à  Rennes;  elle  se  com- 
pose uniquement  de  bois  et  de  vitres,  sans  aucune 
maçonnerie  apparente;  les  fenêtres  ne  sont  sépa- 
rées les  unes  des  autres  que  par  d'étroites  poutres 
verticales.  On  ne  voit  plus  aujourd'hui  à  chaque 
étage  que  deux  grandes  fenêtres  alternant  avec 
trois  plus  petites.  Au-dessus  de  chaque  étage  règne 
une  frise  en  bois  ornée  de  moulures  rectangulaires. 


1.  Arch.  dép.,  Min.  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes.  30  avril  WM. 

2.  Plan  de  Rennes  de  1726. 

3.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine.  67. 

4.  Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs  de  VW.  —  1628,  f«  25,  r*.  —  J629, 
—  1630,  —  1683,  fo  40.  r-,  -  1652. 

5.  Arch.  dép..  Grand-Séminaire,  G,  381.  —  Etais  de  Bretagne,  (1,3328, 
procès- ver  bal  de  l'incendie  de  1?20,  p.  19. 

6.  Arch.  dép.,  Saint- Georges,  142. 

XXXIII  13 


BAS, — BEA.  —    106    — 

—  Cette  curieuse  maison  présente  les  caractères  du 
XVII"  siècle;  elle  dépendait  de  V hôtel  d'Andigné  de 
la  Chasse.  (Voir  rue  de  Bertrand.) 


Rue  Beaumanoir  (Canton  N.-O.). 

Cette  rue  rappelle  vraisemblablement  le  souvenir 
du  héros  du  Combat  des  Trente,  Jehan  de  Beauma- 
noir; il  ne  serait  pas  impossible  cependant  qu'elle 
eût  reçu  ce  nom  en  Thonneur  d'un  des  membres  de 
la  branche  de  Beaumanoir  de  Lavardin,  qui  a  fourni 
deux  lieutenants-généraux  en  Bretagne  et  un  évêque 
de  Rennes  à  la  fin  du  xvii**  siècle  et  au  commence- 
ment du  xviii".  Elle  fut  appelée  en  1792  rue  des 
JeuneS'Rennais  * . 

Elle  remplace,  depuis  l'incendie  de  1720,  la  rue 
de  la  Vieille  Laiterie,  qui  descendait  vers  le  Sud- 
Est  en  passant  par  la  cour  du  n"*  1,  pour  déboucher 
dans  la  rue  de  Rohan  actuelle.  —  La  rue  Tristin 
s'embranchait  à  la  rue  de  la  Vieille  Laiterie  entre 
les  n"'  4  et  6.  Au  carrefour  Est  de  la  rue  pas- 
sait la  rue  Neuve,  qui  se  dirigeait  sous  THôtel  de 
Ville. 

La  porte  Beaicdrière,  dépendant  de  la  première 
enceinte,  se  trouvait  dans  la  cour  du  n**  1  ;  on  l'ap- 
pelait aussi  Grande  Porte  ou  Porte  du  Marché;  près 
d'elle  était  un  escalier  conduisant  sur  les  murs-.  La 
tour  qui  défendait  la  porte  était  sous  le  n*  1.  Cette 
porte  fut  abandonnée  au  xv®  siècle,  après  la  con- 
struction de  la  deuxième  enceinte. 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Arch.  niun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1418,  f*  74. 


—     107    BEA. BEL. 

Près  d'elle  se  voyait  au  xv*  siècle  le  logis  Satint- 
Honoré  K 

Boulevard  de  Beaumont. 

Il  doit  son  nom  au  voisinage  des  Maisons  du 
Grand  et  du  Petit  Beaumont-,  Le  chemin  qu'il  rem- 
place décrivait  un  arc  de  cercle  vers  le  Nord.  Le 
Grand  Beaumont  est  à  l'angle  Sud-Ouest  de  la  Mai- 
son Centrale  (voir  rue  Ginguené);  le  Petit  Beaumont 
occupait  remplacement  de  la  caserne  du  Colombier. 


Rue  et  passage  de  Belair  (Canton  N.-E.). 

Rue  de  Belair. 

La  rue  de  Belair  a  été  ainsi  nommée  au  xvii"  siècle 
à  cause  de  la  maison  de  plaisance  de  Belair  (voir 
caserne  du  Bon-Pasteur),  à  laquelle  elle  conduisait; 
elle  fut  appelée  en  1811  rue  de  la  Préfecture^. 

La  rue  de  Belair  semble  occuper  l'emplacement 
de  la  voie  romaine  de  Rennes  au  Mans  ;  elle  existait 
en  tout  cas  dès  le  xi*  siècle  comme  chemin  condui- 
sant à  Vitré*;  en  effet,  jusqu'au  percement  de  la 
rue  Victor-IIugo,  on  était  obligé  de  la  suivre  pour 
gagner  la  route  de  Paris. 

Les  numéros  impairs  sont  construits  sur  d'an- 
ciens terrains ,  en  partie  plantés  de  vignes  au 
XVI*  siècle  et  appartenant  à  Tabbaye  de  Saint-Me- 


1.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  do  Rennes  en  IMm,  f*  110,  v*. 

2.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decoinbe. 
8.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

4.  Histoire  de  Rennes^  par  Martcville,  II.  Wi. 


BEL.  —    108    — 

laine  *;  les  numéros  pairs  s'élèvent  sur  les  anciennes 
dépendances  de  Tabbaye  de  Saint-Georges. 

Nous  venons  de  citer  pour  la  première  fois  des 
champs  plantés  de  vignes  à  la  porte  de  Rennes, 
nous  en  mentionnerons  d'autres  au  cours  de  cet 
ouvrage;  il  est  donc  nécessaire  de  dire  qu'au  moyen- 
âge  et  même  au  xvii*  siècle,  on  cultivait  beaucoup 
la  vigne  dans  tout  le  pays.  Le  vin  rennais  était-il 
agréable  au  goût?  L'anecdote  suivante  en  fait  douter  : 
«  Le  brave  capitaine  Lattay  ayant  dit  au  roy 
«  (Henri  IV)  :  Sire,  il  y  a  trois  choses  signalées  et 
«  remarquables  en  nostre  Bretaigne  et  qui,  par 
«  aventure,  ne  sont  ailleurs  en  la  chrestienté  :  car 
«  sont  là  les  plus  forts  hommes,  les  plus  forts 
«  chiens  et  les  plus  forts  vins  qu'on  puisse  voir.  — 
«  Pour  le  regard  des  hommes  et  des  lévriers  de 
«  Bretaigne,  il  en  est  quelque  chose,  dit  le  roy, 
«  mais  des  vins  je  ne  le  puis  entendre  pour  estre 
«  des  plus  aspres  et  des  plus  verts  de  mon  royaume. 
«  Tesmoin  le  chien  de  Ruzé,  Tun  de  mes  conseillers 
«  audit  pays,  lequel  pour  avoir  mangé  une  grappe 
«  de  raisin  breton  près  Rennes,  aboya  le  cep  de 
«  vigne,  comme  protestant  se  venger  de  telle  ai- 
«  greur,  qui  jà  commençait  à  lui  brouiller  le 
«  ventre-.  » 

N^^i.  Hôtel  de  la  Préfecture.  —  Il  est  situé  sur  l'em- 
placement de  l'ancienne  maison  du  Rasoir  et  d'une 
autre  maison  relevant  de  l'aumônerie  de  Saint-Me- 
laine.  Le  Rasoir  appartenait  primitivement  aux  de 
Coëtlogon,  et  en  1684  aux  Mellet  de  Roullefort,  qui 

1.  Arch.  mun.,  291. 

2.  Contes  d'Eutrapel,  par  No^^l  du  Fail,  chap.  XXXIII,   édition  elzé- 
virienne,  t.  II,  p.  315. 


—    109    —  BEL. 

le  vendirent  aux  Jouanne  en  1710.  Les  Michau  de 
Ruberso  en  acquirent  le  terrain  en  1715  et  construi- 
sirent l'hôtel  actuel  qui  fut  appelé  hôtel  de  Ruberso; 
M.  de  Ruberso,  sénéchal  de  Rennes,  l'habitait  en 
1726*.  Il  fut  vendu  en  1733  au  président  de  Cornu- 
lier  et  prit  le  nom  cVhôtel  de  Cornulier-j  puis  servit 
de  logement  aux  Intendants  de  Bretagne,  depuis 
1770  jusqu'à  la  Révolution^.  Il  était  loué  1,000  liv. 
par  an  en  1741  et  1745,  et  2,000  liv.  en  1746  et  1754  \- 
il  devint  enfin  en  1811  V hôtel  de  la  Préfecture. 

Les  sculptures  qui  ornent  sa  façade  sont  mo- 
dernes ;  son  jardin,  autrefois  planté  de  vignes,  fut 
ensuite  transformé  en  vergers  Une  orangerie  y  fut 
construite  en  1787*. 

On  conserve  dans  le  cabinet  du  préfet  un  beau 
bureau  en  marqueterie,  qui  a  appartenu  au  procu- 
reur général  de  la  Chalotais^ 

Les  écuries  occupent  l'emplacement  de  VHôtel  de 
Francheville,  démoli  vers  1880^. 

N"*  5.  Caserne  du  Bon-Pasteur,  —  On  voyait  dans 
cet  endroit,  au  xvii"  siècle,  la  maison  de  Belair  avec 
son  jardin;  elle  fut  vendue  en  1654  par  les  Fournel 
de  la  Fontaine  aux  Avril  des  Plantes,  et  revendue 
par  ceux-ci  en  1663  aux  de  Marbeuf.  Le  jardin  pos- 
sédait alors  un   pavillon  en  dôme^.  Elle  appartint 


1.  Plan  do  Rennes  de  17af>. 

2.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  2,  pages  GOô  et  718. 

3.  Ârch.  mun.,  5i7;  délibération  du  7  décembre  1770.  —  Histoire  de 
Rennes,  par  Marteville,  II,  320. 

4.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1741,  f"  5,  v,  —  de  1745,  T*»  4, 
r-,  —  de  1746,  f«  6.  v»,  —  et  de  1754. 

5.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine.  8. 

6.  Arch.  mun.,  Compte  des  Miseurs  de  1787. 

7.  Le  Nouvelliste  de  Bretagne  du  20  août  11)08. 

8.  Arch.  dép  ,  Bon-Pasteur,  4.  —  Bibl.  de  Rennes,   plan  de  1730.   — 
Cadastre  de  1840. 

9.  Arch.   dép..    Saint- Georges.    140.    —   Min.    de    Bertelot,    notaire   à 
Rennes,  avril  1(>Ô7. 


1 


BEL.  —    110   — 

ensuite  à  Catherine  Busnel,  veuve  de  la  Motte- 
Fouquet,  qui  la  vendit  en  1718  à  Jeanne  du  Temple, 
veuve  de  François  Pugin,  pour  y  établir  un  couvent 
destiné  à  recevoir  des  filles  repenties*.  La  Révolu- 
tion en  fit  une  prison  de  femmes,  qui  fut  transfor- 
mée plus  tard  en  caserne-. 

L'ancien  couvent  comprend  deux  corps  de  bâti- 
ments posés  à  angle  un  peu  aigu  et  formés  chacun 
d'un  rez-de-chaussée  et  de  deux  étages  surmontés 
d'un  toit  droit;  celui  qui  borde  la  rue  date  de  1749, 
l'autre  de  1770  environ^. 

Le  premier  bâtiment  présente  onze  ouvertures  de 
façade  par  étage.  Le  rez-de-chaussée  comprenait 
de  rOuest  à  l'Est  la  chapelle^,  le  chœur,  le  vestibule 
d'entrée  avec  un  petit  parloir,  le  réfectoire  et  la  cui- 
sine;  —  le  premier  étage  se  composait  de  la  partie 
haute  de  la  chapelle  et  d'un  grand  laboratoire  pour 
les  pénitentes;  le  deuxième  étage  renfermait,  du 
côté  de  la  rue,  les  chambres  des  religieuses,  et  der- 
rière elles  un  dortoir  de  pénitentes. 

Le  deuxième  bâtiment  contenait  au  rez-de-chaus- 
sée, derrière  la  chapelle,  un  escalier,  une  salle,  un 
lavoir  et  une  cuisine  pour  Tinfirmerie  ;  —  au  pre- 
mier étage,  une  infirmerie  pour  les  religieuses  et 
deux  autres  pour  les  pénitentes;  —  au  deuxième 
étage,  enfin,  un  grand  dortoir  de  pénitentes'». 

N*"  9.  On  voyait  à  cet  endroit  des  1545  une  mai- 
son «  où  pendait  pour  enseigne  la  Sirène  ou  Se- 


1.  Arch.  dép.,  Bon-Pasteur,  4. 

2.  Fouillé  de  Rennes  y  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  III.  183. 
—  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  61. 

3.  Arch.  dép.,  Bon-Pasteur,  4.  Plans. 

4.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,   19.   —  Pouillë  de  Rennes,   par  le  cha- 
noine Guillotin  de  Corson,  IIL  iHi. 

ô.  Arch.  dép.,  Bon-Pasteur,  4. 


—    m    —  BKL. 

«  raine^;  »  elle  était  précédée  d'une  cour  avec  un 
portail,  un  jardin  s'étendait  derrière  elle.  On  y  éta- 
blit une  maison  de  santé  pour  les  pestiférés  en  1628 
et  1632^  Cette  maison  appartenait  aux  Perdriel  en 
1628  3.  Elle  fut  vendue  en  1686  par  les  Denys  des 
Prés  aux  de  Bonnefonds\  qui  la  possédaient  encore 
en  1771  sous  le  nom  d'hôtel  de  Bonne  fonds  ^ . 

La  maison  de  la  Petite  Sirène  était  contiguë  à  la 
précédente  ^. 

Un  peu  plus  bas  se  voyait,  en  1607,  la  maison  des 
Ormeaux  '^. 

N**  15.  Au  Nord  du  jardin  de  l'Etablissement  des 
Frères  de  Ploërmel  et  bordant  le  Thabor,  se  trouve 
l'ancien  hôtel  du  Crosco  ou  maison  des  Trois- M  arches, 
avec  ses  jardins  en  terrasse;  il  fut  vendu  en  1756 
par  les  Frey  de  Neuville  aux  Le  Boucher*.  La  mai- 
son principale  comprend  un  rez-de-chaussée  et  un 
étage  avec  cinq  ouvertures  de  façade;  le  toit  est 
coupé  par  une  sorte  de  lanterne  à  deux  étages  per- 
cés chacun  d'une  fenêtre;  elle  est  prolongée  vers 
l'Ouest  par  un  simple  rez-de-chaussée. 


N"  2.  Au  Sud-Est  de  l'hôtel  de  la  Caisse  d'Epargne 
s'élevait  la  Tour  Neuve^  dépendant  de  la  deuxième 
enceinte  de  la  ville;  cette  tour  servit  quelque  temps 
de  glacière  à  l'intendant  de  Bretagne*. 

1    Arch   dép.,  Saint-Georges,  17.  —  Saint-Melaine,  38.  —  Arch.  mun.. 
302 

2.  Bulletin  de  la  Société  archéol.  d'IL-etViL,  XXVI,  103  et  110. 

3.  iWd.,  p.  103. 

4.  Arch.  dép..  Saint-Georges,  140. 

5.  Arch.  mun.,  117.  --  Arch.  dép.,  Intendance,  G,  355. 
B.  Arch   dép.,  Saint-Georges,  140. 

7.  //>iU,  139. 

8.  Ibid..  140.  -  Cadastre  de  1840. 

y.  Arch.   dép..   Intendance,   (j.   ;H(i.  —  Arch.    mun  ,   134.  —  Plan  de 
Rtmnes  de  1685. 


BEL.  —    112   — 

A  peu  près  sous  les  écuries  de  cette  maison  exis- 
tait encore  au  commencement  du  xix®  siècle  une 
autre  glacière  appartenant  à  la  ville  ^ 

N®  6.  A  cet  endroit  commençait  le  chemin  de 
lAbreuvoir,  qui  longeait  les  douves  de  l'enceinte  et 
débouchait  au  Gué  Saint-Georges^  près  du  Pré 
Pourri  (gare  des  tramways  départementaux)-.  Ou- 
vert vers  1476^,  il  fut  supprimé  en  1737  par  Tab- 
baye  de  Saint-Georges  et  reporté  plus  à  TEst,  sur 
l'emplacement  de  la  rue  de  Viarmes  actuelle. 

Tout  près  de  là  se  trouvait  la  maison  de  la  Sa- 
blonnière,  qui  touchait  le  pavé  de  la  rue,  la  contres- 
carpe de  l'enceinte  et  le  chemin  de  l'Abreuvoir  *; 
son  nom  vient  d'une  ancienne  carrière  de  sable. 
L'abbaye  de  Saint-Georges  possédait  dès  1587  la 
pièce  de  terre  de  la  Sablonnière;  l'abbesse  Fran- 
çoise de  la  Fayette  y  construisit  une  maison  «  de 
«  son  menasgement  particulier  du  revenu  casuel 
«  de  Tabbaye,  »  et  en  fit  don  à  son  couvent  en  1659  ^ 
Les  dépendances  s'étendaient  jusqu'à  la  rivière*. 

Le  droit  de  haute-justice  de  l'abbaye  de  Saint- 
Georges  s'exerçait  primitivement  près  du  Gué  de 
Baud,  puis  dans  le  Champ  de  la  Vergue,  près  de  la 
Sablonnière,  où  l'on  voyait,  au  milieu  du  xvii®  siècle, 
une  justice  patibulaire  à  quatre  paux  «  au  joignant 
des  fossés  de  la  ville.  »  Cette  carrée  fut  transportée 
plus  tard  sur  la  route  de  Chantepie''. 


1.  Arch.  mun.,  117.  —  Compte  des  Miseurs  de  1787. 

2.  Arch.  mun.,  302. 

3.  Arch.  dép.,  Saint-Georges,  60.  —  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs 
de  1476,  £•  30,  vo. 

4.  Arch   mun.,  303. 

5.  Arch.  dép.,  Saint- Georges,  18. 

6.  Ibid.,  60. 

7.  Arch  dép.,  Saint-Georges,  47.  —  Fouillé  de  Rennes,  par  le  cha- 
noine Guillotin  de  Gorson.  II.  260.  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marte- 
ville,  II,  418. 


—    113   —  BEL. — BER. 

N"  8.  Cette  maison  remplace  Tancien  hôtel  le  Bou- 
cher de  la  Villegaudin,  qui  existait  encore  au  com- 
mencement du  XIX*  siècle*. 

Passage  Belair. 

Le  passage  Belair  date  de  la  deuxième  moitié 
du  xix*  siècle;  il  traverse  les  anciens  jardins  de 
Tabbaye  de  Saint-Georges. 

Rue  et  pont  de  Berlin  (Canton  N.-E.]. 

La  rue  de  Berlin  a  été  percée  après  Tincendie  de 
1720.  Le  plan  de  1726  lui  donne  le  nom  de  rue  de 
Bretagne;  en  1769  elle  fut  appelée  ofliciellement  rue 
de  DuraSy  en  Thonneur  de  M.  de  Durfort,  duc  de 
Duras,  commandant  en  chef  en  Bretagne,  mais  on 
la  nomma  communément  rue  de  Bourbon  prolongée. 
Appelée  rue  de  Berlin  après  la  prise  de  cette  ville 
par  l'armée  française  en  1806,  elle  porte  au  cadastre 
de  1809  le  nom  de  rue  Neuve-. 

Les  anciens  plans  de  Rennes  figurent  une  tour, 
appelée  Tour  Morin,  sous  Tangle  Sud-Est  de  la  rue. 
(Voir  quai  Chateaubriand.) 

N*  4.  On  y  voit  une  vieille  maison  qui  a  conservé 
une  espèce  de  lanterne  carrée,  recouverte  d'ardoi- 
ses et  surmontée  d'un  toit  en  carène. 

Le  pont  de  Berlin  date  de  la  construction  des 
quais  ;  sa  partie  Nord  s'étend  sur  le  lit  primitif  de 
la  Vilaine,  et  sa  partie  Sud  sur  les  anciens  jardins 
du  couvent  des  Grandes-Ursulines.  (Voir  rue  du 
Pré-Botté.) 

1.  Arch.  mun..  117. 

2.  Les  Rites  de  Rennes,  par  L.  Deoombe. 


BKH.  —    114    — 


Rue  de  Bertrand  (Canton  N.-E.). 

Elle  a  reçu  le  nonti  de  M.  de  Bertrand  de  Molle- 
ville,  Intendant  de  Bretagne  de  1784  à  1788,  époque 
à  laquelle  elle  fut  percée.  On  Tappela  en  1792  rue 
des  Lillois,  et  sous  TEmpire  rue  Friedland  :  la  Res- 
tauration lui  rendit  sa  première  appellation.  —  Lors 
des  résistances  du  Parlement  coiitre  l'absolutisme 
royal  en  1788,  M.  de  Bertrand,  après  avoir  promis 
que  les  droits  du  Parlement  seraient  respectés,  ac- 
compagna M.  de  Thiard,  lieutenant-général  en  Bre- 
tagne, lorsqu'il  fit  irruption  le  10  mai  dans  le  Palais 
de  Justice,  pour  exiger  Tenregistrement  des  édits 
qui  enlevaient  au  Parlement  le  droit  de  remon- 
trances. Le  peuple  de  Rennes,  pour  Ten  punir,  ar- 
racha de  cette  rue  les  écriteaux  qui  portaient  son 
nom  et  écrivit  à  leur  place  :  rue  du  Tartufe^. 

La  rue  de  Bertrand  remplace  une  ruelle  qui  lon- 
geait intérieurement  le  mur  de  la  deuxième  enceinte. 
Le  mur  s'étendait  sous  la  façade  des  n**  1  à  7,  puis 
obliquait  vers  le  Sud-Est  pour  rejoindre  la  porte 
Saint-F'rançois  à  la  hauteur  du  n*  3  de  la  rue  Hoche. 
On  en  voit  encore  une  partie,  sur  une  longueur  de 
40  à  50  mètres,  au  Sud  des  n"**  12  à  18  de  la  rue  de 
Bertrand,  et  principalement  dans  Tatelier  de  mar- 
brerie du  n*  14  :  il  a  1"*20  d'épaisseur. 

N"  2  à  6.  Emplacement  de  Tancien  hôtel  d'Andigné 
de  IsL  Chasse"^.  —  Cet  hôtel,  composé  autrefois  de 
trois  corps  de  logis,  a  été  rescindé  par  Talignement 


t.  Les  Hues  de  Rennes,  par  L.  Decorabe.  —  Résumé  du  Cours  d'His- 
toire de  Bretagne  de  M.  de  la  Borderie,  IV,  266.—  Arch.  niun..  Compte 
des  Miseurs  de  1784. 

2.  Arch.  dép.,  Saint-Mplaine.  6  »H  67.  —  Cadastre  de  1840. 


—    115    —  BER.  —  BLO. 

de  la  rue  de  Bertrand  ;  il  n'en  reste  plus  aujourd'hui 
qu'une  dépendance  qui  porte  le  n*  24  de  la  rue  Le 
Bastard.  Après  avoir  appartenu  en  1657  •  et  vers 
1780  aux  d'Andigné  de  la  Chasse-,  il  était  en  1791 
aux  Morfouace  de  la  Communaye  ^ 

Rue  de  la  Blotterie  (Canton  N.-K.). 

Cette  rue  moderne  doit  son  nom  à  Tancienne  mai- 
son  de  la  Blotterie,  qui  était  située  à  son  extrémité 
Est  et  dans  son  axe  *. 

La  Blotterie  appartenait  en  1569  aux  Le  Mar- 
chand de  la  Tousche^  et  passa  par  succession  aux 
Trochet  en  1595;  elle  consistait  alors  en  une  salle 
basse,  avec  une  chambre  et  un  grenier  au-dessus; 
elle  touchait  la  pièce  de  terre  du  Paradis^.  Les 
Trochet  la  vendirent  en  1596  à  un  maitre  boulanger, 
appelé  Drouasne^;  elle  appartenait  en  1637  aux  Le 
Tourneux  de  la  Bassonnière^,  qui  la  vendirent  en 
1687  aux  Brindejonc  de  la  Mare  •.  Les  Salles  l'ache- 
tèrent en  1688'^;  elle  passa  ensuite  aux  Baron,  qui 
la  vendirent  en  1755  aux  Drouet,  négociants  à  Ren- 
nes, et  ceux-ci  aux  Barbier  en  1778**. 


1.  Arch.  dép.,  Min.  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  avril  1657. 

2.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine.  67.  —  Arch.  m  un.,  114. 

3.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  3. 

4.  Cadastre  de  1840. 

5.  Arch.  dép.,  Saint-Georges,  18  et  19. 

6.  làid.,  131). 

7.  Ibid. 

8.  Ibid.,  18  et  19. 

9.  Ibid..  140. 

10.  Ibid.,  141. 

11.  Ibid.,  140. 


BOI. — BOR.  —    116    — 

Passage  du  Bois-Rondel  (Canton  N.  E.). 
Voir  faubourg  d'Antrain,  n**  46. 

Rue  de  Bordeaux  (Canton  N.-E.). 

Cette  rue  date  de  la  construction  du  Palais  de 
Justice,  c'est-à-dire  de  la  première  moitié  du 
XVII*  siècle.  Avant  1726,  sa  partie  Nord  s'appelait 
rue  de  Paris;  on  projetait  alors,  en  effet,  de  la  pro- 
longer jusqu'à  la  rue  Le  Bastard,  et  comme  la  rue 
de  Bertrand  et  la  rue  Victor-Hugo  n'existaient  pas 
encore,  elle  aurait  ainsi  constitué  la  voie  la  plus 
directe  pour  gagner  la  route  de  Paris,  en  passant 
par  la  rue  et  la  porte  Saint-François.  (Voir  rue 
Hoche.)  —  Sa  partie  Ouest  fut  nommée  en  1726  rue 
de  Bordeaux  * . 

Le  tronçon  Nord  longe  le  jardin  de  l'ancien  hôtel 
de  Cucé.  (Voir  n**  14,  rue  Le  Bastard.) 

N**  i.  Il  occupe  l'emplacement  de  l'ancien  hôtel 
d'Argentré  ^. 

N**  3.  Hôtel  le  Gouverneur  ». 

N**  tl.  Petit  hôtel  de  Cucé^  puis  le  Gonidec  des 
Aulnays. —  On  voit  sur  une  partie  de  sa  façade,  entre 
le  deuxième  et  le  troisième  étage,  une  poutre 
sculptée.  Après  avoir  appartenu  aux  du  Boisgeslin 
de  Cucé  en  1664*  et  en  i732  *,  il  était  en  1787  aux  le 
Gonidec  de  Traissan. 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Arch.  du  Palais,  ancien  B.,  5.  Plan  de  1618. 

3.  Cadastre  de  1840. 

4.  Arch.  mun.,  114.  —  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  3  et  (57, 

5.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  H. 


117    —  BOR. — BOU. 


Rue  de  la  Borderie  (Canton  N.-E.^. 

Cette  rue,  créée  en  1903,  traverse  les  anciens  ter- 
rains du  couvent  des  CRlherinettes.  (Voir  rue  de 
Paris.) 

Rue  de  Bourbon  (Canton  N.-E.). 

Cette  rue,  percée  après  l'incendie  de  1720,  porte 
le  nom  du  gouverneur  de  Bretagne,  Louis-Antoine 
de  Bourbon,  comte  de  Toulouse;  elle  fut  appelée 
sous  la  Révolution  rue  de  VEgalité^,  L'échafaud  ré- 
volutionnaire demeura  en  permanence  au  haut  de 
celte  rue  d'octobre  1793  à  juillet  1794.  (Voir  place  du 
Palais.) 

La  rue  de  Bourbon  remplace  la  rue  de  la  Cine  ou 
de  la  Cygne,  qui  devait  son  nom  à  la  maison  du 
Cigne  (voir  n*  i,  place  du  Palais);  la  rue  de  la  Cine 
coupait  diagonalement  la  rue  de  Bourbon  depuis 
son  n*  3  jusqu'à  son  angle  Sud-Est  ;  à  Tune  de  ses 
extrémités  se  trouvait  en  1553  la  maison  de  la  Croix^ 
Blanche  '^  et  sur  son  côté  Ouest  la  maison  du  Petit- 
Paradis  *. 

La  maison  de  la  Cloche  était  dans  Taxe  et  au  haut 
de  la  rue  de  Bourbon  K 

La  rue  de  Bourbon  était  traversée  à  son  extré- 
mité Nord  par  la  rue  Saint-Georges.  (Voir  place  du 
Palais.) 

1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Arch.  dép.,  Saint-Georges,  187  et  188. 

•3.  Arch.  dép..  Etats  de  Bretagne,  G,  3828,  procès- verbal  de  l'incendie 
de  1720.  p.  30. 

4.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes,  de  1455.  f*  161,  y*, 
et  de  161G,  fo*  298,  v«,  et  299,  v.  —  Saint-Georges,  18  et  16. 


BOL.  —    118   

N*^  1.  Hôtel  de  Cahideuc  du  Bois  de  la  Motte  ^. 

N"*  3.  Hôtel  de  Gennes  de  Vaudné,  passé  par  al- 
liance, vers  le  milieu  du  xviii*  siècle,  aux  de  Cor- 
nulier-Lucinière.  Ceux-ci  percèrent  en  1766  une 
porte  sur  la  promenade  que  remplace  le  Théâtre 
actuel-. 

L'angle  Nord-Ouest  de  la  rue  est  occupé  par 
Vhôtel  de  Talhouët  de  Brignac.  (Voir  n**  2,  place  du 
Palais.) 

N**  4.  On  peut  examiner  avec  intérêt  la  façade  pos- 
térieure de  celte  maison  ;  elle  présente  trois  étages 
de  galeries  et  une  haute  tourelle  contenant  en  par- 
tie la  cage  de  l'escalier.  La  tourelle  est  peu  sail- 
lante; un  de  ses  angles  est  à  arête  vive,  l'autre  est 
arrondi;  elle  est  surmontée  d'une  lucarne  ronde; 
enfin  une  sorte  de  petite  lanterne  couverte  en  ar- 
doise couronne  le  toit. 

Rue  Le  Bouteiller  (Canton  N.-C). 

Elle  porte  le  nom  d'un  prêtre  du  diocèse  de  Tré- 
guier,  Eudon  le  Bouteiller,  qui  fonda  au  xiv*'  siècle 
dans  son  manoir,  à  l'Est  de  la  rue,  une  Maison- 
Dieu  qui  devint  plus  tard  Vhôpital  Saint-Yves.  — 
On  la  nommait  autrefois  ime  du  Port  Saint-Yves,  à 
cause  d'un  port  qui  a  été  supprimé  par  la  construc- 
tion des  quais  ^. 

La  porte  Aivière,  dépendant  de  la  première  en- 
ceinte, s'ouvrait  vers  le  Sud  de  la  rue,  sur  l'em- 
placement du  port  :  cette  porte  est  citée  sous  le 

1.  Arch.  mun  ,  130.  —  Terrier  de  Rennes  de  1739,  p.  80.  —  Bibl.  de 
Renne»,  Plan  de  1788. 

2.  Arch.  mun.,  121>  et  180.  —  Terrier  de  Refînes  de  17B9,  p.  80. 

3.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 


—  111)  —  Bor. 

nom  de  porta  aquaria,  dès  l'époque  gallo-romaine. 

Le  côté  Est  de  la  rue  était  bordé,  avant  la  démo- 
lition de  rhôpital  Saint-Yves,  par  un  grand  bâti- 
ment destiné  aux  malades  hommes  et  par  la  cha- 
pelle qui  existe  encore  et  qui  sera  décrite  sous  le 
n**  13  de  la  rue  Saint-Yves. 

Le  bâtiment  pour  les  malades  hommes  était  un 
peu  en  avant  de  l'alignement  actuel;  il  datait  de  1628* 
et  occupait  remplacement  de  l'ancien  manoir  d'Eu- 
don  le  Bouteiller.  Il  présentait  deux  étages  percés 
chacun  de  cinq  fenêtres  à  croisées  et  surmontés 
d'un  toit  droit  et  élevé,  muni  de  cinq  fenêtres  de 
mansardes  et  de  deux  grosses  têtes  de  cheminées; 
ses  angles  Sud-Ouest  et  Nord-Ouest  s'appuyaient 
sur  deux  grands  contreforts.  Entre  le  premier  étage 
et  le  deuxième  se  trouvaient  des  ancres  en  fer  for- 
mant en  caractères  romains  Tinscription  HOPITAL 
SAINT  YVES.  —  La  façade  Nord  contenait  une  tou- 
relle octogonale  renfermant  un  petit  oratoire;  cette 
tourelle  clait  surmontée  d'un  toit  en  carène  et 
percée  au  premier  étage  de  trois  fenêtres  cintrées 
et  au  deuxième  de  deux  œils-de-bœuf  circulaires-. — 
L'intérieur  du  bâtiment  renfermait  deux  grandes 
cheminées  à  colonnes. 

Une  petite  échope  se  voyait  au  xviii®  siècle  entre 
la  tourelle  et  le  contrefort  Nord;  la  construction  en 
fut  autorisée  en  1705,  parce  que  cet  emplacement 
était  constamment  «  rempli  d'infections^.  »  Nous 
verrons  maintes  fois  dans  la  suite  de  ce  travail  de 
nouveaux  exemples  du  mauvais  entretien  de  nos 
rues  aux  xvir  et  xviii"  siècles. 

1.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillolin  de  Corson,  III,  îtiT. 

2.  Arch.  dêp.,  2*  carton  de  M.  de  la  Biji^ne.  —  Souvenirs  de  Rennes, 
par  M.  Ducrest  de  Villeneuve.  Croquis. 

3.  Ârch.  m  un.,  82^{. 


Bou.  —  120  — 

L'entrée  de  Thôpital  se  trouvait  au  Nord-Est  du 
bâtiment  des  malades  hommes,  entre  lui  et  l'angle 
Sud-Ouest  de  la  chapelle  Saint-Yves;  elle  se  com- 
posait d'une  porte  cintrée  surmontée  d'une  galerie 
qui  reliait  la  salle  des  hommes  à  la  chapelle  K 

A  rOuest  de  la  rue  se  voyait  le  cimetière  Saint- 
Yves  ^. 

N**  3.  Chapelle  de  l'Ecce  Homo.  —  Elle  a  été  con- 
struite en  1661,  sur  remplacement  d'une  chapelle 
plus  ancienne,  en  exécution  du  testament  de  Za- 
charie  Hurel  de  la  Croix  ^;  une  plaque  commémora- 
tive  a  dû  être  placée  dans  ses  fondations  *.  Un  plan 
et  un  croquis  anciens-^  la  représentent  avec  une 
porte  à  son  pignon  Est,  une  porte  et  une  fenêtre 
cintrée  sur  sa  face  Nord,  une  fenêtre  semblable  sur 
sa  face  Sud,  et  une  abside  à  trois  pans  percée  de 
deux  fenêtres;  le  toit  était  surmonté  jusque  vers 
1860  d'un  campanile  terminé  par  un  petit  dôme  en 
ardoise.  La  chapelle  devait  porter  l'écusson  des 
armes  du  fondateur  «  au  lieu  le  plus  éminent 
«  d'icelle^.  » 

Ce  n'est  plus  aujourd'hui  qu'une  simple  maison, 
mais  elle  a  conservé  son  toit  élevé  soutenu  par  des 
modillons.  —  Elle  dépendait  de  Thôpital  Saint-Yves 
et  a  servi  d'amphithéâtre  après  sa  désaffectation*^. 


1.  Ârch.  m  un.,  320. 

2.  Plan  de  Rennes  de  1726. 

3.  Bulletin  de  la  Soc.  archéol.  d'Il.-et-ViL,  t.  XVII,  2*  partie,  p.  xlii. 
—  Fouillé  de  Rennes ^  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  V,  623. 

4.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  66. 

5.  Arch.  mun.,  335. 

6.  Ibid. 

7.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  V,  623.  — 
Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  6(5. 


—    121    —  BUE. 


Rue  et  faubourg  de  Brest  (Canton  N.-O.j. 

La  rue  et  le  faubourg  de  Brest  doivent  remplacer 
l'ancienne  voie  gallo-romaine  de  Carhaix  ou  de 
Vannes. 

Tout  le  quartier  faisait  partie,  dès  le  xi*  siècle,  du 
domaine  temporel  de  Tévêque  de  Rennes  ;  il  avait 
été  donné  en  1071  à  Tévêque  Sylvestre  de  la  Guerche 
par  Geoffroy,  comte  de  Rennes,  et  il  a  porté  depuis 
cette  époque  jusqu'à  la  Révolution  le  nom  de  Bourg- 
VEvêqueK 

Rue  de  Brest. 

Avant  le  percement  du  canal  d'Ille-et-Rance  en 
1832,  le  Bourg-FEvêque  commençait  à  la  rencontre 
du  carrefour  Jouaust  avec  la  rue  Salle-Verte.  A  l'en- 
trée actuelle  de  la  rue  de  Brest,  se  trouve  le  pont 
Bagoul,  de  construction  récente  ;  ce  nom  vient  du 
vieux  mot  populaire  bagoulage,  qui  signifie  bavar- 
dage ;  lorsque  le  canal  fut  creusé,  les  flâneurs  du 
quartier  venaient  bagouler  sur  le  pont,  et  le  nom  lui 
en  est  resté  "^j 

La  rue  comprend  un  grand  nombre  de  maisons 
anciennes,  mais  sans  caractère  ;  nous  citerons  les 
hôtelleries  suivantes,  au  xvii*  siècle  : 

Le  Petit  Lion  doVy  près  du  Pré-Raoul,  qui  devait 
se  trouver  sur  l'emplacement  du  quai  Saint-Cast  ou 
du  carrefour  Jouaust  ^; 

La   Maison   Rouge ^    et    la    Croix   Blanche,    citée 

1.  Bulletin  de  la  Société  archéol.  d'Ille-et-Vil.,  VI,  130.  -  Fouillé 
de  Rennes,  par  le  clianoioe  Guillotin  de  Corson,  I,  iV).  —  Les  Rues 
de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe.  Pont  Saint-Etienne. 

3.  Arch.  dép.,  Evêché  de  Rennes.  G,  42,  p.  1059. 

4.  Ibid.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  174. 

XXXIII  14 


BRE.  —    122   — 

dès    1590*,    sur    l'emplacement    du   pont    Bagoul. 

NM.  La  Croix  Verte \ 

N*  3.  Les  Trois  Trompettes  ^. 

Plus  loin,  la  Crosse  d'Or^. 

A  rOuest  du  n*  9  se  voit  une  ruelle  très  étroite 
c(  par  laquelle  enxiennement  passoient  les  cherettes 
c<  et  chevaux  à  aller  vers  les  pollieux,  laquelle  sert 
«.à  présant  d'égout  aux  eaux,  fanges  et  immondices 
«  dudit  forbourg,  dont  ladite  ruelle  est  à  présant 
«  plaine^.  » 

La  Corne  de  Cerf  était  à  l'angle  Ouest  de  cette 
ruelle  ou  de  la  ruelle  dont  nous  parlerons  dans  un 
instant;  l'enseigne  de  la  Corne  de  Cerf  n'existait 
déjà  plus  en  1574  «. 

Le  Coq  /lardi"^,  où  l'on  établit  une  amidonnerie 
peu  avant  la  Révolution®. 

Le  Nom  de  Jésus^  qui  n'avait  plus  son  enseigne 
en  1726  . 

h'Image  Saint-Julien,  qui  touchait  la  précédente  *^. 

Entre  les  n"*'  35  et  37  se  trouve  la  ruelle  du  Tourni- 
quel,  qui  conduit  à  la  Paillette,  (Voir  rue  de  la  Pail- 
lette.)'* 


1.  Arch.  dép..  Chapitre  de  Rennes.  G,  175,  186  et  191.  —  Evêché  de 
Rennes,  6,  11  et  41,  p.  ^^.  —  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de 
1646,  f  88,  vo. 

2.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1616,  fo  99,  v«  — 
Evêché  de  Rennes,  G,  41,  p.  541. 

8.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646.  P  39,  y*. — 
Evêché  de  Rennes,  G.  41,  p.  361. 

4.  Arc'),  départ..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f*  43.  ro. 
•—  Evêché  de  Rennes,  G,  41.  p.  66  et  840. 

5.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f«*  43,  ro. 

6.  Arch.  dép.,  Evêché  de  Rennes,  G,  41,  p.  514. 

7.  Ihid.,  41,  p.  448-450.  -  Bulletin  de  la  Société  archéol.  d'il.- et- Vil., 
XXVII,  p.  VI. 

8.  Arch.  mun.,  125. 

9.  Arch.  dép.,  Evêché  de  Rennes.  G,  41,  p.  398  et  424. 

10.  Ibid,^  p.  395. 

11.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  191. 


—    123   —  BRE. 

Du  côté  Nord  de  la  rue  se  trouvaient,  sur  les 
bords  de  Tille,  des  moulins  à  tan  et  à  foulons  ^ 
On  y  rencontrait  aussi  plusieurs  hôtelleries. 

N*"  20.  Ancienne  hôtellerie  des  Trois  Marchands, 
citée  dès  1604  2. 

N**  22.  On  voit  derrière  cette  maison  la  cour  des 
Quatre  Nations,  qui  a  perdu  aujourd'hui  beaucoup 
de  son  pittoresque. 

N*  28.  Cette  maison  semble  être  l'ancienne  hôtel- 
lerie de  la  Lune^.  Elle  a  conservé  deux  rangées  de 
poutres  moulurées  reposant  sur  des  consoles;  une 
des  consoles  du  rez-de-chaussée  présente  un  pe- 
tit fleuron  à  quatre  branches.  Elle  est  citée  dès 
1584  ^ 

Non  loin  de  là  se  trouvait  Vhôtellerie  de  la  Fleur 
de  Lis  d'Or  ou  Fleur  de  Lis  couronnée,  citée  sous  ce 
nom  dès  1611^.  Elle  était  appelée,  au  xvi*  siècle, 
Y  Image  Saint-Etienne^. 

Nous  n'avons  pu  trouver  la  situation  exacte  de 
l'auberge  du  Duc  de  Bretagne'. 

N**  54.  Ancienne  maison  du  Pigeon  blanc,  citée 
dès  1633». 

N"*  56.  Anciens  moulins  du  Bourg-lÉvêque.  —  Ils 
existaient  dès  le  xii*  siècle  et  appartenaient  pour 
trois  quarts  à  Tévêque  de  Rennes  et  pour  un  quart 


1.  Pouillê  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Gorson,  II,  585. 
â.  Arch.  dép.,  Ëvêché  de  Rennes,  G,  42.  p.  977,  978.  —  Réformation  du 
domaine  de  Rennes  de  1640.  fo  51,  yo. 

3.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  164Q,  f*'  51,  r». 

4.  Arch.  dép.,  Evêché  de  Rennes,  G,  42,  p.  901. 

5.  /ôid.,42.  p.  1089. 

6.  Ibid.,  41,  p.  601.    —  Eglises  paroissiales,  G.  526. 

7.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes.  G,  242.  —  Bulletin  de  la  Société 
archéol.  d'I Ile-et-Vilaine,  t.  XXVII,  p.  vi. 

8.  Arch.  dép.,  Evêché  de  Rennes.  G,  42,  p.  759  et  760.  —  Réformation  du 
domaine  de  Rennes  de  1646,  f»  49,  r*. 


BRE.  —     124    — 

au  Chapitre,  par  don  de  Tévêque  Anselme  de  Chante- 
merle,  en  1405*.  Ils  étaient  loués  1,400  livres  en  1713^. 

N**  84.  Ancienne  hôtellerie  du  Croissant  d'or  cou- 
ronné^. —  Elle  n'avait  déjà  plus  cette  enseigne  en 
1593*;  elle  s'appela  plus  tard  auberge  du  Croissant, 
et  fut  rebâtie  vers  1728*. 

Elle  touchait  à  TOuest  un  corps  de  garde  affecté 
à  la  défense  des  ponts  ^. 

La  rivière  d'Ille  sépare  la  rue  de  Brest  de  son 
faubourg;  elle  se  divise  en  deux  bras  formant  une 
île  connue,  dès  le  milieu  du  xv'  siècle,  sous  le  nom 
d'île  Mathibus'^  ;  on  la  franchit  sur  deux  ponts 
métalliques  qui  remplacent,  depuis  peu  d'années, 
d'anciens  et  étroits  ponts  en  pierre,  dont  le  Musée 
archéologique  possède  un  dessin.  Les  ponts  et  la 
chaussée  qui  les  réunit  existaient  dès  1422*;  ils 
étaient  en  1591  munis  d'un  pont-levis*.  Une  barrière 
se  trouvait  aussi  en  cet  endroit  en  1614  *^  En  1742, 
l'un  dos  ponts  se  composait  de  trois  arches  et  l'au- 
tre de  quatre  ;  le  premier  s'appelait  pont  du  Bourg- 
lEvêque,  et  le  deuxième  pont  de  la  Perrière.  Entre 
eux  était  autrefois  un  terre-plein  «  de  cinq  pieds 
«  plus  bas  que  le  dessus  des  arches  des  ponts,  ce 
«  qui,  outre  l'incomodité  de  monter  et  decendre 
«  deux  fois  dans  un  petit  espace,  fait  que  la  moin- 

1.  Mélanges  d'Histoire  et  d'Archéologie  bretonnes,  II,  72.  —  Pouilléde 
Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  I,  59. 

2.  Arch.  dép.,  Min.  de  Bertelot.  notaire  à  Rennes,  21  janvier  1713. 
8.  Arch.  dép..  Ëvêché  de  Rennes,  G,  42,  p.  642  et  661. 

4.  Ibid.,  p.  886. 

T).  Ibid.,  p.  669  et  670.  —  Réformalion  du  domaine  de  Rennes  de  164<>, 
f»  46,  vo. 

6.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  fo  46,  vo. 

7.  Arch.  dép..  Evêché  de  Renues,  G,  41.  p.  541  et  552.  —  Cadastre  de  18i(). 

8.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  142  î,  f»  20,  r*. 

9.  Arch.  mun.,  216. 

10.  Ibid.,  216. 


125    —  BRE. 

«  dre  crue  passe  par-dessus  et  détruit  le  pavé  qui 
a  n'y  dure  rien  *.  »  Ils  furent  refaits  en  i743'. 
Un  abreuvoir  est  cité  près  du  pont  dès  1456^. 

Faubourg  de  Brest. 

On  voyait  en  1648,  du  côté  Sud  du  faubourg,  une 
maison  «  où  pendait  pour  enseigne  la  figure  de 
«  VEcu  de  Bretagne  ;  »  cette  enseigne  n'existait  plus 
en  1658^ 

L'extrémité  Ouest  du  faubourg  fut  appelée  long- 
temps la  Perrière  du  Dourg-VEvêque,  à  cause  d'une 
carrière  que  la  route  traverse  sous  les  n"*'  49  à  65. 
Cette  carrière,  transformée  aujourd'hui  en  jardins,  a 
fourni  au  xv'  siècle  une  partie  des  matériaux  de  la 
troisième  enceinte  de  la  ville  et  les  pavés  schisteux 
dont  on  pava  les  rues  ^ 

N<*  73.  Couvent  du  Sacré-Cœur.  —  Il  occupe  rem- 
placement de  l'ancien  manoir  de  Saint-Cyr,  appelé 
depuis  de  Bégasson.  Ce  manoir  a  appartenu  aux  de 
Gahard  en  1513  S  aux  de  Racinoux  en  1637  et  1678^ 
aux  le  Duc  de  la  Bouquinaye,  aux  Blanchard,  aux  le 
Bel  de  Lesnen  en  1692  8,  aux  le  Gonidec  des  Aul- 
nays,  aux  de  la  Haye  de  Plouër  qui  le  vendirent  en 
1769  aux  de  Bégasson  de  la  Lardais ^  et  enfin  aux 
de  Sceaulx,  qui  le  vendirent  en  1846  au  couvent  du 
Sacré-Cœur  ^^. 

1.  Ârch.  dép.,  Intendance,  G,  339. 

2.  Ârch.  m  un.,  Comptes  des  Miseurs  de  1743,  f®  15,  r*. 

3.  -Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1456,  ^  28.  r. 

4.  Arch.  dép.,  Saint-Cyr,  2. 

5.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  186  et  305.  —  Arch.  mun., 
Comptes  des  Miseurs  de  1460,  f«  20,  r*. 

6.  Bibl.  de  Rennes,  Réformation  de  la  noblesse  de  1513. 

7.  Arch.  mun.,  322. 

8.  Communication  de  M.  L.  de  la  Blanchardière. 

9.  Arch.  dép..  Saint-Cyr,  4. 

10.  PouiUé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Gorson,  III,  658. 


BKK.  —    126   — 

N**  2.  Ancienne  maison  de  la  Perrière  aux  xvii"  et 
XYiii"*  siècles.  —  Vlmage  de  saint  Yves  «  y  pendoit 
pour  enseigne  »  en  1648*. 

N**  4.  Ancienne  maison  de  Vlmage  des  Trois 
Maries  au  xvii®  siècle.  —  Elle  semble  avoir  porté 
au  xviii"  siècle  le  nom  de  la  Déshérence', 

N**  40  ou  42.  Maison  du  Four  au  xviii*  siècle  •*. 

N**  54.  On  voit  au  sommet  du  montant  Est  de  son 
portail  d'entrée  un  petit  médaillon  circulaire,  chargé 
de  deux  branches  de  feuillage  liées  ensemble;  le 
centre  porte  la  date  de  1770,  gravée  en  creux.  Le 
montant  Ouest  est  un  des  anciens  piliers  de  la 
barrière  du  faubourg*,  qui  existait  en  cet  endroit 
dès  1614 '*;  il  est  en  granit  et  légèrement  arrondi. 
On  refit,  en  1614,  pour  protéger  cette  barrière,  une 
«  muraille  d'ung  demy  rond  d'ung  costé,  et  autre 
«  muraille  proche  le  puix  au  Chartier*^.  »  Au  fond 
de  la  cour  se  trouve  un  bâtiment  flanqué  de  deux 
ailes  très  saillantes,  il  n'a  qu'un  rez-de-chaussée 
avec  un  toit  droit  percé  de  fenêtres  de  mansardes. 
Cette  maison  dépendait  du  n**  68. 

N"  62.  C'est  un  ancien  petit  manoir  construit  au 
milieu  du  xvii*  siècle  et  appelé  maison  du  Verger. 
Les  Augustins  Tachetèrent  en  1663  à  Marguerite 
Fougères,  femme  d'Isaac  Samson^  et  ils  y  établi- 
rent un  hospice,  mais  ils  transportèrent  leur  cou- 
vent, dès  1676,  au  carrefour  Jouaust^.  En  1714  le 
Verger   appartenait   aux    Geslin   qui   le    vendirent 


1.  Arch.  dép.,  Saint-Cyr,  2  et  3. 

2.  Ibid.,  1  et  2. 

8.  Arch.  dép.,  Sainl-Cyr.  3. 

4.  Arch.  mun.,  lOJ). 

5.  Arch.  mun.,  216. 

6.  Arch.  mun.,  Compte  des  Miseurs  de  1614,  £•  19,  v*. 

7.  Arch.  dép.,  Augustins,  3. 

8.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Gorson,  III,  110. 


-     127    —  BRE. 

à  Henri-François  liacappé,  marquis  de  Magnane; 
celui-ci  en  fit  don,  en  1720,  aux  dames  Incurables 
de  la  Providence  de  Nantes,  pour  y  fonder  une  école 
charitable  de  filles  •.  Ces  religieuses  furent  rempla- 
cées en  1724  par  les  Filles  de  la  Sagesse,  qui  des- 
servirent récole  jusqu'en  1792^.  L'immeuble  fut 
alors  sécularisé  et  devint  dans  la  suite  une  cirerie. 
—  Une  petite  ruelle  aujourd'hui  bouchée,  située  à 
rOuest  et  appelée  ruelle  de  la  Sagesse,  conserve 
seule  le  souvenir  du  couvent  ^. 

La  maison  occupe  le  fond  d'une  cour  que  ferme 
un  portail  sans  caractère;  elle  se  compose  d'un 
rez-de-chaussée  et  d'un  étage. 

Sa  façade  Sud  contient  au  rez-de-chaussée  deux 
portes  et  une  fenêtre.  La  porte  centrale  est  en  anse 
de  panier,  avec  une  clef  de  voûte  sans  sculpture; 
ses  vantaux  sont  à  panneaux  rectangulaires.  Elle 
est  surmontée  d'un  œil-de-bœuf  ovale  qu'entoure 
une  guirlande  dans  laquelle  on  reconnaît,  malgré 
un  épais  badigeon,  des  feuilles  de  lierre  et  des 
palmes.  Un  deuxième  œil-de-bœuf  un  peu  plus 
grand  se  voit  à  l'extrémité  de  la  maison.  L'étage 
supérieur  présente  trois  fenêtres.  —  Le  toit  est 
droit  et  coupé  au-dessus  de  la  porte  principale  par 
une  lanterne  en  ardoises  percée  de  deux  fenêtres 
superposées;  la  toiture  de  la  lanterne  figure  une 
pyramide  obtuse  à  quatre  faces.  —  Un  petit  bâti- 
ment, servant  autrefois  de  sacristie^ y  forme  retour 
d'équerre  vers  TOuest;  il  se  compose  d'un  rez-de- 
chaussée  et  d'un  étage  percés  chacun  de  deux  ou- 
vertures. 

1.  Arch.  dép.,  Sagesse,  63.  —  Saint-Cyr,  1. 

2.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chan.  Guillotin  de  Corson,  III,  ^1  et  454. 
8.  Ibid.,  m.  454. 

4.  Ârch.  dèp.,  Sagesse,  &3. 


.       BRE.  —    128   — 

La  façade  Nord  de  la  maison  présente  à  peu  près 
le  même  agencement  :  elle  a  au  rez-de-chaussée 
une  porte  et  trois  fenêtres.  La  porte  est  en  anse  de 
panier,  avec  des  vantaux  à  petits  panneaux  rectan- 
gulaires; sa  clef  de  voûte  est  sculptée  d'un  ovale 
posé  sur  un  cartouche  enroulé  et  gravé  de  la  date 
de  1653;  l'œil-de-bœuf  qui  la  surmonte  est  entouré 
de  deux  branches  do  myrte.  —  Le  premier  étage 
possède  quatre  fenêtres;  le  deuxième,  vers  TEst, 
correspond  à  Tescalier  et  conserve  des  vantaux 
analogues  à  ceux  des  portes. 

On  remarque  à  l'intérieur  un  large  vestibule  avec 
un  escalier  de  bois  à  balustres  tournés.  La  salle 
Est  du  rez-de-chaussée  était  la  classe  des  orphe- 
lines; celle  de  TOuest  servait  de  chapelle,  elle  com- 
muniquait avec  un  ancien  fagotier  transformé  en 
chœur  ou  tribune.  Le  premier  étage  comprenait  à 
l'Est  la  cuisine,  à  rOuest  le  réfectoire  et  des  chambres 
pour  les  religieuses.  Les  mansardes  renfermaient 
des  chambres  pour  les  religieuses  et  les  pension- 
naires. 

On  voyait  enfin  dans  la  cour,  à  gauche  du  portail 
d'entrée,  un  fournil,  et  à  droite  une  salle  servant 
di école  pour  les  externes*. 

Un  vaste  jardin  s'étend  au  Nord  de  la  maison. 

N"  76.  Il  occupe  à  peu  près  l'emplacement  de  l'an- 
cienne maison  de  la  Longuinière,  On  y  voit  une  fe- 
nêtre qui  n'est  sans  doute  pas  en  place;  elle  est  en 
granit,  munie  d'un  appui  mouluré  et  entourée  d'un 
tore  à  arête  mousse  reposant  sur  deux  petites 
bases;  le  linteau  présente  une  accolade  ornée  de 
choux  frisés  et  dont  la  pointe  est  surmontée  d'un 

1.  Arch.  dép.,  Sagesse,  tx3. 


—    129    —  BRE. 

motif  absolument  fruste.   Cette  décoration  accuse 
le  XV'  ou  le  xvi"  siècle. 

La  Longuinière  appartenait  aux  le  Roy  en  1658*, 
aux  Morin  en  1740-,  puis  aux  Blouet  de  la  Chatai- 
gneraie,  qui  la  vendirent  aux  Boutier  en  1772^. 

Place  de  Bretagne  (Canton  S.-O.». 

Cette  place,  de  création  récente,  a  reçu  son  nom 
en  1862*;  sa  partie  Est  occupe  le  lit  de  l'ancien 
fossé  de  la  troisième  enceinte,  et  sa  partie  Ouest 
la  moitié  environ  d'une  Ile  que  formait  un  bras  de 
ce  fossé;  cette  île  était  une  prairie  appartenant  à 
rhôpital  des  Incurables '. 

La  muraille  de  la  troisième  enceinte  s'étendait  en 
ligne  biaise  à  TEst  de  la  place,  depuis  le  quai  jus- 
qu'au boulevard  do  la  Liberté;  la  tour  de  l'Escrime 
se  trouvait  en  avant  de  la  maison  d'encoignure  du 
boulevard.  (Voir  boulevard  de  la  Liberté.) 

La  porte  du  Champ- Dolent  était  à  l'entrée  de  la 
rue  de  ce  nom;  elle  n'était  pas  précédée  d'un  boule- 
vard; sa  largeur  était  de  quinze  pieds*;  devant  elle 
était  jeté  primitivement,  sur  le  bras  de  rivière  for- 
mant douve,  un  pont  volant  qui  fut  détruit  en  1769 
et  ne  fut  remplacé  par  un  pont  fixe  qu'en  1802"^; 
ce  dernier  était  en  bois  et  posé  sur  deux  piles 
de  maçonnerie  ^;  il   a  disparu  de   nos  jours   avec 


1.  Arch.  dép.,  Saint-CiVr,  2. 

2.  /Wd.,3. 

3.  Jbid.,  4. 

4.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

5.  Arch.  m  un.,  32t5.  —  Plan  de  Rennes  de  1726. 

6.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646.  f'»  365,  v. 

7.  Arch.  dép..  \"  carton  de  M.  de  la  Bigne. 

8.  Dessin  ancien  du  D'  Godefrov,  Musée  archéol.  de  Rennes. 


BBE.  —    130     — 

la  douve'.  Près  de  là  se  trouvait  un   abreuvoir^. 

La  porte  était  défendue  par  une  tour  située  à 
Tangle  Sud-Ouest  du  n"  11  :  elle  avait  été  construite 
vers  1450  \  On  l'appelait  aussi  au  xvi*  siècle  tour 
Morely  du  nom  d'un  de  ses  habitants,  et  au  com- 
mencement du  xviii*  siècle  tour  de  Bléry^  du  nom 
de  son  possesseur,  ou  tour  aux  Bloux^,  Lors 
d'une  épidémie  de  peste  à  la  prison  de  la  Feil- 
Ice  en  1626  (impasse  Rallier  du  Baty),  on  y  trans- 
porta une  partie  des  prisonniers  de  la  ville  ^;  on 
en  fit  aussi  au  xvii"  siècle  une  «  prison  pour 
«  ramasser  toutes  les  coureuses  publiques  de  mau- 
«  vaise  vie^;  »  elle  servit  enfin  de  magasin  aux 
poudres  depuis  le  percement  de  la  rue  de  la 
Bove  en  1782.  (Voir  avenue  de  la  Gare  et  place 
Pasteur.)  Sa  démolition,  commencée  en  Tan  II,  fut 
achevée  en  1810^.  —  En  1591,  on  avait  établi  un 
bardeau  vis-à-vis  d'elle  pour  retenir  les  eaux  dans 
le  fossé  ^. 

Le  bras  de  Vilaine  formant  la  douve  de  la  troi- 
sième enceinte  rejoignait  le  lit  principal  devant  le 
n"  1  de  la  place  de  Bretagne.  Sous  ce  numéro,  un 
petit  ruisseau  nommé,  semble-t-il,  ruisseau  de  Mol- 
vaux'\  se  jetait  dans  la  Vilaine  après  avoir  arrosé 
les  terrains  compris  entre  le  quai  Lamennais  et  les 
rues  Lanjuinais  et  de  la  Chalotais. 


1.  Arcli.  mun.,  123  et  lî37.  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III. 
295. 

2.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1558,  f"  5,  v",  et  0,  r». 

3.  Arch.  dép.,  1*'  carton  de  M.  de  la  Bigne. 

4.  Arch.   mun.,   Compte  des  Miseurs  de   1632,  f"  24,   r,  et  44,  t*.  — 
Arch,  mun.,  123. 

5.  Bulletin  de  la  Société  archéolog.  d'Ille-et-  Vil.,  XXVII,  73.  Delourmel. 

6.  Arch.  mun.,  123  et  137. 

7.  Arch.  mun.,  123  et  5(>5,  délibération  du  4  juillet  1785. 

8.  Arch.  mun.,  136. 
î).  Arch.  mun.,  144. 


—    131    —  BRE. — BRI. 

Enfin  au  Nord  de  la  place  se  trouvait,  dans  un 
petit  îlot,  la  tour  Saint-Yves  K  (Voir  quai  Duguay- 
Trouin.) 

Le  grand  pont  de  Chaulnes  occupait  Tangle  Nord- 
Ouest  de  la  place,  à  quelques  mètres  à  l'Ouest  du 
pont  de  La  Tour-d'Auvergne.  (Voir  quai  Duguay- 
Trouin.)  —  Sur  le  pan  coupé  Sud-Ouest  de  la  place 
était  le  petit  pont  de  Chaulnes  -.  Ces  deux  ponts 
étaient  reliés  par  la  rue  de  Chaulnes  3,  pratiquée 
vers  1670  ^  Le  petit  pont  de  Chaulnes  existait  dès 
1449;  il  s'appelait  alors  Pont  de  Chicoigné^  par  ce 
qu'il  conduisait  à  la  rue  Chicogné  ^.  Un  chemin 
conduisait  de  ce  pont  à  la  porte  de  Champ-Dolent  ®. 

Le  terrain  de  la  place  actuelle  a  été  très  surélevé  : 
on  peut  observer  son  ancien  niveau  dans  une  petite 
cour  en  contrebas  située  devant  le  n**  5. 


Rue  de  Brilhac  (Canton  N.-E.). 

Cette  rue,  percée  après  l'incendie  de  1720,  fut 
ainsi  appelée  en  1726  en  l'honneur  de  M.  de  Bril- 
hac, premier  président  du  Parlement  ;  elle  reçut  en 
1792  le  nom  de  rue  de  la  Fraternité,  et  sous  l'Em- 
pire  celui  de  rue  de  Vienne"^. 

On  y  a  trouvé,  lors  de  l'établissement  des  égouts 
en  1882,  plusieurs  cercueils  en  schiste  ardoisier  qui 
semblaient  remonter  aux  premiers  siècles  de  l'épo- 
que chrétienne,  et  des  débris  de  poteries  communes 


1.  Ârch.  mun.,  Idki. 

2.  Arch.  mun.,  112. 

3.  Cadastre  de  IS'iO. 

4.  Arch.  mun.,  Îi26. 

5.  Arch.  mun.,  Fortifications,  indemnités,  D,  1449,  !•  39,  v». 

6.  loid.,  f<>41,  r». 

7.  Les  Rues  de  Rennes,  \)&r  L.  Decombe. 


BRI.— BRO.  —    132    — 

paraissant    provenir    d'urnes    cinéraires    gallo-ro- 
maines *. 

h' hôtel   de  Brissac    s'élevait    sur   son    extrémité 
Ouest.  (Voir  place  de  la  Mairie.) 


Rue  Briz6uz  (Canton  N.-E.). 

Cette  rue,  qui  porte  depuis  1888  le  nom  du  célè- 
bre poète  breton  du  xix*  siècle,  n'est  autre  que  l'an- 
cienne ruelle  Pinsonnettey  élargie  et  redressée  vers 
1880.  La  ruelle  tirait  son  nom  du  terroir  de  la  Pin- 
sonnette  ^  On  l'appelait  aussi  dès  le  xv'  siècle 
chemin  Beurot  ou  Burot  3,  et  aux  xvi*  et  xvii*  siè- 
cles les  Fossés  Gahier*.  (Voir  au  Préambule.) 

L'ancienne  maison  de  Richebourg,  démolie  en 
1903,  occupait  Tangle  Sud-Est  de  la  rue  Brizeux  et 
de  la  rue  de  Fougères.  Elle  appartenait  aux  Simon 
de  Richebourg  en  1660  et  en  1689^.  Le  lieu  de  Ri- 
chebourg est  cité  dès  1269  ®. 

Rue  Broussais  (Canton  N.-E.). 

« 

Cette  rue  porte  depuis  1862  le  nom  du  célèbre  mé- 
decin breton  Broussais  (1772-1838);  elle  remplace 
une  ruelle  appelée  successivement  ruelle  Hamelin 
et  ruelle  le  Tarouilbj,  du  nom  des  propriétaires  des 


1.  Bulletin  de  la  Société  Archéologique  d'il. -et- Vil.,  t.  XV,  2»  partie, 
p.  325. 

2.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  68. 

3.  Arch.  dép.,  RAformation  du  domaine  de  Rennes  de  U55,  f«  49,  v», 
et  de  1646,  f»  120,  r». 

4.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  68  ;  Aveux  de  1610  et  de  1638. 

5.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  2,  p.  701 .  —  6  —  et  68. 

6.  Bibl.  de  Rennes,  Cartulaire  d**  Saint-Melaine,  manuscrit,  fo  67,  v». 


—    133    —  CAL. 

terrains  voisins'.  La  ruelle  occupait  le  côté  Est  de 
la  rue  actuelle. 


Place  du  Calvaire  (Canton  N  -O.). 

11  existait  en  cet  endroit,  dès  1037,  un  marché  ap- 
pelé forum  auxeis,  nom  qui  peut  venir  du  mot  latin 
auxus,  toison,  laine ^.  On  y  transporta,  probable- 
ment au  xiii**  siècle,  le  marché  aux  bêtes  vives,  fo- 
rum aue?'u,  qui  s'était  tenu  jusqu'alors  en  dehors  de 
Tcnceinte  de  la  ville,  entre  la  Baudrairie  et  Téglise 
de  Saint-Georges;  le  fait  nous  est  appris  par  le 
Cartulaire  de  Saint-Melaine^  où  Ton  voit  en  1288 
rafféageraent  à  un  habitant  de  Rennes,  Godefroy  de 
Saint-Laurent,  d'un  emplacement  situé  in  veteri 
foro  averii.  Cet  afféagement  est  une  preuve  certaine 
de  l'abandon  du  marché,  et  tout  porte  à  croire  qu'il 
avait  été  transféré  de  suite  sur  la  place  du  Calvaire 
actuelle,  qui  reçut  dès  lors  le  nom  de  place  du  Mar- 
ché à  Vavoir  (forum  averii).  I^e  marché  était  déjà 
qualifié  de  vieux  dans  le  registre  de  Réformation  de 
14553. 

La  place  devint  plus  tard  place  des  Porches  (voir 
plus  bas),  —  puis  au  xvi'  siècle,  place  de  la  Grande- 
Pompe,  après  Tinstallation  d'une  fontaine  publique 
qui  était  la  principale  pompe  de  la  ville.  —  Elle  re- 
çut au  xvii®  siècle  le  nom  de  place  du  Calvaire,  à 
cause  de  rétablissement  des  Religieuses  Calvairien- 
nes  (voir  plus  bas).  —  On  en  fit  en  1792  la  pZace  de 


1.  Les  Hues  de  Rennes,  par  L.  Decomhe. 

2.  CarUdaire  de  Saint-Georges,  par  M.  de  la  Bigne,  p.  145.  —  Procès- 
verbaux  de  la  Société  Archéologique  d'Il.-et-Vil.  de  1844  à  ia58,  p.  84. 

3.  Bibl.  de  Rennes,  Cartulaire  de  Saint- Melaine,  manuscrit,  f-  03,  t\  — 
Arcli.  dép.,2«  carton  de  M.  de  la  Bigne. 


CAL.  —    1.S4    — 

la  Révolution.  C'est  sur  cette  place  qu'une  grande 
partie  de  la  garnison  de  Rennes  fit  solennellement 
cause  commune  avec  la  jeunesse  de  la  ville  en  juil- 
let 1789  ^ 

La  pompe,  appelée  -pompe  du  Carthage,  fut  établie 
en  1510  à  TOuest  et  sur  le  point  culminant  de  la 
place,  qui  était  alors  très  bombée-;  elle  avait  la 
forme  d'une  tourelle  munie  de  quatre  clefs  de  cui- 
vre^;  vers  1687  on  la  transporta  plus  à  l'Est,  dans 
un  endroit  moins  élevé,  sur  l'emplacement  de  l'an- 
cien poids  au  duc*. 

h'hôlel  de  Talhouet-Bonamour  est  remplacé  depuis 
l'incendie  de  1720  par  la  maison  qui  forme  l'angle 
de  la  rue  du  Chapitre  et  porte  le  n**  1  de  cette  rue. 
—  Avant  l'incendie,  la  place  était  bordée  au  Nord 
par  des  maisons  à  porches  appelées  couramment 
les  Porches  et  citées  dès  1418^.  Ces  maisons  com- 
prenaient au  XVII»  siècle  les  hôtelleries  de  Sainte- 
Catherine^^  de  Sainte-Barbe  vers  l'angle  Sud-Ouest 
de  la  rue  de  Montfort^  de  Champagne^,  et  la  mai- 
son de  la  Hollande  «  au  haut  des  Porches  advis  la 
«  grande  pompe®.  »  Nous  ne  savons  d'où  vient  ce  nom 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  \*.  Decombe. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  â8ô.  —  Plan  de  Rennes 
de  1616. 

3.  Plan  de  Rennes  de  1616.  ^  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de 
1509  à  1510,  f*  21,  yo.  —  Recueil  historique  sur  la  ville  de  Rennes,  par 
Gilles  de  Languedoc,  p.  306,  Bibl.  de  Rennes,  manuscrit. 

4.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  289.  —  Bibl.  de  Rennes, 
Plans. 

5.  Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs.  1418.  {•  23. 

6.  Arch.  dép..  Reformation  du  domaine  de  Rennes  de  164(),  f- 190,  v».  — 
Terrier  de  Rennes  de  1789,  p.  37.  —  Arch.  mun..  Compte  du  Devoir  de 
Sol  et  Liard  de  1623-1624,  fo  25.  v. 

7.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f*»  190,  v". 
—  Chapitre  de  Rennes,  G.  174  et  221. 

8.  Arch.  dép..  Minutes  de  G^ier,  notaire  à  Rennes.  16  >9. 

9.  Arch.  dép..  Minutes  d'André,  notaire  à  Rennes,  juil.  1672.  —  Cha- 
pitre de  Rennes.  G.  175. 


—    1.'^^    —  CAL. 

de  Hollande;  nous  mentionnerons,  comme  simple 
rapprochement,  l'existence  d'une  Jeanne  Horlande, 
citée  en  1613*. 

N*  2.  Ancien  couvent  des  Calvairiennes.  —  Les 
religieuses  du  Calvaire  avaient  établi  à  Rennes,  en 
1657,  une  maison  de  santé  dans  Vhôtel  d'Espinay^ 
(n**  19,  rue  des  Dames).  En  1671,  Calliope  d'Argen- 
tré,  veuve  d'Henry  de  Bourgneuf,  marquis  de  Cucé, 
premier  président  du  Parlement  de  Bretagne,  leur 
fit  don  de  son  hôtel  de  Cucé,  sur  la  place  de  la 
Grande-Pompe,  pour  y  construire  un  monastère; 
cet  hôtel  datait  du  xvi*  siècle  ^,  il  possédait  une  cha- 
pelle, une  cour  et  un  jardin  3. 

La  première  pierre  de  la  chapelle  fut  posée  en 
1678.  Confisqué  et  vendu  en  1792,  le  monastère  est 
aujourd'hui  sécularisé.  La  chapelle  servit  pendant 
la  Révolution  à  la  célébration  des  fêtes  décadaires, 
et  est  actuellement  un  entrepôt  de  vins*. 

Elle  se  compose  d'un  vaste  bâtiment  ovale,  sur- 
monté d'un  dôme  de  même  forme,  qui  se  termine 
par  une  lanterne  aplatie;  une  lithographie  de  Lorette 
de  1827,  conservée  dans  les  Souvenirs  de  Rennes  de 
M.  Ducrest  de  Villeneuve,  et  une  vue  de  Rennes  de 
1720,  par  Villeneuve-Forestier,  dont  le  Musée  archéo- 
logique possède  une  copie,  représentent  le  dôme 
surmonté  d'un  cannipanile  à  toit  arrondi. 

Malgré  les  modifications  qui  y  ont  été  apportées, 
il  est  encore  facile  de  reconstituer  la  chapelle  dans 
son  ensemble,  telle  quelle  est  sortie  des  mains  de 


1.  Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs  de  1613. 

2.  Bulletin  de  V Association  Bretonne,  II,  1<>5.  —  Arch.  dép.,  lO*  car- 
ton de  M.  de  la  Bigne. 

3.  Arch.  munie,  310. 

4.  Pouillé  de  Bennes,  par  le  chanoine   Guillotin  de  Corson,  III,  188 
et  189.  —  Histoire  de  Bennes,  par  Marteville,  III.  53. 


CAL.  —    130)   — 

rarchitecte,  œuvre  imposante  tant  par  ses  grandes 
dimensions  que  par  la  hardiesse  de  son  dôme  et  la 
richesse  de  ses  sculptures.  L'intérieur  présente 
environ  vingt  mètres  sur  quatorze. 

La  partie  basse  de  ses  murs  est  percée  de  dix 
grandes  arcades  cintrées,  les  unes  bouchées,  les 
autres  servant  de  portes  ou  de  fenêtres  ;  les  cintres 
sont  ornés  de  moulures  et  d'élégantes  clefs  de  voûte 
sculptées.  Au-dessus  de  chaque  cintre  et  à  demi 
couchés  sur  leurs  extrados,  se  voient  deux  grands 
anges  en  haut  relief,  d'un  aspect  très  décoratif  et 
et  du  plus  pur  style  Louis  XIV;  on  peut  citer  prin- 
cipalement, du  côté  Ouest,  un  ange  tenant  une 
Sainte-Face,  un  autre  tenant  des  dés  à  jouer,  un 
autre  enfin  portant  Téchelle  du  crucifiement.  —  L'une 
des  baies,  vers  le  Sud- Est,  est  remplie  de  beaux 
panneaux  de  bois  à  moulures  très  saillantes.  —  La 
porte  d'entrée  occupait  Tarcadc  Nord,  et  Tautel 
Tarcade  Sud. 

A  la  naissance  des  cintres  s'étend,  tout  autour 
de  Tédifice,  une  moulure  coupée  par  eux  et  servant 
de  base  à  Tétage  supérieur. 

Cet  étage  est  également  percé  de  dix  baies  cin- 
trées, posées  au-dessus  des  premières  ;  leurs  cintres 
et  leurs  clefs  de  voûte  sont  analogues.  L'espace 
compris  entre  chaque  baie  est  occupé  par  deux  pi- 
lastres séparés  par  une  niche.  Les  pilastres  sont 
surmontés  de  chapiteaux  corinthiens  qui  s'élèvent 
jusqu'à  la  hauteur  du  sommet  des  cintres;  les 
niches  sont  cintrées  et  très  profondes,  leur  conque 
est  ornée  d'une  grande  coquille;  elles  sont  sup- 
portées par  des  culs-de- lampe  en  haut  relief, 
figurant  une  tête  d'ange  ailée  soutenue  par  des 
draperies  élégamment  passées  dans  des  anneaux; 


—  l.*^7  —  cvL. 

une  grosse   grappe  de  fleurs  pend  en  dessous  et 
termine  romementation. 

Ici  encore,  comme  à  1  étage  inférieur,  une  mou- 
lure fait  le  tour  des  murs  à  la  hauteur  de  la  nais- 
sance des  cintres,  et  elle  est  interrompue  par  les 
fenêtres  et  les  pilastres. 

Au-dessus  des  fenêtres  et  portant  sur  les  chapi- 
teaux des  pilastres,  court  une  corniche  très  élevée 
et  très  saillante,  qui  achève  de  donner  au  monu- 
ment un  aspect  riche  et  imposant.  Non  seulement, 
en  effet,  elle  présente  des  modillons  et  de  nom- 
breuses moulures,  mais  elle  est,  en  outre,  coupée 
au-dessus  de  chaque  baie  par  de  grands  cartouches 
chargés  d'écussons  fort  intéressants  à  étudier. 

Celui  du  Sud  représente  le  monogramme  IHS 
en  lettres  fleuries,  surmonté  d'une  croix  et  placé 
au-dessus  d'un  cœur  d'où  sortent  trois  clous  de 
la  Passion;  le  tout  est  entouré  d'une  couronne  d'é- 
pines. Ce  monogramme  suffirait  à  lui  seul  pour 
indiquer  la  place  de  Tautel  principal. 

Le  deuxième  cartouche,  vers  TOuest,  représente 
deux  écussons  accolés,  timbrés  d'une  couronne  de 
marquis  ancien  que  surmonte  un  casque  à  grilles, 
taré  de  front  et  ayant  pour  cimier  un  mortier  de 
premier  président  de  Parlement;  les  écussons  sont 
posés  sur  un  manteau  de  premier  président.  Le 
premier  de  ces  écussons  est  aux  armes  de  Reine  de 
Thou,  le  deuxième  aux  armes  de  Jean-René  de 
Bourgneuf,  marquis  de  Cucé,  premier  président  du 
Parlement,  père  et  mère  d'Henry  de  Bourgneuf,  le 
mari  de  la  fondatrice  de  la  chapelle.  Les  de  Thou 
portent  :  D'argent  au  chevron  de  sable  accompagné 
de  3  abeilles  de  même  ;  et  les  de  Bourgneuf  :  D'ar- 
gent au  sautoir  de  sa6/e,  au  franc-quartier  de  gueules 

XXXIII  iâ 


CAL.  —    l.'W   — 

chargé  de  2  poissons  d  argent  posés  en  f&sce.  —  On 
remarquera  que  Técusson  de  Bourgneuf  aurait  dû 
occuper  la  première  place,  que  son  franc-quartier 
devrait  se  trouver  à  Tangle  opposé,  et  qu'enfin  les 
poissons  devraient  être  tournés  en  sens  inverse. 

Le  troisième  écusson  porte  les  armes  des  de 
Bourgneuf;  il  est  entouré  de  deux  branches  de 
myrte  et  timbré  d'une  couronne  de  comte  que  sur- 
montent une  mitre  et  une  crosse  tournée  en  dehors  : 
c'est  récusson  de  Charles  de  Bourgneuf,  évêque  de 
Nantes  en  1598,  ou  celui  de  son  neveu  Henry,  qui 
lui  succéda  et  garda  le  siège  pendant  trois  ans  sans 
être  sacré;  démissionnaire  en  1620  après  le  décès 
de  son  frère  Jean,  Henry  de  Bourgneuf  le  remplaça 
comme  conseiller  au  Parlement  et  devint  plus  lard 
premier  président. 

Les  quatrième,  cinquième,  septième  et  huitième 
cartouches  sont  sans  sculptures.  Le  quatrième  et 
le  huitième  figurent  deux  écussons  accolés  et  tim- 
brés d'une  couronne  de  comte  ;  le  cinquième  et  le 
septième,  deux  écussons  accolés,  timbrés  d'une  cou- 
ronne de  marquis  ancien. 

Le  sixième  représente  un  écusson  avec  une  cou- 
ronne de  marquis  ancien  ;  il  comprend  les  princi- 
pales alliances  de  la  famille  :  Ecartelé  au  1  d'argeiit 
à  la  croix  pattée  d'azur,  qui  est  d'Argentré  ;  au  2  de 
Thou  ;  au  3  d'azur  à  la  fasce  d'or  accompagnée  de 
3  coquilles  de  même,  qui  est  de  Marquer  ;  au  4  d'her- 
mines au  chef  de  gueules  chargé  d'une  fleur  de  lys 
d'or;  au  sur-le-tout  de  Bourgneuf.  —  Rappelons 
qu'Henry  de  Bourgneuf  était  époux  de  Calliope 
d'Argentré,  fils  de  Roine  de  Thou,  et  petit-fils  de 
Louise  de  Marquer.  —  Le  quatrième  quartier  de 
Técartelure   est  attribué  par  M.   de  la  Bigne  à  la 


—    1:59    —  CAL. 

famille  de  la  Haye,  dans  laquelle  Pierre  Bourgneuf, 
vivant  en  1450,  avait  pris  alliance. 

Le  neuvième  cartouche  figure  deux  écussons  ac- 
colés, entourés  de  deux  branches  de  myrte  et  tim- 
brés d'une  couronne  ducale  à  cinq  fleurons  alternant 
avec  quatre  perles  :  le  premier  figure  un  lion,  le 
deuxième  est  aux  armes  des  de  Bourgneuf. 

Le  dixième  cartouche  enfin  contient  deux  écussons 
accolés,  posés  sur  un  manteau  de  premier  président 
et  sommés  d'une. couronne  de  marquis  ancien  que 
surmontent  un  casque  taré  de  front  et  un  mortier  de 
premier  président  ;  ils  portent  les  armes  de  Bourg- 
neuf  et  d'Argentré. 

Au-dessu&  de  la  corniche  que  coupent  ces  dix 
cartouches  s'élève  un  vaste  dôme  d'une  hardiesse 
remarquable,  terminé  par  une  ouverture  ovale  et 
surmonté  d'une  lanterne  de  même  forme.  La  lan- 
terne est  décorée  de  huit  grandes  caryatides  en  bois 
réunies  entre  elles  par  des  guirlandes  de  fleurs; 
sur  leurs  têtes  et  leurs  bras  élevés  repose  une  gale- 
rie également  en  bois,  sommée  de  huit  urnes  en- 
flammées; huit  lucarnes  alternant  avec  ces  urnes 
éclairent  le  dôme.  La  galerie  est  élevée  de  32  mètres 
au-dessus  du  sol. 

Calliope  d'Argentré  construisit  pour  son  mari, 
dans  l'intérieur  de  l'église,  en  1681  ',  un  superbe 
tombeau  surmonté  d'une  statue  en  bronze  d^nt  on 
voit  un  croquis  dans  le  manuscrit  du  président  de 
Robien-.  Le  déiimt  était  représenté  à  genoux  sur 
un  coussin  et  en  costume  de  premier  président; 
il   portait  les  cheveux  longs  et  ondulés  sous  une 


1.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  III,  I9i). 

2.  Description  de  la  Bretagne,  par  le  président  de   Hobien,   man., 
p.  135,  bibl.  de  Rennes,  857,  C.  7. 


CAL.  —    140   — 

calotte,  une  robe  fermée  sur  le  devant  par  deux 
rangées  de  petits  boutons,  et  une  simarre  fourrée, 
ornée  de  franges;  sa  main  gauche  était  ramenée  sur 
la  poitrine  et  son  bras  droit  à  demi  étendu.  Sous 
la  statue  se  lisaient  les  mots  :  In  te  omnes  sua  fu-- 
nera  dolent;  le  tombeau  portait,  en  outre,  une 
longue  épitaphe.  —  Les  entrailles  du  premier  pré- 
sident avaient  été  inhumées  dans  la  chapelle  des 
Calvairiennes  de  Paris,  au  Marais*. 

Les  bâtiments  qui  bordent  la.  chapelle  vers  le 
Sud  présentent  un  toit  à  la  Mansard,  soutenu  par 
des  modillons,  et  coupé  par  des  fenêtres  à  fronton 
arrondi.  On  remarque  au  rez-de-chaussée,  vers 
rOuest,  deux  grandes  fenêtres  cintrées  percées  dans 
un  mur  très  épais. 

La  cour  actuelle  servait  de  jardin. 

Les  bâtiments  situés  à  Tangle  Nord-Ouest  do  la 
cour  dépendaient  aussi  du  couvent  des  Calvai- 
riennes ;  le  Musée  archéologique  en  possède  un 
croquis:  ils  renferment  une  jolie  porte  du  xv'  siècle, 
composée  d'une  baie  cintrée,  ornée  de  moulures  et 
surmontée  d'une  archivolte  ogivale  surbaissée  que 
soutiennent  deux  consoles  sculptées;  Textrados  de 
cette  archivolte  présente  un  choux  frisé  de  chaque 
côté,  le  sommet  est  occupé  par  un  écusson  ogival 
posé  sur  un  motif  flamboyant. 

Letôté  Ouest  de  la  cour  contient  une  importante 
construction  élevée  sur  remplacement  de  l'ancien 
hôtel  de  Pontrouault.  Cet  hôtel,  après  avoir  appar- 
tenu à  la  famille  de  ce  nom,  était  passée  dès  le 
xV   siècle  aux  de  la   Marzelière;   il   était  en   1455 


1.  Epitaphier  de   Paris,   Bibl.  \ationale.   (lominunicatiun   de   M.   Fr. 
Saulnier.  —  Bulletin  de  la  Société  archeoloy.  d'IlL-et-Vil.,  t.  XXXII, 

p.  XXXIII. 


—  141  —  cvr. 

à  Pierre  de  BeaucéS  puis  vers  1640  aux  de  Saint- 
Pern;  Fédifice  actuel  devint  une  dépendance  du  cou- 
vent des  Calvairiennes^  Un  plan  du  xviii'  siècle  le 
désigne  sous  le  nom  d'ancien  hôtel  de  la  Prévalaye^. 

Sa  façade  possède  un  rez-de-chaussée  et  un  étage 
surmonté  d'un  toit  à  la  Mansard,  que  supporte  une 
corniche  à  modillons  :  chaque  étage  est  percé  de 
sept  ouvertures.  —  Le  rez-de-chaussée  présente 
trois  portes  et  quatre  fenêtres;  Tune  des  fenêtres 
a  été  plus  tard  transformée  en  porte.  La  porte  cen- 
trale est  accostée  de  deux  pilastres  doriques,  les 
deux  autres  sont  entourées  de  petites  moulures  et 
surmontées  de  linteaux  à  crossettes  soutenus  par 
de  petites  consoles.  Les  fenêtres  ont  des  appuis 
posés  sur  deux  consoles  et  sont  accostée»  de  pi- 
lastres doriques.  —  Au-dessus  de  ces  pilastres  s'en 
élèvent  d'autres,  de  l'ordre  ionique,  qui  relient  le 
rez-de-chaussée  à  Tétage  supérieur  et  supportent 
eux-mêmes  un  troisième  ordre  corinthien  encadrant 
les  fenêtres  de  cet  étage.  —  Les  ouvertures  des 
mansardes  sont  surmontées  de  frontons  triangu- 
laires. 

Cette  façade  est  flanquée  au  Nord  d'un  bâtiment 
en  retour  d'équerre,  percé  à  chaque  étage  d'une 
ouverture  semblable  aux  précédentes.  —  Elle  est 
accostée  au  Sud  d'une  aile  en  retrait  qui  contient 
une  petite  chapelle  du  xv"  siècle,  seul  re^^te  de 
l'hôtel  do  Pontrouault.  La  chapelle  présente  sur  sa 
face  Est  une  fenêtre  flamboyante,  ornée  de  mou- 
lures prismatiques  et  divisée  par  un   meneau;   sa 


1.  Arch.  dép.»  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  14Ô5,  f*  104,  v». 

2.  Arch.  dép.,  2*  Carton  de  M.   de  la  Bigne.  —  Bulletin  de  la  Soc. 
Archéol.  d'IUe-et-Vil.,  VI,  117. 

i3.  L'Hôpital  Saint- Yves  de  Rennes,  par  le  comte  de  Bellevûe.  Plan. 


CAL.  —    1V2    — 

face  Sud  est  percée  dime  fenêtre  plus  petite,  sub- 
trilobée et  sans  meneau  :  on  la  voit  du  quai 
Duguay-Trouin,  derrière  le  n*"  14.  Elle  est  con- 
struite sur  Tancien  mur  de  la  première  enceinte 
dont  la  base  est  gallo-romaine;  on  y  observait  encore 
vers  1880,  avant  rétablissement  du  hangar  actuel, 
des  traces  de  cordons  de  briques  de  cette  époque. 
La  chapelle  se  compose,  à  Tintérieur,  d'un  simple 
rectangle  à  voûte  d'arêtes  qui  retombe  sur  quatre 
colonnettes  engagées  dans  les  angles.  On  a  trouvé 
dans  son  mur  en  1889  une  caisse  contenant  des 
ossements  et  un  étui  en  fer  blanc  renfermant  un 
écrit  qui  attribue  les  ossements  à  M"'  Le  Bègue, 
morte  dans  le  couvent,  en  odeur  de  sainteté,  lé 
18  mara  1724,  à  Tàge  de  quatre-vingt-neuf  ans  :  ils 
ont  été  transportés  au  cimetière  de  TEst*. 

Plusieurs  pièces  de  Thôtel  principal  sont  intéres- 
santes à  visiter;  Tune  surtout,  au  rez-de-chaussée, 
possède  un  beau  plafond  à  petites  poutrelleô  ap- 
parentes, rapprochées  les  unes  des  autres  et  sou- 
tenues par  trois  grosses  poutres  ornées  de  mou- 
lures et  de  modillons.  La  cheminée  de  cette  salle 
présente  une  ornementation  délicate  et  gracieuse, 
fort  bien  conservée  dans  sa  partie  supérieure. 
Chacun  des  montants,  malheureusement  fort  endom- 
magés, était  orné  de  trois  plaques  de  marbre.  — 
Le  manteau  comprend  deux  linteaux  superposés, 
séparés  entre  eux  par  une  moulure;  le  linteau 
inférieur  était  orné  d'une  grande  plaque  rectan- 
gulaire en  marbre,  accostée  de  deux  médaillons; 
Tautre  présente  un  riche  assemblage  de  cartouches 
rectangulaires    et   ovales    remplis    de    plaques    de 

1.  Bulletin  de  la  Soc.  archéol.  d*Ule-et-Vil.,  t.  XX,  2*  partie,  p.  xvm. 


—    14»^    —  C\L. — CAR. 

marbre,  de  têtes  d'anges  et  de  moulures  varices.  — 
Une  corniche  très  saillante,  ornée  sur  ses  deux 
faces  de  macarons  sculptes,  sépare  ces  deux  lin- 
teaux du  trumeau.  —  Le  trumeau  figure  un  grand 
rectangle  qui  a  dû  être  occupé  par  un  tableau;  il  est 
entouré  d'un  encadrement  de  postes  coupées  sur 
les  flancs  par  six  petites  plaques  de  marbre  ovales. 
Cet  encadrement  est  surmonté  d'une  frise  que  dé- 
corent une  grande  et  deux  petites  plaques  de 
marbre  rectangulaires.  Entre  les  plaques  se  voient 
deux  monogrammes  en  capitales  romaines,  répétés 
chacun  deux  fois  :  nous  y  voyons  les  lettres  R.  D. 
B.  *F;  entrelacées.  Une  corniche  couronne  l'en- 
semble. —  On  voit  enfin,  à  droite  et  à  gauche  du 
trumeau,  deux  riches  pilastres  finement  sculptés  et 
ornés  chacun  de  quatre  plaques  de  marbre. 

Une  salle  du  premier  étage  contient  une  chemi- 
née dont  les  montants  sont  en  forme  de  consoles; 
le  trumeau  porte  un  arc  de  décharge  moulure,  avec 
un  motif  sculpté  en  forme  de  panache  comme  clef 
de  voûte. 

On  voit  enfin  dans  les  mansardes  une  autre  che- 
minée dont  le  manteau  présente  aussi  un  arc  à  plein 
cintre  formé  de  deux  moulures  concentriques,  ornées 
à  leur  sommet  d'une  sorte  de  clef  de  voûte,  et  ac- 
costé de  deux  pilastres. 

Passage  des  Carmélites  (Canton  N.-K.). 
Voir  rue  d'Antrain,  n"  16. 


CAH.  —    l'l4     — 


Rue  des  Carmes  (Canton  S.-R.) 

Cette  rue,  ouverte  vers  1803,  doit  son  nomàran- 
cien  couvent  des  Carmes,  sur  lequel  elle  a  été  per- 
cée*. Elle  remplace  une  ancienne  ruelle  qui  con* 
duisait  au  mur  de  la  troisième  enceinte  de  la  ville 
et  au  four  à  ban  du  duc^.  Ce  four  était  ancienne- 
ment sur  l'emplacement  du  grand  autel  des  Carmes  ^ 
c'est-à-dire  sous  le  n**  1  de  la  rue;  lors  de  la  con- 
struction de  la  chapelle,  à  la  fin  du  xv*  siècle  (voir 
rue  Vasselot),  le  four  fut  transféré  rue  Saint-Tho- 
mas, sur  les  bâtiments  actuels  du  Lycée  (voir  rue 
Saint-Thomas).  La  rue  des  Carmes  traverse  Tabside 
de  la  chapelle  à  la  hauteur  des  n*"'  1  et  2.  (Voir  rue 
Vasselot.) 

On  peut  voir  quelques  vestiges  du  couvent  par 
la  fenêtre  de  Tescalier  du  n®  4  et  dans  la  cour  du 
n*"  6.  (Voir  n*  52,  rue  Vasselot.) 

L'entrée  charretière  du  couvent  pour  les  provi- 
sions se  trouvait  à  l'entrée  Nord  de  la  rue*;  elle 
était  surmontée  d'une  maison  ^. 

N"*  9.  Il  occupe  l'emplacement  de  l'ancien  ?'e/ec- 
toire  du  couvent.  (Voir  rue  Vasselot.) 

Rue  du  Carthage  (Canton  N.-O.). 

Cette  rue  tire  son  nom  d'un  très  ancien  marché 
appelé  Cartage  ou  Quartage,  dans  lequel  les  ducs  de 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombo. 

2.  Arch.  mun.,  Fortifications,  Indemnités,  E,  1449. 

3.  Arch.  dép..  Carmes,  69. 

4.  Arch.  dép.,  Carmes,  90. 

5.  Arcli.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1S46,  (•  392,  i*. 


—    Hô    —  C.Ml. 

Bretagne  prélevaient  le  quart  des  droits  perçus  sur 
les  bestiaux  vivants  qui  y  étaient  exposés  en  vente. 
M.  de  la  Bigne  croit  voir  dans  le  Cartago  non  un 
marché,  mais  une  maison  dans  laquelle  on  perce- 
vait ce  droit  et  où  on  en  emmagasinait  le  produit  ^ 
Dans  les  deux  cas,  Torthographe  de  ce  nom  devrait 
être  Cartage  et  non  Carthage.  La  «  maison  nommée 
«  Cartaige  »  est  citée  dès  1455  •. 

En  1484,  le  duc  François  II  créa  un  marché  «  en 
«  une  place  et  maison  vulgairement  appelée  Car- 
«  tage  »  pour  la  vente  du  sel,  du  gruau,  des  cuirs,  des 
laines,  du  beurre,  du  suif,  des  graisses,  etc...^  On 
y  établit  en  1589  un  magasin  de  blés  et  de  farines*. 

Cette  halle  se  trouvait  vers  le  n**  2  de  la  rue; 
on  y  plaça  aussi  en  1484  le  poids  public,  ap- 
pelé poids  au  duc,  puis  poids  au  roi'^;  on  y 
fondit  des  pièces  d'artillerie  au  commencement 
du  XVI'  siècle^;  elle  fut  affectée  enfin  en  1585  au 
contrôleur  de  l'artillerie  pour  recevoir  «  Tattirail 
«  du  canon  »  de  la  Ville  ^,  et  sauta  en  1612  avec 
vingt-sept  barils  de  poudre  qui  y  étaient  dépo- 
sés :  le  terrain  devint  «  une  place  inutile,  pleine 
«  d'immondices  et  d'infections,  servant  de  retraite 
«  aux  coureurs  et  voleurs  de  nuit.  »  Le  roi  le  donna 
en  1633  au  président  le  Vayer  de  Clayes^,  et  la  rue 


1.  Procés-verbaux  de  la  Société   archéologique  d'il. -et- Vil.  de  1844  à 
1858,  p.  P4. 

2.  Arch.   dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f®  102,  r®. 

3.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  I9ô.  —  Les  Rues  de  Hennés, 
par  L.  Decombe. 

4.  Arch.  mun.,  Oompte  des  Miseurs  de  1589,  {•  165,  r». 

5.  Arch.  mun.,  l'36,  186  et  311.  -^  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville, 
II,  195. 

6.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs,  1511,  f*  82,  r,  et  1512,  f»»  18  et 
18.  r  et  V». 

7.  Arch.  mun.,  126 

8.  Arch.  mun.,  186.  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  11,  196. 


CAR.  —    146  — 

actuelle  fut  percée  en  partie  sur  son  emplacement. 
—  La  rue  fut  dévastée  en  1740  par  un  incendie  qui 
détruisit  la  nouvelle  inaison  du  poids  du  roi;  le  ter- 
rain de  la  maison  fut  vendu  on  1741  aux  Calvai- 
riennes  par  M'"''  de  Clayes,  femme  de  M.  de  la  Bour- 
donnaye  de  Liré^  La  Communauté  de  Ville  élargit 
la  rue  au  milieu  du  xviii*  siècle,  en  achetant  des 
terrains  aux  Calvairiennes^. 

Un  escalier  reliant  la  rue  à  la  rivière  a  été  pra- 
tiqué, au  milieu  du  xyiii*  siècle,  à  travers  le  mur  de 
la  première  enceinte,  sur  le  terrain  des  Calvairien- 
nes'  ;  la  rue  tournait  auparavant  à  angle  droit  vers 
TEst,  à  la  hauteur  du  n*"  2,  pour  se  terminer  en  cul- 
de-sac. 

N"*'  3  et  5.  Ils  datent  du  milieu  du  xviii"  siècle  et 
dépendaient  du  couvent  des  Calvairiennes  K  (Voir 
place  du  Calvaire.)  Le  rez-de-chaussée  en  granit 
présente  deux  portes  et  huit  fenêtres  cintrées;  le 
premier  étage  est  percé  de  dix  fenêtres,  le  deuxième 
en  a  cinq  seulement  et  ne  s'étend  que  sur  une 
partie  de  la  maison.  L'encoignure  de  la  place  du 
Calvaire  est  à  joints  ouverts  et  ornée  d'une  niche 
avec  une  console  godronnée  que  termine  un  bouton 
de  feuillages. 

N**  2.  Ancien  hôtel  le  Vayer  de  Clayes,  puis  de  la 
Bourdonnaye  de  Lire.  —  Cet  hôtel,  reconstruit  entre 
1724  et  1738  ^  a  été  récemment  restauré  :  sa  partie 
Sud,  parallèle  au  quai  Duguay-Trouin,  n'existe  plus; 


1.  Arch.  mun.,  311.  —  Arch.  dêp.,  Galvairiennes,  10. 

2.  Arch.  m  un.,  Compte  des  Miseurs  de  1745,  f*  13,  i^. 

3.  Arch.  mun.,  535,  délibération  du  29  avril  1745. 

4.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  53. 

5.  Terrier  de  Bennes  de  1739,  p.  i>3. 


—    147    CAR. — CIIA. 

sa  partie  Est  a  été  réédifiée  vers  1895;  son  côté 
Nord  seul  est  ancien,  il  se  compose  d'un  rez-de- 
chaussée  et  d'un  étage  avec  cinq  ouvertures  par 
étage  et  un  toit  à  la  Mansard  percé  de  cinq  fenê- 
tres. —  On  voyait  autrefois  à  Tangle  Sud-Ouest  de 
la  cour  une  chapelle  dont  le  dernier  contrefort  a 
disparu  en  1894^  —  L'hôtel  passa  par  alliance  vers 
1740  des  le  Vayer  de  Clayes  aux  de  la  Bourdonnaye 
de  Lire. 

Derrière  lui,  vers  TEst,  se  trouvait  Vhôtel  de  la 
Foresl  (VArmaillé-.  (Voir  rue  de  Rohan.) 

N»  4.  Hôtel  Drouet  de  Montgermont.  —  Il  a  été  re- 
construit sur  son  ancien  emplacement  après  Tin- 
cendie  de  1720.  On  voit  sur  son  portail  deux  con- 
soles du  style  Louis  XV  et  un  écusson  arrondi  vers 
le  bas  et  chargé  d'un  cœur;  ce  cœur  rappelle,  sans 
doute,  les  armes  des  Drouet  de  Montgermont  :  De 
gueules  à  3  cœurs  d'or,  une  rose  de  même  en  abîme  ^. 


Rue  Chalais  (Canton  S.-E.). 

On  ne  connaît  pas  exactement  Torigine  de  ce  nom, 
qui  est  probablement  dénaturé;  la  rue  s'appelait 
au  XVI'  et  au  xvii*  siècles  rue  Chalande,  c'est-à- 
dire  marchande,  et  on  peut  supposer  que  le  mot 
Chalais  est  une  altération  de  Chalande.  —  Elle  fut 
appelée  en  1769  rue  d'Agay,  en  Thonneur  du  comte 
d' Agay,  intendant  de  Bretagne  *. 

Elle  se  compose  de  deux  tronçons  coupés  par  la 


1.  Communication  de  M.  Henaud-Loubens. 

2.  Terrier  de  Rennes  de  1739,  p.  52. 
S.  Ibid.,  p.  52  et  94. 

4-  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 


ciiA.  -    148  — 

rue  du  Pré-Botté  ;  le  tronçon  Nord  se  trouve  sur  les 
anciens  jardins  du  couvent  des  Grandes  Ursulines 
(voir  n**  5,  rue  du  Pré-Botté);  le  deuxième  remplace 
Tancienne  rue  Chalande,  qui  coupait  diagonalemcnt 
la  nouvelle  du  Nord-Ouest  au  Sud-Est. 

N**  1.  Il  occupe  remplacement  du  jardin  des  Ursu- 
lines, devenu  à  la  Révolution  la  cour  de  la  caserne 
de  gendarmerie  (voir  n**  5,  rue  du  Pré-Botté)'. 

La  Hallc-aux-Toiles,  construite  sous  la  Restaura- 
tion, s'élève  aussi  en  partie  sur  les  jardins  des  Ur- 
sulines. Il  y  avait  autrefois  en  cet  endroit  une  cha- 
pelle; elle  fut  remplacée  en  1657  par  une  halle  aux 
blés  ou  Annonnerie  qui  était  située  auparavant  dans 
la  rue  de  la  Cordonnerie  (voir  n"*  11,  rue  de  la  Mon- 
naie). Son  entrée  principale  était  à  TOuest^. 

Rue  de  la  Chalotais  [Canton  S.-O.) 

Cette  rue,  percée  en  1862,  porte  le  nom  du  célèbre 
procureur  général  au  Parlement,  Louis-René  de 
Caradeuc  de  la  Chalotais,  mort  en  1785^. 

Elle  rencontre  sous  ses  n"*'  4  et  7  l'emplacement 
d'un  ancien  bras  de  rivière  appelé  le  ruisseau  de 
Joculé,  que  traversait  le  pont  Gabier,  à  l'angle  Nord- 
Ouest  du  n**  9  (voir  rue  d'Argentré).  —  Le  ruisseau 
passait  ensuite  au  pied  des  maisons  situées  entre  les 
n***  7  et  17,  puis  il  coupait  de  nouveau  la  rue  depuis 
les  n**'  17  et  19  jusqu'à  l'angle  Sud-Ouest  du  jardin 
qui  leur  fait  face. 


1.  Bibl.  de  Rennes,  Plans  anciens. 

2.  Arch.  mun..  128  et  503,  délibération  du  13  juillet  1657.  —  Histoire 
de  Rennes,  par  Marteville,  II,  203. 

3.  Les  Rues  de  Rénoves,  par  L.  Decoml»e. 


—    149   —  CHA. 

Depuis  la  rue  Lanjuinais  jusqu'à  la  place  de  Bre- 
tagne, la  rue  traverse  d'anciens  jardins  *. 


Rue  du  Champ-Dolent  [Canton  S.-O  ). 

Cette  rue,  mentionnée  dès  1265  ^  et  même  dès  le 
commencement  du  xii*  siècle^,  formait  Tune  des 
principales  artères  de  la  ville  basse  avec  les  rues  de 
la  Parcheminerie,  Vasselot  et  Saint-Thomas;  elle 
tire  son  nom  de  ce  qu'elle  a  été  habitée  pendant 
plusieurs  siècles  par  «  des  bouchers,  chaircutiers  et 
«  autres  gens  du  petit  peuple^.  »  C'est  là  que  Ton 
tuait  au  moyen-âge  les  bêtes  de  boucherie,  et  cet 
usage  s'est  perpétué  jusqu'à  l'établissement  de 
l'abattoir  public  en  1855^;  lorsqu'on  abattait  des  ani- 
maux, on  tendait  autrefois  des  chaînes  aux  deux  ex- 
trémités de  la  rue,  par  mesure  de  précaution. 

Avant  1903,  la  rue  du  Champ-Dolent  se  prolon- 
geait vers  l'Est  jusqu'aux  n**'  21  et  14  de  la  rue  de 
la  Parcheminerie.  Les  crues  de  la  rivière  y  cau- 
saient souvent  des  inondations  (voir  rue  d'Argen- 
tré). 

Ses  maisons  sont  anciennes,  mais  sans  intérêt; 
on  peut  tout  au  plus  citer  le  n**  34  qui  présente  des 
poutres  moulurées  et  des  consoles.  Une  fontaine 
publique  existait  au  Sud  de  la  rue  (voir  n**  21,  rue 
Poulain  du  Parc).  On  y  voyait  aussi  la  maison  de  la 
Challays  ^. 


1.  Plan  de  Rennes  de  17â(). 

2.  Ârch   dép.,  Saint-Melaine.  1*2. 

3.  Cartulaire  de  Saint-Georges,  par  P.  de  la  Bigne,  p.  1<>3. 

4.  Arcli.  dép.,  Etals  de  Bretagne,  C,  3:Î28,  procès-verbal  de  l'incendie 
de  1720,  p.  112. 

5.  Les  Rues  de  Rennes  y  par  L.  Decombe. 

6.  Arch.  dép.,  Minutes  d'André,  notaire  à  Rennes,  10(»7. 


GHA.  —    150   — 

La  rue  se  terminait  à  l'Ouest  par  la  porte  du 
Champ-Dolent,  qui  débouchait  directement  sur  le 
bras  de  rivière  servant  de  douve  à  la  troisième  en- 
ceinte (voir  place  de  Bretagne).  Un  escalier,  situé 
au  Nord,  conduisait  sur  les  remparts  *. 

La  rue  était  très  mal  pavée  à  la  fin  du  xviii'  siè- 
cle; on  lit  dans  une  pièce  de  1783  que  «  la  dégrada- 
«  tion  du  pavé  du  haut  au  bas  forme  des  trous  con- 
«  sidérables  qu'ils  (les  habitants)  ne  peuvent  vi- 
«  danger,  ce  qui  leur  cause  une  perte  considérable... 
«  par  l'infection  dont  ils  ne  peuvent  se  garantir 
«  eux-mêmes,  et  fort  souvent  les  particuliers  qui 
«  portent  les  viandes  à  la  halle  se  cassent  bras  et 
«  jambes*^.  » 

Rue  et  place  du  Champ- Jacquet  (Canton  N.  O.). 

La  rue  et  la  place  du  Champ-Jacquet  tirent  leur 
nom  de  Tancienne  porte  Jacquet,  située  vers  le  haut 
de  la  rue  Châteaurenault.  (Voir  cette  rue.)  Le  nom 
de  Jacquet  serait,  dit-on,  celui  d'un  jardinier  qui 
possédait  primitivement  ce  terrain^;  nous  remar- 
querons toutefois  qu'il  est  cité,  dès  1312,  sous  le 
nom  de  Campus  Sancti  Jacobi^,  c'est-à-dire  champ 
Saint-Jacques,  ce  qui  exclut,  selon  nous,  Tidée  d'un 
nom  de  possesseur.  C'était  une  pièce  de  terre  rele- 
vant de  la  seigneurie  de  Champagne,  elle  fut  aban- 
donnée à  labbaye  de  Saint-Melaine  en  1368  par  une 
transaction  entre  l'abbé  et  Jean  du  Rocher  et  Jeanne 
de  Champagne,  sa  femme  ^.  —  Sa  forme   topogra- 

1.  Arch.  mun.,  144. 

2.  Ibid. 

8.  I^s  Rues  de  Hennés,  par  L.  Decombe. 

4.  Arch.  dêp.,  Sainl-Melaine,  12. 

5.  Ibid.,  9. 


—    151    —  CHA. 

phique  actuelle  est  celle  que  lui  donne  le  plan  de 
Rennes  de  1616. 

On  y  installa  en  1632  un  marché  aux  légumes*, 
qui  subsistait  encore  à  la  fin  du  xviii*  siècle-.  Les 
étagers  ou  propriétaires  de  maisons  sur  les  fiefs  de 
la  vicomte  de  Rennes,  qui  étaient  tenus  au  devoir 
de  chevauchée  le  22  juillet,  date  de  la  foire  do  la  Ma- 
deleine, comparaissaient  à  cheval,  au  nombre  d'en- 
viron 400,  sur  la  place  du  Champ-Jacquet  et  se  ren- 
daient de  là  au  champ  de  foire  où  se  faisait  l'évoca- 
tion; cette  foire  avait  lieu  dans  une  des  pièces  de 
terre  des  Closeaux,  de  la  Teillais  (voir  faubourg  de 
Nantes),  ou  du  Pré-André,  dépendant  du  manoir  de 
Villeneuve  (près  du  même  faubourg),  ou  dans  ces 
trois  pièces  ensemble^.  En  1688,  Guillaume  Malé- 
cot,  seigneur  de  Villeneuve,  contesta  au  vicomte  de 
Rennes  le  droit  de  tenir  une  foire  sur  ses  terres,  il 
fit  labourer  le  champ  de  foire,  y  sema  du  blé-noir  et 
en  ferma  rentrée.  On  ne  sait  pas  au  juste  comment 
se  termina  cette  querelle*. 

Avant  .rmcendie  de  1720,  la  rue  très  courte  qui 
réunit  la  place  du  Champ-Jacquet  à  la  rue  Château- 
renault  faisait  partie  de  la  place,  elle  n'est  devenue 
rue  qu'après  l'incendie.  Elle  fut  nommée  rue  de 
Léon  en  1728,  en  Thonneur  du  prince  de  Léon  qui 
présida  plusieurs  fois  Tordre  de  la  noblesse  aux 
Etats;  le  peuple  altéra  ce  nom  et  l'appela  rue  de 
Lyon.  Elle  redevint  en  1792  rue  du  C hamp- Jacquet^. 

C'est  sur  la  place  que   fut   fondue  la  première 


1.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  196. 

2.  Le  Duc  d'Aiguillon  et  La  Chalotais,  par  B.  Pocquet,  II,  42. 

3.  Journal  de  Rennes  du  1"  octobre  18jj6. 

4.  Bulletin  de  la  Soc.  archéoL  d'JUe-et-Vil.,  XV III,  (56. 

5.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 


ciiA.  —  152  — 

cloche  du  beffroi  de  la  tour  Saint-James*.  (Voir  rUe 
Châteaurenault.) 

La  statue  du  maire  de  Rennes  Leperdit  (1794- 
1795)  remplace  depuis  1892  une  fontaine  élevée  en 
182'2,  qui  avait  été  surnommée  le  Tombeau  du  Génie; 
cette  fontaine  remplaçait  elle-même  un  puits  très 
ancien,  cité  dès  1460  2.  Le  puits  était  surmonté 
d'une  toiture  ornée  de  plomb -^  Les  Comptes  des 
Miseurs  mentionnent  un  paiement  fait  en  1531  à 
«  M*  Guillaume,  inventeur  de  trouvez  eaulx  et  fae- 
«  seur  de  puiz,  »  pour  avoir  «  curé  ot  nettoyé  le 
«  vieil  puiz  dudit  champ  Jacquect  qui  estoit  quasi 
«  plain  de  toutes  infections  et  inhabité,  avecq  ce 
«  l'avoir  creusé  de  seix  piedz  plus  bas  qu'il  n'es- 
te toit...  et  avoir  adjoinct  une  source  d'eau  plus 
«  grande  et  meilleure  que  les  aultres  qui  y  es- 
«  toient\  »  —  Une  tradition  erronée  voulait  voir 
dans  ce  puits  le  moule  de  la  première  cloche  du 
beffroi  de  la  tour  Saint-James^. 

On  trouvait  sur  le  champ  Jacquet  neuf  maisons 
appelées  les  Cabare/s^,  et  la  ynaison  du  Rabot''*. 

N*"  5.  Hôtel  Haxj  de  Tizé^,  puis  de  Bégassorij  en 
1786^.  —  C'est  une  grande  construction  édifiée  vers 
1665  ;  elle  contient  un  rez-de-chaussée  élevé  et  deux 


1.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1467  à  1409,  î*  138,  v«,  et  sui- 
-V&iits 

2.  Jbid.,  1460,  Ml,  r». 

3.  Ibid.,  1566,   f»  27,  ro,  et  33,  r^,  et  1596,  f-  48,  r«.  —  Plan  de  Rennes 
de  1616. 

4.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1531-1532,  f*«  20,  r»,  et  21,  r*. 

5.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  291. 

6.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  (•  72,  n,  et 
suivants.  —  Arch.  mun.,  111. 

7.  Arch.  dép.,  Minutes  d'André,  notaire  à  Rennes,  1667. 

8.  Arch.  dép.,  Saint-Georges,  135.  —  Intendance,  C,  905.  —  Jean  Bos- 
sart  du  Clos,  par  le  comte  de  Palys,  p.  13.  —  Arch.  mun.,  112. 

9.  Cadastre  de  1840.  —  Arch.  dép.,  Intendance,  C,  339. 


—    153   —  CHA. 

étages  percés  de  six  ouvertures  chacun.  La  porte 
d'entrée  est  surmontée  d'un  fronton  triangulaire  et 
précédée  d'un  double  perron  arrondi  ;  ses  battants 
sont  décorés  de  moulures  et  de  quelques  sculptures, 
ils  ont  conservé  un  ancien  heurtoir.  Les  fenêtres  du 
rez-de-chaussée  sont  accostées  de  pilastres  doriques, 
deux  rangées  de  poutres  apparentes  marquent  la 
séparation  des  étages  ;  les  fenêtres  du  premier  et 
du  deuxième  sont  entourées  d'un  encadrement  en 
bois.  La  toiture  se  compose  de  deux  toits  distincts 
reliés  entre  eux  par  un  troisième  ;  les  fenêtres  des 
mansardes  sont  terminées  par  des  frontons  triangu- 
laires en  bois;  Tune  d'elles  est  surmontée  d'un  petit 
toit  à  quatre  faces  soutenu  par  quatre  consoles.  — 
L'intérieur  possède  un  escalier  à  balustres  de  bois 
et  de  vastes  salles  à  lambris  moulurés  et  sculptés. 

L'hôtel,  après  avoir  appartenu  aux  Hay  de  Tizé, 
passa  par  alliance  aux  Hay  des  Nétumières*,  qui 
le  possédaient  dès  1664*;  il  était  aux  de  Bégas- 
son  en  1786  3.  Il  a  été  épargné  par  l'incendie  de 
1720,  et  M.  des  Nétumières  déclara  dans  le  procès- 
verbal  de  1721  avoir  «  perdu  tant  en  meubles  et  pro- 
«  visions  qu'argent  dépensé  pour  arrester  le  cours 
«  du  feu  qui  embrasoit  les  maisons  voisinnes  de  son 
«  hostel,  la  somme  de  six  mil  livres  *.  » 

Les  écuries  de  l'hôtel  étaient  dans  une  cour  au 
fond  du  fossé,  derrière  le  Champ  Jacquet;  on  y  en- 
trait par  une  voûte  percée  dans  le  mur*. 

On  voit  dans  la  cour  située  à  l'Ouest  de  Thôtel  une 


1.  Arch.  mua.,  530,  délibération  du  1"  janvier  1731. 

2.  Ibid,  109. 

3.  Arch.  dép.,  Intendance,  C,  839. 

4.  Arch.  dép.,  Etats  de  Bretagne,  C,  3^)*^,  procès- verbal  de  l'incendie  de 
1720,  p.  10. 

5.  Arcli.  dép.,  Intendance,  C,  839. 

XXXIII  16 


CttA.  —  154  — 

construction  à  trois  étages  et  cinq  fenêtres  par  étage; 
elle  dépendait  de  l'hôtel  et  est  postérieure  à  Tincendie 
de  1720  *.  Les  fenêtres  des  deux  premiers  étages  sont 
très  grandes  et  possèdent  des  appuis  moulurés. 
Cette  maison  occupe  remplacement  de  l'ancienne 
Prévôté,  créée  en  1456,  dont  le  portail  d'entrée  ouvrait 
sur  le  Champ-Jacquet^.  On  appelait  petite  cour  de 
Rennes  le  passage  qui  conduisait  du  Champ-Jacquet 
à  la  Prévôté  et  à  la  façade  Est  du  Présidial  (voir  im- 
passe Rallier  du  Baty)^.  Ce  passage  se  continuait,  au 
Sud  du  Présidial,  jusqu'à  l'impasse  Rallier  du  Baty; 
c'était  au  xvii*  siècle  «  une  méchante  petite  ruelle... 
«  infecte  et  pleine  d'immondices  et  d'ordures  que 
«  les  voisins  et  passants  y  font  continuellement  et 
«  où'd'ailleurs  il  se  commet  jour  et  nuit  des  désor- 
«  dres.  »  Ce  passage  était  «  très  fréquenté  et  très 
«  nécessaire,  à  raison  qu'il  sert  de  communication 
«  aux  deux  marchés  des  places  des  Lices  et  du 
«  Champ-Jacquet;  »  il  servait  aussi  d'entrée  pour 
le  Présidial.  Le  procureur  du  roi  en  demanda  la 
modification  à  la  Communauté  de  Ville  en  1703, 
«  à  raison  de  quoy  il  croit  que  pour  le  bien  et  uti- 
«  lité  publique  et  empescher  les  meurtres  quy  s'y 
commettent  impunément,  il  serait  à  propos  de  faire 
«  clorre  et  fermer  cette  ruelle  et  d'en  transporter  le 
«  passage  au-dessous  de  la  salle  dudit  Présidial... 
«  où  il  aura  son  issue  en  droiture  d'un  costé  dans 
«  la  Grande  Cour  de  Rennes  vers  la  porte  Saint- 
«  Michel,  et  de  Tautre  à  la  place  du  Champ-Jac- 
«  quet.  »  Ce  travail  fut  effectué  peu  après  *. 
N**  7.  Cet  hôtel,   désigné  aussi  dans  le  plan  de 

1.  Arch.  dép..  Intendance,  G,  805. 

2.  Arch.  dép.,  2"  Carton  de  M.  de  la  Bigne. 

3.  Arch.  mun.,  112. 

4.  Arch.  mun.,  112.  —  Compte  des  Miseurs  de  1703  à  1705. 


—    155   —  CHA. 

Rennes  de  1726  sous  le  nom  (ï hôtel  de  Tizé,  com- 
prend quatre  corps  de  bâtiment  réunis  autour  d'une 
cour  carrée;  un  large  couloir  conduit  dans  une 
deuxième  cour  située  derrière  l'hôtel  ;  on  voit  de  là 
une  façade  complète  avec  trois  étages,  sept  fenêtres 
et  un  œil-de-bœuf  par  étage,  et  un  toit  à  la  Mansard 
avec  deux  rangées  de  fenêtres  superposées.  La  fa- 
çade Nord  de  l'hôtel  est  construite  sur  le  mur  même 
de  la  deuxième  enceinte  de  la  ville  et  est  aspectée 
sur  sa  douve.  —  Il  appartenait,  en  1785,  au  comte 
de  Perrien;  ses  écuries  touchaient  celles  du  n*  5*. 
Les  n**  7  à  25  étaient  occupés  autrefois  par  les 
papegauts  de  Varc  et  de  l arbalète,  fondés  en  1443-. 
Les  premiers  papegauts  semblent  avoir  été  tirés 
sur  la  tour  du  Chesne  (n*  10,  rue  Nantaise),  toute- 
fois le  tir  à  l'arbalète  se  faisait  déjà  en  1455  au  Nord 
du  Champ-Jacquet^;  on  éleva  plus  tard  entre  les 
n"*'  25  et  27  actuels,  sur  des  terrains  restés  sans 
emploi  depuis  la  construction  de  la  deuxième 
enceinte*,  une  butte  appelée  Butte  aux  Arbalétriei^s 
sur  laquelle  fut  plantée  la  perche  du  papegaut.  Une 
allée  aboutissant  à  la  butte  fut  ménagée  le  long  du 
pied  intérieur  du  rempart  ;  cette  allée,  qui  fut  plus 
tard  couverte,  était  séparée  de  la  place  par  une 
simple  barrière  ;  on  construisit  des  échopes  devant 
elle  vers  la  fin  du  xvi*  siècle,  et  enfin  la  Commu- 
nauté de  Ville  vendit  l'allée  en  1664  pour  permettre 
la  construction  des  maisons  actuelles.  Les  adjudi- 
cataires de  ces  terrains  s'engageaient  à  souffrir 
sans  indemnité  la  démolition  de  leurs  maisons  en 


1.  Arch.  dép.,  Intendance,  G,  389. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  I,  240. 

8.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f*  69,  v«. 
4.  Bibl.  de  Rennes,  Recueil  historique  sur  la  ville  de  Rennes,  par 
Gilles  de  Languedoc,  p.  287.  Manuscrit. 


CH\.  —  15G  — 

cas  de  siège  K  Cet  emplacement,  appelé  place  de  la 
Butte^  est  présenté  à  cette  époque  comme  «  une 
«  place  inutile  et  infructueuse  en  Testât  qu'elle  est, 
«  au  contraire  infecte  réceptacle  de  toutes  sortes 
«  d'immondices...  les  murailles  et  parappets  y  joi- 
«  gnants  sont  touts  ruinés-.  » 

I^a  butte  elle-même  avait  été  aliénée  dès  1642; 
on  y  montait  par  un  petit  escalier  à  droite  de  l'en- 
trée du  café  de  TAlcazar  (n*  25)  ^.  On  voyait  près  de 
cet  escalier  la  maison  des  Ar  baies  trier  s  ^  qui  servait 
«  pour  le  jeu  de  Farbaleste  seulement  ^  » 

Un  troisième  papegaut,  celui  de  Tarquebuse,  fut 
transféré  en  1680  de  la  tour  du  Chesne  dans  les 
douves  de  Saint-Georges;  mais,  en  souvenir  de  ces 
premières  fêtes  populaires,  le  roi  du  papegaut,  au 
retour  des  douves  de  Saint-Georges,  était  tenu  de 
venir  tirer  un  coup  de  fusil  devant  la  tour  du  Chesne 
et  sur  le  Champ-Jacquet^. 

Le  mur  de  la  deuxième  enceinte  s'étendait  der- 
rière les  n*"'  7  à  23,  puis  il  longeait  la  rue  devant 
l'entrée  du  n*  25  et  passait  sous  les  façades  des 
n"*'  27  et  29;  quelques  boutiques  basses,  appuyées 
au  mur,  ont  été  démolies  en  1720  pour  arrêter  les 
progrès  du  feu^. 

Les  n***  9  à  15  présentent  un  ensemble  assez  pitto- 
resque de  maisons  du  milieu  du  xvii'  siècle. 


1.  Arch.  mun.,  11  ^ 

2.  Tbid. 

3.  Arch.  mun.,  111  et  112.  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  I, 
226,  240-244. 

4.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  ^  69,  v«,  et 
de  1646,  f   141,  r*. 

5.  Biiol.  de  Rennes.  Recueil  historique  sur  la  ville  de  Rennes,  par 
Gilles  de  Languedoc,  manuscrit,  p.  238.  —  Arch.  dép..  1*'  Carton  de 
M.  de  la  Bigne. 

6.  Arch.  dép..  Etats  de  Bretagne,  C,  3328,  procés-verbal  de  l'incendie 
de  1720,  p.  63. 


—  157  —  cil  A. 

N**  11.  Son  escalier  conduit  au  sommet  d'une 
portion  importante  du  mur  de  la  deuxième  enceinte; 
cette  portion,  parfaitement  conservée,  a  une  lon- 
gueur de  plus  de  30  mètres  et  est  munie  de  huit 
mâchicoulis  à  trois  ressauts.  (Voir  n"*  4,  rue  Le- 
perdit.) 

N**  15.  Il  se  distingue  par  une  porte  en  anse  de 
panier  et  par  une  grande  fenêtre  de  mansarde  sur- 
montée d'un  toit  en  carène  à  quatre  pans  que  cou- 
ronnent deux  épis  de  plomb.  —  Son  allée  présente 
une  voûte  percée  dans  le  mur  de  la  deuxième  en- 
ceinte; répaisseur  en  est  d'environ  3  mètres.  —  A 
crauche  de  la  voûte,  un  escalier  descend  dans  les 
anciennes  douves;  d'une  fenêtre  de  cet  escalier, 
aspectéc  à  l'Ouest,  on  peut  voir  le  mur  d'enceinte 
dont  il  vient  d'être  parlé. 

Dans  les  douves  de  l'enceinte,  derrière  les  n***  11 
à  25,  se  trouvaient  les  jardins  du  Petit  Trianon^ 
dépendant  de  Vhôtel  de  Robien  (voir  n**  22)  ;  ils  sont 
aujourd'hui  occupés  par  le  jardin  du  café  du  n""  25, 
et  par  le  jardin  et  l'imprimerie  du  Journai  de  Rennes 
(n**  4,  rue  Leperdit).  Dans  ces  jardins  se  trouvait  un 
pavillon  dont  le  plafond  était  peint  par  Jouvenet; 
un  tableau  du  même  maitre,  représentant  Apollon 
sortant  du  sein  de  Thétis,  décorait  une  fausse  che- 
minée; on  y  voyait  enfin  deux  beaux  bustes  en 
marbre  blanc.  Le  tout  existait  encore  au  moment 
de  la  Révolution  *. 

Le  café  de  l'Alcazar  occupe  actuellement  les  serres 
du  Petit  Trianon;  c'est  un  bâtiment  composé  dun 
simple  rez-de-chaussée  et  percé  de  cinq  grandes 
ouvertures  cintrées  à  clef  do  voûte  ornée  d'une  tête 

1.  Bulletin  de  la  Société  arçhéolog.  d'Ille-et-Vil.,  t.   XXI,  p.  lvi. 


CHA.  158    — 

humaine;  la  porte  centrale  est  couronnée  par  un 
fronton  triangulaire  mouluré;  de  chaque  côté  de  la 
porte  se  voient  une  console  et  un  trophée  d'instru- 
ments agricoles  attachés  par  des  rubans.  Le  rez-de- 
chaussée  est  surmonté  d'un  attique.  On  y  établit 
d'abord  pendant  la  Révolution  les  pharmacies  mili- 
taires, puis  on  en  fît  l'entrée  du  théâtre,  situé  der- 
rière lui.  Cet  ancien  théâtre,  recouvert  d'un  toit  à 
pans  fort  élevé,  est  transformé  aujourd'hui  en  maga- 
sin (voir  n""  16,  rue  de  Penhoët);  il  fut  alors  retourné 
bout  pour  bout  et  on  construisit  en  1797,  au  n**  25 
actuel,  la  porte  du  public  flanquée  de  colonnes  qui 
sont  aujourd'hui  cachées  par  une  boiserie*. 

N^*  2,  4  et  6.  Emplacement  de  l'ancien  hôtel  Henry 
de  la  Plesse. 

Entre  les  n^*  6  et  8,  à  l'entrée  de  la  rue  des  Pres- 
ses (voir  rue  Lafayette),  se  trouvait  la  maison  du 
Mûrier  ^. 

N^  8.  Emplacement  de  ikôtel  Brûlon  de  la  Muce, 
situé  sur  la  rue  des  Presses;  il  possédait  une  cha- 
pelle avec  une  cour  et  une  ruelle  ayant  issue  sur  la 
rue  aux  Foulons  (rue  Le  Bastard)^.  Son  portail 
principal  ouvrait  sur  la  place  du  Champ- Jacquet  *. 
Cet  hôtel  fut  loué  pendant  un  certain  temps  par  la 
Communauté  de  Ville  pour  loger  le  maréchal  de 
Thémines  et  le  maréchal  de  Brissac,  lieutenants 
généraux  en  Bretagne,  et  le  comte  de  Vertuz 
d'Avaugour,  gouverneur  de  Rennes^.   L'hôtel  qu'il 


1.  Le  Théâtre  de  Rennes,  par  L.  Decombe,  p.  82.  —  Histoire  de 
Rennes,  par  Marte  ville,  II,  279. 

2.  Ârch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f»  349,  r». 

3.  Ibid.,  f*  341,  ro. 

4.  Arch.  dép.,  Min.  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  5  mars  1659. 

5.  Arch.  m  un.,  488,  délibération  du  1«'  février  1627.  —  Comptes  des 
Miseurs  de  1603,  ^•  26,  r,  et  62.  v,  —  de  1615,  f-  27,  r«,  et  31,  v,  —  de 
1626,  1628,  1629  et  1630. 


—    1;VJ  —  CHA. 

remplaçait  appartenait  en  1455  à  Henri  le  DieucS 
et  aux  Becdelièvre  au  commencement  du  xvii*  siècle  ; 
en  1659,  il  était  passé  par  alliance  aux  de  la  Saul- 
drais  et  aux  Hingant  de  Guérisac^. 

N**  10.  Emplacement  de  V hôtel  de  Cornulier. 

Sous  le  n°  10  ou  le  n**  12  se  trouvait  au  xvii*  siècle 
le  logis  de  la  GarouUaySy  dont  les  dépendances 
s'étendaient  jusqu'à  la  rue  Le  Bastard  ;  il  se  com- 
posait d'une  maison  en  pierre  de  taille  à  deux 
étages.  Les  Loysel  de  Brie  le  vendirent  aux  d'Ar- 
gentré  en  1620,  et  ceux-ci  aux  Huart  de  Bœuvres 
en  1661 ^ 

N**  14.  Hôtel  de  la  Guibourgère.  (Voir  n**  11,  rue 
Le  Bastard.) 

N^  22.  Hôtel  de  Robien.  —  C'est  l'ancienne  demeure 
du  célèbre  président  au  Parlement,  mort  en  1756.  Il 
se  compose,  sous  le  n®  17  de  la  rue  Le  Bastard, 
d'une  maison  à  trois  étages  et  à  six  fenêtres  par 
étage;  les  pieds-droits  des  fenêtres  du  troisième 
sont  soutenus  par  deux  petites  consoles.  Le  toit  est 
droit  et  repose  sur  une  corniche  à  modillons;  il  est 
percé  de  trois  fenêtres  de  mansardes  dont  le  som- 
met, à  linteau  arrondi,  est  entouré  d'un  tore  que 
terminent  deux  enroulements.  Son  angle  Nord-Est 
est  flanqué  d'une  tourelle  ronde  en  encorbellement 
mouluré,  que  couronne  un  toit  demi-sphérique  posé 
sur  une  corniche  à  moulures.  Cette  tourelle  corres- 
pond au  deuxième  et  au  troisième  étages;  elle  est 
percée  à  chacun  d'eux  de  deux  fenêtres  encadrées 
entre  deux  pilastres  doriques  et  un  linteau  à  mou- 
lures. 


1.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Hennés  de  1455,  f*  187,  r*. 

2.  Arch.  dép.,  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  5  mars  1659. 

3.  Arch.  dép..  Minutes  de  Gohier,  notaire  à  Rennes.  12  octobre  1661. 


CHA.  —    160   — 

La  face  Nord  de  Thôtel  n'a  d'autre  ouverture 
qu'une  fenêtre  de  mansarde  à  plein  cintre,  sommée 
d'un  fronton  triangulaire  et  flanquée  de  deux  pi- 
lastres doriques  et  de  deux  consoles  renversées. 
On  voit  à  sa  gauche  une  haute  cheminée  couron- 
née par  quatre  petits  frontons  triangulaires.  Une 
corniche  à  modillons,  interrompue  sous  la  fenêtre 
de  mansarde,  soutient  la  toiture. 

La  façade  Ouest  comprend  trois  étages  à  deux 
fenêtres  chacun  ;  ces  fenêtres  présentent*  des  pi- 
lastres doriques  soutenus  par  des  consoles,  avec 
des  appuis  et  des  linteaux  à  moulures.  On  y  voit, 
en  outre,  comme  à  la  face  Nord,  une  corniche  à 
modillons  et  une  fenêtre  de  mansarde.  —  Une  tou- 
relle carrée,  élevée  d'un  étage  de  plus,  forme  retour 
d'équerre  à  l'angle  Sud-Ouest  de  Thôtel  ;  elle  con- 
tient l'escalier  et  présente  trois  petites  fenêtres 
irrégulièrement  percées;  son  toit  est  en  carène  et 
repose  sur  une  corniche  modillonnée.  L'angle  ren- 
trant est  occupé,  à  la  hauteur  du  troisième  étage, 
par  un  couloir  en  encorbellement,  percé  d'une  pe- 
tite fenêtre  à  plein  cintre. 

D'autres  bâtiments  s'étendaient  vers  TOuest  avant 
l'incendie  de  1720,  mais  on  dut  les  démolir  pour 
arrêter  les  progrès  du  feu  :  «  Dans  Tintérieur  de  la 
«  cour  estoit  un  corps  de  logix  à  trois  étages,  bâti  en 
«  forme  de  gallcrie,  et  un  portail  au  bout  ouvrant 
«  vers  ladite  place  du  Champ  Jacquet,...  sur  lequel 
«  portail  estoit  un  autre  corps  de  logix  aussi  de 
«  trois  étages,  qui  a  esté  brûlé  et  la  gallerie  démo- 
«  lie*.  » 

L'intérieur  de  Thôtel  renferme  de  belles  pièces  à 

1.  Arch.  dép.,  Etats  de  Bretagne,  G,  3328,  procés-verbal  de  l'incendie  de 
1720,  p.  59. 


—    161    — •  CHA. 

boiseries  délicatement  sculptées.  —  L'escalier  est  à 
vis  et  en  pierre;  on  y  voit  quelques  portes  et 
quelques  volets  de  fenêtres  à  petits  panneaux  rec- 
tangulaires; on  observe  aussi  à  chaque  étage  une 
petite  niche  circulaire  peu  profonde,  destinée  à  re- 
cevoir une  lumière. 

L'hôtel  date  du  xvii®  siècle;  après  avoir  appar- 
tenu aux  Bonnier  de  Champaigné,  il  passa  par  al- 
liance aux  de  Rosmadec  du  Plessix-Josseau,  qui 
l'avaient  en  1646*,  et  le  vendirent  en  1692  aux 
Le  Prestre  de  Lézonnet  ;  ceux-ci  le  revendirent  aux 
de  Robien  15,500  livres  en  1699 -.  Il  appartenait  au 
président  de  Robien  au  milieu  du  xviii*  siècle. 

En  construisant  les  égouts  dans  la  rue  du  Champ- 
Jacquet,  on  a  coupé  un  souterrain  qui  partait  de 
l'une  des  caves  et  aboutissait,  dit-on,  au  jardin  du 
Petit  Trianon. 


Rue  du  Champ  de  Mars  (Canton  S.-E.j. 

Cette  rue,  percée  après  l'incendie  de  1720,  était 
désignée  au  plan  cadastral  de  1809  sous  le  nom  de 
rue  Neuve;  on  lui  donna  de  1827  à  1830  celui  de 
rue  d'Angoulêmey  en  souvenir  du  passage  de  la 
duchesse  d'Angoulême  à  Rennes^. 

La  rue  du  Champ  de  Mars  traverse  dans  sa  partie 
Sud  les  anciens  jardins  du  couvent  des  Carmes. 
Elle  aboutissait  vers  le  Sud  au  Poiit  aux  Lions. 
(Voir  boulevard  de  la  Liberté.) 


1.  Arch.  dép.,  Kéformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f*  335,  t**. 

2.  Ârch.  dép.,  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  19  septembre  1699. 
3  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 


CHA.  —   162  — 


Champ  de  Mars  (Canton  S.  E.). 


Voir  boulevard  de  la  Liberté. 


Rue  du  Chapitre  (Canton  N.-O.)- 

Cette  rue,  citée  dès  1388*,  s'appelait  autrefois  rue 
du  Four  du  Chapitre^  du  nom  d'un  four  qui  appar- 
tenait au  Chapitre  de  la  Cathédrale  (n^*  16);  elle  de- 
vint en  1792  la  rue  de  V Union-.  On  y  a  trouvé  en 
1882,  lors  de  l'établissement  des  égouts,  des  tuyaux 
d'une  conduite  d'eau  gallo-romaine». 

La  plupart  des  maisons  de  la  rue  datent  du 
xvii*  siècle. 

N**  1.  Emplacement  de  V hôtel  de  Talhouët-Bona- 
mour,  —  Cet  hôtel  fut  détruit  dans  l'incendie  de 
1720^;  il  appartenait  en  1461  à  Antoine  Havart,  — 
en  1646  à  Gillette  Chevron,  —  en  1673  à  Gillette  le 
Mercier,  —  et  en  1677  aux  de  la  Moussaye-^. 

N""  3.  C'est  la  première  maison  qui  ait  été  épar- 
gnée de  ce  côté  par  l'incendie  ;  elle  appartenait  en 
1720  à  M.  du  Plessix  de  Grénédan*;  elle  semble 
s'être  appelée  auparavant  hôtel  du  Faouëf^^  et  en 
1646  hôtel  de  Villaudon^.  —  Elle  possède  des  poutres 
apparentes  sans  intérêt;  on  voit  dans  sa  cour  quel- 
ques parties  anciennes  qui  ne  sont  guère  non  plus 


1.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  8. 

2.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

8.  Bulletin  de  la  Soc.  archéol.  d'IL-et-Vil.,  t.  XVI,  !'•  partie,  p.  xix. 
4.  Terrier  de  Rennes  de  1789,  p.  54. 
5   Communication  du  comte  de  Belle  vue. 

6.  Terrier  de  Rennes  de  1739,  p.  54  et  109. 

7.  Arch.  mun.,  2^. 

8.  Arch.  dép.,  Réformalioi^  du  domaine  de  iiennes  de  1040,  f*  210,  v*. 


—   163   —  CHA. 

à  signaler.  L'escalier  possède  une  rampe  à  balus- 
tres,  des  colonnettes  soutenant  la  rampe  et  de  gra- 
cieux pendentifs  en  bois;  il  présente  en  outre  une 
série  d'arcades  de  bois  en  plein  cintre  ;  les  unes 
s'élèvent  au-dessus  des  rampes,  d'autres  s'appli- 
quent le  long  des  murs,  d'autres  enfîn  relient  les 
murs  aux  colonnettes  de  la  rampe,  comme  des  arcs 
doubleaux.  —  Les  remises  et  écuries  dépendant  de 
'  l'hôtel  se  trouvaient,  par  derrière,  du  côté  de  la  rue 
Saint-Yves. 

N*"  S.  Hôtel  de  VEscu  de  RunefautK  —  Après  avoir 
appartenu  aux  de  TEscu  de  Runefaut,  cet  hôtel 
passa  par  alliance,  vers  1725,  aux  de  Poulpiquet'. 
Il  présente  au  rez-de-chaussée  deux  grandes  arcades 
cintrées  et  une  porte  à  panneaux  rectangulaires 
dont  le  linteau  est  chargé  d'un  petit  écusson  en  ac- 
colade. L'escalier,  à  l'extrémité  d'un  large  couloir, 
est  orné  de  balustres  en  bois,  de  pendentifs  et  de 
boiseries  à  grosses  moulures  du  xvii*  siècle. 

La  porte  d'entrée  du  premier  étage  est  à  pan- 
neaux rectangulaires  et  attire  l'attention  par  les 
sculptures  et  les  peintures  qui  l'enrichissent.  Elle 
est  accostée  de  deux  chutes  de  feuilles  et  de  fruits 
richement  fouillées,  et  surmontée  d'une  corniche  à 
denticules.  Au-dessus  de  la  corniche  s'étend  un  tru- 
meau de  bois  rempli  par  un  grand  écusson  en  acco- 
lade, surmonté  d'un  mortier  de  président  au  Parle- 
ment et  entouré  de  deux  branches  de  myrte  liées 
ensemble'.  Deux  chutes  analogues  aux  premières 
achèvent  la  décoration  du  trumeau. 


1.  Arch.  dép.,  Réformation  da  domaine  de  Rennes  de  1646,  ^  SU,  r*. 
—  Etats  de  Bretagne,  C,  8328,  procès- verbal  de  l'incendie  de  1720,  p.  73. 

2.  Communication  du  comte  Frédéric  du  Halgouêt. 

3.  Bulletin  de  la  Soc.  archéçl.  d* II. -et- Vil.,  I,  15. 


CH\.  —  1G4  — 

A  droite  et  à  gauche  de  la  porte  se  voient  deux 
grands  panneaux  peints,  aux  teintes  jaunes  et  bru- 
nes. Le  panneau  de  gauche  occupe,  avec  la  porte, 
le  grand  côté  du  palier;  il  figure  en  grandeur  natu- 
relle une  femme  debout,  tenant  à  la  main  une  vi- 
père; elle  est  abritée  sous  une  niche  cintrée  que 
surmonte  une  guirlande  en  feuilles  de  laurier  re- 
levée trois  fois  et  fixée  à  des  clous  par  trois  liens. 
Au-dessus  d'elle,  un  encadrement  octogonal  de' 
feuilles  de  laurier  liées  par  des  rubans  renferme  un 
médaillon  ovale,  également  formé  de  feuilles  de  lau- 
rier :  ce  médaillon  contient  un  buste  d'homme  du 
type  romain,  ceint  d'une  couronne  de  laurier  et 
posé  sur  une  base  en  feuilles  d'acanthe.  —  Le  pan- 
neau de  droite  forme  retour  d'équerre;  il  est,  à 
quelques  détails  près,  semblable  au  premier,  mais 
sa  largeur  est  plus  considérable.  La  femme  qui  en 
occupe  le  bas  tient  à  la  main  une  branche  de  lau- 
rier ;  la  guirlande  qui  surmonte  la  niche  se  prolonge 
sous  forme  de  chute  jusqu'au  bas  du  panneau  ;  enfin 
le  buste  du  médaillon  ligure  une  femme  aux  che- 
veux bouclés. 

Le  Musée  archéologique  conserve  plusieurs  pan- 
neaux peints  en  grisailles  et  provenant  de  Thôtel  : 
ce  sont  des  espèces  de  pilastres  et  des  cimaises; 
les  premiers  représentent  une  chute  de  fleurs  et  de 
fruits  liés  ensemble  et  enrichis  de  rehauts  d'or,  les 
autres  figurent  de  riches  arabesques;  le  plus  grand 
est  orné  de  deux  petites  figurines  de  femmes  '. 

Les  remises  et  écuries  se  trouvaient  du  côté  de  la 
rue  Saint-Yves. 

Après  l'incendie  de  1720,  le  préside.nt  de  Runefaut 

1.  Bulletin  de  la  Société  archéoL  d'IL-et-Vil.,  I,  16.  —  Catalogue  du 
Mtisée  archéologique,  p.  825. 


—    165    —  CHA. 

déposa  que  «  le  feu  ayant  gagné  les  maisons  voi- 
«  sines  de  la  sienne,  il  distribua  des  sommes  très 
«  considérables  pour  arrester  le  feu,  à  quoy  il  réus- 
«  sit,  et  qu'à  la  connoissance  du  public  il  empescha 
«  l'embrasement  du  reste  de  la  rue  du  Four  du 
«  Chapitre  où  estoit  sa  maison,  ce  qui  luy  a  couslé 
«  avec  les  meubles  qu'il  a  perdu  la  somme  de  six 
«  mil  livres  *.  » 

On  voit  encore  dans  la  cour  du  n*  5  une  curieuse 
maison  comprenant  deux  étages  de  galeries  et  un 
escalier  extérieur  de  forme  demi-circulaire;  Tesca- 
lier  et  les  galeries  sont  bordés  de  balustres  et  sou- 
tenus par  des  piliers  en  bois.  Chaque  galerie  forme 
trois  arcades.  L'escalier  est  couronné  par  un  toit 
arrondi,  sa  partie  interne  est  ornée  de  pièces  de 
bois  apparentes,  disposées  en  chevrons  et  en  pals. 
Le  Musée  archéologique  en  possède  un  dessin, 

N*  13.  Il  remplace  Tancienne  maison  du  Petit 
Saint-Melaine,  que  les  Bénédictins  de  Saint-Melaine 
avaient  achetée  à  Guillaume  Morin  et  à  Michel  le 
Bourgeois  pendant  la  guerre  de  Succession  '\  Ils  s'y 
réfugièrent  en  1356,  ne  se  sentant  plus  en  sûreté 
dans  leur  abbaye,  qui  était  en  dehors  des  murs.  Ils 
célébraient  leurs  offices  dans  une  chapelle  située  en 
face  (n**  12).  La  maison  fut  reconstruite  en  1426  et 
on  y  éleva  un  porche  dont  chaque  pilier  était  orné 
d'une  statue  de  moine  :  ce  porche  a  été  détruit  au 
commencement  du  xix*  siècle  ^,  Bien  que  les  Béné- 
dictins ne  se  fussent  installés   que   provisoirement 


1.  Arch.  dép..  Etats  de  Bretagne,  G,  3â29,  procés-verbal  de  Tincendie 
de  1730,  p.  140. 

2.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f«  211,  v*.  — 
Saint-Melaine,  9.  —  Fouillé  de  Hennés,  par  le  chanoine  Guillotin  de 
Gorson,  V,  648. 

3.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Gorson,  V,  648. 


CHA.  —    166   — 

dans  la  rue  du  Four  du  Chapitre,  ils  y  gardèrent 
néanmoins  leur  établissement  jusqu'à  la  fin  de  la 
Ligue,  longtemps  après  être  retournés  dans  leur 
couvent*.  La  maison,  vendue  en  1614  aux  Hay  des 
Nétumières  et  aux  du  Lys  du  Tertre,  passa  par  al- 
liance des  du  Lys  aux  de  Kerouartz,  qui  l'avaient 
en  1674^;  elle  était  possédée  en  1685  et  en  1751  par 
les  le  Sénéchal,  marquis  de  Carcado,  et  en  1757  par 
M.  Barbier,  négociant  3. 

N**  17.  On  y  voit  une  grande  porte  cintrée,  sur- 
montée d'un  cartouche  portant  un  écusson.  Une 
petite  porte  à  gauche  possède  des  panneaux  rectan- 
gulaires saillants.  La  maison  a  été  construite  en 
1657  par  Anne  de  Bréhand,  dame  de  Langourla^ 

N*  19.  Cette  maison  ou  son  emplacement  appar- 
tenait d'abord  aux  le  Texier,  puis  en  1455  aux  Boul- 
laye^  puis  aux  des  Canes;  vendue  aux  Yardin,  puis 
aux  le  Gonidec  des  Aulnais  qui  l'avaient  en  1660*, 
puis  aux  Tranchant  du  Traict,  qui  l'avaient  en 
1674^,  elle  était  en  1721  à  M.  de  la  Bourdonnaye  de 
Blossac,  conseiller  au  Parlement®. 

Elle  présente  des  poutres  et  des  consoles  sans 
caractère. 

La  maison  formant  l'angle  de  la  rue  des  Lauriers 
sera  décrite  plus  loin.  (Voir  rue  des  Lauriers.) 


N"*  6.  Hôtel  de  Blossac.  —  C'est  une  belle  construc- 

1.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Goraon,  V.  649. 

2.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  175,  p.  15. 

3.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  2. 

4.  Arch.  dép.,  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  mai  1657. 

5.  Arch.  dép. ,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f»  99.  v». 

6.  Arch.  dép..  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  4  mars  1660. 

7.  Arch.  dép..  Chapitre  de  Rennes,  6,  175. 

8.  Arch.  dép..  Etats  de  Bretagne,  C,  33*28,  procés-verbal  de  l'incendie 
de  1730,  p.  75. 


—    167   —  CHA. 

tion  élevée  vers  1730  par  les  de  la  Bourdonnaye- 
Blos8ac\  Il  fut  loué  par  la  Communauté  de  Ville 
pour  servir  de  logement  aux  commandants  en  chef 
de  la  province,  de  1732  à  1789  2;  le  prix  était  de 
6,000  livres  par  an',  et  de  4,000  livres  en  1740  et 
1754*.  C'est  là  que  naquit  en  1816  le  célèbre  roman- 
cier Paul  Féval. 

La  cour  de  Thôtel  est  séparée  de  la  rue  par  un 
mur  dont  le  centre,  arrondi  en  arc  concave,  contient 
un  portail  d'entrée  monumental  entre  deux  bancs 
de  pierre.  Ce  portail  est  à  joints  ouverts  et  en  anse 
de  panier,  sa  clef  de  voûte  est  sculptée,  il  est  ac- 
costé de  deux  pilastres  ioniques  et  surmonté  d'une 
frise  et  d'un  fronton  triangulaire.  Le  fronton  est 
rempli  par  un  écusson  ovale  timbré  d'une  couronne 
de  marquis,  avec  un  cartouche  enroulé  posé  sur  un 
manteau  doublé  d'hermines  ;  il  porte  les  armes  des 
de  la  Bourdonnaye  :  De  gueules  à  3  bourdons  d'or. 
On  voyait  autrefois  au-dessus  de  la  porte  une  table 
de  marbre  gravée  d'une  inscription  en  lettres  d'or^. 
A  la  base  du  fronton  sont  deux  vases  surmontés  de 
boules;  à  son  sommet,  un  vase  semblable  est  cou- 
ronné par  une  espèce  de  pomme  de  pin.  Enfin,  le 
mur  lui-même  supporte  deux  boules.  Au-dessus  des 
vantaux,  l'imposte  est  percé  d'une  ouverture  ovale 
fermée  par  une  grille  où  l'on  remarque  les  deux 
lettres  B  posées  symétriquement. 

La  façade  de  l'hôtel  se  compose  de  deux  parties 
distinctes  et  de  dates  différentes  :  la  partie  Sud  a 


1.  Ârch.  mun.,  221. 

2.  làid.,  580,  Délibération  du  15  avril  173*2.  —  Histoire  de  Rennes,  par 
Marteville,  III,  187. 

8.  Âreh.  mun..  Compte  des  Miseurs  de  1732,  f»  H,  \^. 

4.  /Wd.,  1740,  fû  9.  r«.  et  l';54. 

5.  Ârch.  dép.,  Intendante,  C,  344. 


CH\.  —  168  — 

été  construite  vers  1730,  la  partie  Nord  est  un  peu 
plus  récente.  Elles  contiennent  un  rez-de-cliaussée, 
un  étage  et  un  toit  à  la  Mansard  surmonté  de  cinq 
épis  de  plomb. 

La  partie  Sud  comprend  un  grand  bâtiment  à  sept 
ouvertures  de  façade  ;  son  rez-de-chaussée  est  en 
granit,  Tétage  supérieur  est  en  pierre  blanche,  le 
toit  est  percé  seulement  de  cinq  fenêtres.  La  porte 
d'entrée,  ouverte  au  Sud,  est  une  vaste  arcade  à 
plein  cintre  très  élevée;  sa  clef  de  voûte  saillante  est 
sculptée  de  volutes  et  d'ornements  rappelant  une 
fleur  de  lis;  elle  est  flanquée  de  deux  grands  étei- 
gnoirs  en  tôle,  destinés  à  éteindre  les  torches  que 
portaient  les  laquais  pour  accompagner  leurs  maî- 
tres pendant  la  nuit;  Téclairage  défectueux  des  rues 
rendait  assez  fréquente  cette  coutume  de  fixer  des 
éteignoirs  aux  portes  des  hôtels.  —  Les  fenêtres 
du  rez-de-chaussée  et  celles  du  premier  étage  sont 
semblables;  elles  sont  à  linteau  légèrement  arrondi 
et  présentent  les  mêmes  clefs  de  voûte  que  Tarcade 
de  la  porte.  Les  fenêtres  des  mansardes  sont  cin- 
trées et  surmontées  d'une  boule. 

La  partie  Nord  de  Thôtel  contient  un  pavillon 
central  à  trois  fenêtres  de  façade,  faisant  saillie  sur 
deux  ailes  qui  ont  également  trois  fenêtres  chacune. 
Elle  a  la  même  élévation  et  la  môme  ornementation 
que  la  partie  Sud,  mais  elle  est  entièrement  en 
pierre  blanche  et  ses  clefs  de  voûte  sont  sculptées 
de  grosses  têtes  humaines.  Les  balcons  du  premier 
étage  présentent  deux  B  entrelacés.  La  porte  cen- 
trale est  surmontée  d'un  balcon  que  soutiennent 
deux  grandes  consoles  sculptées  et  imbriquées  sur 
les  côtés.  Le  pavillon  central  était  surmonté  jus- 
qu'en   1876   d'un    fronton    triangulaire    percé    d'un 


—  169  —  cn\. 

œil-de-bœuf;  on  y  voit  aujourd'hui  un  fronton  ar- 
rondi que  remplissent  deux  écussons  ovales  acco- 
lés, entourés  de  lambrequins  enroulés  et  timbrés 
d'une  couronne  de  marquis.  Le  premier  écusson 
est  aux  armes  des  de  la  Bourdonnaye,  le  second 
aux  armes  des  de  Lapasse  :  D'azur  au  pin  d'or 
fixité  de  gueules^  adextré  d'un  lion  rampant  con- 
tourné d'argent  et  sénestré  d'un  lévrier  d'argent 
colleté  de  gueules;  au  chef  cousu  d'azur  chargé  de 
3  étoiles  d'orK  » 

La  grande  arcade  d'entrée  de  la  partie  Sud 
donne  accès  dans  un  vaste  vestibule  qui  traverse 
toute  la  largeur  de  Thôtel  et  se  termine  par  une 
autre  arcade  semblable.  Ce  vestibule  présente  de 
chaque  côté  trois  arcades  à  plein  cintre,  dont  les 
clefs  de  voûte  portent  des  ornements  et  des  co- 
quilles; les  arcades  reposent  à  droite  et  à  gauche 
sur  deux  colonnes  doriques  légèrement  renflées  à 
leur  partie  médiane,  et  sur  deux  pilastres  accolés 
aux  murs. 

On  voit  à  droite  un  perron  droit  muni  de  deux 
rampes  en  fer  :  il  conduit  aux  pièces  du  rez-de- 
chaussée  par  une  grande  porte  semblable  aux  ar- 
cades. Un  petit  escalier,  à  côté  du  perron,  descend 
dans  les  sous-sols,  comprenant  offices,  rôtisserie, 
four  et  cave  *.  —  Du  côté  gauche  se  trouve  un  esca- 
lier monumental  en  pierre,  le  plus  beau  des  hôtels 
de  Rennes.  Il  est  carré  et  orné  d'une  belle  rampe 
en  fer  forgé;  la  vaste  cage  qui  le  renferme  s'élève 
jusqu'aux  combles  et  est  éclairée  à  chaque  étage 
par  quatre  fenêtres,  deux  à  l'Est  et  deux  au  Sud. 
Une  niche  cintrée  pratiquée  dans  le  mur  Sud  abrite, 

1.  Communication  du  vicomte  H.  de  la  Messeliére. 

2.  Arch.  dép..  Intendance,  C,  B44. 

XXXIII  17 


CHA.  —    170    — 

sur  une  console  sculptée  de  feuillages,  une  statue 
de  Thétis  nue,  debout  sur  une  vague. 

La  porte  d'entrée  du  premier  étage  est  accostée 
à  droite  de  trois  grandes  arcades  cintrées  en  bois, 
séparées  les  unes  des  autres  par  des  pilastres 
ioniques  également  en  bois  ;  de  petites  chutes  de 
feuillages  pendent  aux  volutes  des  chapiteaux.  Ces 
pilastres  soutiennent  une  corniche  concave  qui  se 
prolonge  sur  les  trois  autres  côtés  de  la  cage  de 
Tescalier  et  sur  laquelle  s'appuie  une  voussure  qui 
se  relie  au  plafond.  Le  sommet  de  la  voûte  est  orné 
d'un  grand  encadrement  carré  formé  de  moulures 
et  rehaussé  à  ses  angles  de  grosses  sculptures;  son 
centre  contient  une  sorte  de  rosace  carrée  de  même 
style. 

Le  grand  portail  d'entrée  de  la  rue  du  Chapitre, 
du  côté  de  la  cour,  comprenait  à  TOuest  le  loge- 
ment du  concierge  et  une  remise  à  chaises,  et  à 
TEst  une  infirmerie  pour  les  domestiques.  L'étage 
supérieur  se  composait  de  trois  chambres  de 
domestiques. 

La  cour  de  Thôtel  renfermait  des  écuries  pour 
vingt  chevaux,  une  sellerie  à  côté,  et  des  chambres 
de  cochers  au-dessus.  Le  jardin,  au  Nord  de  la  cour, 
en  était  séparé  par  une  grille  en  fer  :  on  y  voyait 
une  tour  creuse  en  laurier  et  deux  bosquets  avec 
une  petite  glacière  derrière  Tun  d'eux*.  Les  écuries 
actuelles  marquent  l'emplacement  de  l'ancien  pres- 
bytère de  Saint-Sauveur  au  xvii*  siècle  ;  ce  presby- 
tère était  aspecté  sur  la  rue  de  la  Mitterie  (voir  rue 
de  Montfort),  dont  il  était  séparé  par  une  cour 
murée  2. 

1.  Arch.  dép.,  Intendance,  G,  344. 

2.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f«  203,   i*. 


—  17i  —  cii.v. 

Un  puits  mouluré  en  granit  se  voit  dans  la 
deuxième  cour,  à  TOuest  de  Thôtel. 

N°  8.  Ancien  hôtel  de  Brie  ou  du  Bois  de  la  Motte  *. 
—  Il  fait  corps  avec  Thôtel  de  Blossac,  qui  occupe 
même  une  partie  de  ses  anciennes  dépendances;  il 
se  compose  d'un  rez-de-chaussée  en  granit  et  de 
deux  étages  en  pierre  blanche.  Le  rez-de-chaussée 
est  percé  à  droite  d'une  porte  à  linteau  droit  sur- 
montée d'une  imposte  grillée,  le  tout  entouré  d'une 
plate-bande  à  crossettes.  Au  centre  de  la  façade  se 
voit  une  grande  arcade  cintrée  reposant  sur  des 
pieds-droits  à  chapiteaux  moulurés;  la  clef  de  voûte 
est  une  console  ornée  de  trois  piastres;  Tarcade  est 
flanquée  de  deux  pilastres  doriques  à  fûts  cannelés. 
Une  fenêtre  à  linteau  droit  existe  à  gauche  de  Tar- 
cade,  entre  un  de  ces  pilastres  et  un  troisième 
semblable. 

Les  trois  pilastres  soutiennent  une  frise  ornée 
de  triglyphes  et  de  gouttes,  alternant  avec  de  petits 
rectangles  :  deux  des  triglyphes  sont  remplacés, 
au-dessus  de  la  grande  arcade,  par  des  consoles. 
Une  frise  semblable  surmonte  la  petite  porte.  Une 
grosse  console  ornée  de  gouttes  existe  à  droite  de 
cette  frise  et  tient  la  place  d'un  quatrième  pilastre, 
qu'un  caprice  de  l'architecte  a  supprimé. 

Le  premier  étage  comprend  trois  fenêtres  à  lin- 
teau droit  et  à  crossettes,  séparées  par  quatre  pi- 
lastres ioniques  cannelés,  à  bases  moulurées  :  un 
petit  bandeau  court  à  hauteur  d'appui.  Les  pilastres 
soutiennent  une  frise  coupée  par  une  petite  niche 


1.  Terrier  de  Hennés  de  1739,  p  31  et  85^  —  Rennes  Illustré,  par 
L.  Decombe,  p.  59.  —  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1G4G, 
f-  204,  V. 


CHA.  —    172    — 

cintrée,  qui  porte  à  sa  base  la  date  de  1624  et  est 
surmontée  d'un  fronton  triangulaire. 

Le  deuxième  étage  possède  également  trois  fe- 
nêtres à  linteau  légèrement  arrondi  et  à  crossettes, 
avec  quatre  pilastres  corinthiens,  cannelés  seule- 
ment à  leur  partie  supérieure.  Une  deuxième  niche, 
plus  grande  et  sans  fronton,  se  voit  au-dessus  de  la 
première. 

La  toiture  est  droite  et  soutenue  par  une  corniche 
à  modillons;  sa  partie  gauche  est  en  forme  de  py- 
ramide à  quatre  côtés. 

La  façade  opposée  se  voit  dans  la  deuxième  cour 
de  l'hôtel  de  Blossac.  Bien  qu'elle  soit  en  partie 
dissimulée  par  une  construction  plus  récente,  on 
y  distingue  encore  deux  arcades  au  rez-de-chaussée 
et  trois  fenêtres  à  chaque  étage;  les  fenêtres  sont 
à  joints  ouverts  et  entourées  d'une  moulure  à  cros-» 
settes.  Une  corniche  à  modillons  soutient  le  toit. 

Cet  hôtel  fut  construit  par  les  Loysel  de  Brie  qui 
le  possédaient  encore  en  1660';  il  passa  ensuite  par 
succession  à  M*""  de  Montbourcher,  douairière  de 
Cahideuc,  qui  l'avait  à  la  fin  du  xvii''  siècle  ^  La 
Communauté  de  Ville  le  loua  de  1692  à  1725  pour 
y  loger  les  Intendants  de  Bretagne^;  le  bail  de 
1712  était  de  2,000  livres  par  an,  plus  800  livres 
pour  pot  de  vin^  Il  était  en  1782  aux  mains  de 
M.  Louyer  de  Villermay  ^.  —  Il  a  remplacé  le  manoir 


1.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f*  20i,  v*. 
—  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  8  novembre  1660. 

2.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  176,  2*  registre,  f*  24,  ro. 

3.  Arch.  mun.,  341  et  517.  délibération  du  15  février  1692.  —  ITwtoira  de 
Rennes,  par  Marte  ville,  II,  319.  —  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs 
de  1700  à  1702.  —  de  IIOA  à  17aj.  f*  4.  V,  et  5,  r*,  —  de  1706  à  1708,  f°  4, 
V,  —  de  1718  à  1720,  fo  13,  r-. 

4.  Arch.  dép..  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  29  novembre  1712. 

5.  Arch.  mun.,  229. 


—    17.'^    —  en  A. 

du  Petit  Fontenay,  qui  s'étendait  jusqu'à  la  rue 
8aint-Sauveur  (voir  cette  rue)  ';  le  manoir  possédait 
un  grand  perron  et  un  portail  sur  chaque  rue-.  Il 
avait  appartenu  aux  sires  de  Malestroit,  puis  aux 
sires  de  Fontenay  en  1410,  passa  par  alliance  aux 
d'Acigné,  sires  de  Fontenay,  vers  1420,  et  était 
encore  à  eux  en  1566^;  11  fut  ensuite  aux  Reboursé, 
fut  vendu  aux  Bothercl  de  Monthelon,  puis  aux 
Roger  des  Cours,  et  enfin  aux  Loysel  de  Brie,  qui 
l'avaient  en  1621  *. 

Le  presbytère  de  Toussaints  se  trouvait  près  de  là 
jusqu'en  1506^. 

N**  10.  Il  possède  au-dessus  du  premier  étage  des 
poutres  moulurées,  soutenues  par  quatre  consoles, 
sur  lesquelles  sont  sculptées  des  palmettes  très 
mutilées  ;  quatre  consoles  semblables  surmontent  le 
deuxième  étage.  On  voyait  en  1573,  comme  aujour- 
d'hui, une  pompe  devant  cette  maison  *. 

N"*  12.  Emplacement  de  la  chapelle  du  Petit  Saint- 
Métairie'^.  —  Cette  chapelle,  citée  dès  1266^  semble 
avoir  été  fondée  par  le  Chapitre  au  xiii*  siècle.  Les 
Bénédictins  de  Saint-Melaine  obtinrent  l'autorisa- 
tion de  s'en  servir  lorsqu'ils  se  réfugièrent  dans  une 
maison  vis-à-vis  d'elle,  en   1356   (voir   n^  13).    Elle 

1.  Bulletin  de  l'Association  Bretonne,  II,  165. 

2.  Arch.  dép..  Chapitre  de  Rennes,  G,  175. 

3.  Ibid.,  176,  2«  vol..  f"  24,  r*.  —  Réformation  du  domaine  de  Rennes 
de  1455.  f«  95.  r<>,  —  et  de  1646,  f*>  204,  v». 

4.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  174,  2*  registre,  f»  16,  r*»,  —  et 
G.  190,  Etat  des  rentes  foncières  du  Chapitre. 

5.  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f^  94,  ro,  et  de  1646^ 
f»  208,  yo.  —  Pouillê  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson* 
V,  569.  —  Histoire  de  Rennes,   par  Marteville,  I.  153  et  154. 

6.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1573. 

7.  Arch.  dép.,  (chapitre  de  Rennes,  G,  175.  —  Réformation  du  domaine 
de  Rennes  de  1646,  f»  206,  r^. 

8.  Fouillé  de  Rennes^  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  V,  647. 


CHA.  174    — 

tombait  en  ruines  en  1720*.  Sa  longueur  était  de 
cinq  toises  et  sa  largeur  de  trois  ^;  elle  possédait 
sur  la  rue,  en  1674,  une  vitre  aux  armes  du  Cha- 
pitre 3. 

N**  14.  Il  contient  une  porte  à  linteau  mouluré, 
entourée  d'une  gorge  qui  se  termine  à  sa  partie 
inférieure  par  deux  bases  à  moulures. 

N**  16.  Cette  maison,  construite  au  xviii*  siècle, 
occupe  remplacement  de  la  maison  du  Four  du 
Chapitre,  qui  a  donné  son  nom  à  la  rue  \ 

N"  18.  Il  présente  au-dessus  du  rez-de-chaussée 
des  poutres  moulurées;  une  poutre  en  bois  ornée 
de  godrons  court  à  hauteur  d'appui  des  fenêtres  du 
premier  étage. 

N"*  20.  Il  possède  également  des  poutres  moulu- 
rées au-dessus  du  rez-de-chaussée,  mais  les  con- 
soles qui  les  soutenaient  ont  disparu;  ces  moulures 
sont  chargées,  à  leurs  points  de  jonction  avec  les 
consoles,  de  ligures  d'hommes  et  d'animaux.  Deux 
des  balcons  du  premier  étage  ont  été  faits  avec 
d'anciennes  boiseries  sculptées;  Tun  figure  un  car- 
touche accosté  de  deux  enfants  et  de  deux  têtes  de 
chimères,  l'autre  représente  un  objet  indéterminé, 
peut-être  un  vase,  accompagné  de  deux  enfants 
portant  des  torches  enflammées  et  de  deux  médail- 
lons; ces  médaillons  contiennent  un  buste  dhomme 
et  un  buste  de  femme  posés  de  profil.  Une  autre 
rangée  de  poutres  surmontait  le  premier  étage;  on 
n'en  voit  plus  que  quatre  consoles  de  grandes  di- 

1.  Ponillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Gorson.  V,  648. 

2.  Arch.  (lép.,  Elats  de  Bretagne,  C,  3-328,  procès-verbal  de  Tincendie 
de  172().  p.  75. 

3.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  117.  —  Histoire  de  Rennes,  par 
Marteville.  III.  67. 

4.  Arch.  dép.,  Réformalion  du  domaine  de  Rennes  de  1646.  f°  205,  v«.  — 
Etats  de  Bretagne,  C,  31^28,  procès-verbal  de  l'incendie  de  172(),  p.  75. 


—    l/f)    —  CJIA. 

mensions  représentant  deux  bustes  de  soldats  coif- 
fés de  casques  et  deux  bustes  de  femmes,  se  regar- 
dant deux  à  deux. 

N*  22.  C'est  une  maison  à  trois  étages  entière- 
ment recouverte  d'ardoises,  on  a  ménagé  seulement 
trois  poutres  sculptées  :  celle  du  rez-de-chaussée 
mérite  seule  d'être  décrite.  Elle  comprend  quatre 
tableaux  séparés  par  les  amorces  do  consoles 
disparues;  chacun  d'eux  figure  des  masques  de 
lions  accostés  d'enroulements  que  terminent  dans 
l'un  des  tableaux  des  têtes  de  chevaux  et  dans  les 
trois  autres  des  têtes  de  chimères.  Les  poutres 
sont  surmontées  de  cordons  d'oves  et  de  godrons. 

La  façade  de  cette  maison  du  côté  de  la  rue  de  la 
Psallette  présente  au-dessus  du  rez-de-chaussée 
une  poutre  analogue  à  la  précédente,  mais  mieux 
conservée;  elle  est  soutenue  par  trois  consoles  à 
palmettes  perlées.  Quatre  consoles  semblables 
marquent  la  place  de  deux  autres  poutres  qui 
ornaient  les  étages  supérieurs. 

La  maison  appartenait  en  1721  au  s'  du  Tertre 
et  auparavant  au  s"  de  Tourneville*. 

On  voyait  aussi  dans  la  rue  en  1726  V hôtellerie  de 
la  Levrette'^. 

Les  religieuses  de  la  Visitation  se  réunirent  pen- 
dant quelque  temps,  au  début  de  la  Révolution, 
dans  une  maison  de  cette  rue,  jusqu'à  ce  qu'on  les 
forçât  à  se  séparer  3. 


1.  Arch.  dép..  Etats  de  Bretagne,  C,  3828,  procès-verbal  de  l'incendie  de 
172U,  p.  75. 

2.  Ârch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  243. 

3.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Ouillotin  de  Gorson,  III,  674. 


CHA.  176   

Quai  Chftteaubriand  (Canton  N.-Ë.). 

Les  quais  de  Rennes  datent  de  1841  à  1846.  Le 
quai  Chateaubriand  porte  le  nom  du  célèbre  écri- 
vain breton  François- René  de  Chateaubriand  (1768- 
1848);  il  fut  d'abord  appelé  quai  Saint-Georges  jus- 
qu'à la  place  Saint -Germain,  et  quai  de  Berlin 
jusqu'au  pont  de  ce  nom  *. 

Le  pont  Saint-Georges  remplace  les  arches  Saint- 
Georges  ou  du  Pré'Rond-;  ces  arches,  au  nombre 
de  trois,  dépendaient  de  la  troisième  enceinte;  elles 
étaient  garnies  de  grilles  en  fer,  dont  l'une  était 
mobile  :  on  trouve  dans  les  Comptes  des  Miseurs 
de  1499  un  paiement  fait  à  trois  hommes  «  pour 
«  avoir  levé  une  des  grisgles  des  arches  du  Pré 
«  Ront  à  passer  la  piaire  o  le  challan  ou  pré  de 
«  davant  ladite  tour.  »  On  les  levait  même  parfois 
toutes  les  trois  ^  On  élargit  les  arches  en  1781  pour 
les  transformer  en  pont\  On  en  trouve  un  croquis 
de  Lorette  dans  les  Souvenirs  de  Rennes^  par  M.  Du- 
crest  de  Villeneuve.  —  Près  d'elles  existait  un 
abreuvoir  au  xvii*  siècle  ^. 

La  Vilaine,  avant  la  création  des  quais,  décrivait 
vers  le  Sud,  en  aval  du  pont  Saint-Georges,  une 
courbe  prononcée;  elle  passait  sous  le  Palais  Uni- 
versitaire, puis  remontait  sur  la  place  Saint-Germain, 
presqua  la  hauteur  de  la  rue  des  Francs-Bour- 
geois. —  Le  sol  traversé  par  le  quai  Chateaubriand, 
jusqu'à  la  place  Saint-Germain,  se  trouvait  compris 

1.  Za!S  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs  de  1481,  f*  44,  r». 

3.  Ibid.,  1499,  f»  33.  v»,  —  et  1612,  f  31,  v^. 

4.  Histoire  de  Renfles,  par  Marteville,  II,  179. 

5.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  clianoine  Guillotin  de  Corson,  II,  266. 


—    177    —  CHA. 

entre  la  Vilaine  et  le  mur  de  la  deuxième  enceinte 
qui  longeait  la  rue  des  Francs-Bourgeois  :  ce  ter- 
rain s'appelait  dès  1425  le  Pré  Bond,  à  cause  de  sa 
forme  demi-circulaire  '  ;  on  le  nommait  au  xi**  siècle 
le  Pré  Royal'^.  Ce  pré  avait  été  donné  en  1077  à 
Tabbaye  de  Saint-Georges  par  Geffroi,  comte  de 
Rennes,  en  compensation  du  dommage  causé  à  l'ab- 
baye par  rétablissement  d'un  ouvrage  de  défense 
dans  un  pré  voisin  de  la  Vilaine  et  appartenant 
aux  Religieuses  ;  «  Hœc  subsequens  ratio  quomodo 
«  Regale  pratum  sit  Sancti  Georgii  ostendit.  Gaufri- 
«  dus  Redonensis  cornes,  ab  hostibus  suis  se  circum-' 
«  ventum  videns,  in  valenti  prato  Sancti  Georgii, 
«  quod  est  juxta  fluvium  Vicenonie,  quoddarn  vallum 
«  ut  esset  munimem  sue  civitati  operatus  est,  Quo 
«  circa,  ne  ipse  inde  a  Domino  detrimentum  acci- 
«  peret,  Sancto  Georgio  et  Hodierne  abbatisse  et 
«  monachabus  imperpetuo  habendum  Regale  pratum 
«  concessit,  et  cum  cutello  super  Sancti  Georgii  altare 
«  obtutit^.  » 

On  éleva  près  du  Pré  Rond  en  1478  une  butte 
pour  les  arbalétriers  ^  là  se  trouvait  aussi  au 
xvii*  siècle  le  lavoir  et  la  buanderie  de  l'abbaye  de 
Saint-Georges.  (Voir  rue  Gambetta  et  1,  place  Pas- 
teur.)^ 

Au   Sud  de  la   place   Saint-Germain   fvoir   cette 

place)  était  la  porte  Saint-Germain,  qui  aboutissait 
au  pont  de  bois  du  même  nom,  aujourd'hui  détruit  ; 

1.  Arch.  dép.,  2*  carton  de  M.  de  la  Bigne.  —  Arch.  mun.,  143.  — 
Comptes  des  Misears  de  1425,  2*  registre. 

2.  Cartulaire  de  Saint-Georges,  par  M.  de  la  Bigne,  p.  144.   Charte 
de  1077. 

3.  Ibid. 

4.  Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs  de  1478,  f*  49,  v®,  —  et  de  1544, 
fo  85,  vo. 

5.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Gaillotin  de  Corson,  II,  26(5. 


cn\.  --   I7S  — 

le  pont  Saint-Germain,  cité  dès  le  xiii*  siècle*,  réu- 
nissait la  place  Saint-Germain  à  la  rue  du  Lycée.  Il 
se  composait  de  deux  parties,  la  première  du  côté 
de  Téglise  Saint-Germain,  la  deuxième  du  côté  de 
Téglise  des  Carmes  (voir  rue  Vasselot)  ;  celte  der- 
nière partie  était  parfois  appelée  pont  des  Carmes-, 
Le  pont  se  composait  dune  simple  passerelle  en 
bois  posée  sur  deux  piliers  de  maçonnerie  et  ter- 
minée par  une  arche  ogivale  en  pierre  3.  Près  du 
pont  existait  un  gué  pavé,  mentionné  dès  1428  ^  En 
i484  on  établit  sur  le  pont  et  en  amont  de  lui  une 
halle  pour  la  boucherie  (voir  place  Saint-Germain); 
un  abreuvoir  Tavoisinait  en  1488 -^ 

Les  travaux  de  construction  des  quais  ont  amené 
la  découverte  dans  le  lit  de  la  Vilaine,  entre  le  pont 
Saint-Germain  et  le  pont  de  Berlin,  de  plus  de 
trente  mille  monnaies  romaines,  depuis  Tépoque 
consulaire  jusqu'au  règne  de  Valentinien  II  (375-392), 
et  même  de  quelques  monnaies  gauloises.  Pour  ex- 
pliquer la  présence  d'un  aussi  grand  nombre  de 
monnaies  sur  un  point  déterminé,  on  a  supposé 
qu'elles  avaient  été  jetées  dans  le  fleuve  par  les  Ro- 
mains au  moment  où  ils  perdaient  la  Gaule  au  com- 
mencement du  V'  siècle,  —  ou  qu'elles  provenaient 
du  naufrage  d'une  embarcation  romaine  qui  appor- 
tait à  Hennés  la  solde  des  troupes;  —  M.  Toul- 
mouche  pense  que  ce  point  de  la  rivière  était  un 
lieu  consacré  avant  l'occupation  romaine  et  que  les 
Gaulois  continuèrent  après  la  conquête  à  y  jeter  des 

1.  Cartulaire  de  Saint-Georges,  par  M.  de  la  Bi^ne,  p.  240. 

2.  Arch.  mun.,  domptes  des  Miseurs  de  lâîJi,  2»  reg.,  f«»  43,  v®,  et  44,  r, 
—  et  de  Um.  fo»  43,  v»,  et  44,  ro. 

8.  Souvenirs  de  Rennes,  par  M.  Ducrest  de  Villeneuve.  Croquis  de 
Lorette.  —  Peinture  conservée  au  Musée  archéologique. 
4.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  142^«  2*  ret^istre. 
ô.  Ibid.,  1488,  fo  110,  V», 


—  179  —  CHX. 

monnaies  comme  offrandes  expiatoires  ';  —  M.  de  la 
Borderie  enfin  place  en  cet  endroit  le  bac  qui  con- 
duisait à  la  route  d'Angers  et  suppose  que  Ton  je- 
tait ces  monnaies  dans  le  fleuve  pour  obtenir  un 
voyage  favorable  *. 

Depuis  la  place  Saint-Germain,  la  rive  droite  de  la 
Vilaine  baignait  le  mur  de  la  deuxième  enceinte  jus- 
qu'à la  rue  de  Berlin;  ce  mur  passait  sous  les  fa- 
çades des  maisons.  Les  anciens  plans  de  Rennes 
figurent  une  tour  sous  la  maison  d^angle  de  la  rue 
de  Berlin.  On  voyait  encore  en  1629  cette  «  tour  de 
«  la  closture  de  Tancienne  ville,  nommée  la  tour 
•  Morin,  qui  s'étend  fort  dans  ladicte  rivière,  en 
«  sorte  que  la  navigation  en  est  incommodée  par  ny 
«  pouvoir  deux  batteaulx  passer  à  costé  Tun  de 
«  l'autre  en  face  des  Ursulines^.  »  (Voir  quai  de 
rUniversité.) 

Rue  Châteaudun  'Canton  N.  E.l. 

Cette  rue  rappelle  depuis  1878  le  souvenir  de  l'hé- 
roïque défense  de  la  ville  de  Châteaudun  en  1870. 
Elle  remplace  Tancien  chemin  du  Gué  de  Baud^. 

m 

Rue  Châteaurenault  (Canton  N.-O). 

Cette  rue,  percée  après  Tincendie  de  1720,  porte 
le  nom  de  M.  de  Rousselet  marquis  de  Châfeaure- 


1.  Histoire  archéolog.  de  l'époque  gallo-romaine  de  la  ville  de  Rennes, 
par  Toulmouche,  p.  10  et  suivantes  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marte- 
ville,  II,  15. 

2.  Histoire  de  Bretagne,  par  A.  de  la  Borderie,  I,  141. 
8.  Ârch.  dép.,  Ursulines,  69. 

4.  Plan  cadastral  de  184(). 


CHA.  —     180    — 

nault,  lieutenant  général  en  Bretagne  ;  elle  fut  ap- 
pelée en  1792  rue  de  Mabbj,  du  nom  d'un  révolu- 
tionnaire dauphinois  qui  s'était  acquis  une  certaine 
célébrité  comme  publiciste,  historien  et  philosophe  *. 

La  muraille  de  la  première  enceinte  passait  sous 
les  numéros  pairs  de  la  rue.  —  La  rue  des  Changes, 
«  où  furent  les  changes  de  Rennes-,  »  appelée  aussi 
rue  de  la  Bourcerie,  passait  sous  les  n***  4  et  5  de  la 
rue  Châteaurenault. 

Sous  le  n""  5  se  trouvait,  avant  1720,  une  place  ap- 
pelée le  Petit  Bout  de  Cohue,  parce  qu'elle  bordait  le 
côté  Est  de  la  halle  ou  cohue;  près  de  là  existait 
aussi  une  des  deux  plus  anciennes  pompes  de  Ren- 
nes 3. 

Sur  le  Petit  Bout  de  Cohue  se  voyait  la  maison 
des  Yeux  Bieux*  ;  elle  était  ornée  d'une  grande  fi- 
gure de  bois  appelée  la  Teste-Bieu,  «  c'est-à-dire 
«  Dieu^  et  non  pas  bleue,  comme  aucuns  pensent.  » 
Dubuisson-Aubenay  la  considérait  comme  une  des 
choses  les  plus  curieuses  de  la  ville.  «  C'est,  écrivait- 
«  il,  un  bust  de  bois,  de  forme  gigantale,  qui  estoit 
a  cy  devant  posé,  au-dessus  des  premières  fenes- 
«  très,  au-dessus  de  la  boutique  de  l'apothicaire 
«  Fourreau,  au  petit  coin  de  Cohue,  sur  la  moulure 
«  des  pièces  de  bois  duquel  coin  il  y  a  escrit  :  Mdes 
w  oculorum  Dei  antiquissimse  resedificatse  anno  1581. 
«  Cette  statue  est  d'énorme  aspect  et  comme  elle 
«  est  creuse,  par  dedans  on  luy  fait  mouvoir  la  mâ- 
«  choire  d'en  bas  et  les  deux  yeux,  gros  comme 
«  boulets  de  pièces  de  campagne,  ce  que  l'on  faisoit 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f*  197,  v». 

3.  Arcli.  mun.,  225.  —  Comptes  des  Miseurs,  1507,  f®  21,  v®. 

4.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  fo  346,  r^. 


—    181    —  CHA. 

«  jadis  tandis  que  la  procession  de  la  Feste-Dieu 
«  passoit  par  là  et  s'arrestoit  à  y  encenser.  On  Tap- 
«  peloit  la  Teste-Bieu.  Elle  a  esté  osté  de  là,  de 
«  peur  de  scandale,  les  uns  estimans  que  c'estoit  la 
«  teste  d'un  saint,  et  les  autres  disans  que  c'estoit 
«  un  idole  reste  des  payens  '.  »  Elle  datait,  selon  Du- 
buisson,  de  soixante  à  quatre-vingts  ans  seulement. 

Près  de  la  Cohue  se  trouvait  aussi  la  maison  du 
poids  de  Rennes  au  milieu  du  xv*  siècle*.  L'angle 
Nord-Ouest  de  la  rue  marque  remplacement  de  la 
maison  de  la  Cloche^. 

Une  rue  très  courte,  appelée  rue  Saint-Jacques  ou 
Saint-James  ^y  avait  été  ouverte  en  1588  pour  réunir 
le  Petit  Bout  de  Cohue  au  Champ  Jacquet  •'^;  on  avait 
démoli  pour  la  percer  la  maison  du  chapelain  de  la 
chapelle  Saint-James.  (Voir  plus  bas.)" 

La  porte  Jacquet^  dépendant  de  la  première  en- 
ceinte, se  trouvait  à  peu  près  entre  les  n**'  4  et  6  '. 

N**  8.  Il  occupe  remplacement  de  l'ancienne  c/ia- 
pelle  Saint" Jacques  ou  Saint-James^  appelée  primiti- 
vement Saint'Symphorien  de  la  Cité;  on  la  nommait 
au  xvi*  siècle  Saint-James-sous-VOrge^  et  au  xvii*  siè- 
cle Saint-Jacques  et  Saint-Philippe  ou  simplement 
Saint-James^.  On  trouve  citée  en  1185  une  autre 
chapelle  de  Saint-Sxjmphorien  en  dehors  de  Ten- 
ceinie  de  la  ville,  in  suburbio  ;  nous  ne  pouvons  en 


1 .  Itinéraire  de  Bretagne,  par  Dubaisson-Aubenay,  1686.  Archives  de 
Bretagne,  IX,  21. 

2.  Arch.  départ.  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f-  78,  vo. 
.3.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f®  132,  r. 

4.  Arch.  mun.,  888. 

5.  Arch.  dép.,  2"  carton  de  M.  de  la  Digne. 

6.  Arch.  mun.,  333. 

7.  Plan  de  Rennes  de  1685. 

8.  Arch.  mun.,  333. 

9.  Bulletin  de  la  Société  archéologique  d'IL-et-Vil,  t.  XVI,  l'«  par- 
tie, p.  IX. 


cn\.  —  182  — 

déterminer  remplacement  et  n'acceptons  pas  Thypo- 
thèse  de  Tabbé  Brune,  qui  penchait  à  la  voir  dans  la 
rue  Le  Sage  '.  —  Une  ancienne  tradition  qui  ne  se 
base  sur  aucune  preuve  historique,  mais  que  citent 
le  P.  du  Paz  et  le  P.  Albert  le  Grand,  veut  qu'un 
oratoire  ait  été  fondé  en  cet  endroit  dès  le  premier 
siècle  par  le  S^'évéque  de  Hennés,  Suffrenius  (67-102), 
dans  une  tour  appelée  la  Vision  des  Dieux  et  située 
sur  remplacement  de  la  tour  îSaint-James.  (Voir  plus 
bas.)  -  Nous  avons  dit  que  Texistence  des  évoques 
de  Rennes  à  cette  époque  est  plus  que  probléma- 
tique. —  Peut-être  y  aurait-il  un  rapprochement  à 
établir  entre  cette  tour  de  la  Vision  des  Dieux  et  la 
maison  des  Yeux  Bieux  que  nous  avons  signalée 
plus  haut. 

La  chapelle  Saint-James  fut  donnée  en  1116  par 
révêque  de  Rennes  à  Tabbaye  de  Saint-Melaine  et 
abandonnée  par  Tabbaye  au  Chapitre  de  la  cathé- 
drale en  1174  3;  ses  dimensions  étaient  de  50  pieds 
sur  30^.  Lors  de  la  création  de  la  rue  Saint-James 
en  1588,  on  refit  son  pignon  Ouest;  on  y  pratiqua, 
comme  à  l'ancien,  une  porte  surmontée  d'une  fenêtre 
et  on  flanqua  la  porte  de  deux  pilastres  doriques  ; 
la  grande  vitre  renfermait  les  armes  des  de  Bour- 
gneuf -^  Après  Técroulement  d'une  partie  de  Téglise 
Saint-Sauveur  en  1682,  le  culte  paroissial  y  fut  pro- 
visoirement transféré.  (Voir  place  et  église  Saint- 
Sauveur.) 

La  chapelle  traversait  presque  complètement  la 


1.  Cartuldire  de  Saint-Melaine^  f«  20ÎK  r*.  Bil»l.  de  Rennes. 

2.  Fouillé  de  Hennés,  par  li   chanoine  GuilloLin  do  (lorson,  I.  'ît^. 

3.  Ibid.,  V,  642  et  043. 

4.  Arcli.  dêp..  Etals  de  Bretagne.   C.  3.28,  procès -verbal  de  rincondie 
de  172().  p.  01. 

ô.  Arch.  mun..  333. 


—   183    —  CHA. 

rue  actuelle  et  touchait  par  son  angle  Nord-Est  la 
tour  Saint-James  (voir  plus  bas).  Elle  fut  détruite 
dans  l'incendie  de  1720  par  la  chute  du  beffroi; 
reconstruite  en  1731  au  coin  des  rues  Châteauro- 
nault  et  Lafayette,  elle  fut  démolie  pendant  la  Révo- 
lution. (Voir  n"  7,  rue  Lafayette.) 

Dans  la  cour  du  n**  8,  au  Nord-Est  de  la  chapelle, 
s'élevait  jusqu'en  1720  la  tour  Saint-James,  qui  dé- 
pendait de  la  première  enceinte  et  avait  protégé  la 
porte  Jacquet'.  Le  duc  François  II  afféagea  cette 
tour  en  1461  à  Olivier  Baud.  On  y  montait  par  un 
escalier  droit  et  couvert,  perpendiculaire  à  la  rue  et 
adossé  au  mur  Nord  de  la  chapelle-*;  il  avait  trente 
et  une  marches  de  huit  pieds  neuf  pouces  de  lar- 
geur»  et  aboutissait  à  une  chambre  à  mi-hauteur  de 
la  tour;  cette  chambre  en  avait  une  autre  au-dessus 
d'elle  pour  les  mouvements  de  Thorloge  publique, 
et  une  au-dessous  pour  le  contrepoids*. 

On  édifia  sur  la  tour,  en  1469,  un  remarquable 
beffroi,  qui  renferma  pendant  deux  siècles  et  demi 
Yhorloge  de  Rennes.  On  ne  possède  malheureuse- 
ment aucun  croquis  exact  de  ce  beffroi  ;  les  seuls 
qui  soient  connus  ont  été  dessinés  après  sa  destruc- 
tion ;  on  les  trouve  dans  une  gravure  de  Huguet, 
figurant  l'incendie  du  quartier  du  Palais  de  Justice, 
et  dans  une  aquarelle  du  même  artiste  représentant 
la  Vierge  protégeant  le  quartier  des  Lices;  cette 
aquarelle  est  conservée  dans  l'église  Saint- Aubin,  et 


1    Arch.  niiin.,  5'26.  délibé ration  du  27  mars  1721  :  enregistrement  du 
recueil  de  Languedoc 

2.  Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs  de  1546,   !'•  partie,  f«  133,  r*.  et 
134.  r.  —  et  de  1587. 

3.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f»  347,  ro. 

4.  Arch.   mun..   526,  délibération  du  27  mars    1721.  —   Arch.    mun., 
Comptes  des  Miseurs.  1599.  (•  22,  v*. 


CHA.  —    184   — 

on  en  voit  une  copie  moderne  au  Musée  archéolo- 
gique. Il  convient  de  signaler  aussi  un  dessin  mo- 
derne de  Th.  Busnel,  appartenant  au  Musée  archéo- 
logique. Ce  dessin  a  été  fait  d'après  un  croquis 
grossier  possédé  par  M.  P.  de  la  Bigne,  et  d'après 
la  description  du  Recueil  historique  sur  la  ville  de 
Rennes,  par  Gilles  de  Languedoc. 

L'ensemble  de  l'édifice  atteignait  environ  220  pieds 
de  hauteur;  la  tour,  à  elle  seule,  en  avait  plus 
do  60*;  elle  était  surmontée  d'un  gros  donjon  octo- 
gonal de  35  à  40  pieds;  à  la  base  du  donjon  était 
une  galerie  en  maçonnerie  posée  sur  les  corbelets 
de  la  tour  et  couverte  en  ardoise,  «  fors  à  l'endroit 
«  de  ce  qui  en  avoit  été  démoli  pour  faciliter  la 
«  monte  de  l'orloge,  où  ladite  gallerie  étoit  inter- 
«  rompue.  »  Au  dessus  du  donjon  s'élevait  une 
charpente  octogonale  un  peu  moins  large,  et  haute 
de  30  pieds;  elle  était  en  bois  revêtu  de  plomb;  à 
son  pied  se  trouvait  une  deuxième  galerie  de  même 
forme,  également  revêtue  de  plomb.  La  charpente 
renfermait  trois  cadrans  à  l'Est,  au  Sud  et  à  l'Ouest; 
elle  présentait  du  côté  iNord  une  niche  qui  abritait 
une  statue  en  plomb  de  saint  Michel,  de  grandeur 
naturelle  et  peinte,  terrassant  un  dragon  ;  l'ange 
tenait  d'une  main  la  chaîne  du  dragon  et  de  l'autre 
l'épée  dont  il  le  frappait  «  à  chaque  coup  d'heure 
«  que  l'horloge  sonnoit,  tournant  en  même  temps 
«  la  tête  en  forme  de  menace.  »  Une  plate-forme 
revêtue  de  plomb  couronnait  la  charpente  :  on  y 
montait  au  moyen  d'une  trappe  ;  cette  plate-forme 
soutenait  une  lanterne  de  16  pieds,  formée  de  po- 


1.  Bulletin  de  la  Société  arvhéol.  dlUect-Vil.,  XIV.  191.  —  Histoire 
de  Rennes,  par  Marteville,  I.  UH).  —  Uecueil  historique  sur  la  ville 
de  Rennes,  par  Gilles  de  Languedoc,  manuscrit,  p.  30Î1  Bibl.  de  Rennes. 


—  185  —  CH.\ 

teaux  reliés  entre  eux  à  hauteur  d  appui  par  des 
traverses  en  bois  recouvertes  de  plomb  et  par  des 
croix  de   Saint- André   en    fer.    Son    sommet    por- 
tait un  plafond  couronne  par  une  balustrade  plom- 
bée,  d'où    s'élevait    une   flèche    en    ardoise  de  20 
à  30  pieds  de  hauteur,   surmontée  d'une  girouette; 
on  accédait  à  la  lanterne  au  moyen  de  crochets  en 
fer  fixés  à  deux   des   poteaux.    A   chaque   galerie 
étaient  des  gargouilles  soutenues   par  de  doubles 
barres  de  fer  et  terminées  en  têtes  de  dragons.  — 
Les   matériaux  de  ce  beffroi  venaient  du  bois  de 
Treslo',  près  de   Uécherel,  «  et  pourceque  quatre 
«  pièces    dudit    boais    estoient    trop    longues    tant 
«  qu'elles  n'eussent  peu  tourner  es  carrefours  de  la 
«  ville,  furent  descendues  au  Gué  Torcoul  (quai  de 
«  la  Prévalaye)  et  amenées  par  la  ripvière  jucques 
«  es  moulins  de  la  Porte  (quai  Duguay^Trouin)^.  » 
L'horloge  se  trouvait  dans  la  lanterne;  la  grosse 
cloche,  appelée  Madame  Françoise,  du  nom  du  duc 
François  II  qui  en  avait  été  le  parrain  lors  de  sa 
première    fonte   sur  le    Champ-Jacquet,    était    ac- 
compagnée   de    quatre    appeaux    plus    petits    sus- 
pendus entre  les  poteaux  :   «   Ce  qu'il   y  avoit  de 
«  plus  surprenant  étoit  de  voir  que  le  tour  de  la 
«  cloche  de  l'orloge  remplissoit  tellement  le  contour 
«  du  dedans  de  cette  lanterne,  qu'à  peine  pouvoit- 
«  on  passer  2  doigs  entre  ses  hors  et  chaque  po- 
«  teau  d'icelle,  ce  qui  faisoit  qu'on  ne  pouvoit  con- 
«  cevoir   de    quelle    façon    elle    y    avoit    pu    estre 
«  montée^.    »   Cette  cloche  faisait,  au  xyii**  siècle. 


1.  Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs  de  14()7-146î»,  f-  1(>8,  i-. 

■2.  Ibid.,  (o  108,  vo. 

8.  Arch.  mun.,  526,  délibération  du  ^7  mars  1721;  enregistrement  du 
recueil  de  Languedoc  surThorlcge.  —  Recueil  historique  sur  la  ville 
de  Rennes,  par  Gilles  de  Languedoc,  p.  «304,  manuscrit.  BibL  de  Rennes. 
XXXIII  18 


CHA. — CHI.  —    186    — 

l'admiration  de  Dubuisson-Âubenay  :  «  Elle  est 
«  sciée  par  un  costé  expressément,  disait-iU  afin  de 
«  luy  diminuer  la  force  du  son  qui  pourroit  estre 
«  trop  confus  pour  distinguer  les  heures,  et  ébran- 
«  leroit  le  clocher  qui  est  fort  délicat.  Ils  disent  que 
«  le  son  faisoit  avorter  les  femmes  grosses,  tant  il 
«  étoit  épouvantable*.  » 

La  grosse  cloche  s'effondra  et  se  brisa  pendant 
l'incendie  de  1720,  en  ruinant  dans  sa  chute  la  cha- 
pelle Saint-James.  M.  Ducrest  de  Villeneuve^  cite 
le  récit  d'un  moine  jacobin  d'après  lequel  Nostra- 
damus  aurait  prédit  Tincendie  de  la  ville  et  la  perte 
de  la  cloche  ;  en  décrivant  à  son  supérieur  le  fléau 
de  1720,  le  moine  aurait  ajouté  :  «  Ces  fâcheux 
«  jours  sont  clairement  exprimés  dans  une  des 
«  centuries  de  Nostradamus  par  ces  mots  :  En  i720, 
«  la  grosse  Françoise  tombera^  et  Senner  (anagramme 
«  de  Rennes)  brûlera.  » 

Rue  Chicognô  [Canton  S  -0.). 

La  rue  Chicogné,  appelée  aussi  autrefois  rue  de 
la  CroiX'Rocheran^  (voir  rue  de  l'Arsenal)  existait 
dès  1455;  elle  a  été  refaite  en  1781  *.  Elle  tire  son 
nom  du  terrain  qu'elle  traverse  et  qu'on  nommait 
jardins  de  Chicoigné.  La  maison  de  Chicogné,  appar- 
tenant à  Jean  Drouet,  orfèvre,  fut  louée  par  la  Com- 
munauté de  Ville  au  xvii**  siècle  pour  en  faire  une 
maison  de  désairement  à  l'usage  des  pestiférés  con- 

1.  Itinéraire  de  Bretagne,  par  Dubuisson-Aubenay;  Archives  de  Bre- 
tagne. IX,  20. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Ducrest  de  Villeneuve,  p.  344. 

8.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f»  441,  r". 
4.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  f*»  264,  r», 
et  865,  vo.  —  Arch.  mun.,  150  et  207. 


—  187  —  CHi. 

valescents'.  Des  réparations  furent  faites  au 
pavage  de  la  rue,  en  1484,  sur  une  largeur  d'une 
toise  et  demie  ^.  Une  barrière  y  est  signalée  en  1486^. 
.  On  avait  édifié,  vers  1684,  devant  le  n"  6,  un  bas- 
sin et  un  abreuvoir,  nommés  Fontaine  Chicogné*; 
ce  bassin  recevait  les  eaux  de  la  fontaine  de  Guines 
(voir  rue  Alexandre-Duval),  au  moyen  de  tuyaux 
qui  passaient  devant  l'Hôpital  Général  (Arsenal)^. 

Avant  la  création  du  boulevard  de  la  Liberté,  la 
rue  Ghicogné  rencontrait  à  son  n*  9  la  rue  du  Pré- 
Perché  (voir  boulevard  de  la  Liberté).  A  partir  de 
cet  endroit,  elle  obliquait  vers  le  Nord-Ouest  pour 
rejoindre  le  pont  de  Ghicogné,  au  Sud  de  la  place 
de  Bretagne,  et  le  pont  de  Ghaulnes;  ce  tronçon  de 
rue  reliait  ainsi,  avec  la  rue  du  Pré-Perché,  la 
Porte  Mordelaise  à  la  route  de  Nantes  (voir  rue 
Nantaise).  La  partie  Nord  de  la  rue  est  moderne  et 
traverse  Tancien  quai  de  Ghicogné.  (Voir  boulevard 
de  la  Liberté.)^ 

Les  fossés  à  Gahier  (voir  au  Préambule),  passaient 
à  rOuest  de  la  rue,  ils  avaient  à  cet  endroit  30  pieds 
de  largeur  '',  on  les  trouve  aussi  mentionnés  sous  le 
nom  de  ruisseau  à  Ga/iier,  au  milieu  du  xvii®  siècle; 
ils  étaient  alors  «  remplis  de  terrières  et  bouriers  ®.  » 

N**  13  ou  15.  Ancienne  maison  de  la  Chasse  royale^. 


1.   Arch.   mun..   Comptes   des  Miseurs,  l(î88,   1"   registre,   —   et  du 
20  août  iea&. 
â.  Arch.  mun.,  2U7. 

3.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  148(>,  f*  60,  ▼•. 

4.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe.  —  Histoire  de  Rennes,  par 
Marteville,  II,  391. 

f).  Arch.  mun.,  229.  —  Bibl.   de  Rennes,   Recueil  historique  sur  la 
ville  de  Rennes,  par  Gilles  de  Languedoc,  p.  811,  manuscrit 

6.  Plan  de  Rennes  de  1775. 

7.  Arch.  dép.,  Kéformalion  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  (•267,  r». 

8.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  16iG,   f<*  441,  v*. 

9.  Cadastre  de  1840. 


cm.  —  188  — 

N*  17.  Emplacement  do  la  maison  du  Clieval  blanc  '. 

On    voyait    aussi    dans    la    rue    au    milieu    du 
xviïi*  siècle  Vhôtellerie  du  pain  fleuri  •. 

La  rue  Ghicogné  conduisait  à  la  route  de  Nantes 
et  était  très  fréquentée;  les  voitures  de  vidanges  y 
passaient  constamment  aussi  pour  gagner  un  dépôt 
situé  au  faubourg  de  Nantes,  de  là  des  plaintes 
nombreuses  dont  les  Archives  départementales  ont 
gardé  la  trace.  Dans  une  lettre  non  datée,  adressée 
au  milieu  du  xviii"  siècle,  à  l'intendant  de  Viarmes, 
«  les  fermiers  et  directeurs  des  voitures  publiques 
«  de  Vannes,  Lorient  et  Nantes...  transmettent  les 
«  plaintes  continuelles  des  voyageurs  qui  occupent 
«  les  dites  voitures  par  les  mauvaises  odeures  et  le 
«  mauvais  air  qu'il  respirent  à  la  sortie  et  à  l'entrée 
«  de  la  Ville,  aux  environs  de  Ghicogné,  passage 
«  ordinaire  desd.  voitures;  ce  mauvais  air  est  occa- 
«  sionné  par  les  vuidanges  de  la  ville  dont  le  pavé  se 
«  trouve  souvent  et  particulièrement  dans  Thyver 
«  si  surchargé  que  les  voitures  risquent  d'y  verser, 
«  le  pavé  étant  d'ailleurs  entièrement  déplacé  par  la 
«  quantité  des  tombreaux  qui  y  passent  sans  cesse.  » 
Une  plainte  analogue  fut  adressée  dans  le  même 
temps  à  la  Gommunauté  de  Ville  par  les  prêtres  de 
Toussaints  et  les  habitants  du  quartier  :  «  Les  tom- 
«  breaux  qui  passent  continuellement  et  autres  voi- 
«  tures,  outre  qu'ils  couvrent  le  pavé  de  vilnie,  bare 
«  le  passage  aux  piétons,  le  pavé  étant  fort  étroit, 
«  de  façon  que  pour  éviter  d'estre  écrasé  il  faut  ce 
«  mettre  dans  les  boue  jusqu'au  jenoux,  ces  imon- 
«  dices  étant  jusqu'au  bord  du  pavé,  et  le  plus  sou- 
«  vant  même  jusque  sur  le  milieu  en  élévation,  les 

1.  Cadastre  de  18i0. 

2.  Bulletin  de  la  Société  archéolog.  d'Ille-et-Vil.,  t.  XX VU,  p.  vi. 


—  189  —  ciM. 

«  voitures  qui  se  rencontrent  pour  se  faire  passage 
«  sont  obligés  défoncer  les  terres  proche  le  pavé 
«  et  Toster  au  public'.  » 


Avenue  du  Cimetière  du  Nord  (Canton  N.-0.\ 

Cette  avenue  a  remplacé  vers  1856  le  chemin  de 
Saint-Grégoire  ou  ruelle  du  Gros-Mulhouy  ainsi  ap- 
pelée à  cause  de  l'ancien  manoir  de  ce  nom  '-. 

N"  8.  Ancien  manoir  de  Gros-Malhon  ou  Gourma- 
Ion.  —  C'est  un  petit  manoir  remanié  dont  on  ne 
peut  se  rendre  compte  que  du  canal  d'Ille-et-Rance; 
sa  toiture  est  coupée  de  ce  côté  par  une  lanterne 
en  partie  recouverte  d'ardoises  et  sommée  d'un  toit 
en  carène;  il  est  cité  dès  le  milieu  du  xv**  siècle-*.  Il 
appartenait  en  1642  aux  Goubin  du  Boisgardon  et 
passa  par  alliance,  avant  1672,  aux  de  la  Moussaye 
des  Noës*,  qui  le  possédaient  encore  en  1726;  il 
était,  en  1780,  aux  mains  des  du  Plessix-Bo- 
therel  '\ 

A  côté  du  manoir  se  voyait  autrefois  le  puits  ou 
fontaine  du  Gros-Malhon^  qui  avait  été  refait  en 
1463®;  on  en  fit,  en  1760,  un  regard  de  la  conduite 
d'eau''.  Le  ruisseau  du  Gros-Malhon  est  cité  dès 
149H.  —  Près  de  là  était  aussi  une  butte,  dont  le 
souvenir  est  conservé  par  une  pièce  de  terre,  ap- 


1.  Arch.  dûp..  Intendance,  C.  849. 

2.  Les  Unes  de  Renfles,  par  L.  Derombe.  —  Arch.  mun.,  Fortilica- 
tions.  Indemnités,  1467-68.  f°  91.  r<». 

3.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455.  fo  44J,  r». 

4.  Arch.  dêp  .  Minutes  d'André,  notaire  à  Rennes,  juillet  IB'îg. 
5   Arch.  dêp.,  Saint-Melaino,  2  et  5. 

0.  Arch.    mun.,    (Compte  des  Mi.seurs   de    146;^   f'  21,   r. 

7.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  292. 

8.  Arch,  mun.,  Fortifications.  Indemnités,  B.  1491,  f°*  '2  et  suivants. 


ciM.  —  190  — 

pelée  le  Champ  de  la  Biittc^  et  située  à  80  mètres  à 
rOuest*. 

Le  chemin  était  pavé  devant  le  manoir  en  1469*. 

Le  Cimetière  du  Nord.  —  Avant  1789,  chaque 
paroisse  avait  son  cimetière  particulier  près  de 
réglise;  à  cette  époque  la  ville,  en  vertu  d'un  arrêt 
du  Conseil  de  1785,  acheta  aux  moines  de  Saint- 
Melaine  le  Champ  de  VEstivaly  sur  le  bord  de  la 
route  de  Saint-Grégoire,  et  y  établit  un  cimetière 
unique,  qui  fut  l'origine  du  cimetière  actuel  ^  — 
Le  champ  d'Estival  est  cité  dès  1292;  une  partie 
fut  donné  à  l'abbaye  de  Saint-Melaine  par  Marc 
le  Gay  en  1597*,  l'autre  partie  fut  acquise  par 
l'abbaye  par  voie  d'échange  avec  les  de  la  Motte- 
Picquet  en  1647^. 

L'/idtei  et  hébergement  d'Estival^  situé  près  de  là, 
avait  été  cédé  à  l'abbaye  en  1418  par  Jamet  le 
Houëczu  ^. 

Les  m^oulins  d'Estival  appartenaient  à  Saint- 
Melaine  dès  le  commencement  du  xui''  siècle''^. 


Avenue  du  Cimetière  de  l'Est  (Canton  S.-E.j. 

Elle  remplace  depuis  peu  d'années  l'ancien  chemin 
de  la  Hatterie,  ainsi  nommé  à  cause  d'un  hameau 
de  la  commune  de  Cesson,  aucjuel  il  conduisait. 

L'ancien    manoir    de    la    Motte-Baril    se    trouve 


1.  Arch.  dép.,  Dominicains,  17  et  27.  —  Cadastre  de  1840. 

2.  Arch.  mun.,  (Comptes  des  Miseiirs  de  1467  à  1469,  f®  167,  r«. 
:i.  Arch.  mun.,  351,  et  r>58  :  délibération  du  18  avril  1789. 

4.  Arch.  dép.,  Dominicains,  14. 

ô.  Arch.  dép.,  Saint-Melaine,  2,  p.  538. 

6.  Ibid.,  9. 

7.  Bibl.  de  Hennés,  Cartulaire  de  Saint-Melaine,  f»»  14,  v«,  et  26,  v«, 
manuscrit. 


—    191    —  CIM. — CLl. 

derrière  le  n®  21,  à  rextrémité  d'un  chemin  qui 
débouche  immédiatement  après  ce  numéro.  Il  est 
sans  intérêt  ;  on  doit  signaler  uniquement  un  petit 
pavillon  du  xviii*  siècle  appelé  le  Cabinet  ^j  construit 
dans  un  Ilot  de  la  Vilaine;  il  est  octogonal,  entière- 
ment recouvert  d'ardoises  et  surmonté  d'un  toit  en 
carène.  Le  nom  de  Motte-Baril  vient  sans  doute  de 
la  famille  Baril  dont  un  membre,  Clemenz  Barril, 
figure  dans  une  vente  à  Tabbaye  de  Saint-Georges 
en  12972. 

La  Motte-Baril  appartenait  en  1513  aux  de  Mar- 
gat^  —  en  1646  à  Jacquette  Mérault,  veuve  de 
Jacques  Feudry  de  la  Veslais\  —  et  en  1690  à 
Nicolas  Lefèvre,  maître  de  danse. 

Au  Nord-Est  du  manoir  se  trouve  le  champ  de  la 
Chapelle*. 

Rue  de  Clisson  (Canton  N-C). 

Cette  rue,  ouverte  après  l'incendie  de  1720,  rap- 
pelle le  nom  du  connétable  de  France,  Olivier  de 
Clisson,  mort  en  1407;  elle  fut  appelée  en  1792  rue 
Jean-JacqueSy  en  Thonneur  de  Jean-Jacques  Rous- 
seau ^. 

Elle  occupe  le  côté  Est  d'une  ancienne  place  appe- 
lée le  Grand  Bout  de  Cohue;  cette  place  s'étendait,  en 
outre,  sous  les  maisons  Ouest  de  la  rue  de  Clisson, 
sous  la  travée  inférieure  de  l'église  Saint-Sauveur 


1.  Cadastre  de  Rennes  de  184<). 

2.  Cartulaire  de  Saint-Georges,  par  P.  de  la  Bigne,  p.  257. 

3.  Bibl.   de  Rennes.  Re^i^istres  des   réformations    anciennes,   paroisse 
Saint-Héner,  manuscrit. 

4.  Arch.  dép.,  Egl.  par.,  G,  r>i;^. 

5.  Cadastre  de  Rennes  de  1840. 

6.  I^s  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 


CLi.  —  192  — 

et  sous  une  partie  de  la  place  Saint-Sauveur  :  on  y 
faisait  autrefois  des  exécutions  criminelles  *  et  on  y 
voyait  un  puits  public  sous  la  façade  du  n*  2  •. 

La  Cohue  était  un  marché  couvert,  situé  sous  le 
pâté  de  maisons  compris  entre  les  rues  de  Clisson, 
de  Toulouse,  Châteaurenault  et  du  Guesclin  ;  elle 
formait  un  long  rectangle  orienté  du  Nord-Ouest  au 
Sud-Est  et  mesurant  71  mètres  de  longueur  sur 
23  mètres  de  largeur'.  Sa  face  Nord-Ouest  touchait 
l'angle  des  rues  de  Clisson  et  de  Toulouse.  Elle 
présentait  deux  entrées  :  Tune  au  Nord-Ouest,  le 
Grand  Bout  de  Cohue,  l'autre  au  Sud-Est,  le  Petit 
Bout  de  Cohue.  La  Cohue  est  mentionnée  dès  1268*  : 
elle  fut  la  seule  halle  de  Rennes  jusqu'en  1484,  on  y 
vendait  de  la  viande,  du  poisson,  du  gruau,  du 
beurre  et  autres  denrées,  des  cuirs,  etc.  ^;  on  y 
voyait  les  étaux  de  différents  corps  de  métier  :  bou- 
langerie, botterieS  mercerie'^,  poissonnerie ^  lin- 
gerie^. Cette  halle  était  surmontée  de  salles  hautes, 
dans  lesquelles  on  donna  souvent  des  fêtes  publi- 
ques, les  Etats  de  Bretagne  s'y  sont  même  parfois 
réunis'^.  La  Cohue  fut  détruite  par  l'incendie  de 
1720.  —  Elle  était  bordée  au  Nord  par  la  rue  des 
Halles  (voir  rue  de  Toulouse)  et  au  Sud  par  la  rue 

1.  Bulletin  de  la  Soc.  archéoL  d'Ille-et-Vil.,  XXVI,  70  :  Delourmel.- 
Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs  de  1598.  —  Plans  de  Rennes  de  1616 
et  de  164'4. 

2.  Arch.  niuD.,  Comptes  des  Miseurs  de  15i6,  1"  registre,  î*  26,  v<»,  — 
et  de  ir>98. 

8.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  194. 

4.  Procès-verbaux  de  la  Soc.  archéol.  d'il. -et- Vil.  de  1844  à  1838,  p.  84- 

5.  Arcli.  mun..  18(>.  —  Histoire  de  Hennés,  par  Marteville,  II,  IJH. 

6.  Arch.  dêp.,  Rèformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  ^'  74,  v®, 
et  75.  r*. 

7.  làid.,  fo  75,  r-. 

8.  loid.,  f"78,  V. 

9.  Arch.  dép.,  Rèformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f'  172,  i*. 

10.  Bulletin  de  la  Société  archéolog.  d'IU.-et-Vil.,  VI,  118.  —  His- 
toire de  Hennés,  par  Marteville,  II,  194. 


—  193  —  cLi. — coc. 

de  la  Ferronneriej  qui  commençait  sous  le  n**  4  de  la 
rue  de  Clisson. 

N"  1.  On  a  pu  voir  pendant  longtemps  dans  la  cour 
de  cette  maison  une  pierre  tombale  de  grande  di- 
mension, gravée  au  trait,  figurant  un  ecclésiastique 
en  costume  de  chœur,  entouré  d'oiseaux  et  de  rin- 
ceaux de  feuillages  ;  il  tient  entre  ses  mains  un  livre 
fermé,  sa  tête  repose  sur  un  coussin;  au-dessus  de 
lui  s'élève  une  arcade  ogivale  très  ornée,  posée  sur 
deux  colonnettes  et  flanquée  de  deux  autres  colon- 
nettes  à  pinacles.  La  pierre  est  légèrement  creusée  à 
la  place  de  la  tête,  du  coussin,  de  Tarcade,  des  princi- 
paux ornements  du  costume,  et  de  l'inscription  qui 
encadrait  le  tout;  ces  cavités  étaient  sans  doute 
remplies  de  métal  gravé.  Des  trous  circulaires  des- 
tinés à  recevoir  des  médailles  sont  également  prati- 
qués entre  les  rinceaux  du  fond.  Cette  pierre,  mal- 
heureusement incomplète,  porte  les  caractères  du 
XVI*  siècle  ^  Elle  appartient  aujourd'hui  à  M.  Jules 
Aubrée. 


Rue  de  la  Cochardière  (Canton  N.-O.). 

Elle  remplace  une  ancienne  ruelle,  mentionnée 
dès  1661  *,  et  porte  le  nom  de  la  maison  de  la  Grande 
Cochardière^;  elle  s'appelait  en  1775  rue  des  Ursules^ 
à  cause  du  couvent  des  Petites-Ursulines  qui  en  for- 
mait l'entrée.  (Voir  n"  33,  rue  d'Antrain.)  * 

La  Grande  Cochardière  était  située  sur  le  bord 
Ouest  de  la  rue,  dans  les  terrains  de  l'Hôtel-Dieu 


1.  Bulletin  de  la  Société  archéol.  d*! Ile-et-Vilaine,  t.  XIII,  p.  xlviii. 

2.  Arch.  dép.,  Minutes  de'Bertelot,  notaire  à  Rennes,  4  juillet  1661. 

3.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe, 
^.  Plan  de  Rennes  de  1775. 


coc.  —  194  — 

actuel  et  en  partie  sur  la  rue  de  ce  nom;  elle  était 
«  faicte  de  massonail  jusques  au  premier  estage  et 
«  le  reste  de  bois  et  terrasse.  »  Elle  appartenait 
aux  Le  Faure  en  1661*.  —  La  Petite  Cochardière 
était  au  Sud  de  la  Grande  et  au  Nord  du  couvent  des 
Capucins.  (Voir  n*»  31,  rue  d'Antrain.)'  Elle  appar- 
tenait en  1617  par  moitié  aux  Dobé  et  aux  Allaire\ 
et  aux  le  Faure  en  1661.  Sa  construction  était  ana- 
logue à  celle  de  la  Grande  Cochardière  *.  Une  partie 
passa  par  alliance  aux  de  Bourgon  de  la  Motte  vers 
1650,  puis  aux  d'Aubert  de  Langron,  qui  la  possé- 
daient en  1738;  en  1748  les  d'Aubert  la  vendirent 
aux  Petites  Ursulines  avec  ses  dépendances,  autre- 
ment appelées  les  Champs  rouges  et  les  Clos  carrés. 
—  Lorsqu'on  achetait  un  immeuble,  on  en  faisait  à 
cette  époque  une  prise  de  possession  réelle  et  ef- 
fective :  nous  croyons  intéressant  de  donner  ici,  à 
titre  d'exemple,  un  extrait  du  contrat  de  prise  de 
possession,  qui  fut  fait  par  un  sieur  Frey  au  nom 
des  religieuses.  «  Nous  notaires  royaux  à  Rennes 
«  soussigné  raportons...  nous  sommes  transporté 
«  sur  les  héritages  mentionnés  audits  contrat,  ou 
«  estant  arivé,  nous  avons  mis,  induit  et  instalé  le- 
«  dit  maître  Frey  en  la  réelles,  actuelle  et  corpo- 
«  relie  possestion  de  tous  les  héritages  certes  audit 
«  contrat,  qu'il  a  prise  et  accepté  par  la  libre  entré 
«  qu'il  a  fait  dans  iceux,  fait  sortir  François  Lanci- 
«  seur  et  femme,  fermiers  actuel  desdits  héritages, 
«  iceux  fait  rentrer,  et  dans  les  maisons  fait  feu  et 
«  fumé,  bu  et  mangé,  monté  et  decendu,  ouvert  et 


1.  Arch.  dép..  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  4  juillet  1661. 
"î.  Arch.  dép.,  Ursulines,  91. 

3.  Arch.  munie,  297. 

4.  Arch.  dép.,  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  4  juillet  16tU. 


—  195  —  coc. — coE. 

«  fermé  les  portes  et  fenestres,  et  dans  les  jardins 
«  et  pourpris,  lavé  et  bêché,  planté,  coupé  bois, 
«  araché  herbe,  aie  et  venu,  puisé  de  Teau  au  puit 
w  mise  dans  l'auge  de  pierre  à  costé,  et  le  tout  cir- 
«  cuit  et  environné,  gardé  et  observé  tous  autres 
«  actes  requis  et  nécessaire  en  pareil  cas  pour 
«  bonne  et  valable  possession'.  » 

Le  terrain  à  TOuest  de  la  rue  dépendait  aussi  du 
couvent  des  Petites  Ursulines;  il  était  traversé, 
parallèlement  à  la  rue  et  à  90  mètres  environ  de 
celle-ci,  par  le  mur  gallo-romain  du  président  de 
Robien.  (Voir  le  Préambule.)^ 

Rue  de  Coétquen  (Canton  N.-R.). 

Cette  rue,  percée  après  l'incendie  de  1720,  reçut 
le  nom  de  Louise-Françoise  de  Coëtquen,  femme  du 
duc  de  Duras,  commandant  en  chef  en  Bretagne. 
Les  rues  de  Coëtquen  et  de  Volvire  furent  réunies 
en  1792  sous  le  nom  de  rue  de  la  Commune,  et  pen- 
dant l'Empire  sous  celui  de  rue  Marengo^. 

La  rue  de  la  Fannerie  coupait  presque  perpendi- 
culairement l'extrémité  Ouest  de  la  rue  de  Coët- 
quen. —  L'extrémité  opposée  était  traversée  par 
l'ancien  jeu  de  paume  du  Pigeon,  (Voir  rue  de  la 
Basse-Baudrairie.)  —  La  rue  ne  fut  achevée,  par  la 
démolition  complète  du  jeu  de  paume,  qu'en  1785*. 


1.  Arch.  dép..  Ursulines,  91. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  II,  9.  —  Plan  de  Rennes  de 
1775. 

3.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

4.  Ârch.  mun.,  130  et  540,  délibération  du  15  mars  1784. 


COL.  —  196 


Rue  du  Colombier  (Caiilon  S.-K.) 

Elle,  tire  son  nom  de  l'ancien  couvent  du  Colom- 
bier, transformé  aujourd'hui  en  quartier  d'artillerie; 
elle  s'appelait  au  xvii*  siècle  rue  de  la  Fai/rie,  du 
nom  de  la  maison  de  la  Petite  Vayrie,  située  sur 
remplacement  de  l'école  des  religieuses  de  la  Pro- 
vidence, au  Nord-Ouest  de  la  rue^  Elle  remplace 
un  ancien  chemin  qui  conduisait  de  cette  maison  à 
la  porte  de  Toussaints  et  débouchait  sur  la  rue  de 
la  Madeleine  (rue  de  Nantes)  vis-à-vis  du  Puits- 
Mauger^  Ce  chemin  remplaçait  lui-même  un  chemin 
plus  ancien  appelé  la  Bourelerie,  dont  la  construc- 
tion de  la  troisième  enceinte  avait  amené  la  sup- 
pression 3. 

Caserne  du  Colombier.  —  Sur  son  emplacement 
s'élevait  au  xvu*  siècle  le  manoir  du  Colombier  ou 
du  Petit  Beaumont  (par  opposition  au  Grand  Beau- 
mont.  (Voir  rue  Ginguené.)  Ce  manoir  appartenait 
en  1513  aux  le  Paye,  et  en  1633  aux  Subtil;  à  cette 
époque  les  Visitandines,  se  trouvant  trop  nom- 
breuses dans  leur  couvent  de  la  rue  des  Fossés, 
Tachetèrent  et  y  établirent  en  1641  un  deuxième 
monastère.  Elles  furent  chassées  en  1792  et  le  cou- 
vent fut  loué  à  des  particuliers  ;  la  loge  maçonnique 
l'occupa  même  quelque  temps.  De  grands  travaux  y 
furent  entrepris  de  1825  à  1830  pour  y  installer  une 
maison  de  réclusion,  mais  ce  projet  fut  abandonné 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Arch.  mun.,  Fortifications,  Indemnités,  D,  1449.  f«  50,  v<».  —  E,14i8, 
14  mars  1450  et  25  février  1455,  et  1449,  1"  registre. 

a  Ibid.,  E,  1449,  2-  reg.,  19  avril  1457. 


—  197  —  COL. 

et  le  Colombier  fut  cédé  en  1833  à  radininistration 
de  la  guerre  *. 

L'ancien  couvent  existe  encore  en  partie  à  Tinté- 
rieur  de  la  caserne-.  Il  se  composait  de  deux  bâti- 
ments en  retour  d'équerre,  Tun  au  Sud  et  Tautre  à 
l'Est,  précédés  d'une  cour  fermée  de  murs  des  deux 
autres  côtés.  La  porte  d'entrée,  située  près  de 
Tangle  Nord-Ouest  de  la  cour,  était  flanquée  de 
deux  pilastres  en  pierre  de  taille  surmontés  de 
vases,  et  ornée  d'un  couronnement  en  fer;  une 
porterie  s'élevait  à  l'Ouest.  Les  bâtiments  compre- 
naient un  rez-de-chaussée  et  deux  étages,  avec  un 
toit  à  la  Mansard;  l'angle  Sud-Est  était  surmonté 
d'un  petit  dôme  renfermant  une  horloge.  Un  troi- 
sième bâtiment  existe  aujourd'hui  du  côté  Ouest, 
formant,  avec  les  deux  premiers,  trois  côtés  d'un 
rectangle. 

Au  rez-de-chaussée  de  ces  trois  bâtiments,  de 
grands  couloirs  non  voûtés  sont  séparés  de  la  cour 
centrale  par  des  arcades  cintrées  qui  reposent  sur 
des  piliers  carrés  en  granit,  ornés  de  chapiteaux 
moulurés;  on  compte  quinze  arcades  du  côté  Sud, 
mais  sur  ce  nombre,  treize  seulement  sont  anté- 
rieures au  XIX®  siècle;  les  côtés  Est  et  Ouest  en 
présentent  neuf  ^.  Les  clefs  de  voûte  des  arcades 
anciennes  sont  en  saillie. 

A  l'extrémité  Nord  de  la  face  Est  se  trouvait  le 
chœur  des  religieuses  ;  une  grande  baie  aujour- 
d'hui maçonnée  le  mettait  en   communication   avec 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe.  —  Histoire  de  Rennes,  par 
Marteville.  III.  54  et  406. 

2.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

8.  Pian  de  Rennes  de  1775.  —  Procès-verbal  d'estimation  du  couvent 
du  1'^  floréal  an  VII,  Archives  du  Génie  militaire, 


COL.  —  198  — 

la  chapelle  K  On  a  exhumé,  en  1890,  du  chœur 
des  religieuses,  un  cercueil  en  plomb  renfermant  le 
corps  de  Marie- Anne  Budes,  morte  à  la  Visitation, 
en  1674,  et  dont  la  mère  fonda,  sur  sa  demande,  le 
couvent  de  la  Retraite.  (Voir  rues  Jules-Simon  et 
Saint-Hélier).  ^ 

La  chapelle^  située  au  Nord,  avait  été  construite 
en  1674  -^  ;  elle  était  en  forme  de  croix  latine.  On  en  a 
retrouvé  les  soubassements  en  1891  ;  au  milieu  du 
chœur  étaient  les  ruines  d'un  caveau  voûté  qui  avait 
contenu  le  corps  de  M™*  du  Houx,  morte  en  odeur 
de  sainteté  en  1675;  il  renfermait  uniquement  les 
traces  d'une  grande  croix  de  bois  en  épais  madriers 
vermoulus,  sur  laquelle  on  présume  que  le  corps 
avait  été  déposé  ^ 

A  rOuest  de  la  grande  cour  s'étendait  une  basse- 
cour  avec  ses  dépendances,  et  au  Sud  du  couvent, 
à  l'intérieur  de  la  caserne  actuelle,  un  grand  jardin 
avec  un  colombier  et  une  pièce  d'eau. 

Le  couvent  était  bordé  au  Nord  par  la  rue  du 
Colombier,  à  TEst  par  la  rue  Emile-Souvestre,  au 
Sud  par  le  boulevard  du  Colombier,  et  à  l'Ouest  par 
le  ruisseau  Rolland^  qui  le  séparait,  comme  aujour- 
d'hui, des  jardins  de  la  rue  de  Nantes^. 


1.  Les  Dames  Budes,  par  le  comte  de  Palys,  p.  98  et  suivantes,  et  215. 

2.  IHd.,  p.  96  et  suivantes. 

3.  Arch.  dép.,  Visitandines,  110.  —  Pouitlé  de  Bennes,  par  le  cha- 
noine Guillotin  de  Gorson,  III,  245. 

4.  Bulletin  de  la  Société  archéol.  d'IL-et-Vil.,  t.  XXI,  p.  lx.  —  Les 
Dames  Budes,  par  le  comte  de  Palys,  p.  217. 

5.  Procès-verbal  d'estimation  du  couvent  du  12  floréal  an  VII,  Archives 
du  Génie  militaire.  —  Bibl.  de  Hennés,  Plan. 


i 


—  199  —  cou. 


Rue  de  Corbin  (Canton  N.-R.). 

Cette  rue  est  citée  dès  1397',  Torigine  de  son 
nom  est  inconnue.  Jusqu'au  xv®  siècle,  elle  se 
prolongeait  vers  l'Ouest,  sous  le  chœur  de  Téglise 
Saint-Germain,  probablement  jusqu'à  la  hauteur 
de  la  place  Saint-Germain  ;  en  effet,  les  parois- 
siens de  Saint-Germain  furent  autorisés  en  1434, 
par  le  duc  Jean  V,  à  reconstruire  le  chevet  de  leur 
église  sur  le  terrain  des  rues  de  Corbin  et  Derval*. 
Elle  fut  habitée  autrefois  par  plusieurs  familles  par- 
lementaires :  les  le  Gouvello  de  Trémeur,  les  Bar- 
rin  du  Boisgeffroy,  les  de  Talhouët  de  Keravéon, 
les  Descartes  3. 

N**  1.  —  Son  emplacement  appartenait,  au  xvi*  siè- 
cle, à  une  famille  de  Châteaugiron ,  appelée  le 
Gendre*.  L'hôtel,  acheté  en  1642  par  les  le  Gou- 
vello de  Trémeur,  passa  par  alliance  aux  le  Pelle- 
tier de  Rozambo,  qui  le  vendirent  en  1709  aux  Da- 
nycan  pour  le  prix  de  20,000  livres.  Il  était  habité 
en  1709  et  en  1753  par  les  Huchet  de  la  Bédoyère^. 
Il  se  nommait  en  1787  hôtel  Sarsfield^.  De  cet  hôtel 
dépendait  une  fenêtre  sculptée  située  au  Nord-Est 
de  Tabside  de  Saint-Germain,  dans  la  rue  Derval. 
(Voir  cette  rue.) 

N*  3.  Hôtel  de  Rochefort,  —  Il  se  compose  de  deux 
bâtiments  en  retour  d'équerre,  précédés  dune  cour; 


1.  Ârch.  dép.,  Saint-Melaîne,  8. 

2.  Arcli.  dép..  Eglises  paroissiales,  G,  530.  —   Procès-verbaux  de  la 
Société  archéol.  d'Il.-et-Vil.  de  1844  à  1858,  p.  111. 

8.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

4.  Arch.  dép.,  Saint-Georges,  1:^7. 

5.  i6id.  —  Arch.  dép.,  Min.  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  6  août  1709. 

6.  Arch.  mun.,  221. 


COR.  —  200  — 

chacun  d'eux  possède  un  rez-de-chaussée  élevé  et  un 
étage,  avec  un  toit  à  la  Mansard,  soutenu  par  une 
corniche  à  modillons.  Le  corps  principal  présente 
cinq  ouvertures  de  façade  ;  le  deuxième,  trois  seule- 
ment du  côté  de  la  cour  et  une  du  côté  de  la  rue  ; 
la  fenêtre  du  rez-de-chaussée,  aspectée  sur  la  rue, 
est  grillée.  La  porte  d'entrée  est  à  Tangle  des  deux 
bâtiments;  elle  est  à  plein  cintre,  précédée  d'un  per- 
ron et  flanquée  de  chaque  côté  d'un  grand  éteignoir 
en  tôle  (voir  n°  6,  rue  du  Chapitre).  Les  fenêtres  de 
mansardes  du  bâtiment  principal  sont  petites  ;  on  y 
voit  des  pieds-droits  à  pilastres  et  une  frise  à  den- 
ticules  que  surmonte  un  fronton  arrondi  et  denti- 
culé.  L'intérieur  possède  de  vastes  pièces  à  boiseries 
sculptées. 

Deux  montants  à  joints  ouverts  forment  le  portail 
de  la  cour.  La  porterie  est  surmontée  d'un  toit  en 
carène.  —  Un  jardin  s'étend  au  Nord  de  l'hôtel.  — 
Les  remises  et  écuries  se  trouvaient  au  n®  2  de  la 
rue  Trassart '. 

L'emplacement  de  cet  hôtel,  après  avoir  appartenu 
aux  le  Gendre  (de  Châteaugiron),  passa  par  alliance 
aux  Morzelle,  qui  le  vendirent  aux  Bongar  en  1556  2; 
l'hôtel  actuel  s'appelait,  en  1661  et  en  1707,  hôtel 
Bonnier  de  la  Coquerie,  et  fut  loué  en  1707  aux  de 
Langle  pour  le  prix  de  1,300  livres  3;  il  passa  ensuite 
par  alliance  aux  de  Larlan  de  Kercadio,  comtes  de 
Rochefort*,  qui  le  vendirent  en  1748  aux  le  Roy  de 
la  Potherie  ;  ceux-ci  le  vendirent  à  leur  tour  en  1753 
à  Marie-Anne-Geneviève  de  Brilhac,  veuve  de  Jean- 


1.  Ârch.  dép.,  Saint-Georges,  137. 

2.  Ibid. 

8.  Arch.  dép.,  Saint-Georges,  47.  134.  185  et  137.—  Arch.  dép.,  Minâtes 
de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  32  juin  1(161. 
4.  Ilnd.,  la"). 


-  201  —  OH. 

François  do  Coniac  de  Toulniain  *.  Il  s'appelait  en 
1787  hôtel  de  Robien-y  et  au  commencement  du 
xix"  siècle  hôtel  de  Corbière, 

Cet  hôtel  touchait  la  Maison  Roage^. 

N**  5.  Ancien  presbytère  de  Saint-Pierre  en  Saint- 
Georges. 

N**  7.  Emplacement  de  Vhôtel  Descaries,  puis  de 
Pire.  —  L'hôtel  primitif  fut  vendu  en  1613  et  1616 
par  les  du  Bois  de  Moron  et  les  du  ChâtelHer  de  la 
Hautaye  aux  Delbenne  des  Ourmes  Saint-Martin, 
qui  le  revendirent  en  1618  aux  Descartes  de  Cha- 
vagne*.  Le  père  du  célèbre  philosophe  le  recon- 
struisit vers  1629^.  Il  passa  par  alliance,  au  com- 
mencement du  xviii"  siècle,  aux  de  Rosnyvinen  de 
Pire,  qui  le  possédaient  en  17?1  et  en  1787  ^ 

Le  petit  hôtel  de  Chàteaugiron  se  trouvait  en  1787 
à  Tencoignure  des  rues  de  Corbin  et  Gambetta^. 


N**  6.  Le  presbytère  de  Saint-Germain  et  le  loge- 
ment des  prêtres  et  autres  officiers  de  la  paroisse 
existait  en  cet  endroit  dès  1445  dans  un  jardin  ap- 
partenant à  Jehan  Guériff®;  on  le  reconstruisit  en 
1699^  et  il  ne  fut  abandonné  qu'en  1831:  c'est  au- 
jourd'hui une  maison  particulière. 

N**  10  et  12.  Hôtel  Barrin  du  Boisgeffroi.  — 
Cet   hôtel    appartenait    vers    1640    aux.  Barrin    du 

1.  Arch.  dép.,  Saint-Georges,  187. 

2.  Arch.  m  un..  221. 

8.  Ârch.  dép.,  Saint -Georges,  137. 

4.  Ibid. 

5.  Les  Rues  de  Rennes,   par  L.    Decombe.   —    Bulletin  de  la  Soc. 
archéol.  d'Ille-et-Vil.,  VI,  122.  —  Arch.  dép..  7«  carton  de  M.  de  la  Bigne. 

6.  Arch.  mun.,  221. 

7.  Ibid. 

8.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f»  30.').  r®. 

9.  Pouilié  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  V,  573. 

XXXIII  V') 


COH.  —  1^02  — 

Boisgeffroi*,  qui  le  vendirent  en  1702  pour  le  prix 
de  60,000  livres  aux  le  Prestre  de  Lézonnet-;  il 
s'appelait  en  1721  hôtel  de  Lézonnet,  et  en  1777 
hôtel  de  Chàteaugiron  ;  la  princesse  Bacciochi,  cou- 
sine de  Napoléon  III,  Thabitait  sous  le  second 
Empire;  il  sert  aujourd'hui  de  quartier  général 
du  X**  corps  d'armée.  Il  se  compose  de  deux 
constructions  en  retour  d'équerre,  contenant  un 
rez-de-chaussée  et  un  étage.  Le  bâtiment  principal 
comprend  un  pavillon  central  légèrement  en  saillie, 
avec  deux  ouvertures  par  étage,  accosté  à  TOuest 
de  deux  et  à  TEst  de  trois  ouvertures,  avec  des  clefs 
de  voûte  sculptées.  Son  toit  est  droit  et  coupé,  au- 
dessus  du  pavillon  central,  par  un  fronton  trian- 
gulaire, percé  d'un  œil-de-bœuf  circulaire  qu'en- 
cadrent deux  branches  de  chêne  et  deux  guirlandes 
de  fruits  liées  au  sommet  par  un  ruban.  —  Le 
deuxième  bâtiment  présente  cinq  ouvertures  par 
étage,  avec  un  toit  à  la  Mansard  et  quatre  gerbières 
en  anse  de  panier;  il  possède  du  côté  de  la  rue  un 
fronton  arrondi  percé  d'un  œil-de-bœuf.  —  Le  jardin 
s'étend  au  Sud  jusqu'à  la  rue  des  Francs-Bourgeois. 

L'hôtel  qui  occupe  l'angle  Sud-Est  de  la  rue  s'ap- 
pelait en  1726  hôtel  de  Tdlhouët  de  Keravéon.  (Voir 
n**'  3  et  5,  rue  Gambetta.) 

Le  premier  évêque  concordataire  de  Rennes, 
M^'  de  Maillé,  mort  en  1804,  habitait  la  rue  de 
Corbin;  nous  verrons  (place  Saint-Melaine)  que  le 
palais  de  l'évêché  était  encore  à  cette  époque  encom- 
bré par  les  collections  artistiques  et  scientifiques 
de  la  ville  ^. 


1.  Ârch.  dép.,  Eglises  paroissiales,  G,  580. 

â.  Ârch.  dép.,  Minutes  de  Bertelot.  notaiie  à  Rennes,  21  décembre  1702. 

3.  Pouilié  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  I,  738. 


—   203   —  CRO. — DAM. 


Place  de  la  Croix  de  la    Mission   (Canton  N.-O.). 
Voir  rue  de  la  Monnaie. 

Rue  des  Datnes  (Canton  N.-O.). 

C'est  une  rue  fort  ancienne;  on  y  a  trouvé  les 
débris  d'un  mur  gallo-romain*,  et  lors  de  rétablis- 
sement des  égouts  en  1882,  quelques  tuyaux  d'une 
conduite  d'eau  de  la  même  époque^.  —  Elle  porta 
d'abord  le  nom  de  rue  Saint-Denis,  à  cause  du 
prieuré  dont  il  sera  parlé  plus  bas  3;  après  le  séjour 
d'Anne  de  Bretagne  à  Rennes  en  1491,  elle  fut  appe- 
lée rue  des  Dames  ou  rue  aux  Dames*,  parce  qu'on 
y  avait  logé  les  dames  d'honneur,  à  proximité  de 
l'hôtel  de  la  Garde-Robe  ducale  (voir  n*  9,  rue  Saint- 
Yves),  qu'habitait  la  souveraine.  Elle  reçut  en  1792 
le  nom  de  rue  de  la  Raison  ^. 

Plusieurs  maisons  de  cette  rue  dépendaient  de 
chapellenies^. 

A  l'encoignure  de  la  rue  Le  Bouteiller  (voir  cette 
rue),  se  trouve  l'ancienne  chapelle  de  VEcce-Homo. 

Vers  le  n"  1  existait  au  xvii'  siècle  une  maison 
«  où  pendait  pour  enseigne  Vlmage  Saint^Yves'^  ;  » 
la  maison  de  Vlmage  Saint-Pierre  était  aussi  près 
de  là  8. 

1.  Procès- verbaux  de  la  Société   archéologique  d'Il.-et-Vil.  de  1844  à 
1858.  p.  Sô, 

2.  Bulletin  de  la  Soc,  archéol.  (Vllle-et-Vil.,  t.  XV,  2«  partie,  p.  824. 
H.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Gorson,  I,  245. 

4.  Arch.  dép..  Saint- Denis. 

5.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe.  —  Bulletin  de  la  Soc.  ar- 
chéol.  d'Ille-et-Vil.,  VI,  115. 

G.  Arch.  dép.,  Saint-Denis. 

7.  Arch.  dép..  Saint- Denis.  —  Arch.  mun..  835. 

8.  Arch.   dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  î^  228,  r«. 


DAM.  —    204    — 

N**  11.  Ancien  prieuré  de  Saint  -  Denis.  —  Ce 
prieuré,  dépendant  de  l'abbaye  de  Rillé,  a  été  fondé 
par  un  évêque  de  Rennes  au  xiii*  siècle'  et  sup- 
primé en  1728 ^ 

Sa  chapelle  existe  encore  au  fond  de  la  cour; 
c'est  un  simple  rectangle,  sans  aucun  caractère.  Du 
côté  de  la  rue  des  Dames,  elle  est  complètement 
entourée  de  maisons  qui  en  dissimulent  les  mu- 
railles; oh  remarque  seulement,  dans  un  des  bâti- 
ments qui  la  touchent,  une  porte  en  anse  de  panier 
entourée  d'un  tore  et  surmontée  d'une  archivolte 
torique  à  arête  mousse;  une  fenêtre  à  appui  de 
bois  godronné  est  percée  au-dessus  de  la  porte. 
—  La  seule  partie  intéressante  de  la  chapelle  est 
sa  face  Sud,  qui  repose  sur  la  muraille  de  la  pre- 
mière enceinte;  en  pénétrant  dans  une  remise  et  un 
hangar  situés  dans  la  cour  du  n**  28  du  quai  Du- 
guay-Trouin,  on  voit  encore  un  peu,  et  on  voyait 
très  distinctement  en  1899,  jusqu'à  une  hauteur  de 
plus  de  4  mètres,  une  maçonnerie  composée  d'un 
appareil  grossier  que  coupent  de  distance  en  dis- 
tance des  cordons  horizontaux  de  briques.  On  ob- 
servait au-dessus  un  appareil  irrégulier  en  arêtes  de 
poisson,  et  enfîn,  au  sommet  du  mur,  une  espèce 
de  petit  appareils  Le  mur  imbriqué  est  certaine- 
ment gallo-romain  ;  il  se  voit  encore  dans  la  remise, 
mais  les  restaurations  faites  au  hangar  ont  ôté  à 
celui-ci  presque  tout  son  intérêt.  Quant  à  l'appareil 
en  arêtes  de  poisson,  il  marque  une  réfection  faite 
dans  les  premiers  siècles  du  moyen-âge. 


1.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  II,  ft35. 

2.  Ibid.,  l,  247. 

8.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin   de   (Corson,   I,   240. 
—  Hippolyte  Vatar,  par  Arthur  de  la  Borderie,  p.  0(5. 


—  205  —  iiAM. 

On  peut  reporter  au  xii'  siècle  environ  la  date  do 
la  construction  de  la  chapelle.  Elle  a  subi  au 
XVII'  siècle  une  importante  restauration  ;  on  a  pra- 
tiqué aussi  à  cette  époque,  près  de  Tangle  Sud  de 
son  pignon  Ouest,  une  petite  niche  cintrée  en  pierre 
blanche  qui  porte  la  date  de  1669  ;  cette  niche  est 
visible  de  la  cour  du  n*  30  du  quai  Duguay-Trouin, 
elle  contenait  autrefois  une  statue  de  saint  Denis. 
La  porte  d'entrée  s'ouvrait  au-dessous.  En  1689,  le 
duc  de  Chaulnes,  qui  habitait  l'hôtel  de  Coniac 
(n**  13),  fît  construire  une  galerie  et  une  tribune  re- 
liant la  chapelle  à  son  hôtel  K 

N*  13.  Ancien  hôtel  Champion  de  Cicé,  puis  de 
Brilhac,  puis  de  Coniac.  —  Il  est  construit  sur  l'em- 
placement du  manoir  du  Noyer ^  qui  appartenait  pri- 
mitivement aux  BonestroP,  puis  en  1458  à  Guyon  de 
la  Motte,  et  en  1561  aux  de  Neufville  ;  ceux-ci  le 
cédèrent  à  cette  époque  aux  de  la  Motte-Vauclerc^. 
Il  était  détruit  dès  1557  \  son  emplacement  reçut  le 
nom  de  place  de  Vauclerc  ou  m.olte  Saint- Pierre'', 
puis  fut  transformé  en  jardin  dépendant  de  l'hôtel 
de  Vauclerc  (n^  8)  *. 

L'hôtel  actuel  a  été  construit  au  xvii'  siècle  par 
M.  Champion  de  Cicé;  il  occupe,  outre  le  terrain  du 
manoir  du  Noyer,  ceux  du  prieuré  de  Saint-Martin 
(voir  rue  de  la  Monnaie)  et  des  chapellenies  de 
Saint-Sébastien   et  de  Saints-Côme  et  Damien*^.  La 


1.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  I,  245.  et 
III,  66.  —  Arch.  mun.,  394. 

2.  Arch.  (lép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  {•  107,  v\ 
8.  Arch.  mun..  1()9  et  124.  —  Bulletin  de  la  Soc.  archéol.  d'IL-et-Vil., 

VI.  114. 

4.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  174. 

5.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Mineurs  de  1596,  f®  62,  v®. 

6.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f*  229,  r*. 

7.  Arch.  dép.,  (Chapitre de  Rennes.  G,  175.  —  Arch.,  mun.,  124. 


DAM.  —  206   — 

Communauté  de  Ville  le  loua  en  1676  au  prix  de 
1,600  livres  pour  y  loger  le  duc  de  Chaulnes,  com- 
mandant en  chef  en  Bretagne'.  La  chapelle  Saint^ 
Denis  (voir  plus  haut)  lui  servait  de  chapelle  2.  Il  fut 
acheté  en  1708^  et  en  1733  par  le  premier  président 
de  Brilhac.  Le  premier  président  de  la  Briffe 
d'Amilly  en  était  locataire  en  1743  pour  le  prix  de 
1,700  livres*.  L'hôtel  passa  ensuite  par  alliance  aux 
Gajot  de  Monfleury,  qui  le  vendirent  en  1771  aux  de 
Marnière  de  Guer,  mais  les  de  Coniac  le  retirèrent  en 
vertu  du  retrait  lignager.  (Voir  rue  de  la  Monnaie.)  ^ 
L'hôtel  est  précédé  à  TEst  d'une  vaste  cour  ;  son 
toit  est  droit  et  repose  sur  des  modillons  ;  une  tou- 
relle carrée  se  voit  vers  le  Nord,  avec  une  fenêtre 
de  mansarde  à  fronton  triangulaire.  Sa  face  Ouest 
regarde  la  place  de  la  Mission,  elle  est  aspectée  sur 
un  jardin,  qui  n'était  pas  en  pente  autrefois  comme 
aujourd'hui,  et  était  soutenu  par  le  mur  d'enceinte 
de  la  ville.  (Voir  rue  de  la  Monnaie.)  Un  dessin  de 
la  façade  Ouest  de  l'hôtel  se  trouve  dans  le  Rennes 
Illustréj  par  L.  Decombe,  p.  49.  On  voit  dans  les 
Souvenirs  de  Rennes^  par  Ducrest  de  Villeneuve,  un 
croquis  de  Lorette  figurant  l'état  ancien  du  jardin. 
Ce  jardin,  formant  terrasse,  est  enfin  représenté 
dans  une  aquarelle  de  Huguet,  datée  de  1737,  dont 
une  copie  est  conservée  au  Musée  archéologique  : 
cette  aquarelle  donne  une  vue  de  la  campagne  de 
Rennes  prise  du  jardin  de  l'hôtel^.  —  En  démolissant 


1.  Arch.  mun.,  512  :  délibération  du  3  juillet  1676.  —  Comptes  des  Mi- 
seurs  du  17  juin  1682,  f»  33,  v». 

2.  Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs  de  1689,  f»  12,  r«. 

3.  Arch.  dép.,  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  28  décembre  1708. 

4.  Arch.  dép.,  Minutes  de  Le  Barbier,  notaire  à  Rennes,  18  janv.  1743. 

5.  Arch.  mun.,  124. 

6.  Bulletin  de  la  Société  archéoL  cC [Ile-et-Vilaine,  t.  XXXII,  p.  188 
et  suivantes. 


—    207    —  DAM. 

une  cheminée  de  l'hôtel,  on  a  trouvé  une  brique  tu- 
mulaire  chargée  d'une  inscription  en  creux  tracée 
diagonalement  :  f  SOEUR  PERRINE  DE  TOUS 
LES  ST.  ST.  t.«. 

N"  15.  Ancien  hôtel  de  Coniac.  —  Cet  hôtel,  bâti 
par  M.  de  Coniac  en  1773,  remplace  l'ancien  petit 
hôtel  Champion  de  Cicé,  qui  avait  été  vendu  avec  le 
grand  en  1708  par  M.  de  Cicé  au  premier  président 
de  Brilhac^. 

La  façade  principale  occupe  le  n"  23  de  la  rue  de 
la  Monnaie.  (Voir  cette  rue.)  L'hôtel  ne  présente  du 
côté  de  la  rue  des  Dames  d'autre  intérêt  que  deux 
presses  en  fonte,  placées  près  de  la  porte  de  l'esca- 
lier et  provenant  de  l'ancien  appareil  monétaire  de 
l'hôtel  des  Monnaies  3. 

N**  17.  Ancienne  maison  de  Fontainebleau*.  —  Cette 
maison  appartenait  au  Chapitre  dès  le  xv*  siècle  ^  ; 
elle  est  citée  comme  hôtellerie  en  1669^  et  désignée 
en  1674  comme  une  «  maison  où  pend  pour  enseigne 
«  la  figure  de  la  Fontaine-Belleau'^ .  »  —  Lors  de  sa 
reconstruction  en  1774,  on  y  trouva,  sur  la  façade 
de  la  rue  de  la  Monnaie,  une  patère  d'or  gallo- 
romaine  dédiée  à  Bacchus,  et  différents  objets  qui 
semblent  dater  du  m'  siècle  et  provenir  du  trésor 
d'un  temple  païen  ;  ces  objets  furent  réclamés  par 
la  Monnaie,  et  le  Chapitre  s'empressa  de  les  offrir 
au  roi  Louis  XV  :  ils  sont  déposés  actuellement  au 


1.  Bulletin  de  la  Société  archêolog.  d'Ille-et-Vil.,  I,  4. 

2.  Arch.  mun.,  12i.  —  Arcli.  dép..  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes, 
28  décembre  1706. 

8.  Bulletin  de  la  Société  archéol.  d'Il.-et-ViL,  t.  IX,  p.  xvii  et  lxii. 

4.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  I,  188. 

5.  Bulletin  de  la  Société  archéol.  d*ll.-et-Vil.,  t.  XIIÎ,  p.  113  et  sui- 
vantes. —  Arch.  mun.,  125. 

0.  Arch.  dùp..  Minutes  de  Gohier.  notaire  à  Rennes.  1069. 
7.  Arch.  dép.,  (Chapitre  de  Rennes,  G,  177. 


DAM.  —    208    — 

Cabinet  des  médailles  et  antiques  de  la  Bibliothèque 
nationale,  et  des  moulaires  en  sont  conservés  au 
Musée  archéologique  de  Rennes*. 

L'escalier  de  la  cave,  situé  à  l'angle  Nord-Ouest 
de  la  cour,  présente  plusieurs  marches  en  granit 
composées  d'anciennes  pierres  tombales  qui  ont  été 
sciées  pour  la  plupart  dans  leur  longueur  ;  plusieurs 
d'entre  elles  portent  en  bordure  des  débris  d'in- 
scriptions du  XV'  ou  du  xvi**  siècle,  plus  ou  moins 
effacées  et  trop  incomplètes  pour  en  permettre  une 
détermination.  On  peut  aflirmer  néanmoins  qu'elles 
proviennent  de  Tancienne  cathédrale  ;  Tune  d'elles, 
en  effet,  est  décrite  dans  l'Inventaire  de  la  Cathé- 
drale de  1755,  et  il  n'est  pas  douteux  qu'elles  n'aient 
toutes  la  même  provenance  -. 

La  deuxième  marche  à  partir  du  haut  contient  les 
mots  suivants,  gravés  en  creux  et  remplis  d'une  es- 
pèce de  ciment  : 

<  VIII  :  niiimn  .-  eivj^ .-  ^©q 

(VIII  :  anima  :  ejus  :  req[uie8cat  in  pace.) 

La  troisième  représente  des  traits  indétermina- 
bles, avec  un  écusson  ogival  absolument  fruste. 

La  huitième  forme  un  palier  composé  d'une  pierre 
incomplète,  que  l'Inventaire  de  la  Cathédrale  per- 
met de  reconstituer  : 

(I.  Chr.) 
(Primog.  Mort,  et  Mem.) 
(V.  E.)  lOAN.  DE.  LA. 

1.  Bulletin  de  la  Société  archéoL  d'il. -et- Vil.,  XV,  2«  partie,  317,  et 
XIII.  113  et  suivantes.  Oroquis.  —  Histoire  de  hretagne,  par  A.  de  la 
Borderie,  I,  136.  137.  —  Fouillé  de  Rennes,  pnr  le  cîianoine  Guillotin 
de  Gorson,  I,  188 

2.  Arch.  dép.,  Etats  de  Bretagne,  C.  879  >,  Inventaire  de  la  Cathédrale, 
f'70,  V.  Man.  —  Bulletin  de  la  Société  archéolog.  d'Ll.-et-Vil.,  t.  XXXII. 
p.  X. 


—  209  —  i»AM. 

(Fond)  CAN.  REG. 
(S.  Jac.)  MONTFORT 
(ac  Pr)  lOR.  S.  MODER. 

(vix.  XX)  CIV.  AN.  OB. 
(XIV  k)  AL.  lAN.  AN.  S. 
(M)  DC.  LIX. 

C'est  la  pierre  tombale  de  Jean  de  la  Fond,  cha- 
noine régulier  de  Saint-Jacques  de  Montfort  et 
prieur  de  Saint-Modéran  ou  Saint-Moran,  mort  le 
14"  jour  des  calendes  de  janvier  1659.  L'Inventaire 
mentionne  sur  la  pierre  tombale  un  écusson  chargé 
de  trois  étoiles  accompagnant  un  croissant  en  abime 
que  surmonte  une  merlette  '  :  cet  écu  très  effacé  se 
voit  encore  au  bas  de  la  dalle.  —  La  pierre  était  en- 
tourée d'une  bordure,  chargée  à  sa  partie  inférieure 
de  lettres  aujourd'hui  illisibles. 

La  neuvième  et  la  dixième  marches  proviennent 
d'une  même  pierre;  on  voit  sur  chacune  d'elles  deux 
colonnettes  jumelles  à  bases  et  chapiteaux,  surmon- 
tées d'un  commencement  d'arcade,  sans  doute  ogi- 
vale; ces  colonnettes  sont  accostées  d'une  bordure 
intérieure  formée  de  gros  besants  :  au  centre  se 
trouvent  des  traits  indéterminables.  —  La  neuvième 
porte  en  bordure  les  lettres  gothiques  suivantes  : 

n.  U.  fiitii.  tour.  it.  maj.  Un.  mill.  iiii  "^"^  iiiiti 

(le  15*  jour  de  mai  l'an  148  .  ) 

La  onzième  forme  un  deuxième  palier  et  contient 
trois  dalles  :  l'une  d'elles  est  gravée  à  l'une  de  ses 
extrémités  d'une  grossière  sculpture  qui  rappelle 
vaguement  le  réseau  de  tympan  d'une  fenêtre  flam- 

■ 

1,  Fouillé  dç  Rennes,  par  le  chanoine  Guillutin  de  Corson.  I,  *-243- 


DAM.  —    210   — 

boyante,  les  deux  autres  figurent  des  traits  qui  res- 
semblent à  des  plis  de  vêtements. 

Plusieurs  des  dernières  marches  sont  chargées  de 
traits  analogues  :  Tune  d'elles  contient  en  bordure 
des  caractères  gothiques  très  effacés,  une  autre 
porte   aussi   en    bordure    les  lettres  :  WA€^G(R  l 

9snn  !  CL.... 

N*  19.  Hôtel  de  la  Bellangerais^  puis  de  la  Motte- 
Picquet,  puis  de  Talhouët.  —  Son  portail  d'entrée 
mérite  d'être  examiné  avec  soin  :  il  occupe  depuis 
peu  d'années  sa  place  actuelle  et  fermait  auparavant 
une  cour,  aspectée  sur  la  place  Saint-Pierre.  II  se 
compose  d'une  grande  baie  en  anse  de  panier,  flan- 
quée de  deux  pilastres  à  moulures,  au  centre  des- 
quels se  voit  une  rosace  de  feuillages  ;  au-dessus  et 
au-dessous  de  ces  rosaces  sont  des  coquilles  et  des 
motifs  d'ornementation  du  style  Louis  XIV.  Les 
chapiteaux  des  pilastres  sont  formés  de  feuilles 
d'acanthe.  —  La  partie  supérieure  du  portail  est  ac- 
compagnée à  droite  et  à  gauche  d'une  grande  con- 
sole à  volutes  ornée  de  feuillages.  —  Son  sommet 
est  occupé  par  un  écusson  ovale  posé  sur  un  car- 
touche enroulé  que  surmonte  une  coquille  et  qu'en- 
tourent des  trophées  de  drapeaux  avec  un  caducée, 
une  lyre,  un  faisceau  de  licteur,  une  lance,  des  pal- 
mes, des  fleurs  et  deux  cornes  d'abondance. 

La  façade  de  l'hôtel  du  côté  de  la  place  Saint- 
Pierre  (n®  19)  est  récente;  elle  était  encore  précédée 
en  1882  d'une  terrasse  à  la  hauteur  du  rez-de-chaus- 
sée, et  devant  elle  s'étendait  une  cour  fermée  par  le 
portail  monumental  qui  vient  d'être  décrit. 

L'emplacement  de  l'hôtel  faisait  partie  au  xiV  siè- 
cle de  l'ancien  placis  Conan.  (Voir  rue  de  la  Mon- 


—   211    —  DAM. 

naie,  place  de  la  Mission.)  '  On  y  construisit  depuis 
Vhôtel  d'Espinay^  appelé  aussi  hôtel  d'Assérac,  qui 
appartenait  d'abord  au  Chapitre  et  fut  cédé  par 
lui  aux  d'Espinay  en  1573^;  il  passa  ensuite  aux 
de  Rieux  de  Chàteauneuf,  et  Jeanne-Pélagie  de 
Rieux,  marquise  d'Assérac,  y  établit  de  1657  à 
1671  une  maison  de  santé  qu'elle  confia  aux  Cal- 
vairiennes  (voir  n"*  1,  place  du  Calvaire)^.  —  L'hôtel 
actuel  appartenait  avant  l'incendie  de  1720  aux 
Robert  de  la  Bellangerais;  c'est  là  que  naquit  en  1720 
l'amiral  de  la  Motte-Picquet,  petit-fils  de  M.  de  la 
Bellangerais.  Il  passa  ensuite  par  alliance  aux  de  la 
Motte-Picquet,  et  était  en  1783  aux  de  Talhouët  de 
Boisorhant*. 


N^  2.  Ancien  hôtel  de  la  Monneraie  de  Bourgneuf. 

—  Les  constructions  accessoires  élevées  dans  la  cour 
de  cet  hôtel  présentent  deux  grandes  consoles  en 
bois  à  volutes,  qui  soutiennent  le  premier  étage  ; 
ces  volutes  se  terminent  par  une  touffe  de  feuilles 
d'acanthe  enfermant  une  sorte  de  grappe  de  fruits. 

—  La  maison  que  cet  hôtel  a  remplacée  avait  été 
achetée  en  1346  par  le  chanoine  Boutier;  elle  était 
en  1466  aux  Leliepvre,  en  1480  aux  Regnaud,  en 
1491  aux  de  Champagne  de  la  Montagne,  qui  la  ven- 
dirent en  1 563  aux  Peschard.  Revendue  aux  Freslon 
de  la  Freslonnière  en  1586,  puis  aux  de  Poix,  elle 
passa  par  alliance  aux  de  la  Tourneraye  de  Trébe- 


1.  Les  Rues  de  Bennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  176,  1"  volume.  £•  40,  r*. 

3.  Ibid.,  175.  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville.  III,  52. 

4.  Arch.  mun.,  125.  —  Arch.  dép..  Etats  de  Bretagne,  C,  3328,  procès- 
verbal  de  Tincendie  de  1720,  p.  102.  —  W  carton  de  M.  de  la  Bigne.  — 
Annuaire  d'Ille-et-Vilaine,  de  Fr.  Simon,  année  1901. 


DAM.  —    212    — 

heuc,  qui  l'avaient  en  1620  et  la  vendirent  aux  du 
Tierry  de  Poigny;  ceux-ci  la  vendirent  en  1629  aux 
Gefflot  de  Marigné*.  Les  Gefflot  revendirent  Thôtel 
en  1712  pour  7,000  livres  aux  de  la  Monneraye 
de  Bourgneuf '. 

N**  6.  C'est  une  ancienne  maison  prébendale;  elle 
possède  des  poutres  apparentes  au-dessus  du  rez- 
de-chaussée  et  du  premier  étage  :  ces  dernières 
sont  soutenues  par  quatre  consoles,  dont  deux  sont 
chargées  d'écussons  ogivaux. 

N**  8.  Ancien  hôtel  de  Vauclerc,  de  Rosmadec  ou 
de  Molac,  puis  de  la  Hunaudaye  au  xvii*  siècle. 
—  Il  est  entièrement  en  granit  et  présente  un 
bandeau  mouluré  à  un  mètre  environ  au-dessus  du 
sol.  Une  petite  porte  en  anse  de  panier  est  orné 
à  son  sommet  de  moulures  creuses,  elle  était  autre- 
fois surmontée  d'une  archivolte  en  accolade^.  Les 
fenêtres  du  premier  étage  sont  garnies  d'appuis 
moulurés,  leurs  pieds-droits  sont  évidés  en  forme 
de  gorge.  Cet  étage  est  séparé  du  deuxième  par  un 
bandeau.  Les  fenêtres  du  deuxième  étage  ont  des 
pieds-droits  moulurés  qui  s'appuient  sur  le  ban- 
deau. Son  jardin  occupait  l'emplacement  du  n**  13  ^ 

Cet  hôtel  appartint  d'abord  à  Guillaume  le  Vayer 
de  la  Rivière,  qui  le  tenait  du  duc  en  1461  ^;  il  était 
en  1557  aux  le  Roy  du  Plessix-Raffray  ^,  et  en  1562 
aux  de  la  Motte-Vauclerc^;  Jeanne  de  la   Motte- 


1.  Arch.  dép..  Chapitre  de  Rennes,  G,  175  et  176,  1"  registre,  f»  83,  v. 
et  2«  reg.,  f-  29,  V,  et  30,  f. 

2.  Arch.  dép.,  Etats  de  Bretagne.  C,  3328.  procès-verbal  de  Tincendie 
de  1720,  p.  102.  -  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  22  octobre  1712. 

3.  Bulletin  de  la  Soc.  archéol.  d'IL-et-Vil.,  VI,  114. 

4.  Arch.  dép..  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  novembre   1658. 

5.  Bull,  de  la  Société  archéol.  d' II. -et- VU.,  VI,  114. 

6.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  176.  X"  volume.  f«  39,  V. 

7.  Arch.  m  un.,  323. 


—  21.S    —  DAM. 

Vauclerc,  veuve  de  Sébastien  de  Rosmadec  de  Mo- 
lac,  le  possédait  en  1621  *.  Jeanne-Pélagie  de  Rieux 
marquise  d'Assérac  et  baronne  de  la  Hunaudaye 
le  céda  par  voie  d'échange  aux  Champion,  qui  le 
vendirent  en  1659  pour  10,200  livres  à  Anne  Symon, 
veuve  de  Jean  Chape!  du  Hil,  d'  de  Tanouarn  de 
Couvran  '*.  Colle-ci  le  passa  aux  Chapel  de  Prossa^ 
et  du  Hil,  ses  enfants  du  premier  lit,  qui  le  possé- 
daient en  1690^.  Il  appartenait  enfin  en  1721  à  M.  de 
Villayers,  maitre  des  requêtes*. 

N**  10.  Ancien  hôtel  de  Freslon'^.  —  Il  se  compose 
d'un  corps  de  bâtiment  et  de  deux  ailes  renfermant 
une  cour  que  clôt  un  mur  du  côté  de  la  rue  ;  ce 
mur  est  surmonté  d'une  terrasse  et  percé  d'une 
porte  cochère  et  d'un  portillon,  Tun  et  Tautre  à 
plein  cintre.  On  en  voit  un  croquis  au  Musée 
archéologique.  L'hôtel  possédait  autrefois  des  pla- 
fonds peints  du  xvii*  siècle^. 

Il  occupe  l'emplacement  de  la  maison  au  Vicomte, 
qui  appartenait,  au  milieu  du  xV  siècle,  à  Jean 
Raguenel,  sire  de  Malcstroit,  vicomte  de  la  Bellière, 
maréchal  de  Bretagne;  Jean  Raguenel  fit,  en  1450, 
don  de  son  hôtel  aux  Carmes  qui  s'y  installèrent 
provisoirement,  jusqu'au  moment  où  ils  construi- 
sirent leur  couvent  de  la  rue  Vasselot^.  —  Après 
avoir  été  aux  de  Coëtlogon,   l'hôtel   fut  vendu,   en 


1.  Arch.  (lép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  174. 

2.  Arch.  dép..  Chapitre  de  Rennes,  G,  175.   —  Minutes   de   Bertelot, 
notaire  à  Rennes,  mars  1659. 

8.  Arch.  dép.,  Cliapitre  de  Rennes.  G,  191. 

4  Arcli.  dép..  Etats  de  Bretagne,  G,  33*38,  procès-verbal  de  Tincendie 
de  1720,  p.  10?. 

5.  Cadastre  de  1840. 

6.  Hull.  de  la  Société  archéoL  d* II.  et  Vil..  VI,  114. 

7.  Arch.  dép..  Carmes,  4.  —  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guil- 
lotin  de  Corson,  III,  123. 


DAM,  —   214    — 

i534,  par  les  du  Pont-Berranger  de  la  Chèze  aux  le 
Duc;  il  était,  en  1595,  aux  mains  des  Satin  de  la 
Teillaye.  Charlotte  de  Cornulier,  douairière  de 
Cicé,  Tacheta  en  1614  et  le  passa  par  succession 
aux  Champion  de  Cicé,  qui  le  vendirent,  en  1657,  à 
Françoise  Protêt,  marquise  Gédouin  de  la  Dobiais^ 
\\  fut  enfin  revendu  en  1671  aux  Freslon  de  la 
Touche-Trébry  2,  qui  le  possédaient  encore  en  1721  *. 

La  partie  Sud  de  Thôtel  passa  par  alliance  des 
Satin  aux  de  la  Belinaye  de  Racinoux  qui  l'avaient 
en  1620;  les  Rosnyvinen  du  Plessix-Bon-Enfant  le 
possédèrent  ensuite,  puis  les  de  Bégasson  de  la 
Ville-Guéhard,  et  enfin,  en  1674,  les  de  Château  neuf 
de  la  Mériais^ 

L'hôtel  portait  en  1786  le  nom  d'hôtel  de  Beauma- 
noir  ^. 

La  maison  qui  forme  Tangle  de  la  rue  des  Dames 
et  de  l'impasse  qui  borde  le  côté  Sud  de  la  cathé- 
drale s'appelait  autrefois  la  maison  blanche^;  le 
bureau  des  Postes  y  fut  établi  quelque  temps  "'. 

N**  12.  —  Le  trésorier  de  la  Cathédrale,  un  des 
grands  dignitaires  de  l'Eglise  de  Rennes,  possédait 
dès  le  xiii"  siècle  un  hôtel  situé  sur  l'emplacement 
de  cette  maison®.  La  maison  actuelle,  malgré  des 
reconstructions  très  importantes,  conserve  encore 
quelques  vestiges  de  l'ancienne  Trésorerie. 


1.  Arch.  dép.,  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Hennés,  mars  1658. 

2.  Arch.  dép..  Chapitre  de  Rennes,  G,  174,  f»  8,  r».  —  175.  -  et  176. 
1"  registre,  f»'  37,  v»,  et  38,  r*. 

3.  Arch.  dép..  Etats  de  Bretagne.  C,  3828,  procés-verbal  de  l'incendie 
de  1720,  p.  108.  —  Minutes  de  Bertelot,  notaire  à  Bennes,  mars  1657. 

4.  Arch.  dép..  Chapitre  de  Rennes,  G,  174,  f»  8,  v®,  —  175,  -  et  176, 
1«'  registre,  f»  39,  r*. 

5.  Bibl.  de  Rennes,  Plan  de  1786. 

6.  Cadastre  de  1840. 

7.  Arch.  dép..  Chapitre  de  Rennes,  G,  261.  Plan. 

8.  Pouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  I,  149. 


—    215    —  DAM. 

On  voit  sur  sa  face  Sud,  à  la  hauteur  du  premier 
étage,  une  pierre  blanche  sculptée  d'un  écusson 
ovale  que  surmonte  un  chapeau  épiscopal  avec 
des  cordons  à  trois  houppes  ;  Técusson,  complète- 
ment empâté  de  badigeon,  semble  contenir  un  lion  : 
au-dessous  de  lui  se  voit  une  coquille. 

La  face  Ouest  présente  au-dessus  d'une  porte  un 
écusson  en  granit,  entouré  d'un  motif  ogival  flam- 
boyant et  surmonté  d'une  moulure  destinée  à  le 
préserver  de  la  pluie;  les  armes  sont  celles  de 
Pierre  de  Bourgneuf,  trésorier  de  la  Cathédrale, 
mort  en  1523*  :  D'argent  au  sautoir  de  sable;  au 
franc-quartier  de  gueules  chargé  de  2  poissons  d'ar- 
gent posé  en  fasce. 

Une  salle  du  rez-de-chaussée  renfermait  la  cui- 
sine, une  vaste  cheminée  l'ornait  récemment  en- 
core. On  a  replacé  dans  le  mur  un  écusson  des  de 
Bourgneuf  semblable  au  précédent,  et  une  sculpture 
figurant  une  grosse  tête  humaine,  qui  avait  été 
employée  dans  les  matériaux  de  construction  de  la 
cheminée  et  a  été  découverte  tout  dernièrement.  — 
Les  autres  pièces  ont  conservé  de  belles  boiseries. 

A  l'Ouest  de  ce  bâtiment  s'élève  une  charmante 
maison  en  bois  du  xvi*  siècle,  comprenant  un  corps 
de  logis  en  saillie  et  un  autre  plus  petit  et  en  re- 
trait, qui  renferme  un  escalier;  l'un  et  l'autre  se 
composent  d'un  rez-de-chaussée  et  d'un  étage,  avec 
une  toiture  à  la  Nfansard  plus  récente. 

Le  rez-de-chaussée  de  la  partie  saillante  est  percé 
d'une  porte  étroite  et  d'une  grande  baie  qui  a  été 
retouchée.  La  porte  est  surmontée  d'un  linteau 
mouluré  et  d'une  imposte  dont  le  sommet  est  sou- 

1.  Fouillé  de  Rennes ^  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  I,  155,  — 
et  VI.  576. 


D\M.  —   216   — 

tenu  par  deux  corbeaux  de  bois,  ornés  de  feuillages; 
elle  est  accostée  à  droite  d'une  colonnette  et  à  gau- 
che d  un  pilastre.  La  colonnette  est  ornée  de  feuilles 
imbriquées;  sa  base  et  son  chapiteau  sont  polygo- 
naux, et  elle  présente  une  bague  à  son  centre.  Le 
pilastre  est  garni  de  moulures  :  trois  têtes  humaines 
juxtaposées  occupent  sa  partie  médiane,  Tune  est 
imberbe,  l'autre  porte  une  moustache,  et  la  troi- 
sième un  collier  de  barbe.  —  La  grande  baie, 
comme  la  porte,  présente  à  son  linteau  deux  cor- 
beaux de  bois  sur  lesquels  sont  sculptés  des  dra- 
gons :  elle  est  flanquée  d'un  côté  par  le  pilastre  qui 
vient  d'être  décrit,  et  de  Tautre  par  une  colonnette 
polygonale  imbriquée,  analogue  à  la  première.  — 
Ces  deux  colonnettes  et  le  pilastre  supportent  des 
médaillons  circulaires  dans  lesquels  sont  sculptés  un 
enfant  nu  tenant  un  bâton  à  la  main,  et  deux  bustes 
d'hommes  vus  de  profil.  Au-dessus  des  médaillons 
s'étendent  deux  rangées  de  poutres  moulurées  dont 
les  extrémités  sont  chargées  de  grotesques,  de 
feuillages  et  d'animaux. 

Le  premier  étage  se  compose  de  torchis  et  de 
bois  apparents  formant  losanges,  il  comprend  une 
large  fenêtre  restaurée;  quatre  colonnettes  analo- 
gues à  celles  du  rez-de-chaussée  sont  appliquées 
sur  le  mur;  deux  d'entre  elles  figurent  des  torsades, 
l'une  de  celles-ci  est  perlée  et  se  termine  en  tête  de 
lion.  Elles  sont  surmontées,  comme  à  l'étage  infé- 
rieur, de  médaillons  représentant  trois  têtes  hu- 
maines et  un  vase.  —  Enfin  deux  rangées  de 
poutres  moulurées  supportent  la  toiture. 

Cette  façade  fait  saillie,  avons-nous  dit,  sur  le 
reste  du  bâtiment;  son  côté  Sud,  qui  la  relie  à  la 
cage  de  l'escalier,  est  orné  au  rez-de-chaussée  d'une 


—   217    —  DAM. 

colonnette  torse  et  perlée,  munie  d'une  bague  et 
surmontée  d'une  chimère.  Une  fenêtre  remaniée 
a  conservé  deux  corbeaux  de  bois,  sculptés  de  deux 
dauphins.  —  Une  colonnette  analogue  se  voit  au 
premier  étage. 

La  cage  de  Tescalier  est  sans  ornements,  elle  se 
compose  seulement  d'un  torchis  avec  des  bois  ap- 
parents formant  losanges.  L'escalier  est  à  vis  et 
en  bois;  il  présente,  de  distance  en  distance,  des 
colonnettes  du  même  style  que  celles  de  la  façade. 

La  pièce  du  premier  étage  a  conservé  à  son  pla- 
fond les  armoiries  des  Huart  :  D'argent  au  corbeau 
de  sable  becqxié  et  membre  d'azur,  placées  sans  doute 
au  commencement  du  xvii*  siècle  par  le  trésorier 
François  Huart*.  —  Le  Musée  archéologique  pos- 
sède un  dessin  de  cette  maison. 

Un  petit  bâtiment,  au  Sud  de  la  cour,  présente 
sous  sa  toiture  des  corbeaux  de  pierre  assez  élé- 
gants. (Voir  n**  6,  rue  du  Griffon.) 

Avant  que  le  Parlement  fût  sédentaire,  son  pre- 
mier président  fut  logé  à  la  Trésorerie  pendant  le 
cours  de  plusieurs  sessions  2. 

Il  convient  enfin  de  citer  près  de  là,  en  1670,  la 
«  maison  où  pendait  la  Licorne ,  »  située  près  de 
Saint-Pierre,  touchant  la  Trésorerie  et  le  cimetière 
de  la  Cathédrale,  et  joignant  par  derrière  la  rue  du 
Griffon  ^. 


1.  Fouillé  de  Rennes,  par  le  chanoine  Guillotin  de  Corson,  I,  149. 

2.  Arch.  mun..  Comptes  des  Miseurs  de  1528,  2»  registre,  f«>»  53,  v«,  et 
suivants,  —  et  1532,  {•  43,  r*. 

3.  Arch.  dép.,  Chapitre  de  Rennes,  G,  190. 


XXXIII 


20 


DKK.  —    218   — 

Rue  Derval  (Canton  N.-E.). 

Cette  rue  existait  dès  le  xv*"  siècle,  elle  reliait 
primitivement  en  ligne  droite  la  rue  Saint-Georges 
à  la  place  Saint-Germain.  (Voir  rue  de  Corbyi.)  On 
suppose  qu'elle  porte  le  nom  d'Henry  du  Parc, 
s*"  de  Combourg  et  de  Derval,  capitaine-gouverneur 
de  Rennes  de  1418  à  1426*;  nous  remarquerons 
toutefois  que  la  maison  formant  autrefois  Tangle  de 
cette  rue  et  de  la  rue  de  Corbin  était  habitée  en 
1455  par  un  Robin  Derval  2.  —  La  rue  fut  aussi 
appelée  rue  d'Alençon,  à  cause  du  voisinage  de  la 
maison  du  four  d'Alençon  (n^  14). 

N**  1.  C'est  une  maison  sans  autre  caractère 
qu'une  porte  cintrée  surmontée  d'un  œil-de-bœuf, 
et  des  fenêtres  jumelles  ornées  d'un  appui  mouluré 
en  bois;  elle  appartenait  en  1721  au  s'  Maugendre'\ 

Le  Cimetière  de  Saint-Germain  se  trouvait  jus- 
qu'en 1635  sur  la  place  Saint-Germain  (voir  cette 
place);  il  fut  transporté  à  cette  époque  à  l'Ouest  de 
la  rue  Derval,  entre  l'église  et  le  n**  1  ;  une  cha- 
pelle s'élevait  à  l'angle  Nord-Est  du  cimetière,  son 
abside  bordait  la  rue  ;  cette  chapelle,  placée  sous  le 
vocable  de  N.-D.  des  Neiges,  tomba  de  vétusté  au 
xvii®  siècle;  relevée  en  1681,  elle  semble  avoir  été 
abandonnée  dès  le  commencement  du  xviii*  siècle*. 

On  voit  au  bas  de  la  rue,  du  côté  Est,  devant  le 
chevet  de  l'église  Saint-Germain  et  dans  une  dépen- 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe. 

2.  Arch.  dép.,  Réformationi  da  domaine  de  Rennes  de  1455.  fo  161,  r®, 
et  168.  V. 

3.  Arch.  dép.,  Etats  de  Bretagne,  C,  3928,  procès-verbal   de  Tincendie 
de  1720,  p.  33. 

4.  Pouillé  de  Rennes,  par  l**  chanoine  Guillotin  de  Corson.  V,  631. 


—    219   DEH. — PIN. 

dance  du  n**  1  de  la  rue  de  Corbin,  une  fenêtre  en 
granit  sculpté,  ornée  d'un  appui  mouluré  et  d'une 
archivolte  prismatique  que  surmontent  de  chaque 
côté  deux  choux  frisés;  un  panache  en  couronnait 
autrefois  le  sommet. 

N"  4  et  6.  Ancien  hôtel  du  Crévy,  —  C'est  une 
construction  sans  caractère  et  totalement  délabrée, 
son  portail  d'entrée  est  à  joints  ouverts.  Il  apparte- 
nait en  1658  aux  Roger  du  Crévy*,  qui  le  vendirent 
aux  Duclos  en  17192. 

N"  10.  Le  linteau  de  sa  porte  d'entrée  présente  la 
date  de  1664  entre  les  deux  monogrammes  I  H  S 
et  M  et  A  entrelacés. 

N"  14.  Maison  d'Alençon  ou  du  four  d'Alençon^.  — 
Cette  maison,  citée  dès  le  xv®  siècle,  possédait  un 
four  banal  *  ;  on  l'appelait  aussi  four  de  Fougères 
comme  relevant  de  la  seigneurie  de  Fougères*. 

On  voyait  aussi  dans  la  rue  au  xvii®  siècle  l'au- 
berge  de  la  Rivière  ^j  et  en  1774  le  Petit  hôtel  du 
Crévy  ^. 

Rue  de  Dinan  (Canton  N.-O.). 

Cette  rue,  citée  dès  le  xiv*  siècle,  portait  jusqu'en 
1892  le  nom  de  rue  Basse,  par  opposition  à  la  rue 
Haute  (rue  Saint-Malo)  8.  Avant  la  Révolution,  on  la 
divisait  en  deux  tronçons  :  le  premier  s'étendait  du 
carrefour  Jouaust  à  l'ancienne  église  Saint-Etienne 


1.  Arch.  dép.,  Minâtes  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  nov.  1658. 

2.  Arch.  dép.,  Min.  le  Barbier,  notaire  à  Rennes,  13  nov.  1719. 

3.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  ("  311,  r». 

4.  Arch.  dép.,  Dominicain»,  1  et  21. 

5.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1455,  fo  170,  vo. 
6   Arch.  dép.,  Minutes  de  Gohier,  notaire  à  Rennes,  1669. 

7.  Arch.  dép..  Saint- Georges,  140. 

8.  Arch.  dép.,  Evêché  de  Rennes,  G,  41,  p.  70. 


DiN,  _  220  — 

et  s'appelait  au  xvii*  siècle  rue  de  la  GarouZais,  du 
nom  d^une  maison  dont  nous  parlerons  plus  bas,  et 
à  la  fin  du  xviii"  siècle  rue  Basse  Saint-Etienne;  — 
le  deuxième  tronçon,  depuis  l'ancienne  église  jus- 
qu'au pont  Saint-Martin,  s'appelait  simplement  rue 
Basse  * . 

La  rue  traverse  des  terrains  fort  habités  déjà  à 
l'époque  gallo-romaine;  le  mur  découvert  par  le 
président  de  Robien  (voir  au  Préambule)  passait  à 
l'Est  de  la  rue,  dans  les  jardins  compris  entre  la 
rue  Saint-Louis  et  la  rue  d'Echange;  on  a  aussi 
trouvé  en  1853  un  mur  en  briques  gallo-romaines 
qui  s'étendait  de  la  rivière  d'IUe  à  la  rue  Saint-Malo, 
en  traversant  un  jardin  de  la  rue  de  Dinan,  voisin 
de  la  ruelle  des  Chapeliers  (voir  plus  bas)*;  enfin, 
les  traces  d'une  conduite  d'eau  en  terre  cuite,  de  la 
même  époque,  ont  été  rencontrées  en  1882  sous 
les  n**'  2  à  6,  et  plus  au  Nord,  sur  une  centaine  de 
mètres,  jusqu'au  bas  du  placis  de  l'ancienne  église 
de  Saint-Etienne  3. 

Les  tuyaux  de  la  conduite  d'eau  du  xvi*  siècle  pas- 
saient dans  les  jardins  des  maisons  Est  de  la  rue, 
entre  elle  et  la  rue  Saint-Malo  *. 

N**  1.  Hôtel  des  Trois-Maures.  —  L'hôtellerie  des 
Trois-Maures  existait  déjà  en  cet  endroit  en  1596^- 
on  y  voit  au  premier  étage  deux  fenêtres  jumelles 
avec  appui  de  bois  godronné.  Les  Augustins  ache- 
tèrent cette  maison  aux  Dondel.du  Teil  en  1688  ^ 
dans  l'intention  d'établir  sur  son  emplacement  l'en- 


1.  Les  Rues  de  Rennes,  par  L.  Decombe  :  Rue  Basse. 

2.  Procés-verb.  de  la  Société  archéol.  d'Ille-et-Vil.  de  1844  à  1858,  p.  92. 

3.  Bulletin  de  la  Société  archéol.  d'Il.-et-Vil.,  t.  XV,  2«  partie,  p.  325 
et  510,  —  et  t.  XVI,  l^*  partie,  p.  ixvi. 

4.  Arch.  mun.,  Comptes  des  Miseurs  de  1524,  f®  1,  ro,  —  et  de  1599. 

5.  Arch.  dép.,  Augustins,  1  et  2. 

6.  Arch.  dép.,  Min.  de  Bertelot,  notaire  à  Rennes,  3  mai  1688. 


—   221    —  DIN. 

trée  principale  de  leur  couvent*.  Un   puits   public 
existait  devant  elle  au  xvii*  siècle^. 

Au  Nord  de  l'hôtellerie  des  Trois-Maures  se  trou- 
vait, au  xvii*  siècle,  la  maison  de  Mantibus^;  elle 
appartenait  aux  le  Roy  de  Laubannière  en  1627  et 
en  1662*.  Peut-être  y  aurait-il  lieu  de  faire  un  rap- 
prochement entre  le  nom  de  cette  maison  et  celui 
de  Tile  Mathibus,  située  entre  la  rue  et  le  faubourg 
de  Brest. 

Au  Nord  était  la  maison  de  MilliaSj  citée  en  1586 
et  détruite  dès  1673  ^ 

Au  Nord  encore  se  voyait  la  maison  de  V Etang, 
qui  appartint  d'abord  aux  Tituan,  puis  aux  le  Duc, 
qui  la  vendirent  en  1593  aux  Bernard  des  Broces; 
ceux-ci  la  vendirent  à  leur  tour,  en  1649,  aux  Pau- 
chet  de  Cramon  qui  la  possédaient  encore  en  1723; 
elle  était  en  1776  au  sieur  Gilbert,  droguiste  ^ 

N**  9.  Emplacement  de  la  maison  de  la  Garoulais.  — 
Elle  a  été  démolie  vers  1880;  une  photographie  do 
cette  époque  montre  une  tourelle  polygonale  dans 
l'angle  de  deux  bâtiments  en  retour  d'équerre;  cette 
tourelle  renfermait  l'escalier;  sa  porte,  en  anse  de 
panier,  était  surmontée  d'un  écusson  en  accolade; 
on  voyait  au-dessus  d'elle  une  lucarne  et  une  fenêtre 
cintrées;  des  ouvertures  rectangulaires  à  arêtes 
rabattues  étaient  pratiquées  dans  les  autres  pans 
de  la  tourelle.  Un  des  bâtiments  possédait  au  rez- 
de-chaussée  une  grande  cheminée  à  linteau  sculpté, 
avec  un  manteau  orné  de  trois  pilastres"^.  —  Les 

1.  Ârch.  man.,  299. 

2.  Ârch.  dép.,  Héformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f»  56,  yo. 

3.  Ârch.  dép.,  Eglises  paroissiales,  G,  527.  —  Âagustins,  1  et  3. 

4.  Ârch.  dép.,  Evècbé  de  Rennes,  G,  41,  p.  174  et  175. 

5.  Ibid.,  p.  171  et  172. 

6.  Ibid.,  p.  161  à  164. 

7.  Communication  de  M.  (^él.  Petit. 


DiN.  —  222  — 

dépendances  de  la  Garoulais  s'étendaient  jusqu'au 
n'^  23. 

Cette  maison,  après  avoir  appartenu  aux  Chau- 
chard,  passa  par  alliance  aux  de  Guigny  vers  1572* 
et  était  encore  entre  leurs  mains  en  1602 -;  les 
Huart  la  possédaient  en  1627  et  en  1718';  on  l'avait 
transformée  en  maison  de  santé  lors  de  l'épidémie 
de  1631  *, 

Tout  à  côté  était  la  maison  de  Bellestre,  qui  passa 
par  alliance,  en  1564,  des  Bouesnon  aux  de  la  Haye, 
et  appartenait  en  1575  à  Jean  de  Guigny  et  à  Per- 
ronne  Chauchart,  sa  femme  ^;  elle  était,  en  1650, 
aux  Brandin.  (Voir  plus  bas  :  le  Plessix-Goirc.) 

N**  49.  Vers  l'emplacement  de  cette  maison,  «  à 
«  vis  le  cimetière  Saint-Etienne,  »  se  trouvait  la 
maison  des  prêtres  et  officiers  de  la  paroisse^. 

Tout  à  côté  était  la  maison  de  la  Jousselinaye,  ap- 
partenant au  xvi®  siècle  aux  Tremblay;  ceux-ci  la 
vendirent  à  Perronnelle  Chauchart,  d"  de  la  Ville- 
du-Bois  et  de  la  Haute-Touche,  qui  la  vendit  à  son 
tour  aux  Dominicains  en  1578';  les  Dominicains 
l'avaient  encore  en  1718®. 

Près  de  là  se  trouvaient  aussi  les  maisons  du 
Grand  et  du  Petit  Plessix-Goiré^  dont  les  jardins 
descendaient  jusqu'à  la  rivière.  Le  Grand  Plessix- 
Goiré  appartenait,  au  milieu  du  xvi®  siècle,  aux  Hu- 


1.  Arch.  dép-,  Dominicains,  21. 

2.  Arch.  mun.,  323. 

3.  Arch.  dép.,  Dominicains,  14.  —  Réformation  du  domaine  de  Rennes 
de  1646,  f-  57,  V. 

4.  Bulletin  de  la   Société  archéol.  d'il. -et- Vil.,  t.   XVII,   1'*  partie, 
p.  XII,  —  et  t.  XXVI,  p.  109. 

5.  Arch.  dép.,  Evcché  de  Rennes,  G,  41,  p.  152  et  153. 

6.  Arch.  dép..  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  {•  58,  r*. 

7.  Arch.  dép.,  Dominicains,  14,  21  et  27.  —  Ëvêché  de  Rennes,  G,  41, 
p.  119. 

8.  Arch.  dép.,  Dominicains,  14, 


—  223  —  DiN. 

bert;  il  passa  par  alliance  aux  Blandin,  qui  le  ven- 
dirent aux  Mellet  en  1576*;  en  1650,  il  fut  vendu  par 
Hyérosme  Gouyon  de  Grandmaison  et  Jeanne  Goiré, 
sa  femme,  à  Yvonne  le  Mestayer,  veuve  de  Siméon 
Brandin  de  Bellestre,  conseiller  au  Parlement. 
Celle-ci  voulut  y  fonder,  en  1652,  un  établissement 
destiné  à  recueillir  des  filles  repenties,  mais  ce  pro- 
jet ne  fut  pas  mis  à  exécution^.  Le  Plessix-Goiré 
était,  en  1718,  aux  Pouquet  de  la  Bouchesollière, 
qui  le  passèrent  par  alliance  aux  Baron  de  Ros; 
ceux-ci  le  vendirent  en  1773  au  s'  Sagnier,  peintre  3. 
Au  Nord  du  Plessix-Goiré  se  voyait  la  maison 
du  Pré'Lavaly  qui  possédait  une  cheminée  surmon- 
tée d'un  tableau  représentant  Vulcain;  son  jardin 
renfermait  un  cabinet  en  forme  de  pavillon  et  un 
bassin  de  plomb  muni  d'un  jet  d'eau.  —  Le  Pré- 
Laval, après  avoir  appartenu  aux  Languedoc,  passa 
par  alliance  aux  Bossart  du  Clos\  qui  le  vendirent 
en  i663  aux  de  Racinoux;  il  fut  revendu  en  1732  aux 
Dubois,  qui  le  transmirent  par  alliance  aux  Gault  de 
la  Galmandière  ;  ces  derniers  le  possédaient  en  1788^. 


Du  côté  Est  de  la  rue,  on  trouve  à  Tencoignure 
de  la  rue  Saint-Louis  la  maison  du  four  à  ban  de 
lévêque,  (Voir  n**  42,  rue  Saint-Louis.) 

Au  Nord  du  four  était  le  jardin  du  couvent  des 
Minim.es. 

En  1665,  Charles  de  la  Vieuville,  évéque  de  Ren- 
nes, acheta  aux  Aulnette  de  la  Gravelais  deux  mai- 
sons avec  jardins  et  orangerie  situées  à  l'angle  de 

1.  Ârch.  dép.,  Evèché  de  Rennes,  G,  41,  p.  89  et  91. 

2.  Arch.  dép.,  Bon-Pasteur,  4.  —  Arch.  mun.,  815  et  501,  délibération 
du  27  mars  1654.  —  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  62. 

8.  Arch.  dép.,  Evêché  de  Rennes,  G,  41,  p.  94  et  95. 

4.  Arch.  dép.,  Réformation  du  domaine  de  Rennes  de  1646,  f*  59,   r«. 

5.  Arch.  dép.,  Evêché  de  Rennes,  G,  41,  p.  85  à  88 


DiN.  —  224  — 

la  rue  d'Echange,  pour  y  installer  le  Grand  Sémi' 
naire  qu'il  venait  de  fonder.  L'une  de  ces  maisons 
fut  reconstruite  en  1671  *  ;  c'est  là  que  fut  le  Grand 
Séminaire  jusqu'en  1739*;  depuis  la  Révolution  jus- 
qu'en 1899,  date  de  sa  démolition,  on  en  fit  une  an- 
nexe de  VHôpital  militaire.  Cette  maison  se  compo- 
sait d'un  grand  bâtiment  avec  un  rez-de-chaussée, 
deux  étages  et  des  mansardes;  le  rez-de-chaussée 
servait  de  chapelle^;  chaque  étage  avait  neuf  fenê- 
tres, celles  du  premier  et  du  deuxième  étaient  pe- 
tites, presque  carrées  et  munies  de  grilles. 

Ancienne  église  paroissiale  de  Sain f -Etienne  et  son 
cimetière,  (Voir  rue  d'Echange.)  Près  d'elle  se  trou- 
vait une  pompée 

Entre  les  n*"*  40  et  42  se  voit  la  vieille  ruelle  des 
Chapeliers^  qui  débouche  dans  la  rue  Saint-Malo. 

Vers  le  n^  54  était  la  m,aison  de  la  Vacheraye,  qui 
appartenait  au  Chapitre  et  dépendait  de  la  chapelle- 
nie  de  la  Vacheraye  ou  Vacherie^;  le  Chapitre  la 
louait  en  1751  à  un  jardinier^. 

Entre  les  n""'  60  et  62  commence  la  vieille  ruelle 
aux  Chevaux  qui,  comme  la  précédente,  débouche 
dans  la  rue  Saint-Malo. 

Nous  parlerons  enfin,  en  traitant  de  la  rue  Saint- 
Malo,  de  l'ancien  hôpital  de  Sainte-Marguerite,  situé 
à  la  jonction  des  deux  rues. 

Paul  BANÉAT. 

(^4  stiiçre,) 


1.  Ârch.  dép..  Grand  Séminaire,  G.  383.  —  Pouillé  de  Rennes,  par  le 
chanoine  Guillotin  de  Gorson,  III,  444. 

2.  Histoire  de  Rennes,  par  Marteville,  III,  64. 

3.  Arch.  dép.,  Grand  Séminaire,  G,  381. 

4.  Arch.  man..  Comptes  des  Miseurs  de  1598. 

5.  Ârch.  dép.,  Minutes  d'André,  notaire  à  Rennes,  1667. 

6.  Arch.  dép. y  Chapitre  de  Rennes,  G,  235. 


AHADRY  DE  FARCY  DE  SAINT- LAURENT 


LIEUTENANT-GÉNÉRAL  HANOVWEN 


(16S2-1729) 


D'après  de  nouveaux  documents  français   et  allemands. 


L'officier  général,  dont  la  biographie  fait  le  sujet 
de  cette  étude,  a  laissé  en  PYance  si  peu  de  traces 
de  son  existence  que  les  généalogistes  qui  se  sont 
occupés  de  la  famille  de  Parcy  l'ont  à  peu  près 
négligé  ou  n'ont  fourni  sur  lui  que  de  brefs  rensei- 
gnements, en  partie  inexacts.  M,  Paul  de  Farcy,  le 
dernier  et  certes  le  mieux  informé  de  tout  ce  qui 
concerne  cette  belle  et  nombreuse  maison,  n'a  pas 
été  beaucoup  plus  documenté  que  ses  devanciers. 

D'heureux  hasards  et  un  peu  d'audace  nous  ont 
permis  d'être  mieux  renseigné  :  nous  n'avons  pas 
hésité  à  faire  appel  aux  autorités  et  aux  dépositai- 
res publics  de  la  partie  de  l'Allemagne  que  le  lieu- 
tenant-général de  Saint-Laurent  avait  habitée  :  cet 
appel  a  été  favorablement  entendu.  Un  descendant 
de  la  fille  d^Amaury  de  Parcy  qui  s'était  alliée  à 
une  famille  de  ce  pays  a  bien  voulu  se  meltre  en 
rapports  avec  nous  et  nous  ouvrir  libéralement  ses 
archives  privées.  Aux  Archives  d'Ille-et-Vilaine, 
nous  avons  découvert  une  correspondance  et  quel- 
ques actes  notariés  dont  nous  nous  sommes  ample- 

XXXIII  21 


—  220  — 

ment  servi.  C'est  ainsi  que  nous  avons  pu  réunir 
des  documents  puisés  aux  sources  les  plus  sûres 
et  ressusciter,  pour  ainsi  dire,  une  figure  intéres- 
sante pour  riiistoire  générale,  intéressante  surtout 
pour  la  Bretagne  où  tant  de  membres  de  la  branche 
de  Saint-Laurent  ont  vécu.  C'est  pour  nous  un  très 
agréable  devoir  d'offrir  nos  bien  sincères  remercie- 
ments à  M.  le  directeur  général  des  Archives 
royales  de  Hanovre,  à  M.  le  directeur  du  Cercle 
d'Uezeln,  aux  autorités  d'Oldenstadt,  à  M.  de  Es- 
torff,  à  M.  Parfouru,  archiviste  de  ce  département. 
Sans  leur  bonne  grâce  et  leur  intelligent  concours, 
nous  n'aurions  pu  ajouter  que  bien  peu  de  choses 
aux  données  de  nos  prédécesseurs  K 
Nous  rappellerons  que  la  famille   Farcy  ou    de 


1.  Voici  les  principales  sources  de  notre  travail  : 

—  Généalogie  de  la  famille  de  Farcy,  par  M.  Paul  de  Farcv,  Laval, 
1891,  in-4o. 

—  Une  mésalliance  dans  la  maison  de  Brunzwick,  Eléonore  Des- 
mier  d'Olbreuse,  duchesse  de  Zell,  par  le  vicomte  Horric  de  Beaucaire, 
Paris,  1884,  in-8-. 

—  Art  de  vérifier  les  dates,  3«  édition,  in-f»,  tome  III. 

—  Biographie  du  lieutenant-général  de  cavalerie...  Amaur  y  de  Farcy 
de  Saint-Laurent  (en  allemand),  par  le  général  de  EstorlT  {Neues  Vater- 
laendisches  Archiv  [noavelles  arcliives  nationales],  4*  cahier  de  18i25.  — 
Lunebourg,  18%,  in-l*2.  pp.  217  et  s.) 

—  Papiers  de  la  famille  de  Farcy  (Archives  d'Ille-et- Vilaine,  série  E). 

—  Documents  officiels  et  généalogiques  (Archives  royales  de  Hanovre). 

—  Documents  officiels  et  de  famille  (Archives  privées  de  la  famille  de 
Ëstorff),  au  château  de  Veersen,  prés  Oldenstadt  (Hanovre).  —  Archives 
paroissiales  de  Ebstorf  {id.). 

C'est  à  rinitiative  obligeante  de  M.  le  directeur  général  des  Archives 
de  Hanovre  que  nous  devons  de  connaître  le  pieux  hommage  —  si  pré- 
cieux pour  notre  travail  —  rendu  par  le  général  de  Estorff  à  la  mémoire 
de  son  ancêtre,  le  lieutenant-général  de  Farcy. 

Nous  ne  citons  pas,  au  nombre  de  nos  sources,  la  France  protestante  : 
les  auteurs  de  cette  importante  publication  n'ont  presque  rien  connu  de 
la  vie  d'Amaury  de  Farcy  :  ils  ont  été  si  mal  informés  qu'ils  l'ont  fait 
entrer  au  service  du  duc  de  Zell  en  1686,  rentrer  en  France  d&ns  les  pre- 
mières années  du  xviii*  siècle  et  abjurer  le  protestantisme,  le  confon- 
dant avec  quelqu'un  de  ses  parents.  La  même  donnée  erronée  se  retrouve 
dans  V  Essai  sur  Vhistoite  des  Eglises  réformées  de  Bretagne  y  de  M.  le 
pasteur  Vaurigaud. 


—  227  — 

Farcy  *,  originaire  de  Normandie,  comptait,  à  la  fin 
du  xvi*  siècle,  deux  branches  portant  le  nom  terrien 
de  Paisnel  :  la  cadette,  la  seule  dont  nous  ayons  à 
nous  occuper,  avait  pour  chef  Annibal,  écuyer,  sei- 
gneur de  Saint-Laurent,  en  dernier  lieu  procureur 
fiscal  et  général  des  eaux  et  forêts  du  Comté  de 
Laval  et  zélé  huguenot,  comme  la  plupart  des  of- 
ficiers de  cette  maison-.  De  son  mariage  avec 
Guyonne  de  Launay  naquirent  onze  enfants,  parmi 
lesquels  cinq  fils  qui  furent  les  auteurs  dautant  de 
branches  dont  trois  subsistent  encore,  celles  de  la 
Villedubois,  de  Pontfarcy  et  de  Cuillé  :  cette  der- 
nière n'est  plus  représentée  que  par  les  rameaux  de 
la  Beauvais  et  du  Roseray. 

Celle  de  Saint-Laurent  a  eu  pour  chef  François- 
Annibal,  écuyer,  qui  fut  aussi  seigneur  du  Rocher- 
Portal  et  de  Kerleau,  D'abord  chevau-léger  dans  la 
compagnie  du  comte  de  Blain,  puis  gendarme,  capi- 
taine dans  le  régiment  de  la  Trémoille,  enfin  de 
1654  à  1685  gouverneur  de  la  ville  et  du  château  de 
Vitré  ^,  il  fut  aussi  Tun  des  afféagistes  associés  pour 
l'exploitation  de  la  forêt  et  des  forges  de  Brécilien 
(Paimpont).   Appartenant,   comme   son    père,    à  la 


1.  Dans  l'origine,  ce  nom  patronymique,  comme  celui  d'un  certain 
nombre  d'autres  familles  incontestablement  nobles,  n'était  pas  précédé 
de  la  particule  qui  a  été  généralement  adoptée  dans  la  seconde  moitié  du 
XYU'  siècle.  Les  Farcy  l'avaient  prise  beaucoup  plus  tôt,  et,  sans  sortir 
de  la  brancbe  de  Saint- Laurent,  nous  voyons  «  Hannibal  de  Farcy,  » 
grand-pére  d'Amaury,  désigné  ainsi,  en  1612,  dans  les  registres  protes- 
tants de  Poligny.  Il  nous  a  paru  plus  régulier  de  donner  la  particule  à 
son  petit-flls,  comme  la  lui  donnaient  les  notaires  aux  actes  desquels  il 
comparaissait,  quoiqu'elle  ne  figure  pas  toujours  dans  sa  signature  et 
que  les  documents  officiels  allemands  l'aient  omise. 

2.  Généalogie,  pp.  251-252.  —  Ânnibal  de  Farcy,  décédé  le  18  septem- 
bre 1650,  fut  inhumé  dans  le  cimetière  des  protestants  de  Vitré. 

3.  Une  pièce  de  famille  fait  connaître  que  François  de  Farcy  père  a 
remis  entre  les  mains  du  duc  de  la  Trémoille,  le  30  août  1685,  sa  dé- 
mission de  la  charge  de  gouverneur  en  faveur  de  son  jeune  fils. 


—  228  - 

religion  réformée,  il  épousa  au  temple  de  Poligny, 
près  Laval,  le  28  juin  1635,  une  de  ses  corréligion- 
naires,  Claude  Uzille,  à  laquelle  il  survécut  près  de 
trente  ans  et  qui  lui  donna  plusieurs  filles  et  fils'. 
L'aîné  de  ceux-ci,  Jacques^  seigneur  du  Rocher, 
conseiller  au  Parlement  de  Bretagne,  n'eut  qu'un 
fils  qui  mourut  sans  héritiers  mâles;  le  second, 
Jean-Baptiste,  seigneur  de  Saint-Laurent  et  de  Ker- 
lean,  continua  la  postérité  qui  ne  s'est  éteinte  qu'au 
XIX*  siècle^;  le  troisième  fut  Amaury,  à  qui  nous  al- 
lons revenir;  le  dernier,  François,  ne  laissa  de  deux 
mariages  que  des  filles. 


I 


S'il  faut  en  croire  la  biographie  allemande  que 
nous  avons  sous  les  yeux  et  qui  a  reproduit  sans 
doute  une  tradition  de  famille,  Amaury  de  Farcy  est 
né  à  Vitré  en  1652.  Il  n'y  a  pas  été  baptisé,  du  moins 
les  registres  de  l'église  réformée  de  cette  ville,  ré- 
gulièrement tenus  jusqu'en  1685,  ne  contiennent  au- 
cun acte  qui  lui  soit  applicable.  Il  est  possible  que 
son  baptême  n'ait  pas  été  enregistré,  ou,  ce  qui  est 
beaucoup  plus  probable,  qu'il  lui  ait  été  administré 
ailleurs.  Quant  à  son  prénom  qui  n'a  été  porté  avant 
lui  par  aucun  membre  de  sa  famille,  nous  inclinons 
à  penser  qu'il  lui  a  été  donné  par  Amaury  du  Matz, 


1.  Généalogie,  pp.  838  et  suivantes.  —  Claude,  l'une  des  filles,  épousa, 
par  contrat  du  6  novembre  1668.  Olivier- François  du  Groesquer.  Deux  de 
leurs  fils  eurent  à  se  louer,  dans  une  circonstance  importante,  de  Tinter- 
vention  de  leur  oncle  Amaury,  ainsi  qu'on  le  verra  dans  cette  notice. 

2.  Le  dernier  représentant  mâle  de  cette  branche  a  été  M.  Amaury 
Annibal  de  Farcy  de  Saint-Laurent,  mort  à  Batavia  en  1858  ou  1859.  11 
ne  laissait  qu'une  sœur,  M"«  de  Gâcon,  décédée  à  Pondichéry  le  8  mai 
1868. 


Amaury  de   FARCY    de  SAINT-LAURENT 

t-GÈ(jEral  Hanovrcën 

(1652-1729) 


D'après  le  portrait  original  à  l'huile,  de  grandeur  oaturelle,  couKrvé  lu  ehiteso  de  Vetrsen  (Hanovrel, 


—  229  — 

vicomte  de  Terchant,  dont  le  père  avait  été  gouver- 
neur de  Vitré  et  qui  fut  inhumé  en  cette  ville  en 
1661  *.  Si  ce  parrain  que  nous  lui  supposons  était 
aussi  fougueux  protestant  que  son  aïeul,  le  célèbre 
huguenot,  Jean  du  Matz  de  Montmartin,  il  a  pu 
exercer,  à  ce  point  de  vue,  une  influence  détermi- 
nante sur  son  filleul  qui,  seul  de  ses  frères,  n'a  pas 
abjuré  les  doctrines  de  la  Réforme. 

Si  nous  n'avons  pas  la  preuve  authentique  qu'il 
ait  vu  le  jour  à  Vitré,  tout  porte  à  croire  qu'il  y  a 
passé  les  années  de  son  enfance  et  de  sa  première 
adolescence,  qu'il  a  grandi  dans  le  vieux  château 
dont  son  père  a  eu  le  commandement  officiel  dès 
1654.  C'est  de  là  qu'il  est  parti  à  l'âge  de  seize  ans 
pour  commencer  sa  carrière  militaire  si  mouve- 
mentée. Attiré,  par  une  vocation  irrésistible,  vers 
la  carrière  des  armes  et  ne  voulant  pas,  comme 
d'autres  membres  de  sa  famille,  rentrer  dans  le  gi- 
ron de  l'Eglise  catholique,  il  se  décida  à  s'expatrier 
et  à  offrir  ses  services  à  un  souverain  protestant  : 
les  petites  Cours  allemandes  accueillaient  volontiers 
leurs  corréligionnaires  français. 

En  1668,  son  père  lui  permit  de  s'embarquer  pour 
la  Hollande  et  de  se  rendre  à  La  Haye,  où  résidait 
Guillaume  do  Nassau,  prince  d'Orange,  futur  stad- 
thouder,  futur  roi  d'Angleterre,  âgé  seulement  de 
dix-huit  ans  :  il  ne   s'y   arrêta  pas  longtemps*.  Le 

1.  Paris-Jallobert,  Eglise  protestante  de  Vitré,  1890,  in-8»,  p.  112. 

2.  La  biographie  allemande  place  ce  premier  départ  en  1672,  en  se 
fondant  sur  le  pnipre  récit  d'Amaury  de  Farcy  :  nous  n*avons  pu  accep- 
ter cette  affirmation  en  présence  d'un  document  authentique  qui  fixe  une 
date  plus  ancienne.  En  efTet,  au  préambule  de  Tarrét  de  maintenue  rendu 
au  profit  de  la  famille  de  Farcy  par  la  chambre  de  réformation  de  la 
noblesse  en  Bretagne,  le  19  octobre  1668.  dan^  l'énumération  des  fils  de 
François  de  Farcy.  seigneur  de  Saint-Laurent,  et  de  Claude  Uzille,  on 
trouve  le  futur  lieutenant-général  ainsi  qualifié  :  «  Amaury,  écuyer, 
page  de  Monseigneur  le  Iqndgrave  de  Hesse.  »  Il  était  donc  en  Allé- 


—  230  — 

prince  de  Tarente,  fils  du  baron  de  Vitré,  investi 
Tannée  précédente  du  commandement  de  la  cava- 
lerie hollandaise  et  du  gouvernement  de  Bois-le- 
Duc,  n'était  pas  à  même  sans  doute  de  l'employer 
sous  ses  ordres*;  il  le  servit  tout  de  même  utile- 
ment, car  ce  fut  certainement  à  sa  recommandation 
ou  à  celle  de  sa  femme  qu'Amaury  dut  d'être  agréé, 
en  qualité  do  page  de  la  Cour  et  de  la  Vénerie,  par 
leur  neveu  Guillaume  VII,  landgrave  de  Hesse- 
Gassel,  à  qui  succéda,  en  1670,  son  frère  Charles  ^ 
Le  protégé  du  prince  et  de  la  princesse  de  Tarente 
quitta  le  service  du  landgrave  en  1674  pour  s'en- 
rôler sous  les  drapeaux  du  duc  de  Brunswick-Zell, 
chaudement  recommandé  par  la  maison  d'Orange  et 
attiré  par  la  faveur  dont  jouissaient  à  cette  Cour  les 
gentilshommes  français  qui  professaient  le  culte 
réformé.  Singulière  histoire  que  celle  de  ce  petit 
souverain  et  de  sa  postérité  !  Plus  singulière  encore 
celle  de  la  femme  qu'il  avait  associée  à  sa  vie  et 
qu'il  associa  plus  tard  à  sa  couronne  ! 


magne  en  1668.  Faut-il  admettre  qu*après  un  premier  séjour  à  Cassai,  il 
soit  revenu  passer  quelque  temps  dans  sa  famille  et  qu'il  n'ait  sérieuse- 
ment commencé  son  stage  militaire  qu'à  son  retour  prés  du  landgrave, 
en  1672?  C'est  possible  assurément;  mais  cela  n'enlève  rien  à  la  valeur 
irrécusable  de  la  mention  inscrite  dans  l'arrêt  de  1668. 

1.  Henri-Charles  de  la  Trémoille,  prince  de  Tarente  et  de  Talmont,  fils 
d'Henri,  duc  de  Thouars,  pair  de  France,  comte  de  Laval,  baron  de  Vi- 
tré, et  de  Marie  de  la  Tour  d'Auvergne,  né  en  1620,  est  mort  à  Thouars 
le  14  septembre  1672.  avant  son  père,  et  deux  ans  après  avoir  abjuré  le 
protestantisme.  Il  avait  épousé,  le  1"  mai  1648,  Amélie  de  Hesse-Cassel. 
fille  du  landgrave  Guillaume  V,  qui  est  restée  protestante  et  s'est  réfu- 
giée, après  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  à  Francfort-sur-le-Mein. 
où  elle  est  morte  en  1693.  C'est  elle  que  M"«  de  Sévigné  appelle  dans  ses 
lettres  «  la  bonne  Tarente.  »  (Z^es  La  Trémoille  pendant  cinq  siècles, 
Nantes,  1890-1896.  5  vol.  in-4»,  tom.  IV,  pp.  viii  et  ix.) 

2.  Guillaume  VII,  fils  du  landgrave  Guillaume  VI  et  d'Edwige-Sophie 
de  Brandebourg,  est  mort  à  Paris  le  21  novembre  1670,  à  l'âge  de  dix- 
neuf  ans.  Il  a  eu  pour  successeur  son  frère  Charles,  de  trois  ans  plus 
jeune  que  lui  qui  a  vécu  jusqu'en  1730.  {Art  de  vérifier  les  dates, iom.  III, 
pp.  877  et  s.) 


—  231  — 

Georges  -  Guillaume  de  Brunswick-  Lunebourg, 
d'abord  duc  de  Hanovre,  puis,  après  la  mort  de  son 
frère  aîné,  duc  de  Zell  (1665-1705),  s'était  trouvé  à  la 
Cour  du  landgrave  de  Hesse,  à  la  fin  de  1663,  avec 
la  princesse  de  Tarente,  sœur  de  ce  prince.  Celle- 
ci  avait  à  sa  suite  une  jeune  fille  très  séduisante, 
Eléonore  Desmier  d'Olbreuse,  d'une  famille  de 
gentilshommes  protestants  du  Poitou,  auparavant 
demoiselle  d'honneur  de  Marie  de  la  Tour  d'Auver- 
gne, duchesse  de  la  Trémoille,  sa  belle-mère'.  Le 
duc,  alors  âgé  de  quarante  ans,  ne  put  la  voir  sans 
s'éprendre  de  ses  charmes,  lui  fit  agréer  ses  hom- 
mages et  obtint  d'elle  en  novembre  1665,  après  deux 
ans  d'instances,  qu'elle  consentit  à  s'établir  à  Zell, 
sous  le  titre  de  «  Madame  de  Harbourg,  »  sur  le 
pied  d'amie  du  souverain,  liée  à  lui  par  une  sorte 
de  «  mariage  de  conscience  »  dont  elle  se  contenta 
provisoirement.  En  avril  1676,  à  l'occasion  des  pre- 
mières fiançailles  de  leur  fille,  Sophie-Dorothée, 
leur  union  fut  proclamée  officiellement  :  les  priè- 
res publiques  associèrent  dans  les  temples  les 
noms  des  deux  époux.  La  duchesse  de  Zell  ne  fut 
pas  étrangère  à  la  conclusion  d'une  .alliance  avec 
Louis  XIV  et  favorisa  de  tout  son  pouvoir  l'in- 
fluence française.  Beaucoup  de  ses  compatriotes  se 
fixèrent  à  sa  Cour  et  y  eurent  des  emplois.  On  com- 
prend qu'Amaury  de  Farcy  y  ait  été  attiré  par  l'es- 
poir d'y  faire  son  chemin,  avant  même  que  la  «  Ma- 
dame du  duc  »  —  comme  on  appelait  dans  le  peuple 
Eléonore  Desmier  —  eut  conquis   le  titre  de  souve- 

1.  Vicomte  Horric  de  Beaucaire,  pp.  14.  â(),  40,  etc.  —  M"«  d'Olbreuse 
était  née  en  Poitou  le  3  janvier  1689  :  elle  est  décédée  duchesse  douai- 
rière de  Zell  le  5  février  1722.  L'ouvrage  de  M.  de  Beaucaire,  auquel 
nous  renvoyons  nos  lecteurs,  est  l'histoire  aussi  attachante  que  docu- 
mentée de  cette  femme  qui  paya  ses  grandeurs  par  bien  des  tristesses. 


—  232  — 

raine  :  il  comptait  que  la  princesse  de  Tarente  lui 
continuerait  sa  puissante  protection.  Parmi  les 
Français  qui  l'avaient  devancé  ou  qui  Ty  rejoigni- 
rent, quelques-uns,  dont  plusieurs  membres  de  la 
famille  de  Farcy,  ne  restèrent  pas  à  Zell  et  ren- 
trèrent en  France;  Amaury,  soit  par  ambition,  soit 
par  attachement  à  son  culte,  soit  peut-être,  à  un 
certain  moment,  pour  des  raisons  familiales  que  ses 
lettres  permettent  de  deviner,  adopta  définitivement 
pour  seconde  patrie  le  duché  de  Zell  et  plus  tard 
rélectorat  de  Hanovre. 


II 


Admis  d'abord  comme  picquenier  dans  les  trou- 
pes ducales,  Amaury  de  Farcy  arriva  promptement 
au  grade  d'enseigne  dans  le  régiment  de  Linstow, 
avec  lequel  il  fît  une  campagne  en  Hongrie  et  de- 
vint peu  après  lieutenant  des  dragons  de  la  garde, 
avec  le  titre  de  gentilhomme  de  la  Cour  —  preuve 
de  la  faveur  dont  il  jouissait  près  de  son  nouveau 
souverain.  Seulement  ses  ressources  étaient  fort 
minces,  eu  égard  au  milieu  dans  lequel  il  lui  fallait 
vivre,  et  il  ne  tarda  pas  à  crier  misère.  Débiteur 
d'un  de  ses  compatriotes,  M.  de  Mallortie  *,  d'une 
somme  de  cent  écus,  il  intéressa  à  sa  situation  son 
cousin  germain,  F'rançois  de  Farcy,  seigneur  de 
Cuillé,  qui  en  avait  jugé  par  lui-même  et  qui  non 
seulement  lui  offrit,  à  titre  d'avance,  de  le  libérer 
de  cotte  dette,  mais  encore  voulut  bien  jouer  le  rôle 
d'intermédiaire  près  de  son  père.  Ce  n'est   pas  que 


1.  Gabriel  de  Mallortie,  seigneur  de  Villars,  en  Normandie,  chevalier 
d'honneur  et  gentilhomme  de  la  Cîour  (Horric  de  Beaucaire,  p.  82), 


—  233  — 

celui-ci  se  désintéressât  de  ce  fils  qui  vivait  si  loin 
de  lui  et  de  la  Bretagne,  car  une  lettre  de  son  ne- 
veu, Annibal  de  Farcy  de  la  Daguerie,  prouve  bien 
qu'il  s'occupait  d'Amaury  :  «  Je  vous  ai  aussi  en- 
«  voyé  par  la  dernière  poste  une  lettre  de  M"*  de 
«  Rosemont,  qui,  je  m'imagine,  vous  rend  compte  de 
«  la  commission  pour  votre  Allemande  »  Mais  cette 
commission  n'avait  peut-être  pas  pour  but  de  rem- 
plir la  bourse  vide  de  «  son  Allemand.  »  Le  père  de 
famille,  qui  vivait  à  Vitré,  était-il  à  même  d'appré- 
cier les  exigences  de  la  position  de  son  fils?  En 
tous  cas,  voici  en  quels  termes  celui-ci  dépeignit  sa 
détresse  à  son  cousin  -  : 

De  Cell  (Zell).  œ  2*  avril  1676. 

Monsieur, 

Je  vous  ai  écrit,  il  y  a  quelque  temps,  et  dans  ma  dernière, 
j'acceptais  Toffre  que  vous  avez  eu  la  bonté  de  me  faire,  qui  était 
que  vous  vouliez  avoir  assez  de  charité  pour  vouloir  faire  payer 
les  cent  écus  à  Monsieur  de  Mallortie.  Je  vous  en  prie,  mon 
cher  cousin,  et  de  ne  me  pas  vouloir  abandonner  dans  un  peu 
de  misère  où  je  suis,  par  les  accidents  qui  me  sont  arrivés, 
lesquels  je  vous  ai  déjà  mandé  dans  mes  précédentes;  je  vous 
assure^  mon  cher  cousin,  que  ce  m'est  un  grand  chagrin  de 
me  voir  obligé  d'être  à  charge  à  tous  mes  parents  ;  mais  comme 
vous  resouvenez  bien  en  quel  état  vous  m'avez  vu  en  Alsace,  je 
crois  que  vous  ne  trouverez  pas  mauvais  que  je  me  serve  de 
votre  assistance,  car  il  est  assez  impossible  de  pouvoir  avoir 
fait  une  assez  grande  fortune  sans  Tappui  de  mes  parents.  Ce 


1.  Lettre  datée  de  Rennes,  15  février  1674  (Archives  d^Ille-et- Vilaine, 
fonds  Farcy).  —  M"«  de  Rosemont,  née  Marie  Dor,  était  la  femme  de 
Jacques  de  Boucœur  de  Rosemont,  représentant  à  Paris  des  intérêts  du 
duc  de  Zell  (Horric  de  Beaucaire,  pp.  80  et  81). 

2.  Cette  lettre,  comme  toutes  celles  d'Amaury  de  Farcy,  que  nous  re- 
produirons, provient  des  archives  d'Ilte-et- Vilaine  (fonds  Farcy). 


—  234  — 

n'est  pas  que  je  ne  puisse  d'ors  en  avant,  pour  peu  que  mon 
père  veuille  me  faire  une  petite  pension  par  an,  me  mettre  à 
mon  aise,  car  je  suis  lieutenant  des  gardes  dragons  et  gentil- 
homme de  la  Cour  de  mon  maître.  Mais  comme  cette  dernière 
charge  ne  rapporte  rien  que  de  l'honneur,  la  première  ne  peut 
pas  suffire  à  toutes  les  deux,  c'est  pourquoi,  pour  peu  que  mon 
père  veuille  me  donner  par  an,  je  crois  que  je  fournirai  aussi 
bien  à  la  dépense  qu'il  me  faut  faire  que  aucun  gentilhomme 
de  notre  Cour...  Knfin,  n'étant  pas  en  état  de  vous  écrire  des 
nouvelles,  j'attends  avec  impatience  la  paix  afin  d'avoir  le  bon- 
heur de  vous  entretenir  de  bouche  et  vous  remercier  de  toutes 
les  bontés  que  vous  avez  pour  moi.  Je  vous  prie  de  faire  mes 
baise-mains  à  mon  oncle  et  à  ma  tante  et  à  tous  mes  cousins 
et  cousines  et  les  assurer  que  je  leur  suis  comme  k  vous,  mon 
cher  cousin,  votre  très  humble  serviteur, 

Saint-Lauhknt. 

La  réponse  de  M.  de  Cuillé  l'encouragea  à  lui 
écrire  avec  plus  de  confiance.  La  lettre  suivante 
donne  sur  sa  situation  d'intéressants  détails  :  elle 
le  montre  toujours  aigri  contre  les  siens  et  par 
suite  de  plus  en  plus  attaché  au  service  du  duc  de 
Zell  : 

Mon  cher  cousin,  j'ai  reçu  [votre  lettre]  du  22®  avril  par  la- 
quelle vous  me  mandez  que  vous  voulez  bien  payer  la  somme 
à  Monsieur  de  Mallortie;  je  suis  au  désespoir  d'être  obligé  d'en 
user  si  librement,  mais  la  nécessité  fait  bien  faire  des  choses. 
Toutes  les  fois  que  je  vous  ai  écrit,  il  y  avait  toujours  une 
lettre  pour  mon  père  :  je  souhaiterais  pouvoir  avoir  une  ré- 
ponse à  quelqu'une,  à  cette  fin  de  savoir  ses  intentions.  Je  ne 
doute  pas  qu'il  ne  trouve  étrange  que  dans  toutes  mes  lettres, 
je  implore  son  assistance  :  il  est  vrai  que  deux  charges  que  j'ai 
font  du  bruit  ;  mais  comme  j'ai  déjà  dit,  l'une  ne  rapporte  que 
de  l'honneur  et  la  table  à  Cour  et  l'autre,  le  revenu  n'est  pas 
assez  suffisant  pour  pouvoir  fournir  à  la  dépense  qu'il  faut  que 


—  235  — 

je  fasse  pour  toutes  les  deux.  C'est  pourquoi  je  désirerais  savoir 
si  mon  père  est  intentionné  pour  moi,  qui  est  de  m'aider  dans 
un  temps  où  il  semble  que  la  fortune  m'en  veut  ou  s'il  souhaite 
que  je  borne  mon  ambition  dès  à  présent.  Il  pourra  s'imaginer 
peut-être  que  ayant  été  longtemps  dans  TAUemagne  où  toutes 
les  débauches  sont  en  vogue  que  j'emploie  ce  qu'il  m'envoie 
plustôt  à  ces  vices  qu'à  mon  avancement,  mais  comme  vous 
avez  quantité  de  connaissances  ici,  je  vous  prie  de  vous  infor- 
mer de  ma  vie  à  celte  fin  de  lui  mieux  faire  voir  la  vérité.  Outre 
tous  les  Français  que  vous  avez  vus  à  notre  Cour,  nous  avons 
fait  une  recrue  de  Monsieur  de  la  Chevalerie  qui  a  quitté  la 
Cour  de  Hanovre  et  est  venu  offrir  ses  services  à  celle  de  mon 
maître  :  on  ne  sait  encore  quel  emploi  il  aura.  J'ai  une  lettre 
de  mon  frère  le  chevalier  dont  j'ai  été  étonné,  car,  avec  la 
croyance  que  j'avais  que  ni  frère  ni  sœur  ne  songeait  plus  à 
moi,  ma  surprise  a  été  grande  en  voyant  ce  titre  de  chevalier, 
car  je  m'étais  toujours  réservé  ce  refuge  que  si  le  bonheur  ne 
m'en  voulait  pas  en  Allemagne,  je  m'en  retournerais  en  France 
et  ayant  un  frère  abbé,  je  espérais  par  son  moyen  qu'il  me  pro- 
curerait quelque  cure  ^  II  m'a  mandé  que  mon  père  était  in- 
tentionné pour  faire  le  partage  au  premier  jour  à  tous  ses  en- 
fants :  je  espère  que  mon  oncle  fera  de  mon  côté  comme  un  se- 
cond père,  c'est  pourquoi  je  n'y  songe  pas,  car  mon  but  est  de 


1.  Les  correspondances  du  fonds  Farcy  aux  Archives  d'IIle-et- Vilaine 
nous  permettent  de  comprendre  la  plaisanterie  un  peu  lourde  d'Âmaury. 
François,  son  plus  jeune  frère,  avait  été  destiné  à  l'état  ecclésiastique  et 
sans  doute  tonsuré,  d'où  le  titre  d'abbé.  Mais  à  Paris,  où  il  faisait  des 
études,  au  contact  des  tentations  qu'on  devine,  la  vocation  disparut  —  s'il 
l'avait  jamais  eue  —  et  il  devint  militaire  et  financier.  Une  lettre  de 
M"«  de  Kerménénan  à  M.  de  Farcy  père  (Paris,  8  juin  1673)  nous  pré- 
pare à  cette  transformation  :  en  voici  quelques  passages  :  «  Emmenez- 
«  vous  votre  abbé  au  Râtelier?...  Ne  le  remettez  pas  dans  l'état  ecclésias- 
«  tique  s'il  ne  le  souhaite  et  s'il  ne  veut  bien  faire,  car  il  n'en  faut  plus 
«  sortir  s'il  y  rentre.  Il  serait  honteux  de  paraître  si  inconstant,  mais  il 
«  faut  une  réforme  toute  entière  à  cette  fois  ou  n'y  revenir  pas.  Dites-le 
«  lui  bien  et  je  le  lui  dirai  bien  aussi;  je  Taimerais  mieux  bon  soldat 
«  qu'un  méchant  ecclésiastiqua...  11  a  mille  bonnes  qualités  et  il  est  un 
«  des  plus  aimables  fripons  du  monde  :  je  l'aime  comme  mon  enfant.  Il 
«  semble  à  sa  pauvre  mère...  et  à  vous  aussi,  et  je  crois  qu'à  son  âge 
«  vous  n'étiez  pas  plus  saint  que  lui.  »  L'abbé  entra  dans  l'armée  et  s'ap- 
pela «  le  chevalier  de  Saint-Laurent.  » 


-  236  — 

faire  en  sorte  que  mes  parents  m'aident  à  présent  de  ramasser 
en  Allemagne  de  quoi  me  passer  de  ce  que  je  pourrai  avoir  en 
France.  Vous  saurez  que  Madame  de  Harbourg  est  duchesse, 
ce  qui  a  bien  réjoui  les  Français  de  cette  Cour,  car  c'est  une 
princesse  la  plus  obligeante  du  monde*.  J  aurais  fait  réponse  à 
ma  sœur  dans  cette  poste,  mais  il  faut  que  je  monte  à  cheval, 
car  Son  Altesse  veut  voir  notre  compagnie  ensemble,  c'est 
pourquoi  ce  sera  pour  une  autre  fois.  Faites-lui  mes  baise- 
mains, comme  à  toute  votre  maison  et  les  assurez  que  je  leur 

suis  comme  à  vous, 

Saint-Laurent. 

Zell  15-  mai  (1676). 

Je  vous  prie  encore  une  fois  de  me  faire  avoir  une  résolution 
à  mon  père  :  je  l'attends  avec  impatience.  Si  vous  écrivez  à 
mon  frère  le  chevalier,  faites-lui  mes  baise-mains  et  lui  man- 
dez de  me  donner  une  meilleure  adresse  si  il  veut  que  je  lui 
écrive. 

Les  documents  nous  manquent  pour  suivre  le 
lieutenant  des  dragons  de  la  garde  jusqu'en  168i  ; 
ses  lettres  nous  font  défaut  :  elles  auraient  fourni 
sans  doute  de  curieux  détails  sur  sa  vie  et  sur  la 
Cour  de  Zell.  Il  est  probable  qu'il  a,  dans  cet  inter- 
valle, continué  à  se  plaindre  de  Texiguitc  de  ses  res- 
sources et  du  peu  de  secours  qu'il  trouvait  dans  sa 
famille.  Son  père,  veuf  depuis  plusieurs  années, 
avait  pris  en  1676  un  grand  parti  :  il  s'était  décidé  à 
signer  le  26  août  deux  actes  importants.  Par  l'un,  il 
se  démit,  au  profit  de  ses  enfants,  de  tous  ses  biens 
personnels  et  de  ceux  de  sa  communauté  restée  in- 


1.  La  publication  officielle  dans  les  églises  du  duché  du  mariage  du 
duc  Georges-Guillaume  et  d'EIéonore  Desmier  d'Olbreuse  a  été  faite  le 
24  avril  1676.  A  la  même  époque,  l'envoyé  de  l'empereur  d'Allemagne  à 
Zell  salua  du  titre  d'Altesse  la  nouvelle  duchesse  de  Brunzwick,  dont 
l'élévation  était  ainsi  reconnue  par  le  chef  de  l'Empire  germanique.  (Hor- 
ric  de  Beaucaire,  p.  64.) 


—  237  — 

divise;  mais  en  annonçant  qu'il  allait,  par  un  autre 
acte,  en  faire  le  partage  entre  eux,  il  stipula  expres- 
sément, comme  condition  sine  qua  non,  qu'il  reste- 
rait saisi  des  parts  qui  écherraient  à  trois  de  ses 
héritiers,  parmi  lesquels  Amaury,  sans  être  obligé 
de  leur  rendre  aucun  compte,  ni  de  leur  rapporter 
aucunes  levées,  «  pa7'ce  qu'il  les  nourrira  et  entre- 
«  tiendra  à  l'avenir,  comme  il  Ta  fait  au  passé,  selon 
«  leur  condition.  »  Le  père  se  réservait  de  les  met- 
tre, quand  il  le  jugerait  bon,  en  possession  des  lots 
que  le  partage  du  même  jour  leur  attribuerait. 
Amaury  n'était  pas  présent  à  cet  acte  :  ses  deux 
frères  aînés  souscrivirent  en  son  nom  à  la  démission 
de  biens  et  son  père  accepta  pour  lui  le  partage 
qu'il  devait  ratifier  quand  il  aurait  vingt-cinq  ans*. 
Il  ne  semble  pas  que  cette  ratification  ait  été  don- 
née, car  nous  apprenons  par  d'autres  documents 
postérieurs  qu'en  i681  les  enfants  de  François- An- 
nibal  de  Farcy  obtinrent  contre  lui,  le  26  mars,  une 
sentence  de  la  juridiction  de  Guémené  relativement 
au  partage  de  la  succession  de  leur  mère  et  que 
cette  instance  suivait  son  cours. 

En  attendant  le  règlement  de  ces  affaires  si  com- 
pliquées qui  se  traitaient  si  loin  de  lui,  Amaury  se 
trouva  dans  une  passe  difficile  :  ce  fut  encore  à  son 
cousin  de  Cuillé  qu'il  fit  appel  pour  le  sauver  du 
naufrage  qui  le  menaçait  :  il  lui  écrivit  ce  qui  suit  : 

Mon  cher  cousin,  la  situation  où  je  me  vois  sans  votre  assis- 
lance  me  fait  vous  importuner  et  me  fera  le  faire  jusqu'à  ce 
que  vous  m'ayez  tiré  de  cette  malheureuse  dette.  11  faut,  quand 
il  en  devrait  coûter  tout  ce  que  je  peux  espérer  de  bien  que 


1.  Bretin  et   André,  notaires    royaux    à    Rennes  (Archives  cCIlle-et- 
Vilaine,  minutes  Bretin,  1676). 


—  238  — 

vous  me  fassiez  le  plaisir  de  trouver  cette  somme  à  emprunter  : 

je  n'ai  plus  que  six  semaines  à  attendre  :  au  nom  de  Dieu  !  ne 

perdez  point  de  temps  car  je  ne  saurais  assez  vous  exprimer 

tous  les  chagrins  que  je  recevrai,  si  je  ne  paye  dans  ce  terme. 

Je  vous  en  ai  mandé  quelqu'uns  dans  mes  précédentes,  je  crois 

que  cela  suffira  pour  vous  faire  mettre  tout  en  usage  pour  m'em* 

pècher  de  recevoir  cet  affront  de  me  voir  retenir  mes  gages, 

qui  est  cependant  un  des  moindres.  J'attends  votre  réponse 

avec  impatience  :  je  vois  fort  bien  que  vous  êtes  vous-même 

embarrassé,  mais  ce  n'est  rien  approchant  de  moi,  car  je  vous 

proteste  que  si  je  n'estais  sûr  que  vous  ne  me  laisserez  pas 

dans  cette  conjecture,  je  crois  que  je  me  retirerais  avant  le 

temps,  afin  de  n'être  pas  témoin  des  avanies  qui  vont  tomber 

sur  moi.  Enfin,  il  faut  que  vous  soyez  mon  libérateur  :  n  y 

manquez  donc  pas,  mon  cher  cousin,  et  me  croyez  à  vous  de 

tout  mon  cœur, 

Saint-Laurent. 

Je  ne  vous  envoie  pas  encore  le  passeport  pour  Chariot, 
puisqu'il  sera  assez  temps  quand  vous  aurez  déterminé  le  jour 
de  son  départ  ^  Mes  baise-mains  à  votre  famille. 

A  Zell.  ce  18*  décembre  1681. 

M.  de  Cuillé  fut  encore,  on  peut  presque  l'affirmer, 
la  providence  de  son  cousin  pour  le  délivrer  de  son 
grave  souci.  Restait  la  question  toujours  pendante 
de  ses  intérêts  successoraux  :  Amaury  se  décida  à  se 


1.  Nous  devons  croire,  sans  avoir  sur  ce  point  de  renseignements  pré- 
cis, que  «  Chariot  »  était  le  fils  aîné  de  M.  de  Cuillé,  marié  en  1670  à 
Madeleine-Elisabeth  de  Guillon.  On  destinait  ce  petit  garçon,  âgé  de  10  à 
11  ans.  à  être  élevé  dans  une  école  de  pages  à  Zell,  sous  la  surveillance 
et  la  protection  de  son  parent.  D'ailleurs,  ce  projet  ne  fut  paff  réalisé  : 
l'enfant  mourut  avant  d'être  parti.  Voici  quelques  lignes  d'Amaury  à 
cette  occasion  dans  une  lettre  à  son  cousin  du  15  février  1683  :  «  Je  vous 
«  répète  par  celle-cy  le  déplaisir  que  je  resens  de  la  mort  du  pauvre 
«  (Chariot,  car  outre  l'amitié  que  j'avais  pour  lui.  c'est  que  je  le  regar- 
«  dais  comme  une  personne  qui  vous  aurait  pu  assurer  des  marques 
«  d'obligations  que  je  lui  aurais  témoigné  vous  avoir,  par  le  petit  ser- 
«  vice  que  je  lui  aurais  rendu  ici.  » 


—  239  — 

rendre  en  Bretagne  et  à  intervenir  de  sa  personne 
près  de  ses  cohéritiers.  Au  cours  de  Tannée  suivante, 
profitant  d'une  période  pacifique  et  d'un  congé  de 
son  souverain,  il  se  mit  en  route.  Nous  ne  savons 
que  peu  de  chose  de  ce  voyage  qui  n'était  pas  une 
pelite  affaire,  matériellement  parlant,  et  qui  le  mit 
en  présence  de  tous  les  siens.  Ses  lettres  posté- 
rieures nous  feront  connaître  que  les  pourparlers 
d'intérêt  pécuniaire  n'aboutirent  pas  à  une  entente 
définitive  et  que  chacun  se  maintint  sur  le  pied  de 
guerre. 

Il  réussit  cependant  à  écarter  un  de  ses  adver- 
saires en  lui  achetant  sa  part  ;  un  acte  du  4  juillet 
1682  constate  cette  cession  qui  lui  fut  consentie  par 
Tex-abbé,  son  jeune  frère'.  Après  avoir  goûté  les 
plaisirs  d'une  cordiale  réception  chez  son  oncle  de 
Cuillé,  il  vint  à  Paris  avec  son  cousin  qui  pourvut 
largement  à  tous  ses  besoins  d'argent.  Tous  deux 
prirent  ensemble  un  engagement  solidaire  vis-à-vis 
d'un  sieur  Limousin,  tailleur  et  fournisseur  habituel 
d'Amaury,  qui  avait  probablement  une  belle  clien- 
tèles. 


1.  Bertelot  et  Bretin,  notaires  royaux  à  Rennes  {Archiv.  dll.-et-ViL, 
Minutes  Bertelot.  1682).  —  L'acte  est  passé  entre  «  messire  François  de 
c  Farcy,  seigneur  de  Querleau,  demeurant  aux  forges  de  Brécilien,  pa- 
«  roisse  de  Penpont,  èvesché  de  Saint-Malo,  et  messire  Amaury  de  Farcy, 
«  seigneur  de  S^  Lorans,  lieutenant  des  gardes  de  Son  Altesse  sérénis- 
«  si  me  monseign'  le  duc  de  Bronzvic  et  Lunebourg,  demeurant  à  Zèle 
a  pais  de  Bronzvic  en  Allemagne,  de  présent  à  Rennes,  logé  en  la  maison 
a  où  est  pour  enseigne  Tescu  de  France,  près  la  rue  de  la  Basse-Bau- 
«  drairie,  paroisse  de  Saint-Germain,  d'une  et  d'autre  part.  »  Il  est  signé  : 
Kerleau  farsy,  Amaury  farsy. 

%  Nous  sommes  mis  au  fait  du  concours  financier  de  M.  de  Cuillé  par 
une  reconnaissance  datée  à  Paris  du  21  septembre  1682,  qui  fait  partie 
de  la  correspondance  d'Amaury.  Ce  document,  qui  n'est  pas  sans  intérêt, 
est  ainsi  conçu  :  c  Je  reconnais  que  mon  cousin  de  Cuillé  m'a  donné  à 
«  plusieurs  fois,  depuis  notre  départ  de  Cuillé,  la  somme  de  dix-huit 
«  cent  livres  et  avait  payé  à  mon  acquit  à  M'  de  Bouqueur  la  somme  de 
«  trois  cents  livres  :  ii  a  de  plus  payé  à  Limousin  deux  cent  quatre  vingt 
a  onze  livres,  toutes  lesquelles  sommes  que  mon  cousin  m'a  données  ou 


240 


II 


Son  retour  à  Zell  fut  peut-être  hâté  par  Tannonce 
d'une  nouvelle  sensationnelle,  le  mariage  de  Sophie- 
Dorothée,  fille  unique  du  duc  et  de  la  duchesse.  Ce 
grand  événement,  qui  devait  avoir  tant  de  consé- 
quences inattendues,  était  fait  en  apparence  pour 
réjouir  tous  ceux  qu'attachaient  à  cette  Cour  la  re- 
connaissance et  l'ambition.  En  tout  cas,  le  lieute- 
nant des  gardes  avait  le  devoir  d'être  à  son  poste 
au  moment  où  se  décidaient  les  destinées  de  la  jeune 
princesse. 

Celle-ci,  riche  héritière,  fiancée  à  l'âge  de  dix  ans, 
le  2  avril  1676,  au  prince  Auguste-Frédéric  de 
Wolfenbuttel,  mais,  devenue  libre  quelques  mois 
après,  par  la  mort  de  son  futur  mari,  épousait,  à 
l'âge  de  seize  ans,  la  fille  du  duc  de  Hanovre  qui 
devint  grand  Electeur.  Il  va  sans  dire  qu'on  n'avait 
pas  eu  souci  de  ses  inclinations  :  après  de  labo- 
rieuses négociations,  on  la  mariait,  sans  la  consul- 
ter, à  son  cousin  germain,  Georges  Louis  de  Bruns- 
wick, aîné  de  six  enfants.  Ce  n'est  pas  que  son  oncle 
et  sa  tante  eussent  pour  leur  nièce  la  moindre  sym- 
pathie  :   ils   ne  lui  pardonnaient  pas  d'être  la  fille 


0  qu'il  a  payées  à  mon  acquit  se  monte  à  la  somme  de  deux  mille 
A  trois  cent  quatre  vingt  onze  livres  que  je  promets  lui  payer  ou  à  son 
«  ordre  à  sa  volonté.  Je  reconnais  de  plus  que  dans  l'obligation  solidaire 
«  de  la  somme  de  mille  trente  et  six  livres  que  nous  avons  ce  jourd'hui 
A  consentie  à  M'  Limousin,  tailleur,  ladite  somme  payable  dans  un  an, 
«  il  n'y  a  pour  mondit  cousin  que  la  somme  de  trois  cent  quinze  livres, 
«  le  reste  qui  se  monte  à  sept  cent. vingt  et  une  livres  est  pour  habits  et 
A  marchandises  que  ledit  Limousin  m'a  fournies  tant  de  ce  voyage  que 
t  du  précédent  dont  je  promets  toute  indemnité  à  mondit  cousin,  et  ce 
«  sans  préjudice  de  nos  autres  affaires.  Fait  à  Paris  ce  21"*  7br«  16S2. 
n  Saint-Laurent.  »  Alors,  comme  aujourd'hui,  la  note  du  tailleur  tenait 
une  grande  place  dans  le  passif  des  jeunes  gens. 


—  241  — 

d'Eléonore  Desmier  d'Olbreuse  ;  mais  ils  faisaient 
taire  leur  orgueil  princier  pour  assurer  à  leur 
héritier  présomptif  une  dot  considérable  et  la  future 
succession  de  Zell.  La  jeune  femme  allait  quitter 
un  père  et  une  mère  qui  Tadoraient  pour  entrer 
dans  une  Cour  où  Tattendaient  la  froideur  et  la 
malveillance.  Malgré  les  documents  contraires,  il 
semble  bien  certain  que  la  duchesse  de  Zell  n'avait 
cédé  qu'avec  répugnance  aux  considérations  politi- 
ques et  de  famille  qui  étaient  la  raison  détermi- 
nantes de  cette  union  :  son  instinct  maternel  lui 
disait  que  sa  fille  serait  malheureuse  :  il  ne  la 
trompait  pas,  car  elle  le  fut  au-delà  de  toutes  les 
prévisions  ^ 


1.  Nous  avons  résumé  dans  ce  peu  de  lignes  les  détails  pleins  d'inté- 
rêt, puisés  aux  sources  les  plus  sûres,  que  Ton  trouvera  dans  l'ouvrage 
de  M.  Horric  de  Beaucaire  (pp.  lit  et  s.)  sur  les  préliminaires  de  ce 
mariage.  Ceux  qu'il  a  donnés  sur  les  destinées  de  l'infortunée  prin- 
cesse ne  sont  pas  moins  intéreflsants  :  nous  y  renvoyons  nos  lecteurs 
en  nous  bornant  à  rappeler  les  principaux  faits  de  cette  triste  histoire, 
désormais  bien  connue. 

Le  mariage  fut  célébré  le  2  décembre  1G82;  il  fut  pour  la  jeune  mariée 
une  source  de  déboires,  car  elle  ne  put  ni  amener  sa  belle-mére,  femme 
altiére  et  intrigante,  à  des  sentiments  affectueux,  ni  s'assurer  le  cœur  de 
son  mari.  Ce  dernier,  d*un  caractère  bizarre  et  renfermé,  d'une  froideur 
glaciale,  était  en  môme  temps  de  mœurs  dissolues  qu'après  la  naissance 
de  ses  deux  enfants  il  ne  prit  plus  la  peine  de  dissimuler.  D'ailleurs, 
comme  sa  mère  et  pour  la  môme  cause,  il  méprisait  sa  femme.  La  prin- 
cesse ne  sut  pas  taire  ses  dégoûts  au  spectacle  de  désordres  qui  l'outra- 
geaient, et  la  situation  devint  intolérable  :  il  fut  question  d'une  sépara- 
tion à  laquelle  le  duc  de  Zell  refusa  de  se  prêter.  Â  la  môme  époque,  le 
prince  s'aperçut  ou  fut  averti  de  visites  fréquentes  que  Sophie-Dorothée 
recevait,  môme  fort  avant  dans  la  soirée,  d'un  brillant  colonel,  le  comte 
Philippe  de  Kœnigsmarck  :  dans  la  nuit  du  1*'  au  2  juillet  1694.  ce  der- 
nier disparut,  tué  probablement  dans  un  des  corridors  du  château  de 
Hanovre,  et  la  princesse  fut  arrêtée.  Un  tribunal  ecclésiastique  prononça 
contre  elle,  le  30  décembre  suivant,  la  séparation  de  corps,  avec  défense 
de  se  remarier,  fondée,  non  sur  des  actes  d 'inconduite  qu'on  ne  put  éta- 
blir, mais  sur  l'injure  résultant  de  la  tentative  qu'elle  avait  faite  de 
quitter  son  mari.  Enfermée  au  château  d'Ahlden,  elle  n'en  sortit  plus  et 
y  mourut  le  13  novembre  1726. 

De  son  mariage  étaient  issus  deux  enfants,  un  fils.  Georges- Auguste, 
né  le  30  octobre  1683,  qui  succéda  à  son  père,  en  1727,  sur  le  trône  de 
la  Grande-Bretagne,  sous  le  nom  de  Georges  II,  et  une  ÛUe,  Sophie-Do- 
xxxiii  22 


—  242  — 

L'événement  était  officiellement  annoncé  :  de 
grandes  fêtes  devaient  le  solemniser.  Amaury  de 
Farcy,  tout  préoccupé  qu'il  fût  de  ses  intérêts,  ne 
manqua  certainement  pas  de  parler  à  son  cousin 
du  mariage  princier.  Voici  ce  qu'il  lui  écrivit  quelque 
temps  après  son  retour  en  Allemagne  : 

A  Zell,  C6  23  9W«  1682. 

Mon  cher  cousin,  vous  recommencez  votre  ancienne  manière, 
en  étant  paresseux  à  faire  savoir  de  vos  nouvelles.  Je  vous 
croyais  plus  homme  de  parole,  car  vous  m'avez  promis  de  ré- 
parer votre  paresse  passée.  Pour  nous...  notre  Cour  est  de  re- 
tour et  les  noces  de  notre  princesse  se  feront  en  huit  jours. 
L'on  parle  beaucoup  de  guerre  :  cependant  Ton  ne  saura  rien 
de  certain  devant  la  fin  de  ce  mois.  Il  paraît  que  nous  sommes 
assez  bons  françois.  Je  voudrais  bien  que  vous  me  puissiez  ap- 
prendre de  bonnes  nouvelles  des  lieux  où  vous  êtes.  Je  n'ai  pas 
reçu  la  moindre  lettre  de  toute  notre  famille  :  il  faut  qu'ils 
soient  fâchés  contre  moi  ;  je  tâcherai  de  m'en  consoler,  pourvu 
que  mon  père  ne  soit  pas  de  la  partie  :  je  vous  prie  de  lui  faire 
tenir  cette  lettre...  Lorsque  nous  aurons  eu  toutes  les  réjouis- 
sances que  Ton  prépare  pour  les  noces,  je  vous  en  ferai  part  :  ce 
sera  pour  la  quinzaine.  J'oubliais  devons  demander  des  câpres 
de  genêt  qui  sont  à  Cuillé  :  si  elles  ne  sont  point  gâtées,  vous 
m'obligerez  de  les  faire  mettre  dans  un  baril  bien  propre  et  de 
les  assaisonner  le  mieux  que  vous  pourrez  afin  quelles  se  con- 
servent, et  même  s'il  était  possible  d'y  joindre  du  meilleur 
beurre  de  Rennes,  si  Ton  en  a  de  bon  à  présent  :  car  je  suis 
fort  sollicité  d'en  faire  venir  pour  le  confronter  avec  celui  de 
Hollande  :  il  faudrait  le  mettre  dans  des  pots  de  terre  et  les 
bien  emballer  de  peur  qu'ils  ne  se  cassent.  Si  vous  n'en  trou- 
vez pas  d'assez  délicat,  n'en  envoyez  point.  En  cas  que  vous  en 


rothée,  née  le  16  mars  1687.  mariée  en  1706  au  prince  royal  de  Prusse  et 
mère  du  grand  Frédéric.  Le  roi  Edouard  VII  et  l'empereur  Guillaume  II 
descendent  l'un  et  l'autre  de  la  malheureuse  fille  d'Eléonore  Desmier 
d'Olbreuse. 


—  243  — 

fassiez  partir,  il  en  faut  une  trentaine  de  livres  pour  en  donner 
à  tout  le  monde.  L'adresse  est  à  Rouen,  à  M.  Henry  Amene- 
soing  (sic),  banquier...  pour  faire  tenir  à  M.  de  S^  iquinelle 
(sic)  à  Zell,  et  écrire  un  mot  a  ce  banquier  de  Rouen.  Adieu, 
mon  cher  cousin,  ayez  toujours  un  peu  d'amitié  pour  votre  ser- 
viteur ; 

S^L. 


Le  récit  du  mariage  princier,  qui  eût  été  un 
curieux  document,  n'est  pas  venu  jusqu'à  nous  : 
nous  ne  savons  pas  davantage  si  les  câpres  de 
Cuillé  et  le  beurre  de  Rennes  ont  fait  le  voyage 
jusqu'à  Zell  :  il  eût  été  intéressant  de  savoir  notam- 
ment si  le  produit  breton  avait  soutenu  honorable- 
ment la  comparaison  avec  le  produit  similaire  de 
Hollande,  La  lettre  suivante  n'en  dit  rien  :  elle  ap- 
prit à  M.  de  Cuillé  une  grave  maladie  qui  semble 
avoir  mis  en  danger  les  jours  de  son  cousin  : 

A  ZeU,  le  22  mars  168S. 

Mon  cher  cousin,  ne  croiez  pas  que  ce  soit  la  paresse  qui 
m'ait  fait  être  si  longtemps  sans  vous  apprendre  de  mes  nou- 
velles. Il  y  a  un  mois  que  je  tombai  malade  d'une  pleurésie  si 
forte  que  tous  les  médecins  m'ont  abandonné  et  je  vous  assure 
que  je  croyais  bien  faire  le  voyage,  mais  le  bon  Dieu  ne  Ta  pas 
encore  voulu  et  je  commence  à  me  remettre.  Vous  ne  sauriez 
croire  les  honnêtetés  que  jai  reçu  de  tout  le  monde  dans  ma 
maladie,  particulièrement  de  Leurs  Altesses  qui  envoyaient  à 
tout  moment  prendre  de  mes  nouvelles.  Nous  sommes  ici  dans 
le  plus  grand  silence  du  monde,  encore  que  ce  ne  soit  en  tout 
autre  lieu  que  bruits  de  guerre.  L'on  n'a  pas  laissé  que  de  faire 
ici  de  nouveaux  corps  de  troupe  :  les  officiers  ne  sont  pas  encore 
nommés,  c'est  pourquoi  je  ne  saurais  pas  encore  vous  mander 
quelque  nouvelle  de  mon  avancement.  Mon  cher  cousin,  j'ay 
peur  que  l'on  ne  vous  ait  manqué  de  parole  touchant  mon  af- 


—  244  — 

faire.  Je  vous  assure  que  ce  me  serait  un  grand  coup  de  foudre; 
enfin  vous  êtes  mon  unique  ressource  et  de  vous  dépend  mon 
bonheur  ou  mon  malheur,  et  je  ne  doute  pas  que  vous  ne  fassiez 
de  votre  mieux,  sachant  servir  une  personne  qui  vous  en  té- 
moignera une  obligation  sans  pareille...        Saint-Laurbnt. 

Enfin,  quelques  mois  après,  il  put  annoncer  à 
son  cousin  qu'il  avait  fait  un  pas  de  plus  dans  la 
hiérarchie  militaire.  Voici  ce  qu'il  lui  manda,  au 
milieu  d'une  lettre  en  partie  consacrée  à  ses  débats 
d'intérêts  avec  ses  frères  et  sœurs,  à  qui  il  suppose 
à  son  égard  des  sentiments  haineux  : 

...  Il  faut  que  je  vous  apprenne  le  changement  qu'il  y  a  en 
ma  fortune.  S.  A.  mon  maître  m'a  honoré  de  la  charge  de  ca- 
pitaine de  sa  compagnie  où  je  suis.  C'est  une  grande  grâce, 
mais  non  pas  encore  contentement,  car  mon  capitaine  en  est  le 
colonel,  ainsi  je  ne  serai  au  comble  de  joie  que  lorsqu'il  quit- 
tera, ce  qui  se  fera  dès  lorsqu'il  y  aura  un  régiment  vacant,  ce 
que  j'espère  qui  se  fera  bientôt  ;  en  attendant,  je  suis  toujours 
nanti,  pour  que,  lorsqu'il  quittera,  personne  n'ait  à  y  prétendre  : 
je  ne  doute  pas  que  cette  nouvelle  ne  vous  réjouisse  et 
toute  votre  famille,  puisque  je  ne  doute  pas  que  vous  ne  preniez 
part  à  mon  avancement.  Pour  la  guerre,  nous  ne  savons  si 
nous  l'aurons  ou  non  :  toutes  les  troupes  ont  un  ordre  de  se 
tenir  prêtes  et  tous  les  officiers  de  se  mettre  en  équipage  : 
ainsi  nous  attendons  de  moment  en  moment  l'ordre  pour  mar- 
cher *... 

Il  se  demanda  Tannée  suivante  s'il  ne  serait  pas 
obligé  de  faire  un  nouveau  voyage  en  Bretagne  pour 
terminer  enfin  l'interminable  partage  et  amener  ses 
cohéritiers  à  accepter  le  chiffre  auquel  il  évaluait 
sa  part  successorale^.   Mais  il  ne  partit  pas,   soit 

1.  Zell.  18  juin  (1683). 

2.  Lettre  sans  date  qui  paraît  être  de  1684. 


—  245  — 

qu'il  jugeât  sa  présence  inutile  pour  hâter  la  solu- 
tion désirée,  soit  quMl  fût  retenu  par  ses  devoirs 
militaires.  Un  an  plus  tard,  la  révocation  de  Tédit 
de  Nantes  et  surtout  la  répercussion  qu'elle  eut 
ensuite  sur  les  relations  de  l^ouis  XIV  et  de  ses 
alliés  protestants  en  Allemagne  lui  fermèrent  pour 
longtemps  les  portes  de  la  France. 

Ce  grand  événement  souleva  de  Tautre  côté  du 
Rhin  et  dans  tous  les  pays  où  dominait  la  Réforme 
une  émotion  profonde,  entretenue  par  Timmigration 
des  réfugiés  français.  La  Cour  de  Zell  la  ressentit 
d'autant  plus  vivement  que  la  duchesse  Eléonore 
était  frappée  dans  la  personne  de  plusieurs  de  ses 
parents,  ardents  réformés,  et  que  l'agent  de  Geor- 
ges-Guillaume à  Paris  ne  put  échapper  non  plus  à 
la  proscription  et  à  la  confiscation.  Le  duc  sollicita 
en  vain  pour  eux  un  adoucissement  à  la  mesure 
générale  :  le  refus  qu'il  éprouva  amena  la  rupture 
en  janvier  1689.  Les  troupes  de  Brunswick-Lune- 
bourg  s'unirent  à  celles  de  la  coalition  que  Guil- 
laume-d'Orange,  devenu  roi  d'Angleterre,  comman- 
dait en  chef.  Amaury  de  Farcy  se  trouva  du  coup 
lié  pour  toujours  au  service  du  duc  de  Zell  et  de 
ses  successeurs;  il  n'en  conserva  pas  moins  ses 
rapports  avec  ses  proches  parents  que  l'édit  tou- 
chait peu,  puisque  presque  tous  étaient  depuis  long- 
temps catholiques  :  d'autres  s'empressèrent  d'ab- 
jurer et,  dans  les  diverses  branches  de  sa  famille, 
il  n'y  eut  guère  à  se  réfugier  à  l'étranger  que  des 
femmes,  parmi  lesquelles  une  de  ses  sœurs,  mariée 
en  Normandie,  et  sa  cousine.  M"'  de  Cuillé-.   Mal- 


1.  Horric  de  Beaucaire,  pp.  97  et  98. 

2.  C'étaient  Françoise  de  Farcy,  comtesse  de  Fontaines,  et  Madeleine* 
Elisabeth  de  Guilion,  femme  de  François  de  Farcy,  seigneur  de  Guiilé, 


—  246  — 

heureusement,  sa  correspondance  nous  manque  à 
partir  de  1684  :  elle  nous  aurait  édifiés  sur  ses  sen- 
timents, sur  l'état  des  esprits  autour  de  lui,  sur  les 
péripéties  de  sa  carrière;  nous  connaîtrions  par  lui 
quelques  incidents  de.  la  longue  guerre,  déjà  com- 
mencée, qui  ne  prit  fin  qu'en  1697.  Nos  autres  do- 
cuments, si  précieux  d'ailleurs,  eussent  été  bien 
utilement  éclairés  par  ses  lettres. 

Capitaine  des  dragons  de  la  garde,  il  se  plaignait 
de  n'être  pas  encore  le  maitre  de  sa  compagnie  : 
«  J'ai  toujours  un  colonel  devant  moi,  écrivait-il  à 
if  M.  de  Cuillé  dans  cette  dernière  lettre  de  1684; 
«  mais  je  me  console  en  attendant  mieux  et  je  n'ai 
«  point  raison  de  me  plaindre,  car  mon  poste  est 
«  fort  joli.  »  Soit  que  sa  patience  fût  mise  à  une 
trop  longue  épreuve,  soit  qu'il  appréciât  qu'un  poste 
plus  actif,  en  servant  mieux  ses  intérêts  de  carrière, 
lui  permettrait  en  même  temps  de  réduire  ses  dé- 
penses, il  permuta  avec  le  capitaine  de  Buccow,  que 
Georges-Guillaume  honorait  d'une  amitié  particu- 
lière. Incorporé  avec  son  grade  [Rittmeister)  dans 
le  régiment  de  cavalerie  du  lieutenant-général  de 
Chauvet,  il  fut  vu  à  l'œuvre  par  cet  appréciateur 
compétent  qui  le  poussa.  Amaury  franchit  en  quel- 
ques années  plusieurs  échelons  :  nommé  major  le 
29  décembre  1687,  lieutenant-colonel  en  1691,  colo- 
nel le  1"  août  1693,  il  eut  dans  ce  dernier  grade  le 
commandement  effectif  du  régiment  de  cavalerie  de 
Boisdavid  —  ancien  3*  régiment  de  cavalerie  de 
Hanovre  —  dont  le  chef  titulaire,  général  d'artille- 
rie, était  employé  ailleurs.  A  partir  de  1693,  il  ne 
cessa  plus  de  le  commander  et  en  fît  une  troupe 

le  cousin  si  obligeant  d'Amaury  :  cette  dernière  se  fixa  à  Delft  (Hol- 
lande) et  y  mourut  en  1731. 


—  247  — 

modèle  a  laquelle  il  s'attacha  tellement  qu'il  refusa 
tous  les  autres  régiments  qui  lui  furent  offerts  par 
la  suite.  La  faveur  du  duc  ne  s'arrêta  pas  là  :  élevé 
le  1"  janvier  1702  au  grade  de  brigadier,  il  reçut  le 
l''  mars  1705  celui  de  général-major,  équivalent  à 
maréchal  de  camp  *.  Quelques  mois  après,  Georges- 
Guillaume  mourait  (28  août  1705);  son  décès  n'ar- 
rêta pas  la  carrière  d'Amaury.  Devenu  le  sujet  de 
Georges-Louis,  électeur  de  Hanovre,  qui  joignit  à 
ses  états  ceux  de  son  beau-père,  il  ne  fut  pas  moins 
estimé  par  son  nouveau  souverain. 

Nou«  sommes  loin  du  temps  où  le  lieutenant  des 
dragons  de  la  garde  de  Zell  exhalait  ses  plaintes  et 
faisait  part  à  son  cousin  de  ses  désirs  impatients 
d'avancement.  Vingt-neuf  années  d'efforts  et  de 
vaillants  services,  ainsi  que  la  bienveillance  de  ses 
chefs,  l'avaient  porté  d'un  grade  subalterne  à  celui 
d'ofïicier  général  :  ses  affaires  de  France  n'avaient 
pas  marché  du  même  pas.  Elles  lui  causèrent  trop 
de  souci  pour  que  nous  les  passions  sous  silence  : 
nous  résumerons  donc  rapidement  ce  que  nous  en 
savons  :  aussi  bien  est-ce  un  trait  caractéristique 
des  mœurs  d'autrefois  que  ces  conflits  d'intérêts 
s'éternisant  entre  proches  parents,  que  cette  lenteur 
à  faire  aboutir  les  comptes,  les  partages  et  tout  ce 
qui  pouvait  donner  prétexte  à  un  litige.  Nos  pères 
en  souffraient  cruellement,  mais  ils  subissaient  avec 
plus  ou  moins  de  résignation  ce  qu'ils  regardaient 
comme  un  mal  inévitable. 

1.  Les  détails  que  nous  donnerons  désormais  seront  presque  tous,  sauf 
ceux  qui  concernent  les  affaires  de  famille,  empruntés  à  la  biographie 
allemande  à  laquelle  nous  devons  déjà  d'utiles  renseignements  :  les 
dates  de  promotion  nous  ont  été  fournies  par  les  extraits  que  M.  de  Estorff 
a  bien  voulu  faire  pour  nous  des  brevets  et  commissions  d'Amaury 
de  Farcy,  dont  il  possède  les  originaux  dans  les  archives  de  son  château 
de  Veersen. 


—  248  — 

En  1695,  à  l'époque  où  nous  amènent  nos  docu- 
ments, M.  de  Farcy  père  était  mort  depuis  huit  ans; 
sa  succession  bénéficiaire  se  débattait  péniblement 
contre  les  réclamations  de  ses  créanciers,  parmi  les- 
quels les  héritiers  de  deux  de  ses  frères.  Le  colonel 
de  Saint-Laurent  attendait  toujours  son  partage,  et 
son  cousin  de  Cuillé,  Tun  des  créanciers  opposants, 
plaidait  en  outre  contre  lui  au  sujet  de  leurs  comptes 
particuliers.  De  part  et  d'autres  cependant,  on  ne 
demandait  qu'à  s'entendre  :  pour  concourir  à  une 
solution  amiable,  Amaury,  qui  ne  pouvait  se  rendre 
en  Bretagne,  chargea  de  ses  pouvoirs  son  beau- 
frère,  Olivier-François  de  Groesquer.  Le  17  mars 
1695,  il  se  présenta  devant  le  notaire  public  impé- 
rial Mûhe,  assisté  de  ses  témoins,  MM.  Chappu- 
zeau  et  de  FréchapcUe*,  réfugiés  français,  et  signa 
une  procuration  qui  fut  libellée  en  latin-.  La  tran- 
saction qui  intervint,  à  la  suite  d'un  jugement  arbi- 
tral, se  résuma  en  une  cession  de  parts  dans  la 
propriété  des  forges  et  de  la  forêt  de  Brécilien  ;  la 
dette  de  la  succession  se  trouva  éteinte  et  la  créance 
personnelle  de  M.  de  Cuillé  réduite  de  moitié;  il  fut 
stipulé  que  le  partage  final  de  la  succession  mater- 
nelle serait  terminé  dans  un  an  3. 

Quatre  ans  après,  il  n  était  même  pas  commencé  : 
les  mêmes  parties  plaidaient  sur  l'exécution  de  la 
transaction,  et  M.  de  Cuillé,  à  la  veille  de  mourir, 


1.  Christophe  Chappazeau,  fils  de  Samuel,  écrivain  aussi  fécond  que 
médiocre,  qui  avait  été  précepteur  de  Guillaume  d'Orange,  était  à  cette 
époque  secrétaire  particulier  du  duc  de  Zell  :  il  mourut  en  1732  (Horric 
de  Beaucaire.  p.  104).  —  Nous  n'avons  pu  recueillir  aucun  renseigne- 
ment sur  l'autre  témoin. 

2.  (^e  document  est  annexé  à  la  transaction  :  il  nous  a  paru  digne 
d'être  repniduit  à  titre  de  curiosité.  —  V.  Appendice,  n«  I. 

3.  Acte  du  30  avril  1696  (Bertelot  et  Chassé,  notaires  royaux  à  Rennes). 
—  La  convention  a  été  ratifiée,  au  mois  de  novembre  suivant,  par  Amaury 
de  Farcy,  alors  à  Louvain.  —  V.  Appendice,  n"  II. 


—  249  — 

avait  de  son  côté  obtenu  contre  son  cousin,  en  1697, 
un  arrêt  de  condamnation  contre  lequel  celui-ci  se 
pourvoyait  au  Conseil  du  roi.  On  eut  le  bon  sens 
de  recourir  de  nouveau  à  un  arbitrage  et  à  un  ar- 
rangement qui  réunit  tous  les  cousins,  présents  ou 
représentés,  devant  le  même  notaire.  Cette  fois,  le 
colonel  allemand  voulut  y  prendre  part  en  per- 
sonne :  la  paix  de  Rysv^ick  ayant  rétabli  les  relations 
entre  l'Allemagne  et  la  France,  il  vint  à  Rennes,  et 
le  4  avril  1699,  apposa  sa  signature  au  pied  de  la 
transaction  qui  résolut  toutes  les  questions  pen- 
dantes, donnant  aux  héritiers  de  Farcy  un  nouveau 
délai  de  deux  ans  pour  opérer  définitivement  leur 
partage*.  A  moins  de  conventions  secrètes  qui  ne 
sont  pas  venues  jusqu'à  nous,  Amaury  ne  fut  donc 
pas  encore  en  état  de  s'acquitter  vis-à-vis  de  son 
cousin  et  du  tailleur  de  Paris.  En  tout  cas,  il  eut  la 
satisfaction  de  revoir  à  Rennes  une  partie  de  sa 
famille,  encore  nombreuse  malgré  les  vides  que  la 
mort  y  avait  creusés  :  deux  de  ses  frères  et  son 
cousin  de  Cuillé  étaient  dans  la  tombe ^.  Il  fit  ou 
refit  connaissance  avec  leurs  enfants  et  visita  cer- 
tainement deux  de  ses  nièces  du  Rocher  à  Tabbaye 
de  Saint-Georges,  où  la  plus  jeune  allait  faire  sa 
profession,  le  4  mai  suivant,  à  Tâge  de  27  ans'. 
Elles  devaient  attendre  longtemps  une  nouvelle  vi- 
site de  leur  oncle. 

Le  temps  de  son  congé  expiré,  il  dit  à  ses  parents 
un  adieu  qui  pouvait  être  éternel  et  rentra  en  Alle- 


1.  Minutes  de  Bertelot.  notaire  à  Rennes,  1699  (Archives  d'Ille-et-Vi- 
laine). 

2.  Jacques,  son  frère  aîné,  est  mort  en  1690;  François,  le  plus  jeune, 
vers  1695,  et  son  cousin  de  Cuillé  en  1696. 

3.  Registre  des  professions  à  l'abbaye  royale  de  Saint-Georges  (Greffe 
du  tribunal  civil  de  Rennes). 


—  250  - 

magne  pour  y  reprendre  le  commandement  du  ré- 
giment de  Boisdavid.  Il  ne  se  doutait  pas  que  son 
hoirie  serait  ouverte  légalement  un  an  plus  tard  et 
que  dans  le  partage  si  longtemps  attendu,  sa  part 
de  l'héritage  maternel  accroîtrait  celles  de  ses  co- 
héritiers. Ceux-ci,  mis,  par  la  déclaration  du  roi  du 
29  décembre  1699,  en  possession  désormais  inatta- 
quable des  biens  d'Amaury,  agirent  comme  ses  suc- 
cesseurs légitimes*.  Le  5  février  1706,  ils  firent  un 
accord  définitif  dans  lequel  entra  la  liquidation  mi- 
nutieuse de  ce  qui  était  dû  à  «  M"  de  S*-Laurent 
d'Allemagne  »  et  de  ce  qu'il  devait  lui-même  :  le 
reliquat  actif  fut  réparti  entre  les  co- partageants  et 
le  passif  mis  à  leur  charge  dans  les  mêmes  propor- 
tions^. Le  colonel  allemand  n'avait  plus  rien  en 
France,  ni  fortune  ni  dettes.  Nous  voulons  croire, 
malgré  les  apparences,  que  ses  parents  ne  se  sont 
pas  enrichis  à  son  détriment  et  qu'à  un  moment 
ou  à  un  autre,  ils  lui  ont  tenu  compte  de  sa  part  : 
ce  qui  nous  le  fait  supposer,  c'est  l'affection  qu'il 
conserva  à  sa  famille  et  le  désir  qu'il  eut  plus  tard 
de  la  revoir.  Maintenant  revenons  à  1705. 

A  ce  moment,  la  guerre  de  la  succession  d'Es- 
pagne réunissait  contre  Louis  XIV  et  Philippe  V 
l'Angleterre,  la  Hollande,  l'Autriche  et  la  plus 
grande  partie  de  l'Empire  germanique  :  les  troupes 


1.  Aux  termes  de  cette  déclaration,  les  protestants  français  qui  vi- 
vaient à  rétran(;;er  étaient  mis  en  demeure  de  rentrer  en  France  dans  le 
délai  de  six  mois  et  d'y  professer  la  reli(<ion  catholique  :  passé  ce 
délai,  leurs  biens  restaient  définitivement  acquis  à  leurs  plus  proches 
parents,  à  charge  par  ceux-ci,  sous  peine  d'en  être  eux-mêmes  dé- 
pouillés, de  ne  leur  faire  passer  «  aucune  partie  dos  fonds,  ni  même  des 
revenus  desdits  biens.  »  (Art.  8.> 

2.  Minutes  de  Le  Barbier,  notaire  à  Rennes.  1706  (Arch.  d'Ille  et-Vil.). 
—  D'après  cet  acte,  le  reliquat  net  n'atteignait  pas  2U,UU0  livres  :  en 
effet,  l'actif  fut  fixé  à  78.700  livres  et  le  passif  (y  compris  le  compte  enfin 
réjçlé  en  1701  du  tailleur  Limousin.  V»^  liv.)  à  58,ÎJ00  liv. 


—  251  — 

du  duc  de  Zell  stationnaient  alors  dans  les  Pays- 
Bas  avec  celtes  de  ses  alliés.  L'Electeur  de  Hanovre 
les  plaça  sous  le  commandement  du  lieutenant- 
général  Cuno-Josuah  de  Bulow  et  dès  le  24  sep- 
tembre 1705,  il  enjoignit  au  général  de  Saint-Lau- 
rent d'aller  avec  ses  officiers  se  mettre  sous  les 
ordres  de  ce  chef*.  A  la  fin  de  cette  même  année,  il 
lui  manifesta  plus  particulièrement  sa  bienveillance 
en  lui  faisant  don  du  régiment  de  Boisdavid,  que  la 
mort  du  titulaire  rendait  disponible. 

On  sait  que  la  France,  dans  cette  période  néfaste, 
paya  ses  anciens  triomphes  par  une  série  de  dé- 
faites :  Amaury  de  Parcy  se  distingua  dans  cette 
guerre  par  son  courage  et  sa  résolution.  Le  23  mai 
1706,  les  alliés  lui  durent  la  victoire  de  Ramillies  :  le 
duc  de  Malborough,  après  avoir  donné  le  change,  par 
quelques  fausses  attaques,  à  l'armée  française  que 
commandait  Villeroy,  lança  tout  à  coup  contre  son 
aile  droite  quatorze  ou  quinze  escadrons  de  Tavant- 
garde.  Amaury  de  Farcy,  qui  était  sur  les  lieux  le 
plus  ancien  des  généraux  hanovriens,  dirigea  cette 
charge  avec  tant  de  vigueur  quMl  culbuta  la  cavale- 
rie adverse  et  la  sépara  de  l'infanterie,  qui,  n'étant 
plus  soutenue,  ne  put  résister  à  une  violente  canon- 
nade et  à  la  poussée  d'une  masse  d'infanterie  :  Ra- 
millies fut  emporté.  La  retraite,  commencée  en  bon 
ordre,  devint  une  débandade  :  la  panique  s'empara 
de  deux  corps  de  cavalerie,  l'un  espagnol  et  l'autre 
bavarois,  et  la  journée  se  termina  de  notre  côté  par 
un  désastre.  Le  général  de  Saint-Laurent  put  alors 
faire  partir  pour  Hanovre  son  aide  de  camp  Stiffer 
pour  porter  à  l'Electeur  la  première  nouvelle  de  cet 

1.  Archives  de  Veersen. 


—  252  — 

éclatant  succès.  Son  souverain,  à  qui  d'ailleurs  Mal- 
borough  le  signala  particulièrement  comme  ayant 
grandement  contribué  au  gain  de  la  bataille,  lui 
adressa  une  lettre  de  remerciements*. 

lie  jour  de  la  sanglante  journée  de  Malplaquet 
(20  octobre  1709),  le  généralissime  anglais  le  chargea 
spécialement  de  diriger  trente  escadrons  placés 
sous  le  commandement  du  prince  d'Auvergne,  très 
brave,  mais  encore  peu  expérimenté,  avec  cette  re- 
marque que  lui,  le  général  de  Saint- Laurent,  savait 
agir  avec  autant  de  présence  d'esprit  que  de  valeur  -. 
Le  prince  n'était  plus  très  jeune  —  il  avait  alors 
trente-cinq  ans  —  mais  le  duc  de  Malborough  se 
déliait  sans  doute  de  son  sang-froid.  La  cavalerie 
qu'il  commandait  et  celle  de  l'Electeur  de  Hesse,  très 
vigoureusement  attaquées  à  plusieurs  reprises,  du- 
rent peut-être  au  général-major  de  Saint-Laurent 
de  n'avoir  pas  été  détruites.  On  n'ignore  pas  que  si 
les  ennemis  de  la  France,  très  supérieurs  en  nombre, 
purent  coucher  sur  le  champ  de  bataille,  ce  fut  au 
prix  de  pertes  énormes^. 

Amaury  de  Farcy  avait  encore  un  grade  à  con- 
quérir :  le  1"  janvier  17i2,  l'Electeur  de  Hanovre  le 
nomma  lieutenant-général  de  sa  cavalerie*,  le  pla- 
çant ainsi  à  la  tête  de  l'arme  que  nul  ne  connaissait 
mieux  que  lui  et  dont  il  savait  tirer  parti   dans  les 

1.  Biographie,  pp.  221  et  222. 

2.  François-Egon  de  la  Tour,  marquis  de  Berg-op-Zoom ,  connu  sous 
le  nom  de  prince  d'Auvergne,  troisième  fils  de  Frédéric-Maurice  de  la 
Tour,  comte  d'Auvergne,  lieutenant-général  des  armées  du  roi,  gouver- 
neur du  Haut  et  du  Bas  Limousin,  et  d'Henriette-Françoise  de  Zoilen,  sa 
première  femme,  née  le  15  décembre  1675,  était  mestre  de  camp  de  ca- 
valerie au  service  de  Louis  XIV  lorsqu'il  le  quitta  en  1702  pour  servir 
successivement  l'empereur  d'Allemagne  et  les  Provinces-Unies  des  Pays- 
Bas  :  il  mourut,  sans  descendants  mâles,  le  27  juillet  1710. 

3.  Histoire  militaire  du  règne  de  Louis  le  Grand,  par  le  marquis  de 
Quincy,  in-4",  tom.  VI,  pp.  205-207. 

4.  En  allemand  Gêner  al- Lieutenant, 


—  253  — 

circonstances  les  plus  critiques  :  c'était  le  couron- 
nement de  sa  carrière  dont  il  aurait  eu  tort  de  se 
plaindre,  pas  plus  que  de  la  bienveillance  des  sou- 
verains. Non  content  de  lui  conférer  en  1679  le  droit 
d'indigénat,  véritable  naturalisation  qui  lui  permet- 
tait de  prétendre  à  tous  les  emplois,  le  duc  de  Zell 
le  lui  avait  confirmé  en  1698,  en  lui  donnant  «  l'of- 
fice et  charge  »  de  «  drossart  »  à  Ebstorf  qui  lui  at- 
tribuait des  fonctions  administratives  au  lieu  où  il 
fixa  sa  demeure'.  Il  en  fut  de  nouveau  investi,  par 
lettres  patentes  datées  de  Hanovre,  20  février  1714, 
qui  précisèrent  ses  obligations  et  ses  droits  *. 

1.  Le  drossart  (en  allemand  Droit)  était  une  sorte  de  préfet,  toat  à  la 
fois  lieutenant  de  police  et  bailli.  La  note  suivante  fournira  sur  ce  point 
des  renseignements  plus  précis.  —  Les  lettres  patentes  du  10  mars  1698, 
Signées  G  W  (Georg  Wilhelm)  constatent  que  le  nouveau  pourvu  avait 
été  proclamé  drossart  dés  le  mois  de  janvier  précédent  Une  copie  du 
document  original  nous  a  été  très  gracieusement  adressée  par  M.  le  di- 
recteur des  Archives  royales  de  Hanovre. 

2.  Archives  du  château  de  Veersen.  —  Pour  donner  une  idée  exacte  des 
obligations  auxquelles  était  soumis  un  drossart,  nous  traduisons  plu- 
sieurs passages  des  lettres-patentes.  Elles  indiquent  d'abord  que  le  titu- 
laire a  le  devoir  de  maintenir  et  de  favoriser  de  tout  son  pouvoir  et  de 
tout  son  zélé  ce  qui  est  avantageux  au  souverain,  de  prévoir  et  d'écarter 
ce  qui  pourrait  lui  être  nuisible  et  préjudiciable  et  spécialement  d'exercer 
activement  et  fidèlement  la  charge  de  drossart  à  Ebstorf,  soit  par  lui- 
même  lorsqu'il  n'en  sera  pas  détourné  par  le  service  de  guerre  dans  le- 
quel il  est  actuellement  retenu,  soit  par  le  fonctionnaire  qui  lui  est  ad- 
joint :  il  a  particulièrement  celui  «  de  ne  pas,  sans  notre  permission  ou 
«  celle  de  notre  chambre  électorale,  utiliser  pour  lui-même  ou  concéder 
«  à  quiconque  le  service  des  corvées  ;  de  signer  avec  son  adjoint  les  rap- 
«  ports  requis,  quand  il  sera  présent  à  son  office  ;  de  procurer  et  de  fa- 
«  ciliter  sans  délai  l'exécution  de  tous  et  de  chacun  les  ordres  émanant 
«  de  nous  et  de  notre  chambre  électorale,  ainsi  que  des  instructions  qui 
«  y  seraient  ajoutées,  dans  tout  ce  qui  dépendra  dudit  office;  de  mainte- 
«  nir  fermement  les  règlements  concernant  l'Eglise,  la  police,  les  forêts 
«  et  les  fonctions  publiques  ;  de  réformer  tous  les  abus  et  pour  les  ré- 
«  primer,  d'édicter  de  bonnes  ordonnances.  Il  est  ensuite  spécifié  que 
tant  qu'il  sera  occupé  au  service  de  guerre,  il  n'aura  que  ses  gages 
mensuels  payés  par  la  caisse  militaire  et  devra  s'en  contenter,  et  que 
s'il  vient  à  quitter  l'armée,  avec  la  permission  de  l'Electeur,  et  à  s'établir 
d'une  façon  stable  dans  le  baillage  d'Ebstorf,  il  sera  traité  sur  le  même 
pied  que  le  capitaine  de  Heimburg,  son  prédécesseur.  Jusqu'à  nouvel 
ordre,  il  aura  la  jouissance  de  la  maison  de  gîte  du  souverain,  sauf  à 
déguerpir  lorsqu'il  plaira  à  celui-ci  d'y  venir  avec  sa  Cour  faire  un  sé- 
jour aussi  long  qu'il  le  voudra.  L'Electeur  se  réserve  le  droit  de  ne  plus 


—  254  — 


III 


Son  biographe,  renseigné  non  seulement  par  les 
documents  ofTiciels,  mais  encore  par  les  souvenirs 
conservés  dans  sa  famille  *,  fait  connaître  qu'Amaury 
de  Farcy,  recommandable  par  sa  bravoure  et  ses 
talents  militaires,  Tétait  aussi  par  son  esprit  très 
cultivé  et  sa  grande  connaissance  des  hommes,  non 
moins  que  par  sa  modestie  et  son  affabilité.  Il  avait 
acquis  l'entière  confiance  de  ses  subordonnés,  Taffec- 
tion  et  Testime  de  ses  chefs,  des  étrangers  et  même 
des  Hollandais,  peu  accueillants  de  leur  nature.  Les 
Etats-Généraux  des  Pays-Bas  le  choisirent  spéciale- 
ment pour  commander  en  second,  pendant  quelques 
hivers,  la  forte  garnison  mixte  de  Bruxelles;  il  est 
bon  d'ajouter  qu'ils  se  montrèrent  peu  reconnais- 
sants de  ses  services  et  sont  restés,  depuis  1714, 
débiteurs  de  sa  famille  pour  avances  faites  aux 
troupes  d'une  somme  de  22,000  florins  ^ 

Il  réussit  même,  tout  en  se  faisant  respecter,  à 
entretenir  —  ce  qui  n'était  pas  facile,  paraît-il,  — 
avec  le  lieutenant-général  de  Bulow,  très  favorisé 
par  la  Cour,  futur  feld- maréchal,  de  bien  meilleures 
relations  que  les  autres  généraux  placés  sous  ses 
ordres.  Celui-ci  resta  toujours  son  ami  et  lui  donna 
des  marques  non  équivoques  de  sa  bienveillance  :  ce 

le  garder  à  son  service,  en  lui  donnant  son  congé  six  mois  à  Tavance, 
lui  accordant,  aux  mêmes  conditions,  la  faculté  de  se  retirer  quand  il  ne 
lui  conviendra  plus  de  servir.  En  fait,  le  lieutenant-général  de  Saint- 
Laurent  est  resté  en  fonctions  jusqu'à  sa  mort  :  il  est  décédé  dans  la 
demeure  officielle  assignée  au  drossart. 

1.  Biographie,  pp.  22*2  et  223.  —  Son  pcre  avait  pu  interroger  le  géné- 
ral de  cavalerie,  Jacques  de  Pontpiétin,  mort  à  Hanovre  en  1765.  dans 
sa  quatre-vingt-huitième  année,  qui  avait  servi  sous  les  ordres  d'Amaury 
de  Farcy. 

2.  Biographie,  p.  223. 


—  255  — 

fut  à  sa  demande  que  TElecteur  de  Hanovre,  devenu 
en  i714  roi  d'Angleterre  sous  le  nom  de  Georges  I", 
conféra  à  Amaury  de  Farcy,  par  rescript  des 
30  août-10  septembre  1717,  le  commandement  de  la 
citadelle  de  Kalhberg  et  de  la  ville  de  Lunebourg*. 
En  outre,  il  le  fit  désigner  pour  le  poste  considé- 
rable de  second  commissaire,  lors  de  l'établissement 
de  la  Commission  impériale  d'exécution  formée  en 
Hanovre  et  Brunzwick  pour  contraindre  à  l'obéis- 
sance le  duc  de  Mecklembourg  ^. 

Nous  ne  connaissons  des  opérations  de  cette 
campagne  qu'un  incident  sur  lequel  le  général  de 
Estorff  s'étend  longuement  3.  En  1719,  les  Mecklem- 
bourgeois,  sous  les  ordres  du  général-major,  comte 
de  Schwérin,  se  trouvèrent  en  contact  avec  les 
troupes  brunswicko-hanovriennes  près  de  Wals- 
muhlen  :  le  lieutenant-général  de  Bulow,  qui  com- 
mandait celle-ci,  crut,  sur  l'affirmation  d'officiers, 
témoins  oculaires,  en  apparence  dignes  de  foi,  que 
les  troupes  ennemies  n'étaient  qu'un  ramassis  de 
«  canailles  »  qui  n'oseraient  jamais  engager  le  com- 
bat contre  un  adversaire  beaucoup  plus  fort;  aussi 
négligea-t-il  de  reconnaître  le  terrain,  de  se  rensei- 
gner sur  la  marche  des  Mecklembourgeois  et  sur 
leur  nombre  réel  :  il  ne  fit  pas  approcher  à  temps 


1.  Archives  de  Veersen. 

2.  Charles-Léopold,  duc  de  Mecklemboarg,  monté  sar  le  trône  en  1713, 
avait  voulu  lever  des  impositions  malgré  l'opposition  des  Etats.  Ceux-ci 
s'étaient  pourvus  devant  le  Conseil  aullque  et  avaient  obtenu  de  l'empe- 
reur un  rescrit  dont  leur  souverain  n'avait  tenu  aucun  compte,  appelant 
même  à  son  secours  Pierre-le-Grand,  qui  lui  avait  envoyé  deux  régi- 
ments russes.  L'empereur,  pour  obliger  son  justiciable  récalcitrant  à 
obéir  au  rescript,  nomma  une  Commission  militaire  qui  entra  dans  le 
duché  avec  une  armée  de  treize  mille  hommes.  Le  duc  de  Mecklembourg, 
battu  et  privé  de  ses  places  fortes,  fut  contraint  de  quitter  le  pays.  (Art 
de  vérifier  les  dates,  III,  485.) 

3.  Biographie,  pp.  224  et  225. 


—  256  — 

plusieurs  de  ses  régiments.  Le  Gomte  de  Schwérin 
ne  commit  pas  la  même  faute  :  très  exactement  ren- 
seigné sur  la  situation  des  divers  corps  de  l'armée 
adverse,  il  attaqua  à  fond  et  délogea  le  régiment 
hanovrien  placé  près  de  Walsmiihlen;  sa  cavalerie, 
bien  menée,  mit  les  dragons  de  Wendt  dans  un 
grand  désordre  :  ce  serait  devenu  une  humiliante 
déroute  sans  l'intervention  de  plusieurs  régiments 
de  Hanovre,  qui,  bien  que  tardive,  réussit  à  Tempé- 
cher.  Le  général  de  Saint-Laurent  paya  de  sa  per- 
sonne à  la  tête  de  ses  cavaliers  :  il  eut,  dans  une 
charge,  son  cheval  grièvement  blessé,  et  si  son 
ordonnance,  Jean  Otto,  ne  Tavait  immédiatement 
pourvu  d'une  autre  monture,  il  eut  couru  de  grands 
risques.  Déjà,  deux  ans  auparavant,  à  Ebstorf,  cet 
homme  lui  avait  sauvé  la  vie  en  l'arrachant  presque 
mort,  inondé  de  sang,  à  la  fureur  d  un  étalon  qui 
Tavait  jeté  sous  son  cheval  K 

Deux  grands  événements  heureux,  un  troisième 
bien  douloureux,  prirent  place  dans  les  dernières  an- 
nées de  sa  vie.  En  nous  réservant  de  mentionner  les 
autres  plus  loin,  nous  rappellerons  ici  l'un  des  pre- 
miers, un  voyage  en  France.  Ce  fut  en  1723  qu'il  se 
décida  à  l'entreprendre';  il  y  avait  vingt-quatre 
ans,  croyons-nous,  qu'il  n'était  venu  visiter  son 
pays  d'origine  et  sa  famille^.  Quoiqu'il  se  fût  fait 
en  Allemagne  une  seconde  patrie  dans  laquelle  se 

1.  Biographie,  p.  227. 

2.  D'après  la  biographie  allemande,  ce  voyage  aurait  été  effectué  en 
1724  ;  nous  croyons  qu'il  a  eu  lieu  plus  tôt.  La  lettre  dont  il  est  question 
dans  une  des  notes  suivantes  l'annonçait  déjà  en  février  1728  ;  et  s'il  est 
vrai  que  le  général  de  Saint-Laurent  ait  été  reçu  par  le  régent,  il  n'a  pu 
l'être  que  dans  le  courant  de  cette  même  année,  puisque  Philippe  d'Or- 
léans est  mort  le  2  décembre. 

3.  Il  est  possible  qu'Amaury  de  Farcy  soit  venu  en  France  vers  17l4 
ou  1715,  après  la  paix  d'Utrecht,  mais  aucun  document  ne  nous  permet 
de  l'affirmer,  ni  même  de  le  conjecturer.  ^ 


—   io/    — 

réunissaient,  pour  Vy  fixer,  ses  affections  les  plus 
proches  et  ses  intérêts,  il  ne  put  résister  au  vif 
désir  qu'il  éprouvait  de  franchir  une  dernière  fois 
la  frontière.  Le  moment  était  favorable  à  tous  les 
points  de  vue  :  après  tant  d'années  de  guerres 
acharnées,  la  paix  régnait  en  Europe.  En  France, 
une  certaine  tolérance,  née  de  la  pacification  géné- 
rale, de  radoucissement  des  mœurs  et  peut-être 
aussi  de  Tindifférence  religieuse  qui,  dans  les 
hautes  régions  sociales,  marchait  de  pair  avec  la 
débauche  élégante,  autorisait  les  réfugiés  à  venir 
respirer  Tair  natal  et  renouveler  connaissance  avec 
leurs  parents  et  leurs  amis;  eux-mêmes  recevaient 
des  visites  dans  leur  exil,  et  les  liens  qui  semblaient 
rompus  se  renouaient  ^  Bien  que  le  lieutenant- 
général  de  Saint-Laurent  n'eût  peut-être  pas  à 
craindre  les  difficultés  que  ses  compatriotes  et  cor- 
réligionnaires  pouvaient  redouter,  il  dut  lui  être 
plus  agréable  de  profiter,  pour  sa  longue  absence, 
d'une  époque  où  les  anciennes  rigueurs  avaient  in- 
sensiblement fait  place  à  des  dispositions  plus  bien- 
veillantes du  pouvoir  royal. 

Ce  ne  fut  pas  sans  doute  sans  une  grande  émo- 
tion qu'Amaury  de  Farcy  se  retrouva  en  France  : 
ses  frères,  dont  le  survivant  était  mort  en  1720,  et 
ses  sœurs  avaient  disparu  :  à  leur  défaut,  de  nom- 
breux neveux  et  nièces  reçurent  sa  visite.  Les  dé- 
tails nous  manquent  sur  ce  dernier  pèlerinage  aux 
lieux  de  sa  naissance  et  de  son  enfance  :  nous  ne 


1.  Ce  nouvel  état  de  choses  nous  est  particulièrement  révélé  par  un 
document  contemporain,  d'autant  plus  intéressant  pour  nous  qu'il  émane 
d'une  réfugiée  protestante,  nièce  d'Âmaury  de  Farcy,  et  qu'elle  y  parle 
du  prochain  voyage  en  France  de  son  oncle.  C'est  une  lettre  datée  du 
15  février  1723.  qui  complétera  très  utilement  notre  travail.  —  V.  Ap- 
pendice, n*  III. 

xxxni  23 


—  258  — 

savons  même  pas  s'il  le  fit  seul  ou  avec  son  fils  et 
s'il  y  eut  encore  des  règlements  d'affaires  entre  lui 
et  les  siens.  Evidemment,  tout  se  passa  le  mieux  du 
monde  :  sa  biographie  —  écho  des  traditions  de 
famille  —  nous  apprend  que  ce  voyage  et  Taccueil 
qu'il  reçut  lui  laissèrent,  pour  tout  le  reste  de  sa 
vie,  un  charmant  souvenir  qu'il  se  plaisait  à  évo- 
quer, avec  des  expressions  non  équivoques  de 
grande  satisfaction  :  elle  relate,  en  outre,  qu'il  de- 
manda au  Régent  et  fut  assez  heureux  pour  obtenir 
la  grâce  de  ses  deux  neveux  du  Groesquer  qui 
expiaient  dans  l'exil  leur  participation  au  complot 
breton  de  1719  ^ 

Le  vieux  général  était  arrivé  à  l'âge  du  repos  : 
nous  nous  demandons  môme  s'il  n'avait  pas  déjà 
quitté  le  service  militaire  avant  de  se  rendre  en 
France.  Il  vécut  encore  quelques  années;  la  dou- 
leur d'une  perte  cruelle  aggrava  la  maladie  de  la 
pierre  dont  il  était  atteint  et  le  conduisit  au  tom- 
beau. Il  mourut  à  Ebstorf,  dans  sa  soixante-dix- 
septième  année,  le  8  mai  1729  et  y  fut  inhumé  le 
17  du  même  mois.  Voici  la  traduction  de  l'acte  de 
son  inhumation^  : 

Le  8  mai  (1729),  Son  Excellence  monsieur  le  lieutenant- 
général  de  la  cavalerie,  hautement  breveté  au  service  du  roi 

1.  Biographie,  p.  228.  —  Ses  neveux,  fugitifs  et  contumaces,  avaient 
été  exécutés  par  effigie  :  ils  s'étaient  enfuis  en  Espagne.  En  ce  qui 
touche  l'un  d'eux,  le  chevalier  Auguste-François,  seigneur  de  Beaussan, 
nous  savons  par  M.  de  Boislille  (Généalogie  de  la  maison  de  Talhouéi, 
p.  335)  que  sa  grâce  était  aussi  demandée  avec  insistance  par  lord  Stairs; 
il  rentra  en  France  et  mourut  à  Rennes,  doyen  de  la  noblesse,  pendant 
une  session  des  Etats,  le  16  janvier  1757.  Son  frère,  l'abbé  du  Groesquer, 
est  aussi  rentré  :  nous  ne  savons  ce  qu'il  est  devenu. 

2.  Les  expéditions  authentiques  des  actes  de  sépulture  du  général  et  de 
son  fils,  extraites  des  registres  de  la  paroisse  d'Ebstorf,  nous  ont  été 
envoyées  par  le  «  Landrath  »  d'Oldenstadt,  à  qui  nous  nous  étions  adressé 
par  l'intermédiaire  de  M.  le  directeur  du  Cercle  d'Uezeln. 


—  250  — 

de  la  Grande-Bretagne,  électeur,  duc  de  Brunswick  et  de 
Lunebourg,  Amauri  Farsi  de  S*-Laurent,  commandant  de  la 
forteresse  de  Kalliberg  et  de  la  ville  de  Lunebourg,  drossart 
ici  à  Ëbstorf,  y  mourut  à  cinq  heures  du  soir  et  fut  inhumé, 
sans  solennité,  le  17  du  même  mois  devant  et  proche  Tautel 
dans  Téglise. 

IV 

Le  lieutenant -général  de  Saint  -  Laurent  était 
depuis  longtemps  veuf.  L'histoire  de  son  mariage 
racontée  par  son  biographe  est  un  vrai  roman;  la 
duchesse  de  Zell  avait  attaché  à  sa  personne 
M"*  Dorothée-Louise  de  Charréard,  fille  d'un  réfu- 
gié français,  Antoine  de  Charréard,  conseiller  in- 
time et  surintendant  des  chasses  du  duc  de  Saxe- 
léna.  Celle-ci,  avec  l'agrément  de  ses  souverains, 
s'était  promise  à  un  seigneur  de  Lunebourg  à 
Wathlingen  près  Zell;  mais  le  colonel  de  Saint- 
Laurent  lui  ayant  ensuite  inspiré  un  sentiment 
beaucoup  plus  vif  que  son  fiancé,  elle  convint  avec 
lui  de  brusquer  les  choses  ;  il  l'enleva  et  la  condui- 
sit à  Oldenstadt  où  leur  union  fut  célébrée  le 
24  février  1695.  Cette  faute  grave  resta  impunie;  le 
duc  et  la  duchesse,  qui  voulaient  beaucoup  de  bien 
à  Amaury,  la  pardonnèrent  et  l'avenir  du  coupable 
n'en  souffrit  pas.  La  jeune  femme  se  montra  recon- 
naissante des  bontés  de  ses  souverains  et  leur 
témoigna  son  attachement  en  n'abandonnant  pas 
leur  malheureuse  fille  à  qui  elle  alla  porter  dans  sa 
prison  les  consolations  de  son  affectueuse  pitié  ^ 
Elle  ne  vécut  que  peu  d'années  et  mourut  loin  de 
son  mari,  pendant  que  celui-ci  était  à  la  tête  de  son 

1.  Horric  de  Beaacaire,  p.  171. 


—  26()  — 

régiment,  pendant  la  guerre  de  Succession,  laissant 
deux  enfants,  un  fils  et  une  fille,  Antoine-Simon  et 
Eléonore. 

Antoine-Simon  de  Farcy,  né  vers  1698,  fut,  dès 
son  enfance,  destiné  à  la  carrière  militaire  et  à 
Tarme  de  la  cavalerie.  A  1  âge  de  quatre  ou  cinq 
ans,  il  était  déjà  inscrit  sur  les  contrôles  de  Tarmée, 
avec  le  titre  de  cornette'.  Lorsqu'il  fut  en  âge  de 
servir,  son  père  lui  obtint  une  lieutenance  dans 
son  régiment^;  deux  ans  plus  tard,  il  était  promu 
capitaine  et  accompagnait  dans  le  Mecklembourg 
le  lieutenant-général,  en  qualité  de  premier  aide- 
de-camp  ^.  A  la  journée  de  Walsmiihlen,  il  se  signala 
par  sa  fermeté  qui  contribua  à  réparer  dans  la 
mesure  du  possible  les  conséquences  de  la  faute 
commise  par  le  commandant  en  chef.  Ce  fut  à  lui 
qu'en  récompense  de  sa  belle  conduite,  le  souve- 
rain donna  une  compagnie  de  dragons  du  régiment 
de  Wendt  devenue  disponible  par  le  renvoi  de  son 
capitaine  qui  n  avait  pas  su  la  maintenir  en  ligne. 
Il  ne  tarda  pas  d'ailleurs  à  l'échanger  contre  une 
autre  dans  le  régiment  de  Saint- Laurent*. 

Le  jeune  capitaine  comptait  certainement  sur  un 
brillant  avenir  que  lui  promettaient  son  nom  et  ses 
mérites  personnels;  mais,  avant  sa  promotion  au 
grade  de  major,  une  fièvre  de  consomption  le  cou- 
cha dans  la  tombe.  Il  mourut  à  trente  ans,  sans 
alliance,  le  16  février  17'28  à  Ebstorf  où  il  fut  inhumé 
solennellement  le  20  du  même  mois,  laissant  son 
père  inconsolable^. 


1.  Brevet  du  1"  janvier  1703. 

2.  Brevet  des  24  avril -5  mai  1716. 

3.  Brevet  des  8-19  juillet  1718. 

4.  Biographie,  p.  226. 

5.  «  Le  16  février  (1728),  Monsieur  le  capitaine  de  cavalerie,  Antoine  de 


—  261  — 

Sa  sœur,  Eléonore,  de  trois  ans  plus  jeune  que 
lui,  arriva  à  un  âge  avancé.  Elle  épousa  à  Har- 
bourg  le  16  février  1721  le  major  Ludolf-Otto  de 
Estorff  qu'elle  perdit  en  1759  et  à  qui  elle  survécut 
jusqu'au  5  mars  1785;  elle  finit  ses  jours  au  château 
de  Veersen.  Sept  enfants  étaient  nés  de  son  ma- 
riage, six  filles  et  un  fils,  Emmerich-Otto  de  Estôrff, 
qui  mourut  lieutenant-général  en  1796. 

La  famille  de  Estorff  habite  toujours  le  châ- 
teau de  Veersen  :  elle  v  conserve  avec  tous  les 
titres,  brevets,  correspondances  et  autres  papiers 
d'Amaury  de  Farcy,  de  précieux  portraits  à  Thuile, 
dont  trois  de  grandeur  naturelle,  ceux  du  lieute- 
nant-général de  Saint-Laurent,  de  son  fils  et  de 
M"'  de  Estorff,  sa  fille;  une  quatrième  toile  de  petite 
dimension  reproduit  les  traits  de  M™"  de  Farcy,  née 
de  Charréard*. 

En  terminant,  nous  revenons  à  M.  de  Estorff, 
à  qui  nous  renouvelons  nos  chaleureux  remercie- 
ments. Sans  son  concours  aussi  empressé  qu'utile, 
nous  n'aurions  pu  relater  avec  précision,  dans  ses 
diverses  phases,  la  carrière  du  lieutenant-général 
et  celle  de  son  fils.  En  échange  de  son  aimable  com- 
munication, nous  Tavons  renseigné  sur  Tétat  actuel 
de  la  famille  de  F'arcy  :  en  nous  témoignant  ses  re- 
grets de  Textinction  de  la  branche  de  Saint-Lau- 
rent^ il  nous  a  exprimé  combien  il  était  satisfait 
d'apprendre  que  d'autres  branches  subsistent  en- 


c  Saint-Laurent,  mourut  de  consomption  et  fut  inhumé  solennellement  le 
«  20  au  soir,  â^é  d'environ  30  ans.  »  (Traduction  de  l'acte  d'inhumation 
extrait  des  registres  d'Ebstorf.) 

1.  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  de  Ëstorf,  M.  le  vicomte  Henri  de  Farcy 
s'est  procuré  une  copie  du  portrait  d'Âmaury  de  Farcy,  dont  il  nous  a 
aimablement  offert  une  photographie.  C'est  à  lui  que  nous  devons  de  pou- 
voir faire  connaître  à  nos  lecteurs  la  physionomie  du  lieutenant-général 
hanovrien. 


—  262  — 

corc.  Si  séparé  qu'il  soit  par  la  nationalité  et  par  la 
religion  de  ces  parents  éloignés,  il  voit  en  eux, 
malgré  tout,  les  dignes  représentants  d'un  nom  que 
son  ancêtre  a  porté  avec  honneur  en  Allemagne. 
A  nous,  Français,  il  permettra  d'ajouter  :  quel  dom- 
mage qu'Amaury  de  Farcy  ait  dépensé  une  partie 
de  son  énergie  et  employé  ses  talents  militaires 
contre  la  France  et  au  service  de  ses  ennemis! 

F.  SAULNIER. 


APPENDICE 


I 


Procuration  dAmaury  de  Farcy 

A    SON    BEAU-FRÈRE    Oi.IVIER-FrANÇOIS    OU    GrOESQUER '. 

1698 

Ego,  Amaury  de  Farcy«  eques  et  dominus  de  Sancto-Lau- 
rentio,  Serenissimi  Brunswicensium  ac  I^unseburgensium  ducis 
Georgii  Wilhelmi  unius  equitum  turmaB  praefectus,  per  pr»- 
sentes  bas  liitcras  aitestor  notumque  facio  me  omnium  meorum 
bonorum  in  regno  Galliae  sitorum,  sive  mobilium,  sive  immo- 
bilium,  necnon  omnium  negotiorum  pro  nunc  et  in  futurum  a 
me  ibidem  expediendorum  mandatarium  ac  procuratorem  ge- 
neralem  constituisse  et  adhuc  vi  hujus  mandati  procuratorii 
omni  meliori  modo  constituere  ac  denominare  Dominum  Olli" 
varium  Franciscum  du  Groesquer,  civem  et  incolam  civitatis 
Rhedonum,  ipsique  potentiam  dare  omnia  ad  me  spectantia 
bona  atque  negotia,  quôcumque  nomine  illa  appellantur,  meo 
nomine  administrandi  et  gerendi.  omnis  generis  super  illa 
contractus  ineundi,  et  si  nécessitas  postulaverit  in  foro  activé 
et  passive  comparendi,  libellandi,  respondendi,  unum  vel 
plures  procuratures  substituendi,  substitutos  revocandi  et  in 
summa  omnia  agendi  quse  pro  conditione  et  qualitate  dictorum 
meorum  bonorum  atque  negotiorum  utilia  atque  commoda  esse 
videbunt;  quse  omnia  ità  meo  nomine  gesta  et  contracta  quasi 


1.  Pièce  annexée  à  la  transaction  du  90  avril  1696,  reçue  par  Bertelot 
et  Chassé,  notaires  royaux  à  Rennes.  (Minutes  Bertelot ,  1696.  —  Archives 
d'IUeet'Vilaine. 


—  264  — 

a  me  ipso  esscnt  peracla.  pro  firmis  et  validis  habiturus. 
ipsiim  que  mandatarium  ejiisque  substilutos  semper  et  iibique 
indemnes  servaturus  sum.  sub  expressa  omnium  bonorum  meo- 
nim,  quantum  sufficicus  erit,  hypotheca:  et  si  forsan  supra- 
dictus  mandatorius  specialori  ac  pleniori  opus  habeat  man- 
dato,  illud  vigore  harum  litterarum  illi  dédisse  volo  ;  in  cujus 
rei  majorem  fidem  ego  prapsentem  banc  constitutionem  gene- 
ralem,  in  pra^scntia  infrà  nominati  notarii  caBsarei  publici  duo- 
runique  testium  propria  manu  subscripsi.  sigillumquc  solitum 
apposui,  actum  Cellis  die  17  marlii  A°  1095. 

Amauhy  dk  farsy  de  Saint-Laurent. 

ClIARLE   OK  CHOIX  DK  FKECHAPKLLE,   ténioin. 

Chiiistofi.k  C.happuzrau.  comme  témoin, 

Praesens  boc  niandatum  Procuratorium  à  suprà  dicto  Do- 
mino Amaury  de  Farsy,  équité  ac  domino  de  Sancto  Laurentio. 
utpote  seriaB  ipsius  voluntati  per  omnia  consentaneum,  me 
intrà  nomitatis  notario  testibusque  prîFsentibusque  propria 
manu  esse  subscriptum  sigillo  que  solito  obsignatum  attestor. 

JOHANNES  ChKISTOPUORUS  MûUE. 

Cœs.  Imp.  Auth.  Not.  publ. 

Celte  procuration,  reçue  par  un  notaire  public  de  Zell,  est 
écrite  sur  du  papier  de  grand  format  et  revêtue  de  plusieurs 
cachets  ;  à  côté  de  la  signature  d'Amaury  de  Farcy,  un  cachet 
de  cire  rouge  aux  armes  de  Farcy  {dor  fretté  dazur  de 
6'  pièces  au  chef  de  gueules]  ;  au-dessous  de  la  signature  du 
notaire,  un  cachet  de  cire  rouge  (un  personnage  dans  un  écus- 
son)  et  à  côté  un  timbre  humide  ovale  (au  centre,  un  navire 
sur  la  mer,  attiré  par  une  main  sortant  d'un  nuage,  avec  cette 
légende  au  bas  :  Fafa  trahunl;  autour  :  Joh,  Chris toph,  Miihe 
N,  C.  P.). 


265  — 


II 


Ratification  dune  Transaction  V 


1696 


Ce  jourd'liui  vingt  neufieme  de  Novembre  1696  comparut 
devant  Messieurs  Jean  Loûys  Sylvius,  Escuier  et  Gérard  Thie- 
lemens,  Eschevins  de  la  ville  de  Louvain,  Messire  Amaury  de 
Farcy,  Escûier,  seigneur  de  S'  Laurent,  collonel  d'un  régi- 
ment de  cavalerie  des  troupes  de  Lunenbourg.  etc.,  lequel 
ayant  eu  lecture  de  Taccomodement  cy  devant  escript  passé 
devant  le  notaire  Bertelot  le  30<^  de  avril  1696,  déclare  de  Tac- 
cepter,  agréer  et  approuver  en  tout  et  partout  avec  promesse 
de  se  régler  selon  le  contenu  d'icelluy^  sous  obligation  de  sa 
personne  et  biens  in  forma.  En  foy  de  quoy  nous  avons  la 
présente  faire  despescher  par  un  de  nos  secrétaires  et  munir 
par  le  sceau  ordinaire  de  la  d.  ville,  le  jour,  mois  et  an  comme 

dessus. 

Amaury  de  farcy  de  Saint  Laurent. 


III 


Lettre  d'une  réfugiée  protestante  a  sa  cousine, 

religieuse  a  rennes^ 

1728 

Le  16  février  1723. 

Hier  au  soir,  comme  nous  étions  à  souper,  ma  chère   cou- 


1.  Cette  déclaration  de  ratification  a  été  écrite  au  pied  d'une  expédition 
de  la  transaction  du  30  avril  précédent,  qui  a  été  renvoyée  à  M.  du 
Groesquer  et  annexée  à  la  minute  du  notaire  Bertelot  (Y.  la  note  précé- 
dente) :  elle  est  frappée  d'un  timbre  sec  que  nous  n'avons  pu  déchiffrer. 

'Z'  Cette  lettre  sans  signature  ni  indication  de  lieu,  d'une  écriture  ca- 
ractéristique du  xviP  siècle,  sur  un  feuillet  double,  a  été  découverte  par 


-  266  — 

sine,  je  receu  vostre  lettre  et  rendis  en  mesme  temps  au  cousin 
celle  qui  estoit  pour  luy.  Je  vous  ay  déjà  annoncé  son  arrivée. 
Je  suis  très  contente  de  ses  manierre  et  je  Taisme  plus  de  prest 
que  de  loin.  Je  crois  qu'il  me  trouve  bien  sotte;  en  effect  mes 
eppreuves  accable  mon  esprit  et  je  n'ay  pas  le  seng  commun 
en  conversation;  cependant  il  ne  sennuye  point  avec  nous  et 
il  y  est  le  plus. souvent  qu'il  peut.  Hélas!  mon  Dieu,  s'il  avoit 
esté  icy  du  tems  de  mon  bonheur,  cela  scroit  beaucoup  mieux. 
Voicy  une  lettre  de  luy  qui  vous  fera  le  détail  de  ce  qui  le  con- 
cerne. Je  prépare  une  lettre  pour  le  Cardinal  :  me  voilà  furieu- 


M.  Parfouru,  archiviste  dlUe-et-Vi laine,  qui  nous  Ta  aussitôt  communi- 
quée et  l'a  annexée  au  fonds  Farcy.  Nous  savons  à  qui  elle  a  été 
adressée  :  Madame  du  Rocher  Farcy  est  Anne-Françoise  de  Farcy, 
dame  du  Hocher,  alors  âgée  de  cinquante-six  ans,  l'une  des  filles  de 
Jacques,  seigneur  du  Rocher,  conseiller  au  Parlement,  frère  aîné  du 
général  de  Saint-Laurent  :  elle  est  morte  en  17:^),  après  quarante-neuf 
ans  de  profession  à  l'abbaye  royale  de  Saint-Georges,  à  Rennes.  Sa 
sœur,  pour  qui  elle  est  chargée  d'aimables  commissions,  doit  être  Mar- 
guerite-<  Claude,  sa  cadette,  qui  était  professe  dans  la  même  abbaye  de- 
puis 16i)9. 

En  revanche,  nous  ne  voyons  pas  qui  serait  le  cousin  dont  la  visite  a 
été  l'occasion  de  la  lettre  que  nous  reproduisons.  Est-ce  un  Farcy,  neveu 
des  religieuses  que  nous  venons  de  nommer  ou  d'une  autre  branche  ? 
Est-ce  un  Uzille,  parent  du  c(^té  maternel  ?  Quant  à  la  nièce  d'Âmaury 
de  Farcy,  auteur  du  document,  nous  devons  croire  qu'elle  est  fille  de  sa 
sœur  Françoise,  mariée  à  un  gentilhomme  protestant  de  Normandie, 
Jacques  de  Béranger,  comte  de  Fontaines  (dans  l'évêché  de  Goutances)  et 
signalée  comme  s'étant  enfuie  à  l'étranger  avec  ses  quatre  enfants,  dès 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  —  Sa  fille  --  peut-être  Glaude  -  Fran- 
çoise de  Béranger  qui  signait  à  Rennes,  le  29  septembre  1678,  un  con- 
trat de  mariage  de  corréligionnaires  reçu  par  le  notaire  Bretin  —  aura 
épousé  un  réfugié  français  dont  le  nom  a  échappé  à  nos  recherches. 
Nous  n'avons  sur  son  mariage  d'autre  donnée  que  la  mention  qu'elle 
fait  dans  sa  lettre  de  son  «  fils  Maxuel  »  —  et  encore,  cela  peut  s'entendre 
d'un  gendre.  Il  y  avait  en  1685  à  Pont-Audemer,  en  Normandie,  une  famille 
de  ce  nom  :  on  connaît  Jacques  de  Maxuel,  seigneur  des  Ghamps,  qui  a 
passé  à  cette  époque  en  Allemagne  et  trouvé  de  l'emploi  chez  l'Electeur  de 
Brandebourg.  Est-ce  lui  ou  un  de  ses  fils  qui  a  épousé  M'"  de  Béranger? 
Olle-ci  aurait-elle  fait  un  second  mariage  et  nomme-t-elle  son  a  fils 
Maxuel,  »  pour  le  distinguer  d'un  fils  d'un  autre  lit?  Enfin  où  demeu- 
rait-elle? Autant  de  questions  auxquelles  il  nous  est  impossible  de  ré- 
pondre. Si  Ton  découvrait  d'autres  lettres  de  la  même  nièce  du  général 
de  Saint- Laurent,  ce  qui  est  actuellement  obscur  deviendrait  probable- 
ment très  clair  :  les  épreuves  dont  elle  parle  et  d'autres  points  de  sa 
missive  qui  irritent  notre  légitime  curiosité  cesseraient  d'être  pour  nous 
des  énigmes. 


—  267  — 

sèment  dans  le  Conclave  sans  pourtant  en  soutenir  les  droits. 
Nostre  parent  a  bien  envie  de  vous  voir  :  il  aime  fort  l'Alle- 
magne ;  il  a  raison  puisquHl  y  est  aimé,  estimé  et  regretté. 
Nostre  oncle  se  prépare  pour  aller  en  France  et  sans  doute 
qu'il  ira  voir  sa  patrie  ;  son  (ils  sera  du  voyage  ^  Sy  ma  for- 
tune n'estoit  pas  sy  délabrée,  j'irois  aussi  prendre  une  dose  de 
Tair  natal,  mais,  ma  chère  cousine,  il  n'est  pas  agréable  d'aller 
chés  des  parents  les  importuner  :  une  visite  se  peut  faire  lors- 
qu'elle est  bornée,  une  longue  ennuyé  :  beaucoup  de  nos  ré- 
fugiés sont  allé  voir  leurs  parents  et  amis  :  à  présent,  on  se 
sert  de  la  bonnace  des  esprits  qui  laisse  aller  et  venir  sans 
bruit  les  consciences.  Au  reste,  je  vous  diray  que  nostre  cou- 
sin n'est  point  d*unne  humeur  à  se  laisser  clisser  [glisser]  à 
nostre  tentation.  Son  esprit  supérieur  luy  fera  regarder  nos 
raisons  comme  peu  valables;  ainsy,  il  ne  sortira  pas  de  Tens- 
sinte  [enceinte]  de  vostre  église.  Il  en  fait  le  chemin  facille  :  en 
passant,  je  suis  bien  aise  de  vous  donner  ce  thémoignage  de 
sa  foy  Romaine,  pour  que  vostre  zelle  sur  ce  chapitre,  au  cas 
qu'il  fut  inquiet,  se  tranquilise.  Je  me  fais  un  vray  plaisir  de 
l'entendre  et  de  l'écouler.  Nous  sommes  d'accord  sur  vostre 
chapitre,  ma  chère  cousine.  Il  rend  aux  deux  sœurs  justice 
de  toute  manierre  et  connoit  les  obligations  qu'il  vous  a; 
il  trouve  [ma]  belle-fille  à  son  gré  et  a  bonne  opignon  de 
l'advenir  de  George,  malgré  sa  grande  vivacité.  Mon  fils  de 
Maxuel  est  à  sa  garnison  où  il  se  repend  de  ses  écards  de 
jeunesse,  cecy  entre  nous,  je  vous  prie  ;  il  a  raison  et  je  m*en 
suis  trop  ressentie.  Adieu,  ma  très  chère  cousine,  je  suis  de 
cœur  et  d'âme  entièrement  vostre  dévouée  autant  qu'on  le  peut 
estre  ici  bas  aux  créature  mortelles;  adieu,  ma  chère  cousine, 


1.  Noas  sommes  portés  à  penser  que  «  Nostre  parent  »  et  t  Nostre 
oncle  »  sont  une  seule  et  même  personne,  malgré  l'emploi  de  ces  deux 
termes.  Ce  qui  est  dit  des  sentiments  de  son  parent  pour  l'Allemagne,  de 
l'estime  dont  il  y  jouit,  des  regrets  que  fait  naître  probablement  une 
retraite  définitive  s'applique  parfaitement,  ce  semble,  à  Âmaury  de 
Farcy,  aussi  bien  que  la  préparation  de  son  voyage  en  France  et  son 
désir  de  revoir  sa  patrie. 


—  268  — 

mes  tendres  amitiés  à  ma  cousine  vostre  sœur  :  ma  famille 
vous  assure  de  ses  respects  lune  et  l'autre 


L'adresse  au  verso  du  2*  feuillet  : 

pour  Bretaigne 

Madame 

Madame  du  Rocher  forcy 

dame  œcconome  de  l'abbaye 

de  S^  George 

A  Rennes, 


(Non  signé.) 


VIEUX  PAPIERS  RENNAIS 


LES  PLACARDS  MORTUAIRES 


oilà    une    idée    qui 
paraîtra    tout    d'a- 
bord bizarre  :  col- 
lectionner des  pla- 
cards !  A  quoi  cela 
peut-il  servir?  Jules 
Simon,  qui  avait  eu 
l'occasion    d'entr'- 
ouvrir  un  recueil  de  ce  genre,  déclarait  dédaigneu- 
sement :  «Qui  le  croirait  !  C'est  une  littérature  bien 
monotone  !»  Il  y  avait  sans  doute  aussi  de  sa  part 
beaucoup  de  pitié  pour  le  pauvre  ramasseur  de  pa- 
pier de  deuil  dont  la  manie  décelait  la  déphosphora- 
tion  céphalique... 

Monotone  !  pas  autant  qu'on  pourrait  le  croire, 
et  on  voit  bien  que  notre  philosophe  n'avait  rien  lu 
des  pièces  que  ses  doigts  feuilletaient  avec  indiiïé- 
rence,  peut-être  avec  crainte... 

Qu'aurait-il  dit,  en  présence  d'une  rédaction  telle 
que  celle-ci  : 

«  Mademoiselle  A...  et  sa  famille  ont  l'honneur  de  vous  faire 
part  de  la  perte  douloureuse  qu'ils  viennent  de  faire  dans  la 


—  270  — 

personne  de  Monsieur...,  décédé  après  15  mois  de  soulTrances, 
provenant  de  sa  dernière  campagne  d'Italie.   Il  avait  écoulé 
jusque-là,    avec  une   santé   robuste,   27   années   de   services. 
14  années  de  campagnes  d'Afrique, 
a  Veuillez  joindre  vos  prières  à  celles  de  la  famille  *  .  » 

ou  semblable  à  la  suivante'  : 

Paris,  ce  4  mars  \HÏ2. 

M. 

Je  vous  fais  part  avec  la  plus  vive  douleur  que  la  mort  vient 
de  m'enlever  mon  très-cher  et  bien-aimé  Epoux  ;  j'espère  que 
ce  cruel  événement  ne  diminuera  en  rien  la  conRance  que  vous 
nous  avez  toujours  accordé. 

Je  vous  prie  de  croire  que  je  redoublerez  de  zèle  pour  vous 
prouver  combien  il  m'est  agréable  de  la  conserver  et  de  la 
mériter. 

Vous  devez  autant  plus  croire  à  ma  promesse  c'est  que  mon 
papa  GUELAUD  et  mon  oncle  PATUREAUX  mont  assurés  de 
leurs  conseils,  etc.,  etc. 

J'ai    l'honneur    d'être    avec   considération,    M.,    votre   très 

humble, 

V*'' GUELAUD 

Nota.  —  Je  vous  prie  de  tenir  bonne  note  du  port  de  lettre, 
je  vous  en  tiendrai  compte  à  l'occasion. 

et  en  lisant  un  placard  parisien  de  1803  où  une  vé- 
nérable demoiselle  de  82  ans  est  déclarée  «  fille 
majeure  »  ?^ 

«  Un  volume  ne  suffirait  pas  à  détailler  toutes  les 
singularités  de  cette  lettre  de  deuil  :  c'est  une  fix- 


1.  Vicomte  de  Poli  :  Ann.  du  Conseil  héraldique  de  France,  1897 
p.  109. 

2.  Ex  meis.  Celte  lettre  a  été  adressée  à  «  Madame  V"*  Jarry-pinau, 
mJ«  Epicier,  à  Sens.  » 

3.  Ex  meis. 


—  271   ~ 

mille  qui  nous  dit  que  le  défunt  a  écrit  un  livre 
dont  elle  donne  le  titre,  suivant  l'exemple  de  Malle- 
vault  qui  imprimait  au  verso  de  ses  cartes  de  visite 
les  titres  de  tous  ses  ouvrages  tombés  dans  Toubli. 
C'est  un  fils  qui  veut  qu'on  sache  que  son  père 
était  «  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes,  mu- 
sicales, littéraires,  artistiques  et  autres;  »  un  autre, 
fils  d'un  huissier,  qualifie  son  père  «  officier  minis- 
tériel. »  Peut-être  un  jour  croira-t-on  qu'il  était 
avoué.  Il  y  a  aussi  le  neveu  qui,  faisant  part  de  la 
mort  d'une  tante  par  alliance,  rappelle  qu'elle  était 
veuve  d'un  ofïicier  supérieur  tué  à  lassant  d'une 
forteresse  '.  » 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  le  pittoresque  de 
l'expression  ou  des  sentiments  que  l'on  recherche 
dans  la  lettre  de  deuil  ou  le  placard,  c'est  aussi  la 
documentation  :  quel  trésor  généalogique  qu'une 
série  des  billets  et  faire-part  !  C'est  le  «  familiaire  » 
d'une  localité  et  les  renseignements  qu'il  contient 
ne  se  trouvent  rassemblés  que  là. 

Feue  M"**  la  comtesse  de  Raymond  avait  réuni 
36,000  pièces  qu'elle  légua  à  la  ville  d'Agen;  M.  le 
marquis  de  Granges  de  Surgères,  M.  le  comte  de 
Saint-Saud,  la  Bibliothèque  Nationale,  la  Biblio- 
thèque de  l'Université  de  Gand,  et  tant  d'autres, 
possèdent  également  des  collections  d'un  inexpri- 
mable intérêt. 

Le    classement    chronologique    et    géographique 


1.  J.  Pellisson  :  A  propos  des  Lettres  de  Deuil,  in  Bull,  du  Vieux 
Papier,  t.  I.  p.  577. 


—  272  — 

des  billets  de  décès  et  de  part  permet  encore  de 
faire  de  curieuses  études  comparatives  entre  les 
usages  d'autrefois  et  ceux  d'aujourd'hui  :  dune  ré- 
gion, d'une  nation  et  d'une  autre;  les  transforma- 
tions subies  par  les  mœurs  au  sujet  du  deuil  et  de 
la  manière  de  Tannoncer. 

Il  n'est  pas  jusqu'à  Ticonophile  qui  ne  trouvera 
son  compte  en  recueillant  les  pièces  anciennes,  car, 
si  nous  ne  voyons  de  nos  jours  que  la  banale  bor- 
dure noire,  nos  pères  ornaient,  et  parfois  magnifi- 
quement, ravis  de  l'entrée  dans  l'éternité  de  quelque 
membre  de  la  famille. 

(C'est  à  ce  double  point  de  vue  :  les  us  et  cou- 
tumes et  l'iconographie,  que  je  m'occuperai  des 
placards  mortuaires  rennais.) 


*% 


Donc,  recueillez,  recueillez  toutes  les  pièces  de 
deuil;  on  n'en  fait  pas  assez  de  cas.  Ecoutez  ce  que 
disait  en  1861  un  amateur  éclairé,  l'initiateur  en  la 
matière,  l'abbé  V.  Pelletier,  d'Orléans  : 

«...  Les  pauvres  billets  d'enterrement,  Dieu  sait 
ce  qu'ils  deviennent  quand  le  moment  du  deuil  ou 
de  la  curiosité  est  passé.  Ces  papiers  mortuaires 
souffrent  tout,  et  vous  êtes  bien  heureux  si  un  ami 
mal  avisé  ne  vous  a  pas  renvoyé  le  billet  d'enterre- 
ment de  votre  père  en  guise  d'enveloppe  quelconque. 
Cela  s'est  vu.  Nous  estimons  qu'il  y  a  là  une  sorte 
de  profanation.  Jugez  :  cet  imprimé  est  sorti  d'une 
maison  visitée  par  la  douleur;  avant  d'être  humecté 
pour  passer  sous  la  presse,  il  a  été  arrosé  des 
larmes  de  votre  ami,  de  vos  parents,  de  toute  une 
famille  :  vous-même,  vous  n'avez  pu  le   lire   sans 


.     —  273  — 

émotion.  Hientôt,  pourtant,  ce  témoignage  d'amitié, 
ce  monument  bien  fragile  il  est  vrai,  laissé  ici-bas 
par  ceux  qui  nous  précédent  au  tombeau,  nous 
échappe  des  mains  et  du  cœur  et  s'en  va  périr  sous 
tes  doigts  impitoyables  d'une  ménagère,  d'un  fu- 
meur, de  je  ne  sais  qui. 

«  Voilà  comment  il  se  fait  que  les  vieux  billets 
d'enterrement  soient  si  rares.  Si  chez  nous  la  piété 
filiale  eût  été  plus  attentive  et  plus  soigneuse;  si 
chaque  famille  pouvait  montrer  dans  ses  archives 
domestiques  la  collection  des  billets  de  faire-part 
se  rattachant  aux  épisodes  de  tristesse  et  de  joie 
qui  composent  son  histoire,  et  cela  depuis  un  siècle, 
deux  siècles,  les  pièces  authentiques  ne  nous  man- 
queraient pas  pour  étudier  les  mœurs  de  nos  pères 
et  pour  en  transmettre  à  la  postérité  l'utile  et  inté- 
ressant souvenir.  Malheureusement,  ici  comme  tou- 
jours, le  génie  de  la  destruction  se  hâte  de  dissiper 
et  d'anéantir  les  matériaux  attendus  et  convoités 
par  la  science  '.  » 


Les  placards  rennais  semblent  avoir  une  origine, 
je  dirais  plutôt  récente,  s'il  était  permis  d'employer 
ce  terme  :  le  plus  ancien  que  je  connaisse  appar- 
tient à  la  belle  série  des  Archives  départementales 
d'Ille-et-Vilaine  et  porte  la  date  du  9  juillet  1736. 

Peut-être  cependant  en  trouvera-t-on  d'anté- 
rieurs, car  Rennes,  ville  de  Parlement,  était  en 
relations  fort  suivies  avec  Paris  et  Ton  en  signale 
dans  la  capitale  depuis  au  moins  1634  '.  (Voir  aussi 
le  Billet  d'enterrement  de  Biaise  Pascal,  du  21  août 
1662,  publié  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  î'/izs- 
toire  de  Paris  et  de  l'Ille-de-France,  1890,  p.  43,  et 
reproduite  par  M.  Pellisson.)^ 

Comment  agissait-on  dans  la  bonne  ville  bretonne 
avant  qu'on  y  imprimât  des  placards? 

Je  n'en  sais  rien  et  force  me  sera  de  recourir  à 
ce  qui  a  été  écrit  ailleurs  sur  les  usages  funéraires 
qui  devaient,  à  peu  de  choses  près,  être  admis  dans 
les  grands  centres  provinciaux. 

Je  ferai  à  ce  propos  un  large  emprunt  à  l'excel- 
lent article  de  M.  le  vicomte  de  Poli  :  Vieux  us  et 
coutumes.  Billets  d  obsèques  et  lettres  de  faire-part, 
publié  dans  l'Annuaire  du  Conseil  héraldique  de 
France,  1897  : 

«  Au  moyen-âge,  dans  toutes  les  localités  un  peu 
importantes,  il  y  avait  un  clocheteur  ou  recomman- 
deur  des  trespassez,  chargé  de  «  recommander  aux 
«  prières  des  bonnes  gens  ceux  qui  sont  décédez  la 
«  veille,  dont  il  luy  est  baillé  mémoire,  »   comme 


1.  Vicomte  de  Poli,  loc.  cit.,  p.  143. 

2.  G.  Pellisson,  loc.  cit.,  p.  301. 


—  275  — 

dit  un  article  des  Ordonnances  de  TEÎschevinage 
d'Amiens. 

«  Il  ne  faut  pas  confondre  le  clocheteur,  humble 
laïc,  avec  le  sonneur^  qui  jadis  était  communément 
revêtu  d'un  caractère  ecclésiastique.  En  1420,  Béa- 
trix,  veuve  de  Clément  le  Tourneur,  de  Ventavon, 
légua  par  testament  un  gros  d'argent  au  clerc  qui 
sonnait  les  cloches  de  l'église  de  sa  paroisse  et  les 

sonnerait  pour  sa  mort  :  «  Item...  legavit clerico 

pulsanti  clara  et  simbala,  ipsamque  defunctarrij  unum 
grossum  argenti^.  » 

A  Conty,  la  recommandation  des  défunts  se  fai- 
sait le  lendemain  de  la  Toussaint  et  la  veille  de 
Noël  ;  le  clocheteur  parcourait  la  paroisse  en  lamen- 
tant cette  formule  : 

Réveillez-vous,  gens  qui  dormez, 
liriez  Dieu  pour  les  trépassés  ! 
Pensez  à  la  mort! 

Le  poète  Saint-Amand,  dans  La  Nuit^,  tempête 
contre  ce  lugubre  nocturne  : 

Le  clocheteur  des  trépassés 

Sonnant  de  rue  en  rue, 
De  frayeur  rend  les  cœurs  glacés 

Bien  que  le  corps  en  sue, 
Et  mille  chiens,  ayant  sa  triste  voix. 
Lui  répondent  à  longs  abois. 
Lugubre  courrier  du  destin, 

Effroy  des  âmes  lasches, 
Qui  si  souvent,  soir  et  matin. 

M'éveilles  et  me  fâches, 


1.  P.  Guillaume,  Chartes  de  N.-D.  de  Bertaud,  p.  276. 

8.  Fin  du  xvir  siècle.  —  Magasin  pittoresque,  1837,  p.  206. 


—  276  — 

Va  faire  ailleurs,  engeance  de  démon, 
Ton  vain  et  tragique  sermon  ! 

Peu  à  peu,  surtout  au  xyiii*  siècle,  cet  usage  dis- 
parut; cependant,  il  existait  encore  à  Poix  (Somme) 
en  1842.  Un  bon  vieux  octogénaire,  pour  le  modeste 
salaire  de  deux  sous,  la  nuit,  dans  les  veilles  des 
grandes  fêtes,  parcourait  la  commune  en  recom- 
mandant aux  prières  des  fidèles  les  âmes  des  défunts 
dont  on  lui  donnait  les  noms.  La  clochette  dont  il  se 
servait,  conservée  dans  l'église  de  Poix,  porte  cette 
inscription  :  «  Geste  clochette  est  faicte  des  biens 
de  rhostel  Dieu  pour  les  habitans  de  la  ville  de 
Pois,  et  me  fondist  Andrieu  Munier,  1582.  » 

Le  recommaindeur  des  défunts  existe  encore  en 
diverses  paroisses  de  Normandie,  notamment  au 
Havre.  C'est  le  plus  souvent  un  des  bedeaux  de 
Téglise  paroissiale  qui  va  discrètement,  de  porte  en 
porte,  notifier  le  décès  et  recommander  l'âme  aux 
prières. 

«  Dans  beaucoup  de  villes,  le  clocheteur  ou  crieur 
des  corps^  ou  simplement  crieur,  était  une  sorte 
d'entrepreneur  des  pompes  funèbres,  qui  condui- 
sait le  convoi  en  sonnant  de  sa  clochette  et  procla- 
mant le  nom  du  défunt.  »  «  La  physionomie  de  Lau- 
rière,  dit  Saint-Simon,  serroit  le  cœur  de  tristesse; 
elle  étoit  faite  pour  être  crieur  d'enterrement.  »  La 
profession  de  croque-mort  ne  fut  jamais  en  bonne 
odeur,  et  Saulecque,  contre  elle,  fait  chorus  avec 
Saint-Amand  : 

Un  infâme  crieur,  de  qui  1  âme  inhumaine 
Marchande  insolemment  pour  enterrer  les  corps  ! 

«  Le  crieur  ou  clocheteur  était  chargé  d'apprendre 


—  277  — 

aux  habitants  les  décès;  la  clochette  au  poing,  il 
passait  par  les  rues  en  criant  le  nom  du  défunt,  le 
jour,  rheure  et  le  lieu  du  convoi,  du  service  et  de 
Tenterrement,  en  demandant  des  prières  pour  Tâme 
du  trépassé,  et  en  convoquant  les  fidèles  à  ses 
obsèques.  Celles  d'un  prêtre,  d'un  seigneur,  d'un 
bourgeois  attiraient  les  pauvres  en  foule;  c'était 
pour  eux  pain  bénit,  car  la  triste  et  pieuse  cérémo- 
nie n'allait  pas  sans  une  plus  ou  moins  large  dis- 
tribution d'aumônes,  qui  se  répétait  aux  Vigiles  du 
bout  du  mois,  au  service  des  six  semaines,  au  Bout- 
de-l'an,  à  la  messe  de  sortie  de  deuil. 

«  L'avènement  de  l'imprimerie  eut  pour  effet  de 
modifier  la  coutume;  dans  les  villes,  le  crieur  fut 
tué  par  l'usage  des  placards  funéraires  affichés  à  la 
porte  de  l'église  et  probablement  aussi,  ça  et  là, 
sur  les  murs,  comme  on  fait  encore  en  Italie.  Déjà 
la  coutume  s'était  introduite  de  faire  présenter  par 
un  valet  chez  les  amis  et  connaissances  un  billet 
circulaire  et  manuscrit,  annonçant  d'abord  le  décès, 
puis  un  autre  précisant  Theure  du  convoi. 

«  Cela  s'appelait  «  faire  courir  le  billet.  »  Dès  la  fin 
du  XVI'  siècle,  comme  les  placards,  le  billet  fut  impri- 
mé, tiré  et  distribué  en  nombre,  généralement  très 
bref,  sur  feuille  volante  et  sans  encadrement  noir.  » 

On  dut,  en  effet,  constater  que  le  système  qui 
consistait  à  «  faire  courir  le  billet*,  »  un  billet 
unique,  n'allait  pas  sans  de  grands  inconvénients  : 
le  porteur  s'acquittait  avec  plus  ou  moins  de  con- 
science de  sa  commission  et  négligeait  probablement 

1.  «  Billets  d'enterrement  sont  les  imprimés  qu'on  donne  poar  inviter 
anx  enterrements.  On  le  dit  aussi  de  ces  petits  écrits  circulaires,  par 
lesquels  on  fait  assembler  les  gens  d'un  même  corps  ou  qui  sont  inté- 
ressez en  une  même  affaire,  ce  qui  s'appelle  faire  courir  le  billet.  » 
(Furetière.) 


—  278  — 

souvent  de  se  présenter  chez  les  personnes  dont  le 
domicile  était,  à  son  gré,  trop  éloigné.  Le  temps 
même  devait  parfois  manquer  pour  prévenir  tout 
le  monde.  C'est  alors  qu'intervint  cet  embryon  d'ad- 
ministration des  pompes  funèbres  dont  parle  Tabbé 
Pelletier  : 

«  Sur  plusieurs  billets  du  xviii*  siècle,  on  remarque  au  milieu 
de  deux  cercles  concentriques  les  initiales  majuscules  J.  C. 
C'est  la  marque  àes  jurés  crieurs^.^  qui  tenaient  ce  qu'on  ap- 
pelait alors  le  bureau  du  noir.  Ce  bureau  fournissait  du  deuil 
aux  familles;  il  se  chargeait  aussi  des  billets  d'enterrement. 

I 

C'était  une  sorte  d'entreprise  des  pompes  funèbres,  mais  dans 
des  conditions  tout  à  fait  modestes.  On  en  jugera  par  la  fac- 
ture suivante  : 

«  Mémoire  des  fournitures  faites  par  les  Jurés-crieurs  pour 
a  V enterrement  de  Mademoiselle  Boilèçe,  le  30  décembre 
«  1772  : 

«  Pour  treize  pièces  de  noir 1  livre  19  sous 

«  Pour  le  poêle 3  » 

«  Pour  la  thierce »  10 

«  Pour  l'assistance  de  quatre  crieurs.  .  .  12  » 

«  Pour  fourniture  de  six-cents  billets.  .  .  12  » 

«  Pour  le  port  desdits  billets 9  » 

ce  Pour  un  crêpe  de  dame »  10 

a  Pour  dix  robbes 2  » 

40  livres  19  sous 
((  Plus  pour  avoir  annoncé  la  mort  aux 

a  parents  et  amis  suivant  l'ordre  qu'on  nous 

«  a  donné 3  livres    » 

«  Total 43  livres  19  sous 

«  Reçu  le  contenu  cy  dessus  à  Orléans,  le  31*  déc.  1772. 

«  Léger  jeune,  pour  M.  Duhau.  » 

1.  Voir  pur  le  crieur  des  morts,  les  Œuvres  complètes  de  M»'  X.  Bar- 
bier de  Montault,  t.  XII,  p.  814. 


—  279  — 

M.  P.  Flobert,  le  sympathique  secrétaire  général 
de  la  Société  le  «  Vieux-Papier,  »  a  bien  voulu  me 
communiquer  le  tarif  des  jurés-crieurs  de  Paris 
en  1671  : 

Etat  et  tarif  des  droits^  salaires  et  vaccations  attribuez  aux 
jurés 'Crieurs  de  corps  et  de  vins  en  cette  ville  et  faux^ 
bourgs  de  Paris  : 

Pour  la  vaccation  de  riiomme  qui  portera 
les  billets  pour  chacun  jour »  liv.  30  sols 

Pour  chacun  cent  des  dits  billets  qui  auront 
servi  à  la  semonce  des  obsèques  et  convois  : 

Pour  ceux  qui  seront  en  petit  papier »  40 

Pour  ceux  qui  seront  en  moyen  papier.  ...»  50 

Et  pour  les  autres  billets  qui  auront  été  faits 
en  grand  papier 3  » 


«  D'après  le  tarif  de  1760,  réformé  par  le  Prévôt 
des  marchands  de  Paris,  un  cent  de  petits  billets 
d'enterrement  coûte  5  livres;  un  cent  de  grandeur 
extraordinaire  pour  des  personnes  qualifiées  et  con- 
stituées en  dignité,  8  livres;  un  grand  corbillard, 
30  livres;  un  carrosse  de  suite  drapé,  15  livres.  Les 
jurés-crieurs  étaient  tenus  de  porter  sur  leur  robe 
de  palais  les  armes  du  défunt  peintes  en  carton  sur 
leur  poitrine*.  » 

Je  n'ai  trouvé  sur  aucun  placard  rennais  la  marque 
des  jurés-crieurs;  il  ne  faudrait  pas  en  conclure 
qu'il  n'en  existait  pas.  En  effet,  un  édit  du  roi,  de 
1690,  portait  création  de  cet  office  dans  chaque  pa- 
roisse :  le  trésor  royal,  toujours  en  déficit,  recourait 
à  quantité  d'expédients  de  ce  genre  pour  recueillir 
des  fonds. 

1.  Alfred  Babeau,  La  Ville  sous  l'ancien  régime,  Paris,  Didier,  1880. 


—  280  — 

«  On  ne  saurait  s'imaginer  le  nombre  de  charges 
qui  furent  érigées  en  offices  à  partir  de  1689...  La 
plupart  de  ces  charges  n'étaient  pas  nouvelles;  il 
en  existait  depuis  longtemps  beaucoup,  comme 
celles  des  crieurs  de  corps  et  de  vins,  qui  eurent 
d'abord  à  Paris,  puis  dans  tout  le  royaume,  le  mo- 
nopole de  la  fourniture  des  pompes  funèbres  sous 
le  titre  de  jurés-crieurs  d'enterrements  et  de  vins. 

«  Les  jurés-crieurs  étaient  au  nombre  de  cin- 
quante à  Paris  ;  ils  dépendaient  de  la  juridiction  de 
la  ville  et  étaient  chargés  de  fournir  les  billets  de 
faire-part,  les  corbillards,  les  carrosses  de  suite 
drapés  *...  » 

Cet  usage  persista  longtemps  et  de  nos  jours  en- 
core on  en  vit  les  vestiges  à  Rennes,  où  l'on  faisait 
figurer  aux  obsèques  riches  des  pleureurs  recrutés 
parmi  les  vieillards  des  hospices.  Leur  chapeau 
spécial  et  leurs  vêtements  noirs  d'une  coupe  suran- 
née nous  ramènent  au  xviii''  siècle.  Ils  portaient  des 
cierges  dans  des  godets  (ou  poignées)  de  métal  peints 
en  blanc. 

L'abbé  Pelletier  nous  donne  le  costume  des  an- 
ciens fonctionnaires  funéraires  à  Orléans  :  une  robe 
noire,  un  grand  rabat  blanc  et  un  feutre  à  larges 
bords.  Dans  les  grands  enterrements,  ils  précé- 
daient le  convoi  en  agitant  de  temps  en  temps  la 
clochette  dont  ils  étaient  munis. 

Les  porte-corps,  qui,  chez  nous,  transportaient  à 
bras  les  cercueils  avant  l'adoption  des  corbillards, 
rappellent  tout  à  fait  par  leur  costume,  moins  la  clo- 
chette, les  crieurs  d'Orléans  :  grand  feutre  à  large 
bord  relevé  derrière,  longue  blouse  noire  serrée  à 

1.  Alf.  Babeau,  op.  cit. 


—  281  — 


la  taille  par  une  ceinture  de   cuir,   hautes  guêtres 
de  drap  noir. 


•% 


La  coutume  d'afficher  les  placards  sur  les  tentures 
de  la  maison  mortuaire  et  de  l'église  subsiste  encore 
à  Rennes. 

Plusieurs  de  mes  confrères  de  la  Société  Archéo- 
logique  d'Ille-et-Vilaine  se  souviennent  des  crieurs 
qu'ils  ont  vu  en  différentes  villes  de  Bretagne. 
M.  Decombe,  entre  autres,  se  rappelle  le  crieur  de 
Vitré,  qui,  en  1848  et  1849,  muni  d'une  clochette, 
faisait  ses  publications  le  soir,  à  la  chute  du  jour. 
Il  n'avait  pas  de  costume  spécial. 


aintenant,  avant  de 
passer  à  la  descrip- 
tion des  placards  ren- 
nais, il  me  reste  à 
parler  en  général  de 
leur  format  et  de  leur 
L  ornementation. 

Rennes  est  une  des 
rares  villes  où  l'on 
ait  conservé  la  forme  du  placard.  «  On  se  demande 
pourquoi  les  billets  d'enterrements,  par  leurs  pro- 
portions et  dispositions,  semblent  entrer  dans  la 
catégorie  des  affiches  et  proclamations.  On  peut 
répondre  qu'effectivement  ces  billets  sont  destinés 
à  être  affichés  à  la  maison  mortuaire,  aux  portes  et 
dans  la  sacristie  de  l'église  où  se  célèbre  le  service, 
à  la  porte  du  cimetière  où  doit  se  faire  l'inhumation. 
Ensuite,  ce  système  d'une  grande  feuille  de  papier, 
imprimé  dans  le  sens  de  la  largeur,  pliée  simple- 
ment en  quatre  dans  le  sens  de  la  hauteur,  avec  le 
nom  du  destinataire  à  la  corne  extérieure  est  appro- 
prié à  la  circonstance.  La  douleur  aime  les  formes 
solennelles.  Celui  qui  reçoit  le  billet  est  déjà  con- 
traint, pour  le  déployer  et  pour  suivre  ses  longues 
et  majestueuses  lignes,  de  prendre  une  contenance 
grave.  Ces  détails  ne  paraissent  rien,  au  fond  ils 
sont  immenses.  Nos  pères  avaient  le  sentiment  de 
toutes  ces  choses  au  souverain  degré  et  notre  sans- 
façon  actuel  les  choquei'ait  extrêmement.  Enfin,  il 
n'est  pas  inutile  de  rappeler  que  dans  les  temps 
reculés  on  n'avait  pas  l'habitude  de  plier  le  parche- 
min en  feuillets  égaux,  comme  nous  faisons  aujour- 
d'hui  avec  notre   papier.   Les  anciens  titres  sont 


—  283  — 

écrits  sur  des  feuilles  de  parchemin  prises  dans  le 
sens  de  la  largeur.  Lorsque  la  première  feuille  était 
remplie,  on  se  gardait  bien  d'écrire  par  derrière; 
on  prenait  une  nouvelle  feuille  qu'on  attachait  au 
bas  de  la  première  au  moyen  de  petites  lannières 
en  parchemin  et  ainsi  de  suite  :  puis  on  faisait  du 
tout  un  rouleau.  Nous  possédons  un  vieux  titre  qui, 
entièrement  déroulé,  porte  un  mètre  de  long.  Nos 
billets  d'enterrement  nous  offrent  un  des  derniers 
vestiges  de  ce  système.  Du  reste,  les  bulles  et  brefs 
des  Papes,  les  provisions  et  dispenses  ecclésias- 
tiques, les  diplômes  académiques,  etc.,  se  mettent 
encore  en  placards,  et  les  dimensions  s'agrandissent 
en  raison  de  l'importance  de  l'objet  K  » 

J'ajouterai  à  ces  excellentes  considérations  de 
l'abbé  Pelletier  que  les  proclamations  lues  par  les 
hérauts  aux  carrefours  et  sur  les  places  publiques 
étaient  en  général  écrites  sur  parchemin  ou  papier 
de  grandes  dimensions,  on  a  dû  en  conserver  le 
format  pour  les  avis  de  décès  publiés  dans  les 
mêmes  conditions.  Leur  forme  s'est  perpétuée  tra- 
ditionnellement, 

Et  puis,  comme  le  dit  fort  bien  notre  auteur,  le 
placard  a  quelque  chose  de  solennel,  il  répond  à  la 
majesté  de  la  mort,  différant  en  cela  de  la  mesquine 
petite  lettre  adoptée  presque  partout  et  qui  semble 
témoigner  de  la  hâte  que  Ton  a  d'en  finir  au  plus 
vite  avec  les  lugubres  cérémonies  dont  elle  est 
l'annonciatrice. 

C'est  vers  1680  que  Ton  commença  à  illustrer  le 
placard  «  ainsi  qu'en  témoigne  Boussault  qui,  dans 

1.  Abbé  Pelletier,  op.  cit.,  p.  12. 


—  284  — 

sa  comédie  Le  Mercure  galant  (1683),  met  en  scène 
un  libraire  qui  propose  d'enjoliver  les  billets  d'en- 
terrement : 

Mais.  Monsieur,  jusqu'ici  les  billets  nécessaires 
Pour  inviter  le  monde  aux  convois  mortuaires 
Ont  été  si  mal  faits  qu'on  souffrait  à  les  voir; 
Et  pour  le  bien  public,  j'ai  tâché  d'y  pourvoir. 
J'ai  fait  graver  exprès,  avec  des  soins  extrêmes, 
De  petits  ornements  de  devises,  d'emblèmes. 
Pour  égayer  la  vue  et  servir  d'agréments 
Aux  billets  destinés  pour  les  enterrements. 
Vous  jugez  bien.  Monsieur,  qu'embellis  de  la  sorte, 
Ils  feront  plus  d'honneur  à  la  personne  morte  ; 
Et  que  les  curieux,  amateurs  des  Beaux-Arts, 
Au  convoi  de  son  corps  viendront  de  toutes  parts. 

«  On  s'était  aperçu  que  le  grand  format  appelle 
l'illustration,  et  l'époque  des  thèses  à  gravures  fut 
aussi  celle  des  billets  d'enterrement  historiés.  L'or- 
nementation de  ces  derniers  fut  plus  sobre  et  plus 
austère  que  celle  de  ces  grands  placards  que  les 
candidats,  promenés  en  chaise  à  porteurs,  distri- 
buaient par  la  ville  aux  amis  et  connaissances,  in- 
vités à  la  soutenance  des  actes  de  philosophie. 
Destinés  à  rappeler  à  tous  l'égalité  devant  la  mort 
chantée  par  Horace  et  Malherbe  en  vers  inou- 
bliables, les  billets  funéraires  s'inspirèrent  aussi, 
comme  nous  le  verrons,  des  espérances  de  la  vie 
future,  de  sorte  que  si  l'on  voulait  résumer  en 
quelques  mots  l'œuvre  des  graveurs  de  ces  compo- 
sitions devenues  si  rares,  on  dirait  :  ici  la  mort,  là 
la  résurrection  *.  » 


•% 


1.  J.  Pellisson,  loc.  cit.,  p.  201. 


—  285  — 

Le  plus  ancien  placard  rennais  que  je  connaisse  : 
1736,  et  ceux  des  années  suivantes,  ont  Tornemen- 
tation  sobre  que  signale  M.  Pellisson.  Elle  consiste 
chez  nous  en  un  crâne  accompagné  de  fémurs 
croisés  en  sautoir,  placé  en  tète  de  la  feuille  de 
papier  et  en  un  V  orné  d'attributs  funéraires  com- 
mençant le  texte. 

Mais  on  voit  coexister  ce  modèle  avec  un  type 
plus  compliqué  :  Tencadrement  symbolique. 

Parmi  toutes  les  pièces  que  j'ai  vues,  la  première 
portant  un  encadrement  est  de  1748.  On  en  a  d'ail- 
leurs exagéré  le  caractère  macabre  :  la  bordure  qui 
a  83"**"  de  largeur  présente  sur  fond  noir  entr'- 
autres  attributs  :  deux  grands  squelettes  renver- 
sant des  sacs  d'écus... 

Il  me  souvient  qu'en  mes  jeunes  années  je  pre- 
nais un  craintif  plaisir  à  contempler  un  placard 
exposé  au  Musée,  dans  l'une  des  salles  d'Iconogra- 
phie bretonne.  Son  image  ne  s'est  pas  effacée  de 
ma  mémoire  :  je  crois  me  rappeler  qu'il  était  entiè- 
rement gravé  sur  bois,  texte  et  dessin  ;  il  était  im- 
primé sur  un  papier  très  jauni,  sinon  franchement 
jaune  et  ses  grands  squelettes  avaient  un  air  de 
parenté  avec  ceux  de  la  pièce  que  je  viens  de  citer. 

Cette  pièce  était-elle  rennaise?  Qu'est-elle  deve- 
nue? A-t-elle  été  la  proie  de  quelque  amateur  sans 
scrupule?  Je  le  crains,  car  elle  disparut  un  beau 
jour.  Si  le  remords  pouvait  saisir  son  détenteur  illé- 
gitime  ,  si  cette  perle  pouvait  être  restituée , 

on  n'emporte  dans  la  tombe  ni  l'or,  ni  les  collec- 
tions. 

Peu  à  peu,  les  mœurs  en  devenant  moins  rudes 
et,  sans  doute  aussi,  le  courage  diminuant  d'envi- 
sager la  réalité  en  face,  l'emblème  de  cette  mort,  à 


—  286  — 

laquelle  nul  ne  peut  échapper,  prit  des  dimensions 
plus  restreintes.  On  en  fit  un  motif  accessoire, 
perdu  parmi  d'autres  ornements  et  il  finit  par  dis- 
paraître tout  à  fait.  La  figure  humaine  remplaça  le 
masque  grimaçant  de  la  «  camarde  »  et  symbolisa 
la  douleur,  le  souvenir,  Téternité,  les  trois  vertus 
théologales,  les  habitants  ailés  des  régions  célestes. 

La  période  romantique  nous  donna  un  encadre- 
ment «  à  la  cathédrale;  »  ce  fut  la  dernière  trans- 
formation. 

Enfin  le  mauvais  goût  (et  aussi  la  question  éco- 
nomique) substituèrent  à  toute  décoration  artistique 
la  simple  bordure  noire,  qui,  elle,  loin  de  dispa- 
raître, prend  de  jour  en  jour  des  proportions  de 
plus  en  plus  exagérées. 

Je  viens  d'écrire  décoration  artistique  ;  en  effet,  si 
le  grand  Art  a  dédaigné  le  papier  de  deuil  (et  c'est 
dommage),  il  y  a  là  un  art  tro^  peu  connu.  Qu'on 
en  fasse  si  l'on  veut  une  catégorie  de  l'art  popu- 
laire, il  tiendra  honorablement  sa  place,  et,  déjà 
l'attention  des  iconophiles  est  éveillée  :  je  ne  veux 
pour  preuve  que  l'ardente  recherche  dont  le  billet 
d'enterrement  est  l'objet  et  le  prix  qu'il  atteint*. 


1.  La  Société  archéologique  et  historique  «  Le  Vieux  Papier,  »  à 
laquelle  j'ai  l'honneur  d'appartenir,  a  publié  dans  son  Bulletin  de  très 
intéressants  articles  sur  la  matière,  dus  à  MM.  J.  Pellisson  et  Vivarez. 
C'est  là  que  j'ai  puisé  l'idée  d'entreprendre  cette  étude. 


oici  le  moment,  et 
je  le  saisis  bien  vo- 
lontiers, d'adresser 
mes  remerciements 
aux  personnes  dont 
l 'obligeance     m  'a 
permis   de  joindre 
à  la  description  des 
pièces  de  ma  collection,   celle  des    trésors    qu'ils 
gardent,  possèdent  ou   connaissent  :    M.    P.   Par- 
fouru.  Archiviste  du  département  d'Ille-et-Vilaine, 
M.  L.  Decombe,  Directeur  du  Musée  archéologique, 
M.  F.  Sacher,  Conseiller  municipal. 

Grâce  à  leur  aimable  concours,  je  pourrai  donner 
une  nomenclature  de  125  placards,  comprenant 
41  variétés  et  formant  une  névie  presque  ininter- 
rompue de  1736  à  1853,  plus  d'un  siècle  I 


Je  l'ai  indiqué  plus  haut  :  je  ne  connais  pas  de 
pièce  antérieure  à  1736,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  que 
ce  soit  seulement  à  cette  date  que  remonte  le 
placard  rennais,  mais  jusqu'ici  personne  n'en  a 
produit  de  plus  ancien. 


Les  lettres  de  deuil  peuvent  se  diviser  en  trois 
catégories  : 

1°  Les  invitations  aux  obsèques  {convoi  ',  inhu- 
mations); 

1.  ■  Un  coneoy  d'enterremenl.  c'est  la  rompaK"'»  de  <^eui  qui  assistent 


—  288  — 

2**  Les  invitations  aux  services  ^  qui  suivent  les 
obsèques  ; 

S""  Les  faire-part  de  décès. 

Je  confondrai  les  deux  premières,  qui  sont  à  peu 
près  semblables  comme  format  et  ornementation, 
et  je  m'occuperai  à  part  de  la  troisième. 

Type  f  1736 

Mbssiburs  et  Dames  ^ 

\70us  êtes  priez  d'assister  au  service  de  Noble  Homme 
Guillaume-Alexis  MOLIÈS ,  sieur  DE  LA  SALLE, 
décédé  en  sa  Maison  près  les  Gordeliers  le  lundy  neuvième 
juillet  mil  sept-cens  trente-six,  qui  se  fera  demain  samedy 
vingt-unième  desdits  mois  et  an,  à  huit  heures  du  matin  en 
TEglise  et  Paroisse  de  Saint-Germain,  où  il  a  été  inhumé. 

Db  Profundis. 

C'est  de  la  part  de  Madame  son  Epouse  et  de  toute  la  Fa- 
mille. 

(Arch.  dép.  d'Ille-et' Vilaine.) 

Trois  pièces  semblables,  de  1736  à  1746,  existent 
aux  Archives. 

Les  tailles  de  la  gravure  des  crânes,  fémurs  et 
vignettes  du  V  sont  un  peu  différentes  de  celles  du 
type  4. 


à  an  enterrement.  Vous  êtes  priés  d'assister  au  convoy,  service  et  enter- 
rement, n  y  a  deux  sortes  de  convois  :  l'un  général,  et  c'est  lorsque  tous 
les  Ecclésiastiques  habituez  d'une  Parroisse  accompagnent  un  corps  qu'on 
porte  en  terre.  L'autre  s'appelle  convoy  de  chœur  et  c'est  lorsqu'il  n'y  a 
que  les  Ecclésiastiques  qui  composent  le  chœur  de  la  Parroisse  qui  ac- 
compagnent le  corps.  »  (Furetière.) 

2.  «  Service  se  dit  d'une  messe  haute  qu'on  chante  pour  un  mort,  à  la- 
quelle on  invite  les  parens  et  amis.  On  est  prié  d'assister  au  convoy, 
service  et  enterrement  d'un  tel.  ou  service  du  bout  de  l'an.  On  a  fait  dire 
des  services  pour  luy  en  plusieurs  églises.  Les  crieurs  appellent  un  ser- 
vice complet,  une  messe  haute,  des  vigiles  la  veille  et  six  messes  basses.  » 
(Furetière.) 


—  289  — 

Type  2  1 737  FI.  1 

MESSIEURS  ET  DAMES, 


Vous  êtes  priez  d'assister  au  Convoi,  Servive  et  Enterre- 
ment de  feue*  Demoiselle  Guillemettr  GîRARD,  en 
son  vivant  Epouse  de  Maître  Jkan-Pierre  LE  GUÉ,  Procureur 
au  Présidial  de  Rennes,  décédée  au  Couvent  des  Catherinettes 
de  cette  Ville,  ce  jour,  23  May  1737.  La  Conduite  de  son  Corps 
se  fera  demain  24  dudit  mois  à  dix  heures  &  demie  du  matin, 
en  1  Eglise  &  Paroisse  de  S.  Jean,  où  elle  sera  inhumée. 

DE  PROF  UN  DIS. 

C'est  de  la  part  de  Monsieur  LE  GUE,  de  Messieurs  ses 

Enfans  &  de  toute  la  Famille. 

(Ex  meisj 

Crâne  de  trois  quarts  à  droite,  posé  sur  deux  fé- 
murs en  sautoir. 

Le  V  initial  se  détache  en  blanc  sur  un  haut  cata- 
falque- sur  le   soubassement  duquel  sont   assises 


1.  «  Feu,  Feiie,  terme  indéclinable  dont  on  se  sert  en  parlant  des 
défunts  dont  la  mémoire  ept  encore  récente...  Cela  se  borne  aux-  personnes 
que  nous  avons  vues  ou  que  nous  avons  pu  voir.  »  (Furetiére.) 

Oui...  mais  il  me  semble  qu'ici  il  y  a  pléonasme,  puisqu'il  s'agit  d'une 
personne  que  l'on  va  enterrer 

2.  Dans  le  Bulletin  de  la  Soc.  arch.  d'Illeet- Vilaine,  T.  XXXII,  1903, 
p.  XXVII,  communication  de  M.  Parfouru  : 

18  août  1518.  —  Accord  entre  nobles  gens  Yves  Robert,  sr  de  la  Vol- 
tais,  paroisse  de  Guer,  et  Bertrand  de  Couëdor,  s»'  de  l'Abbaye,  au  sujet 
d'excès  et  violences  commises  par  ce  dernier  dans  l'église  de  Guer,  le 
lundi  et  mardi  de  Pâques  1518. 

Il  avait  enlevé  diverses  tentures  de  deuil  ou  litre  avec  armoiries  pla- 
cées devant  l'autel  Notre-Dame,  près  de  la  U^mbe  de  dame  Françoise 
Becdelièvre,  dame  de  la  Voltais.  Cette  action  avait  causé  du  scandale  et 
le  service  divin  avait  été  abandonné. 

M.  de  la  Voltais  dit  que  cette  insulte  grave  lui  était  plus  pénible  que 
la  perte  de  2,000  écus  d'or. 

Bertrand  de  Couëdor  reconnut  ses  torts,  et  par  l'acte  du  18  août  1518, 
il  s'engagea  à  rétablir  à  ses  frais  ce  qu'il  avait  enlevé,  c'est-à-dire  une  fausse 
châsse,  avec  couverte  de  futaine  noire  et  croix  blanche  sur  ladite  fausse 
châsse,  plus  une  «  présentation  »  (portrait  de  ladite  Françoise  de  Bec  - 
delièvre)  et  une  litre  de  boagrain  à  l'entour  des  cierges  qui  étaient  au- 
xxxui  25 


—  290  — 

deux  figures  pleurant,  munies  de  torches  renver- 
sées. Fond  noir  semé  de  larmes.  L'encadrement  de 
la  vignette  est  très  simple  :  des  fémurs  en  sautoir 
placés  au  milieu  de  chacun  des  côtés. 

L.  :  0,41  ;  H.  :  0,33.  —  Filagramme  du  papier  : 
un  griffon. 

Trois  pièces  semblables,  de  1739  à  1741,  aux  Ar- 
chives départementales. 

Types  1737  PL  II 

Messieurs  et  Dames, 

"iTous  êtes  priés  d'assister  au  service  qui  se  fera  Lundi 

▼  prochain  deux  septembre  1737,  environ  les  dix  heures 

du  niatin,^dans  TEglise  des  RR.  PP.  Cordeliers,  pour  le  repos 

de  l'Ame  de  Maître  Yves  LE  BOURVA  sieur  de  Launay  ;  en 

son  vivant  Clerc  chez  Mr.  Rigadon  Procureur  au  Parlement, 

&  chez  lui  décédé  le  23.  Août  dernier. 

De  Profundis. 

C'est  de  la  part  de  Messieurs  LES  CLERCS  du  Parlement, 

(Arch.  dép.  d*Hle-et- Vilaine.) 

Crâne  de  face  posé  sur  deux  fémurs  en  sautoir, 
le  tout  sur  un  fond  carré  noir  semé  de  larmes,  sans 
encadrement. 

Le  V  initial  se  détache  en  blanc  sur  un  haut  cata- 
falque au  bas  duquel  sont  posés  deux  crânes  ailés. 
Fond  et  encadrement  de  la  vignette  noirs,  semés  de 
larmes.  L'encadrement  est  en  outre  orné  de  pal- 
mettes  aux  quatre  angles  et  de  deux  fémurs  en  sau- 
toir au  milieu  de  chacun  de  ses  côtés. 


devant  de  Fautel,  le  tout  armorié  des  armes  de  ladite  dame  de  la  Voltais. 
La  litre  et  fausse  châsse  devaient  rester  pendant  un  an  à  partir  du  décès, 
la  «  présentation  »  pendant  un  mois  et  les  bougrains  huit  jours  seulement. 


—  291  — 


1738 


Messieurs  bt  Dambs, 

Vous  êtes  priez  d'assister  au  Service  de  Maître  Martin 
DU  JARDIN,  vivant  Procureur  du  Présidial  de  Rennes 
et  Sénéchal  de  plusieurs  jurisdictions,  décédé  en  sa  Maison 
Place  du  Palais,  le  lundy  vingt-quatrième  Février  mil  sept 
cent  trente-huit,  qui  se  fera  demain  Samedy  premier  Mars 
dit  an,  à  dix  heures  et  demie  du  matin,  en  TËglise  de  Saint 
Germain  sa  Paroisse,  où  il  a  été  inhumé. 

De  Profundis. 

C'est  de  la  part  de  Mademoiselle  sa  Veuve,  Messieurs  ses 

Enfans  et  de  toute  la  Famille. 

(Arch,  dép.  d'ille-et- Vilaine.) 

Crâne  rappelant  celui  du  type  7. 

La  vignette  du  V  initial  représente  un  grand  ca- 
tafalque surmonté  d'une  couronne  fleurdelysée, 
orné  au-devant  d'un  crâne  ailé  au-dessus  de  deux 
fémurs  en  sautoir  et  flanqué  de  quatre  pylônes  se- 
més de  larmes.  Sur  le  soubassement  sont  assis  deux 
génies  :  celui  de  gauche  se  cache  le  vieage  de  ses 
deux  mains  et  pleure,  sa  torche  renversée  et  fu- 
mante passe  sous  le  V  ;  celui  de  droite  s'appuie  sur 
sa  torche  renversée  et  lève  la  main  gauche.  —  Fond 
noir  et  encadrement  comme  ci-dessus. 

La  marche  sur  laquelle  sont  assis  les  génies 
porte  les  lettres  suivantes  :  à  gauche  :  S  P  ;  à 
droite,  S. 

Six  pièces  semblables,  de  1738  à  1746,  aux  Ar- 
chives départementales. 


-  292  — 

Type  4  1739 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priez  d'assister  au  Convoy,  Service  &  Enterre- 
ment de  Demoiselle  Gabrielle  LE  GAULT,  son  vivant 
Epouse  de  Me.  Jean  François  MOREAU  sieur  DES  HAYES, 
Procureur  au  Parlement,  &  Miseur  de  la  Communauté  de  cette 
Ville  de  Rennes;  décédée  en  sa  maison  Rue  de  Clisson,  aujour- 
d'hui Samedi  vingt-sept  Juin  mil  sept  cens  trente-neuf;  La 
conduite  de  son  Corps  se  fera  demain  Dimanche  vingt-huit 
desdits  mois  &  an,  à  dix  heures  &  demie  du  matin  en  l'Eglise 
de  Saint  Sauveur  sa  Paroisse,  pour  y  être  inhumée. 

De  Profundis. 

C'est  de  la  part  de  Monsieur  MOREAU,  &  de  toute  )a  Fa- 
mille. 

(Ex  meis.J 

Crâne  de  face,  le  maxillaire  inférieur  reposant 
sur  deux  fémurs  en  sautoir  qui  passent  derrière  lui. 

La  vignette  du  V  représente  sur  un  fond  noir 
semé  de  larmes  et  non  encadré  :  un  catafalque 
placé  devant  une  draperie,  orné  au-devant  d'un 
crâne  dans  une  petite  arcalure,  surmonté  d'une 
figure  drapée,  agenouillée  de  profil  à  droite  et 
priant.  —  Deux  figures  voilées  sont  assises  de 
chaque  côté  du  soubassement,  dans  l'attitude  de  la 
douleur. 

L.  :  0,44;  H.  :  0,33  1/2.  —  Papier  vergé;  fila- 
gramme  :  une  grande  fleur  de  lys. 


*% 


Une  pièce   semblable,   de   1739,   aux  Arch.  dép. 
3  pièces  type  2,  de  1739  à  1741,  id. 


—  293  — 

25  pièces  type  9,  de  1739  à  1771,  aux  Arch.   dép. 

14  pièces  type  2  a,  de  1745  à  1752,  id. 

4  pièces  type  6  a,  de  1746  à  1748,  aux  Arch.  dép.  — 
Petite  modification  du  crâne  et  des  fémurs  du  type  6. 

14  pièces  type  2  a,  de  1746  a  1772,  aux  Arch.  dép. 
—  Le  crâne  est  assez  semblable  au  type  2  a.  —  La 
vignette  du  V  est  la  même  que  celle  du  placard  du 
24  février  1738  précédemment  décrit,  sauf  la  dispo- 
sition des  lettres  S  P  sur  la  première  marche  et  l'ad- 
dition d'un  point  blanc  dans  la  bordure  noire  du 
bas,  à  droite. 

Une  pièce  typfj  2  a,  de  1747,  aux  Arch.  dép.  —  Le 
crâne  est  celui  du  type  2  a.  —  La  vignette  du  V, 
très  petite,  est  celle  du  type  5. 

Type  5  1947 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priez  d'assister  à  T Enterrement  de  feue  D^^"  Eli- 
8Abeth-Jeanne«Louisr  GUENIER,  veuve  de  feu  M.  Pierre 
Le  Lièvre,  Procureur  au  Parlement  de  Bretagne,  décédée  en 
sa  Maison,  près  la  Rue  Reverdiais  le  9  Mai  1747  :  qui  se  fera 
demain  Jeudi  11  desdits  mois  &  an  à  onze  heures  du  matin,  en 
TEglise  de  S.  Jean  sa  Paroisse,  où  elle  sera  inhumée. 

De  Profundis. 

C'est  de  la  part  de  MM.  et  Dames  ses  Enfans  et  de  toute  la 

Famille. 

(Arch,  dép.  d^IUe-ei-  Vilaine.) 

Voir  la  description  à  l'article  suivant  : 


—  294  — 


Type  &  «  948  PI.  III 


\ 


Messieurs  et  Dames, 

1  ous  êtes  priés  d'assister  au  Service  anniversaire  de 
Demoiselle  ELISABETH-JEANNE-LOUISE  QUE- 
NIER,  veuve  de  M.  LELIEVRE,  Procureur  au  Parletnent  : 
guise  fera  de^nain  Vendredi  iO  May  i748,  à  dix  heures 
précises  du  matin,  en  VEglise  des  Dames  Canyielites.  Les 
Messes  basses  seront  célébrées  depuis  dix  heures  du  matin 
jusqu'à  7nidi. 

DE  PROF  UN  DIS. 

C'est  de  la  part  de  Messieurs  ses  Ënfans  et  de  toute  la 

Famille. 

(Ex  meis,} 


Encadrement  en  quatre  pièces  assemblées  qui 
portent  des  gravures  en  blanc  sur  fond  noir.  (Le 
fond  est  semé  de  larmes.) 

Sur  la  pièce  du  haut  :  à  gauche  :  un  cercueil  cou- 
vert d'une  draperie  noire  semée  de  larmes  et  brodée 
d'une  grande  croix,  flanqué  de  six  flambeaux  por- 
tant des  cierges  allumés.  —  Au  centre  :  un  prêtre 
vêtu  d'une  chasuble  noire  officiant  à  un  autel  en- 
deuillé surmonté  de  six  flambeaux  portant  des 
cierges  allumés  ornes  de  pancartes  noires  sur  les- 
quelles se  voient  des  croix  rayonnantes  (4)  et  des 
crânes  (2).  —  A  droite  :  une  fosse  ouverte  près  de 
laquelle  sont  posés  une  pioche  et  une  pelle. 

Sur  les  pièces  latérales  :  deux  grands  squelettes 
renversant  des  sacs  de  pièces  de  monnaies  mar- 
quées d'une  croix,  posés  sur  des  piédestaux  sur 
lesquels  s'appuient  des  faulx.  (Les  jambes  des  sque- 
lettes à  partir  des  rotules,  une  partie  des  piédestaux 
et  les  faulx  sont  gravées  sur  la  pièce  du  bas.) 


—  295  — 

Au  milieu  de  la  pièce  du  bas  :  un  crâne  posé  sur 
deux  fémurs  en  sautoir  qui  passent  derrière  lui. 
L.  :  0,40.  —  H.  :  0,33.  —  Papier  vergé. 
Filagramme  :  (v.  lemardele) 

(BRETAGNE) 

(FIN  1744) 
et  un  grand  écusson  surmonté  d'une  couronne. 

Il  est  regrettable  que  cette  belle  pièce,  dont  on 
ne  connaît  que  trois  exemplaires  (on  en  retrouvera 
une  en  1750  dans  la  collection  de  M.  Decombe),  n'ait 
pas  été  signée  par  le  graveur. 

Type  2  a  1748 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  service  de  feue  Daine 
JEANNE-OABRIELLE  PETIT,  en  son  vivant  veuve 
de  M.  PIERRE-CLAUDE  MORFOUACE,  sieur  DE  LA 
COMMUN  A  YE,  ancien  Procureur  au  Parlement,  un  des 
Directeurs  et  Administrateurs  des  Hôpitaux  de  la  Ville, 
décédée  en  sa  Maison  Rue  aux  Foulons  le  24  juillet  1748, 
qui  se  fera  Lundi  29  desdits  mois  et  an  à  dix  heures  et 
demie  du  mutin  en  l'Eglise  et  Paroisse  de  S,  Sauveur,  où 
elle  a  été  inhumée. 

DE  PROFUNDIS. 

C'est  de  la  part  de  Messieurs  ses  Enfans  et  de  toute  la  Fa- 
mille. 

(Ex  meis.) 

Crâne  et  fémurs  du  type  2,  mais  regravés  :  les 
tailles  de  l'os  temporal  sont  plus  nombreuses.  Les 
extrémités  des  fémurs  sont  plus  gros. 

La  vignette  du  V  est  semblable  à  celle  du  type  2. 

L.  :  0,40.  —  H.  :  0,31.  —  Papier  vergé. 


—  296  — 

Filagramme  :  (v.  lemardele) 

(bretagne) 
(fin) 
et  un  écusson  surmonté  d'une  couronne. 

Type  6  1749 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priez  d'assister  au  Convoi,  Service  et  Enter- 
rement de  Demoiselle  JEANNE  BERTHELOT,  en 
son  vivant  épotcse  de  Me.  MICHEL  RAVENEL,  Procureur 
au  Parlement  de  Bretagne,  dêcedée  en  sa  Mai^son  Rue  Cha- 
lais  le  Lundi  deuxihne  Juin  mil  sept  cens  quarante-neuf  ; 
La  conduite  de  son  Corps  se  fera  demain  Mercredi  qua- 
trième desdits  mois  et  an,  à  onze  heures  précises  du  matin 
en  l'Eglise  de  Toussaints  sa  Paroisse,  oit  elle  sera  inhumée. 

DE  PROFUNDIS. 

Cest  de  la  part  de  M.  RA  VENELj  son  mari  et  de  toute 
la  famille. 

{Ex.  mets.) 

Crâne  de  face  posé  sur  deux  fémurs  croisés  en 
sautoir,  placés  derrière  le  maxillaire  inférieur. 

La  vignette  initiale,  encadrée  d'un  simple  filet, 
porte  un  grand  crâne  au  dessus  de  deux  fémurs  en 
sautoir,  et  entouré  d'une  banderolle  avec  Tinscrip- 
tion  :  AVIOVRD  HVrA'MOY  DEiMAIN  A'VOVS. 

Fond  noir  semé  de  larmes.  Le  V  se  détache  sur 
le  tout. 

L.  :  0,42.  —  H.  :  0,32.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  v  chevere 

BRETAGNE  17.. 

et  un  fleuron  composé  de  quatre  fleurs  de  lys  op- 
posées par  le  pied. 


—  297  - 

On  trouve  aux  Archives  départementales  21  pièces 
semblables,  de  1749  à  1760. 

Lô  placard  de  1760  porte  Tindication  :  Imp.  Pierre 
Garnier. 

Type  5  f  750 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Messes  qui  se  diront 
demain  Vendredi  5  Juin  1750,  depuis  huit  heures 
jusqu'à  onze  du  matin,  en  l'Eglise  et  Paroissse  de  S.  Sau- 
veur, pour  le  repos  de  l'A)ne  de  feue  Demoiselle  JEANNE- 
LUCE  MOINNERYE,  épouse  de  M.  JEAN- BAPTISTE 
LAUGÈE,  Procureur  au  Parlement  de  Bretagne,  inhu- 
mée en  ladite  Eglise  le  3  du  présent  mois  de  Juin. 

DE  PROFUNDIS. 

C'est  de  la  part  de  son  Mari,  de  ses  lilnfans  et  de  toute  la 

Famille. 

(Collection  Decotnbe.) 

Encadrement  semblable  au  placard  Guénier  de 
1748. 


Papier  vergé.  —  Filagramme  :  Bretagne 

FIN  .... 
et  un  grand  écusson  surmonté  d'une  couronne  et 
d'une  croix. 

Aux  Archives  départementales  :  trois  pièces  de 
1752  et  1753.  Crâne  et  fémurs  semblables  à  ceux  du 
type  7.  —  Vignette  du  V  initial  semblable  à  celle 
du  type  4, 


—  298  — 

Type  6  1753 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  (^assister  au  service  de  feu  Maître 
GILLES  RUCHER  Sieur  DE  LA  BAZELA  YS,  vivant 
Procureur  au  Parlement,  décédé  en  sa  Maison  près  la 
Rtcë  Trassart  le  15.  Décembre  1753,  Qui  se  fera  sa-- 
medi  29.  desdits  mois  et  an^  à  onze  heures  du  mutin,  en 
V Eglise  de  Saint  Pierre  en  Saint  Georges  sa  Paroisse,  où 

il  a  été  inhumé. 

DE  PROFUNDIS. 

C'est  de  la  part  de  Mademoiselle  Rucher  de  la  Bazelays  sa 

veuve,  de  Mademoiselle  Rucher  de  la  Bazelays  sa  mère,  et  de 

toute  la  Famille. 

(Ex  meis.) 

Crâne  et  vignette  semblables  à  ceux  du  placard 
de  1749. 
L.  :  0,41.  —  H.  :  0,33.  —  Papier  vergé. 

BRETAGNE 

Filagramme  :  avduere 

FIN  1751. 
et  un  fleuron  composé  de  quatre  fleurs  de  lys  op- 
posées par  le  bas. 

Aux  Archives  départementales  :  vingt-trois  pièces 
type  2  B,  de  1753  à  1777.  —  Les  fémurs  diffèrent  de 
ceux  des  types  2  et  2  a,  ainsi  qu'un  ornement  du 
catafalque  :  un  double  trait  dessine  les  oves  de  la 
grosse  moulure.  —  Le  placard  de  1760  porte  l'indi- 
cation :  Imp.  Nicolas  Audran^  et  celui  de  1777  ; 
Imp.  N.  Audran, 


299  — 


Type  7  1755 


Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  Service  Anniversaire  de 
Dame  ANNE-^MARIE  POMMERET,  en  son  vivant 
veuve  de  Noble-Homme  BENJAMIN  DE  GENNES  DE 
V AU  DUE*,  qui  se  fera  Mardi,  huit  Avril  mil  sept  cent  cin- 
qicante-cinq,  à  dix  heures  du  matin,  dans  l'Eglise  de  Tous- 
saints,  sa  paroisse,  oU  elle  a  été  inhumée. 

DE  PROFUNDIS. 

C'est  de  la  part  de  Monsieur  DE  GENNES,  son  fils,  de  Mes- 
dames ses  Sœurs  &  de  toute  la  Famille. 

(Ex  meis,) 


Crâne  de  face  posé  sur  deux  fémurs  croisés  en 
sautoir,  passés  derrière  le  maxillaire  inférieur.  Le 
graveur  a  rendu  plus  macabre  ce  symbole  de  mort  : 
le  crâne  semble  rongé  par  un  long  séjour  sous  terre 
et  les  extrémités  inférieures  des  fémurs  manquent. 

La  vignette  du  V  initial  ressemble  à  celle  du 
type  2  (voy.  pi.  1),  mais  les  larmes  blanches  du  fond 
sont  ici  plus  petites;  le  graveur  avait  commencé  à 
dessiner  des  oves  sur  la  grosse  moulure  du  cata- 
falque (on  en  voit  quatre  entre  les  branches  du  V), 
mais  il  a  modifié  son  dessin  et  a  notamment  sup- 
primé cette  moulure;  de  plus,  on  trouve  ici  un 
semis  de  larmes  noires  sur  le  cadre  :  deux  lignes 
en  haut  et  en  bas,  une  seule  ligne  sur  les  côtés. 

L.  :  0,42.  —  H.  :  0,30.  —  Papier  vergé. 

FIN  1723 

Filagramme  :  Bretagne 

M.  GORGET 


—  300  — 

et  un  fleuron  composé  de  quatre  fleurs  de  lys  op- 
posées par  le  bas. 

Deux  pièces  semblables  de  17S4  aux  Archives  dé- 
partementales. 

On  y  voit  également  :  7  pièces  de  1760  à  1762,  du 
type  2  D,  avec  l'indication  :  Imp.  Nicolas-Paul  Katar. 
—  Même  crâne  qu'au  type  2  c.  —  Vignettes  initiales 
semblables  aux  types  2  a,  2  c,  7,  sauf  la  tête  des 
deux  génies  assis  (celui  de  gauche  a  la  tête  couverte 
d'un  voile),  certains  détails  de  la  draperie  et  les 
tailles  du  catafalque.  (C'est  le  type  2  a  refait.) 

12  pièces  du  type  8,  de  1762  à  1779,  aux  Archives 
départementales. 

Type  8  1763  PI.  lY 

Messieurs  et  Dames. 

Vous  êtes  priés  d'assister  mur  Messes  qui  se  diront 
depuis  neuf  heures  du  matin  jusqu'à  midi,  et  au 
service  qui  se  leva  à  dix  heures  précises,  en  l'église  des 
RR.  PP,  Minimes,  le  samedi  26  mars  i  763,  pour  le  repos 
de  l'Ame  de  feu  Maitre  FRANÇOIS  LE  MAS  SON,  vivant 
Sénéchal  et  Procureur  Fiscal  de  plusieurs  Jurisdictions, 
décédé  en  sa  Maison  rue  de  Chateaurenault,  le  Dimanche 

20  desdits  mois  et  an. 

DE  PROFUNDIS 

C'est  de  la  part  de  Messieurs  et  Demoiselle  LE  MASSON, 
ses  Enfaiis,  et  de  toute  la  Famille. 

De  rimprimerie  de  Nicolas-Paul  VATAR,  1764. 

(Ex  meis.J 

Encadrement  en  quatre  pièces  :  en  haut,  au  mi- 
lieu, sous  un  suaire,  une  tête  de  mort  ailée  sous 
lacjuelle  on  voit  les  extrémités  de  deux  fémurs  croi- 


—  301  — 

ses,  auccompagnée  à  gauche  d'une  pelle,  à  droite 
d'une  pioche.  De  chaque  côté  deux  figurines,  celle 
de  droite  pleurant.  Aux  extrémités  deux  lampes 
allumées. 

En  bas,  dans  un  nuage,  entre  deux  palmes  sor- 
tant des  volutes  de  Tornementation  :  un  vase  à  eau 
bénite,  un  livre  ouvert,  un  manipule,  un  crucifix 
couché. 

De  chaque  côté  :  deux  cierges  fumeux  croisés 
derrière  une  pancarte  funéraire  carrée,  représentant 
sur  un  fond  noir  semé  de  larmes  un  crâne  posé  sur 
deux  fémurs  en  sautoir. 

La  vignette  porte  un  V  italique  derrière  lequel 
on  voit  un  crâne  surmonté  d'un  sablier,  posé  sur 
deux  fémurs  en  sautoir  reposant  sur  un  cercueil, 
une  pioche  et  une  pelle  en  sautoir.  Fond  à  tailles 
horizontales,  semé  de  quatre  larmes.  L'encadrement 
de  la  vignette  est  un  simple  trait. 

L.  :  0,44.  —  H.  :  0,34  1/2.  —  Papier  vergé. 

BRETAGNE 

Filagramme  :  m**  gorget 

FIN  1719. 
et  un  fleuron  formé  de  quatre  fleurs  de  lys  opposées 
par  le  bas. 

Dans  1  intéressant  ouvrage  de  John  Grand-Carte- 
ret  :  Vieux  papiers,  vieilles  images,  est  reproduit 
un  placard  à  peu  près  semblable,  imprimé  au  Mans 
en  février  1782.  Si  quelques  détails  diffèrent,  le 
style  général  est  le  même  et  l'on  peut  conclure  que 
les  deux  gravures  sont  de  la  même  main. 

Aux  Archives  départementales  :  17  pièces  du 
type  12,  de  1763  à  1773.  —  Le  placard  de  1763  porte 
la  mention  :  Imp.  Pierre  Garnier. 


—  302  — 


Type  9  1764 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  Service  de  Maître 
CHARLES-JA  CQUES  LEGUE,  vivant,  ancien  Pro- 
cureur au  Parle^nent  de  Bretagne,  qui  se  fera  Mercredi 
prochain  Si  octobre  1764,  à  dix  heures  et  demie  précises 
du  matin,  dans  l'Eglise  des  Révérends  Pères  Carmes  de 

Rennes,  où  il  a  été  inhumé. 

DE  PROFUNDIS 

C'est  de  la  part  de  Messieurs  et  de  Mesdames  ses  Enfans  et 

de  toute  la  Famille. 

(Ex  mets.) 

Crâne  de  face,  posé  sur  deux  fémurs  en  sautoir, 
passés  derrière  lui. 

La  vignette  du  V  initial  est  celle  du  type  7,  laquelle 
n'est  elle-même  que  celle  du  type  2  refaite. 

L.  :  0,45.  —  H.  :  0,35.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  fin 

A.  DVERE 
BRETAGNE 

et  une  grande  grappe  de  raisin. 

Type  9  1764 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  Convoi,  Service  et  Enter- 
rement  de  Dame  ANNE  FAUVEL,  Veuve  de  Maître 
YVES  PHELIPPE,  sieur  de  TRONJOLY,  vivant,  Procu- 
reur au  Parlement,  ancien  Sindic  de  sa  Communauté,  et 
tun  des  Nobles  Bourgeois  et  Echevins  de  la  Ville  de 
Rennes,  décédée  en  sa  Maison,  Rue  de  ChâteaurenauU,  le 
3  Novembre  i  764  ;  la  conduite  de  son  corps  se  fera  demain 
Dimanclie  4  des  dits  mois  et  an,  à  dix  heures  et  demie  du 


—  303  — 

maiin,  en  l'Eglise  de  SainUSauveur,  sa  Paroisse^  où  elle 

sera  inhumée. 

DE  PROFUNLIS. 

C'est  de  la  part  de  Madame  FABLET,  sa  Fille,  de  Madame 
TRONJOLY,  sa  bru,  de  ses  petits  Enfans,  et  de  toute  la  Fa- 
mille. 

(Ex  mets.) 

Même  ornementation  qu'au  placard  précédent. 
L.  :  0,45.  —  H.  :  0,35.  —  Papier  vergé. 
Filagramme  :  fin 

AVDUERE 
BRETAGNE 

et  un  fleuron  composé  de  quatre  fleurs  de  lys  oppo- 
sées par  le  bas. 

Type  lO  1765 

Af  (ici  le  nom  de  Tinvité,  écrit  à  la  main). 

Vous  êtes  priés  cC assister  au  Service  septième  de  feu 
Messire  NICOLAS  MAOON,  chevalier,  Seigneur» 
Marquis  DE  LA  QERVAISAlSy  Lieutenant  Général  des 
Armées  du  Roi,  et  chevalier  de  V Ordre  Royal  et  Militaire 
de  Saint-Louis,  Mardi  iS  août  il 65,  à  la  Cathédrale, 
après  la  Grand^Messe. 

Sane  Convoy  [sic]. 

Requiescat  in  Pace. 

(Collection  de  Palys.) 

En  tête  :   petite  tête  de  mort  posée   sur   deux 
fémurs  en  sautoir.  Pas  d'encadrement. 
L.  :  0,25.  —  H.  :  0,20. 


—  304  — 

Type  fi  1767 

M. 

Vous  êtes  prié,  de  la  part  de  Nosseigneurs  les  Etats  de 
Bretagne,  d'assister  au  service  solennel  qu'ils  feront  célé- 
brer Lundi  prochainy  6  avril  1767,  à  dix  heures  du  matin, 
en  C Eglise  des  R.  P.  Cordeliers,  pour  le  repos  de  l'Anie  de 
très  haute,  très  Puissante  et  très  Excellente  Princesse 
Dame,  Madame  MARIE-JOSEPH  DE  SAXE,  Dauphine  de 

France. 

Requiescat  in  Pace. 

(Collection  de  Palys.j 

Sans  en-tête  ni  encadrement. 

H.  :  0,24.  —  L.  :  0,18. 

Ces  deux  billets,  très  intéressants,  sont  les  seuls 
de  ce  genre  que  je  connaisse.  Les  pièces  semblables 
n'ont  pas  dû  être  conservées,  leur  petit  format  les 
rendant  inutilisables  pour  les  usages  auxquels  on 
réservait  les  placards. 

Type  t1^  1768 

\'  ou  s  êtes  priés  d'assister  au  Service  et  Messes  qui  seront 
dites  et  célébrés  Jeudi  29.  Décembre  1768.  à  dix 
heures  et  demie  du  matin,  dans  l'Eglise  des  Révérends 
Pères  Cordeliers  de  cette  Ville,  pour  le  repos  et  salut  de 
Vâm£  de  feu  Me,  JEAN-FRANÇOIS  JACQUE,  sieur  DE 
LA  BEZARDAIE,  vivant  Procureur  au  Parletnent  de  Bre- 
tagne, Vun  des  Nobles  Bourgeois  et  Echevins  de  la  Ville  et 
Communauté  de  Rennes  et  ancien  Trésorier  de  St.  Etienne, 
décédé  en  sa  maison  le  20.  desdits  mois  et  an. 

DE  PROFUNDIS. 

C'est  de  la  part  de  Madame  de  la  Bezardaie  sa  veuve,  de 

ses  enfans  et  de  toute  la  famille. 

(Ex  meis.J 


—  305  — 

Le  crâne,  d'une  impression  lourde  et  dont  les 
tailles  sont  empâtées  comme  celles  d'un  bois  usé, 
est  de  face,  posé  sur  deux  fémurs  en  sautoir  qui 
passent  derrière  le  maxillaire  inférieur. 

C'est  une  variante  du  crâne  du  type  6  :  le  menton 
est  d'un  autre  dessin  et  ombré.  Les  extrémités  des 
fémurs  sont  égalements  différentes. 

La  vignette  du  V  est  celle  du  type  4,  refaite  ;  la 
figure  agenouillée  est  plus  droite  et  sa  tête  dépasse 
la  draperie  tendue  derrière  elle.  Les  figures  assises 
au  pied  du  catafalque  ont  plus  de  raideur.  Le  crâne 
est  placé  dans  une  petite  arcature  à  fond  noir.  Les 
larmes  qui  sèment  le  fond  sont  plus  petites.  Le  tra- 
vail de  gravure  est  en  général  plus  grossier. 

L.  :  0,46.  —  H.  :  0,32  1/2.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  M  V  G  et  une  fleur  de  lys. 

J'ai  déjà  signalé  à  leur  ordre  chronologique  dix- 
sept  pièces  de  ce  type,  de  1763  à  1773,  qui  se  trouvent 
aux  Archives  départementales;  le  placard  de  1763 
porte  la  mention  :  Imp.  Pierre  Garnier. 

Type  Z  F  1770 

Un  placard  de  la  collection  de  M.  B.  Pocquet  du  Haut- 
Jussé  porte  le  crâne  du  type  2;  mais  la  vignette  initiale  est 
celle  du  type  13. 

Aux  Archives  départementales,  4  pièces  de  1773 
à  1775,  formant  le  type  2  d  :  crâne  du  type  2  a; 
vignette  initiale  du  type  2  b.  —  Ces  placards  portent 
la  mention  :  Impr.  de  N.  Audran. 


xuiii  26 


—  306  — 

Type  13  1 77S  PI.  V 

Messieurs  kt  Dames, 

Vous  êtes  priés  dassister  aux  Convoi,  Service  et 
Entendement  de  Demoiselle  THERESE-URSULE^ 
EMMANUELLE  FONTENEAU,  Fille  de  Af.  Fonteneau, 
Procureur  au  Parlement,  décédée  en  sa  maison,  rue  de 
Toulouse,  le  16  Janviet'  1773.  La  conduite  de  son  corps 
se  fera  demain  ditnanche  17  desdits  mois  et  an,  à  11  heures 
du  matin,  en  V église  de  Saint  Aubin  sa  paroisse,  où  elle 

sera  inhwnée, 

DE  PROFUNDIS. 

Cest  de  la  part  de  M.  FONTENEAU,  son  Père,  des 
Demoiselles  ses  sceurs,  et  de  toute  la  famille. 

De  l'Imprimerie  de  Julien -Charles  VATAR, 
Imprimeur  ordinaire  du  Roi. 

(Coll.  des  Archives  départementales J 

Ce  placard  est  encadré  d'un  double  filet  :  un  gras 
extérieur,  un  maigre  intérieur,  à  un  centimètre  et 
demi  du  bord. 

Crâne  et  sautoir  du  type  7;  vignette  initiale  du 
type  2  A. 

Les  Archives  possèdent  deux  autres  placards 
semblables  de  la  même  année. 

L'importance  de  cette  pièce  n'échappera  à  per- 
sonne :  c'est  le  prototype  de  l'encadrement  simple 
qui,  de  nos  jours,  a  envahi  les  bords  du  papier. 

Aux  Archives  départementales  :  5  pièces,  type 
12  A,  de  1774  à  1778. 


—  307  — 

Type  ISA  1775 

Messieurs  et  Dames, 

\70us  êtes  priés  d  assister  aux  Service  et  Messes  qui 
seront  célébrés  Jeudi  9  février  1 775,  à  dix  lieures  et 
demie  du  matin,  dans  l'Eglise  des  Révérends  Pères  Corde- 
tiers  de  cette  Ville  pour  le  repos  et  salut  de  Vânie  de  feu 
Me.  JOSEPII'SIMEON  FOURNIER,  en  son  vivant  Procu- 
reur au  Parle'inent,  décédé  en  sa   maisony   ru^    Saint 

Georges,  le  31  Janvier  dicdit  an. 

DE  PROFUNDIS. 

C'est  de  la  part  de  ses  Enfants  et  de  toute  la  Famille. 

(Ex  mets.) 

Même  crâne  qu'au  type  12,  mais  l'impression  est 
meilleure. 

La  vignette  du  V  initial  est  complètement  diffé- 
rente :  elle  représente  un  haut  catafalque  placé  sur 
une  estrade  de  quatre  marches  inégales,  surmonté 
d'une  couronne  fleurdelysée,  orné  sur  le  devant 
d'un  crâne  ailé.  Encadrement  :  un  filet.  Fond  noir 
semé  de  larmes  nombreuses. 

L.  :  0,45.  —  H.  :  0,35.  —  Papier  vergé,  même  fila- 
gramme  qu'au  type  12. 

Les  Archives  départementales  possèdent  5  pièces 
du  type  12  a,  de  1774  à  1778. 

Id.  :  8  pièces  type  14,  de  1776  à  1788. 

Id.  :  2  pièces  type  13  a,  de  1777  :  crâne  du  type  13; 
vignettes  du  V  initial  des  types  7  et  9;  encadrement 
de  deux  filets. 


—  308  — 

Type  14  «Vie 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aiux;  Service  et  Messh  qui 
seront  célébrés  Jeudi  8  Juillet  1 779  à  onze  heures  du 
matin  dans  l'Eglise  et  Paroisse  de  Saint  Etienne  pour  le 
repos  et  salut  de  l'â)ne  de  Dame  MARGUERITE-JOSÉ- 
PHINE PETIT,  en  son  vivant  Epouse  de  Messire  LOUIS- 
ANDRE-GABRIEL  LE  CORCIN,  chevalier,  seigneur  de 
Chesneblanc,  Garant,  et  autres  lieux,  décédée  en  son  Hôtel, 
rue  de  la  Monnaie,  le  2  desdits  mx)is  et  an. 

DE  PROFUNDIS. 

C'est  de  la  part  de  M.  LE  CORSIN,  son  Mari,  de  Mesde- 
moiselles ses  Filles,  de  M  et  de  Madame  PETIT,  et  de  toute 
la  Famille. 

A  RENNES,  chez  Nicolas-Paul  VATAR,  Imprimeur  de 
Nosseigneurs  les  Etats  de  Bretagne,  au  Palais,  1779. 

(Collection  L.  de  Villers.) 

Encadrement  en  quatre  pièces  :  en  haut  :  au 
milieu,  une  tête  de  mort  ailée  de  face,  sous  un 
suaire,  accompagnée  à  gauche  d'une  pioche,  à 
droite  d'une  pelle;  de  chaque  côté  :  un  crâne  de 
face  posé  sur  deux  fémurs  en  sautoir.  A  chaque 
extrémité  :  une  lampe  d'où  sort  une  grosse  flamme. 

En  bas  :  au  milieu,  entre  deux  palmes  croisées 
en  sautoir  :  un  vase  à  eau  bénite,  accompagné  à 
gauche  d'un  crucifix,  à  droite  d'un  livre  ouvert  et 
au-dessous  d'un  sablier. 

Sur  chacun  des  côtés  :  au  milieu,  un  crâne  posé 
sur  deux  fémurs  croisés  en  sautoir,  placés  sur 
une  pelle  et  une  faulx  croisés  (les  fers  des  faulx 
sont  tournés  vers  l'intérieur;  la  pelle  de  droite 
est  carrée,  celle  de  gauche  arrondie)  ;  au-dessus  et 


-  309  — 

au-dessous  un  crâne  posé  sur  deux  fémurs  en  sau- 
toir. 

Le  fond  de  l'encadrement  est  noir,  semé  de  larmes. 

La  vignette  initiale  rappelle  celle  du  type  8,  avec 
quelques  différences  ;  par  exemple  ici  le  fond  est 
noir  semé  de  larmes,  les  fémurs  ont  de  plus  grandes 
dimensions,  le  sablier  a  disparu,  comme  aussi  le 
filet  de  la  bordure  du  côté  droit. 

Au  reste  l'ensemble  de  la  décoration  rappelle  tout 
à  fait  le  type  8. 

Type  8  1779 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Service  cfc  Messes  qui 
seront  célébrés  vendredi  3  déceniWe  1779,  à  dix 
heures  et  demie  du  matin,  dans  V Eglise  et  paroisse  de 
Saint-Etienne,  pour  le  repos  et  salut  de  l'Ame  de  Demoiselle 
GILLETTE  BUCHON,  en  son  vivant  Veuve  de  Noble 
Homme  ROBERT  ROXJXEL,  Marchand  de  cette  Ville, 
décédée  en  sa  Maison,  rue  du   Fatcxbourg-CEvêque,   le 

29  novembre  dit  an, 

DE  PROFUNDIS 

Cest  de  la  part  de  Messieurs  LE  ROUX,  LE  BUF  et 
PICAULD,  ses  Neveux,  des  Demoiselles  DU  TERTRE, 
PICAULD,  LE  BUF  et  LEROUX,  ses  Nièces,  et  de  toute 
la  Famille, 

(Collection  Decombe.) 

Papier  vergé.  —  Type  8,  mais  le  bois  parait  très 
usé. 

Aux  Archives  départementales,  8  pièces  type  17, 
de  1782  à  1788. 

Id.,  3  pièces  type  18,  de  1782  à  1786. 

Id.,  1  pièce  type  2  e,  de  1782  :  crâne  du  type  2  b; 
vignette  initiale  du  type  2. 


—  310  — 


Type  14  1985 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Convoi,  SenHce  et  Enter- 
retnent  de  Dame  PERRINE  PICHON,  en  son  vivant 
Epouse  d'Honorable  Homme  GILLES-FRANÇOIS-RENÈ 
PICOT,  Négociant,  décédée  en  sa  maison.  Place  du  Palais^ 
le  23  Mai  i  785  :  La  conduite  de  son  Corps  se  fiera  aujour- 
d'hui 24  desdits  mois  et  an,  à  six  heures  de  l'après-midi,  et 
la  Messe  sera  célébrée  le  lendemain,  à  neuf  heures  du  ma^ 
tin,  dans  t Eglise  de  Saint-Germain,  sa  Paroisse,  où  elle 

sera  inhumée, 

DE  PROFUNDIS. 

C'est  de  la  part  de  M.  Picot,  son  Mari,  de  ses  Enfans,  et  de 
toute  la  Famille. 

A  RENNES,  chez  Nigolas-Paul  VATAR,  Imprimeur  de 
Nosseigneurs  les  Etats  de  Bretagne,  1785. 

[Ex  tneis.) 


Description  du  type  14  donnée  ci-dessus. 
L.  :  0,45  1/2.  —  H.  :  0,36.  —  Papier  vergé. 
Filagramme  :  A«»D  et  une  fleur  de  lys. 

Type  1&  1985 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Services  et  Messes,  qui 
seront  célébrées  Mercredi  8  juin  1785,  à  dix  heures 
et  demie,  en  l'Eglise  et  Paroisse  de  S,  Etienne,  pour  le 
repos  et  salut  étemel  de  l'Ame  de  Dame  CATHERINE- 
MARIE  BARTHOMEUF,  en  son  vivant  Epouse  de  N.  H. 
JEAN-CHARLES  RAQUENEL,  décédée  à  C Hôtel  de  la 
Monnoie,  le  3  juin,  et  inhumée  en  S.  Etienne,  sa  Paroisse, 

le  4  desdits  mois  et  an, 

DE  PROFUNDIS. 


—  311  — 

C'est  de  la  part  de  Mr.  et  de  Mlle.  RAGUENEL,  ses  Enfans, 
de  Mr.  et  Mde.  BARTHOMEUF,  et  de  toute  la  Famille. 

(Collection  Decombe.) 

Description  ci-dessous. 

Papier  vergé.  —  Filagramme  :  \j^  et  un  griffon 
ailé,  la  tête  surmontée  d'une  fleur  de  lys. 
L.  :  0,44  1/2.  —  H.  :  0,35. 

Type  15  1785 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Convoi,  Service  et  Enter- 
rement de  DAME  MARGUERITE  BRINDEJONC 
DE  BERMINHAM,  veuve  de  Messire  PIERE  (sic)  NICO- 
LAS DE  LA  VILLÈON,  dievalier,  Seigneur  dwUt  nom, 
décédée  en  son  Hôtel,  rue  du  Chapitre,  le  20  Juin  1785, 
La  conduite  de  son  Corps  se  fera  Mardi  21  desdits  mois  et 
an,  à  9  heures  du  matin,  dans  V Eglise  de  Saint-Etienne, 
sa  Paroisse,  oie  elle  sera  inhumée. 

DE  PROFUNDIS. 

De  la  part  de  M.  et  de  Madame  le  Mintier,  de  M.  et  de 
Madame  de  Pontmartin,  ses  gendres  filles  et  de  toute  la  fa- 
mille. 

(Ex  mets.) 

Grand  crâne  ailé  (ailes  de  chauve-souris),  cou- 
ronné de  laurier  et  surmonté  de  douze  larmes  ; 
accompagné  à  gauche  :  d'une  pelle,  à  droite  :  d'une 
faulx,  les  fers  de  ces  instruments  sont  tournés  en 
haut  et  les  manches  sont  ornés  de  hranches  d'acacia. 
Au-dessous,  un  sablier  placé  horizontalement. 

La  vignette  du  V  initial  est  assez  compliquée  :  au 
centre  :  un  vase  d'où  s'échappe  de  la  fumée,  placé 
sur  un  piédestal  composé  de  quatre   marches  au 


—  312  — 

pied  duquel  sont  posés  sur  le  sol,  croisés  en  sau- 
toir, deux  pioches  et  deux  pelles. 

En  haut  :  un  sablier  entre  deux  palmes  enlacées 
d'une  banderolle  sur  laquelle  on  lit  :  DE  LIMP. 
DEN  AUDRAN  (De  l'imprimerie  de  Nicolas  Audran). 

De  chaque  côté  :  un  ruban  lié  en  trophée  :  une 
palme,  un  bâton,  un  cierge  renversé  fumant.  —  Ce 
symbolisme  est  très  joli  :  le  voyage  du  défunt  est 
terminé,  sa  vie  s'est  éteinte,  il  ne  lui  reste  plus 
qu'à  recevoir  sa  récompense. 

En  bas  :  un  ornement  en  volutes. 

L.  :  0,44  1/2.  —  H.  :  0,36.  —  Papier  vergé  bleuté. 

Filagramme  :  y^  et  un  griffon  ailé,  la  tête  sur- 
montée d'une  fleur  de  lys. 

Type  le  1985 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  Service  qui  sera  célébré 
demain  Sa^nedi  15  octobre  1785,  à  dix  heures,  en 
l'Eglise  des  R.R.  P.P.  Jacobins,  pour  le  repos  de  et  salut 
de  l'Ame  de  N.  M^  Guillaume  Julien  Jam£S,  sieur  de  la 
Boulaye,  en  son  vivant.  Avocat  au  Parlement  de  Bretagne, 
et  ancien  Sénéchal  de  Janzé,  décédé  en  sa  maison  cour  des 
Carmélites  le  il,  et  inhuma  en  l'Eglise  de  Saint-Jean  sa 
Paroisse,  le  12  desdits  mx)is  et  an. 

DE  PROFUNDIS. 

De  la  part  de  Messieurs  et  Mademoiselle  JÂMËS,  ses  Bnfans, 

et  de  toute  la  Famille. 

(Eœ  tneis.J 

m 

Encadrement  en  quatre  pièces  :  en  haut  :  la  Mort 
(un  squelette),  armée  de  sa  faulx  dont  le  manche 
porte  enroulé  un  serpent  mordant  une  pomme,  sou- 
lève un  suaire  qui  drape  tout  le  haut  de  la  com- 


—  313  — 

position  et  dont  les  bouts  frangés  retombent  sur 
les  côtés,  assez  bas.  Elle  est  accompagnée  de  chaque 
côté  d'une  branche  d'acacia  (peut-être  de  cyprès). 
Aux  extrémités  :  une  urne  ornée  de  festons  de  dra- 
peries. Au-dessous  de  la  Mort  est  une  bande- 
rolle  sur  laquelle  se  trouve  un  cadran  d'horloge. 
Sur  la  banderolle,  on  lit,  en  caractères  grecs  et  en 
latin  :  Apud  XJCàPXH  AE  MONTENAT  Typographum. 

Au  bas  :  un  hémicycle  dont  le  pourtour  et  les 
panneaux  sont  semés  de  larmes  noires.  Au  centre 
un  catafalque  orné  de  mascarons  représentant  des 
crânes  ailés.  Sur  le  couvercle  on  voit  :  une  tiare 
pontificale,  une  couronne  épiscopale,  la  croix  et  le 
ruban  de  l'Ordre  du  Saint-Esprit,  et,  passés  en  sau- 
toir, deux  branches  d'acacia,  une  crosse  d'évêque 
et  une  houlette.  —  De  chaque  côté  du  catafalque 
sont  deux  figures  de  femmes  pleurant;  celle  de 
gauche  est  assise  et  repose  sa  main  gauche  sur  le 
crâne-mascaron  qui  est  près  d'elle;  celle  de  droite 
est  debout  et  s'appuie  du  coude  sur  le  catafalque. 
A  droite  et  à  gauche,  sur  des  piédestaux,  se  trouvent 
deux  pots  à  feu  ornés  de  crânes  ailés  et  jetant  des 
flammes  et  de  la  fumée. 

A  droite,  sur  la  plinthe  de  l'hémicycle,  on  lit  cette 
inscription  :  Alanconii  anno  Godard 

i784  inv.  et 

sculp. 

De  chaque  côté  :  une  colonne  carrée  et  une  co- 
lonne ronde  entre  lesquelles  est  suspendue  une 
lampe  sépulcrale  fumant.  Au  bas  des  colonnes,  sur 
les  chapiteaux,  d'un  côté  un  hibou,  de  l'autre  une 
pie. 

Dans  cet  exemplaire,  les  pièces  latérales  ont  été 
interverties^    le  hibou  est  à  gauche,  la  pie  est  à 


—  314  — 

droite  :  c'est  le  contraire  qu'il  faudrait;  le  sens  de 
l'arrangement  est  indiqué  par  les  draperies.  D'ail- 
leurs il  est  irrationnel  que  les  oiseaux  tournent  le 
dos  à  la  scène  de  désolation  qui  forme  le  motif  du 
bas  de  la  composition. 

La  vignette  du  V  initial  représente  le  Temps  armé 
de  sa  faulx  et  d'un  sablier,  planant  au-dessus  des 
ruines  d'un  portique  et  d'un  château-fort.  Elle  est 
encadrée  d'un  double  filet. 

Le  texte,  est  imprimé  en  italiques  ornées.  —  Pa- 
pier vergé. 

Filagramme  :  L.  V  et  un  griffon  ailé,  la  tète 
surmontée  d'une  fleur  de  lys. 

L  :  0,45.  —  H  :  0,36. 

Aux  Archives  départementales,  4  pièces  sem- 
blables, de  1786  à  1791. 

Id.,  3  pièces  du  type  15,  de  1785. 

Type  19  1 985  PI.  VI 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  dCassister  aux  Services  et  Messes  qui 
seront  célébrés  demain  Jeudi  27  Octobre  1785,  depuis 
dix  heures  du  matin  jusqu'à  midi,  dans  VEglise  des  R.R, 
PP.  Carmes,  pour  le  repos  et  salut  de  VAme  du  sieur 
FRANÇOIS  BIART  rainé,  en  son  vivant  ancien  Juré  des 
Cœnmunautés  des  Marchands  Maîtres  Tanneurs  et  Cor- 
royeurs  de  cette  Ville,  décédé  à  la  Maison  de  CHôpital 
Saint'Méen,  le  23  Octobre  et  inhumé  le  24  desdif^  m^is  et 
an,  dans  la  chapelle  dudit  Hôpital. 

DE  PROFUNDIS. 

C'est  de  la  part  de  Madame  BIART  sa  Veuve,  de  Mademoi- 
selle BIART  sa  fille,  et  de  toute  la  Famille. 

{Collection  Decombe.) 


—  315  — 

Encadrement  en  quatre  pièces  :  en  haut,  au  mi- 
lieu, un  crâne  ailé,  couronné  de  laurier,  sous  une 
draperie  qui  retombe  en  festons,  accompagné  à 
gauche  d'un  sablier  couché,  à  droite,  d'une  torche 
tumante  ;  au-dessus  et  de  chaque  côté,  des  branches 
d'arbuste;  au-dessous,  une  faulx  autour  du  manche 
de  laquelle  s'enroule  un  serpent  mordant  une 
pomme.  A  chaque  extrémité,  un  pot  à  feu  lançant 
des  flammes  et  de  la  fumée. 

En  bas  :  au  milieu,  un  trophée  composé  de  six 
drapeaux,  un  bouclier  portant  un  crâne  avec  deux 
sautoirs  de  fémurs,  un  casque  empanaché  et  deux 
bâtons  fleurdelysés.  —  A  gauche,  pêle-mêle  :  une 
tiare  papale,  un  manipule,  un  livre  fermé,  deux 
clefs,  une  bannière  à  la  croix,  une  branche  de  lau- 
rier. —  A  droite,  pêle-mêle  également  :  un  man- 
teau fleurdelysé,  une  couronne  royale,  un  sceptre, 
une  main  de  Justice,  une  épée,  une  branche  de 
laurier. 

De  chaque  côté,  trois  colonnes  en  perspective  : 
la  première  porte  en  haut  une  cloche  ailée,  et  au 
milieu,  liés  en  trophée  à  un  gros  anneau,  deux 
cierges  renversés  et  fumants. 

La  vignette  du  V  initial  est  d'assez  petites  dimen- 
sions; elle  contient  un  catafalque  orné  de  draperies 
et  de  rubans,  deux  cierges  renversés  et  fumants 
sont  passés  en  sautoir  derrière  lui.  Encadrement 
d'un  filet  noir. 

L.  :  0,45.  —  H.  :  0,34   —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  BRETAGNE  et  un  écusson  fleur- 
delysé, chargé  d'un  û. 


—  316  — 

Type  te  ivse  PI.  VII 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  Service  solennel  qui  sera 
célébré  en  Musique,  le  Mercredi  26  avril  1786,  à  dix 
heures  et  demie,  dans  l  Eglise  du  Collège,  pour  le  repos  et 
salut  de  VAme  de  MM.  de  RAVKNEL  du  BOISTKILLEUIL, 
Conseillers  du  Parlement  y  Commissaires  et  Amateurs  de  la 

Société  du  Concert, 

DE  PROFUiNDlS. 

DE  LA  PART  DE  LA  SOCIÉTÉ  DU  CONCERT 

A  Rennes,  chez  AUDRAN,  imprimeur  de  la 
Faculté  des  Droits,  1786. 

(Arch.  dép.  d*Ille-et- Vilaine.) 

J'ai  décrit  plus  haut  rencadrement  du  type  16.  Ici 
les  pièces  latérales  sont  bien  à  leur  place  :  la  pie  à 
gauche,  le  hibou  à  droite. 

Type  14  1 98e  PI.  VIII 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Convoi,  Service  et 
Enterrement  de  Dame  REINE  -  CATHERINE  DE 
LA  MOTTE  DU  PORTAL,  en  son  vivant  veuve  en  pre- 
mières noces  de  Messire  RENE  SÉBASTIEN  DE  PEL- 
LAN,  Chevalier,  Seigneur  dudit  no7)i,  et  en  secondes  noces 
de  Messire  ARMEL  DE  LA  VILLE-  THÈBAULT,  chef  de 
nom  et  armes.  Chevalier*,  Seigneur  dudit  no^n,  décédée  le 
Mardi  9  Mai  1786,  en  son  Hôtel,  rue  Saint  Louis  :  La 
conduite  de  son  Corps  se  fera  demain  Mercredi  10  desdits 
9nois  et  an,  à  6  heures  du  soir,  en  l'Eglise  de  Saint-Etienne, 
sa  paroisse,  où  elle  sera  inhumée;  et  la  Messe  sera  célébrée 
jeudi  11,  dans  la  m,ème  Eglise,  à  dix  heures  du  matin, 

Kequiescat  in  page. 


—  317  — 

C'est  de  la  part  de  Madame  DE  PONTIGNY,  et  de  Made- 
moiselle DE  LA  VILLETHEBAUT,  ses  Filles;  de  M.  LOU- 
VART  DE  PONTIGNY,  son  Gendre;  de  M.  DE  LA  VILLE- 
THEBAUT,  son  Beau-Fils,  et  de  toute  la  Famille. 

A  RENNES,  chez  Nicolas-Paul  VATAR,  imprimeur 
de  Nosseigneurs  les  Etats  de  Bretagne  (1786). 

(Ex  meis.) 

J'ai  décrit  plus  haut  rencadrement  du  type  14. 

L.  :  0,45.  —  H.  :  0,36.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  \^^  et  un  griffon  ailé,  la  tête  sur- 
montée d'une  fleur  de  lys. 

Aux  Archives  départementales,  8  pièces  sem- 
blables, de  1776  à  1788. 

Type  17  1786 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d  assister  au  Service  qui  sera  célébré 
Mardi  prochain  il  Juillet  1786,  à  dix  heures  du 
matin,  et  auœ  Messes  qui  seront  dites  depuis  dix  heures 
jusqu'à  midi,  dans  la  Chapelle  des  RR-  PP.  Cordeliers, 
pour  le  repos  et  salut  de  t Ame  de  Demoiselle  CLAUDINE- 
CLOTILDE  '  FÉLICITÉ  BURET,  en  son  vivant  Fille 
d'Ecuyer  JOSEPH-MICHEL  BURET,  l'un  de  Messieurs  les 
Administrateurs  des  Hôpitaux  de  cette  Ville  y  et  de  Davne 
CL  A  UDINE  DULIÉPURE  DE  LA  RIOLAIS,  décédée  en  sa 
Maison,  rue  de  Clisson,  le  6  juillet  1785. 

DE  PROFUNDIS. 

Cest  de  la  part  de  M.  BURET,  son  Frère,  Conseiller- 
Greffier  en  chef  du  Parletnent,  de  Madame  BURET,  sa 
Belle-Sœur  y  et  de  toute  la  Famille. 

{Eœ  mets.) 

L'encadrement  du  type  17  a  été  décrit  plus  haut. 


—  318  — 

L.  :  0,46.  —  H.  :  0,35.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  G-MARDELE  et  une  fleur  de  lys. 

1732 

Type  141  IVSB 

Messieubs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Convoi,  Service  et  Enter- 
reiïient  de  Haut  et  Puissant  Seigneur  Messire 
HUGUES  CHARLES-MARIE  HUCHET,  Marquis  DE  LA 
BÉDOYERE,  Chevalier,  Seigneur  DE  LA  BEDOYERE, 
LA  THEBA  U dais  y  et  autres  lieuœ,  décédé  en  son  Hôtel, 
rue  aux  Foulons,  Paroisse  de  S.  Jean^  le  iô  novembre 
1786  :  La  conduite  de  son  Corps  se  fera  demain  18  desdits 
mois  et  an,  à  cinq  heures  du  soir,  dans  la  chapelle  des 
RR.  PP.  Minimes,  oii  il  sera  inhumé  dans  son  Enfeu, 

Requiescat  in  pace. 

C'est  de  la  part  de  NOSSEIGNEURS  LES  ÉTATS  DE 
BRETAGNE. 

A  RENNES,  chez  Nicolas-Paul  VATAR,  Imprimeur  de 
Nosseigneurs  les  Etats  de  Bretagne,  1786. 

(Ex  mets.) 

Le  type  14  a  déjà  été  décrit  plus  haut. 
L.  :  0,45.  —  H.  :  0,36.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  ^733^  et  un  griffon  ailé,  la  tête  sur- 
montée d'une  fleur  de  lys. 

Voici  maintenant  une  invitation  de  la  famille  au 
service  du  même  personnage  : 

Type  IV  1980 

Messieurs  et  Dames, 


V 


ous  êtes  priés  d'assister  at4œ  Service  et  Messes  qui 
seront  célébrés  Lundi  4  décembre  i  786,  à  dix  heures 


—  319  — 

et  de^nie  du  matin,  dans  l' Eglise  des  Révérends  Pères  Mi-- 
ninies,  pour  le  repos  et  salut  de  CAme  de  haut  et  puissant 
Seigneur  Messire  MARGUERITE-HUGUES-CHARLES- 
MARIE  HUCHET,  chevalier.  Seigneur  Marquis  DE  LA 
BEDO  YERE,  en  son  vivant  Seigneur  de  la  Bedoyere,  la 
Thébaudais,  Baron  de  Bessac  et  autres  Lieiux)^  décédé  en 
son  Hôtel,  rue  aux  Foulons,  le  16  Novembre. 

DE  PROFUNDIS 

C'est  de  la  part  de  Mad^  la  Marquise  DE  LA  BEDOYERE, 
sa  Veuve,  M.  le  Comte  et  Mad°  la  Comtesse  DE  LA  BE- 
DOYERE, M.  leCœnte  et  Mad"  la  comtesse  DE  LA  BES- 
NERA  YE,  M.  le  Chevalier  DE  LA  BEDO  YERE,  A/»«»  DE 
LA  BEDOYERE,  sesEnfans,  et  de  toute  la  Famille, 

{Ex  mets.) 

L'encadrement  du  type  17  a  été  décrit  plus  haut. 

L.  :  0,44  1/2.  —  H.  :  0,35.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  G**  MARDELE  et  une  fleur  de  lys. 

1782 

Aux  Archives  départementales,  quatre  pièces  du 

type  16,  de  1786  à  1791. 

Type  te  1V89 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  Service  qui  sera  célébré 
Mercredi  8  août  1787,  à  9  heures  du  matin,  en 
l'Eglise  et  Paroisse  de  St.  Sauveur  pour  le  repos  et  salut  de 
l'Ame  de  Dame  GILONNE  GOUIN,  veuve  de  Messire  Mi- 
chel'Joachim  L  UCE,  Seigneur  de  la  Oalonnais,  Conseiller 
du  Roi,  Alloué,  Lieutenant- Général  et  Civil  de  la  Séné- 
chaussée  et  Siège  Présidial  de  Nantes,  décédée  au  Calvaire 
de  Cussé  le  21  Juin  dernier. 

REQUIESCA  T  IN  PAGE 

Cest  de  la  part  de  M  et  de  Madame  de  la  GaUmnais,  de 
M.  et  de  Madame  Charette  du  Tiercent,  de  M.  et  de  Ma- 


—  320  — 

dame  de  Cfiefdubois,  de  M.  et  de  Madame  de  Monfgermont, 
ses  Enfans,  Pettts-Enfans  et  de  toute  la  Famille. 

(Coll.  de  Villers.) 

Le  haut  de  rencadrement  contient  une  variante 
du  type  16,  décrit  plus  haut  et  reproduit  :  sur  la 
banderolle,  au  lieu  de  Tinscription  en  grec  et  en 
latin,  on  lit  :  De  Vlmp,  de  N,  AUDRAN,  vue  aux 
Foulons. 

Type  19  19N9 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  Service  anniversaire  qui 
sera  célébré  Mercredi  8  Août  1787 ,  à  diœ  Tieures  du 
mxittn,  et  aux  Messes  qui  y  seront  ditesjusquà  midi,  dans 
l'Eglise  des  RR.  PP.  Cordeliers  de  cette  Ville,  pour  le  repos 
et  salut  de  tAme  de  Noble  Maître  ETIENNË-CYR  C OS- 
SON,  Avocat  au  Parlement,  Ancien  Sénéchal  de  Saint- 
Georges,  décédé  en  sa  Maison,  rue  Saint-Louis,  le  23  Août 

i  786. 

DE  PROFUNDIS. 

Cest  de  la  part  de  M.  et  M  ad'  COSSON  DE  CHA  UMER  Y, 
son  Frère  et  sa  Belle-Sœur,  de  M  ad'  veuve  LODIN,  sa 
Sceur,  de  M.  et  Mad^  DU  TERTRE  HERBERT,  de  Mes- 
sieurs et  Mesdames  ses  Beauœ-Frères,  Belles-Sœurs,  Ne- 
veux et  Nièces,  et  de  toute  la  Famille. 

(Ex  meis.) 

Type  n,  décrit  plus  haut. 

Les  pièces  latérales  de  Tencadrement  sont  retour- 
nées, de  sorte  que  les  cierges  attachés  aux  colonnes 
ne  sont  plus  renversés.  L'ouvrier  qui  mit  en  forme 
avait  trouvé,  sans  doute,  cette  position  anormale. 

L  :  0,45.  —  H  :  0,35.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  G«MARDELE  et  une  fleur  de  lys. 

1782 


—  321  — 

Type  14  1788 

Messiburs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Convoi,  Service  et  Enter- 
rement de  N.  Me.  JOSEPH-JEAN  FILLY,  en  son 
vivant.  Avocat  et  Procureur  au  Parlement  de  Bretagne, 
ancien  Echevin  de  la  Ville  et  Com^nunauté  de  Rennes  et 
ancien  Trésorier  de  la  Paroisse  de  Toussaint,  décédé  en  sa 
maison,  rue  d'Orléans,  le  3i  mai  1788,  la  Conduite  de  son 
Corps  se  fera  demain  premier  Juin,  à  onze  heures  du  Tna-- 
tin,  en  l'Eglise  et  Paroisse  de  Toussaint,  oii  il  sera  inhuma. 

REQUIESCAT  IN  PAGE. 

Cest  de  la  part  de  Madame  FILLY,  sa  Veuve,  de  M.  FILLY, 
son  Fils,  de  M.  et  Madame  ESNOU  DE  LA  JOUNIÈRE,  ses 
Gendre  et  Fille,  et  de  toute  la  Famille. 

A  RENNES,  chez  Nigolas-Paul  VATAR,  Imprimeur 
de  Nosseigneurs  les  Etats  de  Bretagne,  1788. 

(Ex  mets.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 

L.  :  0,44.  —  H.  :  0,35  1/2.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  E  R  S  et  une  fleur  de  lys. 

Type  le  1989 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aiux)  Service  et  Messes  qui 
seront  célébrées  vendredi  prochain,  22  m>ai  i  789,  à 
dix  heures  et  demie  du  matin,  en  l'Eglise  des  Révérends 
Pères  Jacobins,  pour  le  repos  et  salut  de  l'Amie  de  feu  N.  H. 
JOSEPH-JEAN-MARIE  SAMOUAL  DE  LA  RAGOTIERE, 
vivant,  Commis-Greffier  au  Siège  Royal  de  la  Monnaie  de 
Rennes,  ancien  Sénéchal  et  Procureur-Fiscal  de  plmieurs 
JurisdicUons,  décédé  en  sa  maison  près  les  Portes-Morde- 
laises,  le  4  desdits  mois  et  an. 

REQUIESCAT  IN  PAGE 
xxxni  27 


—  322  — 

Cesf  de  la  part  de  M,  Samoual  de  la  Ragotière,  de  M.  et 
Made.  le  Mener,  ses  Enfans  et  Gendre,  et  de  toute  la  Fa- 
mille. 

{Arch.  dép.  d*Ille-et-Vil.] 

Type  d'encadrement  décrit  plus  haut. 

Ce  placard  porte  la  môme  variante  que  celui  du 
8  août  1787  de  la  collection  L.  de  Villers  :  en  haut, 
sur  une  bande  :  de  VImpr.  de  N.  AUDRAN,  rue  aux 
Foulons. 


Type  18  1900  PI.  IX 

Messieurs  et  Damks, 

^lovsêfes  priés  d'assister  au  Service  qui  sera  célébré 
lundi  prochain  20  décembre  1790,  à  onze  heures  du 
matin,  dans  l'Eglise  et  Paroisse  de  Toussaints,  pour  le  re- 
pos et  salut  de  VAm£  de  Lame  LAURENCE-JEANNE 
GODET,  épouse  de  JEAN-PIERRE-LÉONARD  CORlilN, 
décédée  en  sa  Maison,  7^ue  de  r Entonnoir,  le  16  desdits 

mois,  et  an, 

REQUIESCAT  IN  PAGE 

C'est  de  la  part  de  M.  Corbin.  son  Mari,  de  MM-  et  de  Mde. 
CORBIN,  ses  Enfans,  de  ses  Petits-Enfans,  de  M.  et  Mde. 
GUILÏjARD,  ses  Beau-Frère  et  Belle-Sœur,  et  de  toute  la  Fa- 
mille. 

(Ex  meis.) 


Encadrement  en  quatre  pièces  :  en  haut,  au  mi- 
lieu, dans  un  caisson  plus  large  que  le  reste  de  la 
bordure,  un  crâne  de  trois  quarts,  sans  maxillaire 
inférieur,  posé  sur  deux  fémurs  en  sautoir,  accom- 
pagné à  gauche  d'un  flambeau  allumé,  et  à  droite 
d'un  vase  à  eau  bénite  muni  de  son  aspersoir.  Le 
tout  posé  sur  une  tablette.  Au-dessus,  une  draperie. 

A  chaque  extrémité  du    cadre,    un    crâne    sans 


—  323  — 

maxillaire  inférieur,  posé  sur  deux  fémurs  en  sau- 
toir. 

En  bas,  au  milieu  du  cadre,  une  pelle,  une  faulx, 
une  flèche,  liés  en  sautoir. 

A  chaque  extrémité  du  cadre,  une  lampe  fu- 
mante. 

Les  pièces  latérales  portent  au  milieu  deux  fémurs 
en  sautoir,  cantonnés  de  quatre  larmes. 

La  vignette  du  V  initial,  encadrée  d'un  filet  noir, 
renferme  :  un  cercueil  couvert  d'un  drap  mortuaire 
sur  lequel  est  posé  un  crâne  ailé,  sans  maxillaire 
inférieur,  surmonté  d'un  sablier.  Au-dessus,  deux 
torches  renversées  et  fumantes,  passées  en  sautoir. 
Fond  noir  semé  de  larmes. 

L.  :  0,44.  —  H.  :  0,35.  —  Papier  vergé. 

Filàgramme  :  E  L  I  et  une  grande  fleur  de  lys. 

Aux  Archives  départementales,  trois  pièces  sem- 
blables, de  1782  à  1786. 

Typa  le  1991 

■Messikurs  kt  Dam&s, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Service  et  Messes  qui  se- 
ront célébrés  Lundi  29  août  1791,  à  dix  heures  du 
Matin,  dans  C Eglise  Paroissiale  de  Saint-Pierre,  desservie 
provisoirement  en  la  chapelle  S.  Sauveur,  pour  le  repos  et 
salut  de  Vâme  de  feu  PIERRE-FRANÇOIS  GINGUENÉ, 
en  son  vivant.  Avoué  au  Tribunal  du  District  de  Rennes, 
décédé  en  sa  Maison,  rue  d'Orléans,  le  Mercredi  23  présent 

Mois, 

REQUIESGAT  IN  PAGE 

C*estde  la  part  de  ses  Enfans  et  de  toute  la  Famille. 

(Arch.  dép.  cCIlleet- Vilaine.) 


—  324  — 

Les  deux  tiers  de  la  partie  supérieure  droite  du 
cadre  manquent  par  suite  d'une  déchirure. 
Le  type  16  a  été  décrit  plus  haut. 

Type! 9  ISOfS  PI.  X 

Messieurs  kt  Dames, 

^Tous  êtes  priés  (Vnssister  au  Service  qui  sera  célébré 
7nardi  prochain  7  décembre,  à  dix  heures  du  mutin, 
et  aux  Messes  qui  seront  dites  depuis  huit  heures  jusqu'à 
midi,  dans  VEglise  de  la  Visitation,  pour  le  repos  et  salut 
de  [A7ne  de  feue  LOUISE- YVONNE-PÉLAGIE  DES- 
CHAMPS,  veuve  de  M.  MENARD,  ci-devant  Procureur 
au  ci-devant  Parlement  de  Bretagne,  décédée  à  sa  terre 
de  la  Brillays,  coiyiynune  de  Thourye,  le  29  novembre  der- 
nier m 

DE  PROFUNDIS 

Cest  de  la  part  de  M,  MENARD,  fiLs,  M,  et  Madame 
CLEMENT,  ses  En  fans  et  Gendre,  de  ses  petits- En  fans, 
et  de  toute  la  Fainille. 

A  RENNES,  de  rimprimerie  de  Julikn  FROUT,  place  du 

Champ- Jacquet,  n»  12. 

{Ex  mets.) 

Encadrement  typographique  formé  de  denticules 
répétés. 

Au-dessus  du  texte  :  un  crâne  dont  le  maxillaire 
inférieur  repose  sur  deux  fémurs  en  sautoir.  Der- 
rière lui,  croisées  en  sautoir,  deux  torches  fu- 
mantes. 

Vignette  du  V  initial  à  claire-voie  et  assez  com- 
pliquée ;  un  cercueil  posé  à  terre,  à  demi  couvert 
d'une  draperie  blanche  frangée  et  semée  de  larmes 
noires.  Le  cercueil,  à  deux  versants,  présente  une 
de  ses  extrémités,  ornée  d'un  crâne  sans  maxillaire 


—  325  - 

inférieur,  au-dessus  de  deux  palmes  croisées  et  d'un 
fémur  posé  horizontalement.  Brochant  sur  le  tout, 
une  grande  palme,  deux  fémurs,  une  lance,  un  bâ- 
ton sont  croisés  et  liés  en  trophée.  Une  autre  palme 
et  un  cierge  fumant,  non  renversé,  sont  passés 
dans  les  branches  du  V,  au-dessous  duquel  on  voit 
les  trois  festons  d'une  écharpe.  Au-dessus  du  V  un 
sablier. 

(Je  possède  également  un  placard  de  Paris,  du 
16  novembre  1813,  imprimé  chez  C.-L.-F.  Panc- 
koucke,  rue  Poupée,  n®  7,  qui  porte  un  V  initial 
semblable,  signé  :  Lee  :  sculp.  —  Dans  les  festons 
du  bas  on  lit  :  Impriinerie  Politype,  rue  Favart.) 

L.  :  0,45.  —  H.  :  0,36.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  L.  Morel,  et  un  bonnet  phrygien. 

Cette  pièce  n'est  pas  datée,  mais  elle  porte  au  dos 
des  notes  datées  du  19  floréal  an  XI.  Cette  mention 

•  * 

a  pu  être  inscrite  Tannée  qui  suivit  la  distribution 
du  placard,  qui  serait  ainsi  de  1802. 

Type  ZO  lê)0& 

MM.  ET  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Convoi  et  Enterrement  qui 
auront  lieu  le  jeudi  19  floréal  an  13  (9  mai  1805],  à  dix 
heures  du  matin,  dans  TEglise  Paroissiale  de  Saint-Sauveur, 
pour  le  repos  et  salut  de  l'âme  de  Monsieur  CESAR-JE AN- 
BAPTISTE  LE  GOMERIEL,  décédé  en  sa  maison,  rue  de 

rUnion,  le  18  floréal. 

Requiescat  in  page. 

Cest  de  la  part  de  Monsieur  LEGOMERIEL,  son  Frère, 
de  Messieurs  ses  Oncles,  et  des  Dames  ses  tantes,  et  de  toute 
la  Famille. 

{Ex  meis.) 


—  326  — 

Encadrement  en  quatre  pièces  :  en  haut,  au 
milieu  :  le  Temps  armé  de  sa  faulx  et  accompagné 
d'un  sablier,  couché  de  profil  à  gauche  dans  des 
nuages.  De  chaque  côté  :  des  branches  d'acacia. 

En  bas  :  au  milieu  d'une  balustrade  et  sur  une 
dalle  posée  sur  un  carrelage  noir  et  blanc,  un  tom- 
beau sur  lequel  on  lit  en  caractères  gothiques  : 
mta  more  moÏ0.  —  Sur  répaisseur  de  la  dalle,  l'indi- 
cation :  DE  l'imprimerie  de  J.   F.   ROBIQUET. 

De  chaque  côté  :  une  colonne  ronde  devant  un 
obélisque,  surmontée  d'un  hibou  ouvrant  les  ailes 
et  accompagnée  au  bas  du  fût  d'une  grande  urne 
décorée  de  festons. 

V  initial  orné  d'une  urne  sur  un  piédestal,  cou- 
verte d'un  voile,  et  derrière  laquelle  une  faulx  est 
passée,  le  fer  en  bas,  et  à  droite,  sur  les  côtés  et 
derrière,  des  nuages.  (Le  V  est  différent  dans  les 
exemplaires  décrits  plus  loin.) 

L.  :  0,43.  —  H.  :  0,34.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  un  bonnet  phrygien. 

Type  91  tSOO 

Messieurs  et  Dames, 

Vous  êtes  priés  d'assister  aux  Convoi  et  Enterrement  qui 
auront  lieu  lundi  6  novembre  1809,  à  onze  heures  du 
matin,  et  aux  Messes  qui  seront  dites  depuis  six  heures  jus- 
qu'à midi,  dans  TEglise  Paroissiale  de  Saint  Aubin,  pour  le 
repos  et  salut  de  l'Ame  de  M.  Toussaint-François  LEMOINE- 
DESFORGES,  veuf  de  Dame  Françoise  LE  BOUCHER, 
Président  honoraire  à  la  Cour  d'Appel  de  Rennes,  décédé  en 
sa  maison  rue  aux  Foulons,  le  4  desdits  mois  et  an. 

Requibscat  in  page. 
Cest  de  la  part  de  Monsieur  et  Madame  Jumelais,  de 


rt^ 


—  327  - 

Monsieur  Boullemer  fils,  de  MademoLselle  Lemoine-Des^ 
forges^  ses  Filles  et  ses  Gendres,  de  ses  Petlts-Enfans,  et  de 
toute  la  famille. 

(Ex  meis.J 


Encadrement  en  quatre  pièces  :  en  haut,  un  crâne 
ailé  et  couronné  de  laurier,  posé  sur  deux  fémurs 
en  sautoir  passés  derrière  lui,  et  dont  on  ne  voit 
que  les  extrémités,  sous  une  draperie  qui  se  pro- 
longe et  retombe  sur  les  côtés. 

En  bas,  dans  un  hémicycle,  une  femme  assise  de 
profil  à  droite,  devant  un  tombeau  semé  de  larmes, 
et  tenant  un  médaillon  représentant  un  portrait 
d'homme  couronné  de  laurier.  Sur  la  moulure  infé- 
rieure droite  de  Thémicycle,  on  lit  :  Godard,  Inv. 
et  S. 

De  chaque  côté  ;  une  colonne  tronconique  en 
partie  cannelée,  surmontée  d'une  grande  urne  et 
ornée  en  haut  d\m  médaillon,  un  peu  au-dessous, 
un  petit  crâne;  accompagnée  en  bas,  celle  de  gauche, 
d'une  lampe  sépulcrale  allumée,  celle  de  droite  d'un 
sablier. 

Le  V  initial  est  posé  sur  une  draperie  frangée. 

L.  :  0,45.  —  H.  :  0,35.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  un  griffon  ailé,  la  tête  surmontée 
d'une  fleur  de  lys. 

Type  19  A  1807 

Invitation    au   service   de    Dame    Julie -Marie    Picquet  de 

Melessc,  veuve  de  M.  Gabriel-François-Guérin  de  la  Grasserie» 

le  21  mars  1807. 

(Collection  B.  Pocquet  du  Haut-Jussé  ) 

La  partie  inférieure  du  cadre  décrit  plus  haut  a 


—  328  — 

été  enlevée  et  remplacée  par  six  combinaisons  de 
vignettes  typographiques  et  de  croix.  Au  milieu  une 
croix   paltée,   de  chaque  côté  de  laquelle  on  lit  : 

HODIE  MlHl  >ii  GRAS  TIBI. 

On  voulait  ainsi  faire  disparaître  les  attributs  de 
l'ancien  régime.  L'imprimeur  est  désigné  : 

A  Rennes,  chez  la  veuve  Brute,  Imprimeur  de  la 
Mairie  et  du  Lycée,  au  Temple  de  la  Loi. 

Type  19  B  tSOO 

Convoi,  Service  et  Enterrement  de  Demoiselle  Geneviève- 
Bertranne  Lebrun,  le  5  avril  1809. 

(Collection  Harscouêt  de  Keravel.) 

Même  suppression  que  ci-dessus,  seulement  les 
six  combinaisons  de  vignettes  typographiques  af- 
fectent la  forme  de  flambeaux. 

Même  imprimerie. 

Type  19  18IO 

Service  de  Dame  Françoise-Marie  Delpuech  de  la  Noe,  veuve 
de  M.  Jean,  Baron  de  la  Villebaud,  le  19  juillet. 

A  Rennes,  chez  la  veuve  Brute,  imprimeur  de  la  Mairie,  au 
Palais. 

(Collection  Vecombe.) 

Type  ZZ  18tO  PI.  XI 

Convoi  et  messe  d'Enterrement  de  M.  Pierre-Alexandre  Du- 
rand, Marchand-Epicier,  le  29  septembre. 

(Collection  Decomhe.) 


—  329  — 

Encadrement  en  quatre  pièces  :  en  haut,  un  grand 
cercueil  couvert  d'un  drap  noir  brodé  d'argent,  orné 
d'une  draperie  sur  laquelle  on  voit  un  sablier  ailé, 
accompagné  de  deux  faulx  en  sautoir,  les  fers  en 
bas  ;  derrière  la  draperie,  deux  cierges  renversés  et 
fumants. 

En  bas,  un  catafalque  couvert  d'un  drap  noir 
brodé  en  argent  d'une  grande  croix  et  de  deux 
crânes  ailés,  semé  de  larmes,  placé  entre  six  chan- 
deliers. En  dessous,  on  lit  :  De  l'Imprimerie  de 
J.  Frout,  1805.  Chatellier  Inv. 

De  chaque  côté  :  deux  colonnes  cannelées  ornées 
dans  les  cannelures  de  larmes  noires  et  surmontées 
de  pots  à  feu  en  forme  de  crânes  ailés. 

La  vignette  du  V  initial,  signée  Besnard  dans  le 
coin  inférieur  gauche,  représente  un  tombeau  dans 
un  cimetière,  surmonté  d'une  urne  et  accompagné, 
derrière,  à  gauche,  d'un  arbuste  desséché;  à  droite 
d'un  cyprès. 

L.  :  0,45  1/2.  —  H.  :  0,36.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  V**^  L  V  R,  et  un  griffon  ailé. 

Chatellier,  qui  a  gravé  le  bois,  était  bijoutier  et 
fabricant  de  tabatières  à  Rennes.  Il  eut  un  fils,  né 
à  Rennes  en  1806,  qui  exerça  la  même  profession 
que  son  père.  Il  avait  pour  spécialité  la  confection 
des  tabatières  en  bois  sculpté  et  gravé  et...  arra- 
chait les  dents  gratuitement  (ou  à  peu  près),  aux 
gens  des  classes  peu  aisées.  Il  était  bien  connu  à 
Rennes,  où  sa  petite  boutique  de  la  rue  de  la  Mon- 
naie avait  pour  enseigne  «  La  Priseuse.  »  C'était 
un  tableau  représentant  une  vieille  femme  grima- 
çante, savourant  une  prise  de  tabac.  La  boutique 
de  Chatellier  a  disparu  il  y  a  une  quinzaine  d'an- 
nées, mais  le  tableau-enseigne  est  conservé  par  un 


—  330  — 

amateur,  membre  de  la  Société  archéologique,  qui 
en  a  fait  l'acquisition  lors  de  la  mort  du  dernier 
Chatellier,  fils  du  bijoutier-arracheur  de  dents,  et 
petit-fils  du  graveur  de  Tencadrement  de  placard 
employé  par  Timprimeur  J.  Frout,  à  partir  de  1805. 
Aux  Archives  départementales,  une  pièce  type  22, 
de  1810  (19  avril). 

Type  Jea  1811  PI.  XII 

MM.  ET  DAMES, 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  Convoi  et  Enterrement  de 
M.  JACQUES'BONAVENTURE  13 UN,  ancien  Maître  et 
Professeur  en  chirurgie,  décédé  hier  8  avril  iSli,  en  sa 
de7neure  rue  de  Bel- Air,  qui  se  fera  aufjourd'hui  9,  à 
quatre  heures  de  l'après-midi,  dans  l'KgUse  paroissiale  de 
Saint'Pien^e. 

RlîQUIESCAT   IN    PaCE. 

C'est   de    la    part  de  Mademoiselle   BIJN,   sa  Sœur;    de 

MM.  BLIN.  ses  Fils,  et  leurs  Epouses;  de  M.  SAUVEUR, 

son  Gendre,  et  son  Epouse;  de  ses  Petits-Enfans,  et  de  toute 

la  Famille. 

(Ex  mets.) 

Encadrement  d'un  double  filet,  dont  un  gros  ex- 
térieur. 

Au-dessus  du  texte  :  un  crâne  posé  sur  deux  fé- 
murs croisés  en  sautoir;  derrière  lui  deux  torches 
fumantes.   Au-dessous,  sur  une  banderolle  :  hodie 

MlHl  GRAS  TIBI. 

L.  :  0,41.  —  H.  :  0,32  1/2. 

Filagramme  :  N  R  V  et  une  petite  grappe  dç  rai- 
sin. 


—  331  — 

Type  17  C  1818 

Convoi,  Enterrement  et  Messe  d'Enlerrement,  1  et  2  avril, 

de  Dame  Marie-Anne-Thomasse  Fauvel,  veuve  de  M.  Jacques- 

François-Philippes  de  Tronjolly  de  Coatgoureden,  Avocat  au 

Parlement. 

(Collection  L.  de  Villers.) 

Retouche  à  la  partie  inférieure  de  Tencadrement  : 
les  fleurs  de  lys  qui  ornaient  le  manteau,  à  droite, 
ont  été,  ici,  remplacées  par  des  larmes. 

A  Rennes,  chez  la  V^"  Brute,  Imprimeur  de  la 
Mairie,  au  Palais. 

Type  17  181)9 

Convoi  le  28  novembre,  Messe  d'Knterrement  le  29,  dans 
TEglise  succursale  de  Saint-Aubin,  de  M.  François  Delino, 
ancien  commissaire  de  la  marine,  décédé  rue  Tilsit. 

{Eté  meis.) 

Même  imprimerie.  Le  bois  est  très  fatigué. 
Papier  vergé.  Filagramme  :  L.  MOREL. 
Le  V  initial  est  celui  du  type  18. 

Type  fll  181^ 

Convoi,   Service  et  Messe  d* Enterrement,   le   18  juin,   de 

Vénérable*   Discret^   Missire^  Jean-François   Desbouillons, 

Prêtre,  ancien  Recteur  de  Bazouges-sous-Ilédé 

(Ex  meis,) 

1.  Vénérable  est  un  titre  dlionneur  que  l'on  donne  dans  les  actes 
publies  aux  Ecclésiastiques,  aux  Docteurs  de  Théologie  :  Fut  présent 
discrète  et  vénérable  personne.  Prêtre,  etc.  »  (Furetiére.) 

2.  «  Discret  est  une  formule  de  notaire,  un  titre  d'honneur  qu'ils 
donnent  aux  curez  et  aux  graduez  et  principalement  aux  supérieurs  des 
couvens.  Vénérable  et  discrète  personne,  M.  Tel,  curé  d'un  tel  lieu.  »  {Id.  ) 

3.  On  dit  encore  Messire  en  Picardie  et  en  Provence.  (Mgr  Barbier  de 
Montault  ) 


—  332  — 

L.  :  0,45.  —  H.  0,35  1/2.  —  Papier  vergé. 
Filagramme  :  RONSIN,  en  grande.s  lettres,  et  un 
griffon  ailé. 

Type  ft^  18  le 

Service,  le  2:^  avril,   de  feu  Messire  Gabriel  de  Freslon, 

chevalier  de  l'Ordre  Royal  et  militaire  de  Saint-Louis,  ancien 

officier  de  la  Marine  Royale,  ancien  Lieutenant  de  Messieurs  les 

Maréchaux  de  France,  décédé  en  son  hôtel,  à  Rennes,  place  du 

Pré-Botté. 

RENNES,  IMPRIMERIE  DE  M-  V-  FROUT. 

(Ex  meis.J 

Encadrement  en  quatre  pièces,  en  haut  :  une 
draperie  noire  semée  de  larmes,  au  milieu  de 
laquelle  un  trophée  composé  d'un  sablier  ailé,  de 
deux  fémurs  et  de  deux  faulx  en  sautoir. 

En  bas  :  une  draperie  noire  brodée  en  argent 
alternativement  :  à  gauche  d'un  hibou  au  vol  plié, 
perché  sur  deux  faulx  en  sautoir,  un  crâne  sur  deux 
fémurs  en  sautoir,  une  faulx,  une  pioche  et  une 
pelle  liés;  mêmes  motifs  répétés  à  droite.  Au  milieu 
un  trophée  composé  de  deux  faulx,  une  bêche,  une 
pelle,  une  pioche,  croisées  et  liées  ensemble. 

De  chaque  côté  :  une  cariatide  de  profil,  voilée 
et  tenant  une  urne,  au-dessus  un  crâne  ailé  de 
profil. 

L.  :  0,46.  —  H.  :  0,36  1/2.  -  Papier  vergé. 

Filagramme  :  Jossel,  imitant  une  signature  cur- 
sive,  et  un  griffon  ailé. 


—  333  — 

Type  24  A  1816  PI.  111 

Service,  le  1""  juin,   de  Dame  Bonne-Louise-Auguste  Du 

Han,   veuve  de  Messire  Charles-Louis- Hyacinthe-Claude  de 

Visdelou,  marquis  de  Bédée. 

{Collection  Decombe.) 

Le  bas  de  rencadrement  décrit  ci-dessus  a  été 
modifié.  Ici  on  voit  une  figure  drapée  à  Tantique, 
agenouillée  et  priant  devant  une  portion  de  globe 
terrestre.  Sur  le  sol,  à  côté  d'elle,  une  pierre  tom- 
bale et  une  faulx  ;  à  gauche,  un  arbuste  desséché  ;  à 
droite,  un  cyprès.  Signature  du  graveur  :  Dubuc, 
à  droite. 

Rennes,  Imprimerie  de  M™'  V**  Frout. 

Comme  dans  le  placard  précédent,  la  vignette  du 
V  initial,  signée  Dubuc  dans  le  coin  inférieur 
droit,  représente  la  Mort  sous  forme  d'un  squelette 
drapé,  tenant  une  faulx,  assise  sur  un  tombeau  dans 
un  cimetière.  Près  d'elle  et  à  ses  pieds,  un  mé- 
daillon, des  ossements,  un  globe  de  derrière  lequel 
sort  un  serpent  et  sur  lequel  elle  appuie  une  torche 
renversée  fumante,  un  hibou. 

L.  :  0,45  1/2.  —  H.  :  0,36.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  Josselj  et  un  griffon  passant  à 
gauche. 

Type  25  1818 

Convoi  et  enterrement,  le  31  octobre,  de  Félix-Alexis  Main- 
guy,  ex  Religieux  Dominicain,  Prêtre,  Bibliothécaire  en  chef 
de  la  Ville,  Aumônier  du  Dépôt  de  Mendicité,  ancien  Docteur 
et  Professeur  de  Rhétorique  et  de  Littérature  ancienne  et  mo- 
derne, ancien  Membre  de  l'Université,  décédé  maison  du  Pré- 

sidial. 

{Collection  Harscouèt  de  KeraveL) 


—  334  — 

Encadrement  en  quatre  pièces  :  en  haut,  sur  un 
fronton,  une  draperie  noire  brodée  en  argent  :  VIT  A 
MORS  MODO. 

En  bas  :  un  tombeau  orné  de  guirlandes  et  d'un 
médaillon.  Au-dessus  :  chez  Madame  veuve  Vatar  et 
Druté^  imprimeurs  du  Roi. 

De  chaque  côté  :  une  gaine  noire  semée  de  larmes, 
ornée  d'un  crâne  ailé  au-dessus  d'une  draperie  por- 
tant une  couronne  d'étoiles  à  droite,  et  un  serpent 
se  mordant  la  queue,  à  gaucho. 

La  vignette  du  V  initial  représente  la  Mort,  sous 
la  forme  d'un  squelette  drapé  dans  un  linceul,  assise 
de  trois  quarts  à  droite  sur  un  cercueil  ;  elle  s'ap- 
puie sur  sa  faulx  renversée  et  étend  son  bras  gauche, 
orné  d'un  sceptre,  sur  un  globe  terrestre.  Derrière 
elle,  une  urne. 

Type  jee  i8jeo 

MM. 

Vous  êtes  priés  d*asstster  au  Convoi  qui  aura  lieu  et  à  la 
Messe  d^Rnterrement  qui  sera  célébrée  le  mercredi 
9  août  1820,  à  neuf  heures  du  matin  et  aux  Messes  qui  seront 
dites  depuis  six  heures  jusqu'à  midi,  dans  l'Eglise  de  Tous- 
saint, pour  le  repos  et  salut  de  l'àme  de  feu  M.  Alzirb-Pla- 
ciDB  LEGENDRK,  Elève  en  Médecine,  décédé  en  sa  maison, 
au  Colombier,  le  8  desdits  mois  et  an. 

Requiescat  in  page. 

Cest  de  la  part  de  ses  père  et  mère;  [de  ses  frères]  (indi- 
cation manuscrite);  de  M.  et  AT"*  LODIN,  M,  et  J/"*  LA- 
FOSSE,  A/"*  LEGENDRE,  ses  sœurs  et  beaux-frères,  et 
de  toute  la  famille, 

(Ex  meis.) 


—  335  — 

Encadrement  en  quatre  pièces  ;  en  haut,  le  Temps 
assis  et  appuyé  sur  une  base  de  colonne,  de  trois 
quarts  à  droite  armé  de  sa  faulx,  de  chaque  côté  des 
rameaux  de  verdure 

En  bas,  dans  un  hémicycle  garni  de  draperies 
semées  de  larmes,  un  tombeau  orné  de  guirlandes, 
au-dessous  duquel  un  squelette  drapé  est  couché  et 
se  soulève  sur  le  coude  gauche.  Au-dessous,  on  lit 
la  mention  :  a  Rennes,  de  l'Imprimerie  de  Chausse- 
blanche,  RUE  DE  Bordeaux,  petit  hôtel  Gonidec, 
derrière  le  Palais. 

De  chaque  côté  :  à  gauche,  au  pied  d'une  colonne 
surmontée  d'un  pot  à  feu  fumant,  une  figure  drapée, 
de  profil  à  droite,  tenant  une  urne  dans  l'attitude 
du  respect.  A  droite,  une  colonne  semblable  et  une 
figure  drapée,  de  profil  à  gauche,  pleurant  près 
d'une  urne;  elle  tient  de  la  main  gauche  un  cierge 
fumant  et  renversé. 

La  vignette  du  V  initial,  signée  Lacoste,  dans  le 
coin  inférieur  gauche,  représente  le  Temps  armé 
de  sa  faulx,  tenant  un  sablier  et  assis  sur  un  tom- 
beau dans  un  cimetière  ;  derrière,  à  gauche,  un  ar- 
buste desséché;  à  droite,  des  cyprès  et  un  saule 
pleureur. 

L.  :  0,43  1/2.  —  H.  :  0,36.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  R0N8IN  et  un  griffon. 

Type  «4  1891 

Convoi  et  Messe  d'Enterrement,  le  8  février,  de  M.  Jean- 
François  Dubois  du  Hautbreil,  Ecuyer,  Docteur  en  Médecine, 
et  Doyen  des  Médecins  de  Rennes. 

RENNES,  IMPRIMERIE  DE  M-  V*  FROUT,  RUE  DAUPHIXE 

[Ex  meis.) 


-  336  — 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 
Filagramnie  :  Lo  MOREL  et  un  griffon. 
L.  :  0,43.  —  H.  :  0,35  1/2. 

Type  «6  1 891  PI.  XIV 

Convoi  et  enterrement,  le  14  avril,  de  M.  Félix-Julien-René 

Rouxel  I^angotière.  Membre  de  TAcadémie  de  Peinture  et  de 

la  Chambre  Littéraire. 

{Ex  meis.) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 
Filagramme  :  L  (?)  et  B,  et  une  grande  balance. 
L.  :  0,43.  —  H.  :  0,33  1/2. 

Type  19S  ±H99 

Convoi  et  Enterrement,  le  12  juin,  de  M.  Gilles-Anne  Lodin 
de  Lalaire,  Avocat  et  ancien  Président  du  Tribunal  Civil  de 

« 

Rennes. 

A  Rennes,  chez  M"«  V«  Vatar  et  Brute  Imprimeur  du  Roi. 

(Ex  meis.) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  NOVES  FIN 

1742 

L.  :  0,45  1/2.  —  H.  :  0,35. 

Type  itO  1 893 

Service  anniversaire,   le  25  février,   à   Saint- Germain,  de 

dame  Agathe  Michelle  Rousseau,   en    son  vivant  épouse  de 

M.  Bourboulon  de  S'  Edme,  Receveur  général  des  finances  du 

déparlement  d'Ille  et  Vilaine. 

(Ex  meis.) 


—  337  — 

Le  V  initial  est  posé  devant  une  base  de  colonne 
carrée  ornée  de  guirlandes  et  d'un  crâne  et  accom- 
pagnée de  chaque  côté  d'une  torche  renversée  et 
fumante. 

—  De  Timprimerie  de  Cousin-Danelle. 

(On  a  vu  que  le  bois  du  type  20  était  en  1805  entre 
les  mains  dé  J.-P.  Robiquet.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 

Filagramme  :  P  R  B  et  un  cheval  ailé  (ou  un  grif- 
fon). 

L.  :  0,44.  —  H.  :  0,34.  —  Papier  vergé. 

Type  191  18198 

Convoi  et  Messe  d'Enterrement,  les  9  et  10  avril,  de  M.  Jo*- 
seph-René  Delaunay,  Doyen  de  Messieurs  les  Avocats. 

(Ex  mets.) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 
Filagramme  :  B  L  (entrelacés)  et  une  couronne 
royale. 
L.  :  0,44  1/2.  —  H.  :  0,36. 

Type  ft^  18598 

Convoi  et  Enterrement,   à  Saint -Hellier,   le   15  juin,   de 

dame  Françoise-Marie-Rose-Julienne  de  Raguenel,  veuve  de 

M.  Bienassis. 

(Ex  meis.J 

Encadrement  décrit  plus  haut. 

Filagramme  :  ROBIN. 

L.  :  0,44.  —  H.  :  0,34.  —  Papier  vergé. 

XXXIII  28 


—  338  — 

Type  «41  1898 

Convoi  et  Messe  d'Enterrement,  le  il  décembre,  de  Dame 
Anne-Marie-Denise  Desnos,  veuve  de  M.  Guillaume  Chevalier, 
en  son  vivant  Notaire  Royal  et  Apostolique  à  Rennes. 

Rennes,  Madame  Veuve  Frout,  Imprimeur-Libraire. 

rue  Dauphine;  n*4. 

(Ex  tneis.J 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 
Filagramme  illisible. 
L.  :  0,45.  —  H.  :  0,36. 

Type  «1  18«4l 

MM. 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  service  qui  sera  célébré 
vendredi  17  décembre  1824,  a  dix  heures,  dans  l'Eglise 
cathédrale,  et  aux  Messes  qui  seront  dites  le  môme 
jour,  depuis  six  heures  du  matin,  pour  le  repos  et 
salut  de  l'âme  de  Monseigneur  Tlllustrissime  et  Révérendis- 
sime  Charles  MANNAY,  Evêque  de  Rennes,  Officier  de  la 
Légion  d'Honneur,  ancien  Evêque  de  Trêves,  décédé  en  son 
Palais  Episcopal,  le  5  desdits  mois  et  an. 

Requibscat  in  page. 

Cest  de  la  part  de  MM.  les  Vicaires-Oénératiœ  Capitu-- 
laires  et  de  MM.  les  chanoines  de  t Eglise  cathédrale. 

(Ex  tneis.J 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 
Filagramme  :  S  D  R  et  une  couronne  royale. 
L.  :  0,44  1/2.  —  H.  :  0,35. 


—  339  — 

à 

Type  f^M  1819S 

Convoi  et  Messe  d* Enterrement,  les  13  et  14  avril,  de 
M.  René-Julien  Gouverneur,  âgé  de  54  ans. 

(Ex  meis.) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 

Même  filagramme  que  ci-dessus. 

L.  :  0,45.  —  H.  :  0,35 

C'est  ici,  pour  la  première  fois,  que  Tâge  du  dé- 
funt est  indiqué,  mais  cet  usage  ne  sera  pas  encore 
d'emploi  constant. 

Type  !iS  t8«& 

Convoi  et  Messe  d'enterrement,  les  23  et  24  septembre, 
Messe  de  Famille  le  30,  de  M.  Barthélemy-Jean-Pierre  Poc- 
quet,  ancien  Notaire  Royal,  décédé  Juge  d'instruction  au 
Tribunal  civil  de  Rennes 

  Rennes,  chez  M''*  Vatar-Jausions,  imprimeur  du  Roi. 

(Collection  B.  Pocquet  du  Haut-Juste.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 

Type  9B  1 8!ift 

Service,  4  octobre,  de  la  même  personne,  «  décédé  Juge 
d'Instruction  au  Tribunal  civil  de  Rennes  et  Fabricien  de  la 
même  susdite  paroisse  »  (Saint-Germain) 

C'est  de  la  part  du  Clergé  et  de  la  Fabrique  de  Saint- 
Germain  de  Rennes. 

A  Rennes,  chez  M"«  Vatar-Jausions,  imprimeur  du  Roi. 

(Collection  B,  Pocquet  du  Haut-Jussé.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 


—  340  — 

Convoi,  Messe  d'enterrement,  le  18  octobre,  Messe  de  famille 
le  26,  à  S'-Aubin,  de  dame  Claudine-Françoise  F^emerer,  veuve 
de  M.  René-Âlexandre  Gandon,  en  son  vivant  Avoué  à  la  Cour 
Royale  de  Rennes. 

(Ex  meis.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 
Filagramme  :  V«  MOREL  et  un  griffon.   Papier 
vergé. 
Bois  fatigué. 

Type  90  ISMI 

Convoi  et  Messe  d'Enterrement,  le  2  novembre,  pour  le  repos 
et  salut  éternel  de  Tàme  de  Dame  Léonore  Rousse,  veuve  de 
François-Marie  Leray,  propriétaire. 

Rennes,  imprimerie  de  Cousin-Danelle. 

{Ex  meis,) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé 
sans  filagramme. 

L.  :  0,43.  —  H.  :  0,35. 

Ici  le  mot  éternel  est  employé  pour  la  première 
fois,  mais  ne  sera  pas  encore  d'un  usage  constant. 
Je  le  signalerai  chaque  fois  qu'il  se  présentera. 

TypefMI  f8«6 

Service,  le  27  novembre,  de  M.  le  comte  Alexis-François- 
Marie-Joseph  de  Freslon,  ancien  capitaine  au  Régiment  du 
Roi  (infanterie). 

  Rennes,  chez  M"«  Jausions,  imprimeur  du  Roi. 
{Collection  B.  Pocquet  du  HautJussé.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 


—  341  — 

Type  »4  A  1896 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  2  décembre,  Messe  de 
famille  le  9,  pour  le  salut  éternel  de  Mademoiselle  Julie- 
Josephe-Reine  JuUiot  Duplessis. 

(Collection  B.  Pocquet  du  Haut-Jussé^} 

Encadrement  décrit  plus  haut. 

Type  195  18«8 

Convoi^  Messe  d'Enterrement,  le  21  janvier.  Messe  de 
famille,  le  28,  de  Dame  Renée-Rose-Virginie  Potier  de  la 
Germandais,  en  son  vivant,  épouse  de  feu  Jean-Louis-Corentin 
Le  Baron,  Procureur  Général  près  la  Cour  d'Appel. 

Imprimerie  de  Mademoiselle  Jausions. 

(Collection  Decombe.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 

Tjrpe  «S  18«8  PI.  XV 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  18  mars,  Messe  de  famille, 
le  24,  pour  le  salut  éternel  de  Tàme  de  Dame  Jeanne  Pain,  en 
son  vivant  veuve  de  M   Philippe  Jouin,  Banquier. 

Imprimerie  de  Mademoiselle  Jausions. 

{Collection  Decombe.) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 
L.  :  0,46.  —  H.  :  0,36. 

Type  «i  %Hit9 

Convoi  et  Messe  d*Ënterrement,  le  12  février,  Messe  de 
famille,  le  19,  «  de  M.  Charles  Toussaint  Jumelais,  décédé  le 


—  342  — 

11  desdits  mois  et  an,  âgé  de  vingt-trois  ans,  chez  Madame  sa 

mère,  rue  d'Orléans.  » 

{Ex  meis,) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé 
dont  les  pontuseaux  sont  en  travers.  Je  signale 
cette  particularité  que  je  n'ai  trouvée  qu'ici. 

Filagramme  :  B. 

L.  :  0,44.  —  H.  :  0,35. 

Type  f^È  1899  PI.  XVI 

M 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  Service  solennel  qui  sera 
célébré  dans  TEglise  cathédrale,  à  dix  heures  du  matin, 
le  mercredi  18  du  mois  de  mars  1829,  pour  le  repos  et  salut  de 
Tàme  de  Sa  Sainteté  Annibal  de  la  Gbnga,  Souverain  Pontife, 
LÉON  XII,  décédé  à  Rome,  le  10  février  1829. 

L'Oraison  funèbre  sera  prononcée  par  M.  Tabbé  Le  Tour- 
neux,  Vicaire  général  et  Titulaire  du  Diocèse  de  Soissons  et 
Honoraire  de  celui  de  Rennes,  et  Prédicateur  du  Roi. 

Requibscat  in  page. 

C'est  de  la  part  de  Monseigneur  CEvêque  de  Rennes  et  de 
MM.  du  Chapitre. 

{Collection  Decombe.) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé 
sans  filagramme. 
L.  :  0,44.  —  H.  :  0,35. 

Type^O  1880 

Convoi  d'Enterrement,  le  24  janvier,  Grand'Messe  le  25, 
de  Dame  Jeanne-Marie-Perrine  Bivault,  rentière,  veuve  de 
M.  Pierre  Le  Souffaché,  décédée à  Vâge  de  74  ans, 

A  RENNES,  IMPRIMERIE  DE  A.  MARTEVILLE. 

{Ex  meU.) 


—  343  — 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  J  et  un  fleuron  qui  tient  à  la  fois  de 
la  coquille  et  de  la  fleur  de  lys.  (Un  autre  placard 
de  ma  collection,  au  même  nom,  porte  le  même 
fleuron  et  le  filagramme  :  E.). 

L.  :  0,46.  —  H.  :  0,35  1/2. 

Type  90  1880  PI.  X¥II 

Convoi  et  Grand'Messe  d'Enterrement  le  8  décembre,  de 
M.  François-Ambroise  Legendre,  en  son  vivant  veuf  de  Dame 
Anne-Marie-Thérèse  Robert. 

A  RENNES,  IMPRIMERIE  DE  A.  MARTEVILLE. 

{Ex  mais.) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé, 
sans  filagramme. 

Bois  fatigué,  dont  les  veines  sont  très  ouvertes. 

L.  :  0,43  1/2.  —  H.  :  0,35. 

(On  a  déjà  vu  que  ce  bois  avait  été  utilisé  succes- 
sivement par  J.-F.  Robiquet,  en  1805,  et  Cousin- 
Danelle,  en  1826,  celui-ci  le  possédait  dès  1822, 
comme  on  le  constate  par  un  placard  appartenant  à 
M.  J.  Aubrée.  Il  passa  ensuite  entre  les  mains  de 
A.  Marteville,  leur  successeur.) 

Type  1»V  1830 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  13  décembre,  Messe  de  fa- 
mille, le  21,  de  Dame  Marie-Anne-Léontine  de  Goataudan, 
épouse  de  M.  Huchet  de  Cintré  de  Monterfil. 

{Collection  B.  Pocquet  du  Haut-Jussé.) 

Encadrement  en  plusieurs  pièces  (quatre  seule- 


—  344  — 

ment?).  En  haut  une  urne  voilée  et  le  sommet  de 
trois  cyprès. 

En  bas  :  au  milieu  :  un  crâne  couvert  d'une  dra- 
perie placé  sur  un  livre  fermé  posé  sur  des  pierres. 
Derrière  lui,  deux  faulx,  une  branche  de  chêne  et 
une  branche  de  laurier.  A  gauche,  une  coupe  et  un 
hibou  au  vol  plié;  à  droite  une  croix  et  un  sablier 
ailé. 

Au-dessous    :    Rennes,    Madame    veuve    P'rout, 

IMPRIMEUR-LIBRAIRE. 

De  chaque  côté  :  à  gauche,  une  grande  figure 
entièrement  voilée,  penchée  en  avant  et  désignant 
de  la  main  droite  le  texte  du  placard.  Elle  est 
debout  sur  un  socle  orné  d'une  couronne  d'étoiles. 
A  droite,  une  autre  grande  figure  drapée  à  Tan- 
tique,  dans  Tattitude  de  la  méditation,  appuyée  sur 
une  torche  renversée.  Elle  est  debout  également 
sur  un  socle,  celui-ci  orné  d'un  serpent  se  mordant 
la  queue,  symbole  de  l'Eternité. 

La  vignette  du  V  initial  représente  une  urne  au- 
tour de  laquelle  s'enroule  un  serpent.  Devant,  une 
torche  renversée  et  fumante;  derrière,  une  masse 
de  verdure. 

Type  191  1881 

Convoi  et  Messe  d'Enterrement,  le  18  août,  de  M.  François- 
Bachelier,  veuf  de  Dame  Henriette  Viard  de  Jussé. 

{Collection  Decombe.) 

Encadrement  décrit  ci-dessus.  —  Papier  vergé. 
FMlagramme  :  f  Krug. 
L.  :  0,44.  —  H.  :  0,35. 


—  345  — 

Type  «8  1881» 

Service  anniversaire,  le  3  juillet,  à  Saint- Germain,  de 
M.  Claude-Joseph  comte  de  Guerny,  décédé  à  Paris. 

(Collection  Decotnbe.) 

Encadrennent  en  quatre  pièces  :  en  haut,  sur  un 
fronton,  un  crâne  voilé,  posé  sur  un  livre  fermé; 
derrière,  deux  faulx  et  deux  branches  de  cyprès;  à 
gauche,  une  croix. 

En  bas  :  un  cintre  de  maçonnerie;  au-dessous, 
un  terrain  couvert  de  petites  plantes  et  quatre  os- 
sements sur  le  sol;  à  droite,  on  croit  distinguer  un 
crâne  d'un  dessin  grossier. 

De  chaque  côté,  deux  grandes  figures  de  femmes 
drapées  et  voilées;  celle  de  gauche  porte  une  urne 
voilée,  celle  de  droite  une  amphore. 

La  vignette  du  V  initial  représente  un  homme  en 
costume  moderne,  tenant  un  manteau  sur  le  bras 
droit  et  appuyé  sur  un  tombeau  surmonté  d'une 
urne  voilée.  Derrière,  un  saule-pleureur.  Signature, 
dans  le  coin  à  gauche  :  Du  RouchaiL 

(Il  y  avait  à  Périgueux,  vers  le  commencement 
du  XIX*  siècle,  un  graveur  du  nom  de  Du  Rouchail  ; 
cet  artiste  quitta  Périgueux  et  alla  s'établir  à  Paris  ^) 

Papier  vergé.  —  Pilagramme  :  ^^^  et  un  griffon. 

L.  :  0,46.  —  H.  :  0,36. 


1.  Pellisson  :  A  propos  des  Lettres  de  Deuil,  in  :  Bulletin  du  Vieux- 
Papier,  t.  I,  p.  340. 


—  346  — 

Type  «O  1889 

Convoi  et  Messe  d'Enterrement,  le  2  octobre,  de  M.  Joseph- 
Claude-Gabriel  Dusaul,  chef  du  3*  bureau  de  la  Préfecture 
d'Ille-et-Vilaine,  âgé  de  68  ans,  en  son  vivant,  époux  de  Dame 
Françoise-Perrine- Julienne  Lanfray. 

A  Rennes,  imprimerie  de  A.  Marteville. 

(Collection  Decombe.) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  Le  bois  est  très 
fatigué  et  les  veines  en  sont  très  accentuées,  comme 
dans  tous  les  exemplaires  imprimés  depuis  cette 
époque. 

Filagramme  :  Levannier,  à  Vannes,  et  une  cou- 
ronne royale. 

L.  :  0,44.  —  H.  :  0,35.  —  Papier  vergé. 

TypeSO  1888 

Convoi  d'Enterrement,  le  13  janvier,   Grand'Messe,  le  20, 

pour  le  salut  éternel  de  Tàme  de  M.  Joseph-Jean  Lucas,  ancien 

avoué  à  la  Cour  royale  de  Rennes,  décédé à   l'dge   de 

74  ans, 

A  Rennes,  imprimerie  de  A.  Marteville. 

(Collection  Decombe.) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 
Filagramme  :  P  et  une  couronne  royale. 
L.  :  0,46.  —  H.  :  0,36. 

Type  m^Ê  1838 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  20  janvier,  à  S'-Sauveur, 
de  dame  Jeanne-Marie-Rose  Gallery  de  la   Rozaire,  en  son 


—  347  — 

vivant    veuve    de    M.    Pierre-Ambroise    Legendre-Dubourg, 
décédée  chez  M.  Debont,  son  gendre,  rue  de  Volvire. 

(Eœ  meis.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 
Filagramme   :   ^^^ussin  ^^  ^^  griffon.   —  Papier 
vergé. 
L.  :  0,46  1/2.  —  H.  :  0,36  1/2. 

Type  »8  1833 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  26  juin,  pour  le  repos 
éternel  de  l'âme  de  M.  Pierre-Louis  Du  Pont  des  Loges, 
ancien  conseiller  au  Parlement  de  Bretagne,  et  ancien  premier 
Président  de  la  Cour  royale  de  Rennes,  veuf  de  Dame 
Angélique-Joséphine-Cécile  du  Bois  le  Bon  de  la  Choltais. 

A  Rennes,  de  l'Imprimerie  de  M^^  Jausions. 

{Appartient  à  M.  Renaud- Louben s). 

(Un  des  fils  du  décédé  :  Paul-Georges-Marie  Du- 
pont des  Loges,  né  à  Rennes  le  11  novembre  1804, 
mort  à  Metz  en  1886,  fut  évoque  de  Metz  depuis  le 
13  septembre  1842  jusqu'à  sa  mort.)  ' 

Type  «7  1 838 

Convoi  de  M.  Jean-Anne-Marie  Frelant,  21  octobre. 

Rennes»  imprimerie  de  M"'  veuve  Front,  née  Ângran. 

(Collection  Decombe.) 

Type  90  18841 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  25  février,  à  S^  Aubin,  de 


1.  Cf.  L.  Dpcombe  :  Les  Rues  de  Rennes...,  5*  édition.  Rennes,  A.  Le 
Roy,  1892. 


-  348  — 

dame  Marie-Rose  Pélagie-Bivaut,  en  son  vivant  veuve  de  feu 
M.  Michel  Simon. 

A  Rennes,  imprimerie  de  A.  Marteville. 

(Ex  meis.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 
L  :  0,43  1/2.  —  H.  :  0,35.  —  Papier  vergé  sans 
filagramme. 

Type  )M>  1 884 

Convoi  d' enterrement,  le  30  septembre,  Grand'Messe  le 
lendemain,  «  de  M.  Henrioux,  capitaine  en  retraite,  chevalier 
de  Saint-Louis  et  la  Légion  d'Honneur.  • 

A  Rennes,  imprimerie  de  A.  Marteville. 

{Ex  mets.) 

Filagramme   S    et  une  corne  d'abondance    d'où 
sortent  des  raisins. 
L.  :  0,43.  —  H.  :  0,33  1/2.  —  Papier  vergé. 

Type  «7  1885 

Service  anniversaire,  le  25  mai,  pour  le  «  salut  éternel  de 
TÀme  de  Madame  Marie-Jeanne  de  Freslon,  épouse  de  M.  Louis- 
Anne-Marie  Aubrée  de  Kernaour,  officier  de  l'Ordre  roval  de 
la  légion  d'honneur,  ancien  président  à  la  Cour  royale  et 
doven  de  la  faculté  de  droit  de  Rennes.  » 

Rennes.  —  Imprimerie  de  Madame  de  Caila. 

{Collection  Decombe.) 

Encadrement  décrit  plus  haut.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  J. 

L.  :  0,47.  —  H.  :  0,37. 


—  349  — 

Tjpe  90  I88S 

Convoi  d'Enterrement,  le  i*'  juin,  Grand'Messe  après-de- 
main, à  S^  Sauveur,  de  M.  Philippe-Louis-Célestin  Aché, 
Avocat  à  Pontivy,  décédé  à  Rennes,  rue  de  Lafayette. 

  RenneSt  imprimerie  de  A.  Marteville. 

{Ex  meis.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 
L.  :  0,47.  —  H.  :  0,36  1/2.  —  Papier  vergé  sans 
filagramme. 

T^rpe  90  1885 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  14  septembre,  «  de 
M.  Théophile  Gandon,  décédé  chez  son  père.  M.  Gandon, 
avoué  à.la  Cour à  l'dge  de  dix-huit  ans,  » 

  Rennes,  imprimerie  de  A.  Marteville. 

(Collection  Decombe.) 

Filagramme  :  Nevo  F  et  un  cor  de  chasse. 
L.  :  0,47.  —  H.  :  0,37.  —  Papier  vergé. 

Type  5»0  188S 

Convoi,  Grand'Messe  d'Enterrement,  le  20  septembre,  <  de 
M.  Charles-Bonaventure-Marie  TouUier,  en  son  vivant  Doyen 
honoraire  de  la  Faculté  de  droit  de  Rennes,  Bâtonnier  de 
Tordre  des  avocats,  chevalier  de  l'ordre  royal  de  la  Légion 
d'honneur,  décédé à  l'dge  de  84  ans.  » 

A  Rennes,  Imprimerie  de  A.  Marteville. 

{Collection  Decombe). 

Filagramme  :  FI  DEC  et  un  double  cercle. 


—  350  — 

L.  :  0,51.  —  H.  :  0,38.  — Papier  dont  les  vergeures 
se  voient  à  peine. 

TypelMI  ISSB 

Convoi  d'Enterrement,  Grand  Messe,  le  5  janvier  «  de  dame 
Jeanne  Françoise  Le  Dien,  en  son  vivant  épouse  de  M.  Tou- 
zard,  chef  du  service  des  lits  militaires  de  la  13^  division.  » 

A  Rennes,  Imprimerie  de  A.  MarteviUe. 
{Collection  Decombe.) 

Filagramme  :  FIDEC,  et  un  double  cercle. 
L.  :  0,51.  —  H.  :  0,39.  —  Papier  vergé. 

Tsnpe  90  1888 

Convoi  d'Enterrement,  le  21  janvier,  Messe  de  famille,  le  29, 
pour  le  «  salut  étemel  de  Tâme  de  demoiselle  Jeanne- Vincente 
Simon,  décédée  chez  M*"®  Henrioux,  sa  nièce.  » 

Rennes,  Imprimerie  de  A.  Marteville. 

(Ex  mets.) 

Filagramme  :  R  S  et  une  couronne  royale. 
L.  :  0,45  1/2.  —  H.  :  0,36.  —  Papier  vergé. 
Sur  ce  placard,  le  mot  mève  a  été  substitué  à  la 
plume,  au  mot  nièce.  » 

Type  mi  f  sas 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  21  mai,  de  Mademoiselle 
Marie-Thérèse-Louise  Guéhéneuc  de  Boishue. 

Rennes,  Imprimerie  d'Amb.  Jausions,  rae  de  Bordeaax. 

{Collection  Harscouèt  de  Keravel.) 

A  partir  de  1838,  les  formules  :  pour  le  repos  et 


—  351  — 

salut  étemel^  pour  le  repos  éternel^  devenant  d'usage 
courant,  surtout  la  première,  je  ne  les  signalerai 
plus. 

Type  9&  1839  PI.  XVIII 

Convoi,  le  28  mars,  Messe  d* Enterrement,  le  9  avril,  de 
dame  Julie  Charlotte  Perrine  de  la  Bourdonnaye  Montluc, 
comtesse  de  Plouer,  douairière. 

Rennes»  Imprimerie  d'Amb.  Jaugions,  rue  de  Bordeaux. 

L.  0,48.  —  H.  :  0,37.  —  Papier  vergé. 

Filagramme  :  F  T 

LG 

{Collection  Decombe.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 

Type  9^9  1839 

Convoi  et  Messe  d'Enterrement,  le  27  avril,  de  M.  le  comte 
Armand-Bon- Louis  Maudet  de  Penhouet,  Maréchal  de  camp  en 
retraite.  Chevalier  de  Saint-Louis  et  de  la  Légion  d'Honneur, 
époux  de  dame  Marie-Anne  de  Couêssin  de  la  Béraye. 

Rennes,  Imprimerie  de  Madame  de  Caila,  née  Frout,  rue  de  la  Monnaie. 

{Collection  de  Goy,) 

Type  «1  1839 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  26  juin,  de  Monsieur  Au- 
gustin-Françots-Marie  Baron  Rapatel,  Maréchal  de  Camp, 
Commandeur  de  TOrdre  Royal  de  la  Légion  d'Honneur,  Che- 
valier de  l'Ordre  de  Saint-Ferdinand  d'Espagne,  4^  classe,  veuf 
en  premières  noces  de  dame  Jeanne-Félicité  Vatar,  et  époux 
en  secondes  noces  de  dame  Cécile-Aglaé  Moutonnet. 

(Sans  nom  d'imprimeur.)  {Collection  Decombe,) 


—  352  — 

TjpeSf  A  1839 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  9  mars,  de  M.  Jacques- 
François  Gardin  de  la  Bourdonnaye,  ancien  capitaine  de  cava- 
lerie, chevalier  de  Saint-Louis,  décédé...  à  Tàge  de  69  ans. 

{Collection  de  Goy.) 

L'encadrement  de  ce  placard  est  celui  du  type  21 
refait  :  le  crâne  ailé  du  haut  a  été  modifié  et  on 
a  ajouté,  passant  derrière  lui  :  à  gauche,  une  torche 
fumante  renversée;  à  droite,  le  manche  d'une  faulx 
dont  le  fer  revient  sous  le  maxillaire  inférieur. 

Au  lieu  d'une  femme  tenant  un  portrait  d'homme, 
au  milieu,  en  bas,  il  y  a  ici  un  homme  âgé,  drapé  à 
l'antique,  tenant  un  portrait  de  femme. 

La  signature  de  Godard  a  disparu;  enfin,  beau- 
coup d'autres  détails  ont  été  modifiés. 

Type  «O  tSMO  PI.  XIX 

Convoi  d'Enterrement,  Grand'Messe,  le  1*'  mai,  de  M.  Pierre- 
Mathurin  Lucas,  en  son  vivant,  avocat  et  membre  de  la  Com- 
mission des  hospices  civils  de  Rennes. 

{Collection  Decombe.) 

Encadrement  dit  «  à  la  cathédrale,  »  en  sept  piè- 
ces. Il  représente  un  portique  d'église  d'un  gothi- 
que très  relatif. 

Quatre  pièces  en  haut  :  celles  du  milieu  forment 
un  fronton  surmonté  d'une  croix;  celles  des  côtés 
ont  chacune  un  ange  en  adoration  placé  au-dessus 
de  deux  niches  contenant  des  statues. 

Pièces  latérales  :  à  gauche,  statue  de  la  Foi  entre 
deux  colonnes  ;  à  droite,  statue  de  l'Espérance. 


—  353  — 

En  bas  :  les  soubassements  du  portique  et  au  mi- 
lieu un  carrelage  blanc  et  noir,  au-dessus  duquel 
se  trouve  l'indication  :  Rennes,  imprimerie  de  A. 
Marteville  et  Lefas. 

La  vignette  du  V  initial,  signée  Du  Rouchail,  dans 
le  terrain,  en  bas,  à  droite,  représente  une  figure 
voilée  de  noir  et  pleurant,  assise  à  gauche  d'un 
tombeau  surmonté  d'une  urne.  A  droite,  de  la  ver- 
dure; derrière,  trois  cyprès. 

H  :  0,39  1/2.  —  L  :  0,30  1/2.  —  Papier  lisse. 

A  partir  de  cette  époque,  on  ne  trouve  plus  de 
papier  vergé  servant  à  l'impression  des  placards. 

Type  IM  A  18411 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  3  octobre,  de  Dame  Eu- 
génie-Louise-Sainte Ducrest  de  la  Guicherais,  épouse  de 
M.  Jules  Aussant,  Docteur  en  médecine,  dgée  de  29  ans. 

(Collection  Decombe.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 
L.  :  0,47,  —  H.  :  0,36  1/2. 

Type  ftH  184l«  PI.  XX 

Convoi  et  Messe  d'Enterrement,  le  4  février,  de  M.  Louis 
Anne-Marie  Aubrée  de  Kernaour,  officier  de  Tordre  royal  de 
la  Légion  d'Honneur,  ancien  président  à  la  Cour  royale,  ancien 
doyen  de  la  Faculté  de  droit. 


(Ex  meis.) 


Encadrement  décrit  plus  haut. 
L.  :  0,46.  —  H.  :  0,35  t/2. 


XXXIII  29 


—  354  — 

Type  99  1LH4L2 

Service,  le  22  février,  à  S*-Sauveur,  de  Dame  Elmire- 
Françoise- Antoinette  de  Truchis,  épouse  de  Monsieur  Amand- 
Etienne  Carron. 

Rennes,  imprimerie  d'Amb.  Jausions,  rue  de  Bordeaux. 

{Ex  meis.J 

Encadrement  décrit  plus  haut. 
L.  :  0,45   —  H.  :  0,36 

Type  !S9  M94Lft 

Convoi.  Messe  d'Enterrement,  le  7  septembre,  à  S*-Sauveur, 
de  M"«  Flmilie-Thérèse-Caroline  Truillot,  décédée  chez  son 
grand-oncle,  M.  Ménardais,  à  tâge  de  seize  ans, 

(Ex  meis.J 

Encadrement  décrit  plus  haut. 
L.  :  0,45.  —  H.  :  0,36. 

Type  99  18419 

Convoi  d'Enterrement,  Grand'Messe,  le  11  novembre,   de 

Dame  Rosalie-Jacquette-Joséphine-Anne  Degois,  en  son  vivant 

veuve  de  M.  Pierre  Rebillard,  avocat  à  la  Cour  royale  de 

Rennes,  chevalier  de  la  Légion  d'Honneur,  décédée...  à  l'âge 

de  79  ans  5  mois. 

Rennes,  imprimerie  de  Â.  Marteville  et  Lefas. 

(Collection  Decombe.J 

La  vignette  du  V  est  ici  celle  du  type  28. 
H.  :  0,39  1/2.  —  L.  :  0,31. 


—  355  — 

Convoi  et  Messe  d'Enterrement,  le  12  décembre,  de  M.  Vic- 
tor Hay  de  Bonteville,  veuf  de  Dame  Marie-Louise  de  Cara- 
deuc  de  la  Chalotais. 

Rennes.  —  Imprimerie  d'Amb.  Jausions,  rue  de  Bordeaux. 

{Ex  mets.) 

Encadrement  décrit  plus  haut. 
L.  :  0,46.  —  H.  :  0,36. 

Type  «f  A  1841^ 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  30  décembre,  de  M.  Pierre- 
François-Mathurin  Lesbaupin,  Bâtonnier  de  l'ordre  des  Avo- 
cats, chevalier  de  la  Légion  d'Honneur,  Membre  du  Conseil 
de  Fabrique  de  Saint-Sauveur,  ancien  Professeur  à  la  Faculté 
de  Droit  de  Rennes,  ancien  administrateur  des  Hospices  civils, 
en  son  vivant  époux  de  Dame  Louise  Barbarin. 

(Eœ  mets.) 

L.  :  0,46.  —  H.  :  0,36. 

Type«l  A  18413  PI.  XXI 

.  Service,  le  23  mai,  de  M.  Louis-Antoine  De  Léon  des  Or- 
meaux, âgé  de  vingt-cinq  ans. 

{Collection  Decombe.) 

L.  :  0,45.  —  H.  :  0,35  1/2. 

A  partir  de  ce  moment,  sauf  deux  ou  trois  excep- 
tions, rage  du  défunt  est  constamment  indiqué. 

Type  SO  184» 

Convoi  d'Enterrement,  le  3  juin,  de  dame  Caroline  Marzelle, 


—  356  - 

épouse  de  M.  Jean-Baptiste  Henry,  tourneur,  décédée...  à  T&ge 

de  34  ans. 

Rennes,  imprimerie  de  A.  Marteville  et  Lefas. 

(Ex  meis.) 

Vignette  du  V  du  type  28. 
II.  :  0,39  i/2.  —  L.  :  0,31. 

Type  ISO  18413 

Convoi  d'Enterrement,  le  5  juin,  de  M.  Toussaint-Modeste- 
Marie- Anne  Duportal,   conservateur  des  hypothèques.  [Pas 

cTâçe,] 

Rennes,  imprimerie  de  A.  Marteville  et  Lefas. 

{Ex  meis.) 

H.  :  0,39  1/2.  —  L.  0,31. 

Type  ISO  1848 

Convoi  d'Enterrement,  le  16  octobre,  de  dame  Jeanne  Bos- 

sard,  veuve  de  M.  Jean-Louis  Laurent,  décédée...  à  Tàge  de 

68  ans  4  mois. 

Rennes,  imprimerie  de  A.  Marteville  et  Lefas. 

(Ex  meis.) 

La  vignette  du  V  initial  est  celle  du  type  28. 
H.  :  0,39  1/2.  —  L.  :  0,32. 

Type  9H  184L^ 

Convoi  d'Enterrement,  le  19  mai,  Grand'messe,  le  20,  de 
Dame  Delphine  Serel  Desforges,  épouse  de  M.  Duval-Villebo- 
gardy  conseiller  à  la  Cour  royale  de  Rennes,  décédée...  à  Tàge 

de  22  ans. 

(Collection  Decombe.) 

L.  :  0,46.  —  H.  :  0,36. 


~  357  - 

Convoi  d'Enterrement,  Messe,  le  30  décembre,  de  demoi- 
selle Céline  Gaultier  de  la  Guistière,  décédée...  à  Tàge  de 
15  ans  et  demi. 

Lith,  Landais  et  Oberthur,  à  Rennes,  Déposé. 

{Collection  Decombe.) 

Placard  entièrement  lithographie;  l'impression  en 
est  très  fine.  L'encadrement  représente  une  niche 
dont  le  style  se  rapporte  au  gothique  fleuri.  L'ou- 
verture ogivale  contient  le  texte  en  anglaise,  sauf 
le  nom  du  défunt  qui  est  en  gothique.  La  formule 
De  Profundis  est  placée  sur  le  socle,  dans  un  car- 
touche. 

La  vignette  en  tête  du  texte  est  une  M,  figurée 
par  deux  anges  agenouillés  de  chaque  côté  d'une 
niche  surmontée  d'une  croix  et  abritant  une  urne 
au-dessous  de  laquelle  on  lit  sur  un  court  phylac- 
tère :  De  Profundis. 

A  mon  grand  regret  cette  pièce  ne  pourra  pas 
figurer  dans  l'album  qui  accompagne  ce  travail  : 
l'extrême  finesse  du  dessin  et  le  défaut  de  vigueur 
de  l'impression  en  rendent  la  reproduction  impos- 
sible. 

Type  99  184» 

Convoi  de  M.  Jean-Louis  Poréc,  juge  au  Tribunal  de  !'•  in- 
stance de  Rennes,  10  octobre. 

{Archives  dép.  d'ille-et-  Vilaine,) 


—  358  — 

Type  81  f  84W 

Convoi,  le  !•'  mars,  Messe  d'enterrement,  le  2,  de  Made- 
moiselle Suzanne  f^aigle,  décédée  à  Tàge  de  43  ans,  chez  M. 

Dayot,  économe  de  T Hôtel-Dieu. 

{Ex  meis.) 

Encadrement  dit  «  à  la  cathédrale,  >  en  quatre 
pièces  :  Les  trois  pièces  du  haut  forment  aussi  les 
côtés  ;  c'est-à-dire  :  le  cintre  d'un  portique  gothique 
appuyé  sur  des  chapiteaux  de  retombée  soutenus 
par  des  anges,  celui  de  gauche  tenant  dans  ses 
bras  une  amphore  et  celui  de  droite  une  croix.  De 
chaque  côté,  deux  colonnettes. 

Au  milieu  du  cintre,  une  clef  retombante  soute- 
nant une  niche  dans  laquelle  on  voit  la  statue,  cou- 
ronnée de  feuillage,  de  TEspérance. 

Sous  les  colonnettes  de  gauche,  à  Textrémité 
inférieure  du  pavage,  deux  lettres  :  C  P  ou  L  P. 

En  bas,  un  pavage  carrelé  noir  et  blanc,  sur 
lequel  on  lit  (dans  une  réserve)  :  Rennes,  Imprimerie 
d'Amb.  Jausions. 

La  vignette  du  V  est  celle  du  type  28. 

H.  :  0,46  1/2.  —  L.  :  0,37. 

Type  99  f  84W 

Convoi  d'Enterrement,  grand'messe,  le  3  juin,  à  S^Aubin, 
de  Dame  Jeanne-Marie-Perrine  Daguet,  veuve  de  M.  Jean- 
Baptiste-Etienne-Rose  Lemonnier,  décédée...  à  Tàge  de  83  ans 

5  mois. 

(Eœ  meis.J 

H.  :  0,39.  —  L.  :  0,31. 


— !■  r  ■■. 


—  359  — 

Type  80  f  84W 

Convoi  et  messe  d'enterrement,  le  7  septembre,  de  M""  Zoé 
Marçais,  décédée...  à  Tàge  de  14  ans  9  mois. 

Lith.  Landais  et  Oberthur,  à  Rennes,  Déposé, 

{Collection  Decombe.) 

Placard  entièrement  lithographie. 
H.  :  0,45.  —  L.  :  0,35. 

Type  80  HHAB 

Convoi  d'enterrement,    grand'messe,    le    17    novembre,   à 

S,*-Etienne,  de  M.  Joseph-Louis-Marle  Le  UénafT,   Juge  de 

Paix  à   Rennes  et  membre  du  Conseil  municipal,  décédé... 

à  Tàge  de  58  ans. 

Lith.  Landais  et  Oberthur,  à  Rennes,  Déposé. 

(Eae  meis,) 

Placard  entièrement  lithographie. 
H.  :  0,46.  —  L.  :  0,37. 

Type  ft9  tSMI7 

Convoi  d'enterrement,  grand'messe,  le  27  avril  à  S^-Germain, 
de  M.  Jean-Céleste  Sébire  de  Bellenoê,  conseiller  à  la  Cour 
royale  de  Rennes,  décédé  en  sa  demeure,  rue  des  Fossés,  le 
25  avril,  à  une  heure  du  matin,  à  l'âge  de  60  ans. 

(Ex  meis.) 

A  remarquer  qu'ici  Theure  du  décès  est  indiquée. 
H.  :  0,40.  —  L.  :  0,31. 

Type  89  1849  PI.  XXII 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  5  juin  1847,  de  Dame  Anne 


—  360  — 

Alix,  en  son  vivant,  épouse  de  M.  Âuguste-Jean  Darthénay, 
marchand  vannier,  décédée...  à  Tàge  de  44  ans  3  mois. 

{Collection  Decombe.) 

Texte  typographie.  —  Encadrement  lithographie. 

Celui-ci  représente,  dans  un  motif  d'architecture 
religieuse  de  style  gothique  :  en  haut,  deux  anges 
agenouillés  de  chaque  côté  d'une  niche  centrale, 
contenant  une  urne  funéraire  autour  de  laquelle  est 
posée  une  couronne  et  couverte  d'un  voile. 

En  bas,  un  tombeau  sur  lequel  se  trouve  cette 
inscription  gravée  sur  une  plaque  de  marbre  noir  : 
GECIDIT.  De  chaque  côté,  un  sablier  ailé.  Sous  le 
coin  inférieur  droit,  la  mention  :  Imp.  de  M"'  de 
Caila^  place  du  Champ  Jacquet,  près  l'ancien  Cirque. 

Sur  les  côtés,  dans  des  niches,  des  statues:  à 
gauche,  la  Foi  ;  à  droite,  l'Espérance. 

L.  :  0,46.  —  H.  :  0,36. 

Type!S9  1847 

Convoi  d'enterrement,  le  15  juin,  de  dame  Marguerite-Anne- 
Renée  de  la  Haye  de  la  Bellangerie,  épouse  de  M.  Pierre- 
Antoine  Gay  aîné,  propriétaire,  décédée. . .  à  l'âge  de  09  ans. 

Rennes,  imprimerie  de  Â.  Marteville  et  Lefas. 

{Ex  meis.) 

Vignette  du  V  du  type  28. 
H.  :  0,39.  —  L.  :  0,30  1/2. 

Type  !St  A  18418 

Convoi,  Messe  d'enterrement,  le  3  février,  de  M.  Hippolyte- 
Marie  Des  Bouillons,  décédé. . .  à  Tàge  de  17  ans. 

Imprimerie  de  J.-M.  Vatar,  rae  Saint-François. 

(Collection  Decombe.) 

L.  :  0,46  1/2.  —  H.  :  0,36. 


—  361  — 

Type  31t  18418 

Convoi  et  Messe  d'Enterrement,  le  7  février,  à  S*-Etienne, 

de  M.  Pierre-Louis-Stanislas  de  Miniac,  lieutenant  de  vaisseau 

de  la  marine  royale,  chevalier  de  l'ordre  royal  de  la  Légion 

d'honneur,  décédé...  à  l'âge  de  66  ans. 

{Ex  meis.) 

Texte  typographie,  encadrement  lithographie. 
L.  :  0,45.  —  H.  :  0,36. 

Type  ftJL  A  18418 

Convoi,  Messe  d'Enterrement,  le  28  mars,  à  S*-Aubin,  de 
Dame  Catherine-Jeanne  Frémont,  veuve  de  M.  René-Mathurin- 
Jean  Le  Brun,  architecte,  décédé...  à  Tâge  de  82  ans. 

Imprimerie  de  J.-M.  Vatar,  rue  Saint-François. 

(Ex  mets.) 

L.  :  0,46.  —  H.  :  0,36. 

Type  ISO  18418 

Convoi  d'enterrement,  Grand'Messe,  le  18  mai,  de  dame 
Anne-Laurence  Morel,  veuve  de  M.  François-Julien  Tarot, 
décédée...  à  Tàge  de  77  ans  2  mois. 

Rennes,  imprimerie  de  Â.  Marteville  et  Lefas. 

{Collection  Decomhe.) 

H.  :  0,39  1/2.  —  L.  :  0,31  1/2. 

Type  3IS  1848 

Convoi  de  Messire  Michel  Beaulieu,  curé  de  Saint  Sauveur 

de  Rennes,  le  24  juillet. 

{Archives  dép.  d'Ille-et- Vilaine,) 


—  :i62  — 

Type  ••  1848 

(yonvoi  d'enterrement,  le  17  novembre,  grand^messe.  le  18. 
de  dimte  Pauline- Louise-Françoise  Lepart.  en  son  vivant, 
A\Hnîmi  de  M.  Daniel,  cafetier,  décédée...  à  Tàge  de  27  ans 
7  moiw. 

Hannan,  imprimerie  de  A.  Marteville  et  Lefas. 

m 

{Collection  Decombe.) 

Il  :  O/iO.  —  L.  :  0,31. 

Trpe  as  1848 

Tonvoi  ot  Mosso  d'Enterrement,  le  22  novembre,  à  S*-Etienne, 

do  M    Lombard  de  Ginibral,  général  de  brigade,  officier  de 

l'Ordrt^  national  de  la  Légion  d'Honneur,  commandant  l'artil- 

l(M*ie  dauH  la  15*  divinion  militaire,  décédé  à  Hennés,  à  Thôtel 

do  IKoole  d'Artillerie.  .  à  l'âge  de  61  ans 

(Ex  meis.J 

L.  :  0/15.  —  II.  :  0,36 

TypeSO  1840 

(^mvoi  d'Knlorrt^monl,  grand*messe,  le  10  janvier,  à  S'-Au- 
biu»  do  M  Thomaa-Philippe  Binet.  percepteur  des  contribu- 
tions tlinvios,  mombiv  du  (Conseil  municipal,  ancien  colonel 
do  la  gaiMo  natioualo  de  Rennes,  décédé...  à  l'Âge  de  71  ans 

5  mois, 

(£jr  meis.J 

H,  :  0,3y,  —  L.  :  0,31, 


Oouwi    denlerrtMuonl.     grandinesse.    le    l"    février,    de 
M%  l.ouis-Wvs  BljindoK  marchand,  decé\lé...  a  1  âge  de  43  ans. 

XL  ;  OU^.  —  L.  :  0,SI. 


—  363  — 

TypeSf  fS^O  PI.  XXIII 

Convoi,  Messe  d'enterrement,  le  22  février,  de  Dame  Jeanne- 
Cécile  Mardelé,  veuve  de  M.  Pierre-Antoine  Bussi,  capitaine 
retraité,  chevalier  de  la  Légion  d'Honneur.  [Pas  d'âge.] 

Rennes,  F.  de  Folligné,  suce,  de  M.  Amb.  Jaasions,  rue  de  Bordeaux. 

{Collection  Decombe,) 

H.  :  0,46.  —  0,36. 

Type  31  f  8419 

Convoi,  Messe  d'enterrement,  le  29  septembre,  de  demoiselle 
Emilie  Belaut,  décédée...  à  Tàge  de  42  ans. 

Rennes,  F.  de  Folligné,  suce,  de  M.  Âmb.  Jausions,  rue  de  Bordeaux, 

{Ex  meis.) 

H.  :  0,45  1/2.  —  L.  :  0,36. 

Le  même  placard  se  retrouve  dans  la  collection 
de  M.  Decombe. 

Type  !S9  18419 

Convoi  d'enterrement,  grand'messe  de  M.  Jean-Baptiste- 
Marie  Chaumeloux,  marchand  de  cidre,  décédé...  à  Tàge  de 

53  ans. 

Rennes.  Imprimerie  de  A.  Marteville  et  Lefas. 

fEx  meisJ 

H.  :  0,40.  —  L.  :  0,3i. 

Type  33  1851  PI.  XXV 

Convoi,  Messe  d'enterrement,  le  6  novembre,  de  M.  Ed- 
mond-Julien -Olivier  Revault,  ébéniste,  décédé...  à  l'âge  de 

17  ans  5  mois. 

{Collection  Decombe) 


—  364  — 

Encadrement  composé  d'un  large  ruban  noir 
(21  "/"),  arrondi  aux  angles,  orné  en  haut  d'une  croix 
rayonnante  brochant  sur  lui,  et  en  bas  de  Tinscrip- 
tion,  en  'lettres  blanches  :  De  Profundis  (en  carac- 
tères gothiques). 

Au-dessous  :  Litho  :  Landais  et  Oberthur,  place 
du  Palais,  7. 

Pièce  entièrement  lithographiée. 

Type  88  \HWt 

Convoi,  Messe  d^enterrement,  le  6  mai,  à  Saint-Etienne,  de 
M.  François  -  Marie  Derennes.  décédé...  à  Tâge  de  40  ans 
8  mois. 

Le  service  d*octave  sera  célébré  le  vendredi  14  mai  1852. 

Lith.  :  Landais  et  Oberthur»  place  du  Palais,  7. 

(Ex  mets.} 

Description  ci-dessus. 
H.  :  0,43.  —  L.  :  0,34. 

Type  84  f  8&8  PI.  XXIV 

Convoi,  Messe  d'enterrement,  le  14  9*'«'«,  de  dame  Louise- 

Victorine  Pillas,  en  son  vivant  épouse  de  Monsieur  Venard, 

décédée...  à  Tâge  de  63  ans. 

Ant.  Leroy,  Rennes. 

{Collection  Decombe.) 

Pièce  entièrement  lithographiée. 

Encadrement  formé  d'un  filet  noir  (9"™),  arrondi 
aux  angles  vers  Tintérieur,  semé  de  larmes  blanches 
et  accompagné  extérieurement  et  intérieurement  de 
deux  filets,  Tun  maigre,  Tautre  plus  gros  (1"*'"). 

En  haut,  au-dessus  du  texte,  une  petite  vignette 
représentant  un  tertre  de  gazon,   surmonté  d'une 


—  365  — 

croix  et  près  duquel  on  voit  :  une  pelle,  une  pioche, 
un  livre  ouvert,  un  manipule,  une  couleuvre. 

Le  V  initial,  noir  et  orné  de  deux  crânes  posés 
sur  deux  iémurs  en  sautoir,  se  trouve  au  milieu 
d'une  vignette  représentant  un  tombeau  entouré 
d'un  grillage,  ombragé  par  des  saules  pleureurs  et 
près  duquel  se  trouvent  une  femme  et  deux  enfants. 
Au  premier  plan,  trois  personnages. 

H.  :  0,45.  —  L.  :  0,35. 

Type  81  1858 

Convoi  d'enterrement,  le  12  novembre,  de  M.  Joseph-Marie 
Rochaix,  capitaine  d'infanterie  en  retraite,  chevalier  de  la  Lé- 
gion d'Honneur,  époux  de  dame  Anne-Françoise  Riaux.  (Pas 
d'âge.) 

Rennes,  F.  de  FoUigné,  suce,  de  M.  Âmb.  Jausions,  rue  de  Bordeaux. 

(Eœ  meis.J 

H.  :  0,45  1/2.  —  L.  :  0,37. 


Je  n'ai  pas  vu  de  placards  de  la  période  comprise 
entre  1853  et  1872.  A  cette  dernière  date,  l'encadre- 
ment avait  complètement  disparu  pour  faire  place  à 
une  bordure  noire  de  neuf  millimètres.  En  tête,  au 
lieu  de  la  vignette  habituelle,  se  trouvait  la  croix 
blanche  ombrée  que  l'on  voit  toujours,  variée  seu- 
lement dans  ses  dimensions. 

Il  n'y  a  plus,  en  effet,  que  des  différences  de 
dimensions  à  signaler  dans  les  placards  contempo- 
rains :  les  plus  petits  ont  :  H.  :  0,39.  —  L.  :  0,30; 
les  plus  grands  :  H.  :  0,45.  —  L.  :  0,35.  On  trouve 
toutes  les  tailles  intermédiaires. 


—  366  — 

(Mais  hélas,  il  y  a  déjà  aussi  le  petit  format  in-4®. 
La  majestueuse  feuille  tend  à  disparaître  devant  le 
vulgaire  prospectus...) 

Les  bordures  varient  de  19  à  40°"°.  et  occupent 
parfois  le  recto  et  le  verso. 

Un  placard  de  1887,  imprimé  chez  Ch.  Catel,  rue 
Leperdit,  nous  ramène  à  1853  :  il  porte  un  encadre- 
ment noir  de  15""",  placé  à  trois  centimètres  du 
bord  du  papier. 

J'ai  relevé  également  sur  des  placards  de  Timpri- 
merje  Simon  :  une  croix  grise,  bordée  de  blanc  et 
légèrement  ombrée,  une  M  liée  d'une  palme  et  sur- 
montée d'une  croix  pattée,  un  V  initial  sur  fond 
niellé.  Ce  sont  d'heureuses  tendances  à  rompre 
l'uniformité  imposée  fâcheusement  par  l'usage.  Mais 
il  faudrait  oser  plus  et  ramener  l'ornementation 
d'an  tan.  Les  procédés  de  reproduction  des  dessins 
offrent  tant  de  ressources  aujourd'hui  ! 


••* 


Depuis  le  temps  où  «  Messieurs  et  Dames  »  étaient 
invités  aux  obsèques  et  aux  services,  la  formule  a 
été  modifiée,  mais  non  radicalement  toutefois, 
comme  cela  a  eu  lieu  ailleurs. 

Vous  êtes  priés  d'assister  au  convoi^  se  dit  depuis 
1736,  et  à  la  messe  d'enterrement  (1812)  qui  auront 
lieu  (1805J  le...  à...  heures  du...^  ainsi  quaux  messes 
qui  seront  dites  le  m,ême  jour^  depuis  six  heures  jus- 
qu'à, midi  (1809),  en  V église  paroissiale  de...  ("1805).  — 
En  1748  :  «  les  messes  basses  seront  célébrées  de- 
puis dix  heures  du  matin  jusqu'à  midi.  »  —  En  1763 
de  neuf  heures  à  midi  ;  — pour  le  repos  (1737)  et  salut  : 
(1775)  éternel  (1826);  ce  mot  ne  devient  définitif  qu'à 


—  367  — 

partir  de  1838),  de  l'àme  de  M...,  décédé  en  sa  de- 
meure (1849),  on  disait  avant  et  on  continue  encore 
après  à  dire  en  sa  maisonj,  à  Rennes,  rue...,  le...  19..., 
dans  sa...  année  (c'est  en  1825  que  l'âge  fut  indiqué 
pour  la  première  fois  et  cet  usage  ne  devint  courant 
qu'à  partir  de  1843),  muni  des  sacrements  de  l'Eglise 
(formule  très  récente). 

Lorsque  l'inhumation  a  lieu  après  midi,  on  rem- 
place Messe  d'enterrement  par  Cérémonie  religieuse. 

La  formule  s'est  très  simplifiée  dans  ce  placard 
de  1902  :  M.  (pas  de  croix  en  tête)  Voiis  êtes  priés 
d'assister  au  Convoi    d'Enterrem.ent   qui   aura  lieu 

le 1902,  à...  heures  du  matin,  de  Monsieur  X , 

à  Rennes,   décédé rue le 1902,  dans 


Ceci  se  réfère  à  un  adepte  de  la  Libre-Pensée;  je 
ne  connais  pas  les  formules  employées  par  FEglise 
Réformée  et  par  la  Franc-Maçonnerie. 


aintenant,  pour  com- 
pléter ces  notes  sur 
les  placards  rennais, 
je  dirai  quelques 
mots  des  Lettres  de 
faire -part. 

Celles-ci  parais- 
sent tnflniment  plus 
rares  que  les  pla- 
cards, et  il  y  a  à  cela  une  bonne  raison  :  te  placard 
par  son  format  et  la  qualité  de  son  papier  était 
utilisable  :  on  en  faisait  des  chemises  de  dossiers 
très  appréciées  des  particuliers  et  des  hommes  de 
toi  ;  on  s'en  rendra  compte  en  fouillant  les  vieilles 
paperasses  oubliées  dans  les  greniers,  les  archives 
des  notaires,  des  avoués,  des  procureurs.  (Je  con- 
seille fortement  ces  recherches  qui  permettront  de 
sauver  de  la  destruction  quantité  de  pièces.) 

La  Lettre,  au  contraire,  de  très  petit  format,  ne 
pouvait  servir  à  rien,  sinon  à  écrire  des  brouillons 
dû  correspondance.  Je  ne  possède  que  cinq  spéci- 
mens do  ces  documents,  que  j'ai  arrachés  à  un  sort 
affreux  sur  le  genre  duquel  il  est  inutile  d'insister, 
au  château  de  la  Villo-Tual  (Côtes-du-Nord),  il  y  a 
déjà  une  quinzaine  d'années. 
Lo  plus  ancien  est  de  1816,  le  plus  récentde  1846. 
À  quelle  époque  a-t-on  commencé  à  employer  la 
Lettre  do  faire-part?  Je  ne  saurais  le  dire. 

L'ancêtre  a  dû  être  un  billet  imprimé  en  1694, 
cité  par   M.  le   vicomte  de   Poli  <,  par   lequel   on 

1.  Vieomto  Je  PoU.  loe.  cit..  pp.  U»,  113.  Wi. 


VIEUX    PAPIERS   %ENNAIS 


LES 


PLACARDS 


MORTUAIRES 


PLANCHES 


RENNES 

IMPRIMERIE    FR.    SIMON,    SUCCESSEUR   DE   A.    LE    ROY 


IMPRIMEUR       BREVETE 


1904 


V- 


6!^ESSIEUIiS  ET   DAMES^ 

!OUS   ^^^    priez  d'aUjftcr   au  Convoi. 
Service  &  Enterrement  de  fcutf  Dcmoiiellc 
GUILLEMETTE  GIRARD- 
en  fon  vivant  Epoure  de  Maître  JEAN- 
PIERRE  LE  GUÉ.  Procureur  au 
Prcfidial  de  Kcnnes  ,  déccdce  au   Convent 
des  Cathcrinccces  de  cette  Ville,  ce  jour  i\.  May  \i\i  La 
Conduite  de  fon  Corpt  fe  fera  demain  24.  dudit  mois  à  dix 
.  heures  &  demie  du  matin  en  l'Eghfc  8î  ParoilTe  de  S.  }ean  , 
où  elle  fera  intiumce- 

DE  PROFV ND1S._ 
C'cft  de  la  pare  de  Monfieur  LE  GUE-^c   Mcffieuri 
fes  Enùns  &£  de  toute  h   Famille. 


MESSIEURS  ET  DAMES, 

OUSêtes  priés  d'aflifter  au  Ser- 
vice qui  Icfera  Lundi  prochain 
deux  Septembre  «tî?.  environ 
les  dix  heures  du  matin ,  dans 
lEglifedes  RR.  PP  Cordeliers , 
pour  le  repos  de  l'Ame  de 

MaîtrcYVES  LE  BOURVA  Sieur  de 

Launay  ;  en  fon  vivant  Clerc  chez  Mr. 

Rigadou  Procureur  au  Parlement,  &chez 

lui  décédé  le  's.  Août  dernier. 

DE   PR0FUNT3IS- 
CIIJiUftrtdiMifursLES  CLERCS  Ju  P^rlimia. 


w'/V. 


ôi 


e^^ESSIEUJiS  ET   DAMES. 

!0  U  S  êtes    priez  d'alliflcr   au  Convoi  , 
Service  &f  Enterrement  de  feue!  Dcmoilclk 
GUILLEMETTE  GIRARD. 
en  fon  vivant  Epoufc  de  Maitrc  JEAN- 
PIERRE  LÉGUÉ.  Procureur  au 
Prcfidial  de  Rennes ,  dcccdcc  au   Convent 
des  Catherinctccs  de  cette  Ville, ce  jour  2^  May  nn  La 
Conduite  de  Ton  Corpi  fc  fera  demain  24-  dudit  mon  à  dix 
.  heures  &î  demie  du  matin  en  l'Eglifc  &  ParoilTc  de  S.  Jean  , 
où  elle  fera  inhumée- 

DE  P/iOFUNDIS-^ 
C'cft  de  la  pare  de  Monficur   LE  GUE"'<i=   McfTieur* 
fes  En£ins  8£  de  toute  la   Famille. 


e^IESSIEURS  ET   DAMES^ 

M     ^^9^iî»^SÊI^  O  U  S  *^^^    P"cz  d'alliflcr  au  Convoi  , 
ft  JH^'     fl  Service  &f  Enterrement  de  îcui  DcmoileDc 

B   .^P      IgUILLEMETTE  GIRARD. 

ici)  fon  vivant  Epoufe  de  Maitre  JEAN" 

[PIERRE  LE  GUÉ.  Procureur  au 

Prcfidial  de  Hennés ,  dcccdce  au   Convcnt 

des  Catherinecces  de  cette  Ville, ce  jour  i%.  May  1717  La 

Conduite  de  fon  Corps  fc  fera  demain  24.  dudic  mois  à  dix 

.  heures  8>ï  demie  du  matin  en  l'Eglifc  Sï  ParoifTe  de  S.  Jean . 

où  elle  fera  inhumée. 

DE  P/iOFUNDIS; 
C'eft  de  la  part  de  Monficur   LE  GUE"-dc   Mcfficur* 
fes  Enfins  U  de  coûte  la   Famille 


!; 

ly^is! 

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puis  neuf  h 
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me  de  feu  Maître 
Procureur  Fifcal 
dfon  rue  de  Chateai 

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IMPRIMERIE   FR.   SIMON,  SUCCESSEUR   DE   A.    LE  ROY 

IMPRIMEUR      BRBVBTft 


—  369  — 

recommande  aux  prières  des  destinataires  une  véné- 
rable défunte.  Mais  c'est  aux  communautés  et  aux 
ecclésiastiques  que  ces  «  mémentos  »  étaient  en- 
voyés. 

Le  même  auteur  reproduit  le  texte  d'une  véritable 
lettre  de  part  de  1775,  puis  une  autre  de  1802,  enfin 
plusieurs  autres  postérieures. 

La  formule  n'en  variait  pas  beaucoup.  Voici  celles 
de  Rennes  : 

MM. 

M.  Charles  Desnos-de-la  Orée  Président  du  Tribunal  de 
première  Instance  de  Rennes,  a  thonneur  de  vous  faire 
part  de  la  perte  qu'il  vient  de  faire  de  Madame  Caroline- 
Marie  Catherine  Serres,  son  épotcsCy  décédée  le  6  mars  1816, 

Vot4S  êtes  priés  d'en  faire  part  à  votre  famille. 

Une  feuille  double  de  papier  vergé. 
H.  :  0,20  1/2.  —  L.  :  0,13. 

M. 

Monsieur  et  Madame  Pontallié  ont  l'honneur  de  vom 
faire  part  de  la  perte  qu'ils  viennent  de  faire  de  MademxH- 
selle  Eliante  Pontallié,  leur  fille,  décédée  à  Auch,  le  2  de  ce 
mois,  chez  son  père.  Directeur  des  Contributions  directes. 

Aach,  le       septembre  1817. 

Vot4S  êtes  prié  d'en  faire  part  à  votre  famille,  et  de  ne 
point  adresser  de  réponse. 

Une  feuille  double  de  papier  vergé. 

H.  :  0,20.  —  L.  :  0,12  1/2. 

Bien  que  cette  lettre  n'ait  point  été  imprimée  à 
Rennes,  je  la  transcris,  car  je  crois  que  la  famille 
Pontallié  était  originaire  de  cette  ville. 

xxxni  30 


—  370  — 

MM. 

M.  Desnos  de  la  Grée,  Président  du  Tribunal  de  première 
instance.  Monsieur  Ange  Desnos  de  la  Grée,  Monsieur  et 
Madame  de  Lesquen,  M.  Charles  Desnos  de  la  Grée,  fils, 
M,  VAbbé  Dufoussé,  ont  l'honneur  de  vous  faire  part  de  la 
perte  qu'ils  viennent  de  faire  de  M.  Jean-Baptisle-Marie 
Desnos  de  la  Grée,  Conseiller  à  la  Cour  Royale  de  Rennes, 
leur  oncle,  grand-oncle  et  cousin,  décédé  à  Rennes  le  2  dé- 
cembre 1818, 

Vom  êtes  priés  d'en  faire  part  à  votre  famille. 

Une  feuille  double  de  papier  verge. 
H.  :  0,20  1/2.  —  L.  :  0,13. 

M 

Monsieur  et  Madame  Louis  Brossays,  Monsieur  Bros- 
says.  Procureur  du  Roy,  Mademoiselle  Lucie  Brossays, 
Made7noiselle  Adèle  Brossays,  ont  la  douleur  de  vous  faire 
part  de  la  perte  qu'ils  viennent  de  faire  de  Madame  Renée- 
Jeanne  Delommel,  veuve  de  M\  Brossays,  ancien  Procu- 
reur au  Parlement,  leur  'inère,  belle-mnère  et  grand-mère, 
décédée  en  sa  maison,  Place  du  Palais,  le  2  de  ce  mois. 

Vous  êtes  priés  d'en  faire  part  à  votre  famille. 

On  ne  recevra  pas  de  visites. 

Rennes,  le  2  avril  1828. 

Une  feuille  double  de  papier  vergé. 
H.  :  0,19  1/12.  —  L.  :  0,12  1/2. 

M 

Monsieur  Le  Chevalier,  chevalier  de  la  Légion-d' Hon- 
neur; M.  et  M'''''  Du  Haut  Chemin;  M,  Ivan  du  Haut  Che- 
min; ilf  "•«  Anna  et  Berthe  Du  Haut  Chemin;  M""*  Duboûays 
de  la  Chauverais;  M,  Denise,  chevalier  de  la  Légion-cC Hon- 
neur, et  M"'*  Denise;  M,  etM"'''  Paul  de  la  Tuollays,  et  leurs 
enfants;  M.  etM"^^  Auguste  Denise;  M,  et  A/"'  Turin,  et 


—  371  — 

leurs  enfants;  MM.  Denise;  M,  Auguste  Roquet,  receveur 
de  l'enregistrement,  et  A/"*  Roquet;  M.  et  il/""  Roquet,  ont 
la  douleur  de  vous  faire  part  de  la  perte  qu'ils  viennent 
d! éprouver  en  la  personne  de  *•"«  Julienne-Françoise  Gin- 
guené  de  la  Chauverais,  leur  épouse^  mère^  belle-mère, 
aïeule^  sœur  et  tante,  décédée  à  Rennes,  le  16  mai  1846,  à 
l'âge  de  73  ans  6  mxHs. 

Rennes,  le       mai  1846. 
Vous  êtes  priés  d'en  faire  part  à  votre  famille. 

SANS  VISITES. 

Une  feuille  double  de  papier  non  vergé  encadré 
extérieurement  et  intérieurement  d'une  bande  noire 
de  2»»  1/2. 

H.  :  0,26  1/2.  —  L.  :  0,21. 

Par  ces  quelques  spécimens,  on  se  rendra  facile- 
ment compte  des  modifications  successives  qui  ont 
amené  la  formule  employée  actuellement  : 

M. 

M...  (suit  rénumération  des  parents  proches  et  éloignés), 

Ont  la  douleur  de  vous  faire  part  de  la  perte  qu'ils  viennent 
de  faire  en  la  personne  de... 

ou  :  Ont  rhonneur  de  vous  faire  part  de  la  perte  doulou- 
reuse (ou  :  cruelle),  qu'ils  viennent  d'éprouver  en  la  personne 
de... 

leur...  (indication  des  degrés  de  parenté),  décédé  (ou  :  pieu- 
sement décédé)  dans  sa...  année,  en  son  domicile...  le...  19... 
muni  des  Sacrements  de  l'Eglise  (ou  :  de  la  sainte  Eglise). 

De  Profundisy  ou  :  Priez  pour  lui,  ou  :  Requiescat  in  Face. 

Il  semblerait  que  l'usage  veuille  s'introduire  à 
Rennes  de  faire  servir  la  même  rédaction  à  l'invi- 
tation aux  obsèques  et  au  faire-part,  plusieurs 
pièces  de  ma  collection  se  terminant  par  la  formule 


—  372  — 

du  placard  :  m  Et  vous  prient  d'assister  au  Convoi 
et  à  la  Messe  d'Enterrement,  etc.  » 

Pour  transformer  en  lettre  de  part,  on  supprime 
les  dernières  lignes  et  on  évite  des  frais  de  compo- 
sition... Le  geste  est  mesquin  peut-être,  mais  il  n'y 
a  pas  de  petites  économies... 


Je  ne  saurais  terminer  sans  exhor- 
ter tous  ceux  qui  me  liront  à  recueillir 
et  conserver,  non  seulement  les  pla- 
cards et  lettres  de  part  anciens,  mais 
encore  les  pièces  récentes.  Il  y  aura 
là  une  mine  précieuse  pour  les  ama- 
teurs de  «  Vieux-papiers  »  de  l'avenir, 
les  généalogistes,  les  historiens;  et 
puis  chacun  peut  se  constituer  d'in- 
téressantes  archives  de  famille,  en 

classant  tous    les  documents  publics  relatifs  aux 

décès,  naissances,  mariages,  de  ses  proches  et  de 

ses  alliés,  voire  de  ses  amis. 
Et  cela  jusqu'au  jour  fatal  où  tout  disparaîtra  de 

ce  monde,  car  tout  est  poussière  et  doit  s'en  aller 

en  poussière. 

L.  ESQUIEU. 


VARIA 


sus  des  Pnim  de  la  Me  de  Rennes 


EN    1573 


Les  Articles  de  V  estai  du  mes  lier  de  paticier  en  la  taille 
de  Rennes  furent  présentés  en  1573  à  Bertrand  d'Argentré, 
alors  sénéchal  de  Rennes,  auquel  il  appartenait,  en  vertu  de 
sa  charge,  d'en  faire  la  rédaction  officielle.  11  est  probable  que 
d'Argentré,  dans  le  but  de  compléter  la  réglementation  de  la 
police  des  vivres  à  Rennes,  y  fit  ajouter  plusieurs  dispositions 
empruntées  à  d'anciens  statuts  des  pâtissiers  de  Nantes,  que 
l'on  ne  retrouve  plus  aujourd'hui.  Ces  articles  furent  approuvés 
par  lettres  patentes  de  janvier  1574  et  transcrits  aux  regis- 
tres du  Parlement.  Ils  paraissent  inédits  et  méritent  d'être 
insérés  dans  les  Mémoires  de  la  Société  archéologique. 

On  y  rencontre  quelques  détails  intéressants.  L'énumération 
des  pièces  à  présenter  pour  le  chef-d'œaçre  par  le  candidat 
pâtissier  donne  un  aperçu  de  la  table  rennaise  au  xvi'  siècle. 
Cette  liste  se  rapporte  à  trois  genres  difîérents  de  préparations 
plus  ou  moins  comestibles  :  les  pâtés,  les  ouvrages  de  pâtis- 
serie, et  ceux  du  métier  d'oublierie.  Le  choix  semble  fait  avec 
discernement  en  éliminant  des  produits  sans  usage  à  Rennes 
que  l'on  trouve  à  Paris  et  ailleurs.  Mais  le  sens  de  plusieurs 
expressions  techniques,  ou  à  la  mode  en  1573,  n'est  pas  facile 
à  établir,  même  en  s'adressant  aux  livres  spéciaux.  Qu'étaient 
au  juste  :  le  Dauphin  renversé  farci  de  crème^  le  flageauy 
la  piquelardèe  ? 

Rennes  offrait,  et  sans  doute  depuis  bien  longtemps  déjà,  ce 
trait  de  la  vie  extérieure  de  nos  vieilles  cités,  que  M""*  de 


—  376  - 

Sévigné  devait  encore  noter  cent  ans  après,  le  passage  du 
marchand  d'oubliés,  de  Voublîeux,  A  sept  heures,  les  quatre 
maîtres  pâtissiers  de  Rennes  lançaient  chaque  soir  leurs  por- 
teurs de  corbillons,  et  le  bon  Rennois  pouvait  tirer  aux  dés  les 
oublies  à  la  fin  de  son  souper. 

Les  statuts  des  pâtissiers  contiennent  par  ailleurs  Torgani- 
sation  et  les  règlements  qui  figurent  d'habitude  dans  ce  genre 
de  documents,  et  Rennes  n'en  offre  pas  de  spécimen  plus 
curieux. 

Un  récent  ouvrage  de  M.  Armand  Rébillon  venant  d'attirer 
l'attention  sur  les  anciennes  corporations  rennaises,  il  con- 
vient de  rappeler  les  communications  faites  autrefois  sur  ce 
sujet  à  la  Société  archéologique  par  deux  de  ses  membres  tou- 
jours regrettés  :  MM.  Philippe  Lavallée  et  Paul  de  la  Bigne- 
Villeneuve.  Les  précieux  travaux  de  ce  dernier,  conservés  aux 
Archives  d'ille-et- Vilaine,  resteront  toujours  la  source  pour  les 
documents  de  la  période  ancienne,  et,  malgré  toutes  les  re- 
cherches, on  n'a  rien  pu  y  ajouter. 

L'histoire  des  corporations  rennaises  ou  bretonnes  est  peu 
originale  et  ne  se  différencie  de  celle  des  corporations  de  toute 
autre  ville,  pour  l'époque  la  plus  rapprochée  de  nous,  que  par 
des  détails  de  pure  stastistique.  L'étude  de  nos  confréries 
pieuses  et  charitables  semblerait  à /?r/o/7  plus  instructive  au 
point  de  vue  local.  Le  commerce  et  l'industrie  de  Rennes  n'ont 
pas  d'histoire  dans  les  siècles  où  ils  florissaient.  Que  savons- 
nous,  par  exemple,  du  Mercerot  de  Rennes  qui  courait  la 
France  au  xv"  siècle  avec  sa  balle  ?  Un  bon  tableau  de  Tétat 
des  communautés  en  Jurande  aux  derniers  siècles,  un  résumé 
des  statuts  des  divers  métiers,  un  relevé  des  faits  industriels 
et  commerciaux  qui  s'y  rattachent  ne  peuvent  manquer  d'in- 
térêt. Mais  leur  importance  diminue  si  l'on  considère  qu'il 
s'agit  d'une  ville  ayant  déjà  perdu  de  sa  valeur  dans  l'ordre  éco- 
nomique, et  d'institutions  en  décadences  ou  altérées  par  l'in- 
gérence administrative.  L'Intendance  de  Bretagne,  les  admi- 
nistrations du  xviii®  siècle  aimaient  à  entasser  les  rapports,  les 
correspondances  officielles,  les  tableaux  d'états.  Tout  cela  four- 
nit beaucoup  de  matériaux  sur  les  corporations  et  les  métiers , 


—  377  — 

qui  ne  sont  pas  trop  intéressants,  sans  doute,  parce  qu'en  leur 
temps  ils  n'ont  guère  été  utHes  *. 

F.  J.  D.  L. 


Lettres  du  mestier  Juré  des  malstres  paticlers 

de  la  ville  de  Rennes  ^ 

Charles  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France  à  tous  presens 
et  advenir,  salut. 

Nos  chers  et  bien  amez  René  Guerin,  Bonnadvenlure  Gouyn, 
Françoys  Malet,  Jacques  Frangeul,  paticiers  routisseurs  et 
oublieurs  de  nostre  ville  de  Rennes  en  Bretaigne,  nous  ont  en 
nostre  privé  conseil  faict  dire  et  remonstrer  que  pour  le  bien 
publicq,  poUice  et  maistrise  de  leurs  estât  et  mestier  en  lad. 
ville,  ilz  auroient,  à  Timitation  de  certaines  anciennes  Chartres 
de  previlleiges  et  maistrises  aud.  mestier  conceddées  par  noz 
prédécesseurs  Roys  et  Ducs  dud.  pays  aux  maistres  paticiers 
de  nostre  ville  de  Nantes,  faict  dresser  et  rédiger  par  escript 
à  ceste  fin  certains  articles  et  iceulx  faict  veoir  à  notre  senes- 
chal  et  procureur  aud.  Rennes,  comme  par  le  cahier  desd.  ar- 
ticles d'eulx  signé  avecq  leur  advis  cy  attachés  sous  nostre 
contreseel  ;  desquels  articles  ilz  nous  ont  requis  leur  accorder 
sur  ce  noz  lettres  d'emologation,  validation  et  autorisation  et 
confirmation  au  cas  nécessaires,  pour  eulx  et  leurs  successeurs 
à  Tadvenir  joyr  et  user  plainement  et  paisiblement  du  previl- 
leige  et  effect  de  maistrise  dud.  estât  et  mestier  ainsi  que  le 
contiennent  lesd.  articles;  Savoir  faisons  que  après  avoir  le 
tout  faict  veoir  en  nostred.  conseil  ayant  trouvé  lesd.  articles 
estre  utilles  et  nécessaires  pour  la  pollice  et  bien  publicq  de 
lad.  ville  en  ce  regard,  avons  de  nostre  certaine  science,  grâce 
spéciale,  plaine  puissance  et  auctorité  roiale  concédé,  accordé, 

1.  M.  Paul  Banéatnoas  signale,  à  propos  des  statuts  des  pâtissiers  de 
Rennes,  l'existence  d'un  quartier  de  la  pâtisserie  plusieurs  fois  men- 
tionné dans  les  actes  d'état  civil  du  xvii*  siècle  et  détruit  pendant  l'in- 
cendie de  1720. 

2.  Arch.  Plmt,  B,  LeUres  royaux,  Reg.  VII,  fo  64.  v». 


—  378  — 

auctorisé,  validé,  emologué  et  confirmé  et  par  cesd.  présentes 
concédons,  accordons,  auctorisoas,  validons,  emologons  et 
confirmons  lesd.  articles  contenues  audict  cahier  estans  au 
nombre  vingt  quatre,  sy  comme  dict  est  atachées,  selon  leur 
forme  et  teneur,  à  en  joyr  et  user  par  lesd.  supplians  et  leurs 
successeurs  à  Tinstar  de  ceulx  dud.  mestier  de  nostre  ville  de 
Nantes,  cessans  et  faisans  cesser  tous  troubles  et  empesche- 
mens  au  contraire;  par  lesquelles  donnons  en  mandement  à 
noz  amez  et  feaulx  les  gens  tenans  nostre  court  de  parlement 
aud.  pais,  seneschal  aud.  Rennes  et  à  tous  nos  aultres  juges  et 
officiers,  et  à  chascun  d'eulx  ainsi  qu*il  appartiendra,  que  de 
nos  présentes  lettres  ensemble  du  contenu  en  icelles  articles 
aud.  cahier  mentionnées,  ils  ayent  à  les  faire  joyr,  entretenir, 
garder  et  inviolablement  observer  de  poinct  en  poinct,  procéder 
à  l'entière  veriffication  et  entherinement  d'iceulx  selon  leur 
forme  et  teneur  comme  dessus  est  dict,  sans  souffrir  leur  y 
estre  faict  mys  ou  donné  aucun  destourbier  ne  empeschement 
au  contraire,  et  se  aucun  sont  ou  estoient  les  ostent  et  mectent 
ou  facent  ester  et  meclre  incontinant  et  sans  delay  en  plaine 
délivrance  et  au  premier  estât  et  deu.  Car  tel  est  nostre  plaisir. 
Et  afin  que  ce  soict  chose  ferme  et  stable  à  tousiours  nous 
avons  faict  mectre  nostre  seel  à  cesd.  présentes,  sauf  en  aultres 
choses  nostre  droict  et  laullruy  en  toutes.  Donné  à  Sainct 
Germain  en  Laye  au  mois  de  janvier  Tan  de  grâce  1574  et  de 
nostre  règne  le  14*"*.  Ainsi  signé  sur  le  reply  :  Par  le  Roy, 
Bulyon  maistre  des  requestes  ordinaires  de  son  hostel  présent, 
Pinart,  et  saellé  de  cyre  i>erd  pendant  à  laz  de  soye  verd  et 
rouge. 

Les  Articles  de  Pestât  du  mestier  de  paticier  en  la  ville 
de  Rennes  contenant  leur  règlement. 

Bertrand  d'Argentré,  conseiller  du  roy  et  son  seneschal  à 
Rennes,  et  Pierre  Martin,  aussi  conseiller  du  roy  et  son  pro- 
cureur aud.  siège  presidial  de  Rennes  ;  Veu  par  nous  les  articles 
présentés  de  la  part  de  René  Querin,  Bonnadventure  Gouyn, 


-  379  — 

François  Mallel,  Jacques  Frangeul,  et  chascun  paticier,  habi- 
tans  de  la  ville  de  Rennes,  sur  le  règlement  de  leur  estât  et 
mestier  de  patycerye;  Veu  aussi  certaines  anciennes  chartes 
octroyées  par  les  Ducs  et  princes  de  ce  pays  aux  paticiers  de 
la  ville  de  Nantes,  lesquels  articles  ils  nous  ont  requis  mettre 
par  escript  pour  estre  auctorisez  et  approuvez  par  le  Roy,  sui- 
vant les  Eedictz  d'Orléans  *;  Nous  sommes  d'advis  que  lesd. 
Articles  cy  après,  s'il  plaist  audict  seigneur,  se  peuvent  tels 
que  ensuivent,  par  justice  et  pour  le  bien  de  la  police  de  lad. 
ville,  statuer  et  entretenir  et  sans  contrevenir  à  ses  Eedictz. 

Que  pour  le  règlement  dud.  mestier  en  lad.  ville  de  Rennes, 
il  sera  par  chascun  an  choaisi  deux  des  plus  capables  et  sufii- 
sans  dud.  mestier  pour  estre  provosts  d'icelluy  par  les  aultres 
mestres  dud.  mestier  pour  faire  Visitation  des  ouvraiges  dud. 
mestier  ;  lesquels  provosts  presteront  le  serment  de  loyaulment 
se  porter  au  faict  et  exercice  dud.  mestier  entre  les  mains  du 
senescbal  de  Rennes  ;  quels  esleuz  se  changeront  par  chascun 
an,  et  s'il  n'y  en  avoict  aultres  suffisans,  Tun  des  precedans 
demeurera;  quels  jurez  seront  tenus  de  visiter  toutes  les  sep* 
maines,  et  plus  souvent  se  mestier  est,  Touvraige  des  aultres, 
desquelles  visitations  ils  feront  valable  rapport  et  des  faultes 
et  abus  qu'ils  y  trouveront  pour  en  estre  la  pugnition  faicte 
sellon  Texigence  du  cas  sur  paine  de  l'amende  en  cas  de 
deffault. 

Que  nul  ouvrier  ne  sera  receu  à  lever  ne  tenir  bouticque  ou 
oupvrouer  dud.  mestier  jusques  à  avoir  preallablement  faict 
entier  chef  d'œuvre  des  espèces  cy  après  et  à  esgard  desd.  pro- 
vosts, mestres  et  jurez,  c'est  à  savoir:  une  tarte  à  deux  vi- 
saiges  *,  une  tallemeuse^,  une  darioUe  de  crème  *,  deux  pastez 
de  chappons  de  haulte  grosse,  deux  pastez  d'assiette  ^,  deux 


1.  Ordonnances  d'Orléans,  janvier  1560,  art.  98.  99. 

2.  Rapprocher  la  tarte  mi-partie  exigée  plus  loin  des  fils  de  maître. 

3.  La  talmouse  triangulaire  bien  connue. 

4.  M.  Alfred  Franklin,  dans  la  Cuisine  d'autrefois,  1888.  p.  49.  définit 
la  dariole  :  tartelette  à  la  crème  ou  au  fromage.  D'autres  y  voient  le 
simple  chou  à  la  crème,  de  taille  variable. 

5.  Le  pâté  d'assiette  est  souvent  cité  dans  la  vieille  litiératare.  Il  n'y  a 
pas  trop  lieu  de  croire  à  l'ingénieuse  explication  de  la.  Curne  de  Sainte- 


—  380  — 

tartes  de  plact,  une  fleur  de  lys  de  crème,  ung  daulphin 
renversé  farcy  de  crème,  une  tarte  seiche,  ung  flageau  * ,  une 
picquelardée,  ung  gaâteau  feillecté  ^,  ung  poupelin  ^,  deux 
tartes  argentées,  en  oultre  roollects,  estreers,  bastons  et  gros 
mestiers^  d'oublaerie,  par  davant  lesd.  jurez  et  mestres  et 
qu'ils  en  ayent  faict  rapport  en  justice,  et  serment  de  loyaul- 
ment  se  porter  aud.  mestier  et  garder  les  choses  cy  devant  et 
après  déclarées. 

Que  le  chef  d'œuvre  faict  et  le  serment  prins,  celluy  qui  sera 
receu  sera  tenu  paier  pour  son  entrée  la  somme  de  60  sols  mon- 
noie  pour  estre  emploiez  aux  affaires  de  leur  communauté  et 
fraerye. 

Nul  compaignon,  serviteur  ne  aultre  dud.  mestier  ne  sera 
receu  à  lever  oupvrouer  jusques  à  ce  qu'il  aye  demeuré  et  faict 
service  troys  ans  entiers  ^  ou  plus  en  Tapprentissaige  en  icelluy, 

Palaye,  que  ce  pftté  se  nommait  ainsi  parce  que  chaque  convive  en  avait 
un  sur  son  assiette.  Le  pâté  d'assiette  n'avait  rien  du  petit  pftté;  de  nos 
jours,  il  ferait  un  plat  ou  même  un  service  complet.  M.  Franklin  a 
trouvé  sa  recette,  longue  et  compliquée,  dans  le  vieux  Cuisinier  Fran- 
çois, de  Lavarenne,  ainsi  que  celle  du  fameux  pdté  de  requeste.  (Ibid., 
p.  89.  146.) 

1.  Le  flageau  ne  se  retrouve  pas  dans  les  nomenclatures  de  pâtisse- 
ries. Il  semble  désigner  une  flûte  de  pâte  quelconque,  et  dans  ce  sens  ce 
mot  serait,  au  point  de  vue  philologique,  intéressant  à  rapprocher  de  la 
forme  connue  flageol  et  du  diminutif  flageolet. 

2.  C'est  le  cas  de  rappeler  un  produit  rennais,  disparu  depuis  quelque 
temps  :  ce  grand  ovale  de  pâte  feuilletée,  saupoudré  de  sucre,  connu  à 
Rennes  sous  le  nom  de  «  Langue  de  femme,  »  par  une  plaisanterie  tra- 
ditionnelle que  n'a  point  recueillie  le  Dictionnaire  des  locutions  popi^ 
laires  du  bon  pays  de  Rennes. 

3.  Ne  pas  confondre  avec  le  poupeton,  qui  était  un  ragoût.  Le  poupe- 
lin est  cité  par  Rabelais  à  côté  des  macarons  dans  le  fameux  chapitre 
des  Gastrolâtres  (Liv.  IV,  chap.  59).  C'était  sans  doute  le  même  gâteau 
que  l'on  faisait,  toujours  sous  ce  nom,  un  siècle  plus  tard,  et  dont  la  pré- 
paration nous  a  été  transmise  par  le  menu  dans  les  livres  de  cuisine  du 
temps.  (Bonne fans,  éd.  1655,  p.  48.) 

4.  I^  mot  Mestier  a  un  sens  technique  en  oublierie  et  signifie  la  grande 
oublie  en  cornet,  les  rolets  et  les  estrées  sont  les  petites  oublies.  —  Les 
bastons  remontent  aux  temps  les  plus  reculés.  On  voit  dans  le  Livre  des 
Mestiers,  d'Est.  Boileau,  «  8  bastons  pour  ung  denier.  »  —  Les  gaufres 
paraissent  inconnues  à  Rennes,  comme  le  pain  d'épices,  qui  tient  une  si 
grande  place  dans  les  règlements  parisiens.  Aucune  mention,  non  plus, 
des  beignets  et  des  rissoles,  qui  alors  jouaient  presque  partout  un  si 
grand  rôle  dans  l'alimentation  populaire.  Quant  aux  fouaces,  il  ne  peut 
en  être  question,  c'était  œuvre  de  boulangerie. 

5.  Cet  apprentissage  était  de  cinq  ans  à  Paris  :  «  Ledit  mestier  estant 


—  381  — 

et  ne  pourra  ouvrer  ne  sentremectre  en  Texercice  dud.  mestier 
ailleurs  que  chez  les  mestres  dud.  mestier. 

Et  où  il  arriveroit  aultre  mestre  juré  dud.  mestier  en  lad. 
ville  de  Rennes  par  fortune  de  guerre^  ou  aultrement,  s'il  se 
trouve  capable  en  l'exercice  d'icelluy  par  lesd.  mestres  et 
esleuz,  il  pourra  du  consentement  d'iceulx,  le  serment  fait  cy 
dessus  par  devant  le  seneschal  de  Rennes,  y  lever  son  ou- 
vrouer  payant  seullement  une  moictié  de  lad.  somme. 

Et  ou  cas  que  aucun  maistre  dud.  mestier  vouldroict  vendre 
son  ouvraige  à  pris  excessif,  lesd.  provosts  et  jurez  le  raporte- 
ront  aud.  seneschal  pour  y  mectre  pris  raisonnable,  et  seront 
tenus  ainsi  le  faire  à  peine  de  cent  soûls  d'amende,  moictié  au 
roy  et  le  reste  à  lad.  fraerie. 

Nul  dud.  mestier  ne  prendra  ne  retirera  le  vallet  ou  aprentif 
Tun  de  Taultre  sans  le  consentement  du  mestre  avecq  lequel 
sera  led  aprentif  demeurant,  et  convenance,  et  que  le  temps  de 
son  service  soict  passé  sur  les  peines  que  dessus;  et  où  led. 
aprentif  délaissera  led.  mestre  durant  le  temps  de  son  ser- 
vice et  apprentissaige  et  sans  le  congé  d'iceluy  mestre,  en- 
cores  qu'il  Teust  servy  deux  ou  trois  ans  et  revienne  aud. 
Rennes  et  banlieue  d'icelle  ville,  sera  led.  aprentif  tenu  recom- 
mancer  comme  de  nouveau,  s'il  n'est  dispensé  à  esgard  desd. 
jurez  et  du  mestre  avec  quy  demouroit  led.  aprentif. 

Aussy  pour  obvier  à  ce  que  portans  par  les  maisons  viandes 
à  vendre,  ne  soient  altérées  et  maniées  de  plusieurs  dont  pour- 
roict  advenir  inconveniant,  nuls  dud.  mestier  ne  porteront 
rosty,  bouilly,  pastez  ny  aultre  viande  quelconque  par  la  ville 
que  le  pris  d'icelle  preallablement  n'en  soit  faict  et  accordé  à 
la  boutique  dud.  mestre  rôtisseur  et  paticier,  et  n'yront  ou 
courront  par  envye  les  ungs  sur  les  aultres  en  la  vente  de 
leursd.  viandes  et  danrées  à  peine  de  dix  solz  monnoie  à  estre 
paiez  de  celluy  qui  y  aura  contrevenu^  s*il  n'y  est  appelle, 
applicquables  à  lad.  fraerie,  et  ce  pour  chascune  contra- 
vention. 

bien  dangereas  et  subtil  à  apprendre.  »  Statuts  des  Patissiers-Oublaiers 
de  1406  et  de  1566.  (De  la  Mare,  Traité  de  la  Police»  t.  lY,  618,  621.) 
1.  Ces  survenants  étaient  le  plus  souvent  des  Suisses. 


—  382  — 

Si  aucuns  dud.  mestîer  aud.  Rennes  ont  enffans  de  bonnes 
mœurs,  et  soient  capables  de  exercer  ied.  mestier,  y  seront 
receuz  sans  paier  aucune  chose  fors  le  disner  desd.  ppovost  et 
jurez  jusques  à  l'estimation  d'un  teston,  faisant  seullement 
pour  chef  d  œuvre  ung  pasté  d'assiette,  une  tarte  my  partie  et 
ung  tourteau  feilletté. 

Seront  expressément  tenuz  lesd.   provostz,  revisiteurs  et 
jurez  d'entendre  et  vacquer  soigneusement  a  la  veue  et  visite 
de  toutes  chairs  cuittes  et  creues  qui  se  vendent  aud.  Kennes 
et  banlieue  soit  de  rotisserye  en  broche  ou  four  et  ailleurs, 
chairs  sallées,  lart  à  larder,  faiseurs  et  vendeurs  de  saulcices, 
de  toutes  espèces  de  gibiers  et  poissons  de  mer  et  eau  doulce, 
vendeues  par  les  mestres  dud.  mestier  et  aultres  indifférem- 
ment, et  s'ils  en  trouvent  qui  ne  soient  bons  les  saesiront,  et 
en  feront  leurs  rapports  pour  multer  d'amende  lesd.  fauteurs, 
mettans  en  vente  telle  danrées  corrompues  telles  que  Ied.  se- 
neschal  congnoistra  apartenir  applicquables  moictié  au  roy  et 
moictié  à  lad.  fraerie. 

Auront  lesd.  provostz,  jurez  et  revisiteurs  pour  leurs  sal- 
1  aires  et  vaccations  sur  chascun  qui  aura  esté  visité  et  dont  se 
trouveront  abus  ou  deffault  en  sa  marchandie  et  comme  telle 
aura  esté  saesye,  confisquée,  la  somme  de  cinq  sols  mon.  qui 
sera  prinse  sur  les  deniers  de  lad.  amende  du  précédant  et 
prochain  article. 

Nul  ne  s'entremettra  vendre  ny  porter  oblyes,  s'il  n'est 
maistre  receu  et  passé  aud.  mestier  et  n'a  satisfaict  aux 
poinctz  d'icelluy,  comme  davant  est  dict  ou  s'il  n'est  advoué  de 
l'un  des  mestres  provostz  ou  jurez. 

Ne  pourra  aussi  aucun  serviteur  de  maistre  et  juré  aud. 
mestier  vendre  l'ouvraige  d'oublairie  en  lad.  ville  et  banlieue, 
jour  ou  nuict,  à  plus  hault  pris  que  celluy  mys  par  lesd.  jurez, 
provostz  et  revisiteurs  sur  peine  de  40  solz  mon.  d'amande  au 
proiilt  de  lad.  fraerye,  et  mesme  peine  acquise  contre  ceulx 
qui  de  nuict  porteront  oubliz  qui  ne  seront  bons  et  bien  faicts,  et 
dont  on  pourra  avoir  vraye  congnoessance. 

Ne  pourra  chascun  mestre  porter  ou  faire  porter  chascun 


—  383  — 

soir  ou  nuict  plus  que  deux  corbeillons*  d'oubliz  par  ville  et 
banlieue  de  Rennes  sur  la  peine  que  dessus,  dont  auparavant 
le  déplacer  de  la  maison  seront  iceulx  oubliz,  veuz  et  visitez 
par  lesd.  provostz  et  visiteurs,  à  ce  qu'il  ne  s'y  commette 
aucun  abus  et  où  se  y  en  trouveroit  saesiront  lesd.  corbeillons 
et  oubliz  et  en  feront  raport  pour  juger  lad.  amande  si  elle  y 
eschet. 

Lesd.  mestres  dud.  mestier  et  leurs  serviteurs  ne  pouront 
aller  vendre  lesd.  oubliz  de  nuict  plus  tost  que  sept  heures  du 
soir  ne  soient  sonnées  et  passées. 

Que  chascun  mestre,  ouvrier  dud.  mestier,  présent  et  advenir 
feront  serment  devant  led.  seneschal  de  bien  et  loyaulment 
ouvrer  dud.  mestier  et  garder  en  tout  et  partout  les  statuz  et 
establissementz  cy  devant  contenuz  et  déclarez. 

Les  hostelliers  ne  recueilliront  chez  eulx  à  manger  ny  ne  pré- 
senteront vivres,  desjuner  ny  disner,  ny  asseoiront,  que  pour 
la  fourniture  de  leurs  hostes  et  hostellerie,  c'est  assavoir  aux 
gens  estrangers  et  passans  et  non  aux  domiciliaires  de  la  ville; 
sinon  qu'ils  fussent  invitez  par  quelques  ungs  des  passans  et 
sans  fraulde,  sur  peine  de  dix  livres  d'amande  aplicables  moictié 
au  roy  et  l'aultre  à  lad.  fraerie,  et  ce  par  chacune  fois  qu'ils  y 
contreviendront. 

Nulz  vendeurs  de  poullailles  et  gibiers  de  quelque  espèc^ 
que  ce  soit  ne  pouront  iceulx  vendre  aultrement  que  en  peau 
et  pleume,  et  non  pleumez  et  escorchez  ny  lardez  ;  comme  ne 
pouront  eulx  entremettre  du  faict  de  cuisine,  acoustrer 
viandes  cruttes  ou  cuittes  en  festins  et  banquetz,  ny  faire  pati- 
cerie  quelconque,  ce  que  leur  est  exprès  deffendu  et  à  tous 
aultres  s'ils  ne  sont  receuz  ou  avouez  comme  dessus  sur  peine 
d'amande  à  Tarbitraige  de  justice. 

Ne  pouront  nul  desd.  paticiers,  rôtisseurs  et  oublieurs  ouvrir 
leurs  boutiques  ny  chauffer  leur  four  aux  jours  et  festes  de 
Pasques,  la  Pentecouste,  la  Toussaincts,  Noël,  et  le  jour  et  fcste 

1.  On  ne  semble  pas  s'être  servi  à  Rennes,  à  cette  époque,  de  la  boite 
ronde,  le  coffin,  sur  lequel  on  jouait  aux  dés  les  oublies  à  Paris  et  môme 
à  Nantes.  (V.  Les  Oublieurs  de  Nantes,  lecture  de  M.  Ed.  Pied,  Soc. 
arch.  de  Nantes,  1902,  p.  xxvm.) 


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de  Saint  Laurens,  patron  de  leur  fraerie  ^  à  peine  de  cent 
solz  T.  aplicables  moictié  au  roy  et  l'autre  moictié  à  lad.  fraeri  e 
et  plus  grande  se  elle  y  eschet. 

Et  advenant  le  décès  de  Tun  desd.  mestres  aud.  mestier  sera 
libre  à  la  veuve  d'icelluy  jouir  sa  vie  durant  du  previlleige  et 
maistrise  dud.  mestre,  fors  au  cas  qu'elle  se  remariroît  à 
aultre  que  du  mestier  et  ne  fut  mestre,  ce  que  advenant  desro- 
géra  aud.  previlleige  et  ne  pourra  s'en  ayder. 

Que  ceux  desd.  paticiers  qui  tiendront  cabaretz  ne  pouront 
avoir  vin  chez  eulx  sans  en  payer  le  debvoir,  et  qu'il  leur  sera 
deffendu  retirer  ou  recueillir  jeunes  gens  de  la  ville  desbauchez 
qui  font  mestier  de  se  y  retirer  et  y  faire  despenses  dissolues, 
ny  recepvront  aussi  aucuns  jeuz  de  detz  ny  cartes,  ny  tiendront 
brelans;  ayns  feront  vuider  ceulx  de  la  ville  qu'ilz  congnoes- 
tront  estre  tels  ou  y  aller  contre  la  vouUonté  de  leurs  pères  ou 
mères,  tuteurs  ou  curateurs,  ou  qui  sont  mariez  et  domiciliez 
de  lad.  ville,  sous  peine  de  20  livres  d'amende  pour  la  première 
fois  et  de  30  pour  la  seconde. 

Que  suivant  les  anciennes  ordonnances,  lesd.  paticiers  ne 
vaudront  ny  n'auront  en  leurs  boutiques  autres  chairs  que 
lart,  chair  de  beuf,  mouton  et  veau  ;  et  n'auront  pour  vendre 
aulcunes  vollailles,  soyt  chappons,  perdriz  ou  begasses,  oy- 
«tseaulx  de  mer,  leveraulx  ou  connilz  ny  aultres,  s'ilz  ne  leur  sont 
baillez  de  la  ville  pour  emploier  en  ouvraige  de  leur  mestier 
pour  lesd.  bailleurs,  habitans  et  survenans,  et  sans  fraulde  ; 
et  ce  sur  peine  de  20  livres  d'amande  dont  les  prevostz  seront 
tenuz  faire  leur  rapport. 

Ne  jetteront  aulcunes  eaues  salles,  sanglantes  ou  grasses, 
sur  le  pavé,  ny  plumaiges  de  leursd.  vollailles  ny  poisson,  mal 
sentantes  ny  aultres  telles  choses  sur  les  peines  que  devant. 
Ainsi  signé  :  dArgentré  et  P.  Martin,  et  scellé. 

1.  Ailleurs  saint  Honoré. 


Missels  de  Dol  k  Prose  de  Saint  Samson 


Le  Missale  secundum  usum  insignis  ecclesie  dolensis  fut 
imprimé  chez  Jean  du  Pré,  à  Paris,  en  1502.  Après  avoir  ap- 
partenu à  Tabbaye  du  Tronchet,  il  a  subi  les  morsures  des 
rats,  a  perdu  la  feuille  du  titre  et  quelques  autres  pages.  Enfm 
il  va  trouver  un  abri  digne  de  lui  à  la  Bibliothèque  Nationale  ^ 
Mais  il  n*a  pas  la  beauté  du  Missale  ecclesie  r-edonensis  de 
1492,  que  j'ai  pu  contempler  dans  cet  incomparable  muséum 
de  livres.  Signalons  du  moins  la  gravure  qui  orne  la  première 
page  de  la  liturgie  romaine  en  usage  à  Dol.  Elle  représente 
un  autel  à  rétable  peu  élevé,  entouré  de  colonnettes  surmontées 
de  statues,  avec  des  rideaux  à  droite  et  à  gauche  de  la  table 
sacrée.  Cela  nous  donne  une  image  de  ce  qu'était  le  sanctuaire 
de  Dol  au  xv®  siècle.  Car  un  inventaire  de  cette  église  en  1400 
mentionne  due  cortine  serice  ab  iitroque  capite  altaris,  et,  en 
1410,  lévêque  Etienne  Cœuret  fit  placer  autour  du  maître- 
autel  des  colonnes  de  métal  surmontées  d'anges  adorateurs  et 
ornées  de  ses  armoiries.  Ce  qui  nous  intéresse  davantage,  c'est 
le  calendrier  du  missel.  Voici  la  liste  des  saints  dolois  qui  y 
sont  célébrés. 

En  juillet,  le  13,  Turiani  archiepiscopi  dolensis  ix  lec^. 

le  28,  Sansonis  archiepiscopi  dolensis  ^  Triplex  '. 
le   29.    Genepei   archiepiscopi   dolensis   ix    lec. 
Eodem  die  Gnillermi, 


1.  On  l'y  a  catalogué  avec  la  cote  Réserve»  B,  1461.  (Voir  le  Bulletin 
mensuel  des  récentes  publications  françaises  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale, janvier-février  1904,  p.  290.) 

2.  L'abréviation  lec  désigne  le  nombre  de  leçons  récitées  au  bréviaire 
en  l'honneur  d'un  saint. 

d.  Le  texte  porte  dolelensis. 

4.  Ce  terme  marque  le  degré  de  la  fête. 

xxziii  31 


—  :i86  — 

En  août,  le  4,  Octas^a  Sancti  Sansonîs,  Semiduplex.  Ter^ 

culini  martyris. 
En  septembre,  le  2,  Ordinatio  sancti  Sa/isonis,  Semiduplex. 
En  octobre,  le  24,  Maglorii  archiepiscopi  dolensis  ix  lec.  et 

fiât  memoria  per  octavam. 
En  décembre,  le  9,  Budoci  archiepiscopi  dolensis  ix  lec. 

Il  est  à  remarquer  qu'on  ne  fait  aucune  mention  de  saint 
GiLDUiN,  qui  s'est  introduit  très  tard  dans  les  offices  propres 
de  Dol.  D'autre  part  on  qualifie  saint  Armel  simplement  du 
titre  de  «  confesseur.  »  Donc  à  cette  époque  Téglise  doloise 
avait  abandonné  la  légende  qu'elle  avait  fabriquée  au  xii*  siè- 
cle, d'après  laquelle  ce  personnage  aurait  été  l'un  des  succes- 
seurs de  saint  Samson.  Enfin  je  remarque  qu'au  21  mai,  le  ca- 
lendrier porte  Marquanni  confessoris.  Chacun  sait  que  saint 
Marcan  a  donné  son  nom  à  une  petite  paroisse  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Dol.  Mais  ce  bienheureux  n'a  pas  coutume  d'être  men- 
tionné dans  les  livres  liturgiques  ^  c'est  pourquoi  j'attire  l'at- 
tention sur  ce  fait. 

Parmi  ces  divers  saints  dolois,  celui  dont  la  messe  a  le  plus 
de  caractère  est  saint  Samson.  Je  citerai  ici  la  prose  qui  lui  est 
consacrée.  Elle  complétera  mon  étude  des  anciennes  hymnes 
dédiées  à  ce  bon  Celte  ^,  et  possédera  la  saveur  de  Tinédit,  se 
trouvant  dans  un  volume  gothique,  unique,  et  inconnu  jusqu'à 
ces  derniers  jours  '. 


In  Sansone  Deo  sit  gloria  quam  abundans^  illasirat  gratia  et  superabundans  : 
Cui  conceptus  an  te  primordia  nomen  dédit  visio  nuncîa  sterilem  fecundans. 


1.  Dom  Lobineau  n'a  point  connu  d'Actes  de  saint  Marcan;  je  ne  sais 
où  le  doux  Garaby  a  déniché  la  chronologie  da  Bienhenreux  (Vies  des 
saints  de  Bret.,  Saint- Brieuc,  1899,  p.  542).  Ce  dernier  est  mentionné 
dans  la  Vie  de  saint  Brieuc.  Mais  Dol  est  la  seule  église  qui  Tait  célébré. 

2.  F.  DuiNE,  notes  sur  les  saints  bretons,  Les  saints  de  Dol,  Paris» 
Le  Dault,  1902,  p.  9-11. 

3.  Le  Missel  de  Saint-Malo,  de  1503,  que  j'ai  consulté  au  British  Mu- 
séum de  Londres  (Cote  :  C.  52.  d.  2)  contient  une  messe  propre  en  l'hon- 
neur de  l'archevêque  saint  Samson.  La  prose  est  la  même  que  celle  da 
Missel  gothique  de  Dol.  Toutefois,  on  rencontre  quelques  variantes  dont 
je  vais  indiquer  les  principales. 

4.  In  Sansone  Deo  fit  gloria  quem  abundans...  (Saint-Malo,  1503). 


—  387  — 

Hoc  censeri  nomine  meruit  in  Sansone  qnod  tanta  claruii  virtos  meritorom  : 
Quem  distendit  virus  infusio  et  chelidri  *  dira  percussio  sonat  sol  eorum. 

Ex  defectu  mel  in  ag^s  sufficit^,  et  de  petra  latices  elicit  Mojses  secnndus. 
Innocuom  portatur  toxicum,  sacerdotem  vexât  veneficum  Spiritus  immundus. 

Angelicos  secutus  monitus,  exilii  subiit  interîtus,  dives  paupertatem. 
Geminantur  Privati  gandia,  recipiunt  nxor  et  filia  plenam  sospitatem. 

SerpenSy  Dei  trahente  famolo,  mansuescit  in  eius  cing^lo. 
Et  ludente  tali  miraculo  convalescit  fides  in  populo. 

Cecum  sanat  petens  palatium,  ab  obsesso  fugat  demonium, 
Periit  leo  quem  habuit  obvium,  et  regine  mutatur  odium. 

Pietatis  afflnentis  pectos  movet  voz  deflentis,  mater  propter  filium  ; 
Matris  dolor,  revocato  a  defunctis  sibi  nato,  remigrat  in  gaudium. 

Fratrnm  quies  molestatnr,  sed  clausarum  castigatnr  avium  garrulitas. 
Prata  vertens  g^x  porcomm  fit  repente  grex  hjrcorum,  o  miranda  novitas. 

0  mirande  transformator,  nove  rerum  immntalor,  sanitatum  reparator, 
Lux  ezempli,  morum  forma,   ad  virtutes  nos  reforma,  atque  Christo  sic 

[conforma  : 

Ut  in  regno  claritatis,  nobis  sibi  conformatis,  Rex  elerne  claritatis 
Vite  donet  premia.  Amen  dicant  omnia  !  Succurrat  letania  ! 


Je  ne  songe  nullement  à  m'extasier  devant  cette  prosa^ 
déconcertante  pour  les  premiers  prix  de  thème  latin  au  Con- 
cours général  ;  mais  cette  richesse  d'allitérations  et  de  conson- 
nances  charmait  Toreille  populaire.  Quant  au  fond  de  la  sé- 
quence, il  est  emprunté  à  la  seconde  Vita  S.  Samsonis^  qui 
fut  en  grand  honneur  à  Dol,  et  que  Dom  Plaine  a  éditée  ^.  Mais 
la  prose  ne  suit  pas  absolument  Tordre  du  manuscrit  qui  a  été 
publié  ;  et  elle  se  contente  de  présenter  un  épitomé  des  plus 


1.  Pour  désigner  la  vipère,  on  rencontre  dans  la  basse  latinité  les 
mots  hilider,  chelider  ou  chelidrus. 

2.  Après  avoir  manqué,  le  miel  revient  en  quantité  suffisante  dans  les 
vases  destinés  à  sa  conservation.  —  Comparer  dans  le  Olossarium  de 
Du  Canos  le  mot  Haga,  —  Dans  le  Missel  malouin  de  1503,  on  lit  : 
Ex  defectu  mel  magis  sufficit. 

8.  Plains,  La  Très  ancienne  Vie  inédite  de  saint  Samson,  texte  lor 
tin  publié  avec  prolégomènes.  Paris,  1887.  —  Sur  les  diverses  biogra- 
phies de  saint  Samson.  je  renvoie  à  mes  Saints  de  JDol,  p.  15-17. 


—  388  — 

brillants  miracles  altribués  au  Bienheureux.  Voici  le  tableau 
quelle  met  sous  nos  yeux  : 

La  conception  de  Samson  fut  un  prodige  ;  son  nom  même 
fut  inspiré  par  un  ange.  Le  saint  guérit  un  condisciple  mordu 
par  une  vipère  ;  d'un  signe  de  croix  il  remplit  de  miel  les  vases 
du  cellier.  Il  fît  jaillir  des  sources.  Il  but  du  poison  sans  dan- 
ger, tandis  que  le  démon  s'emparait  du  prêtre  jaloux  qui  avait 
désiré  sa  mort.  Sur  l'avertissement  de  Dieu,  apporté  par  un 
ange,  il  s'exila.  En  abordant  à  Dol,  il  rendit  la  santé  à  la 
femme  et  à  la  fille  de  Privatus.  Puis  de  sa  ceinture  il  entraîna 
un  serpent  qui  le  suivit  avec  douceur,  et  par  cette  merveille  il 
excita  la  foi  des  peuples  étonnés.  En  allant  à  la  Cour  de 
France,  il  rendit  la  vue  à  un  aveugle  et  délivra  un  possédé.  La 
reine,  qui  détestait  notre  pieux  évéque,  lança  un  lion  contre 
lui  ;  la  bête  tomba  morte,  et  la  reine  changea  de  sentiment  ^. 
Comme  il  revenait  à  Dol,  il  ressuscita  un  enfant  dont  la  mère 
l'avait  attendri  par  ses  cris  de  douleur.  Bientôt  les  oies  trou- 
blant les  moines  par  leur  tapage,  le  thaumaturge  punit  ces 
volatiles  en  les  obligeant  à  s'enfermer  dans  une  sorte  de  prison. 
11  changea  en  boucs  des  porcs  qui  causaient  du  ravage. 

C'est  le  dernier  miracle  mentionné  par  la  séquence,  et  vrai- 
ment, Ovide,  si  cher  aux  lettrés  du  moyen-âge,  n'avait  pas  ima- 
giné de  traits  de  plus  haut  goût. 

Remarque  digne  d'attention  :  le  Missale  de  1502  fut  exécuté 
sous  l'épiscopat  de  Thomas  James,  dont  le  nom  vivra  toujours 
dans  le  monde  des  bibliophiles,  grâce  au  superbe  missel  qui 
lui  appartint^  œuvre  du  Florentin  Attaventr,  «  miniatore  del 
çescovo  di  Dolo.  »  Toutefois  ce  célèbre  volume  liturgique 
n'avait  aucun  caractère  breton,  le  calendrier  ne  comprenant 
que  des  saints  romains,  à  Texception  de  saint  Yves  ^. 


1.  Ici  le  poète  se  conforme  plutôt  à  la  première  Vita  (éditée  par  Ma- 
billon),  laquelle  se  contente  de  nous  montrer  la  reine  agenouillée  aux 
pieds  de  Samson  {Acta  SS.  Julii,  t.  VI,  p.  586,  D),  tandis  que  la  seconde 
Vita  a  dessiné  un  mélodrame  plus  effrayant,  en  montrant  les  yeux  de  la 
reine  qui  tombent  de  leurs  orbites,  et  la  princesse  qui  expire  horrible- 
ment. 

2.  Sur  le  missel  d'Attavente,  voir  un  article  de  M.  Léopold  Delisle 
dans  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Chartes  (tome  XLIII,  p.  311-315).  Les 


—  389  — 

• 

Dom  Plaine  cite  un  autre  Missel  de  Dol.  de  1522.  Il  est  dif- 
ficile de  savoir  au  juste  quelle  est  la  valeur  de  ce  renseigne- 
ment. En  tout  cas.  je  ne  connais  aucun  érudit  qui  sache  où  se 
trouve  actuellement  cet  intéressant  ouvrage*. 

11  ne  nous  reste  plus  qu'à  mentionner  les  messes  spéciales  au 
diocèse  de  Dol,  imprimées  en  1775,  chez  Armand  Caperan.  Le 
chanoine  Deric  dut  avoir  la  principale  part  dans  ce  travail  de 
liturgie  locale.  Un  membre  de  la  Société  archéologique  de 
Rennes,  l'abbé  Charles  Robert,  possédait  un  exemplaire  de  ce 
rare  ouvrage.  Aujourd'hui  l'exemplaire  se  trouve  peut-être  en 
Belgique,  avec  la  bibliothèque  de  mon  regretté  compatriote*.  — 
Telles  sont  les  seules  indications  que  je  puisse  fournir  sur  les 
Missels  de  Dol. 

F.  DUINE,  prêtre. 


détails  relatifs  au  calendrier,  je  les  dois  à  M.  Birot,  membre  de  la  So- 
ciété française  d'archéologie,  qui  a  fait  une  description  complète  du  livre, 
en  collaboration  avec  M.  Martin,  professeur  à  l'Université  catholique  de 
Lyon. 

1.  D'après  Dom  Plaine,  ce  Missel  de  Dol  de  1522  était  «  conservé  à 
Rennes  chez  les  Pères  Eudistes.  »  (Hulletin  de  la  Soc.  archéol.  du  Fi- 
nistère, t.  XI,  1884,  p.  22-25.)  Or,  cette  bibliothèque  a  été  acquise  récem- 
ment par  M.  Plihon,  libraire,  lequel  la  connaissait  depuis  dix  ans  :  il 
n'y  a  jamais  vu  le  missel  en  question.  Il  est  vrai  de  dire  que  des  écumeurs 
de  livres  avaient  pu  passer  par  là! 

2.  L'abbé  Robert  légua  sa  bibliothèque  et  ses  papiers  au  monastère 
bénédictin  de  Sainte-Anne-de-Kergonan.  Les  vénérables  religieux  sont  à 
l'heure  actuelle  en  exil,  à  Walley  par  Ohey  (province  de  Namur). 


NOTE   SUR  L'ANCIEN   MANOIR 


ET  LES  SEIGNEURS 


DE    LA   THÉBAUDAYE 


EN     GEVEZÉ 


Notre  savant  collègue  M.  Banéat  vient  de  découvrir  en  la 
maison  de  ferme  moderne  de  la  Haute-Thébaudaye  en  Gevezé, 
un  manteau  de  cheminée  fort  intéressant,  provenant  de  Tancien 
manoir  de  la  Thébaudaye  aujourd'hui  disparu.  C'est  une  pierre 
de  granit,  d'une  longueur  de  2"*  50,  présentant  sculpté  au 
centre  un  écusson  entouré  d'un  collier,  soutenu  par  deux  lions 
et  portant  trois  bogues  de  châtaigne;  à  droite  on  lit  ces  mots  : 
ALIBI  ALIAS  SCITUM  {sic)  et  à  gauche  ceci  : 

REN.  CHASTAN.  PRE  VETSTATE  [sic] 

RiEDlFICAVlT  COLAPS. 

Cette  inscription  *  nous  apprend  que  le  manoir  de  la  Thébau- 
daye démoli  en  1861  avait  été  reconstruit  au  commencement  du 
xvii«  siècle  par  René  Chasteigner,  seigneur  de  la  Thébaudaye 
de  1605  à  1620  environ,  portant  pour  armoiries  :  d'or  à  trois 
bogues  de  châtaigne  de  sinople,  comme  son  ancêtre  Guil- 
laume Chasteigner,  qui  scella  en  1381  de  son  sceau  présentant 
les  mêmes  armes,  sa  ratification  du  traité  de  Guérande. 

Nous  allons  retrouver  le  reconstructeur  de  la  Thébaudaye, 
René  Chasteigner,  dans  la  liste  suivante  des  seigneurs  de  la 
Thébaudaye  dont  nous  avons  pu  reconstituer  la  suite  : 

1.  Qu'on  doit  lire  comme  il  suit  :  (Manerium)  alibi  alias  sifum,  prœ 
vetustate  collapsum,  Renatus  Chastaneus  reœdiftcavit. 


—  392  — 

1427}  Robin  Ghasteigner,  mort  en  1437,  laissant  veuve  Jeanne 
du  Vergier.  —  Pierre  Chasteigner,  fils  du  précédent,  lui  suc- 
céda et  décéda  en  1479.  —  Jean  Chasteigner,  son  fils,  épousa 
Perrine  Piédevache,  de  la  maison  des  Mesnils,  veuve  de  lui  en 
1513.  —  Briand  du  Chasteigner,  fils  des  précédents,  mourut 
dès  1515,  laissant  la  Thébaudaye  à  son  frère  Bonabes  du  Chas- 
teigner, mari  de  Perrine  de  Cacé  qui  devint  veuve  de  lui  en  1540. 
—  François  du  Chasteigner,  fils  des  précédents,  épousa  Perron- 
nelle  du  Bouays,  qui  lui  donna  deux  fils  successivement  sei- 
gneurs de  la  Thébaudaye  après  lui  :  François  du  Chasteigner, 
mort  dès  1605  et  René  du  Chasteigner  vivant  encore  en  1620, 
époux  de  Judith  de  la  Châsse  et  reconstructeur  du  manoir 
paternel.  —  Pierre  du  Chasteigner,  fils  de  ces  derniers, 
épousa  :  1**  en  1619  Jeanne  de  Langan,  2®  Hélène  du  Matz.  veuve 
de  lui  et  remariée  en  1645  avec  François  Gouyon,  seigneur 
de  Launay-Comats.  —  Françoise  du  Chasteigner,  sortie  du 
second  lit  de  Pierre  et  dernière  de  son  nom,  apporta  la  Thébau- 
daye à  son  mari  Joseph  Gouyon,  seigneur  de  Launay-Comats, 
qu'elle  épousa  en  1650.  —  Charles  Gouyon,  seigneur  de  Lau- 
nay-Comats, fils  des  précédents,  s'unit  en  1680  à  Marguerite 
Hévin,  fille  du  célèbre  jurisconsulte  breton.  —  Cette  dernière 
devenue  veuve  et  propriétaire  de  la  Thébaudaye  la  légua  à  son 
frère  Pierre  Ilévin  qui  épousa  :  i^  Jeanne  Le  Moyne  et  2^ 
Julienne  Le  Vicomte,  et  qui  mourut  en  1725.  —  Jacques  Hévin, 
fils  du  précédent  et  de  sa  première  femme,  s'unit  en  1727  à 
Anne-Marie  Jamoays;  il  décéda  en  1758  et  sa  veuve  en  1760. — 
Jacques-Julien  Hévin,  leur  fils  unique,  marié  dès  1756  à  Renée 
Bureau,  mourut  sans  postérité  en  1775.  —  La  tante  du  précé- 
dent Marie-Louise  Hévin,  femme  de  Charles  Le  Melorel,  sei- 
gneur de  Trémeleuc,  hérita  de  la  Thébaudaye  qu'elle  vendit  en 
1780  à  Louis-René  de  Robien,  vicomte  dudit  lieu,  et  à  Victoire 
Le  Gonidec  sa  femme. 

La  famille  de  Robien  possède  encore  actuellement  la  Thé- 
baudaye. 

Le  seigneur  de  la  Thébaudaye  jouissait  d'une  moyenne 
justice  et  relevait  directement  du  Roi  en  sa  cour  de  Hédé  :  il 
avait  un  banc  à  queue  et  une  pierre  tombale  en  l'église  de 


—  393  — 

Gevezé  joignant  le  chanceau.  plus  un  autre  banc  clos  et  deux 
pierres  tombales  en  Téglise  de  la  Mezière,  l'une  proche  le 
maître-autel,  l'autre  dans  la  nef  devant  Tautel  N.-D. 

Labbé  GUILLOTIN  DE  CORSON 

chan.  hoD. 


NOTE 


SUR  LA  RELATION  D'UN  VOYAGE  EN  TERRE-SAINTE 


FAIT  PAR  TROIS  BRETONS  A  LA  FIN  DU  XV*  SlftCLE 


En  1827,  M.  de  Lorgerîl,  alors  maire  de  Rennes,  donna  à  la 
Bibliothèque  de  cette  ville  un  précieux  manuscrit  du  xv*  siècle  ; 
il  y  fut  placé  sous  le  n«  157',  avec  ce  titre  :  Voyage  à 
la  Terre-Sainte,  au  Mont  SinaZ  et  au  couvent  de  Sainte^Ca^ 
therine,  «  Exécuté  sur  vélin,  en  pur  gothique  minuscule^  à 
longues  lignes,  il  contient  64  feuillets.  Ses  initiales  en  or  sont 
enfermées  dans  de  petits  cadres  peints  en  bleu  et  en  vert. 
Malheureusement  plusieurs  feuillets  manquent  au  commen- 
cement, au  milieu  et  à  la  (in  '.  » 

M.  Morin  publia  en  1861  une  notice  sur  ce  manuscrit.  Il  fit 
remarquer  que  malgré  les  feuillets  manquant  ce  qui  reste  for- 
mait la  portion  la  plus  étendue  et  la  plus  importante  de  Tou- 
vrage  entier;  car,  dit-il,  ^c  si  nous  n'avons  ni  le  port  de  rem- 
barquement, ni  la  traversée,  ni  le  point  d'arrivée  dans  la  Terre 
Sainte,  nous  rencontrons  les  pèlerins  à  Rama  en  Palestine, 
avant  leur  entrée  à  Jérusalem.  La  seconde  lacune  nous  prive 
•  seulement  d'une  faible  partie  de  leur  voyage  dans  le  désert 
avant  d'arriver  au  Mont  Sinaï;  la  troisième  porte  sur  la  fin  de 
leur  séjour  en  Egypte  et  sur  leur  navigation  jusqu'à  la  hauteur 
de  rile  de  Rhodes  ;  enfin  la  dernière  laisse  les  pèlerins  dans 
rtle  de  Scio,  lorsque  chacun  se  disposait  à  retourner  dans  sa 
patrie  ^.  » 

1.  Actaellement  n^  261. 

2.  Maillet,  Description  des  Manuscrits  de  la  Bibliothèque  publique 
de  Rennes,  172. 

3.  Mémoires  de  la  Société  archéologique  d*  [Ile-et-Vilaine,  1861,  p.  216« 


-  396  — 

L'année  en  laquelle  s'effectua  ce  voyage  en  Terre-Sainte 
n'est  point  indiquée  dans  le  manuscrit,  mais,  comme  il  y  est 
fait  mention  de  «  Jacques  Cueur  argentier  dn/eu  roy  Charles  » 
et  des  Chevaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  maîtres  de  l'île 
de  Rhodes,  il  faut  nécessairement  placer  l'époque  du  voyage 
entre  1461  date  du  décès  du  roi  Charles  VII  et  1522  date  de 
l'expulsion  des  Chevaliers  de  Rhodes.  M.  Maillet  a  cm  que  ce 
pèlerinage  se  fit  en  1493  parce  que  la  relation  dit  que  l'un  des 
voyageurs  a  le  Duc  en  Bavière  »  mourut  pendant  le  parcours; 
or  V Art  de  vérifier  les  dates  met  en  Tannée  1493  la  mort  de 
Christophe  fils  du  duc  de  Bavière,  revenant  de  Palestine.  Mais 
l'identité  des  deux  personnages  est  impossible  :  le  (ils  du  duc 
de  Bavière  décéda  à  Rhodes,  tandis  que  «  le  Duc  en  Bavière  » 
mourut  à  Gaza.  De  plus  nous  allons  voir  à  l'instant  qu'un  autre 
des  pèlerins  «  l'abbé  de  Saint-Méen  »  ne  vivait  plus  en  1493. 
Enfin  M.  Morin  fait  remarquer  que  dans  la  Relation  il  est  dit 
que  le  13  août,  jour  de  l'entrée  des  voyageurs  à  Jérusalem, 
était  un  dimanche  et  le  20  octobre  jour  où  ils  s'embarquèrent 
sur  la  mer  Rouge  après  avoir  visité  le  Sinaï  était  un  vendredi. 
Or  en  1493  le  13  août  n'était  pas  un  dimanche  mais  un  mardi, 
et  le  20  octobre  n'était  point  un  vendredi  mais  un  dimanche. 
D'où  M.  Morin  conclut  qu'on  ne  peut  admettre  Tannée  1493; 
mais,  ajoute-t-il,  les  années  1486,  1497  et  1503  pourraient  con- 
venir. De  ces  trois  chiffres  nous  regardons  le  premier  comme 
à  peu  près  certain,  car  <c  Tabbé  de  Saint-Méen  »  mourut  le 
30  avril  1492  ;  c'est  ce  que  prouve  Tépitaphe  de  son  tombeau 
conservé  de  nos  jours  dans  son  ancienne  église  abbatiale. 

Ce  qui  rend  ce  manuscrit  particulièrement  intéressant  pour 
nous  c'est  la  présence  parmi  les  pèlerins  de  trois  Bretons  :  un 
«  seigneur  de  la  Guerche  ))  —  un  «  abbé  de  Saint-Méen  en 
Bretaigne  »  —  et  «  René  de  Chastcaubriant,  seigneur  du  Lyon 
d'Angers.  »  Ni  M.  Maillet,  ni  M.  Morin  ne  se  sont  occupés  de 
rechercher  quels  étaient  les  deux  premiers  de  ces  personnages 
dont  les  noms  sont  omis  dans  la  Relation  du  voyage. 

Le  premier  n'était  point  un  seigneur  de  la  Guerche  en  Tévè- 
ché  de  Rennes  —  cette  châtellenie  appartenait  alors  aux  ducs 
d'Alençon  —  mais  le  possesseur  de  la  seigneurie  de  la  Guerche 


—  397  — 

en  l'évôché  de  Nantes  *.  Il  se  nommait  François  Tournemine, 
et  descendait  des  sires  de  la  Hunaudaye  en  Plédéliac  ;  il  na- 
quit en  1457  de  Jean  Tournemine,  seigneur  de  la  Guerche,  et 
de  Mathurine  du  Perrier.  f.e  P.  du  Paz  écrit  qu'il  fut  «  grand 
voy»Tgeur  en  son  temps,  visita  deux  fois  le  sainct  sépulchre  de 
Nostre  Seigneur  en  Hicrusalem  et  une  fois  celuy  de  saincte 
Catherine  au  Mont  Sinay  ;  et  fut  plusieurs  fois  en  Tisle  de 
Rhodes  où  il  demeura  longtemps  ^.  »  11  mourut,  âgé  de  72  ans, 
sans  avoir  été  marié,  le  30  octobre  1529,  à  son  manoir  de  Por- 
terie près  Nantes  et  fut  inhumé  en  l'église  des  religieuses 
Clarisses  de  cette  ville. 

Il  est  également  facile  de  nommer  l'abbé  de  Saint^Méen 
pèlerin  de  Jérusalem. 

Robert  de  Coëtlogon,  fils  d'un  seigneur  de  la  Gaudinaye, 
gouverna  pendant  près  de  cinquante  ans  l'abbaye  bénédictine 
de  Saint-Méen  dont  il  fut  le  dernier  abbé  régulier.  Elu  en  1443 
et  décédé  en  1492,  il  laissa  une  mémoire  justifiée  de  sainteté  et 
Ton  vénérait  jadis  sa  sépulture.  Lui  seul  peut,  à  la  fin  du 
xv«  siècle  ou  au  commencement  du  xvi«,  avoir  fait  le  voyage  de 
Jérusalem  sous  le  simple  nom  de  «  labbé  de  Saint-Méen.  » 
Ses  successeurs  furent,  en  effet,  Pierre  de  Laval,  archevêque 
de  Rheins  +  1493,  le  cardinal  Robert  Guibé  -f- 1513  et  François 
Hamon,  évoque  de  Nantes,  -j-  1532,  tous  les  trois  abbés  com- 
mentaires de  Saint-Méen  et  trop  haut  placés  ailleurs  pour  être 
désignés  sous  leur  titre  d'abbé. 

Notre  troisième  pèlerin  n'était  Breton  que  d'origine  et  habi- 
tait l'Anjou,  mais  il  appartenait  à  Tune  des  plus  distinguées 
familles  de  la  noblesse  de  Bretagne.  Arrière-petit-fils  de  Geof- 
froy VI,  baron  de  Châteaubriant,  René  de  Châteaubriant, 
seigneur  du  Lyon  d'Angers,  mentionné  en  1489,  épousa  Hélène 
d'Estouteville.  Nous  ne  voyons  pas  pourquoi  M.  Morin  hésite 
entre  ce  René  de  Châteaubriant,  seigneur  du  Lyon  d'Angers, 
et  son  neveu  autre  René  de  Châteaubriant,  abbé  d'Evron.  Si 


1.  La  Guerche,  en  la  paroisse  de  Saint- Brévin,  fut  érigée  en  marquisat 
Tan  1682. 

2.  Hist.  généalogique  de  plusieurs  maisons  de  Bretagne,  165. 


—  398  — 

celui-ci  eut  été  le  voyageur  en  question,  l'auteur  de  la  Relation 
l'eut  appelé  «  Tabbé  d'Evron  »  «  et  non  pas  seigneur  du  Lyon 
d'Angers.  »  C'est  donc  du  premier  qu'il  s'agit  ici  et  en  voici 
encore  une  autre  preuve  :  d'après  notre  manuscrit,  c  René  de 
Chasteaubriant,  seigneur  du  Lyon  d'Angers,  »  fut  fait  chevalier 
à  Jérusalem  dans  l'église  même  du  Saint-Sépulcre,  ce  n'était 
donc  point  un  ecclésiastique. 

Telles  sont  les  quelques  notes  que  nous  pensons  pouvoir 
ajouter  à  l'intéressante  étude  que  notre  savant  et  regretté  con- 
frère M.  Morin  consacra  jadis  au  manuscrit  du  Voyage  à  ta 
Terre^Sainle,  étude  que  nous  retrouvons  avec  plaisir  dans  le 
volume  des  Mémoires  de  la  Société  archéologique  d'Ille^et- 
Vilaincy  année  1861,  pages  216-232. 

L  abbé  GUILLOTIN  DE  CORSON 

ehan.  bon. 


LISTE   DES  MEMBRES 


DR   LA 


SOCIÉTÉ  ARCHÉOLOGIQUE 


D'ILLE-ET-VILAINE 


Au  moment  de  la  publication  du  présent  volume. 


IPrésIdeniii  dVoniieiir. 

M'^  l'Archevêque  de  Rennes,  Dol  et  Saint-Malo. 
M.  LE  Préfet  d'Ille-et-Vilainb. 
M.  LE  Maire  de  Rennes. 


Bureau  pour  Tannée  t99S-1994« 

Président^  —  M.  le  Comte  de  Palys. 

-,,      rk   '  .j  J  M.  B.  PocQUBT  DU  Haut-Jussé,  4<. 

V^ce.Pres,denU,  j  ^    ^    p^„^^^^^  i.  ^^ 

Secrétaire  généraly     —  M.  Louis  de  Villers. 

Secrétaire  archiçiste,  —  M.  OUivier  Le  Meur. 

Trésorier,  —  M.  Banéat. 

Bibliothécaire,  —  M.  Le  Hir,  A.  Q. 


400  — 


Comité  de  pnbllcmtion  pour  Tannée   f  903-f  904. 

MM.  les  membres  du  Bureau  ct-dessus  désigné  et  MM.  Tabbé 
GuiLLOTiN  DB  GoRsoN,  —  F.  Saulnier,  Conseiller  hono- 
raire à  la  Cour  d'Appel,  —  Tabbé  Guillot,  I.  Q,  — 
J.  Harscouet  de  Kbravbl.  —  Lucien  Dbcombb,  I.  Q. 


Membres  HtnlafreB  WLgrégém  depuis 

In  fondation. 

MM.  Annb  du  Portal,  Saint-Brieuc,  rue  des  Rosaires,  1  (1863). 

Angibr  de  Lohéac,  notaire.  —  Mauron  (Morbihan)  (1897). 

Aubrbe  (Jules)i  contrôleur  principal  des  contributions 
directes  en  retraite.  —  Rennes,  boulevard  de  la  Li- 
berté, 30  (1875). 

Aubrée  (Jules),  avoué  à  la  Cour  d'Appel.  —  Rennes, 
rue  d'Estrées,  1  (1897). 

AuBRY,  médecin-vétérinaire  à  La  Guerche  (lUe-et-Vi- 
laine)  (1903). 

Bahon-Rault,  relieur-éditeur.  —  Rennes,  rue  Victor- 
Hugo,  23  (1904). 

Banéat  (Paul),  avocat,  docteur  en  droit.  —  Rennes,  rue 
Broussais,  1  (1880). 

Bernard  (l'abbé),  licencié  en  droit,  vicaire  à  Saint-Ger- 
main de  Rennes.  —  Rennes,  rue  Saint-Georges,  15 
(1901). 

Bétin  (Raymond),  négociant.  —  Rennes,  rue  La  Motte- 
Fablet,  3  (1902). 

Bézier,  a.  Q,  directeur  du  Musée  d'Histoire  naturelle  de 
la  Ville.  —  Rennes,  rue  Alphonse-Guérin,  5,  et  rue 
Joseph-Durocher,  3  (1893). 

Blin,  ingénieur  de  la  Voirie  et  du  Service  des  Eaux.  — 
Rennes,  avenue  de  la  Tour-d*Auvergne,  14  (1902). 


—  401  — 

MM.  BouDou  (Fabbé),  curé-doyen  de  Châteaubourg  (lUe-et- 
Vilaine)  (1886). 

Brenugat  ^l'abbé),  vicaire  à  Saint-Aubin  de  Rennes.  — 
Rennes,  rue  Saint-Louis,  8  (1895). 

BusNEL  (Théophile),  chef  de  section  des  Chemins  de  Fer 
de  rOuest  en  retraite.  — Saint-Briac  (lUe-et- Vilaine) 
(1881). 

BussY,  notaire.  —  Rennes,  rue  Victor-Hugo,  7(1896). 

Chénon  (Emile),  1.  Q,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit 
de  Paris.  —  Paris,  rue  des  Écoles,  30  (1883). 

CocAR.  —  Rennes,  rue  de  Belair,  6  (1874). 

CoiGNERAi,  ^,  chef  de  bataillon  au  75^  rég.  territorial 
d'infanterie.  —  Rennes,  avenue  de  la  Gare,  45  (1894). 

Dano,  sous-intendant  militaire  à  Guéret  (Creuse)  (1890). 

De  Balby  de  Vernon  (le  comte).  —  Rennes,  rue  Bri- 
zeux,  13  (1899). 

De  Bellevue  (marquis  Fournier),  conseiller  général  de 
la  Loire-Inférieure.  —  Rennes,  rue  Le  Sage,  1  (1889). 

De  Besthou  (Paul),  membre  correspondant,  5,  boulevard 
Delorme,  Nantes. 

DbCaqueray,  0.  #,  lieutenant-colonel  en  retraite.  — 
Rennes,  rue  du  Pré-Botté,  6  (1901). 

De  Calan  (le  vicomte).  —  La  Houssaye,  près  Redon 
(lUe-et- Vilaine)  (1899). 

Decombe  (Lucien),  L  Q,  directeur  du  Musée  archéolo- 
gique. —  Rennes,  rue  de  TEmbarcadère,  13  (1874). 

De  Foucaud.  —  Rennes,  rue  de  Belair,  12  (1883). 

De  Guéhéneuc  (vicomte  Henri).  —  Rennes,  rue  Saint- 
Louis,  18,  et  château  du  Plessix-Coudray,  en  Landu- 
jan,  par  Montauban  -  de  -  Bretagne  (lUe  -  et  -  Vilaine) 
(1895). 

De  la  Grimaudière.  —  Rennes,  rue  Victor-Hugo,  13,  et 

au  château  de  la  Hamonais,  par  Châteaubourg  (Ille- 

et- Vilaine)  (1873). 

De   Laïque  (comte),  château  de   Bahurel,   par  Redon 

(lUe^t-Vilaine)  (1900). 

82 


—  402  — 

MM.  Dr  la  Villarmois  (comte  Henri).  —  Château  de  Trans, 
Pleine-Fougères  (lUe-et- Vilaine)  (1881). 

De  L  EsTOURBEiLLON  (marquis),  A.  Q,  député  du  Morbi- 
han. —  Vannes,  place  de  l'Evèché,  10  (1895). 

Df.lourmel  (Louis),  membre  correspondant.  —  Archi- 
viste de  la  ville  de  Brest. 

Dr  Monthuchon,  ^.  —  Au  château  de  Monthuchon,  près 
Coutances  (Manche)  (1875). 

De  Palys  (comte  Élie).  —  Rennes,  rue  Saint- Yves,  9,  et 
au  château  de  Clayes,  par  Romillé  (Ille-et- Vilaine) 
(1859). 

De  PouLPiQUBT  DU  Halgouet  (colonel),  O.  ^,  député, 
conseiller  général.  —  Renac  (l Ile-et-Vilaine)  (1903). 

De  Rosmorduc  (le  comte),  —  Coatranarc'h,  par  Plestin- 
les-Grèves  (Côtes-du-Nord)  (1896). 

De  Saint-Meleuc  (Raoul).  —  Paris,  avenue  Kléber,  73 
(1891), 

De  Saint-Pbrn  (le  baron  René),  membre  correspondant, 
directeur  des  Haras  de  Libourne  (Gironde). 

Des  Bouillons  (J.).  —Rennes,  faubourg  de  Fougères,  1 

fl899). 
Desmazières  de  Séchrlles  (Edouard).  —  Bennes,  place 

des  Lices,  26(1899). 
De  Torquat  (H.),   avocat.  —  Rennes,  passage  Belair 

(1899). 
De  Villbrs  (Louis  La  Combe).  —  Rennes,  rue  Victor- 
Hugo,  11,  et  château  de  Montauban-de-Bretagne  (lUe- 

et- Vilaine)  (1889). 
Druais  (Tabbé),  professeur  de  sciences  naturelles  et  d*ar- 

chéologie  religieuse  au  Grand-Séminaire.  —  Rennes 

(1903). 
Du  Crest  de  LoRGERiE  (comtc),  avocat.  —  Rennes,  rue 

d'Antrain,  69  (1887). 
Du  Fretay  (le  marquis  F.  du  Bouilly),  avocat,  docteur 

en  droit.  —  Rennes,  rue  des  Dames,  5  (1900j. 
DuiNE  (Fabbé),  vicaire  à  Guipel  (Ille-et- Vilaine)  (1891). 


—  403  — 

MM.  Du  PoNTAvicE  (vicomte  Paul).  —  Rennes,  rue  de  Ro- 
bien,  1  (1880). 

Du^TAL  (Vabbé),  recteur  de  Pleugueneuc  (Ille-et- Vilaine) 
(1892). 

DuvER  (l'abbé),  curé  de  Saint-Germain  de  Rennes,  chanoine 
honoraire.  —  Rennes,  rue  Saint-Georges.  15  (1878). 

EspÉRANDiEu,  jji^,  I.  O  (le  capitaine),  membre  corres- 
pondant, à  Vanves  (Seine),  route  de  Clamart,  59. 

EsQuiEu,  membre  correspondant.  —  Cahors,  boulevard 
Gambetta,  58  (Lot). 

Etasse,  a.  O,  percepteur  honoraire.  —  Rennes,  route 
deLorient,  61  (1879). 

Fenaut,  négociant.  —  Rennes,  quai  d'IUe-et-Rance,  17 
(1886). 

FouRÉ  ^l'abbé),  chanoine  honoraire,  curé  de  Saint-Étienne 
de  Rennes.  —  Rennes,  rue  de  Juillet,  5  (1898). 

FoRGET  (l'abbé),  recteur  de  Saint-Ghristophe-de-Valains, 
par  Sens-de-Bretagne  (Ille-et- Vilaine)  (1889), 

FouRNEL  (H.).  —  Rennes,  rue  de  la  Monnaie,  9  (1890). 

Game  (l'abbé),  curé-doyen  de  Toussaints  de  Rennes.  — 
Rennes,  rue  Vasselot,  50  (1895). 

Garnier,  instituteur.  —  Saint-Pierre-de-Plesguen  (Ille- 
et- Vilaine)  (1888). 

GiFFARD  (André),  docteur  en  droit. —  Rennes,  rue  Natio- 
nale, 6  (1901). 

Gontier  (Emmanuel),  architecte.  —  Rennes,  rue  Richard- 
Lenoir,  11  (1897). 

GossELiN  (Marcel).  —  Rennes,  quai  f^amennais,  21 
(1900). 

GouGEON  DE  LA  Thkbaudière,  avocat.  —  Rennes,  rue 
Le  Bastard,  2  (1889). 

GouLLAY,  médecin  de  la  Compagnie  des  Chemins  de 
Fer  de  l'Ouest.  —  Châteaubourg  (Ille-et- Vilaine)(  1897). 

GuESDON  (Adolphe),  juge  d'instruction.  —  2,  rue  d'Isly, 
Rennes  (1903). 

GuiLLOT  (Fabbé),  1.  Q,  aumônier  du  Lycée.  —  Rennes, 
boulevard  Magenta,  3  (1866). 


—  404  — 

MM.  GuiLLOTiN  DB  CoRsoN  (l'abbé),  chanoine  honoraire  de  la 
Métropole.  —  Rennes,  rue  de  Fougères,  10,  ou  au 
château  de  la  Noô,  par  Bain-de-Bretagne  (lUe-et-Vi- 
laine)  (1864). 

Hàizb,  imprimeur-éditeur.  —  Saint-Servan  (lUe-et- Vi- 
laine) (1899). 

Hamàrd  (rabbéj,  chanoine  titulaire.  —  Rennes,  rue  du 
Chapitre,  6(1903). 

Hàrscouet  de  Keràvel  (Jean).  —  Rennes,  rue  La- 
fayette,  5  (1877). 

Hoffmann,  membre  correspondant,  membre  de  la  So- 
ciété anthropologique,  —  Washington  (États-Unis 
d'Amérique). 

HûE.  —  Rennes,  rue  Victor-Hugo,  2  (1901). 

HuET  (l'abbé),  vicaire  à  Saint-Étienne  de  Rennes.  — 
Rennes,  rue  de  Juillet,  5  (1895). 

JoBERT  (René),  avocat.  —  Rennes,  avenue  La  Motte- 
Picquet,  8  (1901). 

JouoN  DES  LoNGRAis  (Frédéric),  avocat,  ancien  élève  de 
TEcole  des  Chartes.  —  Rennes,  rue  du  Griffon,  5  (1877). 

Kerviler  (René  Lockart  de),  ^,  membre  correspondant, 
inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées  en  retraite. 

—  36,  rue  de  THôpital,  Lorient  (Morbihan). 
Lamazière,  principal  clerc  d'avoué.  —  Rennes,  faubourg 

de  Fougères,  73  a  (1904). 

Le  Bouteiller  (vicomte).   —  Fougères   (lUe-et- Vilaine) 

(1877). 
Le   Hir,  a.  O,  bibliothécaire-archiviste  de  la  Ville.  — 

Rennes,  rue  Brizeux,  16  (1899). 

Le  Meur  (OUivier),  archiviste-adjoint  du  département. 

—  Rennes,  quai  de  l'Université,  2  (1899). 
Leray.  —  Rennes,  quai  Saint-Cast,  14  (1900J. 

Lesage   de    la    Haye   (Raoul),    docteur   en    droit.  — 

Rennes,  rue  de  Nemouçs,  10  bis  (1896). 
LoTH,  #,  I.  O,  doyen  de  la  Faculté  des  Lettres,  membre 

correspondant  de  l'Institut.  —  Rennes,  faubourg  de 

Redon,  44  (1884). 


—  405  — 

MM.  LouvET  (l'abbé).  —  Rennes,  rue  des  Dames,  12  (1894). 

Màrqubt,  ^ ,  directeur  de  Tadministration  pénitentiaire 
en  retraite.  —  Rennes,  rue  du  Vieux-Cours,  12  (1892). 

Martin  (V.),  pharmacien  honoraire.  —  Rennes,  boulevard 
La  Tour-d'Auvergne,  29  (1900). 

Marty  (le  docteur),  membre  correspondant,  médecin- 
major  de  1"  classe.  —  Hôpital  militaire  de  Belfort  (ter- 
ritoire de  Belfort). 

Mathurin  (Fabbé),  vicaire  à  Saint-Étienne  de  Rennes.  — 
Rennes,  rue  de  Juillet,  5  (1897). 

Meriais  (l'abbé),  professeur  au  Collège  de  Saint-Malo 
(1896). 

Messblière  (vicomte  H.  de),  docteur  en  droit.  —  Rue  des 
Dames,  8,  Rennes  (1904). 

MiLLON  (l'abbé).  —  Rennes,  boulevard  Sévigné,  21  bis 
(1895). 

MoRLAis  (l'abbé),  docteur  ès-lettres.  —  Rennes,  rue  de 
Fougères,  19  (1900). 

MowAT,  O.  ^,  membre  correspondant,  chef  d'escadrons 
d'artillerie  en  retraite.  —  Rue  des  Feuillantines,  10, 
à  Paris. 

Orève  (l'abbé),  vicaire  à  Martigné-Ferchaud  (lUe-et- Vi- 
laine) (1897). 

Parfouru,  I.  O,  archiviste-inspecteur  départemental, 
ancien  élève  de  l'École  des  Chartes.  —  Rennes,  rue 
Kléber,  5  (1891). 

Paris-Jallobert  (l'abbé),  recteur  de  Balazé,  par  Vitré 
(llle-et-Vilaine)  1864. 

Pied  (Edouard),  I.  O,  ancien  économe  des  Lycées  de 
Rennes  et  de  Nantes,  membre  correspondant.  —  Nan- 
tes, passage  Le  Rojr,  14  (1885). 

Plihon,  libraire-éditeur.  —  Rennes,  rue  Motte-Fablet,  5 
(1876). 

PocQUET  DU  Haut-Jussé,  >J<,  doctcur  cu  droit.  —  Rennes, 
ruedeRobien,  8  (1890). 

Prost  (Eug.),  imprimeur.  —  Rennes,  boulevard  La 
Tour^d'Auvergne,  33  (1899). 


—  406  — 

MM.  QuiLGARS  (Henri),  ancien  élève  de  l'Ecole   du   Louvre. 

archiviste-adjoint  de  la  Loire-Inférieure,  correspondant 

de  la  Société  des  Antiquaires  de  France.  —  12,  rue 

du  Moulin,  Nantes. 
Ràbillon  (Vital),  avocat.  —  Rennes,  rue  Tronjolly,  15 

(1884). 
Ramet  (André).  —  Paris,  rue  Alphonse-de-Neuville,  17 

(1902). 
Rault  (Km.),  peintre  sur  vitraux.  —  16,  rue  Saint-Me- 

laine,  Rennes  (1903). 
Rbnaud-Loubbns.  —  Rennes,  rue  de  la  Monnaie,  22  (1900). 
Reuzé  (Charles).  —  Rennes,  rue  de  Bordeaux,  1  (1875). 
RoBucHON,  membre  correspondant,  éditeur  d'art.  — Fon- 

tenay-le-Comte  (Vendée). 
RocHULÊ,  A.  O,  inspecteur  du  service  de  Téclairage.  — 

Rennes,  faubourg  de  Fougères,  104  (1901). 
RoNDEL  (l'abbé).  —  (1896.) 
Saulnier  (Frédéric),   conseiller  honoraire   de   la    Cour 

d'Appel.  —  Rennes,  rue  Rallier,  5  (1878). 
Saulnikr  de  la  Pinblais,  ^,  ancien  avocat- général.   — 

Rennes,  quai  Saint-Cast,  16  (1901). 
Simon  (Francis),  imprimeur.  —  Rennes,  rue  des  Carmes,  6 

(1895). 
Stot.  —  Rennes,  rue  de  la  Monnaie,  15  (1901). 
Thomas  (Victor),  officier  d'administration  de  l'«  classe. 

—  Ile  Saint-Germain,  par  Issy-les-Moulineaux  (Seine) 

(1896). 
Tréguy  (l'abbé),    curé -doyen  de   Matignon   (Côtes-du- 

Nord)  (1895). 
Vatar  (Paul),   avocat.  —  Rennes,   rue  de  Bourbon,   8 

(1897). 


407  — 


lEemlires  h^n^ralres. 

M.  Le  Febyre,  O.  ijjt,  ancien  préfet  d'Ille-et-Vilaine. 

MM.  NicoL  (l'abbé),  chanoine  de  la  cathédrale  de  Vannes,  pré- 
sident de  la  Société  Polymathique  du  Morbihan. 
Le  président  de  la  Société  Historique  et  Archéologique 
de  Tarrondissement  de  Saint-Malo. 


—  408  — 


SERVICE    FAIT   PAR    LA    SOCIÉTÉ 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Saint-Brieuc  (Côtes-du-Nord). 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Dinan  (Côtes-du-Nord). 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Quimper  (Finistère). 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Brest  (Finistère). 

Archives  départementales  dllle-et-Vilaine,  à  Rennes. 

Conseil  Clénéral  du  département  d'IUe-et- Vilaine. 

Bibliothèque  du  Musée  de  la  ville  de  Rennes. 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Rennes. 

Bibliothèque  universitaire,  à  Rennes. 

Faculté  des  Lettres  de  Rennes. 

Société  d'Instruction  populaire,  à  Rennes. 

Bibliothèque  Populaire  de  Rennes. 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Fougères  (Ille-et- Vilaine). 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Saint-Malo  (lUe-et-Vilaine). 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Vitré  (Ille-et- Vilaine). 

Archives  départementales  de  la  Loire-Inférieure,  à  Nantes. 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Nantes. 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Vannes  (Morbihan). 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Lorient  (Morbihan). 

Archives  départementales  du  Morbihan,  à  Vannes. 

Comité  des  Travaux  historiques  et  Sociétés  savantes  au  Minis- 
tère de  rinstruction  publique,  à  Paris. 

Musée  Guimet,  à  Paris. 

Bibliothèque  du  Musée  d'Ethnographie  du  Palais  du  Troca- 
déro,  Paris. 

Institut  de  France  (Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres). 


—  409  — 


I  ni: 


SAVANTES 


Avec  lesquelles  la  Société  Archéologique   (ÏI Ile-et-Vilaine 

échange  son  (Bulletin. 


FRANCE  ET  ALGÉRIE 

Aisne.  —  Société  Archéologique,  Historique  et  Scientifique  de 

Soissons. 
Algérib.  —  Société  Archéologique  du  département  de  Con- 

stantine. 
Alpbs-Maritimes.  —  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  des 

Alpes-Maritimes,  Nice. 
AvBYRON.  —  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts  de  rAveyron, 

Rodez. 
Bouches-du-Rhônb.  —  Société  de  Statistique  de  Marseille. 
Calvados.  —  Académie  des   Beaux- Arts  de  Caen. 

—  Société  française  d'Archéologie  pour  la  conserva- 
tion et  la  description  des  manuscrits  historiques  de  Caen. 

—  Société  des  Antiquaires  de  Normandie,  Caen. 
Charente.   —   Société    Historique   et   Archéologique    de    la 

Charente,  Angoulème. 
Charbntb-Infbrieurb.  —  Commission  des  Arts  et  Manuscrits 

de  la  Charente-Inférieure,  Saintes. 

—  Société  des  Archives  historiques  de 

la  Saintonge  et  de  TAunis,  à  Saintes. 
Cher.  —  Société  des  Antiquaires  du  Centre,  Bourges. 
Côtb-d'Or.  —  Académie  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres 

de  Dijon. 
Côtes-du-Nord.  —  Société  d'Émulation  des  Côtes-du-Nord, 

Saint-Brieuc. 
DoKDOGNB.  —  Société  Historique  et  Archéologique  du  Périgord, 

Périgueux. 


—  410  — 

Drôme.  —  Comité  de  rédaction  du  Bulletin  ecclésiastique  et 
d'Archéologie  religieuse  des  diocèses  de  Valence,  Gap, 
Grenoble  et  Viviers,  Romans. 

Finistère.  —  Société  Archéologique  du  Finistère,   Quimper. 
—  Société  Académique  de  Brest. 

Gard.  —  Académie  de  Nîmes. 

Haute-Garonne.  —  Académie  des  Sciences,  Inscriptions  et 
Belles-Lettres  de  Toulouse. 

Gironde.  —  Société  Archéologique  de  Bordeaux. 

1lle-et-Vilaine.  —  Association  Bretonne  à  Rennes. 

—  Société  Historique  et  Archéologique  de  l'ar- 

rondissement de  Saint-Malo. 

Loiret.  —  Société  Historique  et  Archéologique  de  TOrléanais, 
à  Orléans. 

Loirb-Inférieurk.  —  Société  Académique  de  Nantes. 

—  Société  Archéologique  de  Nantes  et  de 

la  Loire-Inférieure,  Nantes. 

Mainb-et-Loire.  —  Société  Nationale  d'Agriculture.  Sciences 
et  Arts  d'Angers. 

Manche.  —  Société  Nationale  Académique  de  Cherbourg. 

—  Société  Académique  du  Cotentin,  à  Coutances. 

—  Société  d'Agriculture,  d'Archéologie  et  d'Histoire 
naturelle  de  la  Manche,  à  Saint-Lô. 

—  Société  d'Archéologie,  de  Littérature,  Sciences  et 
Arts  des  arrondissements  d'Avranches  et  de  Mortain,  à 
Avranches. 

Mayenne.    —  Commission    Historique    et    Archéologique,   a 

Laval. 
Morbihan.  —  Société  Polymatique  du  Morbihan,  à  Vannes. 
Oise.  —  Comité  Archéologique  de  Senlis. 
Pas-de-Calais.  —  Société  des  Antiquaires  de  la  Morinie,  Saint- 

Omer. 
Rhône.  —  Société  Littéraire  de  Lvon. 
Saône-et-Loire.  —  Société  Eduenne  des  Lettres,  Sciences  et 

Arts,  à  Autun. 
Sarthe.  —  Société  Historique  et  Archéologique  du  Mans,  au 

Mans, 


—  411  — 

Savoib.  —  Société  Savoisienne  d'Histoire  et  d'Archéologie,  à 

Chambéry. 
Seine.  —  Société  française  de  Numismatique  et  d'Archéologie, 

Paris. 

—       Société  des  Antiquaires  de  France,  au  Louvre,  Paris. 
Seine-Inférieure.    —    Société    nationale  havraise  d'Etudes 

diverses,  au  Havre. 
Somme.  —  Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  à  Amiens. 
Vienne.  —  Société  des  Antiquaires  de  FOuest,  à  Poitiers. 
Vienne  (Haute-).  —  Société  Archéologique  et  Historique  du 

Limousin,  a  Limoges. 
Yonne.  —  Société  des  Sciences  historiques  et  naturelles  de 

l'Yonne,  à  Auxerre. 

ÉTRANGER 

The  Smithsonian  institution,  à  Washington  (Etats-Unis). 
Bureau  of  American,  ethnology,  Smithsonian  institution,  Was- 
hington. D.  C. 
Société  Neufchàtelaise  de  Géographie.  —  NeufchÀtel  (Suisse). 


LISTE   DES   PRESIDENTS 

DE  LA   SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE  D'ILLE-ET-VILAINE 


M.  Le  Gai,  ik  conseiller  à  la  Cour  d'Appel,  t844,  1845,  1846,  1847,  1848, 

1849. 
M.  l'abbé  Brune,  professeur  d'archéologie  religieuse  au  grand  Séminaire  de 

Rennes,  1850. 
M.  Le  Gai,  ^,  déjA  cité,  1851. 
AI.  Audren  de  Kerdrel,  185S-1853. 
M.  Le  Gai,  ^,  déjà  cité,  1854-1855. 
M.  Audren  de  Kerdrel,  déjà  cilé,  1856-1857. 
M.  le  docteur  Aussant,  ^,  1858-1859. 

M.  l'abbé  Brune,  chanoine  titulaire  de  la  cathédrale  de  Rennes,  1860. 
Bf«  Auguste  André,  ^,  conseiller  A  la  Cour  d'Appel  de  Rennes,  Directeur 

du  Musée  Archéologique  de  la  Ville,  1861-1861,  1862-1863. 
M.  A.  de  la  Borderie,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  Charles,  1863-1864. 
M.  A.  de  Kerdrel,  déjà  cité.  1864-1865,  1865-1866. 
M.  A.  de  la  Borderie,  déjà  cité,  1866-1867,  1867-1868. 
M.  le  docteur  Aussant,  ^,  déjà  cité,  1868-1869. 
Bf.  Morin,  professeur  k  la  Faculté  des  Lettres,  1869-1870. 
M.  RoparU,  avocat  à  la  Cour  d'Appel,  1870-1871,  1871-1872. 
M.  Pinczon  du  Sel,  ^,  conseiller  de  préfecture,  1872-1873. 
M.  André,  ^,  déjà  cité,  1874-1875,  1875-1876. 
M    A.  de  la  Borderie,  déjà  cité,  1876-1877,  1877-1878. 
M.  Pinczon  du  Sel,  ^,  déjà  cité,  1878-1879,  1879-1880. 
M.  A.  de  la  Borderie,  déjà  cité,  1880-1881,  1881-1882. 
M.  F.  Saulnier,  conseiller  à  la  Cour  d'Appel,  1882-1883,  1883-1884 
M   L.  Decombe,  A.  0,  directeur  du  Musée  Archéologique,  1884-1885, 1885- 

1886 
M.  l'abbé  Guillotin  de  Corson,  chanoine  honoraire  à  la  cathédrale  de  Rennes, 

1886-1887,  1887-1888. 
M.  A.  de  la  Borderie^  C  ^,  déjà  cité,  1888-1889,  1889-1890. 
M.  le  comte  de  Palys,  1890-1891,  1891-1892. 
M.  L.  Decombe,  A.  0,  déjà  cité,  1892-1893,  1893-1894. 
M.  l'abbé  GuiIlot,L  Q^aumOnier  du  Lycée  de  Rennes,  1894-1895,1895-1896. 
M.  L.  Decombe,  I.  Q,  déjà  cité,  1896-1897,  1897-1898. 
M.  le  comte  de  Palys,  déjà  cité,  1898-1899,  1899-1900. 
M.  l'abbé  Robert,  1900. 
M.  F.  Saulnier,  conseiller  à  la  Cour  d'Appel,  déjà  cité,  1900-1901,  1901- 

1902. 
M.  le  comte  de  Palys,  di^jà  cité,  1902-1903,  1908-1904. 

t.  En  1897,  M.  A.  de  1a  Borderie,  de  l'Institut,  a  été  nommé  Président 
d'honneur. 


TABLE 


Extrait  des  Procès- Verbaux  des  Séances  de  la  Société 
Archéologique  d'Ille-et~ Vilaine. 

ANNÉE    190S 

PafM 

Séance  du  18  Janvier vu 

Séance  da  IS  février m 

Séance  do  10  mars xviii 

Séance  da  7  avril xxiv 

Séance  du  19  mai xxxvii 

Séance  du  9  Juin xliv 

Séance  du  7  juillet lu 

Séance  du  10  novembre lv 

Séance  du  8  décembre lx 


MÉMOIRES 


Petites  seigneurie!  du  comté  de  Rennes  :  Seigneuries  de  Malenoé 

en  Saint-Christopbe-des-Bois 

Seigneurie  de  la  Uagnane  en  Andooillé 

Seigneurie  du  Bot  en  Langon,  par  M.  l'abbé  Guillotin  du 

GOHSOIf 

Le  Vieux  Rennes,  par  M.  Paul  Banéat 

Amaury   de  Farcy  de  Saint-Laurent,  lieutenant-général  hano- 

vrien  (1659-17S9),  par  M.  F.  Saulnibr 

Vieux  papiers  rennais.  Les  Placards  mortuaires,  par  U.  Esquibu. 
Varia  :  Statuts  des  Pâtissiers  de  la  Ville  de  Rennes  en  1578, 

par  M.  JoûoN  des  Longrais 

Missels  de  Dol  et  prose  de  saint  Samson,  par  M.  l'abbé  Duinit. 


1 
13 

89 
41 

195 

969 

875 
885